-Hey, rendez-vous ce soir, 18h30, salle des trophées ? Ça fait longtemps qu'on s'est pas vus...

Sur ces mots, le moloch d'Emmet disparu. Effectivement, ça faisait un bon moment qu'on avait pas eu un moment à nous. C'était dommage d'ailleurs. J'l'aime bien Emmet. C'est un gentil garçon. Il est mignon, et il est bosseur. Bon, il n'est forcément à mon niveau. Mais quand même... Il fait partie des personnes que je trouve vraiment intéressante. Et puis... Il est amusant. J'aime beaucoup jouer avec lui... Je m'isole dans un couloir peu fréquenté le temps d'invoquer mon patronus-très certainement l'un des rares sorts que je maîtrise vraiment bien... Pour une fois qu'il y en a un-et lui faire enregistrer ma réponse pour Emmet.

-Je serais plus qu'enchantée de te revoir mon petit Emmet! A ce soir donc... Soit à l'heure, je ne t'attendrais pas, sinon ♪

Je souris ensuite à mon patronus dont la queue s'ouvre en grand, un peu comme pour signifier qu'il a bien compris le message, et qu'il était fier de le porter à son destinataire. J'aime mon patronus. Je l'incite donc à rejoindre Emmet, pendant que je vais travailler encore un peu à la bibliothèque. Si je veux rester la meilleure, il faut bien que je me donne la peine qu'il faut... Je m'assois seule à une table, et relis une fois de plus mon livre de sortilèges et enchantements. Ce serait mieux que je pratique, mais j'imagine que si je maîtrise complètement la théorie, je m'en sortirais mieux en pratique...

J'y passe l'après-midi, avant de rentrer dans le dortoir à 17h. Il faut bien que je me prépare correctement, pour mon rendez-vous. J'ai bien l'intention de surprendre Emmet. Enfin, autant que possible, parce qu'avec la robe de sorcier qu'on est obligé de porter, ce n'est pas facile... Mais bon, je ne vais pas me laisser abattre pour si peu. Je m'installe donc face à mon miroir, pour me maquiller. Emmet n'est peut-être pas mon prince charmant, mais c'est très amusant de jouer au chat et à la souris avec lui... On connait nos limites. Jamais on les franchira. C'est un jeu de fausse séduction. On s'apprécie. Mais ça n'ira jamais plus loin. Si jamais ça avait dû se faire, ce se serait déjà fait, de toute façon... Ce petit jeu a déjà commencé il y a trois ans quand même. Et on se connait depuis cinq ans, maintenant... Et puis... Je l'aime bien, mais il n'est pas vraiment mon idéal masculin. Il est mignon, mais pas assez. Mais sait-on jamais...

18h. Je remets ma robe. Pfff... Elle ne me met vraiment pas en valeur... Mais avoir une petite robe noire en dessous me bien plus à l'aise. Et puis, s'il n'y a qu'Emmet à ce moment-là, peut-être que j'enlèverais la robe obligatoire... Quoique. Non, elle est obligatoire. Je ne vais pas aller contre le règlement. Je compte bien garder mon uniforme. J'accroche de grosses créoles argentées à mes oreilles, avant de vérifier ma tenue dans le miroir. C'est bon. Je suis magnifique. Comme toujours.

18h15. Je quitte la salle commune pour rejoindre la salle des trophées. J'ai un peu d'avance, alors j'en profite pour flâner un peu dans la salle des armures. Elle n'est pas franchement rassurante, mais ces armures qui semblent épier le moindre de nos faits et gestes me fascine complètement. Et pourtant, cette salle est très souvent déserte, elle aussi. Comme la salle des trophées. Mais cette dernière est quand même nettement moins poussiéreuse, et ça me réussie beaucoup plus... Elle est bien plus belle, également. Mais moins fascinante. J'avance parmi les trophées et les médailles. Je m'attarde sur ceux de Quidditch. Ce sport ne m'a jamais vraiment attirée. Malgré la sportive en moi. Je crois que j'ai quelques problèmes avec la hauteur. C'est sans doute pour ça que mon patronus est un oiseau qui ne vole pas. Ou peu. Peut-être qu'un jour, j'essayerais à nouveau...

18h30 sonne. Je m'avance vers l'entrée de la salle. Et je vois Emmet arriver. Je n'arrive pas à retenir un sourire en le voyant et m'approche de lui pour l'enlacer, et l'embrasser aux coins des lèvres.

-Ponctuel, comme promis.

Je me recule un peu pour le regarder de haut en bas. Il est quand même bien fait de sa personne. Je suppose que c'est aussi pour ça que je supporte plus facilement sa présence que celle d'un autre. Je lui tends ma main, comme si j'attendais qu'il me l'embrasse, comme tout bon gentleman devrait le faire.

-Tu m'as manqué Emmet... Ca m'a manqué... d'être seul avec toi...

Et c'était sincère. On a beau être dans la même maison, et en cours ensemble... On n'est jamais ensemble, comme en ce moment. Et de temps en temps... C'était plaisant. Très plaisant.

-Il ne faudra pas attendre aussi longtemps avant de se donner rendez-vous le prochaine fois...

Débraillé, comme d'habitude. Tout à son image. Oui Emmet, tu m'as manqué. Terriblement. Mais je ne te dirais pas jusqu'à quel point. Cela te fera beaucoup trop plaisir. Et puis, dans le fond... Tu dois déjà le savoir, en fait... Je te souris presque gentillement en te voyant t'agenouiller, et embrasser ma main. Mon regard accroché au tien. Et bien décidé à ne pas s'en détacher. Pour la soirée, il n'y a que moi, Emmet, et l'ensemble de ces trophées et médailles, piégés sous un cristal qui ne leur rend pas justice. Les miens sont visibles aux yeux de tous. Ils sont fait pour être touchés. Portés. Admirés. Et pas placés hors de portée de tous. Visible sans être accessible. En fait, c'est un peu comme... notre relation, avec Emmet. On est là, l'un pour l'autre... Sans vraiment être accessibles. Ou même disponibles. Un jour, tout va se terminer. On en a parfaitement conscience... Raison de plus pour s'amuser tant que possible...

Je laisse sa main glisser sur ma joue. Mes cheveux. Je le vois sourire. Je grave cette image dans mon esprit, c'est tellement rare de le voir comme ça... Je rapproche mon corps du sien, glissant mes bras sur ses épaules, une de mes mains glissant à la base de ses cheveux, massant sa nuque... Je lui souris en retour. Le jeu commençait vraiment, maintenant.

-Toi...

Je lui souffle doucement ce mot à l'oreille. La mordillant au passage. J'aurais très bien plus lui dire que j'avais envie de lui de la même façon... Que je le désirais comme je n'avais désiré aucun homme... Je me demande si je serais suffisamment convaincante pour lui faire avaler ce mensonge... Mais comme je n'aime pas mentir, je m'en abstiendrais... Je me détache doucement de lui, toujours en souriant, glissant ma main le long de son bras, comme pour l'inciter à me suivre. J'avais envie de jouer. Je suis sûr que lui aussi. Sinon, pourquoi m'avoir contactée? Je me demande comment notre relation aurait pu évoluer sans ce côté jeu de drague que nous avons instauré... Si j'avais été un homme, par exemple... Qui sait, peut-être que ç'aurait été la même? Je me demande bien à quoi je pourrais ressemble, en homme... Je serais toujours irrésistible, j'imagine... Intelligent... Brillant... En fait... Je ne voudrais pas être un homme. Je serais en compétition avec Pete, sinon. Et personne n'égale Pete. Personne. Je suis bien en fille. Je regarde à nouveau Emmet... Et je ne peux pas m'empêcher de l'imaginer en fille. Avec de longs cheveux encadrants son visage, maquillé, marchant sur des talons trop hauts pour lui pour atteindre la taille qu'il fait actuellement... Et vêtue d'une longue robe échancrée dans son dos. Il serait magnifique. Je ne peux pas m'empêcher de rire, me glissant derrière l'un des trophées, le regardant au travers du cristal indestructible.

-Tu sais que tu ferais une magnifique jeune fille, Emmet?

J'imagine qu'il ne doit pas comprendre pourquoi je lui dis ça. Mon esprit part parfois un peu loin. Il a l'habitude... Mon regard toujours accroché au sien, je me dis que c'est sans doute moi qui inciterait le prochain rendez-vous. D'ailleurs, je me demande pourquoi il a voulu me voir, comme ça, d'un coup. Quelque chose doit bien être à l'origine de son mip... Mais je lui poserais la question à la fin de notre rendez-vous. Pourquoi gâcher le moment? Ce serait tellement dommage... Je l'ai si peu de temps pour moi... Je mets cette idée dans un petit coin de mon esprit, pour plus tard... Et je m'approche à nouveau d'Emmet, glissant une main sur sa joue, la caressant, avant de jouer avec ses cheveux, toujours entrain de le regarder fixement. Ses yeux sont hypnotisant... Même avec toute ma volonté, j'aurais du mal à m'en détacher...

-Je m'excuse de ne pas t'avoir demandé de rendez-vous... j'aurais dû...

Je me rapproche encore de lui. Montant sur la pointe de mes pieds. Comme pour l'embrasser. J'effleure ses lèvres des miennes. Mais finalement, je bifurque, embrasse sa paumette, et murmure à son oreille...

-Chat...

Un jeu innocent quand on est gamin... Je ne me souviens pas avoir eu l'occasion d'y jouer. Mon enfance a été constitué de concours et de compétition. Je n'ai jamais pu jouer, comme les enfants de mon âge. Alors je me rattrape maintenant... Je crois. Même si ces jeux n'ont plus tout à fait le même sens... Je m'éloigne doucement de lui, à nouveau. Vas-y me suivre dans mon jeu...?

Tu sais, vraiment Emmet? Tu m'en caches des choses, dis-donc... Je me demande bien qui a pu te tenir de telles paroles. Peut-être au club. Qui sait. En tout cas, il ferait une petite brunette des plus désirables. Quoique... Peut-être qu'en fille, il n'aurait pas eu la même couleur de cheveux... J'essaye alors de l'imaginer blonde. Châtain. Rousse. Poil de carotte. Ç’aurait été très drôle. Même si c'est une couleur que j'apprécie énormément. Mais non. Définitivement non. Il est bien en homme. Et en brun. Je ne veux pas l'imaginer autrement. Je ne veux plus. Parce qu'il est bien comme il est. Sinon, je ne l'aurais pas aimé de la même façon. Je ne l'aurais jamais approché. Ou il ne m'aurait pas approché. Tiens, je ne me souviens plus en détails de notre première rencontre. Je sais qu'elle a eu lieu en deuxième année. La vraie. Celle où l'on a commencé à jouer ensemble. Celle où notre histoire commune a commencé à être écrire. Enfin, façon de parler...

Et son regard qui se plonge dans le mien. Ou le mien dans le sien. Je ne sais jamais. J'aime son regard sombre. Mais il semble différent que d'habitude. On prétend que les yeux sont des fenêtres sur l'âme. Si c'est le cas, la sienne doit être perturbée en ce moment. En fait, même dans son attitude quelque chose semble différent. C'est peut-être lui qui a fixé le rendez-vous, mais il n'agit pas comme d'habitude. Mais je ne serais pas dire pourquoi. Peut-être que je me fais des idées. Ou bien... Il est légèrement plus distant que d'habitude. Ou alors, il est un peu perdu dans ses pensées. Si c'est comme ça, autant arrêter le jeu maintenant. Je ne tiens pas à perdre mon temps... Pourtant, il frémit à ma caresse. Mais est-ce de plaisir? Ou bien de surprise? Je n'aime pas vraiment ça...

Lorsque je m'enfuis, il me rattrape, il me piège contre lui. Prisonnière de ses bras. J'aime le contact de son corps. De ses bras autour de moi. De temps à autre, ça fait plaisir de se sentir comme une petite chose fragile et chérie de quelqu'un. Qui cherche à nous protéger. A nous garder pour lui. Mais je suis aussi indépendante et libre. Et c'est une chose que ma démarche démontre. Je suis une femme libérée. Et je ne resterais jamais prisonnière d'un homme bien longtemps. Mais pour quelques instants, j'accepte ma position de soumise, et je le laisse. Je souris en l'entendant. Finalement, peut-être que je me suis fais des idées...

-C'est pour ça que tu m'aimes, non? ♥

Je pivote sur moi-même, profitant de ma finesse pour cela, et passe mes bras autour de sa nuque. D'une position de soumission, je suis passée en position de force. Et là, je l'embrasse. Un vrai baiser. Pas juste un jeu, comme précédemment. Je frôle les limites de notre jeu. Ne pas aller plus loin que ça. La seule règle. De toute façon, je n'en verrais pas l'intérêt. Un baiser, ce n'est rien pour moi. Ils n'ont aucune valeur. Aucune signification. Emmet l'a compris. Et il le sait parfaitement. C'est pour ça que je les lui offre si facilement. Femmes comme hommes, je peux embrasser n'importe qui sans problème. N'importe qui. Même quelqu'un qui ne m'apprécie pas. C'est pour dire à quel point je porte une importance particulière à ces baisers...

Puis je me glisse hors de son étreinte, et je le regarde fixement. Droit dans les yeux. En fait, mes questions sont toujours là. Il faut que je lui demande. Être sûre. Sinon, le jeu prend fin. Parce qu'il n'y a aucun intérêt à jouer si une seule des personnes est réellement là.

-... Dis-moi Emmet... Es-tu réellement là?

Je pose ma main sur sa joue. La caressant doucement. La glissant dans son cou. Sur son torse. Je passe sur sa hanche. Et je pince ses fesses, en souriant.

-Tu as l'air ailleurs, mon chéri... Tu veux qu'on arrête?