Battles of ideas, oppositions of minds - Waël & ann

Une fois de plus, Nemesis avait du rester enfermée une après-midi entière dans la bibliothèque pour pouvoir terminer un languissant devoir d'Arithmancie, matière qu'elle avait appris à exécrer tout au long de sa scolarité de jeune sorcière. C'était une science qu'elle trouvait assommante, trop carrée, ennuyante, bref, elle ne portait pas cette matière dans son cœur et avait accumulé beaucoup de lacunes au cours de ces six dernières années. Enfin, il fallait bien qu'elle vienne à bout de ce devoir ! Elle s'était courageusement emparée de sa plume et de son parchemin, qu'elle avait noirci d'encre, rapportant ses réponses dont elle n'était absolument pas certaine de la justesse. Elle appliquait la doctrine du "vite fait, mal fait" car elle n'avait pas le courage de vérifier ses résultats; elle avait même omis certaines questions, laissant à ces endroits-là un espace vide caractéristique de l'incertitude que pouvait ressentir une élève qui n'avait jamais fait l'effort de travailler sérieusement en Arithmancie. Lorsqu'elle avait terminé, elle avait laissé retomber sa plume sur le bois de sa table, sans se soucier des dommages que cela pouvait causer, et s'était penchée en arrière pour s'étirer sur le dossier de sa chaise en grognant.

Son regard s'était alors perdu dans les étendues vertes que le parc offrait à ses yeux, de l'autre côté de la fenêtre la plus proche. Inconsciemment, elle avait glissé une main dans son sac, toujours aussi rempli, débordant d'innombrables babioles dont elle ne pouvait se séparer. Ses doigts s'étaient refermés sur une matière pelucheuse, certainement un bout de bras d'une de ses poupées vaudou. Elle avait tiré pour dégager l'objet mais avait rapidement entendu un désagréable bruit de déchirement. Sursautant, elle remarqua qu'elle avait arraché le bras de la poupée, qui gisait piteusement, démembrée, sur le rebord de son sac. Nemesis avait contemplé la dépouille, en se demandant si la personne que représentait la poupée en avait souffert -le nom de cette personne ne sera pas dévoilé ici, afin de ne pas blesser un éventuel lecteur.

La grande blonde avait rassemblé ses affaires pour les fourrer tant bien que mal dans son sac avant de rejoindre un groupe de Pouffsouffles qui s'était installé un peu plus loin et qui discutait joyeusement. Elle prit rapidement part à la conversation, qui portait grosso modo sur les programmes estivaux de chacun. Nemesis, comme chaque année, prévoyait de passer les deux mois au Brésil, avec ses parents, ses deux petits-frères et ses grands-parents. Elle retrouverait sa grand-mère, avec qui elle échangerait de nouvelles astuces ésotériques.

Soudain une voix ô combien agaçante et familière l'interrompit alors qu'elle venait de prendre la parole. Au départ, elle décida de l'ignorer, en incitant ses camarades à ne pas lui accorder de l'importance, à l'aide de regards insistants. Voyant que la phrase s'éternisait, Nemesis poussa un soupir qui souleva et rabaissa ses épaules. De toute façon, qu'est-ce-qu'elle avait à perdre ? Il fallait bien qu'elle cloue le bec à ce garnement quelque fois ! Elle se retourna donc en s'appuyant avec son coude sur le dossier de sa chaise, optant pour un regard ennuyé mais nonchalant. Waël. Nemesis, qui s'était liée d'amitié avec Ann, une jeune pouffsouffle qu'elle avait pris en affection, ne comprenait absolument pas comment cette dernière parvenait à supporter ce gosse arrogant et insupportable. Se redressant, elle répliqua, en battant des cils et en en sifflant entre ses dents:

-Salut blanc-bec, tu as l'intention de te joindre à nous ? C'est quoi ton programme cet été ? Tu vas encore jouer à la mouche plate et enquiquiner tout ceux qui ont le malheur de croiser ton chemin ?  

Battles of ideas, oppositions of minds - Waël & ann

Ce sale gosse commençait réellement à lui taper sur les nerfs. La moutarde lui montait peu à peu au nez, Nemesis ne tarderait pas à exploser, malgré la longue séance de méditation qu'elle avait entreprise le jour-même, prévenante. Du coin de l'œil, elle vit plusieurs Pouffsouffle esquisser un sourire moqueur, qu'ils ravalèrent aussitôt en croisant son regard agacé. Oh, ce n'était pas à eux qu'elle en voulait, mais plutôt à l'insupportable énergumène qui était en train de gâcher sa soirée et d'interrompre une agréable conversation. La grande blonde pinça l'arrête de son nez, dans un geste de pure irritation tout en écoutant d'une oreille les âneries que proférait Waël, dont la présence lui était de moins en moins soutenable, si elle l'avait un jour été. Ses paroles ne lui firent pas la moindre peine ; elle pourrait très bien se débrouiller sans lui. Et cela l'aurait étonnée si le seul moyen pour elle de survivre à la fin du monde était qu'une mouche se pose à ses côtés. Elle répliqua en haussant la voix :

-Je ne te trouve pas très aimable ! Je t'ai pourtant invité cordialement à te joindre à notre joyeuse conversation. Mais en guise de remerciement, tu ne fais que briser l'agréable moment que nous passions ! C'est bien dommage, je suis sûre que ta participation aurait été très gratifiante.  

Nemesis eut un sourire en imaginant l'imbuvable petit Serpentard prendre part à cette conversation. Non, décidément, cela n'aurait pas pu se faire. La discussion aurait bien vite tourné au vinaigre.

-Puisque tu n'as pas l'intention d'être agréable, je vais gentiment te demander d'aller te poser ailleurs. Tiens, là-bas, ce fauteuil m'a l'air très agréable ! Passe une bonne soirée et, avec un peu de chance, à jamais !  

Puis elle se retourna en croisant les doigts pour que, effectivement, Waël se décide à s'éloigner et à abandonner ses odieuses diatribes. Se réinstallant confortablement dans son siège, elle lança un regard circulaire à toutes les camardes qui l'entouraient, essayant de les convaincre par ce geste s'ignorer l'exaspérante créature à laquelle elle tournait maintenant le dos. Soudain, elle entendit une voix joviale et bien plus agréable que celle qu'elle avait entendue précédemment ; une voix qu'elle connaissait bien et qu'elle appréciait. Se retournant, elle s'exclama avec le même entrain :

-Ann ! Elle n'hésita pas une seconde à dénigrer l'exécrable petit Serpentard; Ann était bien placée pour connaître la haine que se vouaient ce dernier et la grande blonde: Nous étions en train de discuter jusqu'au moment où ton ami,    elle lança un regard oblique et agacé à l’intéressé, nous interrompe !  

Nemesis se sentait tout de même bien bête; elle avait dix-sept ans, et se rabaissait trop facilement au niveau de cet insupportable gamin. Elle se ridiculisait en pensant bien répondre et faire taire son adversaire, mais en vérité, elle offrait un spectacle risible à ses camarades.

TIENS WAËL, PARCE QUE C'EST EXACTEMENT TOI ♥:

ANN ♥:

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« Blablabla...» Mima Nemesis sur ses lèvres et à l'aide de ses mains, tandis que cet affreux garnement racontait la vie ô combien passionnante d'un casse-tête que lui avait prêté Ann, en prenant soin de se cacher de la vue de cette dernière. Franchement, Nemesis trouvait tristement ridicules les tentatives de Waël pour attirer l'attention de sa camarade, et de tout le monde en général. La grande blonde se sermonna intérieurement ; c'était très mauvais pour son karma de critiquer ainsi les gens, surtout quelqu'un comme cet adorable petit... Non, décidément, elle ne pourrait jamais s'y faire ; Waël était tout sauf facile à vivre. Elle étira la peau de son visage entre ses mains tout en levant les yeux au ciel lorsqu'elle vit ce vil petit serpent chuchoter à l'oreille de sa protégée -qui était, dans ce cas-là, également sa protectrice. Qu'importe ce qu'il pouvait dire, les justes et les honnêtes vaincraient ; Waël s'était délibérément et désagréablement incrusté dans un moment convivial et détendu, un de ces moments que Nemesis affectionnait tout particulièrement. Et ça, elle ne pouvait pas l'accepter. Elle faillit exploser lorsque le petit gredin émit l'horrifiant mensonge sur la prétendue endoctrinement exercée par Nemesis sur ses camarades, cette dernière se retint à grand-peine de joyeusement lui balancer une chaise à la figure, ou bien un exemplaire d'un de ces immenses grimoires qui trônaient pas très loin, à portée de main. Lorsqu'il en vînt à critiquer son devoir, Nemesis émit un cri offusqué, en levant les mains au ciel, éberluée.

-D'où et depuis quand tu m'espionnes quand je travaille ? Non mais c'est le monde à l'envers ! Mêle-toi de tes oignons ! J'ai trois ans de plus que toi et, vu ton niveau, je n'ai rien à apprendre de toi, fripouille ! Je n'ai aucun commentaire à recevoir de ta part, merci !   s'écria-t-elle en se levant brusquement, les cheveux ébouriffés. Ann ! Ann ! Franchement, tu crois que c'est normal ? Je me sens AGRESSÉE, c'est du viol d'intimité, vous m'entendez ? DU VIOL D'INTIMITÉ !   Mais les deux jeunes gens semblaient plongés dans leur conversation (enfin jusque-là, Waël avait été le seul à ouvrir la bouche).

(enfin jusque-là, Waël avait été le seul à ouvrir la bouche)

-Je demande réparation.

Nemesis cligna des yeux, le regard fixé sur le chocolat qui gisait entre les mains de ce vicieux personnage. Ses poings et sa mâchoire se serraient et se desserraient, attestant de son intense effort pour essayer de contrôler la crise de colère montreuse qui menaçait de s'emparer d'elle et de faire s'effondrer Poudlard tout entier. Quoi ? Il comptait acheter sa victoire à coup de sucrerie ? C'en était fini de la tranquillité (plus ou moins apparente) de l'aînée. Elle n'entendit même pas les remarques d'Ann.

-Rogntudjuu  , siffla-t-elle entre ses dents.

-C'est valable pour toi aussi. Tu bossais sur quoi au juste ? Je ne pose pas la question à Waël parce que je suis sure qu'il ne bossait pas.

Nemesis fronça les sourcils en regardant Ann, l'air de dire «N'en rajoute pas s'il-te-plait». Parfois, les remarques de sa camarade Pouffsouffle l'agaçaient; elle était tout de même la plus âgée ; c'était plutôt à elle de montrer l'exemple et non l'inverse ! Mais elle devait admettre que son comportement en ce moment-même n'était pas très exemplaire. Alors elle se relaissa tomber dans son fauteuil, ignorant les regards scrutateurs de ses autres camarades et se plongeant dans l'observation obstinée des lacets de ses chaussures; elle boudait. Oui, on pouvait faire plus mature comme réaction, certes, mais au moins elle ne hurlait pas comme une harpie, et c'est ce qu'il y avait de plus souhaitable pour les pauvres tympans de son entourage qui en avaient déjà pâti. 

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«Mon dieu, et dire que mon après-midi avait bien commencé...» Pensa Nemesis, en proie à un désespoir difficilement égalable. Un étrange calme s'empara d'elle, comme si cet énergumène et ses discours impertinents au possible se trouvaient dans une autre dimension. «Dans les enfers si possible, ou bien dans un lieu si horrible que ça lui fermerait le caquet.» Pesta-t-elle intérieurement. La grande blonde se renferma peu à peu dans ses pensées, obstruant mentalement tous ses sens pour ne plus entendre que les battements apaisés de son cœur; une tactique infaillible lorsqu'il s'agissait de se débarrasser de la présence exaspérante d'un gamin comme celui qui continuait à déblatérer des paroles insensées à quelques mètres d'elle. Elle se sentait couler dans son fauteuil, qui lui semblait soudainement si doux, si confortable; les conversations qui fusaient dans la bibliothèque n'étaient plus que des murmures qui la berçaient doucement. Elle était loin, loin, très loin, dans une paisible contrée, parmi un peuple pacifique, dénué de quelque individu insupportable qui s’évertuerait à enquiquiner ses semblables. Malheureusement, son doux rêve s'émietta peu à peu tandis que les paroles de Waël venaient lui irriter les oreilles. La jeune femme se redressa, irritée et, voûtant son dos à la manière d'un vieux chat elle lança un regard agacé à l'exécrable petit Serpentard qui, décidément, n'avait pas sa langue dans sa poche. Nemesis se dit que la prochaine fois qu'elle le croiserait elle aurait un de ses savons au jasmin et décrasserait avec ce dernier la langue de ce sacripant.

-Même les jumeaux sont des anges à côté de ce monstrueux gamin  , murmura-t-elle en plissant des yeux et en croisant ses mains sous son menton tout en faisant référence à ses garnements de frères.

La tension était retombée; Nemesis se sentait éreintée, tout ce qu'elle voulait maintenant, c'était se laisser tomber sur son lit ô combien confortable. Alors elle se leva, perdant l'équilibre et manquant de retomber illico sur son siège avant de se diriger en traînant des pieds vers ses deux jeunes camarades. Voyant que la barre chocolatée pendait toujours de la main du petit serpent, elle s'en empara, l'ouvrit et en prit une bouchée tout en s'éloignant avant de lancer nonchalamment:

-Salut Ann ! Ne lui parle pas trop, tu risques de lui donner des idées... Tu sais ce que j'en dis ? Ne parle pas aux idiots; ça les instruit.  

Elle s'était résolue, avec beaucoup de regret, à abandonner sa protégée aux mains de cette affreuse fripouille; plutôt que défaitiste, Nemesis se voyait comme une incorruptible pacifiste qui ne voulait que le bien de toutes les créatures qu'elle rencontrait [représentation qu'il conviendrait de nuancer bien évidemment]. Plus tard, elle ramasserait les pots cassés et réconforterait Ann. La jeune femme se dirigea, satisfaite, vers la sortie de la bibliothèque mais rebroussa chemin lorsqu'elle se rendit compte qu'elle avait oublié ses affaires; retournant sur ses pas, légèrement humiliée, elle lança un ultime foudroyant regard à Waël et un sourire d'encouragement à Ann avant d'à nouveau prendre le chemin de la sortie.