« Cercle sans fin. Se lever, chaque matin, puis s’habiller. Porter ses couleurs, faire honneur. Ou ne pas participer, fuir la foule, s’isoler. Hurler sa haine sur le premier venu, ou l’embrasser. Cette école était tel l’asile. On trouvait de tout. Et toi, t’avais même entendu une fille chanter du Claude François. Mais qu’importe. À présent on frappait des mains et tapait du pied, la foule voulait voir les demoiselles — ou les damoiseaux s’affronter, se dénuer. Bande de pervers. Quoique, la blonde devait admettre. Rien n’était déplaisant quant au fait d’admirer un bon mâle bien frais et tout joliment moulé déshabillé. Hein hein.

Reprenons du début.

Elise venait de grimper sur l’estrade. En face d’elle, ce n’était pas une créature poilue. Non. Juste Ali. La blonde enflammée d’un mètre cinquante-quatre et demi. A retenir — fait amusant. Enfin. Soit, passons. Saluer, petit sourire aux lèvres, et se retourner. Faire les pas demandés, garder bien au chaud sa baguette, puis, se retourner. Une fois ces actions passées, on pouvait alors brailler comme des tarés, agitant l’arme dans tous les sens, totalement déchainés. On pouvait aussi faire le tout très scolairement, presque catholiquement. Ou se débarrasser. Innover. N’était-ce pas intéressant de disloquer ainsi l’art du duel ? Non. Ah ? Non. Oh. Bon.

« Descendo ! »

Détail oublié.
Dickney était un tout petit peu mal lunée.
Sadisme retrouvé, commissures retroussées.
Amen.

« La blonde demoiselle s’affaisse, saluant au passage le parquet. Notre Elise ne réagit pas. Se contentant d’observer ; presque blasée, un point contrariée. Présage de défaite ? Moue négligée. A qu’en dire, à qu’en faire. L’enjeu n’est pas vital. Soupir synchronisé, l’adversaire se redresse. Ni une ni deux, voici notre préfète mouillée. Jet d’eau direct, en plein visage — c’est la fête. Grincement de dents, sourire naissant. Enfin quelqu’un de vivant. Au diable l’ennui, levons poignet, haussons légèrement le ton. On ne baragouine pas.

« Incarcerem ! »

Ah. Que de souvenirs. De bon et précieux souvenirs.
La réactivité. Rien de meilleur en ce monde.
Propice au rire. A l’entente. Aux envies.

« Et la voilà basculée, renversée. Son fessier fusionne avec le sol. Charmant. Notre blonde grogne, sourire aux lèvres. Tu n’es pas si fade qu’il n’y paraît, Aliénor. Dickney se redresse, sans prendre soin d’épousseter ses affaires, ses habits. Peut-être vas-tu échapper à ces sorts classiques sans intérêts. Et qu’il est bon. De sortir du cadre. Sinon, à quoi bon ? Toutes ces manières sont d’un ennui. Se jeter des pics, puis tourner au ridicule. Je reconnais ta voix, miss Claude François. Une menotte vient balayer la jolie coupe de cheveux, l’air distrait.

« Si joli sourire — quoique un brin inexistant. Dentesaugmento ! »

Et prions, à présent.
En toute amitié.
Évidemment.

« L’informulé et ses frissons. A peine le sort a-t-il touché sa partenaire de jeu que la blonde frémit. Non de plaisir — une fois lancée, l’idée perd de son attrait. Mais plus d’attente. Serait-ce la crainte, ici, dans ton regard, poupée ? Il n’y laisse pourtant paraître d’un calme désuet, ravagé par un enthousiasme tout aussi lent que fourbe. Tu m’entraines, Callahan. Dans une danse, mesurée, non trop précise. Celle propre aux serpents — vorace. Et ca lui plait, à Elise. Elle aime ça, cette nonchalance idéaliste et trompée, complètement à côté. Subterfuges de fierté, vivacité refoulée. Protego ! Et l’attaque silencieuse rebondit pour se perdre au loin. Rester sur sa garde, hein ? Qu’a-t-elle bien pu envoyer ? Point d’interrogation qui se fait lourd, pesant. Défi de taille, sourire revêche, franc et branli-branlant :

« Levicorpus ! »

Tu pressens le combo — allez savoir pourquoi.
Épargnons-nous, pour cette fois.