▽ Speechless.

Tu lui souris. Pas pour te cacher. Pour le remercier. Parce qu'il te laissait ta responsabilité, parce que même s'il n'était pas d'accord, il ne te couvait pas et surtout il ne dénoncerait pas Richard. Pas encore. Tu avais donc gagné cette bataille. Satisfaite, tu n'ajoutes rien, laissant tes yeux se balader sur le parchemin qu'il finit par ouvrir. Tes cils vinrent caresser le haut de tes joues plusieurs fois de suite, lentement, tandis que tu passais ta langue sur ton palais. Tu n'avais jamais demandé quel âge avait Garfield mais en fait, ces cours-là, tu les avais déjà eu. Alors ça veut dire qu'il avait un an de moins que toi ? Tu avais redoublé une fois. Deux ans de moins que toi ? Cette pensée ne te fit pas perdre ton sourire mais installa une lueur perplexe dans tes yeux. T'étais vraiment beaucoup trop conne et trop petite, faut croire. Tu te trouvais assez pitoyable et en même temps, tu trouvais ça chouette, sans savoir pourquoi. Sûrement parce que du coup, tu te sentais un peu moins débile en lisant ses cours plutôt que les tiens. Tu indiques du doigt une ligne qu'il avait écrite.

Ici. C'est pas juste. J'avais fait la même faute l'année passée. Les Veracrasses ne sont jamais plus grands que 25 centimètres.

Tu lui souris. Encore. En fait t'arrivais pas à juste parler de potions et de Veracrasses. Ou peut-être que si. Mais tu pouvais pas faire que ça. C'était pas possible. Pas avec Garfield. Alors tu inspires, passes ta langue sur ton palais et déplie les jambes pour que tes pieds aillent rencontrer le sol. Ton livre de botanique était tombé.

Je vais aller me coucher. Bonne nuit.

Il avait fallut que tu passes ta main sur sa nuque pour aller embrasser.. Sa joue. Là au moins tu savais ne faire que ça. Tu te lèves et t'en vas, en refermant ton carnet et en prenant ta robe de sorcier pour rejoindre ta chambre, abandonnant sans le remarquer le pauvre livre de plantes tombé au sol.

Pf. Il allait devoir faire des ratures. Ça sentait encore le recopiage du devoir après, et ce truc était infiniment long. Il détestait les potions. Et les veracrasses, en fait. Et Richard, mais il valait mieux ne plus y penser et le ranger dans la catégorie veracrasses aussi. Il soupira. Il soupirait tout le temps, ces derniers temps. A cause des cours, des devoirs, des gens, du temps. Les évènements récents l'avaient plongé dans une sorte de mauvaise humeur récurrente, une morosité qui le rendait irritable.

« Merci. »

Premier mot de la soirée, un peu distraitement, parce qu'il avait la flemme d'encore changer de parchemin. Enfin maintenant, de toutes façons, il allait devoir recopier. Chouette.

« Bonne nuit. »

Il lui adressa un demi-sourire un peu embêté, parce que ce n'était pas de sa faute s'il faisait des erreurs, puis se replongea dans son parchemin. Encore en train de ronchonner après les potions. Retour à son bon vieux lui-même, après n'avoir qu'à peine fait avancer les choses. Enfin. Il aurait au moins essayé. Il en aurait pour un moment.

Une heure plus tard, il y était toujours, et il n'avait toujours pas remarqué le livre par terre.

▽ Speechless.

Tu étais montée dans ton dortoir, sans un mot de plus, pas un seul regard en arrière. Il avait fallut que tu te couches. Et que tu tombes. Et que tu fasses des cauchemars. Encore des cauchemars. Tu faisais toujours des cauchemars. A force, tu avais même compris que ce n'était pas la peine de demander à aucune des filles de ton dortoir de te rassurer, si ce n'était pas Calypso. Tu ne voulais pas la réveiller, en plus. Tes yeux voyagent dans la pièce. Tu avais besoin de te changer les idées. Alors tu attrapes ton carnet et tu sors de la pièce, sans chercher à t'habiller plus chaudement que le maigre mini-short et la mince chemisette trop courte que tu portais actuellement.

Tes pieds nus se refroidissent au contact des escaliers. Tu avances rapidement et arrives dans la salle commune, en frottant chacune à son tour la plante de tes pieds sur ton mollet. Tu nettoies la pièce du regard. Garfield était toujours là ? Tu hésitais à avancer. Mais tu voulais quand même aller t'asseoir dans un canapé. Normalement à cette heure-ci il n'y avait plus personne de réveillé. Pourquoi est-ce qu'il était toujours là ? Tu t'approches sans un bruit, arrives derrière lui et regardes le parchemin. Il était toujours là-dessus ? Tu penches la tête et fais le tour du canapé pour aller t'asseoir à côté de lui.

Tes yeux se perdent sur le bouquin, à tes pieds. Tu l'attrapes et le mets sur la table basse devant toi, avant de poser tes fesses près de Garfield, sans y être collée pour autant. Tu relèves tes jambes contre ta poitrine et poses ta joue sur ton genoux, le regard collé à son visage. Ton carnet était ouvert, sur tes pieds, retenus par le bout de tes doigts.

Tu veux de l'aide, peut-être ?

Garfield ne l'avait même pas entendue arriver. Il avait presque fini de toute recopier proprement, il allait enfin pouvoir aller se coucher. La salle commune s'était vidée petit à petit, parce qu'il était la dernière andouille à finir son devoir, à la dernière minute, comme toujours. Néanmoins, le mouvement sur le canapé attira son regard. Il plissa les yeux, et rougit un peu, aussi. Elle avait combien de pyjamas différents, sérieusement ?

« Eh bah ? Tu dors pas ? »

Il remarqua le carnet ouvert, et ce qui y était inscrit lui fit esquisser un sourire. Elle avait déjà eu ces cours-là, évidemment. Mais bon, là où il en était, il n'avait plus vraiment besoin d'un coup de main.

« Merci, mais ça va, j'ai presque terminé de recopier. Tant pis si y a des fautes, je recommence pas une troisième fois. »

Il se pencha à nouveau sur son parchemin, et entreprit de continuer à écrire. Plus que deux phrases. On n'entendit plus que le crissement de la plume pendant un instant. Enfin, ce fut terminé, et il put déposer sa plume et son devoir sur la table. Et étirer ses pauvres vertèbres endolories.

« Fini. »

Mantis n'aurait peut-être pas sa tête cette fois-ci, en fin de compte. Il se déplia douloureusement, fit craquer son cou et ses doigts. Travailler dans un canapé, c'était pas l'idée du siècle.

▽ Speechless.

« Eh bah ? Tu dors pas ? »

Tu te contentas d'un léger mouvement négatif de la tête tandis que tes yeux se perdaient doucement dans un voile de beauté infinie. Tu semblais ne rien regarder malgré tes cils le pointant avec insistance. Tu rêvais. C'était une des nombreuses raisons pour lesquelles être avec Garfield était agréable; avec lui tu rêvais. Quand tu étais seule, c'était des cauchemars, quand tu étais avec lui, c'était de doux songes qui transportaient ta poitrine. Un doux sourire vient égayer ton visage lorsqu'il affirme avoir fini et tu baisses tes paupières sans fermer les yeux.

De jolies couleurs roses défiant tes cheveux se montrèrent sur tes joues. Tu n'avais pas de fièvre, tu étais juste heureuse, sans comprendre pourquoi. Il avait accepté que tu t'assoies à côté de lui, c'était sûrement ça. Non, c'était ça, assurément. Il avait rougi en plus. C'était chouette. Tu chérissais cette sensation naissante, ne voulait pas la quitter. Pourquoi est-ce que ça avait été différent, à ce moment-ci ? La fatigue, les cauchemars, décidément, ça te rendait toujours plus douce. En fait, tu avais toujours été douce.. Disons juste moins torturée, contradictoirement. Tes doigts relâchent la pression sur le carnet, sans pour autant l'échapper.

J'ai juste fait des cauchemars. Alors j'étais venue ici pour m'aérer la tête. Tu vas aller dormir maintenant ?

Tu hésites un instant. Tu ne voulais pas vraiment qu'il parte. Ça ne te gênait pas de le dire, ça te gênait juste de demander qu'il reste. Ton sourire demeurait cependant franc et tendre, un sourire qui lui était adressé, dans toute la pureté de ton petit cœur d'enfant.

Tu peux rester encore un peu avec moi ?

Encore des cauchemars. Elle faisait des cauchemars tout le temps, en fait, quand c'était pas des rêves bizarres où elle devait trouver une porte rose. Il avait vraiment très envie de monter se coucher, parce qu'il avait l'impression que les yeux allaient lui sortir de la tête après autant de temps à gribouiller sur un parchemin, mais bon.

« Je pensais aller dormir ouais. »

Il passa une main dans ses cheveux, mal à l'aise. Il avait cours tôt le lendemain.

« Nan je peux rester un peu. »

...Et comme toujours, c'était tant pis. Ce qui ne l'empêcha pas de bailler à s'en décrocher la mâchoire. Très discret. Enfin, elle n'avait sans doute pas envie d'être toute seule. Restait à savoir pourquoi elle ne réveillait pas une copine, quelqu'un comme ça, parce que Garfield n'était pas franchement le plus qualifié pour ce genre de soutien, il l'avait déjà prouvé.

« Désolé. Tu veux parler de ton cauchemar ? »

Il n'était pas vraiment certain de vouloir savoir, déjà que ses rêves étaient vachement louches, les cauchemars devaient être gratinés. Il avait une énorme sensation de déjà vu, en plus. Un autre jour où elle avait fait un cauchemar. Vraiment, ça avait l'air d'arriver souvent.

▽ Speechless.

Tu lui réponds d'un simple mouvement de tête, signifiant sans doute une négation, même si tu semblais hésitante. Tu relèves la tête et essuies une larme le bord de ton œil. La fatigue aussi t'avait envahi, te faisait bailler, mais tu n'arrivais pas à te recoucher. Ton sourire s'élargit. Pourquoi est-ce que Garfield était comme ça ? Tu avais bien vu qu'il était fatigué, trop fatigué. Alors pourquoi est-ce qu'il avait accepté de rester avec toi ? Tu comprenais pas grand chose, de base, mais en plus avec l'engourdissement de tes membres et de ton cerveau, tu semblais carrément autiste. Peut-être que tu l'étais un peu, sans le savoir. Tu attrapes sa main, passes tes doigts entre les siens, sans gêne mais avec délicatesse et tu te laisses tomber légèrement contre son épaule, les paupières baissées sans cacher ton regard. Tes jambes s'étaient allongées sur le canapé, suivant le mouvement du reste de ton corps, tandis que tu maintenais ton carnet à la même hauteur de tes doigts de la main qu'il te restait de libre. Le papier blanc défiait la pâleur de tes jambes nues sur lesquelles il était posé.

J'ai juste pas envie d'être toute seule.

Tu inspires, ton sourire demeurant tandis que tu fermes les yeux. Ton souffle était un peu bruyant. Tu te sentais bien et mal en même temps, comme si tu étais malade mais heureuse. Tu n'avais pas de forte température. Tu étais un peu plus chaude que normalement, malgré la tenue légère, mais ça ne pouvait pas s'appeler de la fièvre. Ton souffle soulignait malgré tout que ton état n'était pas spécialement favorable. Et puis dans cette tenue, au moins, on pouvait voir que les seules blessures qui restaient était des bleus un peu tenaces de la dernière fois. Signe que tu n'avais pas revu Richard depuis ta visite à l'infirmerie.

Est-ce que tu as un rêve ?

Tu semblais complètement à côté de la plaque et pourtant, Merlin savait à quel point cette question suivait la suite logique de tes pensées. Logique était peut-être un mot de trop.

Pas envie d'être toute seule ? Ça se voyait. Elle était en train de se lover comme un chat contre Garfield, qui trouvait ça étrangement perturbant. M'enfin bon. Au moins elle ne lui demandait pas de partir à l'aventure après un rêve. Il n'était pas tout à fait certain qu'il aurait suivi le mouvement cette fois.

Elle n'avait pas l'air très bien. Comme un peu tout le temps en ce moment. Mais Garfield n'avait pas envie de se battre encore, alors il s'efforça de ne pas regarder les bleus ou ses yeux fiévreux. Il n'avait jamais été un Gryffondor, il voulait juste que tout aille bien. Avec des motivations pareilles, il aurait pu participer à un concours de miss et annoncer fièrement qu'il voulait la paix dans le monde. ... Non, il était encore en train de penser à n'importe quoi. Fatigue, sûrement.

La question le prit un peu par surprise. Un rêve ? Bof.

« Euuh. »

Il pensait plutôt à l'avenir immédiat, en général, vu qu'il y avait toujours une affaire urgente à régler, un devoir à faire, un entraînement auquel survivre. Ses parents le harcelaient pour qu'il trouve quoi faire après Poudlard, et il n'en savait toujours rien.

« Pas vraiment. Rien de défini. »

C'était un peu pitoyable, en fait, de n'avoir pas de projet à long terme et de vivre en se demandant principalement ce qu'on mangerait le soir, ou si le devoir un peu torché aurait quand même un A.

« Et toi ? »

▽ Speechless.

Ton sourire s'élargit tandis que ta vision se floue. Tes paupières tombent lourdement, laissant tes cils caresser tes joues rosies par.. Par quelque chose. Tu ne savais pas quoi ou pourquoi mais tu rougissais. C'était agréable, d'avoir chaud, d'être confortablement installée contre lui, comme ça.. Seulement c'était pas normal. Mais malgré tout ce que tu pouvais te dire, rien n'aurait pu briser cet instant de douce euphorie dans lequel tu te baignais. Tu n'avais pas peur, tu ne craignais rien, sauf peut-être qu'il parte. La pression exercée par tes doigts sur le papier se relâche tandis que ton souffle rythmait la régularité des battements de ton cœur heureux.

Les courbes se dessinent telles une douce mélodie, dans un mouvement de grâce telle des danseuses sur papier. C'était beau. C'était bizarre aussi. C'était surtout bizarre en fait. Mais comme ça venait de toi, on pouvait dire que c'était beau, parce que tu étais bizarre.

Non. C'est plus des désirs présents que des rêves.

Tu ouvres les yeux et te relève doucement, relève la tête vers Garfield. Tu lui adresses un tendre sourire, parce que tu estimais qu'il y avait droit. Tu souriais beaucoup et à tout le monde, seulement, sourire à Garfield, c'était plus facile, parce que c'était plus souvent vrai. Tes fossettes apparaissent sur tes joues tandis que tes yeux pleins d'étoiles le fixent. Il était beau, en fait. Ou alors il l'était juste à tes yeux.

Dis, si tu n'es plus avec elle.. J'ai le droit de te prendre dans mes bras sans que ce soit mal ?

Jodie n'avait pas de rêve non plus. Un beau duo de paumés, dites-donc. Garfield bailla, encore. Il serait bien resté là, à profiter de la chaleur qu'elle dégageait, pour dormir comme un chat contre un radiateur. Il papillonnait des yeux, s'efforçant de se concentrer sur le carnet, mais il faisait tellement silencieux, chaud, tellement de confort... Il rouvrit grand les paupières en sentant Jodie bouger. Il n'était pas sensé dormir.

« Hmm ? »

Elle souriait, et il se sentit sourire aussi, d'un sourire un peu débile, parce que c'était joli. ... 'Joli' ? Fiou, ça allait mal. Il ferma les yeux très fort dans l'espoir de les forcer par après à rester ouverts. Et il reporta son attention sur le carnet maléfique, qui lui posait apparemment une question. Aaah. Oooh. Euuuh. Donc. Répondre. Il sentait tellement la question piège, parce que c'était beaucoup trop tôt. Mais elle était mignonne et il était fatigué.

« Si tu veux. »

Il se demandait tout de même pourquoi elle lui pardonnait aussi facilement. Il se comportait comme un con depuis un bout de temps, et il lui avait fait du mal, il s'en rendait tout de même compte. Et en plus, il avait passé le début de soirée à la harceler sur un sujet douloureux. Mais bizarrement... Il était heureux qu'elle soit comme ça, près de lui, malgré tout ça.

▽ Speechless.

Tu avais juste besoin de croire. Croire que oui, il te regardait, croire que oui, il pouvait te tenir la main. Tu voulais pouvoir croire que Garfield serait près de toi si tu en avais besoin. En avais-tu besoin ? Tu avais besoin de foi, de quelqu'un sur qui te reposer sans craindre chaque seconde à sa disparition. Tu avais sans doute très mal choisi la personne, mais tu n'y pouvais rien. Peut-être qu'il n'était pas une personne en qui on pouvait avoir confiance, peut-être que les événements récents auraient du changer ta façon de le voir, de le percevoir. Peut-être. Pourtant, tu étais toujours là, à côté de lui, tendant une main hésitante vers son bras. Tu prolonges ton mouvement pour passer ta main derrière lui tandis que tes doigts lâchaient le carnet qui était allée s'écraser au sol. Tu viens l'enlacer, te calant assez bien contre lui, tes jambes de l'autre côté du canapé.

Ton souffle régularise le rythme de ton cœur pendant que tes paupières tombent lourdement sur tes yeux fatigués. Une éternité de plus. Une seconde en moins. Une fois encore, tu étais là, sans te poser plus de questions, tes bras l'enlaçant tendrement. Tu ne souriais plus mais tu n'étais pas triste. Tu n'étais pas joyeuse ou même malheureuse. Tu étais juste vivante et c'était ça qui comptait; parce qu'être dans ses bras faisait battre ton cœur, parce que l'enlacer faisait vibrer ton corps, parce qu'écouter son souffle faisait frémir ton âme.

Tu rouvres les yeux, vérifies qu'il n'a rien entre les mains et relèves tes jambes pour aller en placer une de l'autre côté de ses hanches. Tu laisses ta tête prendre place dans le creux de son cou, tes bras restant autour de lui. Ton souffle tiède caressait sa peau et s'il n'y avait pas eu ta chevelure rose pour cacher ton décolleté, ça aurait pu être trop indécent pour le pauvre Poufsouffle. Tu ravales ta salive doucement et le serres contre toi, tes paupières tombant à nouveau. Tu aurais pu t'endormir là, ça aurait été parfait.

Garfield se laissa aller dans son étreinte, sans trop bouger pour ne pas la déséquilibrer. Il avait l'impression que Jodie allait s'endormir aussi, mais ce ne fut pas le cas, elle vint plutôt s'installer plus confortablement, à califourchon sur ses genoux. Il soupira d'aise, et passa automatiquement les bras autour de sa taille pour la serrer contre lui, et venir enfouir son visage dans les cheveux roses qui cascadaient dans le creux de son cou.

Il se rendit compte qu'elle lui avait manqué. Il inspira une longue bouffée de son odeur, comme pour s'en imprégner et sentit les battements de son coeur s'accélérer, lui rappelant que la proximité de Jodie était toxique. Trop douce, trop chaude, trop sucrée. Néanmoins, Jodie, elle, avait l'air de se calmer et de presque s'endormir. Il passa une main de haut en bas dans son dos, maladroitement, pour essayer que ce geste la réveille un peu.

« Hey, t'endors pas... »

... ça lui allait bien de dire ça, surtout en le grommelant contre son épaule. Mais il n'avait pas envie de passer la nuit là, puisqu'il finirait par pioncer aussi à un moment ou un autre si elle s'endormait, parce que c'était assez confortable, finalement, même si c'était lui le coussin dans l'histoire. Enfin. Coussin, doudou, truc du genre. Un job honorable, dans le fond.

▽ Speechless.

Ne pas s'endormir ? Tu t'endormais, là ? Merde. Ah oui, tu t'endormais. Mais ça aurait été si bien de s'endormir là. Tu aurais pu en rêver, si seulement il ne t'avait pas demander de ne pas dormir. Tu esquissas un sourire et écarte ton visage de son cou pour te placer face à lui. Tu plonges tes yeux dans les siens, un peu hésitante. Tu n'avais pas ton cahier, tu ne savais rien écrire, rien lui faire comprendre par de jolies courbes. Ton regard plein d'amour en disait déjà bien assez, de toutes façons. Ton sourire s'élargit et tes fossettes habituelles égayent tes jolies joues roses. Tes bras autour de lui se resserrent doucement, veillant à ne pas lui faire mal. Quoique, avec les petits bras que tu avais, ça aurait été difficile. Tu abaisses lentement tes paupières sans les fermer, le regardant de sous tes longs cils noirs.

Est-ce que tu avais le droit ?
Est-ce que c'était autorisé ?
Tu n'allais pas être méchante ?

Tes doigts accrochent le tissu recouvrant le bas de son dos tandis qu'une de tes mains vient se glisser en-dessous, profitant de la chaleur de sa peau, un peu inconsciemment. Tu te perdais dans son regard sans qu'aucune pensée ne vienne te perturber. Tu étais juste là. Il était là aussi. Alors tu étais heureuse. Ton sourire se fane mais ton regard demeure. Tu ravales ta salive silencieusement et penches la tête en te rapprochant. Tu fermes les yeux.

Et tu l'embrasses.

Un doux baiser sucré comme tu les faisais. Un tendre baiser sans plus la gêne de penser que c'était peut-être méchant pour quelqu'un. Parce que cette fois, c'était tant pis. C'était pour toi, que tu l'embrassais. Parce que tu voulais profiter de sa présence, parce que tu voulais profiter de ses lèvres, parce que tu voulais profiter de cette étreinte délicieuse qu'il t'offrait.  

Finalement, elle ne s'endormait pas tant que ça. C'était difficile de la comprendre sans le moindre mot... Garfield aurait aimé qu'elle puisse parler, autrement qu'avec ce stupide carnet. Néanmoins, malgré ses joues rosies, elle avait l'air bien là. Il sentit ses petites mains se crisper contre sa chemise, dans son dos.

« Qu'est-ce qui se passe ? »

Toujours un peu con, le garçon. Il sentit une desdites petites mains se glisser contre sa peau et il ne put s'empêcher de frissonner. Parce qu'elle avait les mains froides, évidemment, quoi d'autre ? Jodie le regardait dans les yeux et il se sentait de plus en plus mal à l'aise, surtout qu'elle souriait de moins en moins. Est-ce qu'il avait fait un truc de travers ? Une drôle de tension régnait entre eux, et il n'était pas assez subtil ou assez réveillé pour en percevoir la nature avant qu'elle ne l'embrasse.

Oooh. Bah d'accord. Instinctivement, il resserra son étreinte, répondant à son baiser avec lenteur, parce qu'il était un peu sonné. C'était presque aussi mal qu'avant, mais une fois de plus, il n'y avait personne. Il pouvait se laisser aller à profiter de son baiser, de sa chaleur contre lui, ivre de sommeil et intoxiqué par sa présence. Il supposa que ce n'était pas trop déplacé de lui rendre son geste, et il glissa une main dans son dos, sous son haut, pour le plaisir de sentir sa peau chaude contre sa paume. Il n'osa pas la bouger, d'ailleurs, de peur d'être maladroit ; il avait l'impression de marcher sur des oeufs, ne sachant pas trop quoi faire. Il ne voulait pas appuyer sur un bleu, ou passer pour un pervers, ou encore qu'elle pense qu'il n'était vraiment pas doué, ce en quoi elle aurait probablement eu raison.

Le baiser fut rompu, et Garfield avait les yeux brillants. Et les joues flamboyantes. Il hasarda un sourire moitié débile, moitié gêné.

« Alors ça, c'est du câlin de compet'. »

C'était plus fort que lui, il fallait qu'il dise des bêtises. Même s'il le faisait en chuchotant, parce que sa voix avait l'air de ne plus vouloir fonctionner correctement.

▽ Speechless.

Le contact se rompt délicatement tandis que tu rouvres les yeux au rythme de ton éloignement. Ton regard croise le sien, brillant, tu aurais pu voir des paillettes si tu l'avais voulu. Sauf que tu te contentais d'observer sa façon d'être, de faire, sans ignorer son sourire. Tes lèvres s'étirent, laissant apparaître la blancheur de tes dents et tes fossettes encore présentes, décorées par de jolies couleurs roses faisant presque de la concurrence à ta chevelure. Quelques mèches bonbons s'étaient déplacées jusque devant tes yeux, cascadant sur le haut de ton nez. Tu aurais voulu écrire et en remarquant que ton carnet n'était plus là, tu tournes la tête à droite, rien. Tu tournes la tête à gauche, assez loin pour voir ton carnet embrassant le sol.

Ton sourire demeure. Tu relâches un des bras autour de Garfield tandis que l'autre s'accroche plus fermement à lui. Tu laisses ton corps basculer en arrière et tes cheveux caresser le sol. Tu tends le bras vers ton carnet que tu arrives à attraper du bout des doigts. Tu te relèves fièrement, tes cheveux s'emmêlant de plus en plus devant ton visage. Tu secoues un peu la tête pour laisser tes yeux regarder Garfield, ton sourire demeurant. Tu ouvres le cahier à une page aléatoire en direction de l'attrapeur et en profite pour le serrer un peu plus contre toi, te déplaçant jusqu'à ce que ton bassin soit contre son bas-ventre.

Garfield ?

Tu allais continuer jusqu'à ce qu'un bâillement presque inaudible se fit entendre, te rappelant à la réalité. Il était tard et tu devais te lever tôt demain. Tu souris et reposes ton attention sur Garfield. Tu poses un bref baiser sur ses lèvres, du bout des tiennes, avant de te relever, récupérant ton bouquin de botanique. Tes cheveux suivaient le mouvement gracieux de tes hanches presque nues. Tu t'arrêtes et te retourne, déchire vite un bout de carnet, le place dans la main de Garfield. Tu lui adresses un tendre sourire accompagné de tes yeux étoilés avant de repartir vers le dortoir féminin.

Je t'aime.