Andrea monta sur l'arène les mains dans les poches, attendant l'arrivée de son opposant. C'était son duel de la semaine et pas forcément une bonne nouvelle, considérant le fait qu'il n'utilisait pas la baguette et se contentait de jeter sur son adversaire des projectiles non identifiés qui étaient entassés dans une boîte. Peu importe qui se trouvait en face de lui, ça ne l'empêchait pas de tirer la tronche et il émit un petit « tsk » en voyant une deuxième touffe mentholée s'avancer sur l'estrade. Et une touffe bien reconnaissable. Il détestait Rosenbach à un tel point, il avait envie de vomir quand il pensait qu'ils avaient la même couleur.

— Yo. fit-il avec un air dédaigneux, avant de faire les trois pas règlementaires au signal.

C'était son tour. Il balança un bouquin pour commencer.

Dans un cri, il vit un parapluie atterrir sur lui. Il avait levé les bras pour se protéger et avait reculé de quelques pas, un peu désorienté. La frustration d'avoir raté son précédent lancé, d'entendre la voix de peste de Rosenbach et de s'être reçu son projectile le fit serrer les dents de rage.

— Va crever, connasse.

Il empoigna un plateau en argent qui devait venir de la Grande Salle et le jeta.

Il s'était pris le plateau. Il s'était pris la balle de tennis. Pire encore, Rosenbach s'était foutue de sa gueule. Deux fois. Il était devenu si rouge de colère et de honte qu'on aurait pu voir de la fumée s'échapper de ses oreilles, ses poings serrés tremblant de rage. La garce. La garce. La garce putain, il aurait aimé qu'elle crève, là tout de suite, que quelqu'un lui jette un Confringo. Mais il n'avait pas de baguette, alors il fouilla dans la boîte et ressortit un fer à cheval.
Tant pis, il le jeta.

Il l'avait enfin cognée et ça lui avait arraché un sourire victorieux, parce qu'il détestait finir ses duels sans avoir fait souffrir son adversaire au moins une fois. Et la garce s'était bien mangée son projectile, il aurait même presque espéré qu'elle ne se relève jamais. Quelle idée aussi de foutre un fer à cheval dans la boîte. Pire encore, quelle idée de mettre un fer à repasser ! Elle le visa en plein visage et dans un petit cri de surprise, il s'était jeté sur le côté en entendant l'objet retomber lourdement sur le sol. Mon Dieu, il serait mort s'il l'avait reçu. Au mieux, il aurait eu le nez salement cassé et une hémorragie, mais quand même. La pétasse.
Il ne prit même pas le temps de réfléchir et en rampant à moitié, il s'arma d'un vase qu'il balança.