You are in danger and I am this danger - Benedict

Date d'inscription : 02/06/2014

Le couloir savonnette était désert. Enfin, ce propos ne reflétait pas totalement la réalité, tout était très relatif.
Si aucun élève n'arpentait ce couloir il n'en était pas moins empli de vie. Outre les bulles colorées, on entendait des huées, des acclamations, des rires. De temps à autre, des éclairs de lumière inondait l'allée. L'explication de ces phénomènes peu courants était très simple : c'était la fin d'un duel de sorciers entre un Serpentard et un Gryffondor.
C'est le moment que choisit Ann pour arriver. Elle jeta un coup d'oeil dans la salle des duels et... un immense sourire étira ses lèvres. Le Serpentard, soit Benedict la hantise d'Ann, venait de se faire battre à plates coutures et semblait de très mauvaise humeur.
Je crois que je vais l'achever...
Ann repartit au bout du couloir, amusée. Elle attendit que les spectateurs du duel évacue la salle et que le couloir soit de nouveau vide. Benedict sortit le dernier.
Tue-le !
Non, je vais le faire agoniser très lentement... Lui faire du mal...
Qui aurait pu croire que derrière de beaux yeux verts teintés d'innocence se cachait une tornade noire de désir de vengeance et de haine ? Qui comprendrait pourquoi Ann avait besoin d'accomplir une telle vengeance ? Personne... Sauf peut-être celui qui était à l'origine de ce chaos.
La jeune fille lança, de sa voix la plus méprisante, pour piquer à vif sa victime.

- Bah alors, tu as perdu ? Toi, le grand Benedict ? Toi, le bourreau des cœurs ? Quelle honte ! Moi qui croyais que tu pourrais te tirer de là en claquant des doigts... Tu n'es peut-être pas digne des éloges que certaines personnes te font...

Oui, c'était méchant. Non, ça ne collait pas avec la personnalité que beaucoup connaissait d'Ann. Mais ça lui faisait tant de bien...

Date d'inscription : 06/03/2014

loin de cette puérilité qui colle à ta peau !

Benedict sort tout juste d'un duel – et il en sort en perdant, drapé dans un ridicule pompeux. La défaite ne l'aurait pas notablement agacé s'il n'y avait eu cet assemblage hasardeux de sources d'irritations, dès son réveil – l'aveuglement d'une luminosité blafarde, la douleur de la réminiscence constante de son cœur craquelé, gercé par son amour paralytique.
Tout.
La solitude perfide, que l'on espère chasser par des voltiges de baguettes – duels poussiéreux et inutiles, placebos grossiers ! Surtout lorsque ce que l'on en retire n'est guère qu'une parodie de parure, putride de honte et d'orgueil agonisant... Il n'a jamais vraiment pu compter sur un potentiel magique d'exception – son seul talent pour les sorts ne s'étalant au grand jour que lorsqu'il se trouve sous l'influence d'émotions profondes et tranchantes. Comment n'être qu'écumeuse jubilation, ou volcanique courroux lorsqu'on ne connaît pas même les yeux de son adversaire ? Ces catharsis exhumées du fond des traditions arriérées, n'impliqueront jamais le cœur – nulle noblesse dans la victoire, mais toujours le déshonneur cuisant de l'échec...
Les yeux traînant au sol – non loin de sa fierté malmenée – Benedict s'efforce d'ignorer les rires des regards s'élançant cruellement sur lui ; l'on laisse cracher un instant son regard rasséréné, puis l'on sort la tête moins proche des bas-fonds qu'à l'accoutumée... Lorsqu'il ne distingue plus personne dans la salle grandiloquente, il juge bon de sortir, le déni et l'énervement voguant dans son regard – de la plus criante des manières il est vrai. Sa journée vient de s'envelopper d'un halo filasse, lui donnant l'envie d'aller remâcher son amertume seul et tout déformé de haine injustifiée...
Et puis l'occasion fait la stupidité d'amener sa face juvénile à lui – juste au nez crochu de sa colère bouillonnante...
Il lui sourit, pétillant de condescendance.
▬ Oh, eh bien, qu'y a-t-il, petite fille ? Tu es en quête d'adrénaline, d'action dans ta petite existence monotone ? Il est vrai que ta belle gueule d'enfant sage et première de la classe ne doit pas t'assurer une vie bien trépidante...
Il irradie littéralement l'agacement – la maîtrise également. Sa patience s'effrite avec application – il n'a nul besoin d'une gamine lasse de son quotidien fade ! il désire s'isoler et s'emmurer dans ses lâchetés, et dans l'horrible complaisance qu'elles lui apportent.
Rien de plus.
Alors, un écho particulièrement crispant de la voix de la fillette – ah ces poufsouffles emportés, qui se pensent de la plus grande puissance sous prétexte qu'il leur arrive d'apostropher grossièrement leurs condisciples dans les longueurs grises des couloirs... – fait résonner le cerveau excédé de Benedict. Son expression alors est parfaite alchimie entre une surprise teintée d'incompréhension et une moquerie éclatante – sa voix le traduit du reste parfaitement :
▬ Le bourreau des cœurs ? Vraiment, tu ferais bien de te renseigner sur les personnes que tu abordes, gamine. Bon, il est possible aussi que tes facultés d'écoute et de compréhension soient quelque peu limitées, ça arrive il paraît !
Sa main passe brusquement dans ses cheveux ténébreux, anarchisant et déstructurant son dernier gage d'apaisement – celui qui le connaît bien sait voir dans cette apparente nervosité le signe de sa furie grandissante...

Date d'inscription : 02/06/2014

La haine d'Ann augmenta à peine l'affreux de Serpentard ouvrit la bouche. Quel mépris ! Quelle condescendance !
Mais la jeune fille -et non pas la gamine- était bien décidée à lui envoyer ses quatre vérités à la figure.
Elle le vit qui s'éloignait à grands pas. Cependant, malgré sa rage bouillonnante, elle inspira et se laissa envahir par un calme studieux et commença à réfléchir.
D'abord, je dois l'arrêter et le forcer à m'écouter.
Son sang ne fit même pas un tour. Elle sut quelles formules elle devait utiliser, d'instinct. Alors, comme dans un rêve, elle leva sa baguette et la pointa sur son ennemi.

- Glaciesum ! Explelliarmus !

Les sortilèges fonctionnèrent à merveille.

- Bien ! A présent tu vas m'écouter attentivement, parce que je ne répéterai pas deux fois mes propos.

Elle se pencha vers lui et susurra.

- Parfois, ça sert d'être première de la classe. Et je ne crois pas avoir besoin d'adrénaline. Mon existence est pimentée de menus tracas, cela me convient parfaitement.

Elle s'écarta tout en continuant de parler, tel un inspecteur de police interrogeant son suspect.

- Benedict Westeylern. Le seul qui n'est pas renseigné sur qui il aborde, ici, c'est toi.
Oui, je sais deux ou trois choses sur toi. Tu es imprévisible et hypersensible.

Elle s'agenouilla devant lui, sûre d'elle, éclairée par les rayons du soleil de ce doux après-midi, rayonnant de bonheur de prendre enfin sa revanche.

- Voilà. Ne crois pas que je ne suis qu'une gamine comme tu le dis. Et oui, j'ai utilisé les mots «bourreau des cœurs». Tu sais très bien de quoi je parle. Et crois-moi, je ne te pardonnerai jamais !

Sur ce, elle se releva, tourna les talons puis, au dernier moment, elle maugréa.

- Finite Incantatem !

Elle retraversa le couloir. Elle savait bien entendu ce qu'elle encourrait mais... c'était vital, il fallait qu'elle le fasse. Après tout, elle ne le ferait qu'une seule fois. Il fallait bien qu'elle succombe à un désir de temps en temps, non ?

Date d'inscription : 27/05/2013

Le Passage du Préfet Fayot

« Je suis le préfet fayo-o-o-t
Et je crache dans votre do-o-o-s.
Si vous voulez des poi-i-i-nts
Mangez-moi dans la mai-i-i-n. »

Il était l'heure pour l'une des nombreuses rondes du Préfet Fayot. Il n'aimait pas tellement le trajet qui lui faisait passer par le couloir savonnette, les bulles venaient toujours éclater sur ses lunettes, laissant des traces désagréables.

Néanmoins, ce jour-là, il avait bien fait d'y passer : il venait d'être témoin d'une agression scandaleuse. Sans hésitation, il sortit sa baguette, et lança un accio bien placé, récupérant la baguette magique du pauvre jeune homme qui avait été attaqué pour la lui rendre illico.

▬ PAS SI VITE, jeune fille ! Selon l'article 5 du règlement intérieur de Poudlard, je cite, "Il est interdit de pratiquer la magie dans les couloirs de Poudlard" et vous le faites, Miss ! Qui plus est pour agresser un de vos camarades ! Ce comportement est intolérable, et votre directrice de maison en sera informée au plus vite. En attendant, j'enlève 20 points à Poufsouffle, vous pouvez être fière de vous !

Et l’énergumène s’en alla rapporter, un sourire sadique aux lèvres. Le Préfet Fayot avait frappé.

récapitulatif des points perdus:

Date d'inscription : 06/03/2014

love your stupidity so much dumb !

Glaciesum. Expelliarmus.
Désastreuse seconde – sa journée décidément est emplie de calamités toutes plus honteuses les unes que les autres. Le duel qui a vu son inclinaison face à un odieux gryffondor, et puis cette perfidie d'enfant coléreux... Il choit théâtralement, cueilli par la masse de verglas qu'il a appris à haïr au cours des duels qu'il a menés – et puis vient le désarmement, brillamment mené il lui faut l'admettre.
▬ T'as de la chance avec ta baguette sale gosse, je te reconnais ça...
Un sourire ironique vient creuser sa peau, l'approfondir en méchanceté railleuse – il se tait et attend. Oh, tu vas venir pas vrai. Tu viens toujours.
Benedict se relève et époussette ses vêtements, paisiblement – et lustre sa dignité, tant qu'à faire. Retentit alors la voix tant attendue, nasillarde et pour une fois, très agréable tant à l'oreille qu'à l'égo. Tu viens toujours, Fayot.
Il laisse sa figure se peindre d'un air de souffrance suprême – puisque l'amour-propre est mort, l'inhumer sur-le-champ paraît une option raisonnable... L'apostrophe faite à Ann lui extirpe un éclat de rire franc et rauque – le timbre brûle de sa satisfaction dégoulinante, les yeux luisent, espiègles comme des enfants malhonnêtes qui se font plaindre injustement. Tout ceci une fois le Fayot reparti, évidemment. C'est qu'on est couard quand on se nomme Benedict.
▬ Mais je suis déçu ! Je pensais que tu savais au moins te contenter des mots sans céder à la tentation facile de la violence ! Ah vraiment, les mioches sont tous les mêmes – empotés et incapables de se faire entendre sans la contrainte. C'est bien dommage si tu veux mon avis – même si tu n'en veux pas d'ailleurs...
Il a remarqué l'irritation de la personne lorsqu'il évoque son infantilité physique – il compte bien en jouer, qui a parlé de fair-play ? Oh, hallucination. Bien sûr. Ses yeux se posent sur la face crispée de la gamine tandis qu'il fait un pas – illusoire progression, quand sa furie elle a durablement enfiévré son cerveau... Il crache :
▬ Non, je ne vois toujours pas de quoi tu parles. Je pensais que tu l'aurais compris mais apparemment tes capacités semblent des plus limitées...
Son impulsivité naturelle l'aurait immanquablement conduit à frapper l'impudente enfant – mais elle a fait un bel exemple. D'accord, maîtrise. J'ai compris. Subtilité dans les injures et dans les provocations – juste la sarabande complaisante des mots létaux...
Alors il se refait une quiétude physique, sa face a des placidités soudaines – aussi factices qu'une expression peut l'être.
Et son sourire instable difficilement muselle ses crocs avides...

Date d'inscription : 02/06/2014

Dès le Fayot arrivé, Ann s'était composé un visage tordu de haine et s'était concentrée sur un coin de mur, déchiquetant l'intérieur de sa joue gauche avec ses dents, pour se calmer. Elle ne broncha pas à l'annonce de sa punition; à quoi cela aurait-il servi ?
Lorsque ce cher préfet s'en fût, elle se retourna vers cet adorable imbécile qu'elle venait d'ensorceler. Et attendit. La jubilation du grotesque Serpentard ne tarda pas à résonner à travers tout le couloir. Elle le laissa finir son odieuse tirade, cherchant la faille au travers de ces mots dignes du plus vil des gredins.
Au moins avait-il admis qu'elle savait se servir d'une baguette... C'était déjà ça !

- Déçu ? Serais-tu donc gentilhomme au point de me prêter attention de la sorte ? Quel revirement de comportement !
Il faut dire que vous, les grands, ne prêtez jamais attention à plus jeunes que vous. Ne connaissez-vous donc pas le proverbe qui dit que «la vérité sort de la bouche des enfants» ?
Et, pour une fois, tu as raison, je ne pense pas avoir besoin de ton avis – ça veut dire que je n'en veux pas au cas où tu aurais des problèmes de langage.

Il se rapprocha. Elle s'appuya contre le mur, lui faisant face.

- Tu dois savoir de quoi je parle. Tu es à l'origine de ça ! Tu as fait du mal à une personne qui compte beaucoup pour moi...

Elle baissa les yeux en disant cela. Puis le fixa de nouveau. Vit qu'il se retenait de se jeter sur elle, sans doute pour la massacrer. Alors, elle s'approcha et chuchota.

- Mais oui, frappe-moi, je n'attends que cela.

Elle recula et se dirigea vers la Salle des Duels.

- Si tu as encore un soupçon de courage et d'amour-propre, viens donc m'affronter de façon officielle !

Qu'il accepte. Qu'il accepte et qu'il voit ce dont je suis capable réellement.

Date d'inscription : 06/03/2014

i wanna be bad bad bad to you

Et l'enfant continue à lui livrer les ridicules de ses réponses – c'est trop facile, de donner la réplique à cette inexpérience de l'invective, et Benedict se sent presque coupable à cette pensée. Le sourire exerçant toujours sa torsion hideuse sur la figure blanche, il l'observe cahoter entre les énervements incontrôlables de sa rhétorique, prendre des accents grotesques et un vocabulaire médiéval des plus cocasses. Mimant une révérence dégouttant d'obséquiosité, il rétorque :
▬ Oh, pauvre âme. Ta colère d'un autre temps ne sert que ton absurdité... Enfin je te dis ça pour te rendre service, moi.
Les propos de la petite ont rendu sa pleine lucidité au brun, dénébulant son esprit des chapes noires de sa fureur bouillonnante. Et il a repris possession de sa hauteur bohème, de sa distinction presque poétique – ses mots s'enlacent, à nouveau, dans des embrassements excentriques et désuets à l'oreille. Le plaisir lui revient de les associer singulièrement, de déconcerter l'interlocutrice qui lui fait face, son infinie puérilité mise à nu.
▬ Ah, et. Évite d'utiliser ce genre de proverbe éculé, si tu veux être crédible – de la crédibilité, je n'en donne jamais aux clichés.
Encore ce mépris abyssal – l'écart qui creuse son abîme entre leurs deux âmes y met toujours plus d'application. Le garçon n'a jamais tant dédaigné cette enfance emportée, tuméfiée d'inintelligence et d'illusions persistantes ; cette enfance croyant fermement à la supériorité de sa pensée – ces âmes qui voient dans leur conformisme sans pli superbe étrangeté...
Lorsque l'abêtie lui parle d'une personne chère à son cœur qu'il aurait blessée, il laisse s'éployer dans le silence de sa révélation un petit rire narquois, bref comme la morsure d'un poignard :
▬ Tsss. Je ne vois toujours pas de qui tu parles, me dire son nom directement aurait été plus malin tu ne penses pas ? Enfin vu ton intelligence inexistante, tu ne pouvais pas deviner, c'est vrai. Au temps pour moi, ah ah.
A dire vrai, il ne prend pas même la peine de faire défiler le cortège de ses connaissances à la recherche d'un individu pouvant être attaché à la fillette – son unique volonté est de se débarrasser de ladite fillette ; il ne peut plus souffrir la gaucherie incohérente de ses mots, l'impétuosité grimaçante de sa figure insensée. Aussi, quand elle cède à la poussée inextinguible de ses instincts primaires et lui propose un duel, finalité récurrente à l'issue d'une altercation, il susurre, fielleux et nonchalant :
▬ Comme s'il fallait du courage pour affronter quelqu'un comme toi... Sache que si j'accepte, c'est simplement pour que tu arrêtes de m'emmerder une bonne fois pour toutes. Compris ?
La vulgarité n'est aucunement dans ses coutumes, mais sa patience s'est crispée à nouveau, excitant ses nerfs échaudés et son sang naturellement acrimonieux. Bien peu lui importe le résultat de l'affrontement, il ne veut que sa solitude chérie.

PARDON:

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