Vous marchez, mais sans réelle destination. Ou. Si il y en a une, vous ne la trouvez tout simplement pas. Et quand bien même l’objectif est à portée de main, ça vous semble incroyablement éloigné de toute atteinte et ça vous bloque. Holmes avait lâché son crayon, au milieu de la bibliothéque. Abandonné ses notes, ou bien les avait récupérées (et elles ne valaient rien) pour les jeter distraitement en repassant dans la tour de Serdaigle. Ensuite elle était descendue sans un mot pour sa voisine de chambre, avait attrapé un carnet et quelques babioles pour effacer/dessiner/retoucher avant de s’enfuir vers les extérieurs. Sloan ne passerait pas une minute de plus à se torturer sur cet affreux devoir. Affreux parce qu’il va chercher trop loin, sans doute quelque part, au fond, où elle ne veut pas chercher.

Elle hésite à abandonner sa première idée pour un tour sur le terrain de quidditch, puis se résigne à ne pas se décevoir à nouveau en laissant autre projet à la traîne. Et, soudain bousculée par des vents étranges, elle se retrouve très près des serres, des plantes, d’un autre endroit où échapper à la difficulté. - mais elle s’en veut encore - poussant la porte menant à mandragores et autres beautés végétales dont elle n’entend pas assez les cris dans sa tête.

Parce que sa tête est pleine et vide soudain du souvenir de leurs cris.
Sloan se plante au bout de l’allée terreuse, fixe la silhouette d’ici, n’est pas certaine de, avant d’entendre la voix de ladite personne imprécise.

▬ Oh Astrod. Astrid. Oui.

Elle est plutôt sûre sa voix face à la figure blanche. Parce qu’elle l’a regardée voler près d’elle pendant deux, trois matchs. C’était tout.
Un agréable salut se dessinait sur ses lèvres, mais s’effaça puisqu’elle devait attraper des protections, ce qu’elle planta contre ses oreilles. Patienta le temps que l’idée monte. Et elle avait du mal à monter.
Puis ce ‘oui’. Elle pensait être là pour ses croquis.
Pas les plantes hurlantes.

▬ Tu peux y aller.

Ah.
Cousine de Noah.
Ouste.

Ses épaules se soulevèrent brusquement avec le cri horrifique de la mandragore - bien sûr qu'on s'habituait un jour - un jour. Ça ne dure pas. Astrid à l'air de celle faite au protocole, Sloan est moins familière de la pratique Ô combien perturbante. Pourtant elle en entend des cris, celui-là est simplement plus marqué que d'autres dans son esprit.

Son esprit qui d'ailleurs s'est décidé à faire des vagues aujourd'hui. Elle hésite entre se retirer tout de suite et rester - on dirait que la porte fait non de la tête, et elle n'a même pas de tête. En fait elle n'a rien du tout, si ce n'est une poignée. Sloan trouve sa réflexion tout à fait inutile, mais il n'y a que ses sourcils pour s'affaisser et une Astrid aux allures de lionne qui s'approche d'une démarche féline et intéressée.

La voix de la verte est saisissante, si bien que Holmes oublie tout autour, que ses joues semblent se colorer de gêne à sa question soulevée trop rapidement.

▬ A-Astrid je crois pas que ça te... Et puis ce n'est pas...

Elle a l'envie de se prendre la tête à deux mains et de la secouer tant ce qui compte sortir est absurde.

▬ Oui. J'ai trompé Noah.

Non.
Ce que tu devais dire c'était. Non. NON SLOAN.

Sloan s'était tue. Tue pour que ça s'arrête là, qu'elle ne se dérobe pas, encore. Noah avait pris un tel soin à éviter de la voir, à éviter de s'expliquer, elle ne bougeait plus. Ne comprenait pas ce qui venait de déclencher une telle colère, ne se souvenait plus des termes qu'elle avait pu employer. Si bien que son poing qui rencontre les établis la fait reculer. Elle ne peut pas davantage, elle ne s'autoriserait pas. Astrid est sa famille à lui. Si elle se met en colère, alors Sloan restera.

Et toutes ces semaines où elle ne faisait qu'entrevoir Noah, le croiser entre deux amis, l'espérer au coin d'un couloir. Rien ne la consolait de son ignorance. Elle s'accrochait à l'idée qu'on ne devait plus lui marcher dessus, elle ne voulait pas simplement répondre. Elle voulait aussi des réponses. Aussi égoïste que cela puisse paraître, simplement.

Des réponses.
Je vais te donner tes réponses.

▬ Noah m'a... quittée en premier.

Murmuré confus. Sloan relève la tête et se mord la joue. Elle ne se souvient pas de ce qu'elle a pu dire la minute précédente. Ça lui mange ses certitutes et ça appuie contre ses nerfs. La tête lui tourne très vite.

Elle repose le pot en terre cuite qu'elle tient d'une main et en silence. Pourquoi.

▬ Oui ils étaient fondés, elle commence.

Pourquoi. Retire Wesley de là. Ne parle pas de Wesley. Il va mieux alors ne parle pas de lui. Ne lui fais pas de mal comme ça. Gratuitement. Pourquoi Wesley. Pourquoi ce serait Wesley. Pourquoi toujours Wesley. NOAH.

▬ J'ai trompé... oui. Oui avec... avec... Je...

Non.
S'il te plait. Non.

▬ Wesley.

La brune rit, nerveusement, amène une main à ses cheveux. Rien d'autre ne l'atteint sinon l'égarement perpétuel entre ce qu'elle pense et ce qu'elle dit. Rien pour la prévenir qu'Astrid travaille à faire fondre ses chaînes en essayant de se faire à l'honnêteté trop maladive de Sloan. Et si celle-ci reste immobile, à la fixer qui va se blesser dans la rage, elle s'abaisse à ses ordres.

Ses genoux tremblent quand elle pense à se défaire de tout ça, c'est une furie qui passe dans son crane et qui n'en sort pas. Elle cherche à s'opposer, mais on lui crie que tout va bien. Alors elle ne sursaute pas quand son travail atterrit sur le sol avec toute la brutalité du monde. Elle lève des yeux se voulant salvateurs. Elle n'a plus de retour de ce qu'elle a bien pu lui dire.
Alors elle veut disparaître, disparaître.

Au lieu de ça, elle pense, je dois nettoyer ça.
C'est difficile, si le lion est juste là à te dévisager parce que tu es la gazelle très chanceuse, toi tu veux fondre. Te volatiliser.
Pourtant tu n'es pas de celles qui ont peur des crocs. Tu n’appréhendes pas non plus. Rien ne va exploser. Tu ne vas pas imploser non plus.
Quel est le mal.

▬ Ce que je voulais dire— Uh.

Elle s'est coupée. C'était prévisible. Elle sait plus trop. Elle se souvient qu'elle est impulsive. Qu'elle ne doit pas se relever. Qu'elle doit être calme. Elle sait qu'elle risque de paniquer. Elle sait très bien maintenant. - non, non dis pas NON - Daigne pas.

▬ Wesley. Est très important pour moi mais— elle fixe ses doigts. C'est. C'est. Pas vraiment. C'est mon meilleur ami.

C'est tout.

▬ Noah. Aimait pas que. Je sois avec lui alors. Je vais pas.

Alors tu sais ce qui se passe ensuite.

▬ Ramasser. Son égoïsme.

Pas plus que sa bêtise.
Et les tiennes, Holmes ? Les tiennes ?

▬ Ecoute.

Non tu comprends pas. Ça court dans tous les sens, c'est indélébile. C'est comme un manque, ça se faufile partout. Toi. Tu es au milieu. Bien entendu que tu as dépassé la dépendance. Bien entendu que tu connais cette peur panique et cette contemplation inutile au delà du regard d'Astrid Morgan. Un animal juste là. Là, elle t'empêche de reprendre ton souffle.

▬ Tu... peux pas comprendre.

Tes mains s'écrasent comme des enclumes, sur les éclats de ce que tu veux combler. Un vide. Un vide, il a laissé un vide. Ce qui entre. Ce qui sort sont deux choses différentes. Deux blessures qui se baladent entre les balles de vos canons. Toi. Noah. Toi épinglée au passé. Lui amouraché du présent.

Seule.
J'étais pas prête.

▬ Oui. AH AH AH...

Ça te fait rire tant c'est grotesque, ton acceptation, là, de ce que tu n'arrives pas à imaginer.
Imaginer tes mots autre part que dans l'oreille de Hartell. Tes murmures entre vos désirs d'adolescents farouches. Ton refus de l'embrasser de peur que ça s'envole trop vite. Son rire, quand il comprend ô combien innocente tu peux être. Tes caresses pour te faire pardonner une journée de plus à jouer à Sherlock avec Watson. Combien tu ne peux te lasser de ses grimaces intempestives, ses grigris stupides mais adorables. Ses sourires si peu nombreux qui te faisaient rire davantage tant ils étaient hésitants. Ta facilité à te remettre de sa solitude éternelle. Ton amour inexpliqué qui... n'est plus de... l'amour.

▬ S'il te plait laisse Wesley en dehors de tout ça parce qu'il y est pour rien. Mais Astrid j'aime plus Noah. Je l'aime plus. J'aime pas Noah‚ Astrid.

Sloan Temperance tomba les yeux au sol. Assez de tes manigances, folie de la veille, j'aimerai beaucoup ouvrir mes oreilles. Trop tard, la bleue a fui ailleurs. Elle se souvient de quelque chose, ça la frappe sans justification - la main de Noah contre sa nuque, de temps en temps, qui se prend pour un de ces adultes horriblement fougueux, du genre qu'elle ne peut pas contenir - Ou alors, c'est bestial, mais ça reste indéniable. Touché, coulé sur la pire embarcation du Poudlard Mégère. Elle est sans doute la marâtre du temps ici, mais elle, elle traiterait les pots en terre cuite autrement. Elle aurait du soin. Astrid est une hyène, une tornade. Secouant Sloan partout. De l'intérieur et du dehors. Pourtant ce n'était qu'un faux amour, qui s'essoufflait. Jamais ça devrait lui résonner à la manière d'un bon vieux marteau-clair. La Cruella Devil qui régit sur la tête d'Astrid Morgan. il n'empêche que ça lui sert. Ça fait tic-tac comme le montant d'une horloge, ça ferait presque flic-flac sur son lavabo des horreurs.

Enfin, Serdaigle brûle et ses ongles sont des diables, ses doigts des serpentins qui se taillent dans sa peau de lait. Ah Mauvaise. Ce que tu peux être mauvaise Sloan. Noie-toi, je suis pas convaincue qu'on vienne te reprendre entre les jolies griffes, les giboulées de ton incidence. Oh Cruella Devil. Si seulement tu savais te rendre.

▬ Astrid ferme-la.

Finalement, ça connait son nom. C'était pas dit avec suffisamment de conviction, parce que n'importe qui aurait continué à étaler son venin et la Morgan était, sûre pas différente. Pas mieux placée du tout. Enfin si. Aux yeux de Sloan, elle était tout son contraire et assurée et elle se contrôlerait. Holmes avait plus pour seule vision que ses pompes désastreuses qui la lynchaient de son un mètre-soixante-cinq.

Tu l'entends la rage ? Tu l'entends la non-patience ? Tu l'entends la fureur ? Le cliquetis paranormal et répétitif qui te mange la tête. Tu comprends derrières tes beaux sourires Holmes On te voit, une garce qui n'écoute que ses mensonges et à qui on mange les jupes. Et tu le sais, ça nourrit toute ton hypocrisie. Tu le sais, que les mots te dévorent l'estomac, toi catin du délire factice. Catin. Catin. Tu te laisses bouffer, t'es tellement minable en fin de compte ! Mea Culpa si t'es une pute !

▬ Mais ferme donc ta grande gueule !

Aussi facile que le mouvement de main qui repousse Astrid contre la table et t'arrache plus loin. Tu veux pas la toucher. Tu veux pas prendre le risque d'être la fille en colère qui gifle ses problèmes avec gratuité. Tu peux pas, tu peux plus. T'en as plus la force, c'est tout Sloan.

▬ T'as raison. Ça ira sans doute mal. J'aimerai qu'on vienne te voir, qu'on te secoue par le col et qu'on te dise. Qui aimer. Qui plus aimer. T'aurais bien du courage Astrid. Moi je leur cracherai à la gueule, "Putain", comme tu dis si bien.

T'étais une pourrie, oui c'est ma faute, oui. Oui. C'est la fin. Oui. Pourquoi on a grandi. Noah. Oui. C'est ma faute. Oui. Oui.

Où tu vois de la fierté.

Un regard sur ses mains, laides lui suffit. Elle oblique dans la seconde, elle baisse les yeux là et ne bouge plus. Fixe les veines qui ressortent, bleues, le sang qui cuivre, lent. Alors, c’est quoi le mensonge cette fois ? Tu n’as pas retenu toute l’action, tu sais que tes paumes cuisent sur les côtés. C’est tout ce que tu sais ? La mélodie autour est davantage brutale, tu es bousculée. D’abord, tu te demandes ce que tu fais dans la serre. Tu te demandes pourquoi tu as retiré tes gants et ta protection. Tu te demandes où est la mandragore, alors te voilà. A chercher.

A droite et à gauche, Sloan ne trouve rien. Son front se plisse, lorsqu’elle tente de relever la tête, ouvrant son champ de vision sur une enragée. Le flot d’informations est tel, qu’il te traverse sans prendre aucune forme et tu souris. Tu ne sais pas pourquoi. Pas plus qu’autre chose, à cet instant précis. Mais dans ta toute logique, tu pensais qu’un étirement simplet de tes lèvres tirerait la furie de son emportement. Sauf qu’elle vole plus haut, toi ne la distinguant toujours pas. Tu te fais bousculer, tu te soulage en te rattrapant à la table.

Sonnée.

Ses mains lui font mal. Ses mains lui font très mal. Elle y place un seuil de douleur aussi inexact que le reste. La mélodie se stabilise, tu reviens. Tu es sûre d’être là cette fois-ci. Et oui, tes mains te font mal. Les paroles que sont la mélodie t’en font plus. Elle ne comprendra pas.

Puis il lui revient tout ce qu’elle a pu dire. Vérité que tout s’est mélangé entre temps, elle est revenue à la normale. La normale Holmes ne possède pas franchement de norme. Holmes cherche d’où par la colère de sa furie. En face. Mais ça encore, elle ne comprend pas.

« D’accord. J’assume… jusqu’au bout »

Elle l’affuble d’un autre sourire qu’elle veut agréable mais qui finalement se transforme en grimace, et ce qui part de ses yeux. Elle comprend. Elle retient.

« Tu m’excuseras. Il faut que je parte. Mes mains. Elles. saignent. Pourquoi est ce que j'ai pas remarqué ça. »


Sloan ?