Kalev n'avait pas encore onze ans.
A vrai dire, Kalev n'avait même pas encore dix ans.
C'était toujours le mois de juillet et le jeune fils de sorciers devait attendre la fin d'août pour enfin avoir son âge à deux chiffres.

Sa rentrée à la si renommée école de magie de Grande-Bretagne, c'était pour l'année suivante. Kalev n'arrivait pas vraiment à bien réaliser. Il ne se sentait pas si grand. Aller à Poudlard, ça lui faisait un petit peur. Comme c'était un château, c'était sans doute très grand, avec plein de monde, et son frère lui racontait des choses un peu effrayantes, comme les farces des fantômes, les passages dérobés et les araignées géantes de la forêt qui bordait le parc. Kalev n'aimait pas du tout les araignées. Ni les couloirs sombres, ni les morts, ni les les labyrinthes.
Depuis que ce même frère avait débuté ses études de sorcellerie, Kalev se demandait aussi très souvent dans quelle maison il allait atterrir. En vérité, cela l'angoissait beaucoup. Il ne voulait décevoir personne. Il savait que ses parents seraient très heureux qu'il devienne médicomage, comme eux, mais le petit garçon qu'il était alors ne se sentait pas vraiment certain d'avoir assez d'ambition pour répondre à cette attente. Ses parents, ils avaient été à Serpentard. Ils disaient souvent à leurs deux fils que leur devise, c'était « viser le plus haut possible ». Pas vraiment par vanité ; juste parce qu'ils étaient de ces gens qui aimaient donner le meilleur d'eux-même pour ne rien regretter par la suite.
Son frère, lui, était allé à Gryffondor. Kalev ne comprenait pas trop pourquoi, parce que son frère n'avait rien d'un héros, et que lui voyait Godric Gryffondor comme un héros. Les images de ses livres le rendaient très majestueux, en tout cas. Son frère était trop bêta pour lui ressembler. Même si c'était vrai qu'il était quand même pas mal courageux, ce frère. Il se moquait beaucoup de Kalev, quand il pleurait en tombant, mais il était aussi le premier à venir le réconforter.

Kalev n'était ni ambitieux, ni courageux, et il avait peur que le Choixpeau magique décide qu'il n'avait sa place nul part, et qu'il devait rentrer chez lui. Kalev ne voulait pas être la honte de la famille.

- Papa, si je vais pas à Gryffondor ou à Serpentard, j'irai o... ? ... Papa ?

Kalev s'arrêta en plein milieu du chemin de traverse. Perdu dans ses futiles angoisses, il ne s'était pas rendu compte qu'il était tout seul. Il était venu là avec son père et son frère pour acheter les fournitures de ce dernier, qui entrait en sixième année. A tous les coups, ils parlaient, ont oublié un instant le petit dernier de la famille et... résultat, Kalev se retrouvait tout seul et perdu.

Et Kalev, presque dix ans, fondit littéralement en larmes.

Icarus était jeune. Comme pour bon nombre de petits sorciers , il allait bientôt rentrer à Poudlard pour la première fois. Cette école il en avait entendu parler à maintes reprises lors des cours ennuyeux de son précepteur ou durant les petites collation que son père organisait entre adultes. Il avait déjà fêté ses dix ans quelques semaines auparavant et c'est pour lui acheter un cadeau -qu'il n'aurait jamais d'ailleurs- que son père l'avait amené au chemin de traverse.
Pas besoin d'être prophète pour savoir que cette sortie finirait comme toutes les autres. Son paternel allait forcément rencontrer quelqu'un d'influent et entrerait dans une longue discussion aussi barbante que compliquée. Iko se disait que, quitte à passer une journée comme ça, autant se faufiler loin du regard de son père et profiter un maximum des lieux avant d'être retrouvé et puni violemment.

C'est donc sans craintes qu'il s'aventura seul dans l'immense rue. L'étroitesse de l'architecture ne le dérangea pas le moins du monde dans son avancé. Il était assez petit pour se glisser dans les foules sans trop de soucis et il en allait de même pour les boutiques.
On aurait pu se demander d’où lui venait cette aptitude à fuguer si bien et vite. C'était sans aucun doute l'apprentissage sur le long terme. Son père lui avait collé un précepteur dont il devait suivre les cours au moins six heures par jours et son « rang » lui interdisait d'avoir des amis comme tout le monde. Son père était un dictateur qui s'imaginait bien des choses auxquelles Icarus ne croyait et croirait jamais. Le sang, le rang, le prestige, tout ces mots n'était que pur imbécillité aux yeux du petit garçon qui, malgré ses nombreux défauts, avait au moins le mérite d'être déjà assez mature pour son si jeune age. Mais ce n'était pas le moment de penser à ça. Il devait s'amuser et profiter du Chemin de traverse !

Flânant entre les boutiques avec des étoiles dans les yeux, le petit sorcier se demander comment se passerait sa rentrée à Poudlard et surtout, dans quel Maison il serait envoyé. Il avait fait ses petites recherches et de ce qu'il savait, il irait probablement à Poufsouffle. Il ne se voyait pas courageux comme un Gryffondor ou studieux comme un Serdaigle. Par ailleurs Serpentard ne pouvait accueillir quelqu'un comme lui. Un frisson parcourut l'échine d'Iko à cette pensée. Il verrait bien le moment venu. C'est un peu perdu dans ses pensées que le garçon bouscula légèrement quelqu'un. Il se retourna pour s'excuser et il tomba – à sa grande surprise – nez à nez avec un petit bonhomme, susurrement du même age que lui, complètement démonté et en larmes. Icarus s'approcha de lui et, sans le brusquer, prit la parole.

« Ça ne va pas ? Je peux t'aider ? »

Son camarade avec les cheveux blonds comme la paille et il les observa un instant avant de se présenter plus poliment, histoire de mettre à l'aise le garçon.

« Moi c'est Icarus, mais tu peux m'appeler Iko. »

Kalev pleurait à chaudes larmes. Il avait peut-être bientôt dix ans, mais c'était tout de même effrayant de se retrouver brusquement seul dans une grande rue que l'on connaissait à peine.
Quelques sorciers se retournaient pour le regarder, interloqués par le bruit de ses pleurs, mais aucun n'était de sa famille, et aucun ne se proposa pour l'aider à chercher son père et son frère. Alors Kalev resta planté là à renifler, jusqu'à ce qu'un autre garçon le pousse.

L'enfant s'attendait à ce que l'autre parte sans une excuse, mais il eut la surprise de le voir s'arrêter et lui adresser la parole. Agréablement étonné, Kalev cessa de pleurer, mais conserva un regard humide qu'il jeta sur le dénommé Icarus, plus grand que lui, parce qu'à cet âge comme plus vieux, Kalev n'était pas bien grand.

- Ikoooo ! Le gamin blond avait décidé que puisqu'on lui donnait un surnom, autant l'utiliser. Je suis perdu ! Papa et Orion sont trop bêtes, ils vont m'oublier, je vais rester ici toute ma vie et mourir comme un elfe de maison au chômage !

Il se voyait déjà, habillé d'une taie d'oreiller crasseuse, à réciter des poèmes devant Gringott's pour gagner quelques sous et survivre dans le dur monde des adultes, abandonné par ses pairs et livré à lui-même, sans baguette, sans ami.

Kalev attrapa les vêtements d'Icarus, reniflant bruyamment, puis continua sa complainte.

- Je suis même pas encore allé à Poudlard et j'ai pas encore été renvoyé, y'a pas de raison de m'abandonner, le Choixpeau a pas encore dit que j'étais un raté sans avenir même si mon frère dit souvent que je suis un minus pleurnichard qui se fera mené par sa baguette par les filles ! Même si je comprends pas ce que ça veut dire.

L'enfant éploré jeta un regard plein d'espoir à celui qui venait lui porter secours. Un chiot en refuge n'aurait pas fait mieux.

Spoiler:

Le petit garçon continuait de tenir les vêtements de son nouvel ami ; Kalev avait déjà décrété que Iko était son ami. Il lui avait parlé gentiment et avait l'air sûr de lui, c'était donc forcément quelqu'un de bien, et les gens biens étaient ses amis. Logique.
A dire vrai, il avait un petit peu peur que son ami s'envole, comme son papa et son grand-frère. Kalev s'était retrouvé tout seul dans la rue durant dix minutes, et cela avaient été les dix minutes les plus longues et les plus effrayantes de sa vie : hors de question de récidiver.
Par chance, Ikarus déclara qu'il l'aiderait à retrouver sa famille. Kalev renifla de bonheur et agrippa les vêtements du garçon avec sa deuxième main.

- Merci ! T'es génial ! Je pense que-. Il n'acheva pas sa phrase : déjà son ami lui proposait de s'aventurer un peu dans les boutiques. Mais j'ai pas d'argent ?

Cette information tomba dans les oreilles d'un sourd. Ikarus n'avait attendu aucune réponse, aucune consentement, et tirait déjà le petit blond derrière lui. Kalev ne lutta pas : déjà, parce qu'il ne voulait se battre avec son ami, et puis parce qu'il avait beaucoup trop peur de se retrouver tout seul à nouveau.

Ikarus le noya sous les réponses. Kalev tentait d'y répondre tant bien que mal, mais elles défilaient vite. Très vite.

- Kalev Hop-... Je crois que c'est le fu-... Oh, je vis près de-... Mon frère veut faire joueur prof-...Je vais avoir dix-...

Il abandonna : cela allait beaucoup trop vite pour lui. Ikarus ne semblait pas beaucoup s'intéresser aux réponses de toute façon. Kalev choisit le silence alors que son camarade le poussait à l'intérieur de la boutique.
Un carillon sonna à l'ouverture de la porte et, aussitôt, les deux enfants furent  assaillis par les hululements des hiboux et des chouettes qui les scrutaient depuis leur perchoir. Un immense oiseau dans une cage darda ses grands yeux oranges sur les garçons.

- Il est énorme... souffla Kalev. Il se tourna vers son ami. Tu vas entrer à Poudlard ? Tu veux un hibou ?

Après tout, il ne connaissait pas l'âge du garçon. Ce ne serait pas très étonnant qu'il soit plus vieux que lui, puisqu'il était plus grand que lui.

Icarus lâcha enfin la main du jeune garçon. Il n'avait pas vraiment fait attention à ses réponses sur le chemins, trop enjoué à l'idée de visiter le chemin de traverse accompagné par une autre personne que son glaçon de père. L'enfant avait quand même retenu le prénom de son nouvel ami : Kalev.
Non pas qu'il se fichait du reste mais il était pressé de profiter du peu de temps qu'il avait avec le blondinet.
Les hiboux ululaient à tout rompre. Icarus était aux anges. Il y en avait pour tout les goûts, des petits des grands, des moches et des beaux. Il fut interrompu dans son émerveillement par une question venu de derrière lui.

« C'est exact, Poudlard me voilà ! »

Icarus était on ne peux plus impatient d'entrer à l'école de sorcellerie. Il en rêver chaque nuit depuis sa lettre d'acceptation. Il allait enfin quitter le manoir de son père, ce précepteur ennuyant et même si ses animaux allaient terriblement lui manquer il ne pouvait cacher son envie dévorante de découvrir de nouveau horizon. Bon, par contre, coté hiboux, il n'en avait pas besoin le moins du monde. Il n'écrirait pas à son père et lui de même. Il était là juste parce qu'il aimait les animaux.

« Pas vraiment mais je les trouve merveilleux ! Ils ont l'air tous si doux tu trouves pas ? »

Icarus sortit alors de la boutique toujours en tenant la main de son nouvel ami. Après les créatures magiques, les livres étaient une vrai petite passion pour le petit garçon. C'est donc tout naturellement qu'il se dirigea vers la première librairie à portée.
Il s’arrêta net.

« je cours partout mais c'est à ton tour de choisir ce que tu veux visiter ! Dis moi ou tu aimerais aller ? »

Il ne voulait pas se montrer égoïste aux yeux de Kalev...

Waouh. Iko allait à Poudlard. Comme son grand-frère. Aux yeux de Kalev, son très récent nouvel ami venait de gagner un sacré paquet de points de maturité et une bonne dose de respect en tant qu'aîné. Kalev était comme ça, il ne pouvait pas s'empêcher de tomber en admiration devant plus grand et plus sage que lui. Parce que forcément, si quelqu'un était plus vieux que lui de deux jours, c'était toujours deux jours de sagesse de plus que lui. Logique.
Les yeux écarquillés d'adoration, le plus jeune fixait Ikarus avec un mélange de joie et de peur.

- C'est tellement cooool. Maiiiis t'as pas un peu peur de la maison où tu vas aller ? Moi j'ai super la frousse. Imagine le Choixpeau veut pas de toi et t'es renvoyé dès le premier jour... ?

Parfois, ce cauchemar stupide l'empêchait de dormir la nuit. Il se voyait hué par tous les jeunes sorciers parce que le Choixpeau ne lui reconnaissait aucun talent, ne pouvait pas le répartir et lui ordonnait de rentrer chez lui, bon à rien qu'il était.
Il se demandait, du coup, si il était tout seul, ou si Icarus était aussi dans son cas. Kalev ne fréquentait pratiquement pas les petits sorciers de son âge, alors il avait un peu de mal à se rendre compte des faits.

Un hibou traversa la boutique à tire d'ailes ; Kalev eut un petit mouvement de recul effrayé. Les propriétaires ne devaient vraiment pas avoir peur pour les laisser se promener comme ça. Il y avait bien une volière chez li, Kalev était habitué aux gros oiseaux, mais quand même, il avait toujours un sursaut lorsque l'un d'eux frôlait le sommet de son crâne.

- Je suis sûr qu'ils ont pas juste l'air tout doux, rigola le garçon. Les hiboux de mes parents sont doux en tous cas, enfin quand ils se laissent toucher.

Kalev ne comprenait toujours pas, d'ailleurs, pourquoi ses parents n'abandonnaient pas leur travail de médicomage pour se lancer dans l'élevage d'oiseaux, au vue de tous les spécimens qui traînaient dans leur maison.

Toujours entraîné par son aîné, Kalev fut guidé vers la vitrine d'une librairie. Il fit un peu la moue, parce qu'il n'aimait pas beaucoup lire. Les histoires d'aventures, de sorciers, de chevaliers et monstres légendaires étaient chouettes, mais les traités sur les propriétés du sang de dragon, beaucoup moins. Or, ses parents collectionnaient les traités sur les ingrédients de potions.
Icarus s'était toutefois arrêté, comme conscient de la réticence de Kalev à entrer là-dedans, qui se sentit alors gêné de le freiner ainsi dans sa visite du Chemin de Traverse.

- Oh ! Euh, on peut quand même entre tu sais. Mais on évite le rayon des potions si tu veux bien. Eeeeet... après, on pourrait peut-être entrer dans une boutique de baguettes magiques pour voir ? Tu as déjà ta baguette toi ?

L'objet que Kalev avait sans doute le plus hâte d'avoir entre les mains en tant qu'apprenti sorcier, c'était sa baguette ; mais ce n'était pas pour tout de suite. Lui, il n'était pas encore prêt pour sa rentrée à Poudlard.

Kalev commençait à avoir l'habitude, d'être promené du bout du bras par cet autre petit sorcier beaucoup moins trouillard que lui. Il ne le connaissait que depuis une petite heure à peine, et il avait pourtant cessé de chercher à comprendre pourquoi on le traînait à droite, à gauche, sans transition ; mais il devait avouer, en son fort intérieur, être plutôt content d'échapper au temps perdu dans les rayonnages de la librairie. C'était assez mal vu, de ne pas trop aimer les livres, mais Kalev n'y pouvait rien, c'était comme ça. Les livres illustrés les histoires de chevaliers et de grands voyages, d'accord, c'était vraiment génial pour s'endormir ; mais les vrais gros livres, sans image, qui parlaient de choses compliquées pour grands, il détestait ça, pour le moment. Peut-être que son avis changerait ; peut-être pas. Il était encore jeune après tout ? Qu'il ait déjà la certitude qu'on accepte de le prendre à Poudlard ; pour le reste, il improviserait.

Arrivé devant la boutique de baguettes magiques, Kalev écarquilla de grands yeux admiratifs. Il n'était pas avec son frère, le jour où celui-ci avait acheté sa baguette magique. Bien entendu, il l'avait vu après coup, lorsque son frre s'était pavané dans toute la maison avec en narguant son cadet à coup de « tu as vu, ma baguette est plus grande que toi ! », ce qui l'avait beaucoup vexé avant de le faire rire.

- Dire que là-dedans il y a une baguette qui t'attends, juste toi... souffla Kalev.

Mais déjà son nouvel ami le poussait à l'intérieur ; la porte se referma derrière eux dans un doux son de carillon. Intimidité, Kalev rentra sa tête dans ses épaules et se colla de près à Icarus, murmurant un timide « bon-bonjour » au vendeur. Il distinguait, du coin de l'oeil, les étagères où s'empilaient des tonnes de baguettes. Il palpa la poche de son pantalon à la recherche de ses lunettes, pour mieux voir tout ça, mais il ne les trouva pas. Ce devait être sa mère qui les avait. Ce n'était encore pas trop grave, il ne voyait pas si mal ; mais les médecins l'avait prévenu, que sa vue allait se dégrader ; la génétique, qu'ils disaient. Un truc super compliqué qu'il avait hérité de son papa.

- Tu as vraiment acheter ta baguette maintenant ? questionna-t-il à voix basse. Enfin tu voulais peut-être faire ça avec ta famille ?

Kalev craignait un peu que l'autre garçon se force pour lui faire plaisir, en voyant combien le petit blond s'émerveillait lorsqu'il entendait le mot "baguette". C'était important comme instant, l'achat de sa première baguette magique ; Kalev ne voulait pas tout gâcher. Alors il regardait Icarus avec une expression gênée, comme soucieux d'être de trop dans cette boutique.

Kalev sentit ses joues rosirent ; il ne le dirait pas, parce que ce n'était pas le genre de choses que l'on disait sans passer pour quelqu'un d'assez égocentrique ou minaudant, mais il était très content d'avoir le privilège d'assister à l'achat de la première baguette de quelqu'un. Kalev n'avait pas énormément d'amis ; il était souvent trop timide pour jouer avec les enfants du quartier et restait seul jusqu'à ce qu'on lui tende une main ; un peu à la façon dont Icarus l'avait fait. Comme pour ces autres enfants, l'échange ne durerait sans doute pas plus d'un morceau de journée, mais ce n'était pas très grave, dans le fond. En cet instant, il s'amusait beaucoup et avait le sentiment d'assister à quelque chose de grandiose.

Lorsque la première baguette fut sortie de son étui de protection, Kalev ouvrit de grands yeux ébahis. Elle était vraiment belle, propre et grande. Elle avait l'air d'attendre qu'on la prenne et qu'on l'utilise ; mais lorsque le papier prit feu, le petit blond sursauta et fit un pas en arrière, légèrement apeuré. L'incident fut néanmoins rapidement maîtrisé par le vendeur qui avait l'habitude de ce genre de petit problème. Les sorciers ne trouvaient pas tous baguette à leur main dès la première tentative ; mais la seconde suffit pour Icarus pour trouver sa nouvelle partenaire.
Des étoiles plein les yeux, il recueillit quelques uns des pétales de lys dans sa main, paume ouverte vers le plafond. C'était de la magie incontrôlée, mais de la belle magie, à n'en pas douter.

- On peut dire que t'es un vrai sorcier maintenant... ? demanda timidement le cadet. Moi, une des premières fois où j'ai fais de la magie, c'était un peu nul. Mon frère m'embêtait et j'ai transformé se batte de Quidditch en oreiller. Alors qu'il est même pas batteur.

Son frère adorait le Quidditch, mais jugeait que seul le poste de poursuiveur était classe, et ce frère tenait beaucoup au concept de classe. Kalev ne comprenait pas tout à ce sujet, d'ailleurs mais il avait abandonné depuis longtemps de chercher à comprendre ce grand nigaud de frangin. C'était quelqu'un de gentil, mais aussi parfois d'un peu bizarre. Ses parents soupiraient souvent lorsque Orion agissait étrangement, d'ailleurs, un peu comme désespérés d'avoir un fils paradoxalement aussi gentil et aussi bête.

Pendant que son ami déposait les gallions que valaient la baguette dans les mains du vendeur, Kalev quitta la boutique et attendit juste devant la porte que le jeune sorcier le rejoigne. Les mains croisées dans le dos, il regardait ses pieds, intimidé par toute cette foule autour de lui. Il ne savait toujours pas où il retrouverait ses parents. Peut-être étaient-ils en train de le chercher ? Ou, peut-être, au contraire, ne s'étaient-ils toujours pas rendus compte qu'ils l'avaient perdu ? Ils devaient être très occupés, avec l'achat des fournitures scolaires d'Orion. Ils n'avaient peut-être pas assez de temps pour s'apercevoir que leur plus jeune manquait à l'appel ; d'autant plus que son frère adorait accaparer l'attention.

Icarus finit par quitter la boutique de baguettes, à son tour ; Kalev leva vers lui des yeux un peu égarés.

- Et maintenant ?

Icarus semblait avoir toujours un endroit où le traîner, alors il allait sans doute être encore ballotté ; à moins qu'il n'ait fini ses achats et décide de rentrer chez lui, après tout.

Icarus avait encore du mal à se remettre de la scène. Il avait enfin sa baguette magique ! Sa propre baguette ! Il était si heureux qu'il aurait pris Kalev dans ses bras mais se retenu pour ne pas lui faire peur plus que de raison. Il fallait dire que le jeune homme se comportait avec lui comme avec un ami d'enfance sans que ça ne lui pose aucun problème mais peut être que le petit garçon pensait autrement ? Avec un immense sourire il hocha la tête.

« Ouaip ! Un vrai sorcier ! » dit-il avec joie. Il rajouta : « Oh tu sais ça n'a pas besoin d'être prodigieux ou sensationnel hein, il suffit que la magie soit là après tout. Moi la première fois j'ai juste éternué des fleurs, c'est pas prodigieux non plus mais c'est marrant en y repensant, tu trouves pas ? »

Rien ne pouvait briser l'engouement d'Iko. Ce petit bout était une vrai pile à bonne humeur et il comptait bien la partager avec son nouvel ami. Mais il repensa à sa réflexion, peut être se montrait-il trop amical avec Kalev ? Avec une petite moue boudeuse il lui posa la question de but en blanc.

« Tu me dis si je suis trop collant ? »

Voilà, c'était dit. Après avoir payé le vendeur, Icarus se faufila hors de la boutique à la suite de son camarade. Maintenant ? A vrai dire il ne savait pas trop. Plus le temps passait et plus son précepteur ou son père le gronderait durement mais il s'en fichait complètement. Là, il voulait juste profiter de cette belle fin d'après midi. Le regard songeur, le futur Serpentard leva les yeux au ciel.

« Mmmh…Et si on allait à la boutique de Balais & Quidditch ? »

Si son partenaire ne s'en était pas encore rendu compte il fallait bien avouer que Iko avait les moyens de s'offrir pas mal de choses. Bien que ce soit différent aujourd'hui étant donné qu'il faisait ses achats sur ses économies. Il voulait voir les balais et toute la panoplie qui va avec, protections, balles, battes, tout !

« Oui allons la bas ! »

Il attrapa le jeune garçon par la main et l’emmena droit vers la boutique en question. Sur le chemin le petit O'Neil posa tout un tas de question à son ami. Comme si il ne l’embêtait pas assez comme ça...

« Bon alors toi, si tu décidais, tu aimerais être dans quelle Maison ? Et ta baguette tu l'imagines comment ? Tu penses qu'on va rencontrer des filles à Poudlard ? »

- N-non, tu n'es pas collant, c'est plutôt moi... ? Je traîne dans tes pattes désolé.

Kalev joua nerveusement avec ses mains en regardant le sol. C'était lui, le premier à s'être agrippé à Icarus par peur de rester tout seul dans cette grande jungle urbaine. Dans le fond, c'était plutôt à lui de faire en sorte de ne pas trop être un poids pour le jeune sorcier. Il était plus grand que lui, il n'avait sans doute pas envie d'être gêné dans la préparation de sa rentrée par un enfant geignard, malgré sa grande gentillesse.

Ses petites peurs furent néanmoins inutiles et complètement effacées par l'agitation du garçon qui l'accompagnait, visiblement incapable de tenir en place. Il avait à peine eut le temps de réfléchir à la proposition, ou de comprendre de quoi il en retournait, qu'il s'était retrouvé propulsé dans la foule, en chemin vers la boutique d'équipement de Quidditch. Pour être certain de ne pas se perdre, Kalev referma sa main sur celle de son aîné, angoissé à l'idée de se retrouver de nouveau tout seul dans ces grandes rues.

- Dans quelle maison... répéta le blond, songeur. Mon frère est à Gryffondor, mais mes parents viennent de Serpentard. Mais je suis pas comme eux ? Ni courageux ni ambitieux. Donc je crois que le Choixpeau ne voudra pas de moi. Toi tu sais où tu iras ?

Il eut un rire nerveux et se gratta la joue de sa main libre. C'était tout à fait ça, on allait le renvoyer chez lui et il se contenterait de faire la vaisselle pour toujours. Kalev avait très evie d'apprendre la magie, mais ce n'était pas une ambition suffisante pour rejoindre la maison de Serpentard, n'est-ce pas ?

- Enfin si je pouvais aller à Serpentard pour pas être renvoyé chez moi ce serait bien. Pour ma baguette, euh... Il n'y avait jamais vraiment réfléchi à ça, par contre. Une qui ne casse pas facilement ce serait bien. Et qui ne soit pas trop dure à utiliser ?

Puis, sans qu'il ne sache trop pourquoi, Icarus évoqua les filles. En soit, ça semblait assez logique de rencontrer des filles à Poudlard, c'était une école mixte. Peut-être que le garçon n'était pas au courant ? Peut-être qu'il vivait dans un village sans fliles ? C'était une possibilité après tout.

- Mon frère parle tout le temps des filles alors je crois que oui. Il essaye de les impressionner mais ça marche pas vraiment. Il reçoit des lettres de filles parfois, mais ça dure jamais vraiment je pense, parce que la signature change souvent.

Kalev ne lisait pas spécialement la correspondance de son frère aîné, mais ce dernier laissait souvent traîner ses affaires, alors plusieurs fois, il était tombé sur des lettres assez mielleuses signées du nom d'une jeune fille, qu'il avait ensuite déposées dans la chambre de son frangin, l'air de rien.