ABSYNTHE BRIDGESTONE VS CAESIUS CARTAIGH
2 ϟ 2

Flashback dans les joyeuses années Poudlard d'Absynthe et Caesius.

Un sourire jubilatoire avait fendu les lèvres d'Absynthe Bridgestone lorsqu’il avait reconnu son adversaire. Le hasard avait placé Caesius Cartaigh à l’autre bout de l’estrade. Parfait. Absynthe était nerveux, bien sûr - Cae était plus grand et plus intelligent, il connaissait plus de sorts - mais le Gryffondor maîtrisait, lui, les sortilèges aux pires effets secondaires. Les Serpentards pouvaient témoigner, Foloreille et Bloclang devenaient démoniaques entre ses mains. Ou plutôt, au bout de sa baguette.

▬ J'espère que tu as bien révisé ta Magie Théorique Avancée, Cae !

Peu importait les fanfaronnades, Absynthe ne pouvait pas se montrer aussi méchant avec son meilleur ami qu'il l'était avec les langues de vipères. Mais il était tout de même intéressé de voir ce qui en résulterait. C'est donc avec un grand sourire bravache, typiquement gryffonien, qu'il était monté sur l'estrade - et il ne s'en départit pas en pointant sa baguette sur le Serdaigle :

▬ Colloshoo !

Merlin, sois cool mec. Évite-lui l'humiliation publique quand même.

Caesius manquait cruellement d'initiatives.
C'était Absynthe, qui l'avait inscrit au club de duel. En vérité, il l'avait usé, rongé jusqu'à la moelle, lui volant son exemplaire de l'Histoire de Poudlard pour le faire céder - et ça, pour Caesius, c'était sacré.
Il avait lamentablement cédé, le priant, le suppliant presque de lui rendre son livre.

En bref, Caesius boudait un peu - comprendre là, rester impassible et regarder droit devant soi comme si de rien n'était.
Mais bon, Absynthe, il arrivait à lui faire faire n'importe quoi. C'était désespérant, mais ça lui arracha un sourire.

Par un hasard fortuit, Absynthe fut son adversaire - et ça, ça lui arracha un sourire un peu orgueilleux, fier de pouvoir enfin se venger de son meilleur ami. Aha - il lui ferait manger l'intégralité de Mille herbes et champignons magiques pour l'avoir arraché à la bibliothéque !

« Ne t'en fais pas Absynthe, je connais le livre par coeur. »

Et l'instant d'après, Absynthe lui lançait un sortilège. Mais, il avait trop envie de gagner face à son meilleur ami - en se déplaçant d'un pas, il esquiva le sort orange. Il se mit à rire.

« Et toi, tu devrais être plus assidu en cours ! »

Il serra ses doigts autour de sa baguette.
Malheureusement, même s'il était nettement supérieur en duel que Absynthe (c'était ce qu'il pensait), une étrange malédiction planait sur la salle de duel. Les meilleurs duellistes se retrouvaient ainsi particulièrement nullissimes, et leurs propres sorts se retournaient contre eux.
Bref.
En plus, le Professeur Spacetout lui jetais régulièrement le mauvais oeil. Ça ne présageait rien de bon. Il leva sa baguette en souriant à son ami.

« Impedimenta ! »

Absynthe souriait tout le temps. Il avait sourit en voyant Caesius aujourd'hui, comme il souriait en le menaçant de jeter son Histoire de la Magie dans les toilettes du deuxième étage s'il ne venait pas au club, et sans doute qu'il sourirait encore si son aîné lui faisait manger son cours de Botanique. Mais ce sourire s'effaça au moment où Caesius attaquait - Absynthe eut tout juste le temps de marmonner un sortilège de bouclier pour arrêter le sort. Merlin, ce n'était pas passé loin ! Heureusement qu'il avait eu ce bon réflexe ! Il fallait dire que les Serpentards aussi savaient se défendre, quand il les prenait en traître dans les couloirs... ahem.

Absynthe ne pouvait pas rester sérieux bien longtemps. Il reprit sa position en souriant d'une oreille à l'autre, l'air de dire "pff qui n'écoute pas en cours ?" et fit décrire un arc de cercle à sa baguette :

▬ D'accord… Titillando !

Absynthe aimait sourire, et rire aussi. Et il avait envie d'en faire profiter tout le monde.

Absynthe était très doué en duel. En vérité, peut-être qu'il l'était davantage que Caesius, car il préférait la pratique à la théorie.
Alors, quand Caesius le taquinait, avec son faux orgueil amical, c'était tout ce qu'il y avait de bon enfant. Il gardait son sourire en coin, haussait les sourcils avec trop de fierté, mais tout ça, ce n'était qu'un jeu.
Et avec Absynthe, même si ne lui aurait jamais confessé (plutôt mourir), il s'amusait bien.
L'incantation du sortilège lui frappa les oreilles - quel fourbe ! Un sortilège de chatouillis !
Mais Caesius n'eut pas besoin de riposter, puisque son ami venait de se le prendre en plein dans la face. Ca lui arracha un grand éclat de rire.

« Eh bien, bravo Absynthe ! Continue comme ça et je gagnerai sans t'attaquer. »

Puis, sa baguette siffla pendant qu'il prononçait, sûr de lui.

« Mucus Ad Nauseam ! »

Sûr de lui - et peut-être un peu trop.

Absynthe n'avait pas prévu que son sort se retournerait contre lui. Il tenait sa baguette à bout de bras et ça l'avait frappé dans le ventre, lui arrachant un "non !" surpris au moment où il réalisait la chose.
Et puis il avait explosé de rire. Absynthe n'était pas immunisé contre les chatouilles - pas du tout. Et puisque c'était ce que ce sortilège faisait - sortilège qu'il était toujours extrêmement fier de connaître et d'utiliser - le voilà qui se gondolait, plié en deux, les bras croisés sur l'estomac. Il était ridicule. Mais c'était drôle, tellement drôle ! Il ne pouvait s'empêcher de rire aux chatouillis invisibles du sort qui lui faisait perdre son souffle. Lorsque enfin les effets s'estompèrent, il ravala un rire nerveux et essuya une larme au coin de l’œil. Merlin, qu'est-ce que ça faisait du bien de rire comme ça.
Même si Absynthe n'avait jamais eu besoin de raisons pour rire aussi fort.

▬ Parce que sans ça, tu n'as aucune chance ! répliqua-t-il, mais sans pouvoir conserver son sérieux.

Il avait encore ce sourire crispé au bout des lèvres, comme s'il s'attendait à tout moment à ce que le sort revienne lui chatouiller les côtes. Il était tendu, dans l'attente de la contre-attaque de Caesius, aussi. Il l'entendit prononcer le sort, et joua le tout pour le tout en se jetant sur le côté. Un peu comme les gardiens de buts au Quidditch qui ne savent pas de quel côté partir, mais qui doivent compter sur la chance pour tomber juste. Absynthe était tombé juste - presque littéralement. Il retrouva son équilibre et se redressa, puis jeta un œil derrière lui, là où le sort avait frappé dans le vide.

▬ Un sortilège de crotte de nez ? Vraiment ?

Il ne savait pas s'il devait s'amuser ou se vexer que son ami ait envie de lui mettre la honte avec un sort pareil. D'un autre côté, il culpabilisait un peu moins en cherchant le prochain sort... Ceux qui lui venaient en tête étaient toujours les pires, les sournois, les plus drôles aussi, mais il les retenait pour Caesius. Alors il passait encore plus de temps à réfléchir à quel sort lancer. Cette fois pourtant, c'était différent. Absynthe lança le premier qui lui venait à l'esprit. Il n'en connaissait pas beaucoup, c'était vrai. Mais le peu qu'il connaissait, il les maîtrisait.

▬ Dans ce cas... Dentesaugmento !

Sauf quand sa baguette décidait du contraire.

Spoiler:

Ah, les choses devenaient sérieuses entre les deux amis - sérieusement amusantes. Car, ils avaient toujours été rivaux, quand l'occasion s'en présentait. Bien sûr, pas sur le plan des cours, où Caesius était un obsédé (c'est le cas de le dire), mais plutôt lorsque Absynthe le trainait dans des escapades, et lui lançait des défis.
C'était là l'occasion de se taquiner un peu, de se chercher.
De lui lancer un sortilège de crottes de nez, par exemple. Mais malheureusement, Absynthe avait esquivé. Caesius fit claquer sa langue, mais sans faire disparaître son sourire.
Il eut un rire un peu goguenard.

« Les choses deviennent sérieuses, A- »

Et voilà, ça lui apprendra à fanfaronner. Il ne vit même pas le sortilège lui foncer droit dessus. Il se le prit en pleine bouche, et soudain.
Ses deux incisives centrales se mirent à pousser, pousser et pousser.
Ah, la poisse.

« Abfynthe. »

Il savait qu'il devrait aller voir Mademoiselle Euphrasie pour arranger ce problème - il n'avait pas de miroir régulateur dans sa poche.
Zut, Absynthe était fichtrement doué. Il était un peu agacé, quelque part - son petit côté orgueilleux.
Mais ça l'amusait aussi. Il se mit à rire, si fort, qu'il en eut les larmes aux yeux.
C'était assez rare.

« Fe fais 'e fe faire goufer à mes fents ! Furucuyus ! »

Absynthe avait tellement ri au sortilège de chatouilles, il ne pensait pas s'écrouler de rire lorsque sa nouvelle attaque toucha Caesius. Mais. Merlin. Impossible de rester sérieux. Les Serpentards lui faisaient moins d'effet quand ils hurlaient des menaces le visage recouvert de furoncles. Même le viril Godric en tutu rose n'aurait pas déclenché une telle hilarité chez l'élève de sa maison :

▬ AHAHAHA ! Cae ! Si tu veux... ahah, si tu veux m'avoir comme ça, continue ! articula-t-il entre deux rires, plié en deux.

Il avait à peine compris ce qu'il disait, mais il riait trop fort pour lui demander de répéter. Il pleurait, vraiment, il pleurait de rire. Il se tenait le ventre comme pour contenir les crampes qui ne tarderaient pas à se manifester, Merlin ! Il avait déjà mal à la mâchoire à force de rire aussi fort ! D'un point de vue extérieur, il était sûrement aussi ridicule que son adversaire, à se gondoler comme ça sur l'estrade. (L'eftrade, pardon.) Quand enfin il réussit à relever la tête et regarder Caesius sans partir dans un nouveau fou-rire, il brandit sa baguette pour esquiver la contre-attaque. Il ne savait pas comment il avait fait, dans son état, mais il fallait qu'il arrête de penser à la tête de Caesius. Vraiment.

▬ Désolé... pfff alors... alors... Pfff-Colloshoo !

Il n'était pas sûr de le réussir, celui-là, vu comme il pouffait toutes les trente secondes comme une gamine de treize ans. D'un côté, il avait envie dire à son ami qu'il était désolé de rire de lui, et de l'autre... à quel point il l'adorait pour le faire rire comme ça. Mais on garderait le sentimentalisme pour plus tard. Il n'avait pas l'intention de perdre devant cette magistrale tentative de diversion.