« Elise hésitait sérieusement à faire arrêter le match; à la vue de ses camarades et de leur condition physique médiocre — et ruinée. Ils haletaient, se brisaient et glissaient. Qu'allait-elle faire si l'un encaissait mal et passait par dessus bord, se laissant tomber dans le vide; à des mètres du sol ? Touchant sa baguette sous le tissu épais de ses vêtements, la blonde regarda d'un œil préoccupé les échanges piteux de son équipe — et cette mémé la fée des plus gênantes. C'était insupportable, mais soit — Diego tenait le coup; contre toute attente, en surprise phénoménale. La fatigue semblait lui donner des ailes; et d'ailleurs — elle allait à sa rencontre, réceptionnant le souaffle laissé pour seul; les dernières forces mises en jeu. Promis, après celui là on arrête.

« Les dernières actions s’étaient comme déroulées au ralenti. Elise s’était rapprochée des buts tout en évitant un cognard emmouraché ; gardant par la même occasion ses partenaires à l’œil. Un accident était bien vite arrivé, et sur les prémices finales d’un long entrainement ce n’était par rare d’en voir un céder à la fatigue.
Accélération presque brutale, souafle lancé puis propulsé d’un coup de balai pour plus d’intensité ; le voilà qu’il franchit l’anneau central. Une vague de soulagement s’abat sur l’échine de la blonde — c’était enfin fini.
Quoique, pas tout a fait. Le cri de son gardien manque de la faire sursauter, et la capitaine n’a pas le temps de lever les yeux ; reprenant de la vitesse qu’elle voit Diego chuter — s’éclatant la tronche sans plus de manières dans les métaux de ses propres buts. Putain putain putain. Toujours à proximité des cages, elle fait un large cercle avant d’attraper au vol son rouquin préféré. Bordel. Elle en entendrait presque ses côtes craquer, après ces cognards encaissés ; la prise de l’animal n’est pas des plus aisées. Enfin ; sifflant la fin de l’exercice, elle descend en spirale vers le sol — ne tardant à toucher sol. A ses côtés Pan a récupéré le balai de son amigo, et c’est d’un sourire immense qu’elle le remercie en silence. « Bon. L’entrainement fut plutôt cahotique ; mais le jeu était plutôt bon sur la fin. Sloan tes coups de batte sont redoutables, il manque plus qu’à travailler ta précision et tu seras parfaite pour le match officiel. Aleksandra essaie d’être moins dissipée, la cible doit toujours rester ta priorité ; essaie d’être moins fougueuse peut-être. Vous autres c’est parfait, on priera juste pour pas se choper une deuxième fois Mémé lors d’un vol, c’est plutôt casse-gueule. » Et en parlant de ramassage : « Je vais emmener Diego à l’infirmerie. Vous seriez géniaux de récupérer les balles en jeu. Enfin je vois qu’Evelynn a le souafle et Pan le vif d’or, vous êtes géniaux. Birdy vous aidera à récupérer les cognards. Sloan ne remonte pas sur le balai, je te sens un peu fragile. Libre à vous de partir par la suite. Une bonne douche vous fera pas de mal ; on se retrouvera dans la salle commune un peu plus tard dans la soirée. Ou a l’infirmerie. » De plus il fallait bien admettre que la préfète n’était pas sûre de pouvoir revenir aux dortoirs de si tôt, elle sentait ses bras la lâcher violement et ses flancs hurler. A ses côtés le gardien semblait plus ou moins conscient, marmonnant des propos tout sauf compréhensibles. « Enfin. Je vous laisse tout de même le point clé à bosser : la cohésion. En individuel vous avez tous des compétences à améliorer, mais si on agit comme les doigts de la main ; en un groupe soudé — ce sera parfait. Tout autant pour le mental que pour les risques. Réagir aux moindres signes et demandes, comprendre le désir de celui de droite — voilà la force principale d’une équipe, car on en est une, aux dernières nouvelles. » Sur ce, elle rajusta Diego, qu’elle tenait entre ses bras, main contre front — c’est qu’il enflait ce con. Le basculant derrière son dos ; elle grimaça sous le poids, mais ne flancha pas. Allez, juste un infini de marches à gravir et le terrain à s’enfiler. Puis il semblait plus ou moins apte à l’aider, que ce soit au moins l’histoire de trainer lui-même ses pieds. « Si vous avez une quelconque douleur qui persiste, n’hésitez pas à aller vous faire inspecter et soigner. En attendant je vous laisse ranger, si vous le permettez. » On ne ferait néanmoins pas de commentaire sur le pragmatisme des Serdaigles. Un gars amoché ? Où ? L’emmener directement ? Mais non, voyons. « À plus tard. » Adressa-t-elle finalement, s’éloignant. Elle reviendrait si possible dans la soirée récurer le terrain de fond en comble ; mais pour l’instant, elle leur faisait confiance — et avait d’autres problèmes à gérer.