Pré-au-lard. On y était bien quand il faisait beau comme aujourd'hui. Une belle journée pour se balader, faire des emplettes, rencontrer des amis ou juste pouvoir profiter d'être en dehors du château. Richard regardait les élèves et les habitants du bled paumé parcourir les rues, comme lui, heureux, pressés, inquiets à cause de leurs petites, furieux contre quelqu'un, ravis de leurs achats, de leurs amis, de leur magnifique existence et tout ce qu'il se disait, c'était que le monde était définitivement trop injuste. Lui n'avait pas de petite vie tranquille.

Lui avait une cousine qui le détestait désormais du plus profond de son âme. Il avait tout fait pour l'aider, tout ! Il n'avait pas voulu l'affoler alors il ne lui avait pas dit tout de suite qu'elle était sous l'emprise d'une potion d'amour. Il n'avait pas voulu qu'elle souffre alors il avait fait semblant de jouer le jeu, d'être amoureux également pendant qu'il préparait un antidote mille fois maudit. Il avait essayé de trouver un moyen de lui faire retrouver ses esprits sans qu'elle ait à avoir mal, sans qu'elle ait à se souvenir de souffrance physique en plus de souffrance mentale. Il l'avait amené là où personne ne pourrait la voir pour qu'elle ne subisse pas socialement la honte de ce qu'il lui était arrivé. Il avait été aimé aussi, pendant au moins une heure par une des seule personne au monde à qui il ne pourrait jamais mentir, à qui il ne causerait jamais de tort, mais qui semblait le haïr un peu plus chaque jour. Il préférait presque quand elle l'ignorait.

Lui n'avait absolument aucun ami. Personne de sincère avec lui. Personne avec qui être sincère. Personne à qui parler de ses peines, de ses joies, de ses rares erreurs, de ses nombreux succès. Personne qu'il souhaitait aller voir lorsqu'il avait du temps libre, personne avec qui déambuler dans les rues en racontant des imbécilités, en fanfaronnant, en prévoyant un sale coup. Même Elyrian ne pouvait pas prétendre à ça. Elle n'était pas son amie. Elle l'aimait, il en était sûr, mais elle était tellement occupée à se voiler la face, à faire comme si rien n'était, qu'elle ne passait absolument aucun temps avec lui et lui restait seul, toujours, encore, trop seul, tout seul.

Il regarda autour de lui. Ces gens avaient tout, mais ils ne s'en rendaient même pas compte. Ils se baladaient main dans la main avec quelqu'un alors que Richard ne faisait que rêver de pouvoir le faire un jour. Ils riaient avec leur famille alors que celle de Richard lui tournait le dos peu à peu, mais avec une inexorabilité qui n'avait rien à envier avec la fatalité des prophéties du Ministère de la Magie. Ils avaient des amis alors que Richard ne faisait qu'être seul avec lui-même. Toujours. Sans espoir de changement, semblait-il.

Puis il la vit arriver vers lui, elle qui avait tout. Cette fille stupide, inconsciente, infirme, qui puait le bonbon à des kilomètres à la ronde et dont la simple vue des cheveux roses lui donnait envie de commettre un meurtre. Elle qui était tellement maladroite qu'elle semblait trébucher sur ses propres pieds. Alors c'était ça qui attirait la foule ? C'était comme ça qu'on se faisait des amis ? En étant pitoyable ? En étant faible ? En étant lâche ? En ne pouvant même pas marcher droit ? Elle ne savait même pas parler, bon dieu ! Elle n'avait rien, rien pour elle et pourtant elle avait tout ce que Richard voulait. Bordel, elle avait même la famille de Richard ! Phoebe était son amie depuis des années à présent et Astrid lui avait déjà parlé, il l'avait vu. Elles étaient amies avec cette fille. Cette Jodie. Elle lui volait les siens. C'était de sa faute si Phoebe ne traînait plus autant avec lui. C'était de sa faute si Astrid le détestait. D'ailleurs n'était-elle pas amie avec Andersem ? Ne les avait-il pas vu ensemble ? Andersem qui avait empoisonné Astrid... Ah ! Comme la vengeance allait être douce ! comme l'addition allait être salée !

Rapidement, il se dissimula dans les ombres, entre deux bâtiments. Jodie était seule. Quand elle passerait devant lui, il l'attraperait sans que personne ne s'en aperçoive. Il lui était déjà arrivé de la frapper. Dès qu'il le pouvait. Cette fois-ci allait être différente. Cette fois-ci, il y aurait une vraie raison à sa violence. Elle passa devant lui sans le voir. Imbécile de petite fille. Il la tira vers lui et la gifla. Fort. Assez pour l'étourdir, puis il prit la baguette de Jodie pour qu'elle ne réplique pas et il l'emmena plus loin, derrière l'une des boutiques. Tellement faible, cette Jodie. Elle devrait faire plus attention. Le monde extérieur était dangereux et sans pitié.

-Jo-die, chantonna-t-il. Justement, je te cherchais. Tu sais pourquoi ? Je suis sûr que non...

Il la frappa au ventre. Pour son ignorance. Pour son plaisir. Puis il redressa son visage pour qu'elle le regarde bien dans les yeux, lui dédiant un regard agréable, presque sympathique en apparence, mais tellement plus faux que n'importe quel mensonge.

-Tu connais Garfield ? Garfield Andersem. Encore un coup au ventre, poing fermé, la baguette de Jodie toujours dans sa main. Tu sais ce qu'il a fait ? Je crois que non. Laisse-moi t'expliquer. Il a. Empoisonné. Ma. Cousine. Chaque mot était ponctué par un nouveau coup, puis il la laissa s'effondrer au sol. Astrid, je crois que tu la connais aussi n'est-ce pas ? Avant elle ne me parlait pas. Maintenant à cause de lui, elle me hait. Il lui envoya un violent coup de pied alors qu'elle était par terre. Il n'avait même pas honte de lui.

▽ The blame game.

Toute la matinée, tu avais cherché Phoebe sans résultat. Chaque fois que tu demandais où elle était, ils te sortaient qu'ils ne savaient pas. Le plus idiot avait été celui qui, très bêtement, avait demandé qui était Phoebe. Sauf que personne ne pouvait ignorer la jolie rousse, personne ne pouvait ne pas la connaître, parce qu'elle était ton amie, et que tes amis étaient importants, pour toi, pour tous. Parce que tu l'avais décidé et que Phoebe était une personne exceptionnelle à l'instar de rares autres. Comme il avait semblé que les élèves étaient trop stupides pour connaître jolie Serdaigle, tu t'étais décidée à la chercher de toi-même. Sauf que tu n'avais pas accès à la tour des bleus alors forcément, c'était plus compliqué que prévu. Tu avais choisi de ne pas la chercher là, ou d'explorer cette idée en dernière. Tu espérais simplement que, du coup, elle n'y soit pas fourrée. Partout. Tu avais cherché partout où tu pouvais. Même les cachots, tu étais allée regarder. Pas une rousse nulle part. Ou alors une rousse moche. Soit, pas Phoebe. Parce qu'elle était jolie, ta rousse à toi, et elle te reconnaissait quand tu arrivais devant elle. Elle ne faisait pas semblant de ne pas te voir.

Un peu désespérée, tu tentas dehors, le lac, les serres, le jardin. Pas là non plus. Est-ce que c'était vraiment la peine de continuer à chercher ? Peut-être au pré-au-lard ? Et si là-bas non plus, elle n'y était pas ? Tu étais fatiguée de chercher partout à la recherche de Phoebe, vraiment. Si ça se trouve elle était juste occupée de dormir dans son lit. Seulement, tu avais besoin de voir si elle allait bien et tu n'avais pas accès à la tour. Alors la dernière lueur d'espoir brillant dans tes yeux t'avait fait décidé de t'aventurer jusqu'en dehors de l'enceinte de Poudlard. Le pré-au-lard. Tu regardes autour de toi, observe parfois à travers une fenêtre mais toujours aucun signe de ta douce amie. En continuant d'avancer, ton carnet contre ta poitrine, il te fallut quelques secondes avant de capter que tu n'avais pas choisi de marcher à reculons. On te tirait bel et bien et tu n'avais même pas encore vu à qui appartenait la main qui se rapprochait dangereusement vers ta joue.

Elle claque, une trace rouge apparaissant sur la peau de ton visage. Tu relèves vers les yeux vers une chevelure blonde et un visage masculin. Richard. Pourquoi est-ce qu'il était là ? Est-ce que c'était de sa faute si tu n'avais pas trouvé Phoebe aujourd'hui ? Aucune chance. Tu suis ses gestes du regard sans pouvoir réagir et. Oh. Ta baguette. Tu clignes plusieurs fois des yeux et secoue doucement ta tête. Tu fronces légèrement les sourcils, sans comprendre. En plus tu avais mal. Il te ramène derrière une boutique. Ça devenait dangereux, cette histoire de recherche de rousse..

Tu n'as pas eu le temps de réagir que déjà il t'arracha un souffle de surprise et une vilaine grimace. Le coup t'avait fait lâcher ton carnet qui s'était écrasé dans l'herbe, lamentablement. Il avait envie que tu le regardes, soit, tu le regarderais. Mais pourquoi est-ce qu'il te parlait de Garfield ? Phoebe, Garfield, Richard, sa cousine ? Garfield avait empoisonné Phoebe ? Putain ce que ça faisait mal. Chacun de ses mots te faisait grincer des dents et grimacer un peu plus, au rythme de ses coups. Tu te laisses tomber au sol, ramassant ton cahier au passage, la tête baissée. Un peu de courage, Jodie.

Astrid. Garfield avait empoisonné Astrid ou Phoebe, finalement ? Tu comprenais vraiment rien à ce qu'il racontait. Pourquoi est-ce que le gentil attrapeur aurait fait ça ? Ce n'était pas son genre, d'empoisonner les gentilles personnes, si ? Est-ce qu'il t'avait empoisonnée, toi aussi ? Ou alors peut-être que c'était signe que tu n'étais pas gentille, finalement. Tu relèves lentement la tête vers Richard et te relève, un peu hésitante. Tu fais un pas en arrière, tenant encore sur tes jambes. Tu ouvres ton carnet sur lequel les courbes noires apparaissent.

Pourquoi est-ce qu'il aurait empoisonné Astrid ? Elle est gentille, Astrid. Garfield empoisonne pas les gens gentils.

Tu penchas la tête, en passant une main sur ton ventre. C'était douloureux mais ça allait, parce que Richard t'avait déjà utilisée comme punching-ball plusieurs fois et à force, tu avais gagné en ténacité. Quoique, ça ne t'empêchait pas pour autant d'avoir de vilaines traces. Mais tu encaissais mieux la douleur, c'était déjà ça. Tu fais pression sur le papier de tes fins doigts tandis que tu le regardes, sans gêne.

C'est pour ça que tu me frappes ? A cause de Garfield ? C'est quoi le rapport entre lui et moi ?

Richard la laissa se relever, la fixant d'un air neutre, se mouvant avec la souplesse féline d'un chat s'amusant avec une pauvre souris sans défense. Était-ce vraiment ce qu'elle était ? Une pauvre petite chose sans défenses ? Oui, sans aucun doute. Il avait sa baguette dans sa main, baguette qu'il rangea dans la poche de sa robe de sorcier avant de se débarrasser de celle-ci. Il en avait pour un moment de toute façon.

Elle ouvrit son carnet et le lui présenta, sa seule façon de communiquer avec les autres, il le savait. Elle était si pitoyable. Avait-il vraiment envie de lui parler ? Pourquoi pas après tout, ce n'était pas tous les jours qu'il la laissait essayer de parler lorsqu'il la passait à tabac. Il aboya un rire lorsqu'elle prétendit que Garfield n'aurait pas empoisonné une gentille personne, rejetant la tête en arrière. Comique la petite.

-Parce que tu crois qu'Andersem est un saint peut-être ? T'es encore plus stupide que ce que je pensais !

Il fit une enjambée et l'attrapa par la nuque avant de l'écraser contre le bâtiment, la face en avant. Heureusement qu'il n'était pas en pierre râpeuse, mais bien en bois. De toute façon Richard ne se serait pas amusé à faire ça sur une surface comme de la pierre. Ça marquait trop. Il la laissa appuyée là, sa main faisant pression sur sa nuque avant de se passer une main dans les cheveux, agacé par tant de candeur de sa part.

-Ton Andersem ne m'aime pas. Pourtant au lieu de s'en prendre directement à moi comme il aurait du le faire, il s'est amusé à empoisonner ma cousine Astrid d'une horrible façon. Maintenant Astrid me déteste pour ça et elle refuse d'entendre mes explications.

Il lui envoya un violent coup de poing dans les côtes, puis il l'attrapa par ses cheveux roses tant haïs et la contraignit à s'étaler face contre terre, lui envoyant un vicieux coup de pied dans la cuisse au passage.

-Le rapport entre toi et Garfield c'est que je vous ai vu parler ensemble, une fois ou deux. Je ne sais pas si c'est ton ami ou une simple connaissance et pour tout t'avouer j'en ai rien à foutre. Que tu sois liée à lui d'une façon ou d'une autre me suffit. Il m'a énormément, énoooormément énervé en s'en prenant à ma famille et c'est toi qui va payer à sa place de la même façon que ma cousine à payer à ma place.

Il lui lâcha les cheveux avant de se relever et de lui envoyer un autre coup de pied à l'estomac. Ne pas laisser de trace sur son visage était sa seule règle dans ces cas-là. Ne pas la tuer, aussi, bien que parfois son envie de la voir disparaître à jamais le titillait désagréablement. Il lui donna un autre coup de pied, plus haut, puis encore un sur ses jambes. Un objet attira alors son attention : le cahier. Il le prit et l'ouvrit avant de le tendre vers Jodie.

-Dis-moi, ce cahier est précieux pour toi ? Fait simplement oui avec ta tête puisque tu es trop idiote pour parler.

Le sourire revint à Richard, un sourire confiant, un sourire qui pourrait laisser croire qu'il parlait à une amie sur un sujet aussi banal que la pluie ou le beau temps. Sauf que Jodie n'était pas son amie et qu'à l'heure actuelle, Richard ne voulait pas la laisser profiter du beau temps. Parfois il avait envie de la frapper au visage. Peut-être le ferait-il lorsqu'il aurait apprit à faire disparaître les hématomes, mais pour le moment ce n'était pas le cas.

-Dis-moi aussi, est-ce que tu aimes mes cousines ? Astrid ? Phoebe ? Encore une fois, contente-toi de remuer la tête, je n'ai pas de temps à perdre avec ton cahier.

Il allait peut-être le brûler d'ailleurs. Il y pensait. Mais pas tout de suite, nooon, il fallait qu'il attende un peu. Pas tous les plaisirs en même temps, après il n'aurait plus rien pour s'amuser.

▽ The blame game.

Tu avais tourné la tête assez rapidement pour ne pas te casser le nez. Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui, il allait aussi loin ? Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui, c'était plus douloureux ? A cause de Garfield ? Parce qu'il avait empoisonné Astrid ? Mais bon Merlin, pourquoi avait-il empoisonné Astrid, d'ailleurs ? Quel rapport avec Richard ? Tu ne savais même pas que son nom de famille c'était Andersem. Tu aurais bien voulu expliquer à Astrid, toi. Tu voulais bien aller la voir et dire que ce n'était pas la faute de Richard. Est-ce qu'elle t'écouterait plus que lui ? Sûrement, oui. Mais si il ne te laissait pas en vie, ça n'allait pas aller mieux. Tu n'imaginais pas mourir à cause de Richard, de toutes façons. Son poing trop dur te décore de jolies traces sur les côtes et endommage ton organisme tout entier tandis qu'il te traîne jusqu'au sol. Tu te maintiens à quelques millimètres du sol, tentant de ne pas manger de la boue. Tu étais d'abord à quatre pattes, jusqu'à ce qu'il t'envoie un coup de pied bien placé pour t'étaler et salir ta robe.

C'était nul d'agir comme il le faisait. On aurait dit un gamin de maternelle qui jouait au "c'est le premier qui dit qui l'est". En fait Richard était juste un enfant trop réactif et toi son bouc émissaire. Tu ne t'en plaignais pas, c'était juste un peu dégradant, comme rôle. C'était très douloureux, aussi.. Mais tu ne pouvais qu'accepter qu'il était juste très bête. Plus que toi encore, finalement. Un maigre sourire apparaissait sur ton visage. Heureusement qu'il ne pouvait pas le voir. Malgré ses coups, malgré ta joue contre la boue, ce n'était pas grave. Parce que tu te disais que tout irait mieux après.

Pas tellement. Il prend ton cahier. Le dernier objet qu'il avait le droit de toucher. Tu ne fais aucun mouvement de tête. Tu le regardes juste, te relevant de tes bras frêles. Hors de question qu'il fasse quoi que ce soit à ce cahier. Est-ce que tu aimais ses cousines ? Oui, tu les aimais. Là, tu fis un mouvement positif de la tête, faible, mais visible. Tu reposes ton attention sur le cahier. Trouver un moyen de le récupérer. Vite.

Tant pis, tu allais te faire rosser. Car d'un mouvement rapide tu attrapes ton cahier et le garde contre ta poitrine, relèves même tes jambes contre pour pas qu'il l'attrape. Tu étais faible, Jodie, mais endurante. Et ça, il le savait mieux que quiconque. Tu serres les dents et le regardes, sans un bruit, pas le moindre mot. Juste ton regard déstabilisant, comme toujours. Parce que tu n'étais ni triste ni en colère, pas joyeuse, pas heureuse. Juste insistante sur ton besoin de t'affirmer.

Elle ne répond pas à la question sur le cahier, mais rien qu'à sa façon de le fixer, Richard sait qu'il lui est très précieux. Sa seule façon de communiquer sans doute. Sans lui elle serait sans doute tellement perdue à ne pas pouvoir communiquer simplement avec les autres... Après tout, personne ne connaissait le langage des signes à Poudlard, ou presque, et devoir tout écrire à la main ne serait pas une chose des plus évidente à faire. Ni la plus rapide. Communiquer sans ça serait une corvée. Cependant elle le méritait, tout était trop facile pour elle.

Là elle hoche la tête, apparemment elle aime ses cousines. Évidemment. Qui ne les aimerait pas. Phoebe était la personne la plus gentille qui existait sur cette terre, tellement gentille qu'elle arrivait même à le supporter lui, qu'elle venait se réconforter dans ses bras quand elle avait un problème, qu'elle avait toujours le sourire quand elle le voyait, malgré le fait qu'ils se soient un peu éloignés dernièrement. Quant à Astrid, elle faisait toujours semblant d'avoir un cœur de pierre, mais au fond était cachée une jeune fille pleine de tendresse et d'amour pour son cousin lorsqu'elle se permettait de l'exprimer. C'est à dire plus depuis un certain moment.

Richard allait parlé lorsqu'elle lui arracha vivement son cahier des mains. Pendant un instant terrible, il cru qu'il allait l'étrangler, là, tout de suite, elle, ce petit être si pitoyable recroquevillé par terre pour qu'il ne lui prenne plus son cahier. Elle le dévisageait avec une telle expression, ni terrifiée, ni apitoyée, ni même triste qu'il s'accroupit pour se mettre à sa hauteur et mieux la scruter. Elle était sale à cause de lui et ses cheveux d'un horrible rose n'étaient plus aussi soigné que quelques instant plus tôt. Avec un soupir, il remit l'une des mèches de Jodie derrière son oreille, puis il lui frotta la joue du pouce pour faire partir la terre.

-Moi aussi j'aime mes cousines, tu comprends ça ? Qu'est-ce que tu peux bien avoir de plus que moi pour qu'elles t'aiment toutes les deux et pas moi ? Demanda-t-il doucement. Tu n'es même pas une Morgan.

Richard se remit debout et l'observa un instant d'un air sceptique avant de lui décocher un violent coup de pied à l'abdomen pour l'envoyer à nouveau au tapis. Il lui en donna un autre dans les côtes, puis encore un dans les jambes, puis au niveau de la hanche, le tout avec un air décontracté, comme s'il faisait ça tous les jours, comme si c'était une activité saine et naturelle. Dommage qu'elle ne sache pas parler. Il aurait voulu qu'elle le supplie d'arrêter, qu'elle pleure, qu'elle lui dise qu'elle avait mal et qu'il ai le plaisir de lui répondre que ça ne faisait que commencer.

-Regarde toi ! Tu es pitoyable ! Avec tes cheveux roses sans intérêt, cette infecte odeur trop sucrée que tu trimbales partout et ta sale tête de naïve sans profondeur !

Il se pencha et l'attrapa par le col de sa robe de sorcière pour la remettre sur pied, lui lançant un regard hargneux.

-Mais qu'est-ce que tu as pour toi, hein ? Tu ne sais même pas parler et Poudlard tout entier est à tes pieds !

Il la frappa, dans les seins, parce qu'il savait que ça faisait mal avant de la secouer un peu et de la plaquer contre le mur du magasin, violemment histoire qu'elle se tape la tête dessus.

-Si je fais ça c'est totalement de ta faute ! Il faut que tu arrêtes de croire que tout le monde te tourne autour parce que tu es exceptionnelle, il faut bien que quelqu'un te fasse redescendre sur terre et cette personne c'est moi !

Il la fit se cogner à nouveau contre le mur.

-En plus de ça tu n'es vraiment qu'une pute. Tout ces garçons qui te tournent autour, t'en as jamais assez ? On me traite de briseur de couple et de coureur de jupon, mais est-ce que quelqu'un t'as regardé de plus prêt ? Non, parce que tu n'as qu'à faire tes grands yeux innocents en brandissant ton cahier et tout le monde te pardonne tout !

Il lui cracha dessus et la frappa au ventre pour qu'elle se plie en deux avant de la pousser pour la faire tomber par terre. Elle était si maladroite que ça n'était pas bien compliqué.

▽ The blame game.

Il s'approche. Tu serres un peu plus ton cahier contre toi, la peur montant dans tes muscles tendus alors que ton regard n'exprimait toujours que de la défense pure et brute. Phoebe n'aimait pas Richard ? Astrid était fâchée mais elle aimait son cousin, non ? Tu passas ta langue sur ton palais, hésitante. Il semblait trop doux pour que ça continue plus longtemps, tu en avais conscience, tu redoutais le revers de la pièce. Tu ravales ta salive silencieusement tandis que tu baisses les yeux. Hors de question de garder cette image trop gentille de lui. Hors de question d'être naïve comme il l'espérait. Résultat, il te frappe à nouveau et tu gardes une main au sol pour te maintenir à quatre pattes. Il frappe encore, encore, de son pied il frappe et tu lâches prise mais te rassieds sur tes jambes dès qu'il prend la parole.

Décidément, il y avait quand-même du bon, à écouter Richard. En dehors du fait qu'il te massacrait non pas la gueule mais tout le reste de tes membres, il avait au moins dit que Poudlard était à tes pieds. Tu comprenais rien du tout, mais en te plongeant dans cette idée, tu avais même oublier de souffrir de ses coups et de ta nuque pressée par ta robe qu'il avait utilisée pour te relever. Tu commençais même à passer outre la douleur, même le dos contre la boutique. Ton regard semblait juste comprendre. De la jalousie, sans doute.

C'était quoi, une pute ? Tu restais neutre, un peu absente, le coup sur la tête te faisait peu à peu perdre ta présence. Tu semblais complètement perdue dans ces idées qu'il t'offrait un peu plus à chaque seconde. Une pute. Une pute c'était quelque chose de pas bien, c'est ça ? Est-ce que tu étais quelque chose de pas bien ? Zut alors. Garfield, il t'avait pardonné, ça veut dire ? Oh, douce pensée. Lance aussi, il te pardonnait ? Est-ce que tout le monde pouvait pardonner tes erreurs. Richard, il pouvait te pardonner d'être aimée par ses cousines ? Tu lèves tes yeux vers lui, tes doux yeux non pas suppliants mais juste aimants. Parce que tu comprenais et que ça te rendait triste qu'il soit comme ça.

Tu étais retournée par terre et rien n'y fit; tu n'avais aucune colère contre ce type qui la méritait pleinement. Tu étais juste là, silencieuse, à te demander s'il était sérieux. Tu arraches un bout de papier de ton cahier, maladroitement et le montre vers lui, gardant ton carnet contre toi. Il ne l'attraperait pas.

La preuve que non, tu ne me pardonnes pas d'être aimée par tes cousines. Je fais même pas exprès qu'elles m'aiment.. En fait je suis pas certaine de mériter que tu me frappes. Mais si tu penses que oui, je veux essayer de me faire pardonner autrement que par de grands yeux et un cahier, si tu veux.

Tu étais vraiment trop bête.

Richard faisait les cent pas devant elle, comptant ses pas sans la quitter une seule fois des yeux. Est-ce qu'une telle déchéance pouvait réellement exister ? Elle était si pitoyable qu'elle n'était même pas capable d'être triste ou effrayé par quelqu'un qui était en train de la rosser. Vraiment, avait-on déjà vu un être aussi stupide ?

Il cessa de faire des aller et venue lorsqu'elle lui tendit un bout de papier qu'il lui arracha des mains. Il le lu d'un air neutre, puis vrilla à nouveau son regard vers Jodie, froissant la feuille entre ses longs doigts, si pratique pour se saisir d'un vif d'or.

-Je ne te pardonne pas parce que je ne suis pas n'importe qui. Je suis Richard Morgan et je sais reconnaître les gens sans intérêt quand je les vois.

Il laissa tomber le morceau de papier par terre. Il n'avait rien à faire de l'écologie pour le moment, il cherchait simplement à bien se faire comprendre de Jodie mais visiblement celle-ci n'était même pas assez futée pour capter qu'elle ferait mieux de rester loin de ses cousines à partir de maintenant.

-Tu mérites que je te frappe car tu ne sais pas rester à ta place. Par terre. Loin de ma famille.

En vérité, il était malade de ce regard aimant qu'elle lui envoyait. Elle lui donnait la nausée et son affection même manquait de le faire vomir. Il se demanda si lui vomir dessus pouvait être envisagé comme une option. Sans doute pas. Il se pencha vers elle et la saisit à la gorge, d'une main.

-Tu veux que je te pardonne ? Alors reste loin de mes cousines. Ignore les si elles te parlent. Evites-les. Je ne veux plus les voir avec toi, tu m'entends ? Et ne t'avise pas de leur parler de cette discussion. En fait, ne t'avise jamais de leur parler de moi. T'as compris ? dit-il d'une voix basse et menaçante.

Il la lâcha alors et se redressa. Il en avait fini avec elle pour cette fois.

-Tch. Tu me dégoutes. Fait ce que je te dis et j'arrêterais de te frapper. En attendant, tiens toi à carreau. Un seul pas de travers et j'hésiterais pas à te casser les dents.

Il lui jeta un dernier regard menaçant, puis il s'en fut en la laissant là. Il n'avait pas envie de gâcher son après midi ici en restant avec elle. Fut-ce pour la tabasser.

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