La salle commune des Poufsouffle était devenue, et il n’y avait pas d’autre mot, une zone de guerre.  Normalement la pièce était toujours chaleureuse, souvent proche du bazar organisé avant que Vega ne passe et fasse nettoyer le salon commun sous peine de moult menaces et représailles, mais là c’était encore du jamais vu.  Le QG jaune avait tout de la ruche en ébullition parce qu’entre les sorciers et sorcières surexcités par l’événement, celles qui étaient au bord des larmes parce que c’était la fin de l’année et ça serait dommage de ruiner son maquillage en pleurant et ceux qui doutaient subitement de leurs tenues et qu’il fallait rassurer avant qu’ils aillent se changer une énième fois, il y avait du monde !  Wes, lui, naviguait l’ensemble tranquillement avec bonne humeur, c’était amusant de voir tous ses camarades dans des vêtements si formels.  Il s’était préparé en plaisantant avec ses camarades de chambre et remerciant le cosmos tout entier de ne pas avoir fait une subite poussée de croissance dans la nuit. Son costume noir, moldu et sobre, était encore à sa taille et c’était déjà un miracle.

Après un dernier coup d’œil réflexe pour vérifier que Garfield n’avait pas oublié une chaussure à l’habillage, il salua ses amis qu’il rejoindrait plus tard dans la soirée avant de quitter la salle commune qui commençait à sentir vraiment fort la laque magique, il espérait que contrairement à la moldue, elle n’était pas explosive près des sources de chaleurs comme les chandelles sinon, ils allaient avoir des surprises en rentrant !

On pouvait oublier directement les « Rapunzel, descend ta longue chevelure !» et autres, les escaliers étaient souvent fourbes mais ils étaient quand même bien plus pratiques pour rejoindre la tour des Serdaigles.  Wesley connaissait son acolyte par cœur, à chaque fois qu’ils se mettaient d’accord sur une heure de rendez-vous, il fallait toujours ajouter une dizaine de minutes de plus sous-entendues pour la vraie heure.  Un vieux reste d’une obsession avec les codes  en tout genre ou une tendance à être en retard compulsive ?  

Néanmoins, le jeune homme se retrouva bientôt devant la porte d’une salle commune que tous les Poufsouffles avaient brièvement occupée, il y a quelques mois de cela. Bien entendu, la porte ne s’ouvrirait pas mais il s’amusait à répondre aux énigmes qu’on lui proposait en attendant Sloan. Au milieu d’une énigme, la porte s’ouvrit néanmoins pour laisser apparaitre un visage familier.  Aussitôt, Wes avait un sourire chaleureux peint solidement sur le visage tandis que la demoiselle faisait sa descente des marches.  

« Miss Holmes. »

L’adolescent s’inclina légèrement dans une esquisse de révérence d’un air amusé, ils pouvaient bien pouffer tous les deux, l’étiquette c’était important dans un bal. Il savait qu’avec son binôme, il pourrait affronter sans le moindre doute toutes les bizarreries que le directeur leur avait concoctées.

Ô toi. Exaltation de l’euphorie maximale du jour tant attendu, le jour fatidique, le jour le plus barbare, le jour le plus sauvage. Non attendu pas barbare voyons ! Te voilà ! Tu es partout dans la salle commune, cela explique une Sherlock barricadée dans sa chambre et à peine consciente qui se contente de lister les choses à faire sur un parchemin collé avec négligence sur un miroir. Patientez. Sloan Holmes va très bientôt renaître de ses cendres imaginaires. Elle a ces horribles lunettes en forme de cœur sur le bout du nez et se souvient du dernier passage de Chèvre. Sloan aime vraiment cette chèvre. Si on omet le “C’EST LE BUMBLEBEE DAY MA PRÉDICTION VA DONC SE RÉALISER MOUHAHAHHAA.” Bon. La vérité étant qu’il n’y avait pas eu de rire diabolique au bout de la ligne parfaite de Chèvre. Le fait est que Sloan. Était anxieuse.  Sa première investigation dans une salle de bal ! Elle hésitait entre abandon total au stress et cris de joie aléatoires lancés entre Aleksandra et Elise. Point.

Puis venait l’affaire Salle Commune. Il est certain que si Holmes n’avait pas vu tant de poules chahuter en bas, elle serait sortie de suite. Le fait étant que. Non. Non, elle comptait vraiment sortir d’ici avec son T-Shirt collector des quatre fantastiques, armée en plus de ça de son Watson au bout d’un couloir. Et comprenez que c’était très facile jusqu’à ce qu’Elise lui crache toute son hilarité à la figure.
Mais là n’était toujours pas le soucis. Sloan porterait une robe, puisqu’il fallait porter une robe, après tout elle arrivait quelques fois à se faire décrire religieusement féminine. Elle portait beaucoup de jupes, également. Enfin, elle présenta à sa capitaine une robe de cérémonie funéraire. Noire. Portée deux ans avant pour l’enterrement de son deuxième hamster Hercule. Rires encore.

T. Holmes pensa ensuite que ce bustier n’était pas affreux et que les motifs magiques sur les bas de la tenue ainsi que le ruban derrière, oui celui qui pendait joliment n’étaient pas détestables. Et avec dix minutes honorables de retard, elle quitta son rêve de costume pingouin ultime au profit d’une enveloppe tout à fait surprenante, qui dansa jovialement dans les escaliers, qui lui fit se perdre sur des marches plutôt que sur le spectacle d’horreur pré-bumblebee qui se préparait tout autour.

L’élégante et remuante bleue releva les yeux et tomba sur un de ces sourires dont on ne pouvait pas se défaire très aisément. Ses cheveux, laissés tomber sur les épaules étaient relevés par une barrette adorable, elle n’avait cependant pas fait attention aux dessins sur le dessus en la laissant à sa tête.
Il était si bien habillé qu’elle ne put retenir la satisfaction sur sa face baignée par endroits de paillettes. Son costume épousait correctement son corps grandi, sans grande surprise. Lui vint qu’il était imposant, et que ça lui plaisait. Que ce Wesley, n’était en fait pas bien différent de celui de l’année d’avant, cela la ravit davantage.

Sloan s’inclina dans un élan similaire et amusé, maladroit parce que gêné par le sérieux effroyable. Enfin, elle rendit un plaisir rayonnant du bout des lèvres, elle le complimenta.

« Sir Wesley, vous m’impressionnez. Tu es très beau comme ça ! »

Les doigts de Miss Holmes trouvèrent immédiatement sa veste qu’elle toucha, curieuse.

Tout le monde connait cette scène, limite passage rituel emblématique de l’autre rite adolescent représenté dans un bon million et demi de films.  La Lady qui descendait les marches tandis qu’en bas, l’attendait son cavalier. Comme toujours ce dernier finissait, après s’être retrouvé bouche-bée, par bafouiller ou grommeler selon le type d’individu un compliment.  Mais ça, ce n’était définitivement pas Jefferson et Holmes qui se souriaient comme des gamins. Le poufsouffle laissait sa cavalière, satisfaire sa curiosité tandis qu’il laissait filer un éclat de rire.

« Il faut faire une bonne impression à Carrie si on la voit, pas vrai? »

Wesley E. Jefferson n’avait jamais su comment accepter un compliment. En presque cinq ans, il avait eu le temps de voir Holmes dans une combinaison variée d’accoutrements, uniforme scolaire et uniforme extra-scolaire, la bleue s’entendrait sans doute avec le fameux justicier masqué du château. Il avait connu Sloan avec ses cheveux longs, avec les cheveux courts de warrior™, en tenue de Quidditch et couverte de bouillasse et on en passe.  Dans toutes les tenues possibles, comme dans un énorme kaleidoscope, elle resterait toujours Sloan à ses yeux.
Aujourd’hui, il pouvait ajouter une nouvelle image au kaleidoscope. De date, c’était bien la première fois qu’il la voyait en robe, ce bon Doctor Doom et ses ennemis jurés ne seraient pas à la fête aujourd’hui.  Wesley en aurait mis sa main au feu, elle aurait été tout à fait capable de venir à un bal en t-shirt en envoyant balader le dresscode. Sloan avait toujours été une très jolie fille mais plus que cela elle ne reculait devant rien et il l’admirait pour ça.  Sa robe de bal lui allait très bien d’après lui, et il se contenta d’un simple sourire avec une sincérité désarmante toute caractéristique.

« Tu es très jolie. On y va ? »

Même si la bleue aurait osé venir en t-shirt et jean, il lui aurait souri de la même façon, comme si elle venait d’inventer des arc-en-ciel qui sortiraient automatiquement de la bouche du professeur Emerald sous le point de sortir une horreur.  Les escaliers étaient plutôt tranquilles, le gros des élèves les attendaient dans la Grande Salle, où une masse d’élèves particulièrement bien habillés piaillaient joyeusement.  Il prit la main de la bleue pour éviter de la perdre dans la foule.

« Tu te rends compte, on va dans la Chambre des Secrets ! La vraie, authentique, Chambre des Secrets ! On avait fait un devoir dessus avec Monsieur l’Erudit, comme quoi il y en aurait une pour chaque maison mais qu’elles étaient toutes cachées dans le château et on va vraiment voir ce qu’il y a dedans ! »

Bambi ou nerd d’histoire de la magie extraordinaire. Il se rendait compte qu’il devait avoir l’air d’un gamin sous le point de se rendre à Disnelyland, et ça devrait l’embarrasser plus que cela mais il n’en perdait pas le moins du monde son sourire, l’avantage d’y aller avec Sloan, elle ne le charrirait que le minimum nécessaire.

« Désolé, c’était pas très cool comme comportement.  Empêches moi de babiller la prochaine fois, tu veux bien ? »

Elle serait toute chamboulée et lui totalement excédé par le monde à l’entrée, ou alors il lui apporterait silencieusement de quoi se couvrir le poignet, ce serait très banal et en même temps tout à fait enviable. Puis, elle ferait son petit égarement de. Emmène-moi danser ou. Fais-moi tourner mais, que ça ne s’arrête jamais, oh la la, quelle jolie soirée.C’est que je suis très émue. Les scénarios s’enchaînaient, et quelle imagination. Sloan n’arrivait pas bien à décider de ce qu’elle devait dire, ou ne pas dire à son cavalier. Un sourire, c’était de suite plus abordable.

Wesley est un volcan qui s’esclaffe et s'époumone dans son magma gentil. Et. Une bonne impression était primordiale, elle hocha la tête avec plus ou moins de gravité. Carrie,

« Wesley, Carrie j’espère qu’ils ne finiront pas noyés dans le sang d’un porc, enfin, sait-on jamais. Là-bas, paraît-il, il fait très humide ! »

Et soulevée par sa remarque, elle retrouve contact loin de Carrie, approuve en lui emboîtant le pas. Mais bien sûr, elle n’oubliait pas ses instincts primaires en poursuivant les marches rebelles. Ne pas sauter sur les gens, ne pas poser de questions aux filles dans les coins, ne pas aller sous les tables, si tables il y a. Ne pas tester le buffet trop librement. Ne surtout pas finir avec le code violet.

Prendre les escaliers avec Watson ne s’avéra pas tâche ardue, ce qui ne la soulagea qu’à moitié. L’aventure était toujours bienvenue, sinon elle attendrait d’être dans les entrailles de Poudlard, ça lui irait aussi. Elle s’était contentée de sa tenue, enfin, la légèreté la surprenait et défaisait doucement sa démarche.

« Si tu t’attends à tomber sur des petits fours et Viridus en pleine transe, alors ton hypothèse est juste, Watson ! Eh qu’est ce que tu fais ? »

Qu’il lui prenne la main dans la Grande Salle la ramena à elle. Enfin, elle touchait le sol, tant qu’elle touchait le sol, il n’y avait rien à craindre. Ou peut être. Non, elle ne se pencherait pas là-dessus, elle se réservait une investigation toute particulière.
Peut être bien qu’elle avait oublié le masque sur sa table de chevet. Facile déduction, quand on a Watson au bout de la patte, il était plus dur de paniquer. Elle fixa tout de même sa manche en buvant son enthousiasme assourdissant. Elle n’osa pas dire que ce n’était plus très correct. Maintenant. Maintenant ce soir.

« Non sois pas Wes. J’ai hâte aussi ! Mais puisque tu insistes. Je veux entrer. Hinhinhin. »

Ca ne la dérangerait jamais. Bien sûr. - elle vient pour l’aventure ! - Voilà qu’elle se tait.

« Surtout ne me laisse pas seule avec une fille. Je suis sérieuse. »

Un rire de sorcière  -et on ne parlait pas là d’un rire normal d’une jeune fille ayant des pouvoirs magiques, Sloan avait un rire normal et il y avait celui non le bon vieux  et volontaire rire limite terrifiant de la panoplie de la méchante sorcière, - plus tard elle obtenait de lui une promesse d’un hochement de tête amusé aussi bizarre soit elle. Le sérieux de la requête l’amusait encore plus tandis qu’ils se retrouvaient enfin devant le portoloin.

« Ca a l'air drolement grave. Mais par pure curiosité théorique,  qu’est-ce ce qui arriverait dans ce cas ? »

On ne le répétera jamais assez, le cerveau Sherlockien avait ses mystères que même Wesley ignorait mais qu’il suivait toujours.  Cela pourrait être une sombre histoire digne des Gremlins telle qu’il la connaissait.  Puis, c’était le tour de la deuxième nouveauté de la soirée, joueurs de Quidditch, ce n’était certainement pas la possibilité de faire un saut dans le vide via portoloin qui risquait de leur faire peur. Le jeune homme le relâcha sa main qu’une fois arrivée à destination.  Le décor était impressionant et Wesley laissa échapper un « Wow » de surprise admirative pour ensuite se tourner vers Sloan avec un sourire.

« Premier arrêt : La Chambre des Secrets. Si vous voulez bien me suivre, nous allons commencer la visite.»

Histoire de laisser la place aux nouveaux arrivants, et de s’éloigner un peu du groupe pour pouvoir s’entendre parler. Bien entendu, la Chambre des Secrets se trouverait forcément sous le lac ou un autre lieu souterrain, alors cela n’avait rien d’étonnant à ce que le sol soit légèrement glissant.  Wes restait près de la batteuse pour pouvoir l’empêcher de glisser si ses chaussures faisaient des siennes.

« A votre droite vous pouvez voir des statues de serpents, à votre gauche encore des serpents et en face de vous le maitre des lieux avec dans la bouche une boule à facette disco que je soupçonne de ne pas être d’époque ! »

Et pas de cannibales en vue, si c’était pas beau ça ! Il aurait pu passer la soirée à raconter des bétises de la sorte en explorant les lieux avec Sloan, mais ça serait tellement dommage de rater l’équipe enseignante en mode chaperons désabusés. Le jeune homme apperçut pourtant une silhouette familière près de la piste de danse. Le poufsouffle leva le pouce en direction de sa capitaine avec un sourire attendri avant de se pencher légèrement pour commenter discrètement avec sa cavalière et désigner les futurs danseurs.

«Regarde là-bas, Alix est là avec Light mais j’ai comme l’impression qu’elle est un peu occupée pour le moment. Il leur aura fallu le temps, c’est bien. »

« Uh. La réaction chimique. Serait la même que toi avec un placard. »

Puisque qu'on parlait de traumatismes, sauter dans des chaussures n'en était pas un. C'était peut être sur l'excitation du moment, mais le portoiloin était la Porte des étoiles - on atterrissait pas sur les ennemis certes, mais voilà la sensation à quelques détails près - et embarquée par un bambi en pleine émulsion de joie, elle se retrouva au milieu de la Chambre la plus épique jamais entrée. Ses yeux filèrent devant son ravissement, sauf qu'elle n'en pensait pas moins, se contentait de regarder là où il voulait bien lui indiquer la légende. Enfin, la légende vivante à présent.

Les serpents étaient bien là, le plus prenant pour le regard restait la boule à facette, Holmes contempla et piqua vers le plafond à ses remarques. Il aimait réussir ses entrées n'est-ce-pas. En y pensant, quoi de plus satisfaisant que de faire un bal ici, on vous le demande. - et oui c'est humide, ça tombe bien, elle était une éponge - Et l'idiote n'avait rien prévu, trop occupée à planifier son exploration. Exploration qui s'arrêta.

En réalité Sloan cherchait quelques personnes du regard, sans grand succès, elle se reporta encore à Wesley, ça la désola, mais pas de trop.
Le tableau était étonnant. Et étonné d'ailleurs, Sloan silencieuse parcourut la description doucereuse de ses opalines. Voilà donc à quoi ressemblait un couple. La vérité étant que, les réclamations de Heatus n'étaient pas inutiles. Heatus permettait des petits miracles comme par exemple. Une Alix au bras de Light, inversement. Avec classe d'ailleurs. La bleue s'habilla d'un sourire, si ça ne tournait pas aux babillages entre Sherlock et Watson, alors on danserait tous dans une chimère monstre !

« Tu as bien fait de m'emmener. Je suis contente qu'on soit venus ensemble. Si c'était pour voir ça. Enfin. Les serpents aussi c'est bien ! »

Il y aurait sans doute de nombreux payements à des paris de longue date, certains risquaient de se retrouver plus légers de quelques chocogrenouilles mais ça en valait bien la peine en voyant les sourires de la foule. Wesley contemplait l’ensemble, certaines tenues de soirée toute à fait sorcière l’intriguaient beaucoup, mais il cherchait un certain absent. Rien à faire, pas de Slater en vue, pourtant il était presque aussi grand que lui, ça avait tendance à être bien pratique pour se retrouver dans un couloir bondé.  Il avait bon espoir de le croiser plus tard, Agrippa avait une grand pouvoir de persuasion, Wes devrait vraiment la remercier à l’occasion.

En parlant de gens et de reconnaissance, le grand dadais baissa les yeux, un peu moins que d’habitude à cause des chaussures de soirée de son acolyte.  A ses mots, il lui adressa un sourire qui paraissait si gentil, si sincère avec une légère touche de timidité qui ramenait à son âge véritable malgré son déguisement de jeune homme.

« Je suis content que tu sois venue. Et puis je perds pas espoir de voir celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom danser la macarena sorcière.»

Toujours une bétise sur les lèvres pour diffuser l’atmosphère. L’année avait été longue, assez laborieuse aussi. Difficile parfois. Mais de se trouver là, à plaisanter comme d’habitude, c’était suffisant pour Wes. Il n’avait pas besoin du super groupe de rock, des chambres interdites secrètes des fondateurs ou des éclairages drôlement écologiques à la fée. Non, d’être redevenus comme avant. Juste comme avant, quand c’était plus simple et plus facile.  A la normale, c’était un soulagement.

«On sent vraiment la fin de l’année, tu trouves pas ? Mais, ça marque le coup d’une certaine manière, c’est sympa. Tu pourras dire à ta Grand-Mère qu’on a quand même eu une boule à facette kitsh ! Ca fera un bon souvenir à garder pendant les mois d’été.»

C’était la fin d’une époque, il s’en rendait compte en croisant les septièmes années. C’était assez nostalgique d’un certain point de vue. Une petite bulle avant les examens et les au revoirs avec l'école pour plusieurs mois.

« Tu veux partir explorer un peu, ou autre chose ? Je pense pas que les Weird’Brothers auraient acceptés de jouer ici s’il y avait encore vraiment un serpent géant dans les coins.»

« Eugene, si tu sous-entends que Grand-Mère est kitsch. Tu vas te retrouver toi et ton beau costume par terre ! »

Ce costume le transportait, le transformait, le transposait jusqu’autre chose. Sloan essayait de s’y faire, comme si son œil venait pour la première fois toucher le soleil. Mais c’était Wesley ici le soleil. Il avait tant de facilité à partager sa lumineuse combinaison, elle était fière, elle y pensait. A la fierté. Sa douceur la toucha autrement que d’habitude. Elle réussit à descendre au delà de la folie générale, elle s’écarta un instant et le regarda, au lieu de voir passer autour. Celui qu’il attendait, ou celle qu’elle voulait saluer. Elle lui rendit un sourire. Un sourire de bonheur et de tendresse. Rarement ces derniers mois elle avait eu le temps de simplement lui donner ce qu’elle aimait lui donner. Ce n’était pas une récompense, un soulagement, pas même une énigme mais Wesley et Sloan. - et là seulement, à cet instant précis, ses mains quittèrent sa poitrine empourprée, elle attrapa le derrière de la sienne sans lui redonner liberté. D’une légère pression, Sloan passait.

Puis tout revint à la normale. La foule passa, un film muet redevenu couleurs et son l’instant suivant. Holmes relâchait la paume mate du philipin et retournait à sa perdition usuelle.

« Les Weird’Brothers doivent être de preux sorciers voilà tout ! Mais tu ne veux pas trouver Drew d’abord ? Ensuite on explore tout ce que tu veux. »

Elle se concentra sur le spectacle de la marée humaine, elle s’attarda sur les détails et les sourires. Ici tous les sourires étaient vrais. Certains nerveux, d’autres bancaux, d’autres encore blasés mais ravis. Des alternatives particulières à leur bonheur personnel. Alors, en toute franchise, la brune regrettait la fin de l’année. En plus, elle était presque certaine qu'Elise n'était plus la défigurée-désespérée couverte de verrues qu'elle était la semaine précédente. Ça y est, elle la voyait ! Et avec Adel en bonus.

« Eliiiiise ! »

Mais Holmes n’était pas Holmes sans trébucher pendant le Bumblebee Day évidemment.

JE SUIS UNE PUISSANTE BATTEUSE JE NE PEUX PAS TOMBER - pensa-t-elle, un éclair étonné par sa maladresse et son peu de réactivité - Oui mais tu es aussi un chaos sur pattes, fais-toi-y.

« Loin de moi cette idée : je retire tout ce que j’ai dit, pardon !»

La menace ne lui attirait juste un air amusé de plus tandis qu’il lui renvoyait la balle, il fallait jouer le jeu. Les gamineries se turent un instant, pour laisser place à quelque chose de différent. En temps normal, Wes se serait sans doute fendu d’un sourire en coin avant de demander un « qu’est-ce qu’il y a ?» intrigué à Sherlock qui l’étudiait attentivement sans rien dire.  Mais c’était différent, oui. Il soutenait son regard sans le moindre embarras. Il n’y avait rien d’autre à ajouter dans cet instant suspendu. Les mots seraient inadéquat, ils n’en avaient pas besoin, juste un contact minuscule qui en disait bien plus qu’ils ne pourraient exprimer. Il comprenait. Elle savait.

Sa main quitta la sienne et le temps reprit son cours comme si de rien n’était, un non dit pour la chambre des secrets. Un halo doré dans la foule et Sloan T. Holmes, batteuse de l’extrême, capable de lancer avec précision un cognard sur une cible à l’autre bout du terrain était sous le point de découvrir les merveilleuses lois de la physique avec les compliments de Murphy. Chaussures de soirée associées à des flaques d’eau et un sol composé de petits pavés bien sournois c’était l’accident assuré.  Sloan, si élégante et si jolie dans sa robe de soirée semblait pourtant bien décidé à tenter le grand écart. Heureusement, Wesley l’avait vu venir, cinq ans de vie commune avec quelqu’un qui avait la capacité de trébucher sur de l’air ça forge des reflexes, coucou Garfield, on le répétera jamais assez. Le poufsouffle rattrapa sa cavalière au vol, une main sur le bras et l’autre sur le dos du bustier pour la soutenir.

« Reste avec moi, Slo ! Tu t’es pas fait mal ?»

Ca aurait été très impressionnant sur une piste de danse, si seulement ils l’avaient fait exprès! Ne voulant pas tenter Murphy, Wes laissa la bleue reprendre un tantinet d’équilibre sans la lâcher pour autant. Ils avaient du avoir l’air de chats sous le point d’être fichu à l’eau.  L’inquiétude passée, le fou rire n’était pas loin.

« Le rock acrobatique, c’est un peu au dessus de mes capacités, alors on va essayer de garder les acrobaties pour le Quidditch, d’accord ? »

Wesley avait piqué son pouvoir à Flash.

Sloan s'était peut être trop attardée sur l'affolement autour. Du moins, trop pour surveiller le sien. C'était la première fois qu'un garçon l'emmenait à une fête. Alors elle ne connaissait pas vraiment la tactique. Si, la tactique. Puisque Sloan était une vraie stratège. Alors, pourquoi ne pas avoir réfléchi et simplement s'être laissée allée au courant tortueux de la soirée. - ce n'est pas qu'il n'y a pas de stratégie, c'est plus qu'elle a oublié sa liste. Liste qu'elle avait pris soin de retenir étape par étape. Un énoncé stupide de codes. Elle les connaissait pourtant bien. Avec Wesley ça n'avait pas d'importance, après tout.

Et, plus tôt, Holmes avait caché son masque autre part. Elle ne savait pas non plus. Enfin. Enfin l'aiglon se sentait bête et revint jusque Wesley, agrippa son superbe et parfait habit. Reprit son souffle.

« Je suis là, je suis là RAS ! »

Soulevée par l'élan maladif vers le dehors, elle regarde autour et ne trouve pas Elise. Garde un moment sa poigne crispée contre Wesley avant de l'attraper avec ses grands yeux, comprends, je suis pas douée Watson ! - et défaite de cet emportement, elle l'écoute, en rigole. Même si tout ce qu'elle a pensé avant lui fait lâcher le poufsouffle. Elle avance et ne quitte plus les autres du regard. Pourquoi est ce que ça la gêne.

« Pardon Wes. Tu comprends pourquoi je ne veux pas danser maintenant. Donne-moi une minute. »

Holmes se penche et inspire avant de revenir à son parfait cavalier dans un rictus à demi incertain.

« Et pour Drew alors ? »

Au moins, Sloan avait réussi à garder ses chaussures, ça aurait pu être bien plus gênant. Un jeté de jambe si peu contrôlé et une chaussure qui décollait aussitôt façon étoile ninja avant d’assommer une victime innocente un peu plus loin, là ça aurait été un peu plus gênant. Ne sous-estimez jamais la force des batteuses, même une chaussure pourrait devenir un projectile hyper précis dans leurs mains, enfin pieds pour le coup. Wesley relacha doucement sa prise avant d’avoir un petit sourire encourageant.

« Sloan Temperance Holmes, la meilleure batteuse de la saison se laisserait décourager par une flaque d’eau ? Je refuse d'y croire! Ca doit faire partie de l’expérience du bal, tu sais. Les tenues de soirée, la musique, manquer de se ridiculiser un peu sur la piste en dansant comme dans ta salle de bain. Les serpents partout ! »

Les Poufsouffles tenaient leurs promesses, en général, maison de l’honnêteté, code moral et tout ça.  Et Wesley lui avait donné sa parole : ils ne feraient rien qui la mettrait mal à l’aise, et ce n’était pas parce que c’était un bal qu’il était obligatoire de danser.  Mais il voulait faire de son mieux pour que son acolyte ne se sente pas gênée, qu’elle puisse sourire de sa bêtise et de ses techniques un peu ridicules.  Il ne savait pas ce que les prochaines années leur réserveraient, ils pourraient très bien écoper dans un an d’un treking de la mort au milieu de la foret interdite, pour une fois où ils avaient un semblant de paix, autant en profiter pour passer un bon moment.  Son regard revenait des danseurs pour se reporter fixement sur Sloan. La lumière faisait jouer des reflets de couleurs surprenantes dans ses cheveux.

« Si ça se trouve, ils sont soit très bons, ce qui est possible, soit très malins et ils ont utilisé un sort de contre glisseo et de tarantallegra sur leurs chaussures ! »

Maintenant qu’elle mentionnait une fois de plus son meilleur ami, le jeune homme reprit sa recherche dans la foule. Il espérait qu’il n’avait pas changé d’avis à la dernière minute, ça serait dommage de rater l’événement…  Et là enfin, même de dos, il pouvait le reconnaitre.

« Trouvé ! Je vois Agrippa donc il doit pas être loin.  Ca te dérange si je te laisse une seconde, je vais dire bonjour et je suis à toi de suite, je suppose que ça te tente pas trop d’aller le voir, pas vrai ? »

Il avait bien appris que mettre Sloan et Drew dans le même périmètre c’était la meilleure recette d’une potion explosive.

La bleue agita la tête pour approuver ses dires et le regarda de loin jouer à l’Indiana Jones et le Drew bien planqué. Elle ne tenait pas à expliquer l’épisode de la bibliothèque à son ami. Ça n’amènerait à rien, elle même en avait un vague souvenir nauséeux. D’ailleurs ce n’était absolument pas le moment. Elle ne devrait même pas penser à ça, il n’y avait rien à culpabiliser, rien à remettre en question. Car les énigmes défilant dans sa valse solitaire n’étaient plus et ne seraient jamais d’actualité. Drew restait le garçon courageux qui avait sauvé Wesley l’autre jour, et Sloan ne le blâmerait pas, ne s’autoriserait pas, de sa confusion les semaines passées. Elle avait autre chose à penser, une fête mise sur pause à apprécier. Aussi elle fonça dans le tas.

Comme elle s’y attendait, on n’y voyait que des masses embullées de paires qui s’éclaboussaient à la figure dans des fous rires. Holmes fit un passage bref et silencieux, qui la déposa près du buffet. Elle hésita a attraper de la nourriture, mais aujourd’hui, elle se rappelle la règle. Sloan sera Sloan. Elle est une banale agitée secouée de spasmes qui attrape les amuses-gueule par dizaine et s’empiffre. Elle imagine déjà la tête de son acolyte et se repend d’un petit rire sarcastique. Sa prochaine destination est; une chaise. Holmes s’y assoit et dessine du bout des lèvres les dessins du corps de ceux qui bougent, s’y noie, sans rien penser d’autre, sinon combien ils parviennent à être magnifiques. Et elle finira jalouse, elle le sait.

Son faciès se recouvre successivement du prisme festif du soir, du jaune, au rouge, délicatement, tout retombe vers le violet. Elle se glisse entre deux amoureux d’ici, imagine ce que ça fait, imagine seulement. C’est encore trop touché pour elle, mais le tout lui colore les tempes. Sloan arrive à distinguer le contact, celui qui se faufile de l’avant bras à l’épaule avec difficulté. Inspire et y retombe.

L’adolescent arborait un sourire beaucoup trop amusé pour être honnête tandis qu’il naviguait la foule à coup d’excuses à la recherche de sa cavalière. Il était persuadé d’avoir été particulièrement subtil et découvert une information de la plus grande importance. Evidement, il avait envie de le partager mais le choix de la confidente était une évidence. Un sourire lumineux, ou d’illuminé, cela dépendait des interprétations des uns et des autres, solidement peint sur le visage quand son regard se posa enfin sur la bleue. Quelques « pardons, excusez-moi », il revenait auprès d’elle, son larcin à la main, en ayant bien fait attention à voler quelque chose que son acolyte aimait.  Wesley lui tendit un verre avant de s’accroupir devant elle pour être à son niveau.

« Tu ne devineras jamais ce que je viens de voir ! »

Le propre d’une énigme c’était bien de laisser le temps de réfléchir. Pourtant, Jefferson semblait avoir oublié les règles basiques du jeu dans son enthousiasme.  Trop impatient de partager la précieuse information, il reprit aussitôt avec une lueur dans le regard.

« Drew tenait le bras d’Agrippa  avant que j’arrive et il ne faisait même pas la tête ! Tu te rends compte ?! Ca dépasse toutes mes prédictions ! Il faut faire un vœu ou quelque chose, une occasion comme ça ne se voit pas tous les jours ! »

Une fois le plus grand secret de l’univers révélé, il s’autorisa à se calmer quelque peu, redescendre un peu de son nuage pour prêter attention d’avantage aux subtils changements sur le visage d’albâtre.  Le jeune homme pencha très légèrement la tête sur le coté durant son observation d’une expression qu’il ne croisait que rarement sur ses traits. Wes avait depuis longtemps renoncé à lire les pensées de Sherlock, il ne savait jamais vraiment ce qu’il se tramait la haut. Les questions un peu ridicules, les à quoi tu penses, n’apporteraient jamais de réponses précises. Si Holmes le voulait, elle déviait la question alors il avait arrêté d’essayer de tout comprendre.  De la nostalgie dans ses yeux face au spectacle des danseurs ? De l’envie ? Son sourire se substitua en quelque chose de plus doux,  le poufsouffle se releva et offrait sa main à son acolyte.

« Je viens d’avoir une idée, mais il faut aller dans l’une des galeries. »

Ses obsidiennes retrouvant un sujet provocateur d'intérêt, Sloan calibra et ses lèvres se soulevèrent d’un tic perturbateur. Elle vit apparaître entre deux moutons blancs, un grand mouton noir très imposant qui se balançait avec empressement, deux verres à la main. Sloan clignait des yeux, et l’instant d’après il lui tendait sa douceur favorite.

Ses doigts se refermèrent contre la boisson, ses poils se dressèrent tant la sensation était surprenante, elle l’appuya d’un petit ‘Merci’ à peine remarquable et tenta de choisir entre son emportement et ses pupilles dilatées d’excitation, sans succès notable. La bleue abandonna et l’écouta attentivement tout en goûtant à l’eau précieuse qui avait fait de Watson un jouvenceau encore plus découvert que d’habitude.
Elle s’apprêtait à lui répondre, à soulever son verre, même, mais Wesley avait recommencé. Et elle ne pouvait pas lui en vouloir, ou se mettre à déblatérer des distractions, parce que pour une fois, elle aimerait qu’il sache lire dans les pensées. Quand ils étaient petits, c’était beaucoup plus marrant de tout se dire en face, mais ce soir elle n’aurait le courage pour rien. Aussi elle détourna le regard, le jaune s’était interrompu, elle n’avait pas eu le temps de revenir à leur légendaire poker face.

Elle lui prit la main sans discuter davantage. Ou réfléchir autrement.

« J’espère que tu prévois pas de trouver le Basilic. »

Depuis quand était-ce Wes qui élaborait les mauvaises idées sur les deux ? Il n’était pas supposé être le plus calme du duo, Watson qui suivait Sherlock dans ses entourloupes pour s’assurer que tout se passait bien mais surtout par le même élan de curiosité ? Forcé de constaté que le monde marchait sur la tête aujourd’hui ! Après tout, Drew Irwin Slater Premier de son nom avait pris le bras d’Agrippa : plus rien ne pourrait étonner le sorcier ce soir.  Le métisse avait dans le regard cette lueur espiègle du Jefferson qui avait une idée derrière la tête.

« Pire encore ! Bien plus dangereux! »

Le pire était peut être Sloan qui sautait pieds-joints dans ses mauvaises idées même si elle devait savoir déjà que c’en était justement une, de mauvaise idée ! Si l’événement avait pris place quelques années plutôt, alors qu’ils n’étaient encore que des enfants, ils n’auraient pas hésité à partir explorer en courant les souterrains. A seize ans, on évitait, on apprenait des erreurs et la chaussure farceuse de tout à l’heure en était un bon exemple. Holmes et Jefferson dans un couloir aussi vieux que l’école probablement c’était l’assurance d’une longue conversation sur la possibilité d’autres animaux géants errant dans le château avec le plus grand naturel possible. Puis probablement de qui remporterait le combat entre les dits animaux géants en question.

Wesley laissa sa phrase en suspens avant de se taire un instant pour écouter. Bingo, il ne s’était pas trompé et affichait l’ombre d’un sourire fier, vénérons tous les mystérieux pouvoirs de la science et de la physique moldue ! Comme il l’avait supposé, la forme des galeries était propice à la répercutions du son sur les pierres, une question d’acoustique. Il avait à peine suffit de faire quelques pas dans le dédale pour pouvoir profiter de la musique. Le jeune homme déposa son verre au sol sans lâcher la main de son alter-ego avant de sourire tranquillement.

« Tu veux danser ? C'est le moment ou jamais de vivre dangereusement, tu trouves pas?»

Danser dans un couloir de la fameuse Chambre des Secrets. Avec l’écho de la musique et pas de témoins. Oui, il y avait pas à dire, tu es vraiment un garçon dangereux, Jefferson! Sous les lueurs vertes, l’amusement dans ses yeux devait lui donner un lien de famille avec le chat de Cheshire.

« On peut avoir l'air idiot, il y aura pas de témoins alors tu n’as plus d’excuses, Sherlock ! Promis, je te laisserai pas tomber ! »

Amusement total. Tout simple et naturel. « Danses comme si personne ne regarde ? » Ce n'était pas ce fameux conseil que l’on donnait tout le temps? Wes n'aurait jamais osé, tout du moins sans un verre de whisky pur feu, mais avec Sloan, c'était différent.