Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
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l'amour nous guidera (fluffy) — caesius

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Dim 16 Fév - 23:03


tout serait parfait


Il n'avait pourtant jamais aimé le clafoutis.
Après la première bouchée, autre chose que du flan et des cerises était tombé au creux des son estomac. Alors, il avait failli engloutir l'assiette entière.

Mille clafoutis n'auraient jamais suffi - à combler de creux immense, à calmer ce feu de joie, à taire cette fureur soudaine. Il était traversé d'éclairs et de tempêtes qui claquaient dans sa tête. Il se sentait calciné par les brûlures d'une impossible fièvre. Pour lui qui luttait contre le mal, il n'y avait aucun sortilège à même de briser cette soudaine évidence. La passion lui embrasait la tête et l'intérieur des joues, ses tempes palpitaient sous cette force incommensurable, et il se sentait -

oh oui, il se sentait amoureux.

L'amour est transcendant. Il ne s'embarrasse d'aucune consigne et renverse les barrières de son pas claudicant pour percer la poitrine. Celle de Ianto battait la chamade. Elle battait avec tendresse, et elle battait avec ardeur, et il était pris d'une fièvre qui transformait l'hiver de son être en un arbre vert.

Il l'avait aperçu. Dans le réfectoire, il mangeait à une table, toujours dans cet adorable silence qui couronnait sa bouche. Son sourire aimant lui avait coupé le souffle et le souffle lui était revenu en plongeant son regard dans un océan de cheveux roux. Il était reparti, vers la salle des professeurs, dans un silence d'ange. Sans être suivi.

Enfin, pas tout à fait.

Il avait couru si vite pour le suivre - Caesius l'avait forcément vu. Il avait forcément entendu le pas balourd et maladroit dans son sillage. Ou bien l'écho des cris de son collègue dans le couloir. Avant de s'engouffrer à l'intérieur de la pièce des adultes, il savait peut-être déjà que le visage livide de Ianto allait apparaître dans l'embrasure de la porte.
Voilà : il lui faisait face.

Maintenant, il était tétanisé.

— Caesius, Caesius, attendez.

Il était haletant, blanc comme un linge. Il eut l'impression qu'un détraqueur lui avait volé son âme.

Et c'était la sensation la plus agréable qu'il aie jamais éprouvé.

Peut-être parce que ce n'était pas un détraqueur. Non, c'était lui, c'était Caesius, il n'y avait que Caesius ; Caesius avait emporté tout ce qu'était Ianto et sa substance. Caesius était désormais son esprit, son autre, sa raison d'être.

Il ne savait pas pourquoi cette pâmoison ridicule lui était tombé sur le coin du crâne. Cet amour soudain ne s'expliquait pas. Avait-il seulement besoin d'explication ? Pourquoi chercher à comprendre ? Pourquoi ne pas plutôt chercher, dans le cours de sa vie, tout au long de son service à Poudlard, pourquoi il ne l'avait découvert plus tôt ? Pourquoi s'était-il si longtemps voilé la face, pourquoi s'était-il montré si mélancolique avec tous alors que ce qu'il cherchait depuis toujours était là, juste sous ses yeux, à portée de son cœur, dans les jardins botaniques.

— Il faut que je vous dise quelque chose.

Sa voix était extatique. Des spasmes de joie traversaient la grande carrure de Ianto, et de mémoire de tableau, il était certain que personne à Poudlard ne l'avait jamais vu si heureux.
Est-ce que quelqu'un l'avait seulement vu heureux tout court ?

Quelques instants de bonheur pur - ou, cela dépend du point de vue, de gêne infinie - s'égrenèrent. Ianto s'enhardit alors soudain, se rua brusquement sur l'écossais, renversant au passage quelques grimoires enchantés, et attrapa ses épaules de ses deux mains baguées. *

Une certitude l'ébranla tout entier, de haut en bas, comme la foudre le long d'un saule cogneur.
Et en cet instant il aurait pu lui ériger des autels, des cathédrales, des sanctuaires, des milliards de poèmes.

— Caesius... je vous aime.


(* j'ai hésité à mettre yaoi hands. j'ai hésité.)

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Dim 16 Fév - 23:42
Il n'avait jamais eu beaucoup d'appétit.
Il en avait si peu, et depuis si longtemps, que c'était devenu comme une habitude poussiéreuse. Il n'y avait pas grand chose qui arrivait à exciter ses papilles ; à peine la menthe suffisait-elle à lui apporter un peu de douceur, en fin de repas. Il portait les cuillères de ragoût à sa bouche dans une indifférence molle. Tout ce que les elfes préparaient était toujours bon, mais il n'était pas sensible à ses choses là.
Lorsque le clafoutis apparut sur la table, c'est tout naturellement qu'il ne s'en servit pas.
Il l'ignorait, mais il venait, par son habitude poussiéreuse, de sauver sa fierté déjà pas mal entamée par les évènements qui avaient déjà frappé Poudlard.

Il avait quitté la table des professeurs un peu plus tôt, en leur adressant un bref signe de la tête. On ne lui avait presque pas répondu – peut-être, non plus, ne l'avait-on pas vu se lever. Il était grand, mais étrangement invisible.
Ça ne le dérangeait pas ; il souriait toujours avec beaucoup de calme.

Parfois, il arrivait à Caesius de sortir de sa passivité grisâtre et d'apprécier les temps qu'il vivait. L'année scolaire continuait à suivre son cours, et malgré les différentes péripéties qui avaient frappé le château, il se disait que finalement, tout n'était pas si mal.
Il se disait, avec un optimisme un peu feint, que la journée s'annonçait bonne, et que pour un mois d'hiver, le soleil brillait fort.

La salle des professeurs n'était pas un endroit qu'il fréquentait assidûment – il ne se sentait toujours pas à sa place au milieu de ses aînés. Et même s'il était assez translucide, son mètre quatre-vingt dix bien marqué l'empêchait de se cacher facilement.
Parfois, il n'aimait pas les regards qu'on lui lançait. Mais il ne disait rien ; après tout, ça n'avait pas d'importance.

Mais cette fois là, les professeurs étaient encore attablés. Il y avait de la paperasse qui l'attendait, des parchemins à remplir pour le directeur – ou plutôt le directeur adjoint – et la salle des professeurs serait calme à cette heure de la journée pour sortir la plume.
Le soleil illuminait aussi très bien la pièce, et ce n'était pas négligeable.

Caesius était un homme simple ; mais ce jour là, il ne pourrait pas remplir la paperasse avec un pâle sourire sur les lèvres.
Le destin en avait décidé autrement.

« Caesius, Caesius, attendez. »

Plongé dans ses pensées, il n'avait pas entendu le vacarme (pourtant notable) de son collègue. Un peu surpris, il recula d'un pas lorsque le professeur Helgoland s'encastra (c'est le cas de le dire) dans l'embrasure de la porte.
Son cœur eut une descente – que pouvait-il se passer d'aussi grave pour que son collègue – et aîné – soit dans un tel état de détresse, et aussi livide ?
L'espace d'un instant, Caesius prit les même couleurs que lui.

« Est-ce que tout va bien, professeur ?
- Il faut que je vous dise quelque chose.

Caesius déglutit – ça n'annonçait rien de bon.
Peut-être allait-il lui annoncer qu'on lui retirait le poste de Directeur de Serdaigle, et qu'il s'était révélé bien trop incompétent pour la tâche. Peut-être même allait-on lui retirer le poste de professeur de botanique – après tout, il n'avait jamais véritablement senti l'embrasement de la passion, et ça se ressentait peut-être maintenant.
L'angoisse lui monta à la gorge, si bien qu'il ne réagit même pas lorsque le professeur Helgolang plaça ses deux mains d'homme viril sur ses propres épaules plutôt larges.
Il en était certain maintenant – il allait lui casser la gueule.

« Caesius... je vous aime. »

Puis soudain, ce fut comme un arrêt cardiaque.
Une mort cérébrale.
Une troisième morsure de tentacula vénéneuse – cette fois, il était sûr de ne pas y survivre.

Il y eut un grand silence.
Un grand et long silence. Tellement long que Caesius en oublia de respirer. Abasourdis, il regarda par l'embrasure de la porte pour voir si il y avait quelqu'un derrière, qui attendait – après tout, peut-être était-ce juste un pari. Il ne connaissait pas le professeur Helgoland comme joueur, mais il y a un début à tout.

En vérité, il se sentait très con. Un peu comme si on lui avait substitué son cerveau à celui d'un troll – ils ont à peu près le même temps de réaction.
Ianto était là, devant lui, le visage embrasé, et Caesius était blanc. Il recommença doucement à respirer. Quelque chose clochait, là dedans.
Mais comme il ne savait pas quoi dire, que le silence commençait à devenir pesant et que ça tête bourdonnait comme s'il avait un nid de doxys à l'intérieur, il posa la première question qui lui vint à la bouche.

« Je – pardon, depuis quand ? »

Ce qui était un cri d'alarme pouvait être aisément compris comme un consentement, et je ne suis pas certain que là, tout de suite, c'était la meilleure des choses à faire.
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Mer 19 Fév - 0:52


si le monde était


Tout l'air de la pièce était parti.
Vidée de son oxygène, elle s'emplit d'un silence qui faisait dans sa gêne se lever la poussière. Même l'écho sourd du bruit de ses mains, et de ses poumons se vidant comme des sacs ne l'avaient pas brisé.

Quelque chose était tombé sur la pièce : une catastrophe naturelle avait déraciné les murs et enterré le sol sous plusieurs strates. Le malaise, grossissant comme une tumeur, avait saisi la gorge de Caesius, Caesius exsangue et interdit devant son pathétique collègue, Caesius désarmé face à l'amour pur. Ianto, lui, n'était plus réceptif à rien. Le sens commun l'avait abandonné et il baignait dans une aura de douceur et de finitude qui le transportait de joie, de tension, de délires inexplicables. Quelque chose de confortablement installé dans son cerveau brouillait les ondes, coupaient le circuit des pensées rationnelles. Quelque chose le nourrissait d'amour.

Le trouble était extrême - cette scène rocambolesque qu'il jouait comme un acteur qui s'ignore aurait mis n'importe qui dans l'embarras. Même lui. Surtout lui.
Si d'aventure quelqu'un lui montrait ces images dans le futur, Ianto tresserait lui-même sa propre corde, et supplierait qu'on le pende sur l'heure sous l'auvent des serres de botanique.

Mais dans le présent il était un autre lui-même. Il ne réalisait pas. Tout ce qu'il voyait, c'était son visage si formidable, ses fossettes adorables, ses courts épis qui aveuglaient le soleil. Des constellations de rousseur sur ses joues lui disaient tout bas de l'embrasser - il en mourrait d'envie. Il essayait de contempler plutôt ses yeux luisants comme des joyaux verts. Caesius était si beau.
Il l'aimait beaucoup trop.

— Je – pardon, depuis quand ?

Sa surprise lui fit un vent de chaleur dans le coeur. Au fond de sa poitrine qui battait la chamade, il sentait l'assurance, croissante comme ces plantes merveilleuses que son aimé faisait pousser. Il avait tant à lui donner. Il avait tant à lui prouver, et plus encore.
Alors il se mit à genoux.

Les rotules de Ianto s'écrasèrent sur la terre. Il ployait devant le professeur de botanique qui, malgré son imposante stature, faisait devant les démences de son confrère une toute petite mine. Caesius était blanc fantôme. Ianto était rouge passion. Le sang qui ne circulait qu'avec peine dans les veines de l'écossais faisait des circuits dans celles du blond cendré.

— Ma tête vous dira qu'elle ne sait plus. Mon coeur vous dira depuis toujours.

Il se redressa avec brusquerie et, échevelé par sa transe, s'approcha plus encore de l'infortuné professeur. Dans sa têtes, des myriades de poèmes s'enchaînaient les un après les autres comme un collier de perles. Les plus jolies sérénades lui venaient, limpides, et si on lui avait donné une mandoline enchantée il lui aurait fêté chacune de ses louanges - elles étaient beaucoup trop nombreuses pour les compter toutes. Et à chaque seconde, il lui en venait une nouvelle. Il ne savait pas pourquoi. Il ne voulait pas savoir. Son amour intarissable enserrait son myocarde comme un filet du diable.

Ses pas résonnèrent dans la pièce et ébranlèrent les murs, firent tomber les livres et le parchemins. Dans sa hâte d'enfin pouvoir le toucher, il renversa autour de lui plusieurs babioles - propriétés sans doute des autres enseignants. Ses mouvements étaient incohérence. Son visage rayonnant n'était que fièvre. Il prit entre les siennes les mains de Caesius, tout palpitant d'adoration. Le rose de ses joues jurait honteusement avec son teint si blême.

À présent quelques centimètres les séparaient.

— Je vous en prie, ne me repoussez pas.


(pardon pour le retard et la longueur bouh, j'ai eu plein de travail ;;)
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Ven 21 Fév - 21:55
Soudain, il tomba à genoux.
Devant lui, là, juste comme ça, à a peine plus d'un mètre, le visage éclairé d'une lumière transcendante qui ne semblait pas venir de la fenêtre. Caesius, avec la lenteur qui le caractérisait dans les situations embarrassantes avait toujours le cerveau aussi enrayé - comme s'il s'était pris un stupéfix dans l'oreille.
Il regardait, bouche-bée, son collègue Ianto s'abaisser plus près du sol comme s'il était en transe. Il leva vers Caesius son visage noyé de béatitude.

Si Caesius avait l'esprit mal placé (comme sa joueuse), il aurait pu être particulièrement mal à l'aise qu'un homme se mette à genoux devant lui. Mais puisqu'il ne lisait pas de yaoi et qu'il y avait une bonne centaine de centimètres entre eux, l'idée ne lui traversa pas l'esprit.
Il se dit juste, l'espace d'un éclair de lucidité, qu'il avait du se faire mal aux rotules et il en oubliait de respirer. Il devint plus pâle.

« Ma tête vous dira qu'elle ne sait plus. Mon coeur vous dira depuis toujours. »

Comme c'était drôle, et étrange.
C'était bizarre, comme situation. Il ne comprenait absolument pas ce qu'il se passait, si ce n'est que Ianto avait un comportement particulièrement farfelu – il ne s'était jamais montré aussi passionné dans leurs échanges précédents. Et puis, Caesius n'avait pas non plus l'habitude des déclarations – l'amour lui était étranger puisqu'il s'en était volontairement privé.
Alors, un homme qui lui faisait une déclaration, c'était un peu comme si Flavia le laissait tranquille – c'était absurde et ça montrait très lentement au cerveau.
Pas un seul mot ne sorti de sa bouche.

Ianto le dégagea brusquement dans sa stupeur lorsqu'il se rua vers lui – comme si les instincts de survie de Caesius s'étaient réveillé, il recula de plusieurs pas pendant que son collègue lui fonçait dessus.
Il ravageait tout sur son passage – parchemins et plumes s'écrasèrent au sol – ce qui n'était pas pour rassurer Caesius. Mais vint le moment où, acculé contre un bureau, il ne put plus fuir.

Coincé entre un bureau et Ianto, c'était chaud.

Caesius le trouvait vraiment, vraiment trop près de lui – il pouvait presque sentir son souffle enflammé heurter son visage, et deux yeux allumés se plongeant dans les siens.
Lui, il ressemblait plus à un lapin pris dans un collet.

« Je vous en prie, ne me repoussez pas. »

Il y eut un autre de ces silences pendant lequel la bêtise de Caesius l'empêche de faire quoique ce soit – comme quoi, être une asperge, ça aide pas dans ces situations.
Alors, il lança la première réflexion qui lui passa dans la tête tandis qu'il le regardait.

« On dirait que vous êtes sur le point de m'embrasser. »

Il fit une pause.
D'un coup, un rouge pimenté s'étala sur toutes ses pommettes et, frappé par la réalité, Caesius leva ses doigts et se cacha les lèvres dans la main.
Une terreur brillait dans ses yeux.

« Merlin – vous êtes vraiment sur le point de m'embrasser, s'indigna-t-il, sa voix étouffée par ses doigts. »

Il se racla la gorge et plaqua sa paume libre, bras tendu, contre le torse de Ianto.

« Professeur, je pense que vous devriez reculer juste - juste un peu. »

D'abord, la survie – et après, il s'excuserait de devoir le repousser. Ou alors, peut-être, dans un éclair de génie, il comprendrait qu'il y a quelque chose d'étrange dans cette situation.
Mais pour ça, il faudrait que le cerveau de Caesius soit assez oxygéné - allez, respire.
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Lun 24 Fév - 19:16


un monde de paix


Le romantisme et Ianto - deux concepts qui, telles des astéroïdes en orbite, gravitaient autour d'univers parallèles sans aucun espoir de jamais se rencontrer.

Si par le passé il avait télescopé chacune de ses chances de conquérir un coeur, de rendre une âme heureuse, de fonder une famille, en cet instant, son coeur enivré par un breuvage cruel hurlait pour sa revanche.

Enfin, ce n'était pas son coeur qui parlait. C'était plutôt les quelques gouttes de philtre qui secouaient ses veines, et bernaient sans complexe tout ce qui l'habitait. Tout ce qu'il était. Il était trahi par lui-même sans même le savoir. Ianto fourmillait. Il ne pouvait se calmer.

S'il avait vraiment été amoureux, il n'aurait jamais fait ça. Il aurait fermé la porte à double tour pour ne jamais la rouvrir, se serait claquemuré dans sa propre salle, aurait coupé courts aux possibles contacts et discussions - il aurait fait en sorte de ne plus jamais revoir son élu, blessant sans remords sa tendresse, la tuant dans l'oeuf. Mais à présent, ce simple clafoutis inoculait l'audace dans ses artères. Ce bête clafoutis faisait bouger ses membres. Ce ridicule clafoutis fédérait dans son être la bravoure et l'aplomb pour briser les barrières. Au delà du rêve, il broyait chaque limite au plus petit battement de son coeur, il piétinait l'impossible.

— On dirait que vous êtes sur le point de m'embrasser.

Ianto buvait la voix de Caesius comme un élixir. Ce qui était de l'effarement lui semblait de l'allégresse. Il en était certain - son bien-aimé approuvait de sa grâce chacun de ses gestes et la moindre de ses paroles.

Ils étaient à un courant d'air l'un de l'autre, et pour franchir ce petit torrent de stupeur et de tétanie, il ne fallait qu'un petit pas - une petite tape dans le dos, un léger vent arrière, et la gravité partisane de l'amour aurait scellé le destin pour l'éternité.

Sa passion fit trembler la terre dans un séisme invisible, et au centre de cette étrange tectonique, il y avait Ianto ; Ianto prêt à prendre Caesius dans ses bras.

Le professeur blond cendré n'écouta pas la suite. Il ne le pouvait pas, ses oreilles s'étaient refermées comme des écrins, et sonnait dans sa tête le glas d'un Cupidon benêt qui lui avait broché l'âme de ses épingles. Ianto s'était empalé sur ces épines d'un rose écoeurant - intoxiqué, léger comme un coeur en dentelle, il ne se sentait plus ni lui ni son être. Il était si heureux. Et son bonheur effaçait l'horreur, la terreur, le malheur de l'autre professeur, son autre à lui.

Tout ce qui n'était pas joie devenait évanescent - sa réputation brisée à jamais, sa rationalité d'habitude si tranchante, son objectivité sur les relations entre membres du même corps enseignant.

Alors il lui tendit le bras et lui toucha le buste.
Le gallois vit dans ce geste toutes les merveilles qu'il guettait à la lisière de ses yeux verts. Le refus se convertissait en bénédiction, et de sa bénédiction, il le glorifiait. Tout en lui niait et inhumait la résistance de son confrère, il ne craignait ni sa force ni sa taille abrupte. Il l'idolâtrait plutôt. Prostré contre le bureau, il s'offrait à lui. Oui, c'était forcément ça, il s'offrait.

L'adoration dans sa poitrine explosa comme une fleur, et ses lourdes racines étouffèrent ses poumons, et son pollen au goût de poison endormit sa raison.

Quelle raison ? Il ne lui en restait pas l'ombre.

— Je vais vous montrer.

Au milieu des livres retournés, des éprouvettes brisées, du soleil battant la fenêtre, Ianto brûlant prit le bras tendu de Caesius, se pencha doucement, et dans le silence mêlé de stupeur, pressa ses lèvres contre celles du professeur.
Elles s'unirent dans un rayon vermeil. Dans une paix nacrée. Dans un tremblement sacré.

Quelques secondes passèrent.
Ianto venait d'embrasser Caesius.
Ianto venait d'embrasser Caesius.

Il s'écarta lentement et sans mot dire. Le moment qui s'ensuivit était cristallisé entre deux extrêmes. L'extase la plus complète - ou alors la honte la plus pure. Ianto n'avait aucun problème, pour sa part, tout seul sur son pôle d'euphorie. Il n'avait pas conscience.

La chute serait tellement, tellement rude.


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Caesius Carthaigh
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Ven 28 Fév - 0:57
Caesius n'avait jamais embrassé un autre homme.
C'était aussi qu'il n'avait pas embrassé beaucoup de femmes ; le nombres de lèvres qui s'étaient collées au siennes pouvaient se compter sur les doigts d'une seule main. Certaines fois, il s'était mis à rougir ; ses pommettes s'étaient embrasés, c'était de la surprise, de la gêne, un peu de plaisir (à peine). D'autres fois, il son visage n'avait exprimé que de l'indifférence – des yeux à peine clos, des lèvres immobiles, un souffle régulier.
Rien de bien excitant – sur les cinq doigts d'une main.

Mais là, ce n'étaient pas les lèvres d'une femmes contre les sienne, ni même celui d'un homme ; c'étaient celles d'un de ses collègues, le professeur Helgoland – Ianto.
Et, plus qu'il soit un homme, ce serait ça qui le gênerait profondément, le mortifiant, lorsque Caesius réaliserait ce qui s'était passé dans la salle silencieuse des professeurs. Car là, tout de suite, c'était stupéfaction et mutisme.

Il ne l'avait même pas repoussé.

En vérité, il l'aurait repoussé, d'une main, d'un sortilège, si jamais il s'était rendu compte de quoi que ce soit. Mais ce mouvement avait été si lent et si rapide à la fois, esquivant son bras tendu, s'approchant de lui que Caesius n'avait pas compris.
Comme souvent quand les choses devenaient trop perturbantes ; il faisait l'idiot. Et là, c'en était un bien beau, d'idiot.

Il avait son œil bleu grand ouvert et il attendait que le temps passe. La salle des professeurs grondait en silence jusqu'à ce que son collègue s'éloigne, un air bucolique sur son visage déchiré de joie.
Et Caesius ne comprenait toujours pas, le front soulevé, son souffle estomaqué.

Et puis soudain, d'un coup, tout s'éclaira.
Il faut croire que le professeur Carthaigh était plus efficace quand on lui volait un baiser que quand on le coinçait contre un bureau.

Incapable de retrouver sa voix, il dégaina sa baguette avec une célérité inouïe et lança un sortilège de ligotage sur son collègue.
Bien sûr, après avoir été embrassé, quoi de mieux que de le ligoter, histoire de chauffer un peu plus l'ambiance – pourtant, c'était avec tout son sang froid que Caesius avait attaqué Ianto.
Ou plutôt, avait riposté.

« Désolé. »

Marmonna-t-il, reprenant soudain ses esprits. Il était nerveux, sa nuque était froide et il passa une main nerveuse dans ses cheveux.

« Désolé professeur. »

Il avait les cordes nouées tout autour de son buste et Caesius se sentait mal pour ça – mais il n'avait pas le choix, véritablement pas d'autre choix maintenant qu'il avait compris que quelque chose n'allait pas.
D'une rare détermination, Caesius posa ses deux paumes sur ses épaules et le força à s'asseoir sur une chaise non loin. Lui aussi en attrapa une, la plaça en face de Ianto et s'assit avec l'abbatement le plus dépité du monde.
Il releva vers lui un œil sérieux.

« Je crois que vous n'êtes pas dans votre état normal – vous ne vous ressemblez pas. Je peux presque affirmer que vous êtes sous l'emprise d'un sortilège d'allégresse qui a mal tourné, ou peut-être d'un philtre d'amour. »

A cette pensée ses joues rosirent – c'était peut-être une farce d'un élève qui avait décidé de causer autant de tourments à lui qu'à Ianto. Peut-être était-ce aussi une énième moquerie de Flavia mais non, il ne la pensait pas aussi cruelle.
Quoique, l'image d'une Flavia Mantis riant à gorge déployée dans son cachot lui semblait plutôt crédible. Avachi contre le dossier de la chaise, il pencha sa nuque en arrière et les yeux clos, soupira.

« Je vais rester avec vous jusqu'à ce que les effets soient dissipés, professeur. »

Quant au baiser, il n'y pensait déjà plus – ou plutôt, il l'avait enfoui, et probablement ressortirait-il avec toute sa honte lorsque le professeur Helgoland aurait reprit ses esprits et exigerait une explication sur son actuel emprisonnement.



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Jeu 13 Mar - 18:26


comme il ne l'est jamais


Tout flottait dans un étrange jus.
Les papilles de Ianto, lénifiées, ne sentaient pas son amertume. Ni toute l'incohérence qui gravitait dans l'air. Ni le malaise extrême et assourdissant qui déchirait le silence comme une peau.
Cette action l'avait chambardé à l'intérieur - c'était probablement le moment le plus agréable qu'il avait pu vivre jusque là, et sa saveur perdurait encore. On aurait dit un de ces toxicomanes qu'il avait pu voir, dans une rue galloise, en plein trip au fond d'un vieux hangar.

La suite eut l'effet d'une redescente.
Quelque chose depuis ses lombaires jusqu'au bout de ses ongles le saisit, et des liens magiques apparurent. Ils se nouèrent autour de lui - il avait l'impression qu'une pieuvre géante le tenait fermement entre ses tentacules, et pressait, pressait pour le broyer. Le souffle coupé par le sortilège, Ianto ne put pas comprendre. Il ignorait ce qui se passait. N'écoutant que les pulsations de son lamentable coeur, il n'entendit pas les excuses bafouillées, n'entendit pas la voix véritable de son autre, n'entendit pas raison. Il voulut croire que ces cordes étaient celles de l'amour, qui l'enchaînaient pour toujours à l'autre moitié de son âme.

Mais celle-ci ne fit qu'écraser ses mains sur ses épaules. Celle-ci ne fit que plier ses genoux. Il dut s'asseoir de force, sentant une faiblesse au niveau de ses rotules ;
il ne saisissait pas. Qu'est-ce que ça signifiait ?
Sa surprise était immense.

— Je crois que vous n'êtes pas dans votre état normal – vous ne vous ressemblez pas. Je peux presque affirmer que vous êtes sous l'emprise d'un sortilège d'allégresse qui a mal tourné, ou peut-être d'un philtre d'amour.


Hagard, l'oeil dans le vague, et l'air profondément brumeux, Ianto était plongé à la fois dans une léthargie étrange et dans un choc qui privait ses deux poumons d'oxygène. Noyé par ces deux néants qui le prenaient à la gorge, il eut un cri étranglé qui agonisa contre ses dents.
Il mordit sa lèvre si fort qu'elle bleuit. Ses cheveux se hérissèrent jusqu'aux pointes.

Caesius prit place lui aussi.
Il lui faisait face et semblait abattu. Par les choses, par les actes, par ce qui se passait entre eux - ou plutôt ce qui ne se passait pas du tout, à l'épicentre de cette attraction factice.

Nous avons tous une foi essuyé un cuisant rejet. Nous avons tous une fois été bafoué, genoux cagneux face à une romance sans issue. Mais quelque chose de cruel se passait à l'instant, de cruel et d'injuste.
Ianto s'était fourvoyé et ne le savait même pas. Pas encore. Tout ce qu'il ressentait était un magma affreux de mensonges et de convictions, assemblées dans un maladroit syncrétisme.

L'amour ne se contrefait pas, et c'est une grande tristesse.

— Je vais rester avec vous jusqu'à ce que les effets soient dissipés, professeur.

Ianto ne disait rien. Il laissait les secondes glisser dans un néant mutique.
Il n'avait plus d'emprise sur rien, mais les choses montaient lentement, fatalement, à tous les fusibles détraqués de son encéphale.

Caesius ne l'aimait pas.
La réalité le frappait en plein visage avec une rare férocité.
Même son âme grisée par l'amortentia ne pouvait faire échapper le professeur à ce qu'il était vraiment - un homme rompu, déçu par tout ce qu'il vivait, brisant tout ce qu'il touchait. Ianto était un homme maussade et sans attente. Un homme égal et dénué d'expression. Décoloré par les choses et les non-dits.

Il se mit à pleurer, avec des sanglots lourds comme des marteaux. Il regrettait de ne pouvoir bouger sa main pour cacher son visage - cette humiliation finale n'était vraiment, vraiment pas nécessaire.
Les effets ne déclinaient pas encore. Mais son pragmatisme mettait son coeur en morceaux.

— Je ne veux pas que vous restiez avec moi. Je veux que vous restiez pour moi.

Il put bégayer cette phrase entre deux pleurs, mais espérait de tout son être que Caesius n'ait rien entendu d'autre que le bourdonnement de ses larmes.


(pardon du retard IMMENSE.)
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Sam 15 Mar - 0:22
Il n'avait jamais voulu de ça.
C'était juste – ce n'était pas ça, ce n'était pas bien, ce n'était pas ce qui était prévu, ce n'était pas bon, ce n'était pas ça ; c'était une erreur.

Sa nuque avait basculé en arrière.
C'était une nonchalance qu'il s'accordait rarement ; seulement quand la fatigue venait lui frapper le front. Caesius avait soudain été fatigué.
C'était venu d'un coup, juste après qu'il lui ait réchauffé les lèvres – mais ce n'était pas pour ça.

Caesius venait de se faire mettre à terre par la fausseté.
Il souriait toujours, habituellement - un peu trop, un peu trop souvent. Mais là, il peinait, il grinçait, il butait. Il se disait que ce qu'il se passait, là, tout de suite, c'était mal.
C'était mal d'avoir infligé cette plaisanterie aux deux professeurs – et plus particulièrement Ianto à qui il avait dû arracher ses mouvements. Au fond de sa gorge, il retint un soupir.
Il ne trouvait pas ça très amusant ; c'était fatiguant, car personne ne pourrait en tirer du bon.

Mais dans sa lassitude soudaine, Caesius avait oublié quelque chose de très important et qui allait faire sursauter son cœur. Même sous l'emprise d'un puissant philtre, Ianto restait humain.
Il avait presque oublié qu'il pouvait souffrir.
Il n'avait même pas entendu le début de ses sanglots.

C'est quand ils commencèrent à se faire intenses qu'il redressa son front, glacé de stupeur, les côtes broyées par son erreur.
Il était tellement désolé ; son regard se décomposa.

Il n'avait jamais vu le visage de son collègue se tordre ainsi. Quelque part, il lui rappela dans une montée de panique, le visage de ces adolescentes qui se déchirent en chagrin. Des visages qu'il avait déjà vu, au détour d'un couloir, caché derrière le bois d'un tronc, floué par la saleté des épaisses vitres de la serre – ceux, aussi, qu'il avait dû réconforter.
La bouche se Caesius s'entrouvrit.

« Je ne veux pas que vous restiez avec moi. Je veux que vous restiez pour moi. »

Ianto venait de lui écraser le coeur.
Il était pétrifié. Il sentait ses phalanges s'alourdir, sa bouche s'empâter, son dos s'écrouler en un amoncellement de regrets.
Il était tellement, tellement désolé. Sa main voulut se tendre vers lui, mais Caesius fut incapable de lui en intimer l'ordre.
Ianto souffrait ; son amour était factice, mais la douleur le pourfendait. Dans ces larmes qui déchiraient ses joues, il y avait la peine qu'il avait vu dans ces dizaines de visages. Tout était vrai. Sa gorge ce serra et ses lèvres tremblèrent un peu.

« Pardon. »

Il aurait voulu, il aurait tellement voulu esquisser un geste vers lui – un regard attendri, un sourire qui l'aurait apaisé, mais il n'entendait que le silence de ses propres os.

« Pardon. »

Caesius était si chétif ; il n'avait jamais su résister aux sanglots un peu trop lourds, et un peu trop forts.
D'un geste vif, il dégaina sa baguette et fit s'évanouir les liens. Un soupir après, il était auprès de Ianto, un genoux posé à terre pour s'abaisser à sa hauteur, glissant ses doigts sur ses joues humides pour en effacer les traces.
Il lui rappelait un enfant.

« S'il vous plaît professeur, ne pleurez pas. S'il vous plait, je suis désolé. Pardonnez-moi. »

Ses doigts caressèrent ses joues avec plus d'intensité alors que les larmes ne cessaient de rouler sur ses phalanges. Sa voix était cassée ; il parvint à murmurer.

« Je reste pour vous. »

Sa souffrance était réelle ; quand bien même il ne l'aimait pas. Caesius ne se permettrait jamais de lacérer son cœur éphémère.

« Je peux vous tenir la main, si vous le souhaitez. »

Prendre sa main - c'était bien tout ce qu'il pouvait faire pour l'empêcher de chuter.
Quand bien même tout ceci ne fusse qu'une pénible mascarade dont l'amertume lui trouerait la langue.
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Sam 15 Mar - 2:25


je le laisse aux autres


Tout est déséquilibre, rien n’est à sa place.
Dans ce trou d’ombre et de lumière, aucune chose ne passe. La matière n’est plus, tout reste en suspens, l’air n’existe plus. Quelque chose autour d’eux s’est figé,
et dans cette résine invisible, il y a un bout de son coeur empêtré.

Ianto se cristallise un peu plus à chaque geste. Les larmes roulent contre sa peau blanche, elles sont une petite cascade à l’échelle de son petit drame. Tout est si intime, si caché, plongé dans le secret. La salle est un écrin, un huis-clos où la souffrance tourne comme un mauvais vin. Le professeur le sent onduler sous ses veines. Il est doux, louvoyant, infiniment douloureux, comme si on avait mis du ciment dans ses artères.

Il ne se sentit plus.
Fondamentalement, il n’était plus rien. Il était brisé, en fragments, en corpuscules de poussière - il était présent dans tout la pièce, éclairé par un trait de soleil moribond.
Il était mort un peu - cette sensation de vide lui fait un peu de bien, dans cette mer de brûlures. Ses sanglots s’espacent, et puis se font expirations, et puis mouvements intangibles dans l’air. Le feu s’éteignait dans ses lombaires, et Ianto releva la tête, péniblement, fracassé -

Pardon. Pardon, deux fois.
S’il vous plaît, deux fois. Et puis encore pardon. Et encore, une dernière fois.
Il n’avait plus d’attaches, elles étaient tombées. Mais peut-être étaient-elles ce qui le maintenait encore entier.

À son approche Ianto eut un long tressaillement. Couvert d’échardes de lumière, il était là, aussi près qu’un ange, la rotule sur le sol au goût de larmes. Son odeur s’élevait dans l’air, c’était l’odeur de la terre qu’on remuait avec abandon et gentillesse.

Ses doigts étaient sur ses pommettes.

Ianto ne voyait plus très clair, la brume était dans ses yeux. Mais en cet instant peu lui importait de devenir aveugle. Peu lui importait de perdre les choses. Tout était si petit, après tout. Il était si cassé, en de si petites pièces ; il n’était plus bon à rien. Vivre n’avait jamais été si subsidiaire.

— Je reste pour vous.

Sa voix accompagnait la lumière, elle était mouchetée de lueurs. Le soleil passait encore à travers les rideaux et se renversait pâteusement sur les objets renversés. Les miettes de Ianto pouvaient voir toutes choses se décomposer, toutes choses tomber en morceaux comme lui, se déliter et pourrir.

Mais ces miettes étaient caressées par la main de Caesius - par l’affliction de Caesius. Tous les deux avaient fait le voyage qui mène au bout des choses, au confins de la tristesse, aux pourtours du néant.

— Je peux vous tenir la main, si vous le souhaitez.

Il prit sa main, alors.

Il reprenait substance lentement. Il pouvait reprendre un peu de contrôle sur sa chair. Les doigts de Caesius étaient humides de ses larmes ineptes, sécrétées par un coeur stérile.

— Caesius, il ne faut pas vous en vouloir. Il fit une pause. Son regard bleu transperçait le regard vert avec une infinie tendresse. Il ne faut pas vous forcer, je ne peux pas vous forcer.

Ianto ne savait plus où se situaient les choses. L’essentiel était là, au moins. Son grand corps, tout en fièvre, affaissé sur une chaise, n’avait pas de forme. Il se sentait fardeau, fardeau absolu, mû par une tristesse qu’il ne pouvait cacher. Il le comprit alors : tous les philtres du monde faisaient bien pâle figure. Des millions de noeuds dans le ventre, tout l’amour du monde quelque part entre le foie et le pancréas, il tenta malgré tout de sourire.

— Caesius, je ne suis qu’un idiot.

Il ne voulait pas lâcher sa main.
Il voulait prendre son bras, aussi. Mais il allait probablement pleurer encore.

— Est-ce que vous me détestez, maintenant ? Vous devez me détester. Je comprendrais si vous me détestiez. Nous serions deux alors ; moi non plus, je ne me supporte pas. Je n'y arrive plus. Je me sens tomber en moi-même.

Pour la première fois depuis il ne savait plus quand, il était volubile. Il ne pouvait plus s'arrêter. Le bâillon sur son coeur s'était délacé comme s'était délacée sa peine.
S’il te plaît, Amortentia, prend ceci, prend ce que tu veux, et va t’en loin de moi, aussi loin que possible - ne reviens pas.

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Dim 16 Mar - 22:33
Ses doigts, autour des siens, tièdes, étaient glacés.
Au contact de sa paume blanche, la bouche de Caesius se durcit un peu ; il ne s'attendait pas à ce que sur ses avant-bras se dessinent des frissons.
C'était vraiment très froid, il aurait pu en voir la peinture de ses veines. Un soupir s'étouffa au fond de sa gorge.

Il y avait un silence sans couleur.
Il s'était saisit de ses phalanges en l'espace d'un soupir et sans bousculer les bruits – les cils de Caesius s'étaient écartés, il avait regardé son bras se tendre vers lui sans un mot. Puis il avait replacé son corps pour qu'ils soient à l'aise, l'un comme l'autre. Ses doigts étaient froids.
Peut-être était-ce parce qu'il avait encore ses larmes chaudes accrochées à sa peau.

Ses lèvres, comme soudain, ne bougeaient plus.
Il ne voulait plus rien laisser s'échapper – pas un mot, pas un murmure, pas un souffle qui se serait encore coupé sur la tristesse de Ianto. Après tout, il ne faisait que des erreurs.
Probablement que s'il levait son œil mer vers lui, il le heurterait plus encore encore. Il ne voulait plus  parler ; mais lui, si.

« Caesius, il ne faut pas vous en vouloir. »

Il refusait de le regard ; il ne voyait que ses doigts clairs autour des siens.
C'était apaisant, quelque part.

« Il ne faut pas vous forcer, je ne peux pas vous forcer. »

Et c'était qu'il ne savait pas ce qu'il soupirait ainsi – dans les entrailles de Caesius, quelque chose se noua, se tordit dans un spasme pénible. Il se devait d'être précautionneux avec lui – d'ici quelques temps, sa peine serait oubliée.

Il n'aurait pas pensé que ça lui serait étrange d'être aimé pour de faux ; il n'avait jamais voulu l'être.
Il ne voulait pas le regarder, mais il lui racontait des choses – sur lui, sur son idiotie, sur les choses qui se dérobaient à l'intérieur. Il avait l'impression qu'il attendait une réponse alors qu'il s’efforçait de ne pas ciller, ni de soupirer.

Comment était-il possible de rassurer les angoisses d'un homme lorsque l'on est pas capable d'écraser les siennes – il allait soupirer des choses sans convictions, avec la mollesse qui se couchait toujours sur ses mots.

Il ne le détestait pas ; il n'aimait juste pas ce qu'il se passait, là.

« Vous ne devriez pas parler ainsi de vous-même. »

Firent ses lèvres sans qu'il le leur demande. Son énonciation était pâteuse – c'est qu'il aurait raconté les même choses sur lui, s'il avait eut le courage de les cracher.
Il se racla la gorge sans le regarder.

« Vous ne devriez vraiment pas – vous êtes quelqu'un de bien. Et je n'ai aucune raison de vous détester. »

Sa nuque était lourde.

« Je ne sais juste pas quoi faire. Je ne veux pas vous rendre triste, même si ça doit être pour quelques minutes, où quelques heures. »

Sa respiration se pinça, un peu.

« Je vous promets que – si vous attendez un peu, vous irez mieux. »

Ah – ça y est, il avait soupiré.
Ça c'était enfui sans qu'il ne puisse le retenir – tant pis. C'était qu'on finissait toujours par aller mieux.

« Je suis désolé. »

Habitude bouffante – sans relever ses yeux.
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