Flavian T. MaroonMessages : 531 Date d'inscription : 11/04/2014
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Ven 10 Oct - 20:43 | Flavian marchait d'un pas pensif. Il avait sauté l'heure du déjeuner pour aller faire une sieste, et il en émergeait tout juste – il avait juste assez de temps pour se rendre en cours sans trop se presser. Ce qu'il faisait. Il n'en avait pas très envie, en fait, il n'avait pas envie d'affronter le regard des professeurs et des autres élèves, et il n'avait pas envie non plus de tenter de se concentrer sur son cours pour oublier les autres autour de lui. Les cours de cette année étaient plus difficiles, il avait plus de mal qu'avant, il ne réussissait pas aussi bien, et il n'aimait pas ça. Ca l'énervait très vite. Ca lui donnait envie de taper dans quelque chose ou dans quelqu'un. Et il n'avait plus envie de taper pour un rien. Flavian se rendait en cours en traînant les pieds.
Il était en train de changer. L'incident survenu pendant les vacances, où une mauvaise bagarre avait tournée au drame, où il avait crevé un œil à Ben alors qu'il voulait juste se passer les nerfs sur un sale type, avait bouleversé Flavian. Il n'en montrait rien. Il restait aussi distant et agressif qu'auparavant, au moins dans ses propos. Mais il cherchait moins la bagarre qu'avant. Il provoquait moins ses camarades par ses paroles et par ses gestes. Le jeune homme avait honte de ce qu'il avait fait, et honte de ce qu'il était devenu au fil des années à Poudlard. Il était allé trop loin, et ses excuses ne pourraient rien changer, elles ne rendraient pas son œil à Ben, elles ne changeraient rien non plus à tout ce qu'il avait fait à Alice, et à tous les autres, qu'il avait maintenu à bout de bras dans l'espoir qu'on le laisse tranquille. Et ses actes de violences étaient pourtant la seule défense qu'il avait. Flavian ne savait pas trop quoi faire.
Le jeune Gryffondor prenait le plus long chemin possible pour arriver en salle de classe. Il passait par les escaliers et par les petits couloirs – au moins, ça lui évitait les caprices des couloirs principaux, qui transformaient toute expédition en véritable aventure. Et puis l'avantage des petits couloirs c'est qu'on y croisait presque personne, surtout à cette heure. Tout le monde devait être en train d'engloutir le plus de dessert possible en un temps record avant de monter les marches des escaliers quatre à quatre pour ne pas arriver trop en retard. Ou quelque chose comme ça. Lui n'aimait pas trop les repas ici, alors il avait tendance à les expédier pour aller voir ailleurs.
Apparement, il n'était pas le seul. Y'en avait une autre qui faisait pareil. Flavian la reconnaissait : miss Wilhelmina Schwarzenberg, grande justicière dans l'âme, incapable de s'occuper d'elle-même mais volant sans la moindre hésitation à la rescousse de toute personne en danger. Elle avait eu l'audace de s'interposer entre le grand garçon et sa victime du jour, et Flavian l'avait joyeusement tabassé à la place de l'autre, parce qu'il n'était pas trop regardant, tant qu'il pouvait se battre – et elle était revenue à la charge, pour les mêmes raisons. Ils avaient fini par se connaître, en quelque sorte. Flavian pouvait voir tout le mépris et la haine qu'elle lui portait rien qu'en croisant son regard, et il espérait qu'elle se rendait compte à quel point il la méprisait et la trouvait ridicule dans ses idéaux de chevalier servant. Et puis ils avaient grandi. Enfin, surtout Flavian. Wilhelmina avait juste eu l'air de plus en plus fragile et malade au fil des années – à tel point que le jeune garçon se retrouvait à éviter de la frapper, parce qu'il avait un peu peur de la tuer en tapant trop fort. C'était rigolo, à y penser. Il avait peur de lui faire du mal à elle, mais il n'avait pas eu peur pour les autres. Il était vraiment inconscient, maintenant qu'il y pensait.
Wilhelmina était là, assise contre un mur, la tête enfouie dans ses mains, recroquevillée sur elle-même, ne bougeant pas du tout. Et Flavian s'était arrêté, il la regardait. Il aurait peut-être du passer son chemin, en fait. Elle n'avait pas envie de lui parler, et il n'avait pas vraiment envie de la voir non plus. Mais il avait été injuste envers elle aussi.
« Hé, t'as plus personne à sauver, tu te demandes à quoi sert ta vie ? »
Elle ne bougeait pas du tout, et ne semblait pas réagir. Ce n'était pas très inhabituel de sa part, mais là, peut-être parce qu'il avait passé tout son temps à ressasser des souvenirs de catastrophes, Flavian s'inquiétait un peu. Il s'approcha et s'accroupit près d'elle, puis la secoua plutôt gentiment, en l'agrippant par l'épaule.
« Hé, je te parle. Ca va ? Tu fais la sieste ? »
Hé. Elle ne réagissait pas. Il se passait quoi, là ? |
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