Aliénor Ҩ Carys

D''accord je me calme faut qu'j'me fasse à cette nageoire, on dirait qu'j'ai les pieds coincés dan un entonnoir ! Je vais à gauche ? Ou j'vire à droite ? Ca ne tourne pas rond, je me sens maladroite... Je crois rêver je m'évade et je nage comme si je marchais librement sur la plage, plus de prison, adieu mon coquillage ! Océan... Ouvre-toi, me voilà !

Carys venait tout juste de recevoir la lettre lui donnant ses obligations de préfète, ainsi que le mot de passe pour la salle de bain qui leur était réservée. Elle était un peu stressée maintenant que c'était officiel, et avait toujours du mal à croire qu'elle avait finalement réussi à se hisser à ce poste. Elle caressa la pauvre chouette qu'elle avait trouvé un jour abandonnée au Pré-au Lard puis la laissa tranquille avant de redescendre de la tour Nord.

Elle retourna ensuite dans la grande salle pour aller dîner, là où sa table l'accueillit avec quelques applaudissements pour la féliciter de son nouveau poste. Elle rougit légèrement et les remercia chaleureusement, quoiqu'un peu gênée de cet honneur, et s'installa pour une fois avec Charlie et Ludovic pour qu'ils lui expliquent un peu ses nouvelles fonctions, à commencer par la ronde quinze minutes après le couvre-feu des dortoirs, quelque chose qu'elle allait devoir faire tous les soirs maintenant.

Le moment venu, elle fit donc une ronde pour vérifier si personne ne désobéissait. Apparemment, Charlie et Ludo s'étaient déjà occupés des fauteurs de trouble, car elle n'en n'avait eut aucun à rappeler à l'ordre. Elle se souvenait avoir entendu dire qu'Aliénor avait été nommé préfète récemment dans sa maison aussi. C'était étrange, elle ne traînait pas avec de Serpentard, mais Aliénor avait réussit à gagner son affection. Elle lui envoya donc rapidement un patronus, sachant qu'elle aussi était probablement en train de faire une ronde. Elle vit rapidement un petit oiseau lui répondre et sourit, satisfaite. Elles se verraient donc demain très tôt.

Le lendemain, Carys cru mourir en se levant aussi tôt. Elle se fit pourtant violence pour se changer et se coiffer un minimum en prenant ses affaires de bain le plus discrètement possible pour se diriger au cinquième étage. Arrivée devant la salle de bain, elle reconnu une silhouette toute fine et elle sourit légèrement.

« Salut Alié. Ça faisait longtemps ! »

Entre tout ce qui s'est passé ces derniers temps, ça n'était pas étonnant. Aliénor non plus n'a pas très bien vécu le jour du clafoutis. Et comme entre temps, Carys avait fini à l'infirmerie, et le retour d'Elyrian, sans parler du départ de Lionel... Ces dernières semaines ont été chargé. Elle sortit une lettre de sa poche et la lu.

« Bon alors, voyons voir le mot de passe... Ah voilà. »

Elle rangea le papier.

« Magyar enragé. »

Un cliquetis se fit entendre et leur indiqua que la porte était ouverte. Carys avait la boule au ventre, et regarda Aliénor avec un mélange d'appréhension et de curiosité.

« A toi l'honneur. »

Elle lui fit un sourire engageant et un mouvement de tête vers la porte.

 

Aliénor Ҩ Carys

En ce moment je ressens que je suis chez moi dans l'océan, je tourne et tourbillonne c'est plus agréable que d'avoir les pieds qui se collent dans le sable ! En ce moment merveilleux, j'fais partie de ce monde bleu, bien plus beau que mes rêves ne me l'avaient prédis, en ce moment, ce grand moment, je revis.

Carys aida donc Aliénor à ouvrir la porte et fut stupéfaite par la grandeur et la beauté de la salle de bain. C'était immense ! La baignoire elle-même devait être au moins aussi grande qu'une piscine olympique ! Sauf qu'elle était en forme d'hexagone et pas rectangulaire. Les fenêtres étaient immenses et donnaient sur l'extérieur, et il y avait même un magnifique tableau avec une sirène... qui bouge !

« Ouiiii ! C'est magnifique ! »

Et toutes les questions qu'elle s'était posée sur cette fameuse salle de bain — comme pourquoi elle était uniquement réservée aux préfets par exemple, s'évaporèrent complètement. Elle s'en moquait, tout ce qui l'importait maintenant c'était qu'elle avait désormais accès à ce privilège et qu'elle était extrêmement chanceuse. La sirène les salua à peine, trop occupée à coiffer sa magnifique chevelure, elle ne semblait pas vouloir leur adresser la parole non plus, se contentant d'un vague sourire enjôleur. En même temps, elle a du se lasser de voir tant de gens depuis tout ce temps.

Carys déposa également ses affaires près du grand bassin, qui semblait assez profond tout de même et fut attirée par l'épais nuage de vapeur qui commença à se former dès qu'Aliénor alluma les robinets. Elle se dirigea rapidement vers lesdits robinets d'où coulaient des eaux de chaque couleur de la maison et les regarda, fascinée, passant sa main au travers, émerveillée. Elle était aux anges ! Finalement, même après sept années, il y avait toujours des choses à voir ici, à Poudlard.

« C'est parfait comme ça... J'arrive pas à croire qu'il y avait un endroit comme ça pour se laver. Ça change des douches communes ! »

Carys ne prenait pas de bains, déjà parce que la plupart du temps elle restait à Poudlard, et que chez elle, on n'avait pas de baignoire, seulement une cabine de douche. Elle avait hâte d'essayer pour la premier fois un bain avec plein de mousses. Elle ne tarda pas à se déshabiller non plus. Elle était d'un naturel pudique, mais pas vraiment avec les filles, surtout si elles étaient amies. Aliénor était un peu comme une petite sœur, alors ça ne la dérangeait pas de se mettre à nue avec elle, d'autant plus qu'elle non plus ne semblait pas gênée.

Elle plongea progressivement dans l'eau délicieusement chaude du bain, c'était tellement mieux qu'une piscine, tellement mieux que la mer ! Et il y avait tellement de mousse... Elles n'avaient pas mis de savon pourtant, elle était donc magique ? Elle s'amusa à en lancer en l'air, formant tous un tas de bulle, et se replongea rapidement dans l'eau chaude. Il n'y avait rien de meilleur. Elle fit également quelques brasses avant de se poser à un endroit peu profond où elle pouvait s'asseoir en gardant la tête hors de l'eau.

« Haaah, moi non plus, ça vaut le coup de se lever tôt tous les matins juste pour ça... Ce que je pense que je ferai à partir de maintenant ! »

Elle aussi riait aux éclats. C'était peut-être le premier grand moment de détente qu'elle avait eut depuis longtemps. La cicatrice sur son buste avait presque disparu maintenant grâce à une pommade magique qu'elle devait appliquée tous les jours, mais on voyait encore la chair un peu boursoufflée et rosit de la blessure.

« Alors... Qu'est-ce que tu deviens toi ? »

Ça faisait longtemps qu'elles ne s'étaient pas vues. Avec ces bains matinaux maintenant, elles auraient probablement plus de chance de se parler !

Aliénor Ҩ Carys

On croirait nager dans un ciel aquarelle où la vie est bien plus réelle, j'ai des ailes ! En ce moment, c'est la gloire, ma nageoire a larguer mes amarres, si mes doigts sont fripés cela importe peu, ni l'océan bleu qui défait mes cheveux ! En ce moment, je le sens, tous mes rêves d'enfant sont vivants.

Carys s'amusa également à bouger dans l'eau, regardant l'eau claire et uniforme mousser sans cesse alors que l'eau rouge, verte, bleue et jaune continuait de s'écouler. Elle regrettait un peu de ne pas s'être présentée plus tôt, dire que c'était la dernière année qu'elle pourrait profiter de la beauté et du confort de cet endroit...

« J'aurai jamais imaginé non plus. Je pensais à la limite qu'il y aurait des baignoires séparées, mais une bassin aussi grand, c'est fou ! Je me demande si les professeurs ont une salle de bain comme ça aussi. Si c'est le cas, je change de vocation et je viens enseigner ici !»

Pour le moment, elle aspirait à devenir éleveuse de dragons, mais elle n'était pas sûre d'avoir les qualités requises pour ce faire. Après tout il fallait une certaine expérience dans ce domaine en plus d'une connaissance approfondie de ces créatures et elle n'en avait aucune en tant que née-moldue, pas comme Drew, qui voulait s'engager dans cette voie également. En même temps, obtenir un poste d'enseignant ici n'était pas vraiment plus simple non plus... Elle s'enfonça lentement dans l'eau pour s'immerger quelques secondes avant de refaire surface pour écouter son amie.

« Tant mieux alors, cette salle de bain est trop grande pour en profiter toute seule, à deux on sera très bien ! »

Carys ne connaissait pas beaucoup de préfètes avec qui elle était amie, hormis Aliénor. Peut-être Elise, mais leur relation est assez... complexe. Peut-être pas assez intime pour prendre un bain ensemble tous les matins. Quant à Athene, rien que le fait qu'elle soit à Serpentard ne l'incitait pas à vouloir lui parler, et en plus elle n'avait pas vraiment l'air du genre abordable, bien qu'elle n'ait pas non plus l'air méchante. Juste un peu. Enfin, très. Froide.

« Oh... Oui, moi aussi je m'en suis plus ou moins remise. Enfin après, je pense que tu as entendu parler de cette histoire avec Whitsett... Mais à part ça, tout vas bien. »

C'est une histoire qui avait fait énormément de bruit, et probablement grâce à ça qu'elle avait gagné en popularité jusqu'à devenir préfète, elle ne voyait pas comment cela aurait pu se faire autrement. Elle repensa également à ce qui s'est passé dans la pensine et regarda Aliénor, un peu soucieuse.

« Euh... Hm... Je crois que tu es amie avec lui alors... Est-ce que tu sais si Icarus va bien, lui ? »

C'était un sujet un peu bizarre à aborder. Elle ne lui avait pas encore parlé, et elle l'évitait toujours inconsciemment, mais elle tenait à savoir s'il s'était remis de cet évènement comme elle s'en était remis.

 

Aliénor Callahan a écrit:

Aliénor n'osait même pas imaginer la facture d'eau que rien que cette salle devait coûter. Mais après tout, elle s'en foutait, elle était là et elle comptait bien en profiter. C'était un des privilèges des préfets, et si elle devait supporter toutes les contraintes que ça impliquait elle n'allait pas s'inquiéter des avantages. Elle continue de shampouiner sa longue tignasse en essayant de la discipliner.

- Je n'avais clairement aucune idée de ce que j'allais trouver avant d'entrer. Ce n'était pas bête ceci dit l'idée des baignoires séparées. Mais ça... C'est carrément une piscine.

Elle réfléchit un temps à la question qu'elle vient de soulever... C'est vrai ça, elles sont comment les douches des profs ? Aliénor s'est toujours dit qu'ils devaient avoir des sanitaires et des douches personnelles, dans leurs quartiers mais c'est également possible qu'ils aient une salle de bain pareille.

- Possible mais... Ce n'est pas facile à cacher un truc pareil. Elle serait où ? Et puis, pour les adultes je ne suis pas sûre qu'ils aient réellement fait des douches communes. J'imaginais plutôt des salles de bains privées pour chaque professeur. Mais pareil, si jamais ils en ont une pareille, je signe tout de suite pour être prof ici.

Elle ne peut s'empêcher de rire en essayant de s'imaginer professeur, ce qui donne une idée plutôt apocalyptique de la chose. Ce qui n'est pas étonnant, elle ne ferait vraiment pas une bonne professeur, trop peu patiente et pas assez pédagogue. Et elle n'est pas sûre d'avoir très envie de passer sa vie à Poudlard. Elle aime cet endroit, c'est sûr mais il doit prendre une part trop importante dans une vie d'adulte pour pouvoir correctement jouir de sa liberté et développer correctement une vie personnelle épanouie. Un peu de mousse lui coule dans l’œil, déclenchant de petits cris aigus avant qu'elle ne plonge totalement la tête sous l'eau pour rincer un minimum ses yeux, les frottant frénétiquement en s'étranglant de rire. Carys a ce don là sur elle, l'apaiser et lui permettre de se détendre, d'être elle même sans avoir peur.

De ce fait elle est très heureuse de se dire qu'elle va la retrouver comme ça tous les matins, elle sait qu'elle peut tout dire à Carys, du reste il serait totalement inutile d'essayer de lui cacher des choses étant donné qu'elle peut très bien lire dans les pensées. Ça pourrait être considéré comme une atteinte à la vie privée, mais d'une part elle sait que dans la mesure du possible Carys essaiera de ne pas trop forcer son intimité et qu'en plus Aliénor est toujours honnête avec elle. Elle reprend un air grave quand le cas Whitsett est évoqué. Elle en a entendu parler oui, et ça lui a beaucoup déplu. D'une part parce que ses manières laissent clairement à désirer et qu'en plus il s'est attaqué à Carys. Elle acquiesce, toujours un air sombre sur le visage.

- Il aurait du être renvoyé à mon avis. Sérieusement ce type est un danger public.

Elle ne se départit pas de sa mine un peu plus sombre quand elle mentionne Icarus. Ce n'est pas qu'elle n'a pas envie d'en parler, plutôt que c'est un sujet délicat étant donné qu'elle les aime beaucoup tous les deux, qu'elle ne veut pas et ne peut pas en vouloir à Carys. Parce qu'autant ne pas se leurrer le Serpentard en a beaucoup souffert. Il s'en est remis un peu dernièrement donc elle finit par lui adresser un sourire doux tout en restant prudente.

- Oui, je suis proche d'Icarus alors... Disons qu'il va mieux. Ça n'a pas été très facile mais, c'est mieux depuis une semaine.

Aliénor Ҩ Carys

Tout ces secrets que j'ai gardé, ne crois-tu pas que les fées m'ont comblées ? Ne crois-tu pas que je suis bien trop gâtée par la vie ? Vois ces trésors, vois ces merveilles, toutes ces richesses qui brillent comme des soleils ? En voyant ça tu te dis : c'est un paradis

Carys se savonna avec la mousse abondante du bassin qui avait une odeur enivrante, bien qu'elle serait incapable de la décrire. Elle fronça les sourcils quand Aliénor parla de renvoyer Ben. Elle ne serait pas allée jusque là personnellement, oui il l'avait blessé, oui c'était intentionnel, mais au moins il n'avait pas utilisé de sort très grave, comme un Sectusempra ou un sort interdit. Après tout, on ne punissait pas les gens pour utiliser un Incendio, qui n'était pas tellement mieux.

« Le renvoyer, ça aurait été peut-être un peu fort... Je pense qu'il doit déjà se sentir blessé encore plus dans son orgueil maintenant qu'il n'est plus préfet. Encore plus puisque j'ai pris sa place. »

Ça ne servirait à rien de l'insulter ou le renvoyer, la pire chose qu'on pouvait lui faire, c'était le rabaisser et avoir raison en le faisant. Exploiter ses faiblesses et appuyer dessus. C'était la seule façon dont elle pouvait lui faire payer de toute façon. Elle s'était promis de ne pas le laisser s'en tirer à si bon compte et qu'elle s'assurerait elle-même qu'il ne puisse jamais réussir à soumettre les gens ici, à Poudlard. Et en soit, c'était probablement pire pour lui qu'elle soit sur son dos plutôt que de se faire renvoyer et finir par vendre des journaux dans la rue.

Carys soupira de soulagement quand elle apprit qu'Icarus semblait aller mieux.

« Ooooh, tant mieux, j'avais peur que cette histoire ne l'affecte encore. S'il va mieux, j'aurai moins de scrupule à aller lui parler alors, histoire de mettre les choses au clair et... m'excuser de mon comportement. »

Elle n'était pas très fière d'elle, elle n'avait pensé qu'à ses sentiments et pas les siens. Elle était toujours assez mal à l'aise en le voyant, mais ses crises de larmes avaient disparues maintenant. Elle possédait encore toujours la fameuse cravate avec laquelle elle s'était enfuie et avait décidée d'être raisonnable et ne pas la brûler, elle irait donc la lui rendre.

« D'ailleurs Alié... Tu sais à quoi ça sert un club d'hôtes ? Je compte aller le voir là-bas, ça sera plus simple. »

Carys savait qu'Icarus le gérait, mais ne voyait pas le but de cet endroit. Si ce n'est qu'il accueillait pour la plupart du temps des filles pour prendre le thé ou discuter. Ça devait être un salon de détente ou quelque chose comme ça, mais pourquoi était-il uniquement réservé aux filles ? Aucune idée.

« Mais au fait... Et toi ? Tu as reparlé à ce... Bartholomew ? »

Son amie lui avait expliqué la manière assez violente qu'il avait eut de "l'aimer" sous l'effet de la potion et Carys se serait probablement enfermée à jamais dans les toilettes si elle avait subit le même sort, et elle se demandait si le jeune homme s'était au moins excusé pour son comportement de rustre.
 

Aliénor Ҩ Carys

Et bon là j'ai la flemme de mettre quelque chose mais de toute façon tout le monde s'en fiche alors imaginez n'importe quelle chanson classe qui colle à deux copines en train de parler ensemble, voilà.

Carys songeait qu'effectivement, elle n'aurait pas pu se débrouiller mieux que ça pour lui faire ravaler ses paroles. Et elle se demandait au fond, ce qu'elle avait bien pu faire depuis le début pour qu'il la traite de cette façon. Elle n'avait pas la prétention de penser qu'elle était la seule qu'il maltraitait, mais il devait bien y avoir quelque chose qui l'a énormément agacé chez elle pour qu'il s'en prenne à elle de cette façon. Elle doutait sincèrement qu'il suffise de lui poser la question pour que Ben réponde ceci dit.

Prenant son shampoing, elle commença également à se laver les cheveux. Il serait temps qu'elle songe à se les faire couper d'ailleurs, généralement elle ne s'occupait que des pointes, mais peut-être qu'un changement ne ferait pas de mal. Elle était encore en train de s'en occuper quand Aliénor lui expliqua le principe du club d'hôtes.

« Je comprends oui... T'as raison, je passerai y faire un tour, et tant pis s'il n'y est pas, je trouverai bien un autre moyen... Il va bien falloir que je m'explique avec lui tôt ou tard. »

Dire que quelques semaines plus tôt, Carys songeait encore que fuir était la meilleure chose à faire. Il était temps qu'elle se fatigue de tout ça et commence enfin à affronter ses problèmes au lieu de les laisser aller et venir en se laissant juste emporter. Ce n'était pas comme si Icarus allait agir violemment en la voyant ou quoi que ce soit après tout, ils étaient grands tous les deux, il pouvaient discuter comme deux adultes sans que ça finisse en bataille sanglante. Elle alla vers le robinet géant pour se rincer les cheveux en-dessous alors qu'elle voyait son amie devenir mal à l'aise. Elle sourit légèrement, comprenant totalement sa réaction.

« Et lui, il a cherché à te parler ? Enfin, je veux dire... Tu m'as raconté ce qui s'est passé et à ta place j'aurai réagis pareil mais bon... Il ne faut pas que tu oublies que tout ça a été du à cause d'une potion. Les choses ne sont pas obligées de devenir bizarres entre vous. »

Aliénor détestait Bartholomew, et lui semblait s'en moquer éperdument. Elle désapprouvait totalement le fait qu'il ne se soit même pas excusé, mais peut-être que la Serpentard ne lui en avait pas laissé l'occasion, ou qu'il était trop embarrassé pour le faire. Dans tous les cas, manifestement, eux aussi avaient besoin de discuter.

« Et tu penses que tu ne peux plus le détester comme avant à cause de ce qui s'est passé ? Alors tu comptes faire quoi ? »

Elle alla nager à côté d'elle, ses cheveux rincés maintenant.

« C'est parce que tu es trop embarrassée de te rappeler de ce qui s'est passé ou... il y a autre chose ? »

Après tout, de la haine à l'amour, il n'y a qu'un pas, parait-il.

J'aurais mieux fait de rester couché

Je te pique ton code juste pour te proposer "drôle de vie" comme chanson. Ouais. Je suis comme ça.

On pouvait ce demander ce que le fier préfet des Serpentards pouvait bien faire là, allongé par terre, dans les pommes, couvert de vêtements féminins dans la salle de bain très privée des préfets. Ce n'était en effet pas son genre du tout de perdre ainsi connaissance devant l'adversité. Ni de se faire recouvrir par des sous-vêtements féminins. Surtout de se faire recouvrir par des sous-vêtements en fait. De plus, il n'y avait même pas d'adversité. Non vraiment, c'était une situation fort peu conventionnelle pour ce cher Calvin.

D'un autre côté, est-ce que c'était vraiment de sa faute ? Lui qui avait simplement souhaité prendre son bain tranquillement à une heure indue pour ne pas être dérangé, voilà qu'il s'était retrouvé dans une situation des plus délicates. En effet Calvin était quelqu'un de naturellement gêné, sauf lorsqu'il se trouvait dans l'exercice de ses fonctions. Il n'avait pas confiance en lui. Il avait parfois peur des dialogues avec les gens, peur d'être jugé. Aussi, il n'était pas à l'aise du tout, surtout en présence féminine. Alors imaginez maintenant Calvin en présence féminine dans un endroit pouvant paraître aussi ambiguë qu'une salle de bain. Bien, maintenant imaginons que cette (ces, en l’occurrence) présences féminines soient fort peu vêtues. Le cerveau de Calvin s'était tout simplement arrêté. Ainsi que son corps en général.

Innocent, il était sortit de la salle commune de sa maison en sifflotant, content de pouvoir prendre son bain avant que toute l'école ne se réveille et que les préfets viennent le déranger dans ses ablutions matinales. De toute façon Calvin ne dormait jamais beaucoup à cause de certains cauchemars récurrent à ses nuits. Ses affaires de toilette en main, il était allé dans la salle de bain des préfets, avait dit le mot de passe et était entré. Il n'avait pas tout de suite compris que son apparente solitude n'était que factice. Non, il avait donc posé ses affaires propres dans un coin, avait retiré son pull, perdu dans ses pensées et s'apprêtait à retirer sa chemise lorsqu'il s'était rendu compte qu'il y avait un peu trop de mousse, de chaleur et d'humidité dans l'air pour qu'il ai été le premier occupant de la pièce.

Avec un froncement de sourcils, il s'était retourné vers la baignoire... et c'est environ à ce moment là que son cerveau s'était fait la malle. Il n'avait même pas réussi à détourner le regard. Non pas parce qu'il profitait de la vue, de toute façon il ne voyait plus rien, la rétine était grillée, les muscles pétrifiés et la mâchoire pendante comme s'il avait voulu dire quelque chose et c'était arrêté en route.

-Arxghbl.

C'était pas tout à fait ça, mais elles allaient devoir s'en contenter. Ce qu'il avait essayé de dire ? Aucune idée. Sa langue de pâte à modeler avait fait son travail, et que le reste s'en contente. Ensuite, un cris, sans doute un hurlement de rage pour lui dire de partir, ou au moins de se tourner, mais Calvin ne l'entendit pas. Ses oreilles avaient fondu, semblait-il. Quelque chose lui arriva sur le visage, léger, certes, mais Calvin était de mousse désormais. Ne pouvant pas se défendre contre cette agression visuelle, son corps avait utilisé une technique emprunté aux opossums. Lorsque l'opossum aperçoit le prédateur fonçant dans sa direction, l'opossum fait le mort. Lorsque Calvin voit des femmes nues dans un bain, il fait le mort aussi. Inconsciemment, certes, mais tout de même. Sa dernière pensée avant le vide complet alla vers sa réputation. La pauvre. Il ne pourrait plus jamais être crédible à présent.
 

Carys se rinça les cheveux sous la cascade et releva ses cheveux pour qu'ils ne soient pas à nouveau couverts de savon en les attachant grossièrement en chignon. Elle alla ensuite vers Aliénor avec un sourire malicieux aux lèvres.

« ... Si tu te poses ce genre de question, peut-être que tu ne le détestes même plus ? Sinon ça ne te gênerait pas de le haïr comme avant, que ça soit de sa faute ou pas. Non ? »

Elle voulait continuer à aider son amie Serpentard à comprendre ses sentiments, lorsqu'elle entendit un bruit. Elle tourna instinctivement la tête vers la porte, et son regard tomba sur un autre préfet de Serpentard, MASCULIN, en train de déboutonner sa chemise. Il y eut un moment de flottement où les demoiselles le dévisagèrent, avant que Carys ne se mette à hurler en planquant le plus possible son corps dans l'eau mousseuse et croisant les bras sur sa poitrine. Elle fut trop occupée à essayer de se cacher pour prêter attention à Aliénor, qui était en train de balancer tous leur sous-vêtements sur Calvin.

Quand elle entendit un bruit sourd, elle cessa de crier et rouvrit les yeux pour voir que le préfet était à terre, couvert de leurs vêtements. Carys regarda Aliénor, paniquée.

« Je... Je peux pas sortir de l'eau comme ça ! Imagine qu'il reprenne connaissance pile quand je suis à côté de lui ! Oh mon dieu... »

Elle s'approcha de là où il y avait eut autrefois ses vêtements, désormais éparpillé sur le corps inconscient d'un Serpentard. Fort heureusement sa baguette était encore là.

« Eh ben voilà... Il suffit de lancer un sort d'attraction ! »

Carys visa donc ses vêtements, puis elle se tourna vers Aliénor.

« Accio vêtements de filles ! »

Il n'y avait plus qu'à espérer que le préfet n'ait pas de fétiche étrange avec les vêtements féminins. Malheureusement, on dirait que le sort n'a pas été très efficace. Sans doute était-elle encore trop perturbée pour se concentrer dessus. Nouvelle tentative.

« Accio serviette ! »

Une serviette vole jusqu'à Carys. Plus qu'à sortir... Elle s'extirpa rapidement du bain en s'enroula avec empressement dedans, couvrant ainsi son buste et ses cuisses. Elle entreprit d'aller chercher la serviette d'Aliénor pour la lui donner, n'osant pas s'approcher du préfet.

Calvin resta en arrêt système pendant un temps indéterminé pour lui avant de lentement commencer à reprendre conscience. Il n'avait pas du rester absent bien longtemps. La première chose dont il se rendit compte fut qu'il était allongé par terre et qu'il avait environs mal partout. Il s'était sans doute fait des bleus sur le dos, les bras et la tête en tombant en arrière. Il ferma les yeux très fort en poussant un geignement de douleur, se tenant l'arrière du crâne à deux mains et se redressa en position assise. Pourquoi il était allongé déjà ?

La réponse lui revint rapidement. Aliénor était toujours dans le bain, mais Carys était sortie et tenait sa baguette dans sa main, sa serviette masquant ce qu'il y avait à masquer. Il voulu s'excuser d'avoir interrompu leur bain mais ne su même pas par quoi commencer. Visiblement ils devaient avoir une certaine discussion à propos de leurs horaires respectifs de baignade, ça devenait assez urgent, mais ça n'était certainement pas le bon lieu ni le bon moment.

Il bondit sur ses pieds et envia soudain ceux qui savaient parler aux filles. Quelqu'un comme Richard, Sandy ou même Summer s'en serait sortit avec une pirouette ou auraient essayé de squatter la baignoire tout de même. Ce n'était absolument pas protocolaire et ils auraient certainement terminé la journée à cracher des limaces, mais au moins ils auraient réussi à ne pas paraître aussi ridicule que Calvin en ce moment même.

Après tout, Calvin était censé être celui qui intimidait les gens, il était un préfet autoritaire que les gens respectaient pour ses qualités de gestions et aussi pour son application sans jamais faiblir du règlement intérieur. Il n'était pas aimé de tous, au contraire, mais au moins il savait toujours comment réagir en fonction des situations. Là, il était plutôt comme l'adolescent mal dans sa peau qu'il était et qui venait de se retrouver dans un endroit où il n'aurait pas du être sans vraiment le vouloir et qui s'attendait à ce qu'une force supérieur le foudroie plutôt que de subir une humiliation.

-J-je suis d-désolé, bredouilla-t-il.

Calvin bredouillait. Il se détesta pour ça. Il était censé essayer de faire face, montrer qu'il était désolé, s'en aller respectueusement et rapidement pour leur laisser leur intimité comme un véritable gentleman. Au lieu de ça, il était là à bredouiller comme un enfant bègue et soumis qui vient de se faire bousculer par un autre garçon plus grand que lui qui le terrifiait, lui, Calvin Sheridan.

Il n'y avait plus qu'une seule solution à son problème désormais. La fuite. Il abandonna ici son pull qu'il avait commencé à enlever ainsi que les affaires de bain qu'il ne songea pas à ramasser, puis il passa la porte comme un boulet de canon en s'enfuyant des les couloirs jusque dans sa salle commune et plus précisément, son dortoir.

Il se sentait stupide, il se sentait humilié.

Il se sentait lâche.

Il sentait aussi qu'il avait trop de vêtements sur lui. Il baissa les yeux et vit qu'il venait de s'enfuir avec les vêtements qu'Aliénor lui avait envoyé dessus avant qu'il ne s'évanouisse. Il passa une main sur son visage. Qu'est-ce qu'il avait fait pour mériter ça ?