Peggy prit la main de la centaurette en rougissant, et commença la promenade sans rien dire de plus.

Il n'y avait pas grand-chose à faire dans le dernier étage du château, celui qui menait aux tours. Il était rempli de courants d'airs, de tableaux perdus, et d'ouvertures vers des cages d'escaliers ouvertes sur un vide vertigineux qui ne gênait plus vraiment les élèves. Peggy le connaissait sans le connaître, et profitait de la promenade pour le redécouvrir. Surtout, Peggy évitait soigneusement de trop regarder la centaurette, parce que, rougissant jusqu'aux oreilles, elle commençait à se rendre compte qu'elle ne savait pas quoi raconter comme histoire. A quoi ressemblait la vie d'une princesse des esprits?

La centaurette ne semblait pas le moins gênée du monde. Elle était contente de marcher. Elle regardait ses jambes. Peggy aussi, jusqu'à ce qu'elle se rende compte de ce qu'elle était en train de faire - peut-être que ce n'était pas très poli, en fait. Le silence régnait.

Peggy tenta quelque chose. Plus le temps passait, et plus elle avait l'impression de faire quelque chose de mal, à ne rien dire comme ça. La centaurette attendait une histoire. Et à la place la Poufsouffle osa poser une question - parce que ça faisait moins peur de poser une question.

"Dites-moi, madame centaurette," commença-t-elle d'une petite voix, "pourquoi vous étiez dans la tour de Serdaigle? Vous êtes à Serdaigle?"

La Princesse des Esprit était bien silencieuse, et Ciaran respectait ce silence. Elle devait avoir ses raisons. Peut-être était-ce ainsi que les esprit racontaient des histoires ? Par le silence ? En tous cas ça marchait bien, l'esprit de la centaurette était bouillonnant de contes et d'histoires toutes les plus rocambolesques les unes que les autres, comme si la jeune (ou peut-être pas si jeune ?) esprit les lui suggérait par sa façon de marcher ou lui tenir la main. Ciaran ne s'ennuyait pas - loin de là. Elle était bien contente de partager ce moment avec quelqu'un d'aussi incroyable. Elle débordait de questions, rêvait de connaître mieux encore le monde des esprits, mais elle n'osait pas troubler ce silence factice. Les histoires qu'elle percevait étaient bien trop passionnantes.

Et puis, la jeune esprit parla enfin à voix haute. Elle devait avoir une question de la plus haute importance. En tous cas, Ciaran était très impressionnée qu'elle soit aussi au fait des réalités bassement humaines, comme la maison dans laquelle était la jeune centaure. Mais peut-être était-elle un esprit incarné ? Oui ce devait être ça. En tant que princesse, elle avait été arrachée à sa dimension et on lui avait donné un corps, une identité humaine pour servir de connexion entre les deux mondes. Ciaran espérait qu'elle n'était pas trop seule, au milieu de ces gens si différents. Elle savait qu'elle-même, pourtant simple petite fille, avait bien du mal à trouver sa place parfois.

"Oui, je suis à Serdaigle, noble esprit. J'admire ta connaissance de notre monde ! Aurais-tu été incarnée dans le corps d'une élève de cette école ? As-tu un intérêt particulier pour la maison Serdaigle ? Je serais ravie de répondre à toutes tes questions sur notre monde et Poudlard et la magie des humains ! Je la connais bien, n'étant centaure que depuis ce matin."