Le « Salon commun » était bien souvent dominé par un joyeux brouhaha familial, on en oubliait à quel point l’endroit pouvait être tranquille en dehors des heures de pointes.  La plus part profitaient sans doute encore du confort de l’édredon. Wes avait quitté son dortoir pour ne pas se laisser distraire par ses camarades de chambre, il s’était installé tranquillement en bas. Il avait eu le temps d’annoter un chapitre d’un ouvrage de quidditch avant de lever les yeux et tomber face à la distraction ultime. De grands yeux, une monstrueuse boule de poils qui défiait à elle seule les lois de la physique et de la logique, un chat. Et pas n’importe quel chat, Le Chat, avec des majuscules.  Le jeune homme avait toujours éprouvé une certaine admiration inexplicable et inexpliquée pour la majestueuse créature, même quand elle tortillait son immense popotin de pacha pour sauter sur un fauteuil libre.

Aussitôt, Wes se retrouver accroupi à ses cotés, à essayer de flatter le félin qui le regardait d’un air torve. Il présenta sa plume comme offrande au gros matou, manitou. Aucune réaction. Le Chat ne se laisse pas impressionner par des balivernes.  Le garçon enchanta sa plume d’un wigardium leviosa, toujours la même tête de poisson mort sur un étalage. Qu’à cela ne tienne, ça ne démontait pas du tout Wesley qui trouvait le chat absolument brillant par son absence de crainte pour la magie. Un coup d’œil à droite, un coup d’œil à gauche. La voie était libre ! Wes  aimait beaucoup ne pas avoir l’air d’un cinglé qui parle aux chats en présence de ses camarades alors il aimerait bien que cela continue ainsi, merci bien ! Il fouilla sa poche à la recherche d’une friandise comme il avait la fâcheuse habitude de nourrir tous les chats du château qu’il trouvait.

« Ca sera notre secret à tous les deux, d’accord ? »

Bon, d’accord soudoyer un chat avec de la nourriture, c’était assez bas, il fallait le reconnaitre. Surtout dans un lieu public,où trop obnubilé par son ami à quatre pates, il n’avait pas du tout entendu les pas sur les marches en marbre. Tu ferais un très mauvais trafiquant de potions Jefferson.

Heuresement, il n’était pas entrain de gagater comme un idiot devant l’immense boule de poil. Juste en train d’empiffrer encore plus la créature qui finirait par se déplacer en roulant comme un ballon plus qu’en rampant si ça continuait ainsi. Une voix, disons, caverneuse s’éleva dans la salle commune ce qui arrache aussitôt un sursaut coupable au poufsouffle qui se retrouvait pris la main dans le sac. Ou plutôt la main devant la bouche grande ouverte du chat. Air coupable, mauvaise conscience, inexpérience totale à faire des choses interdites et surtout se faire prendre, c’était plus fort que lui, immédiatement il répondit à l’accusation qui n’était en réalité qu’une simple question innocente.

« Je nourrissais pas Le Chat ! »

On y croit tous ! Il ramassa l’animal, ça faisait les bras parce qu’il valait son pesant en chocogrenouilles le matou pour ensuite se redresser et découvrir que non, son interlocuteur n’était pas Garfield. A la place se trouvait une jeune sorcière, Wendy si sa mémoire ne lui jouait pas des tours. Il avait manqué ne pas la reconnaitre car force de constater que la dernière fois où il avait entraperçu cette frimousse, elle n’était pas verte et à moitié couverte d’écailles digne d’un Vert Gallois. Tact et diplomatie oblige, il retient de montrer sa surprise, la pauvre petite n’était peut être pas au courant et c’était déjà pas marrant d’être malade, elle n’avait pas besoin qu’on lui fasse remarquer. Cependant le félin ne s’embarrassait pas d’une telle délicatesse. Il feula directement dans la direction de la demoiselle. Wes fit mine de rien et accorda un léger sourire à Wendy.

« Bon, d’accord en fait je nourrissais Le Chat, mais il est peut être au régime ? Je peux compter sur toi pour être la gardienne du secret?»

Mince, il ne connaissait pas vraiment les maladies magiques. Si ça se trouve, c'était quelque chose de bénin mais son instinct ne pouvait l'empêcher de s'inquiéter malgré tout.

«Tu es matinale, tu ne te sens pas bien ? Tu devrais peut être t’assoir un peu ? »

Demanda t’il pendant que le chat lui mordillait le bras joyeusement, et « amicalement » selon Wes. Surtout, ne pas montrer de l’inquiétude, elle paniquerait aussi.

Elle avait vraiment d’être une fille très gentille, Wendy. Elle ne se moquait pas le moins du monde, et même elle acceptait de bonne grâce d’être la complice de son terrible délit. Wes se sentait un peu soulagé quand elle commença à rire, si elle riait ça voulait dire qu’elle n’allait pas si mal, n’est-ce pas ? Sauf que le rire léger se changea  presque aussitôt en une sorte de toux.  Il haussa un sourcil avant d'observer le chat qui pendouillait dans ses bras.

« Tu le trouves si gros que ça ? Il est peut être un peu ventripotent ? Dit comme ça, on dirait la méchante sorcière qui engraisse les enfants pour les manger, comme dans le conte. »

Oui, un conte moldu bien qu’il avait négligé de le mentionner. Les sorciers ne devaient pas vraiment avoir d’équivalent. Il serait assez improbable qu’ils se représentent entrain de manger des enfants innocents. Et pour en revenir au chat, personne n’oserait tenter de manger le bestiau en question. De un, il avait plus de chance de vous manger que l’inverse, et de deux personne ne voudrait manger un chat aussi laid. L’amour rend aveugle, mon cher Wesley.
Il n’avait pas pu embrouiller la jeune sorcière la première fois, il n’allait certainement pas y arriver une deuxième fois. Elle avait l’esprit vif mais tout aussi téméraire, hors de question qu’elle se promène toute seule comme ça.  Instinct Team Mom activé.

« Ma maman est infirmière, alors j’ai un peu un sixième sens pour voir quand les gens sont malades.  Je pense que ça vaudrait mieux que tu restes un peu tranquille en attendant ? »

Ca, et le fait que la jeune fille abordait une magnifique couleur émeraude. Il espérait qu’elle n’allait pas se mettre à cracher du feu comme effet secondaire. Il la suivait du regard jusqu’à son fauteuil. Léger soulagement de sa part. Il lui aurait bien posé le matou sur les genoux pour la réconforter mais il ne faisait pas vraiment confiance aux réactions du félin face à une demoiselle-dragon. Le jeune homme déposa donc sa Majesté le chat au sol, avant de se rassoir en tailleur en face de la jeune fille qui venait de lui poser une question.

« J’arrive pas à bien dormir non plus, le Quidditch ça nous préoccupe un peu tous je crois. Alors comme je suis un peu un bleu, j’étudie les matchs des autres équipes, comme ça Alix nous fait une super tactique de guerre!  Oh, moi c’est Wes, au fait ! Tu t’appelles Wendy, c’est ça ? »

Rester tranquille ? Wendy comptait bien rester tranquille, là. Au début, elle s'était dit qu'elle allait marcher un peu, aller voir l'infirmerie si elle continuait à ne pas se sentir bien, et puis elle s'était levé de son lit, avait fait quelques pas, et s'était rendue compte que ce n'était pas une si bonne idée que ça. Rester tranquille dans son fauteuil, c'était beaucoup mieux.

« Ta maman est infirmière ? C'est pour ça. Mais je suis pas malade, je crois. Je me sens juste un peu vague. Je me disais que si ça continuait comme ça, j'irais voir l'infirmier avant les cours, pour être en forme, mais je ne pense pas que ce soit vraiment la peine, en fait. Je vais juste rester assise un peu et ensuite ça ira mieux. »

Et puis elle avait quelque avec qui discuter. Elle en était bien contente, même si elle se sentait un peu embrouillée, ça lui permettrait de penser à autre chose. Wendy allait parler à Wesley et elle oublierait son malaise passager. C'était le plan.

« Il est un petit peu très gros, ce chat. Mais j'espère que tu ne lui donnes pas des bonbons pour le manger. Je suis sûre que les elfes de maison te feraient un petit-déjeuner qui aurait meilleur goût si tu leur demandait. » Un sourire. Ca l'amusait. Elle ne lui avait pas répondu tout de suite, elle avait préféré s'asseoir d'abord, mais maintenant qu'elle était confortablement enfoncée dans son fauteuil, elle se sentait capable de plaisanter.

Wesley avait posé l'animal par terre ; il était revenu s'asseoir devant la petite fille. Il lui parlait Quidditch maintenant.

« Je vous ai vus au match ! Kalev m'a demandé de vous soutenir tous, avec mon amie Juliet, alors on vient et on vous encourage aussi fort qu'on peut, pour vous faire gagner. Et oui, je m'appelle Wendy ! »

C'était chouette qu'il connaisse son nom : lui, il était membre de l'équipe de Quidditch, tout le monde voyait qui il était, mais elle, elle n'avait rien fait de spécial, elle était juste une élève parmi d'autres.

« Je connais pas bien les règles du Quidditch en fait. Je sais qu'il faut marquer des points avec le Souaffle et qu'il faut attraper le Vif d'Or pour gagner, mais c'est juste les bases, je crois. Mais c'est pas grave. J'aime bien regarder et essayer de suivre ce qui se passe. C'est très amusant. C'est comment d'être joueur de Quidditch ? Tout doit aller très vite autour de toi, ça doit pas être facile. »

Il continuait à l’observer discrètement, soulagé de la voir s’assoir un peu. C’était peut être une maladie inoffensive, plus impressionnante que douloureuse. En tout cas, il préférait la voir un peu au repos, les cours, on verra plus tard selon son état!

« Jamais je mangerai Le Chat ! Même s’il arrive à 40 kilos, moi je le trouve mignon quand même ».

Pauvre Le Chat, il était un grand incompris de l’esthétique. Mais, Wendy était quand même très gentille, même si elle ne tombait pas en pamoison devant la boule de poils, elle allait même les encourager avec son amie.

« Enchanté, Wendy ! C’est très gentil de venir nous voir. Kalev a bien fait maintenant qu’on sait que vous venez nous voir, on doit faire encore plus de notre mieux ! J’espère qu’on ne te décevra pas ! Je crois que je connais un tout petit peu Juliet : elle était au Grand Tournoi annuel, non ? C’est drôlement courageux.»

Wes avait toujours fait un effort pour retenir le nom des gens, surtout ceux des gens de sa maison, même s’ils ne se trouvaient pas dans la même année. Après tout, même sans cela, ils allaient bien tous se croiser à un moment ou à un autre, alors à défaut d’aller leur parler, quand on attrapait un prénom lancé comme ça, le garçon essayait de s’en souvenir. Personne n’aimerait être apostrophé d’un « Hé, Machin ! ». C’était ni gentil, ni poli.

Ca lui faisait toujours bizarre d’être maintenant reconnu par certains élèves à cause du Quidditch. Mais Wendy, c’était mêem particulier. Après tout elle était arrivée quand le poufsouffle avait déjà trouvé ses marques dans le château. Durant la cérémonie de répartition, il avait écouté attentivement et applaudit chaque nouveau membre dans leur maison. Wendy Weatherfield et Juliet Windsor, les dernières de la liste et toutes les deux chez Poufsouffle, c’était resté.  Il lui souriait d’un air encourageant alors qu’elle lui parlait de Quidditch.

«C’est déjà bien! Tu connais les choses les plus importantes même si la chose la plus importante, la règle ultime en fait c’est de pas se prendre un cognard dans la tête ! Et puis j’ai Kalev et Victoria avec moi, alors ça va, je sais que si je fais une bêtise, je peux compter sur eux pour la rattraper!»

Un léger rire de sa part. Qu’est-ce qu’il ferait sans eux ? C’était sans doute l’esprit Poufsouffle, se sentir épaulé par ses amis. Et la présence des deux poursuiveurs l’avaient rassuré bien des fois de la peur de « mal faire». Bonne chance à Garfield et Elyriam avec des postes solitaires !

«C’est vrai, tout va très vite et des fois, même nous on ne sait pas trop ce qui se passe ! Mais je trouve pas que ça fasse peur en fait ? Tu vois, tu es entrain de voler alors tu oublies que tout le monde essaye de te faire tomber de ton balai, il y a tout le monde qui te soutient et l’équipe est géniale. Alix est super comme capitaine, on a beaucoup de chance de l’avoir. Ca ne t'as jamais tenté comme sport? »

Il s'emportait un peu trop, peut être, ça devrait être assez génant mais il souriait, content de pouvoir partager avec elle.

Wesley pouvait sentir le rouge lui montait aux oreilles tandis que Wendy mentionnait innocemment le nom du gryffondor. Le garçon était bien content d’avoir été éliminé dans ce cas, sinon il aurait pu se retrouver face à Edgar.  Edgar, auquel il avait écrit, sans faire exprès une lettre d’amour.  Longue histoire et grande maladresse de sa part!

« Ah, c’est vrai qu’il est fort E-Edgar ! Mais il y a peu de gens de troisième année qui ont osé participer. Moi j’aurais jamais osé, je suis sûr que si elle recommence l’année prochaine elle ira plus loin, et ainsi de suite. »

C’était de la pure sincérité de sa part. Il n’avait jamais osé mettre les pieds dans la salle du club de duel avant le milieu de sa quatrième année alors que Juliet ne s’était pas posée de question et avait eu le courage d’essayer de s’opposer à des plus grands. Peut être que Juliet deviendra la championne de l’école et puis Wendy pourrait un jour faire du Quidditch aussi ! Elle avait l’air enthousiaste, en tout cas !

«Même si tu n’as qu’un balais, tu peux t’entrainer quand même ! Je ne sais pas si tu connais un peu les sports moldus mais il y en a beaucoup qui ressemblent au Quidditch. Par exemple, il y en a un qui s’appelle le baseball et il faut taper dans une balle avec une batte, comme nos batteurs ! Il y en a un autre ou tu dois marquer des buts comme des poursuiveurs aussi, alors même toute seule tu peux devenir très forte, je crois !»

Elle devait s’ennuyer, toute seule, c’était moins bien que de le faire en volant mais comme ça, Wendy pourrait peut être jouer avec son amie et non toute seule. Ce n’était pas drole de jouer seul. Il écoutait attentivement, attendant patiemment qu'elle posa sa question. Oh. Comment serait-il possible de refuser quoi que ce soit ? Wendy était très gentille, elle était malade en plus, elle admirait Alix au moins autant que lui et elle lui avait demandé gentiment.

« Tu es sûre ? Enfin, je voulais pas dire sûre de vouloir apprendre le Quidditch mais tu es sûre de vouloir apprendre avec moi et pas avec quelqu’un de plus doué comme Kalev ou Alix ? Enfin, si tu es sûre, j’en serai honoré. »

Ca, lui faisait un peu bizarre, il se sentait vraiment comme le petit nouveau de l’équipe mais Wendy était curieuse d’apprendre alors il voulait bien partager son expérience et son savoir, aussi petit soit-il. Ca serait sans doute amusant, même. Sauf que ce n’était pas pour aujourd’hui, la petite sorcière semblait vraiment fatiguée.
Code rouge ! En temps normal, le repos était recommandé, Wes se serait sans doute proposé pour lui faire une tasse de thé ou lui apporter des bonbons qu’elle aimait mais ça c’était pour les maladies ordinaires, les maladies « moldues ». Il ne savait absolument pas soigner les maladies magiques. Et si, il fallait l’empêcher de s’endormir ? Et si, en dormant elle allait se changer en vrai dragon ? Non, il ne pouvait pas laisser Wendy se changer en lézard géant parce qu’il n’osait pas lui faire remarquer que justement, elle se changeait en lézard géant !

« Tu ne veux pas que je t’accompagne à l’infirmerie plutôt ? Tu n’as pas l’air très bien, tu es un peu… verte.  Tu te sentiras beaucoup mieux là-bas, je pense. Tu crois que tu peux marcher ? Je peux te porter si tu veux, ça ne me dérange pas du tout. »

Une fois de plus, elle lui laissait la possibilité de se rétracter. Elle ne voulait pas déranger, trop gentille, trop polie. C’était bien familier. Il se fendit d’un fin sourire, avant de reprendre doucement.

« Wendy, ne t’en fais pas, je pense pas que tu es le genre de personne à lancer un stupefix si on te dit non. Alors si je te le propose c’est que ça ne me dérange pas du tout. Quand tu iras mieux, promis, on ira faire du Quidditch ! Et un poufsouffle tient toujours ses promesses, surtout si c’est à un autre poufsouffle. »

Il ne se souvenait plus vraiment où il avait entendu ça d’ailleurs, mais cela importait peu. Il voulait juste faire de son mieux pour qu’elle ne se sente pas comme un poids ou autre. La pauvre, ce n’était pas sa faute si elle était malade, et Wes se ferait du souci s’il n’était pas certain de son arrivée à l’infirmerie. Ce n’était pas être gentil, c’était normal comme comportement.

Wesley aida sa Majesté le Pacha à monter sur le fauteuil, il n’arriverait sans doute pas à monter dessus tout seul ni même à rejoindre son maitre dans le dortoir. Ici, il irait sans doute mâchouiller quiconque aura le malheur de vouloir s’assoir ici. Une fois le félin installé, il alla rejoindre la petite sorcière. L’infirmerie se situant au quatrième étage, ils avaient un bout de chemin à faire. Wes mesurait bien ses pas pour ne pas prendre d’avance sur la jeune fille et surtout, pour pouvoir la rattraper si jamais elle risquait de dégringoler.

« Hum, j’en faisais avant mais j’ai un peu laissé tomber maintenant. »

Le garçon se frotta la nuque dans un geste un peu nerveux face à une question pourtant anodine. Il aimait beaucoup le soccer quand il était enfant mais depuis son arrivée à l’école, il avait été remplacé dans son cœur par le Quidditch. Ca lui renvoyait toujours à cette lettre qui dormait dans sa malle, il avait essayé de l’écrire une bonne dizaine de fois sans jamais l’envoyer. L’été approchait et il n’avait toujours pas trouvé les mots pour annoncer son entrée dans l’équipe de Quidditch à ses parents. Pressé de changer de sujet, il enchaina avec peut être un peu trop d’entrain.

« Les sorciers connaissent pas vraiment les sports moldus, ils les trouvent en général très farfelus et compliqués mais ils se ressemblent un peu. C’est une bonne façon d’apprendre et d’échanger de s’intéresser à quelque chose que tu ne connais pas, ça devrait lui faire plaisir à Juliet de le partager avec toi. Vous vous connaissez depuis longtemps ? »

Wes avait l’air presque amusé en écoutant la petite sorcière qui babillait au sujet de sa meilleure amie. Il y avait beaucoup de tendresse dans ses mots, et le poufsouffle trouvait ça touchant comme comportement. Il le nota dans un coin de sa tête, évoquer Juliet faisait sourire Wendy. Ca pourrait sans doute lui faire un peu oublier ses petits tracas, il devrait aussi penser à prévenir son amie si Wendy venait à manquer les cours afin qu’elle ne s’inquiète pas. Et puis, cela permettait aussi de faire parler la demoiselle et ainsi détourner son attention des regards curieux qu’elle recevait dans les escaliers.

« Je n’ai pas de frères ou sœur mais je pense que Juliet doit être très contente de t’avoir avec elle pour jouer, même si sa famille est occupée. C’est rassurant d’avoir quelqu’un avec soi quand on part à l’aventure, et puis comme ça vous avez découvert la magie ensemble. Quand j’ai eu mes pouvoirs, j’aurai bien aimé avoir un ami pour m’expliquer que j’étais pas bizarre. Vous devez être un peu comme des sœurs alors ? »

Ca lui faisait toujours bizarre de rentrer chez lui et de retrouver ses amis moldus. Ca donnait vraiment l’impression d’avoir une sorte de double vie alors que Wendy et son acolyte étaient ensemble été comme hiver.

« Tu as la peau un peu verte. Mais un joli ! Du genre vert pomme ! »

Hop, là on se rattrape comme on peut. Dire à une adolescente qu’elle était toute verte, ce n’était peut être pas la chose la plus diplomate du monde à cet age délicat. Bien sûr, il évitait de mentionner les écailles de dragon pour ne pas l’effrayer d’avantage, Wendy avait l’air déjà assez inquiète comme ça.

«Il y a un film moldu où la sorcière à la peau verte alors peut être que c’est quelque chose de normal ? Quelque chose de sorcier où on a tous la peau de notre couleur préférée pendant un temps ! Ou peut être tu vas avoir des nouveaux pouvoirs, un peu comme un animagus ! Mais ça va aller, si tu es malade, Mademoiselle Euphrasie va s’occuper de toi, elle est très gentille et demain tout sera redevenu comme avant ! »

Bon, il n’avait jamais entendu parler de ça, et personne dans son entourage n’était jamais devenu rose ou orange pour la journée, mais il valait mieux prendre l’incident du bon coté des choses et essayer de faire sourire la jeune fille. L’infirmière saurait quoi faire, elle, de toute façon. Ils avalaient les marches de plus en plus vite.

Malgré tout, Wendy n’avait pas l’air plus rassurée que ça, pire encore, son sourire avait désertée laissant place à l’inquiétude. Oh non.  Si elle avait l’air triste, Wes risquait fortement de babiller un flot d’inepties pour lui changer les idées, pour essayer de lui remonter le moral en se couvrant de ridule comme ce n’était pas permis ! Il le voyait venir gros comme le château mais le ne pouvait pas s’en empêcher : les gens malheureux, ça avait toujours été sa kryptonite personnelle.  La petite sorcière semblait plus inquiète par l’éventualité de ne plus être jolie aux yeux de son amie que par la possibilité de devenir un reptile humain. Il posa doucement sa main sur l’épaule de la demoiselle pour la réconforter, tant pis si c’était contagieux, il deviendrait bien bleu si cela pouvait l’empêcher de se faire du souci.

« Non, Wendy, je pense pas que tu vas rester comme ça pour toujours. »

Enfin, il espérait, les maladies magiques étaient tellement bizarres ! Il se sentait un peu désemparé face à ce changement de couleur, il savait réconforter les gens  malades car il savait que ce n’était jamais bien grave. Mais là, il risquait vite de passer en mode éponge d’empathie et s’inquiéter encore plus.  On contrôle ses émotions et tout ira bien et on fait un sourire tranquille.

« Et puis même, ça te rendrait juste hyper populaire avec le club de jardinage je crois, ils aiment beaucoup le vert alors tu serais quand même jolie même si toute verte. Tu restes toi alors tu restes jolie, je pense! Enfin, ce que je voulais dire c’est que tu pourrais être toute verte avec des écailles comme un dragon et elle t’aimerait quand même, non ? Si vous êtes proches, pour elle tu serais la plus jolie sorcière-verte-à-écailles-dragon au monde. Et puis pourquoi elle ne te trouverait pas jolie, Juliet ? »

Merlin, mais quel idiot ! Des fois, il en venait presque à regretter de ne plus être aussi timide qu’avant. Quand il passait en mode sirène hors du Lac Noir, au moins, il ne racontait pas n’importe quoi comme ça. Il se sentait parfaitement ridicule et ce n’était peut être pas la meilleure chose pour rassurer Wendy. Sauf si c’était tellement pathétique que ça en frôlerait le comique.  

« Mais ne t’inquiètes pas, ça va s’arranger et tu seras sur pieds avant le bal ! Tu pourras mettre une jolie robe rose et ressembler à une princesse et pas à un dragon si tu veux. »

Wesley Jefferson ou l’art de se ridiculiser devant quelqu’un de bien plus jeune que lui !