Jared n'avait pas eu l'occasion de se rhabiller, après le duel. Il avait simplement passé son pull en laine et avait noué du mieux qu'il pouvait sa cravate autour de son cou sans chemise, mais le résultat n'était pas exactement conforme à ce qu'on pouvait attendre d'un élève sérieux de cinquième année. Malheureusement, il n'avait pas le temps de remonter jusqu'à la tour des Serdaigles pour prendre une nouvelle chemise dans son sac et il n'avait pas jugé utile d'en prendre une au club de duel. D'autres personnes risquaient d'en avoir plus besoin que lui, vu la disposition de certains à faire purement et simplement disparaître les vêtements des autres.

Pour le moment il s'inquiétait donc de connaître la réaction de la professeur de potions lorsqu'elle verrait son accoutrement. Arriver en cours sans chemise risquait fortement de la déranger. Il allait devoir se mettre au fond de la classe et ne pas se faire remarquer, pour une fois. Il ne voulait pas faire perdre de point à sa maison parce qu'il ne respectait pas les règles en vigueur sur le port de l'uniforme.

En même temps il n'aurait pas pu laisser son adversaire tout nu, si ? Ça ne se faisait pas, il aurait aimé que quelqu'un ai la bonté de lui tendre un vêtement si jamais il s'était retrouvé dans la situation de Summer, nu, devant tout le monde. Quoi que de base, Summer avait essayé de le déshabillé lui, et il ne lui aurait sans doute pas donné sa propre chemise pour l'aider. Jared soupira et se passa une main dans les cheveux.

Il ne lui avait même pas dit au revoir ni rien, s'étant presque enfuit de la salle de duel avec ses vêtements à main. Il ne savait pas comment réagir face à lui, il ressemblait tellement à Rose que s'en était presque dérangeant. Il avait tellement l'impression de la voir quand il regardait Summer... la seule différence était sur la longueur des cheveux, ceux de Summer étaient tout de même plus courts. Rose avait de magnifiques cheveux et Jared ne rêvait que de pouvoir passer les mains dedans.

Pouvoir être aussi proche de Rose qu'il l'était était à la fois un bonheur total et une torture. Pouvoir être en compagnie de l'être aimé aussi souvent ne pouvait être que bénéfique, surtout si c'était Rose, si adorable, si gentille, si fragile aussi. Des fois il voulait la gronder de ne pas travailler plus et bien entendu, il s'était déjà sévèrement énervé contre elle, mais sa douceur l'avait toujours calmé très rapidement, ainsi que sa tendance à être si prompte au contact.

Cependant, être aussi proche de quelqu'un sans jamais oser dévoiler ses sentiments le blessait un peu plus chaque jour. Il aurait aimé pouvoir lui dire à quel point il l'aimait, depuis le premier jour, mais il avait si peur que Rose décide de ne plus lui parler ensuite, qu'elle le rejette, qu'elle lui dise que ce n'était pas réciproque, qu'il se taisait encore et toujours. Elle ne semblait pas vouloir plus que leur relation amicale de toute façon et cette constatation était assez blessante.

Il tâcha de la chasser de ses pensées alors qu'il s'infiltrait dans le coulnoir. Elle lui manquait, peut-être devrait-il lui envoyer un mip, juste pour parler un peu pour lui dire de venir le rejoindre quelque part ? Mais plus tard serait le mieux. Lorsqu'il fut totalement à l'intérieur, il se sentit immédiatement oppressé par l'obscurité ambiante, comme si l'air de ce couloir était plus lourd, ou qu'un poids invisible s'abattait sur lui. Jared n'avait pas peur du noir, mais ici c'était spécial, il se sentait tout nu dans ce couloir, comme s'il était totalement à la merci de...

* PAFF *

-Aïeuh !

Jared s'accrocha à la personne qu'il venait de se prendre dans la figure pour ne pas tomber. Habituellement, il n'aimait pas qu'on lui rentre dedans, mais qui que soit cette personne, elle avait une bonne excuse. La même que la sienne, en fait. On ne voyait fichtrement rien dans ce couloir. Même les lumos ne fonctionnaient pas ici.

-Je heu... est-ce que c'est vraiment nécessaire que je dise que je ne t'avais pas vu ?

Une voix tremblante lui répondit et Canard se demanda s'il avait fait peur à la personne. La voix lui paraissait familière, il l'avait entendu très récemment, c'était sûr. Il fronça les sourcils et voulu s'écarter légèrement, mais la personne s'accrochait à son bras. Ça devait être un garçon, mais la façon dont il lui attrapait le bras lui était bizarrement familière. Il chassa rapidement cette impression de son esprit, se rappelant qu'il avait cours et qu'il devait absolument y aller.

-Je suis désolé, j'ai pas vraiment le temps là, je dois absolument aller en cours, le professeur Mantis va me tuer !

Il ne pouvait pas se permettre d'avoir une absence non justifiée pour ce cours, elle était vraiment très peu tolérante avec les mauvais élèves et favorisait les bons. Pour le moment il avait su rester dans ses bonnes grâces, mais il ne souhaitait pas en sortir, sinon il n'allait jamais réussir à finir l'année avec elle sur le dos. Ou au contraire, avec elle qui l'évitait tout le temps et ne s'intéressait même plus à ses préparations. Pas d'intérêt de la part du professeur, pas de bonnes notes. Et pas de points pour Serdaigle. Ça serait dommage.

Il allait essayer de se dégager à nouveau lorsqu'il se rappela à qui ça lui faisait penser, ce bras accroché au sien. Rose faisait pareil quand ils marchaient ensemble. Parce que Rose ne voyait pas. Parce que lâchée seule au milieu d'un couloir, Rose était perdue. Il savait qu'après s'être rendu compte de ça, il ne pourrait pas trouver la force de repousser ce garçon, qui qu'il puisse être d'ailleurs, bien que ça semblait être une de ses connaissances.

La deuxième illumination se fit.

-Enfin si heu tu as vraiment peur, je vais pas te laisser là tout seul.

Il tapota vaguement le bras de celui qu'il avait reconnu comme étant Summer pour le rassurer, puis il essaya de se rappeler où faire demi-tour. Il ne faudra pas se prendre un mur en pensant aller vers la sortie. Il lâcha brièvement le bras de Summer pour chercher le mur à bout de bras, tenant tout de même le poignet de l'autre garçon pour ne pas le perdre. Il lui avait dit qu'il le ferait sortir, ça serait bête de ne pas pouvoir le faire parce qu'il l'avait perdu. Ses doigts frôlèrent enfin le mur et Canard tourna la tête en arrière, comme pour apercevoir la sortie qui n'existait pas, puis se résigna à avancer dans le vide en priant pour avoir prit la bonne direction.

Il renoua le bras de Summer autour du sien en se demandant si Rose aussi avait eu si peur du noir. Elle vivait dedans, mais ça ne devrait sans doute pas l'empêcher de l'avoir craint pendant un moment. Il préférait ne pas imaginer ce qu'il deviendrait s'il devait vivre dans le noir. Ça serait sans doute pire pour lui. Il avait déjà connu la vue, après tout.

-Pourquoi est-ce que tu es venu dans ce couloir si tu as peur du noir ? Il y a d'autres façon de passer de l'autre côté sans emprunter ce couloir.

Ce n'était pas un comportement très logique. Il ne comprenait pas. En plus son pull le grattait horriblement à cause de l'absence de chemise. Il se gratta donc. Il était agacé à présent.

-Pourquoi avoir voulu me déshabiller ? demanda-t-il d'un ton plus sec.

La question n'avait certes rien à voir, mais c'était à cause de lui qu'il était agacé et à cause de son envie de le déshabiller qui s'était retournée contre lui.

Un chat. Un chat dans un couloir. Un chat dans un coulnoir ? Un chaton accompagnant un canard, surtout. Chaton, chaton, ou chatons ? Ou allons nous ? Un grand noir nous isolant, nous n'avons nul îlot où nous blottir dans un confort chatoyant, brillant, flamboyant, surtout. Sa main s'accrochant à sa main, Canard guidait Chaton. Pour son chat. Mais aussi pour fuir un noir couloir. Un noir couloir dans Poudlard ? Plutôt un noir coulnoir, du fond du Poudlard. Au fond du couloir, Poudlard ? Un couloir, cool, noir. Un coulnoir. Un cool Poudlard, aussi.

Mais, Chaton alors ? Sans voir, Canard savait. Il savait son port, il savait son profil. Il connaissait son attrait. Mais il faisait noir, donc voilà Canard sauf pour l'instant. Quoi qu'il arrivait, il aimait un individu pas si lointain dans l'attrait qu'il avait sur lui. Un individu qu'il avait prit, un instant, au moins sur son cap. Puis il avait couru, cramoisi, pour fuir sa tribulation. Chaton n'aurait pas agit ainsi. Canard soupçonnait ça. Canard gratta son haut. Son habit n'avait pas sa combinaison, son inconfort lui provoquait prurit, titillation, aussi. Chaton lui proposa son bout manquant qu'il gardait dans son sac, mais Canard oscilla du cap pour un non. Oh mais, Chaton n'avait la nictolp.. nyctalip... nico... Il abandonna. Trahison par son cap. Il haussa un sourcil.

-Pas pour l'instant. On y voit pas, ici.

Voilà aussi la raison qui avait fait fuir son chat dans un couloir tout noir. Son nom ? Il l'oublia un instant plus tard. Un chat, voilà tout. Ou alors un gros chat. Mais tout doux, voilà l'important. Un chat aimant, câlin, pour un Chaton aimant, aussi. Canard craignait la main du chat. Chaton, tout câlin, l'intimidait. Il l'avait fait pour un combat, pourquoi pas ici, à l'abri du coulnoir ? Sans vision, sans aucun gars pour punir un abus, un forfait ? Bisous à foison, câlins à profusion ! Il pourrait ! Chaton pourrait ! Canard fuirait, alors. Ou pas ? Oh si, il fuirait. Chaton avait un air parfait, ravissant, mais il cachait un vil goût pour un câlin approfondit. Voilà un bruit qui courait, y compris où on y voyait pas. Y compris dans un coulnoir, donc. Surtout dans un coulnoir, non ? Ou au moins, dans un couloir noir. Il avait toujours plus d'abandon, dans un couloir noir ou coin. Un contact, un frisson, amplifiant un plaisir prit dans un abandon total pour Chaton. Canard pourrait, oui. Y aurait-il du plaisir ? Il doutait. Il prit l'habit qu'il lui donnait.

-Ça va, ça va. Vils mamours qu'on lui faisait là. Pourquoi tu finis toujours par accomplir ça ?

Un habit disparu, ou plus, un gars nu sur un bois glissant. Pourquoi ? Pourquoi tant d'amour pour ça ? L'illusion d'un contact ? Un plaisir par la vision ? Canard aimait savoir, toujours, mais là, il n'avait pas comprit. Où voir l'attrait ? Où consistait-il ? Incluait-il l'accord ? Non, Canard n'avait pas voulu ça. Incluait-il l'opposition ? Il voyait mal quoi, sinon. Mais toujours, pourquoi ?

Bon. Pour l'instant, avançons. On aura plus tard un mot, un fin mot, pour ça. Canard avança.