Silas avait eu la bonne idée de vanter ses talents de batteur dans tout Poudlard.
Maintenant il devait se présenter à un entraînement avec Vanderbilt.

Tout ce qu'il savait à propos d'elle, c'était qu'elle était une poufsouffle. Une cinquième année – une grimace se forma sur son visage.
C'état bien connu – il ne supportait pas les blaireaux.

— Je préfère nettement voler au dessus d'eux.

Il se dirigeait lentement vers le terrain de quidditch, balai sous le bras et batte dans la main. Elle avait à peine seize ans, était à deux années en dessous de lui – et elle osait affirmer être la meilleure joueuse ?

Une poufsouffle était interdite de dire cela.

Il était plus détendu, calme ; elle était sa cadette, il n'avait pas à s'inquiéter. Elle n'a même pas le force de frapper dans un cognard, se dit le serdaigle.

— Qui a eu la trouille ?

Il lui jeta un regard noir, pausa sa batte à côté de lui.

— Alors, Vanderbilt, on prend peur ?

Il remonta ses manches, confiant.

— Essaye donc d'éviter mes renvois, histoire de voir si on t'a pas pris par hasard dans l'équipe.

Il rit doucement.

— Ça ne m'étonnerait même pas venant des blaireaux.
Oh qu'il aimait la provoquer – pourtant il savait qu'elle ne se laisserait pas faire.

Il la regarda plus attentivement – elle était violette, contrairement aux autres poufsouffles.

— Prête ?

Il se plaça au dessus de son balai, la batte dans la main gauche, la droite venant ouvrir la malle.

— Ne me haïs pas trop.

Les cognards s'agitaient comme des démons ; avec précaution, il enleva les chaînes – et ils s'envolèrent. Il adressa un sourire moqueur à Vanderbilt et s'éleva lui aussi, passant sa batte dans la main droite.

— Ça me ferait mal au cœur, ajouta-t-il en frappant la balle.

Spoiler:

Il rata, avec l'élégance qu'on lui connaissait, le cognard.

Il ne cilla pas.
Un rictus mauvais apparut brièvement sur son visage puis disparut – il ne s'énerverait pas contre une poufsouffle.

— Concentre toi sur le souafle au lieu d'essayer de me déstabiliser, souffla-t-il, impatient de lui clouer le bec.

Elle se dirigeait vers les buts – vite, il devait renvoyer un cognard. Perdre contre elle ? Jamais. Il serra sa batte, entendit le sifflement familier lui arriver aux oreilles – et il frappa.

Petit sourire vainqueur – elle avait raté.

— C'est ça un joueur de quidditch, Vanderbilt ?

Il s'immobilisa.

— Quelqu'un qui ne sait pas marquer proprement ?

Ça renforçait tellement son égo.

— Qu'est-ce que j'espérais venant des poufsouffles... ça ne vaut même pas la peine.

Moqueur, il lui tourna le dos et se remit à sa place, plus motivé que jamais – jamais il ne perdrait contre elle. En tant que capitaine – et en tant que joueur.

— En attendant, ce n'est pas moi qui crie à tout va !

Il releva la batte, ignorant ses provocations. Malheureusement, sa voix portait – même parfaitement concentré, elle venait le tirer de ses pensées. Dans un sens, elle lui faisait penser à Elyrian – bouillonnante tel un volcan. Il n'y a pas d'exceptions chez les poufsouffles, pensa Silas. Six ans qu'il était à Poudlard, et il commençait seulement à les cerner à sa septième et dernière année ; il lui en avait fallu, du temps.

Et une fois encore, elle le réveilla.
C'est qu'elle avait le sang chaud, Vanderbilt.

— Je te prierai de prononcer correctement mon nom, Wander. wanderbitz ?

La suite, il ne sait plus – il se rappelle juste sa batte contre son front, la douleur – et sûrement un cri de victoire. Il ne sait plus ; se donner un coup lui a rendu le reste flou.

Et puis il ouvrit tant bien que mal les yeux – oh.
Il avait raté le cognard.
Le souafle avait passé les buts.

Merde, pensa le serdaigle.
Putain, fit-il intérieurement.
Putain de bordel de merde. Fini.

— Ce n'est pas terminé, encore,
et il ne laisserait pas cet entraînement se finir ainsi – c'était une guerre.

Sa guerre, entre autre.

— On recommence.

Poings levés, le cœur dur, la voix ferme – encore.

Il lui adressa un mince sourire en coin, sourire qui se voulait provocateur – mais son ego s'était retrouvé blessé.

Il devait se ressaisir, en tant que serdaigle, en tant que joueur – mais surtout en tant que capitaine.
Il ne s'autorisait pas à perdre contre la capitaine des poufsouffles – c'était son honneur qui était son jeu, celui de son équipe et de sa maison.

— Montre moi ce que tu as dans le ventre, Wanderbitz.

— Je ne sais pas de quoi tu parles, Wanderbitz, tu ne sais pas que je ne suis pas un sang-mêlé ?

L'instant d'après, il s'en voulu énormément ; il n'était pas censé sympathiser avec elle, au contraire – mais la battre à plates coutures.

— Qui est-ce que tu appelles princesse crotte de nez, Vanderbiltz ? il s'approcha, grondant.

Même si elle persistait à lui démontrer ses talents de joueuse, Silas ne la considérait toujours pas comme tel – il était bien trop fier pour l'avouer.

Il n'eut pas le temps de rétorquer qu'elle s'élançait déjà vers les buts ; désemparé, il chercha du regard un cognard.

— Pourquoi c'est jamais quand il faut...

Alors il entendit ce sifflement tant familier et horripilant de la balle qui arrivait droit vers lui, se prépara et frappa dedans de toutes ses forces.

— Je ne t'ai pas fait trop mal j'espère, lança-t-il sur un ton ironique.

Il jubilait tellement – enfin, il l'avait touchée ! Malheureusement, elle n'avait pas lâché la balle et continuait droit vers les buts – vite, il devait renvoyer un second cognard.

Il se concentra, attendit patiemment et vit la balle le frôler – il l'avait manquée.

— ... Que ?

Sa batte se baissa – il n'avait pas compris.

Son regard alla jusqu'à la poufsouffle, qui avait toujours le souafle à la main – hein ?

Il n'avait pas frappé la balle et elle se dirigeait tranquillement vers les buts.

— Je. tu. le cognard ?

Avoir échappé à cette balle de démon l'avait quelque peu chamboulé – il eut du mal à s'immobiliser, par exemple. Et à parler – mais ça devait surtout s'entendre.

— ... il est passé où ?

Il tourna la tête, encore perdu, quand il vit quelque chose se diriger vers lui – un peu trop vite pour qu'il ne puisse réagir.

— Oh put -

Il n'était pas dans les habitudes de Silas de parler de cette manière à haute voix – mais la situation actuelle lui semblait parfaitement appropriée.

— .... putain, oui.

La main, qui tenait la batte, avait été victime dudit cognard perdu. Le serdaigle, essaya de caler le bâton sous l'aisselle tandis qu'il se massait les doigts.

— Saleté !

Le cognard avait disparu – et il avait toujours mal. Merde.

Il se dit qu'il aurait peut-être dû se taire.

Ou du moins, y être allé plus gentiment pour ne pas avoir à subir ses cris intensifs.  

— C'est bon, j'ai compris Wanderbiltz. Pas la peine de recommencer.

Ses dents se serrèrent, mais il ne fit pas pour autant le geste qui lui avait montré la poufsouffle - à la fin, peut-être. Mais pas devant elle.


— Je rêve ou tu me prends pour une fillette ?

Pitié, pas ça.

— Ce n'est pas ça qui va m'obliger à aller voir Euphrasie, quand même.

Pourtant ça lui faisait mal - il maudissait intérieurement le cognard de toutes ses forces. Maintenant, ils étaient là - il était là, à se masser stupidement la main devant la capitaine des jaunes.

Quelle impression il devait donner des serdaigles !

— Ça va passer, de toute façon.

Tant qu'il n'y avait que lui qui se faisait rabaisser, Silas s'en fichait : mais quiconque osait attaquer son équipe ne ressortait pas indemne.

— Je suppose que c'est fini pour l'entraînement ?

Il grimaça - il n'avait pas réussi à lui clouer le bec à cause d'une simple blessure.

— A moins que tu ne sois une sans-cœur et veuille continuer malgré tout ?

Disons que son opinion des jaunes avait quelque peu changé.

Silas avait affreusement mal.

Las, il laissa tomber sa main et, avec fatigue, leva la baguette pour ranger les cognards – non sans prendre soin de ne pas se faire toucher une seconde fois.

Il se retourna pour se retrouver face à face avec la poufsouffle – il ne pensait pas qu'elle viendrait jusqu'à lui.

— Wanderbiltz, vouloir répéter à qui veut l'entendre que tu es meilleure joueuse que tout le monde, montre, tu sais, que tu ne penses qu'à ça – tu ne devrais pas te concentrer sur ton année, plutôt ?

Il n'admettait pas qu'elle avait gagné – leur entraînement s'était seulement interrompu, et c'était ce qu'il répétait actuellement dans sa tête. Il n'envisageait même pas de perdre contre elle – ça lui était tout bonnement impossible.

— Moi, me dégonfler face à des poufsouffles ? Tu es sérieuse ?

En tant que capitaine de son équipe et en tant que serdaigle, Silas n'avait en aucun cas peur des blaireaux – il était bien trop fier pour avouer une défaite face à une de leur joueuse, alors lors d'un match, qu'elle serait sa réaction ?

— Je ne te savais pas comique, ajouta-t-il.

Il finit par tourner la tête – la vue du visage de Wanderbiltz avait pour don de l'énerver au plus au point, et il jugea donc qu'il était nécessaire de partir.

— Révise bien tes sortilèges, lança t-il ironiquement, s'en allant, balai à la main.