Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
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Another flower in my heart (Violet)

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Serpentard
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Louis O'Connor
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Mar 19 Mai - 14:31
Louis avait les mains rouges de trop serrer ses doigts et de crisper ses poings.
Adossé au mur adjacent de la porte de la salle de métamorphoses, il attendait. Les élèves sortaient, un par un, mais pas celui qu'il attendait, tendu, nerveux. Un pied, puis l'autre, il chancelait, et puis il s'énervait un peu aussi, parce qu'il détestait attendre ; il détestait tellement de choses.

Il vit son meilleur ami passer ; il lui promit de le rejoindre en salle d'étude dans la soirée pour discuter un peu. C'était le problème, lorsque l'on n'était pas de la même maison : on devait trouver des astuces pour se voir en dehors de la salle commune. Quelle plaie, d'être à Serpentard. Quelle plaie, d'être à Poudlard.

Presque tous les élèves, les fichus apprentis sorciers, étaient sortis, et Louis ne comprenait pas pourquoi elle mettait autant de temps. Est-ce que le professeur la retenait ? Son travail était parfait, il n'y avait aucune raison de la prendre à part. Peut-être pour la complimenter ? Il aurait eu raison, en un sens. Elle avait tellement bien réussi qu'elle avait réussi à réaliser l'exercice trois fois en une petite heure ; ou quelque chose d'équivalent.

Louis voulait s'en aller, agacé, autant de ce délai trop long à son goût, que de son comportement stupide. Depuis quand attendait-il les filles à la sortie des cours ? Surtout cette fille-là. Dans le fond, qu'est-ce qu'il savait d'elle ? Il passait beaucoup, beaucoup plus de temps à la regarder qu'à lui parler. Mais dans tout ça, il passait beaucoup, beaucoup de temps à la regarder, c'était plutôt vrai. Mais ce n'était pas sa faute, hein, si elle était toujours dans les parages, de toute façon ? Elle n'avait qu'à traîner plus loin, d'abord.
Il avait tourné un premier pied lorsqu'il aperçut, du coin de l'oeil, voler les cheveux de la personne pour laquelle il avait attendu si longtemps ; cinq ou six minutes.

- AH. EUH. Violet !?

Il avait crié dans le couloir. Pourquoi avait-il crié dans le couloir ? Violet était juste à côté. Et puis, c'était bizarre d'appeler Violet. Il ne l'appelait presque jamais. Elle était toujours là, à proximité, mais les seuls mots qu'il devait lui adresser, c'était "bonjour" et "passe le mot à Andy s'il te plaît".
Il avait tendu la main comme pour la rattraper, mais finalement, c'était inutile ; et il préféra cacher ses deux-là dans les poches de sa robe de sorcier. C'était tellement pas pratique, une robe de sorcier. Il voulait un jean et un t-shirt avec Elrond, dessus. Elrond ne perdait jamais son sang-froid ; pas comme Louis qui cherchait volontairement à éviter de regarder Violet avec trop d'insistance.

- Euh, ouais, euh. Ouais en fait non rien laisse tomber ? Bonne journée, quoi.

Louis se gifla mentalement. Ce n'était pas du tout ce qu'il voulait dire. Il n'avait pas attendu à côté de cette fichue porte pour lui souhaiter une bonne journée ! Il pouvait le faire n'importe quand, ça, même si il ne le faisait jamais, en finalité.
Il devait corriger cette grossière erreur, et vite, avant que Violet ne s'en aille, faire on ne sait quoi, on ne sait où.

- Enfin non ! Enfin si bonne journée mais laisse pas tomber. Enfin je veux dire, euh, merci ? Pour les euh, le truc. L'exercice là.

Son "merci" était prononcé avec un tel ton qu'on avait l'impression qu'il n'avait jamais prononcé ce mot de sa vie. Louis ne remerciait pas souvent les gens. En même temps, à qui devait-il dire merci ? Les sorciers ? Hors de question. Pourtant, il venait de dire merci à une sorcière.
C'était bizarre. Il était un peu perturbé.
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Serdaigle



Violet E. Jenkins
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Mar 19 Mai - 18:57
Violet se sentait fatiguée ; elle ne savait pas si c'était la dépense en magie ou la concentration, mais elle aurait bien eu besoin d'un morceau de chocolat, de ceux qui réchauffent et rendent un peu d'énergie. Elle avait un peu honte, aussi, d'avoir mis tant d'application à berner un professeur, mais c'était pour ses amis. C'était bien la seule raison possible à de la triche, puisqu'elle-même aurait préféré une mauvaise note. Cependant, plus elle côtoyait les garçons, plus elle comprenait - enfin, surtout pour Louis, du côté d'Andrea, malheureusement, il n'y avait à comprendre que l'absence de choix – et, dans les deux cas, elle trouvait Poudlard injuste. Comme sur pas mal de choses, d'ailleurs, mais sa voix était trop fluette que pour l'exprimer vraiment, elle se voulait trop discrète pour prendre position ouvertement.

Elle avait rassemblé ses affaires avec lenteur, laissant les autres partir en avance. Il n'aurait pas fallu qu'ils aient l'air trop amis, pour ne pas éveiller de soupçons de Waltham. Louis avait filé en premier, Andy juste après, et elle rangeait toujours ses parchemins, sans doute un peu plus lentement que d'habitude, même si elle était minutieuse. La classe était presque vide lorsqu'elle referma son sac, une sacoche en cuir élimé qui avait probablement appartenu à son arrière-grand-mère mais qui était toujours mieux que le sac à dos rose que sa mère lui avait offert. Elle pouvait bien prendre son temps, après tout. Le programme était le même que chaque jour. Rentrer à la salle commune, tenir dix minutes, paniquer, puis se réfugier dans un endroit calme et vide pour faire ses devoirs.

En sortant de la classe, elle avait automatiquement baissé les yeux, parce qu'il y avait généralement plein de gens dans le couloir, et elle ne voulait pas les voir. Les cours étaient plus faciles parce qu'elle se mettait tout devant et ne voyait personne d'autre que ses amis, ou peu de gens ; elle avait de plus en plus de mal avec tout le reste. A croire qu'elle régressait malgré ses efforts. Elle se mit en route vers la salle commune en regardant le sol, mais une voix la fit sursauter.

- Euh, oui ?


Louis était souvent bizarre. Elle ne savait pas comment l'interpréter, parce que Louis était bizarre avec tout le monde, alors c'était plutôt bien, mais il était aussi très désagréable parfois. Mais bon. D'une manière un peu tordue, il était son ami, et elle essayait de ne plus trop faire attention à ses sautes d'humeur, parce que cela aurait créé une ambiance bien trop tendue entre tous ceux qu'elle chérissait.

Elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille, hésitant un peu.

- ... Bonne journée à toi aussi.

Ce n'était pas beaucoup plus compliqué que ça, elle le laissait dire ce qu'il voulait et réagissait en conséquences, de manière parfois un peu bancale mais sans relever son comportement. Après tout, la plupart du temps, il lui adressait à peine la parole, sauf pour la politesse – très minimale, il s'agissait de Louis – et lui demander de faire le hibou quand son pote se trouvait dans la tour Serdaigle. C'était un peu normal, il était surtout ami avec Andy ; elle-même était un peu plus bavarde avec Peggy ou Gertrude. Ou Ginkgo, mais Ginkgo ne comptait pas vraiment, c'était Ginkgo.

Elle avait à peine tourné les talons qu'il se remettait à parler, et cela lui fit enfin lever les yeux. Elle était étonnée.

- Ah... C'était pas grand chose ?

Au vu de sa pâleur, c'était un petit mensonge blanc. Elle serra contre elle la pile de livres qu'elle avait dans les bras, comme pour se cacher.

- Enfin, je suis contente si ça t'a aidé.

C'était tout à fait vrai. Elle lui adressa un sourire fatigué mais sincère, dans un genre qu'elle n'affichait pas souvent. Elle avait eu un peu peur que Louis prenne mal qu'elle fasse de la magie à sa place, avec ses convictions, mais elle voyait les choses sous un jour plus pragmatique : s'il avait de bonnes notes, il pourrait retourner chez les moldus rapidement. C'était ce qu'elle lui souhaitait, puisqu'il clamait le plus fort possible qu'il détestait Poudlard.
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Serpentard
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Louis O'Connor
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Mar 19 Mai - 19:40
Louis s'adressait tellement peu souvent à Violet qu'il ne savait pas comment se comporter. En un sens, qu'elle lui réponde était déjà inattendu, pour lui, alors devoir maintenant formuler une suite, c'était assez difficile. L'avantage des héros de jeux vidéos, c'était que leurs dialogues étaient déjà prêts, programmés, logiques. Louis n'était pas un fichu héros de jeux vidéos, et c'était plutôt embêtant.
Du coup, parce qu'il ne savait pas quoi faire d'autre, il resta là à la regarder, une minute ou deux, sans rien dire, de façon assez gênante. A bien y regarder, Violet était un peu pâle. Ce n'était pourtant pas elle, qui avait des ascendants de vampire. Peut-être avait-elle mal dormi ? Il ne pouvait pas se risquer à poser une question bizarre. De toute façon, Louis ne s'inquiétait jamais du sommeil des autres ; pas plus qu'on ne s'inquiétait du sien, d'ailleurs. En même temps, si lui trouvait inutile de se préoccuper des sorciers, tous les élèves de Poudlard devaient trouver inutile de se préoccuper de Louis.

- Euh. Ouais je crois queee.. que ça a aidé ? Enfin les profs me laisseront peut-être tranquille aujourd'hui ? Enfin on s'en fiche hein ! T'as pas à, euh, t'occuper de moi. Donc c'était plutôt.... sympa ?

Louis n'était pas très sûr de son vocabulaire, parce que Louis n'était pas quelqu'un de "sympa". Agressif, emporté, lunatique, en colère contre le monde entier et maladroit, mais sympathique ? Pas possible. Le premier mot qu'il adressez à quelqu'un en le voyant, ce n'était pas "bonjour" mais "dégage". Surtout lorsqu'il s'agissait de croiser des Serpentards dans la salle commune le matin.
D'ailleurs, il trouvait qu'il venait de sortir une phrase plutôt longue à Violet. Peut-être la plus longue depuis le début de l'année ? C'était bizarre, tout de même. Violet faisait partie intégrante de sa vie, de son environnement, du décor, et pourtant il n’interagissait jamais avec elle.  Elle était un peu comme les jauges de santé dans les jeux ; on la regardait de temps en temps, parce qu'elle était importante, puis on l'oubliait, jusqu'à s'en souvenir lorsqu'elle était vide ou disparaissait de l'écran. Et bien, Violet, c'était un peu pareil.
En l'occurrence, la barre de santé n'avait pas l'air en très grande forme.

- AH EUH. Il avait encore haussé la voix. Est-ce que tu.... Diantre, il mettait une forme polie dans sa phrase. Il détourna les yeux et bougonna. Tes livres ?

Bravo, c'était très explicite. Violet était une fille intelligente, elle allait tout de suite comprendre, à n'en pas douter, ironisa intérieurement le garçon. C'était complètement stupide, d'avoir autant de difficultés à proposer de rendre un bête service. Des services, il en rendait plein à ses amis moldus, durant l'été. Alors, pourquoi, dès qu'il s'agissait d'un être magique, cela tenait de l'épreuve insurmontable ? Peut-être parce qu'il détestait les sorciers, et qu'on ne rendait pas service à ses ennemis.
Mais est-ce qu'il détestait Violet ? Est-ce qu'elle était une ennemie ?

Louis secoua violemment la tête, confus, ce qui d'un point de vue extérieur, devait apparaître plutôt bizarre.

- Estcequetuveuxquejetaideàportertesbouquins ? demanda-t-il très très vite, en mangeant une syllabe sur deux. Puis il s'agaça, parce que c'était son mécanisme d'auto-défense premier. Enfin passe-moi tes livres.

Voilà, c'était plus facile comme ça ; donner des ordres et avoir l'air mécontent, c'était bien plus ancré dans ses habitudes que de se montrer serviable. Louis qui aide une pauvre sorcière fatiguée, c'était beaucoup trop ridicule pour être vrai.
Sans attendre de réponse, il arracha à moitié les livres des bras de la jeune fille ; puis il resta planté là, sans savoir quoi en faire.
Il était tellement bête. Il prenait ses affaires, comme ça, mais il ne savait même pas ce qu'il devait en faire, où Violet comptait aller, comment elle avait imaginé occuper son temps libre.
En même temps, s'était-il seulement déjà intéressé à ce que faisait Violet lorsqu'elle n'était pas là, visible du coin de l'oeil, juste à côté ?

- Euh. Enfin. Tu vas où... ?

Il y avait un effort ; la phrase se ponctuait sur une note interraogative, pas purement agressive.
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Serdaigle



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Mar 19 Mai - 21:51
On aurait dit que Louis avait du mal à trouver les mots positifs. Ce n'était pas très surprenant, quand on le connaissait un peu – et même si on ne le connaissait pas du tout, en fait. Tout ça était fort maladroit, mais Violet souriait, puisque c'était manifestement un gros effort de sa part. Rien que pour ça, tricher avait valu la peine.

- Si tu as encore besoin d'aide pour un truc ou un autre, ça me dérange pas.


Violet était née dans la magie, et l'acceptait plutôt bien, à part pour le côté créature qui lui jouait des tours ; elle n'avait pas d'états d'âme à l'utiliser, et encore moins si c'était pour rendre service. Elle avait appris à être prudente dans ses réflexes, ceci dit, et à demander si ça ne dérangeait personne qu'elle lance un sort, a fortiori s'il visait quelqu'un. Elle avait aussi appris à ne pas tout faire par magie, comme au club de jardinage où travailler avec ses mains était une bonne partie de l'intérêt. Ses amis lui faisaient voir les choses sous un jour nouveau, sans pour autant qu'elle ne perde complètement ses réflexes sorciers. C'était plutôt intéressant, quand elle y pensait.

Elle était un peu étonnée qu'il parle autant, et le fut encore plus quand il haussa encore la voix alors qu'elle baissait à nouveau les yeux ; elle les releva illico.

- Mes livres ?

Perplexe, elle regarda les quelques bouquins qu'elle serrait contre elle, déserrant sa prise pour les placer à vue. Elle cligna des yeux, et l'instant d'après ils avaient disparu, dans une série de phrases saccadées dont elle n'avait compris que la moitié. Elle le regarda une seconde, bouche bée.

- ... J'allais euh. Ma salle commune, je crois ? Pour déposer mes affaires.

Louis était vraiment très bizarre, ce jour-là.

- Est-ce que tu vas bien ?

Réflexe logique et normal. Il avait peut-être de la fièvre, un mauvais rhume qui démarrait, pas assez dormi. Enfin, elle n'irait pas jusqu'à lui proposer de l'accompagner à l'infirmerie, mais elle affichait soudainement une moue inquiète. Pas qu'il soit vraiment méchant habituellement, il aboyait plus qu'il ne mordait, mais c'était tout de même effroyablement gentil pour lui. Elle n'avait plus rien à faire de ses mains ; elle lissa sa jupe pour se donner une contenance, un peu mal à l'aise. Curieux comme un changement d'attitude, négatif ou positif, peut déstabiliser.
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Serpentard
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Mer 20 Mai - 15:31
Louis se vexa un peu de la façon dont Violet le regarda, comme choquée par ce qu'elle voyait. A croire qu'il n'avait jamais le moindre geste poli envers qui que ce soit ! Bon, c'était un petit peu vrai, beaucoup même ; mais bizarrement, à cet instant, Louis avait envie de penser qu'il avait quelques qualités. Pas tant par égocentrisme, autosuffisance ou quelque autre trait du genre ; juste comme comme ça. En fait, il ne savait pas trop pourquoi, mais il n'avait pas envie de se refléter dans les yeux de Violet comme un être bizarre.
De toutes façons, des deux, c'était elle la plus bizarre : elle était sorcière.

Le garçon serra les livres contre lui ; ils n'étaient pas légers. Il se demandait comment Violet s'en sortait d'habitude, toute seule, pour porter tout ça. Il se demandait aussi pourquoi il n'avait jamais eu l'idée de l'aider à les porter avant. Il faisait pourtant souvent du chemin avec elle et Andrea, durant les intercours. A bien y réfléchir, il n'avait sans doute jamais remarqué.
Écourtant ses réflexions provoquées par le poids des livres dans ses bras, Violet lui annonça qu'elle se rendait à sa salle commune. Oui, c'était normal. Louis se sentit un petit peu déçu, mais dans le fond, il s'attendait à quoi ? Et de toute façon, pourquoi être déçu ? Ils n'étaient pas dans la même maison, ils ne se côtoyaient pas tant que ça, alors aujourd'hui ne changeait pas de d'habitude.

Louis allait plus ou moins gentiment proposer d'aider Violet à déposer ses affaires lorsque celle-ci s'inquiéta alors de son état, ce qui, pour le coup, scia quelque peu l'herbe sous les pieds du garçon. Il essayait de se souvenir si Violet s'était déjà mise à lui demander si il allait bien, mais son cerveau refusait de traiter l'information. Dans sa mémoire, Violet était partout et nulle part à la fois.

- Bah oui, c'est complètement bête comme question.

Il n'avait pas pu s'en empêcher ; il avait répondu durement, avec ce ton un peu dédaigneux de celui qui exposait une évidence. C'était pourtant une gentille attention de la part de la jeune fille, de lui demander ça, il n'avait pas à la remballer de la sorte. Les habitudes avaient la vie dure, si dure.

- Enfin, euh, ouais, oui ça va, enfin comme tout le temps quoi ? Je veux dire, euh... bah, tu sais. Allergie à la magie ?

Les mots s'embrouillaient. Louis ne savait pas vraiment ce qu'il cherchait à exprimer. Il avait le sentiment de parler pour ne rien dire. Rattraper ses méchancetés, il ne le faisait pas souvent. Il ne savait pas comment faire. Il avait accompli l'exploit de remercier quelqu'un, aujourd'hui ; apprendre à s'excuser, ce serait pour une autre fois.
Allergie à la magie, c'était tout de même bien représentatif de son état, au moins, au milieu de ses inepties. Ce qui était bien avec Violet, c'est qu'elle savait que Louis détestait ça, la magie, et elle n'insistait pas tous les deux matins pour lui montrer les inestimables bienfaits de celle-ci. En ça, il la respectait assez, qu'elle-même respecte son ressentiment. En ça, il était d'autant plus déplacé de sa part d'être si peu aimable avec elle.
C'était bizarre, pour Louis, de ne pas avoir le désir perpétuel d'être désagréable avec quelqu'un.

- Euh. Toi. Enfin, inquiète-toi pour toi. Non, non, non, il ne devait pas le dire comme ça ! Il ne devait pas donner l'impression de balancer un ordre. Il ne voulait pas faire ça. Je veux dire. Fais gaffe. Non, non, toujours pas. Enfin, euh. Comment le dire ? T'es euh. Blanche. Blanchâtre plutôt ? Enfin tu devrais pas trop forcer.

C'était un petit peu mieux ; il y avait du conditionnel. C'était vachement difficile, de nuancer ses propos. Louis n'était pas très doué dans l'art de la demi-mesure. Il disait les choses franchement, ou il ne les disait pas ;  et souvent, il les criait, d'ailleurs. C'était tellement bizarre de se forcer à ne pas élever la voix, à étouffer l'agressivité qui venait naturellement se greffer à son ton même dans les bons jours.

- Du cooooup.... C'était mignon de commencer une phrase, mais qu'est-ce qu'il allait dire maintenant ? Euh.Je vais porter tes affaires chez toi. Enfin c'est pas que t'en ai pas capable hein, je t'insulte pas. Voilà qu'il essayait de se justifier maintenant. Mais, bein, si tu tombes dans les escaliers et que tu te blesses parce que tu m'as aidé ça va m'énerver. Non, non, il donnait l'impression de la rendre responsable. Je veux dire, je vais en vouloir encore plus à la magie. Pas que ça me dérange hein. Mais euh. Ceeeeeee... ce serait peut-être pas le meilleur moyen de te re... reeeeee... merciiiier ?

Il avait beaucoup, beaucoup de mal à sortir, ce petit mot de rien du tout. Merci, c'était un des premiers trucs qu'on apprenait à dire aux enfants et Louis était toujours incapable de le dire sans grimacer et froncer les sourcils.
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Mer 20 Mai - 19:10
Allergie à la magie ? Violet n'y croyait pas trop. Ou alors, peut-être que c'était vrai. Elle était fort magique, puisque pas tout à fait humaine. Si c'était ça, elle devait le déranger beaucoup, ce qui expliquait qu'il ne lui parle pas souvent. Son minois se froissa. Il ne fallait pas qu'il se rende malade juste parce qu'elle lui avait rendu un service, elle ne voulait pas qu'il se sente mal. Elle avait l'habitude d'être toute seule, de toutes façons.

Elle allait le lui faire remarquer, mais elle était peut-être trop seule, ça la rendait lente ; elle avait l'habitude de parler uniquement dans sa tête, à peu de choses près, et son débit de parole ne pouvait soutenir celui de Louis qui allait à une vitesse impressionnante, malgré les nombreux ratés exprimant le début d'une pensée pour devoir l'expliciter juste après. Elle le laissa donc parler, et probablement se perdre dans ses mots, acceptant facilement de ne pas pouvoir en placer une.

Lorsqu'il eut terminé, elle eut la réaction la plus naturelle du monde. Elle pouffa de rire. Juste un peu, assez discrètement ; elle éclatait rarement de rire au grand jour, ça attirait trop l'attention, et c'était déjà une manifestation émotionnelle plutôt forte pour elle, habituellement si transparente.

- Tu n'es pas obligé, tu sais.

Elle sourit, penchant un peu la tête sur le côté, tentant de comprendre ce qui lui prenait et pourquoi elle devait soudainement lui expliquer que tant de précautions n'étaient pas nécessaires.

- Enfin, ça fait un peu loin, la salle commune de Serdaigle.

Depuis le deuxième étage, il avait bien plus de facilité à retourner vers Serpentard plutôt que de l'accompagner. Elle était habituée aux nombreux escaliers, qu'elle redescendait de toutes façons après dix minutes maximum lorsqu'elle ne s'isolait pas derrière les tentures de son lit.

- Et puis, si tu es allergique, je te rends peut-être malade.

Simple énonciation d'une possibilité, sans rancoeur aucune. Violet se voyait parfois comme un monstre, et elle aurait compris qu'on ne veuille pas de sa présence, surtout dans des conditions magiques. Cependant, elle voyait bien qu'il faisait un effort, et ce n'était pas à décourager ; elle finit par hausser légèrement les épaules.

- C'est comme tu veux, mais je ne veux pas déranger. Je suis contente que tu aies trouvé ça utile, pour le cours, mais... J'avais un peu peur que tu le prennes mal, en fait, donc tu n'es vraiment pas obligé.

Lui adressant un demi-sourire, elle fit un pas hésitant dans la bonne direction, pour voir s'il suivrait. Ce n'était pas tellement qu'elle refusait sa compagnie, mais elle ne voulait pas qu'il se sente forcé juste parce qu'elle l'avait aidé. A force de poser des barrières entre elle et le monde, Violet respectait très facilement les limites des autres, et se sentait très vite indésirable ; dans la présente situation, elle oscillait entre la plaisante surprise de voir Louis agréable et l'impression qu'il se sentait juste redevable.
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Serpentard
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Mer 20 Mai - 20:24
Louis haussa un sourcil, surpris. C'était un petit peu étrange d'entendre Violet pouffer de rire. Pas qu'il l'ait enregistré dans sa tête comme étant une fille déprimée, mais comment dire ? C'était toujours ce même problème, ce même espèce de flou : Violet était toujours là, il l'avait toujours regardé en coin, mais il n'avait jamais vraiment pris le temps, finalement, de penser à elle. C'était étrange, tout bien réfléchir, de réaliser ça seulement maintenant, et à ce moment précis. Il ne s'était rien passé de spécial, pourtant. Une aide à un devoir, ce n'était rien d'exceptionnel, rien qui éveille d'un seul coup une vive curiosité.
Peut-être, dans le fond, que l'intérêt avait toujours été là, mais qu'il avait fallu du temps pour le remarquer. Quand on était occupé du matin jusqu'au soir à déverser sa haine sur les autres, on en oubliait de regarder les jolis sourires à côté de soit.
Parce que Violet était jolie, quand elle souriait comme ça. Louis se sentit rosir légèrement ; ça aussi, c'était une pensée qui n'effleurait pas souvent sa tête. Il espérait que Violet ne remarquerait rien de plus que la grimace qui se dessina sur son visage pour tenter de camoufler son trouble. Une grimace pas très différente de celles de d'habitude, entre le prodigieux énervement et le dédain. C'était presque devenu son expression naturelle, dans le fond.

Le Serpentard avait voulu retourner ses mains dans son dos pour recommencer à triturer ses doigts, mais il avait toujours les livres de Violet dans ses bras. Il ne savait pas comment évacuer son trop plein de sentiments confus, alors il souffla sur ses cheveux d'un grand coup, sans prévenir ; ce qu'ils l'agaçaient, aussi, ces cheveux. Andrea avait beau les avoir coupé pour lui rendre visage humain, ils restaient vraiment embêtants.
Oui, bien sûr, il n'était pas obligé, il le savait. De toute façon, il ne manquait plus que ça, qu'une sorcière l'oblige à faire quelque chose. Elle pouvait mourir trois fois qu'il n'aurait pas bougé le petit doigt. Non, c'était étonnant, mais il le voulait vraiment. Il voulait faire le chemin avec Violet ; alors, un peu hésitant et perturbé parce ce qu'elle venait de dire, il lui emboîta le pas et, précipitamment, chercha les mots.

- Non mais, euh, dis pas n'importe quoi. Enfin NON. Il continuait d'enchaîner les bourdes. Il n'apprenait pas de ses erreurs. Enfin tu sais c'est un.... enfin le truc là. D'intello. Méta... métore... le truc quoi. Une image. C'était beau d'apprendre la magie, mais si on pouvait prodiguer un peu de cours de langues aussi. Enfin j'ai pas besoin d'expliquer, tu sais. Que j'aime pas la fichue magie. Mais c'est pas euh. Physique ? Un peu quand même enfin, ça me met grave en colère ! Mais je suis pas malade ? Enfin si la magie ça rend malade mais... RAAAAAH.

Il avait crié, fermant les yeux, trop énervé de ne pas réussir à s'exprimer. Dans le fond, ce n'était pas important qu'il élève la voix, il n'y avait personne dans ce couloir, pour le moment .Ils n'avaient pas encore atteint le cage d'escaliers, qui serait sans doute plus bondée.
Louis trouvait ça beaucoup trop compliqué, d'être gentil. Il aurait préféré lui cracher quelque chose comme "oit pas bête, bien sûr que ça m'énerve que tu sois une sorcière", puis ajouter, pour compenser un peu "mais toi, c'est différent". Seulement, avec Violet, justement parce que c'était différent, il ne voulait passer par la première étape, qui était l'agressivité, même si c'était difficile, coûteux en effort. Même si il était loin de vraiment réussir. Il essayait. C'était un début.

- Pis on s'en fiche ok ? Si je voulais pas je le ferai pas c'est tout. Je prends carrément plus mal que tu refuses que je te rende service. Voilà. T'as été gentille donc je. Enfin. J'essaye de faire pareil. Il interrompit son débit de parole et détourna le regard bien à l'opposé de la jeune fille. Même si ça fait méga bizarre venant de moi, la gentillesse, c'est même carrément ridicule mais tu fais avec.

C'était quand même dramatique, ça, d'être incapable de ne pas glisser un impératif par phrase, de ne pas prendre cette intonation tantôt agressive, tantôt défensive. Si il avait été Violet, il serait prati depuis longtemps. Louis ne savait pas comment il faisait pour se supporter.
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Jeu 21 Mai - 22:28
Louis suivait, et se remettait à parler. Violet, elle, regardait à nouveau le sol, même si elle se sentait un peu mieux que lorsqu'elle marchait toute seule ; c'était l'avantage de se tenir aux côtés de quelqu'un qui attirait plus l'attention qu'elle, puisque ça lui donnait l'impression que ce n'était pas elle qu'on regardait lorsqu'un regard se tournait vers eux. Ceci dit, il valait mieux ne pas vérifier et fixer le pavement, elle était bien trop mal à l'aise dans les lieux publics que pour risquer de paniquer. C'était handicapant pour elle, quand elle faisait ça, mais aussi très embarrassant pour ceux qui se retrouvaient à devoir la gérer.

- Ah. Une métaphore, d'accord. C'est plutôt bien, sinon tu serais malade tout le temps.

Elle avait envie de lui dire qu'elle aurait aimé qu'il ne soit pas là, parce que ça aurait été bien mieux pour lui, mais d'un autre côté, ç'aurait été perdre un ami, alors c'était un dilemme. Peut-être qu'un jour il parviendrait à se faire renvoyer, et qu'il disparaîtrait dans le monde magique sans plus approcher un hibou pour donner des nouvelles, et Violet ne serait certainement pas dans ceux à qui il écrirait en premier même s'il faisait un effort.

Dans le fond, ça lui faisait un peu bizarre, d'avoir de l'affection pour quelqu'un qui la rendait à moitié, ou contredisait tous les gestes qu'il faisait vers elle. Elle n'aurait peut-être pas dû le compter dans ses amis, mais c'était un peu trop tard, alors elle faisait avec. Après tout, elle ne prenait pas les choses très à coeur, parce que souvent elle considérait les mots blessants comme très vrais, et il avait raison d'être distant, puisqu'elle était bizarre ; c'était toujours mieux que de la mettre mal à l'aise en étant au contraire pas assez distant.

Louis parlait beaucoup, d'ailleurs, et c'était plutôt soudain. Enfin, pas tant qu'il parle beaucoup, c'était plutôt habituel, mais qu'il parle beaucoup et à elle... Il la confondait peut-être avec Andrea, question compagnie. Violet était plutôt une ombre à côté des garçons, habituellement. Elle ne savait pas trop comment réagir.

Elle lui adressa un regard un peu par dessous, le visage à moitié caché derrière ses cheveux.

- Je veux pas te vexer, hein. Mais.

Elle sourit, un peu embêtée.

- C'est vrai que c'est bizarre. Mais... C'est plutôt chouette. On ne parle pas souvent.

Violet était sans doute trop calme, trop taiseuse à côté de la tempête qu'il était. Elle ne savait pas vraiment quoi faire d'autre. Elle aurait bien aimé porter elle-même ses livres, en fait, pour avoir quelque chose devant elle comme une protection. Elle replaça encore une mèche de cheveux derrière son oreille ; ce n'était pas facile de les garder en place sans regarder les alentours.

- C'est pas ridicule. Ça me fait plaisir.

Elle sourit un peu ; c'était vrai. Bizarre, mais pas ridicule, et elle appréciait l'effort. Après tout, il devait se dire qu'elle était un monstre, ou quelque chose comme ça ; Violet n'était pas très loin de le penser elle-même.
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Ven 22 Mai - 13:05
En entendant les mots de Violet, qui confirmaient toute l'étrangeté de la situation dont le garçon avait bien conscience, tout en niant tout aspect désagréable de celle-ci, Louis sentit une douce chaleur l'envahir. C'était tout à fait improbable ; il y avait sans cesse des courants d'airs dans les couloirs du château, et il connaissait mal la chaleur humaine. Pourtant, elle était là, et elle lui réchauffait le coeur. Louis se décrispa légèrement ; les épaules se relâchèrent, mais pas trop, pour ne pas non plus laisser tomber la pile de livre de la Serdaigle. En un sens, d'un seul coup, on avait l'impression qu'une partie des mauvaises ondes qui émanaient du garçon en permanence s'était volatilisées.

- Ah, ouais. Enfin on parle quand même en cours eeet... quand on étudie ? Enfin quand vous étudiez. Toi et Andy.

Louis accompagnait souvent les deux Serdaigle à la bibliothèque ou dans la salle d'étude, mais il ne prenait jamais la peine d'apporter un de ses manuels ou de pratiquer ses sortilèges. Généralement, pour s'occuper sans les déranger, il lisait un livre moldu qu'il aimait bien, gribouillait sur un coin de parchemin avec un bic introduit en secret dans le château, ou jetait juste des regards noirs aux autres élèves ; un des passe-temps favoris de Louis. Surtout lorsque l'élève en question arborait les couleurs de Serpentard.

- Enfin après euh, c'est pas pratique hein. Il se mordit la lèvre inférieure ; pas de ton condescendant, on avait dit. Enfin toi et Andy vous êtes dans la même maison, vous mangez à la même table et tout.

L'exposition des faits sonnait comme un reproche, mais ce n'était pas vraiment le cas. Louis savait bien que personne ne pouvait faire changer d'avis le fichu chapeau enchanté. Il avait essayé, pourtant, lors de sa Répartition, de convaincre le couvre-chef de ne pas lui donner de maison et de prononcer son renvoi. Le bout de chiffon n'avait rien écouté. Personne ne l'écoutait jamais dans cet endroit, de toutes façons.

Le duo atteignit enfin les escaliers ; Louis les détestait. Il ne savait jamais lesquels prendre pour arriver au bon endroit, et maudissait l'inventeur de ces escaliers mouvants. Les architectes sorciers étaient tellement stupides que Louis se demandait souvent de quelle manière ils avaient obtenu leur diplôme. Comme pour beaucoup de professions exercées par les sorciers, d'ailleurs. Par exemple,qui avait permis à Emerald d'enseigner ? Qui a cru que c'était une bonne idée ?
Prudent, Louis préféra suivre Violet. Il imaginait qu'elle avait davantage l'habitude que lui d'emprunter ce labyrinthe. En plus, c'était une sorcière, les structures bizarres ne devaient pas avoir de secrets pour elle.

- C'est bête. Il avait dit ça d'un seul coup, dans la suite logique de ses pensées intérieures. Je veux dire. Les escaliers, les maisons, les tables. C'est bête et c'est nul.

Si ses rares amis avait été dans la même maison que lui, peut-être Louis aurait-il quelque peu mieux vécu sa scolarité ? Difficile à dire. Peut-être n'aurait-il simplement jamais réussi à se lier d'amitié avec ces personnes, trop en colère contre le monde entier pour tenter de passer au-delà des apparences et chercher à mieux les connaître.

Louis s'arrêta ; l'escalier venait de bouger. Il jeta un coup d'oeil par dessus la rambarde. Il n'avait pas particulièrement le vertige, mais il ne sentait pas en sécurité, ballotté par des infrastructures magiques.
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Sam 23 Mai - 19:35
Violet hocha la tête à sa remarque, puisque c'était vrai. Mais elle n'était pas certaine que ça comptait vraiment, parce qu'elle était toujours mal à l'aise en classe, et à la bibliothèque ; au final, ce n'était jamais une vraie conversation, parce qu'elle était soit concentrée sur autre chose, soit fort retenue pour ne pas se placer en situation de panique. Elle aimait ses amis, faire des choses avec eux, mais elle préférait pour se détendre vraiment les voir un par un ; elle n'osait pas toujours intervenir dans les histoires des garçons, parce qu'elle était trop magique et sans doute trop fille pour comprendre. Autant s'épargner les rejets inutiles.

C'était vrai aussi que la différence de maison n'était pas pratique, surtout à une distance pareille. Elle voyait plus souvent des Gryffondors dans les étages, aussi supposait-elle que leur salle commune était quelque part dans les tours aussi ; Serpentard, de ce qu'elle en savait, se trouvait plutôt dans les sous-sols, ce qui ne rendait pas les trajets ensemble très faciles. Elle trouvait tout ça un peu bête aussi, même si elle s'en fichait dans le fond. Louis ne le remarquait probablement pas, mais elle était très rarement à table. Elle avait plutôt tendance à manger directement dans les cuisines, ou à ne pas manger du tout, la deuxième solution arrivant un peu trop souvent.

- C'est vrai.

Elle avait envie de dire que ça ne l'empêchait pas de trouver du temps pour parler à Andy, mais ç'aurait été un peu méchant.

- Enfin, tu sais, j'aime pas trop les endroits où y a plein de monde, de toutes façons, alors ça ne change pas grand chose, d'être dans la même maison.

La formulation était moins accusatrice, puisque Violet ne pouvait pas l'être. Il n'avait pas à trouver d'excuses pour ne pas lui parler. Elle trouvait ça plutôt normal, en fin de compte.

Ils étaient arrivés aux escaliers, et Louis n'avait pas l'air très à l'aise. Un peu perplexe, Violet passa devant. Elle aimait bien les escaliers de Poudlard, surtout en habitant si haut dans le château ; c'était le seul moyen qu'elle connaisse pour se déplacer rapidement, n'ayant jamais été dans un des grands bâtiments officiels du monde magique.

Elle fut un peu étonnée d'entendre Louis continuer sur la même pensée après une pause.

- Ah ? Les maisons et les tables, je suis un peu d'accord, mais... T'aimes pas les escaliers ?

Le chemin risquait d'être difficile. Violet se tourna vers lui, un peu hésitante.

- Tu n'es pas...

Obligé de m'accompagner. Encore. Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas, au contraire, mais elle jugeait sa propre compagnie comme suffisamment pénible, de par son silence et ses hésitations, qu'elle ne voulait pas s'imposer. Elle se rappela juste à temps de ses insistances, et finit par afficher un sourire un peu coupable. L'escalier suivant n'était pas très loin, et ils l'atteignirent avant qu'elle sache comment terminer sa phrase.

- Enfin. Merci.

C'était un merci qui couvrait beaucoup de choses, sa compagnie, les efforts qu'il faisait, les mots qui lui adressait, le fait qu'il la traite normalement – si toutefois Louis était capable de traiter quelqu'un normalement. Elle eut un soupir léger comme une plume, et sembla se détendre un peu.
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Sam 23 Mai - 20:51
Les escaliers s'étaient immobilisés, ce qui ne déplaisait pas, mais alors pas du tout au jeune garçon. Il était heureux, souvent, que son frère n'ait pas eu le temps d'enchanter leur maison avant de mourir. Pourtant, cela aurait sans doute faciliter la vie de leurs parents qui, aujourd'hui, n'étaient plus tous jeunes. Mais, pas moyen ; Louis préférait passer ses étés à récurer la vaisselle et aider son père à tondre la peluche que de voir des résidus de fichue magie se promener dans son seul havre de paix ; sa maison, son chez-lui. D'un seul coup ; sa chambre lui manquait. Son calme, ses livres, ses jeux, sa normalité. Louis ne se sentait pas à l'aise dans les dortoirs de Serpentard. Il ne supportait pas ses camarades, ne se sentait pas en sécurité, avait toujours peur qu'on lui dérobe ou détruise quelque chose, dormait parfois mal parce qu'il était énervé.

- Ouais, je crois que je comprends ? Peut-être que son sentiment était totalement opposé à celui de Violet et qu'il interprétait de travers, il ne savait pas trop. Je déteste la salle commune. Ils me regardent tous de travers, ça les amuse de m'énerver et ça m'énerve encore plus de pas savoir ne pas m'énerver, c'est trop chiant.

Louis rêvait régulièrement d'avoir un endroit rien que pour lui quelque part dans ce château, quitte à être contraint d'y rester coincé. Un toute petite pièce avec un lit, une salle de bain et de quoi manger. Il s'en fichait du reste, du moment qu'il n'était pas obligé de fréquenter tous ces sorciers méprisants et moqueurs. Du moment qu'il n'avait pas à supporter les agressions d'Amethyste, les faux sourires de Pete, les reproches de tous les autres.
Il se demandait si Violet songeait à la même chose, lorsqu'elle parlait de ne pas aimé les endroits avec plein de monde. Il se demanda, dr'un seul coup, si elle aussi, elle était brimée, taquinée, dérangée sans cesse ? C'était un peu stupide, il ne voyait pas pourquoi on embêterait Violet. Elle était gentille et intelligente. Et jolie. Enfin, sans doute. Elle n'était pas moche en tous cas ? Enfin, sans doute.
Il lu jeta un regard discret.

- Et euh. Du coup. Si t'aimes pas trop ça... tu vas où ? Enfin y'a des gens partout dans ce château quoi.

Le petit Serpentard se rendait de plus en plus compte qu'il ne savait rien d'elle. Ce qui lui plaisait ou non, ses fréquentations, ses passions, ses occupations. Il savait qu'elle participait au club de jardinage puisqu'il y était inscrit aussi, mais en dehors de ça ? Louis ne comprenait pas pourquoi il se réveillait seulement maintenant. Il ne comprenait pas le déclic. Il serra les livres un peu plus contre son torse.

- J'aime pas les gens non plus tu sais. Enfin les sorciers. Chez moi c'est mieux. Les gens sont normaux et te regardent pas de haut. C'est un petit village alors y'a pas beaucoup de monde mais ce sont tous des gens sympas. Je suis sûr que toi aussi tu serais mieux là-bas qu'ici.

Et puis, au bord de son petit village, il y avait la mer. Il y avait plus souvent de gros nuages noirs que du beau soleil, mais comme il n'y restait que l'été, en définitive, il arrivait à fréquenter l'endroit dans ses jours les plus cléments. Ça lui manquait, de se promener sur la grève avec ses amis, d'être surpris par une grosse averse, de rentrer boire un chocolat chaud puis de rire devant un bon jeu ou un dessin-animé qu'ils adoraient. Louis se demanda si Violet aimait la mer.
C'était une question un peu stupide, dans le fond. D'ailleurs, il ne savait même pas où habitait Violet.

En fait, le plus simple pour lui serait d'énumérer ce qu'il savait de Violet. Serdaigle, quinze ans, gènes de vélane, gentille et intelligente.
C'était tellement, tellement limité.
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Mar 26 Mai - 22:41
Violet trouvait beaucoup de sens à ce que Louis disait, même si c'était un peu confus ; elle avait eu du mal à apprendre à ne pas s'énerver. Elle n'aimait pas s'énerver, parce qu'elle devenait rapidement un monstre, et plus elle avait peur que ça arrive, plus ça arrivait. Quel était le pire, entre être trop jolie et être difforme ? Elle n'avait pas de vraie réponse, mais au moins avoir visage humain permettait de se cacher un peu mieux.

Elle hésita un peu à répondre à sa question, parce qu'elle avait mis pas mal de temps à trouver ses endroits à elle. Il y avait beaucoup d'étudiants à Poudlard, mais elle était suffisamment intelligente que pour trouver comment s'isoler un peu.

- Euh, et bien... Y a plusieurs endroits ?

Elle ne savait pas s'il voulait une liste, et c'était parler longtemps, mais bon ; il lui parlait. Il faisait un effort. Elle pouvait bien le rendre.

- Il y a... Les gradins du terrain de Quidditch. Il y a parfois des gens sur le terrain, mais personne dans les gradins en dehors des entraînements et des matchs.

Vu que Louis refusait catégoriquement de voler, ce devait être un endroit auquel il ne pensait pas. En tout cas, elle ne l'avait jamais vu assister à un match de Quidditch, et elle-même était bien obligée d'aller à toutes les rencontres.

- Il y a aussi les toilettes du deuxième étage. Certaines classes quand y a pas cours. La partie silencieuse de la salle d'études, aussi ? Le parc quand il fait beau, et euh. Sinon, juste tirer les tentures de mon lit ça marche aussi.

Il y avait quelque chose de rassurant à ne pas être trop visible, à s'installer quelque part en paix sans personne autour. Ce n'était pas tellement qu'elle se cachait, mais être seule sans être dans un endroit incongru était plutôt difficile. Violet rougit un peu, comme si c'était honteux de déballer cette liste. Et peut-être l'était-ce, en fait, parce que c'était avouer qu'elle était incapable de survivre une journée entourée par des gens, que ses peurs étaient de pires en pires. Certes, Louis n'en savait probablement rien, sauf s'il l'entendait parfois respirer profondément pour se calmer, mais en parler à voix haute était aussi un aveu à elle-même.

Violet avait dans tous les cas l'impression d'en avoir trop dit. Ce n'était pas souvent qu'elle tenait le crachoir comme ça plus de trois phrases ; elle n'avait pas l'habitude, sa propre voix sonnait un peu faux.

- Ça doit être joli, chez toi.

Plus joli que chez elle, de son point de vue.

- Chez moi... Je crois que tu n'aimerais pas. Les gens sont gentils, mais c'est sans doute un peu trop... Enfin tu vois.

En plein milieu du Royaume Solus, il y avait un peu trop de créatures pour Louis, sans doute. Un peu trop de magie, aussi. Mais bon, la famille de Violet cadrait assez bien dans le décor.
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Jeu 28 Mai - 20:54
Louis fut étonné du nombre de cachettes que la Serdaigle fut capable d'énumérer. Il pensait qu'elle allait lui sortir un seul lieu bien précis dans lequel elle aimerait se réfugier, un peu comme tout le monde. Louis pensait qu'on avait tous cet endroit dans lequel on se sentait en sécurité, dans un état de bonheur inébranlable, comme lorsqu'il avait évoqué le village où il vivait avec ses parents et sa petite soeur. C'était encore une preuve, pour lui, que Violet était une personne très intelligente, ou tout du moins beaucoup plus réfléchie que lui : elle avait su prendre le temps de dénicher ces endroits. Lui, il n'avait même pas cherché : il détestait tellement chaque centimètre carré de pierre ou d'air dans ce château qu'il n'arrivait pas à concevoir d'apprécier le moindre placard à balais.

A l'évocation des gradins du terrain de Quidditch, Louis se contracta et afficha une mine contrariée. Il détestait ce sport. D'ailleurs, ce n'était même pas un sport mais un grand suicide collectif. C'était pour çaqu'il appelait mentalement McField "le suicidaire à lunettes". C'était dommage pour lui, d'ailleurs : puisqu'il connaissait et aimait les jeux vidéos, pourquoi risquer sa vie en vrai sur des balais volants, avec des balles incontrôlables, sans filet de secours comme les artistes de cirque ? Sorcier ou pas, quand on tombe de haut, on meurt. C'était de la physique, ça ; même qu'on pouvait l'apprendre dans C'est pas Sorcier, preuve que ça s'appliquait à tous. Quitte à avoir reçu une éducation de moldue, il aurait pu opter pour un sport plus banal et moins risqué, comme l'athlétisme ou le badminton. Aux dernières nouvelles, Louis n'avait jamais entendu dire que quelqu'un avait été tué par un volant de badminton. Un cognard, par contre...

- Je trouve ça dangereux que t'aille là-bas, ronchonna Louis. Avec leurs balles là, tu peux pas savoir ce qui va se passer. Un cognard peut se perdre dans les gradins et te blesser. Et je veux pas entrer à l'infirmerie même pour te voir. Il se rendit compte que c'était peut-être un peu rude. Enfin le prend pas mal c'est pas toi ! Mais j'ai pas confiance en le. Enfin, le. Charlatan ? Meurtrier ? Emoisonneur ? ... truc. Qui donne des potions et agite une baguette.

C'était une façon comme une autre de dire les choses. Louis avait tout de même le sentiment étrange, au fur et à mesure qu'il parlait avec Violet, de réussir à hausser un peu moins le ton et à se montrer moins sévère. Il galérait toujours à trouver les mots justes et à ne pas ponctuer toutes ses phrases par un ordre, mais ça allait tout de même un tout petit peu mieux, et ça lui faisait bizarrement plaisir d'être capable de converser à peu près décemment avec quelqu'un d'autre qu'Andrea, qui n'échappait pas à ses mauvaises habitudes, mais les encaissait mieux que les autres.

En finalité, dans la liste de Violet, seul le lit lui était familier, mais il la trouva bien chanceuse que cette idée fonctionne avec elle. Ce n'était pas du tout son cas. Ses camarades n'avaient pas vraiment envie de lui ficher la paix, peu importe les circonstances.

- Parfois même quand je tire les tentures les types de mon dortoir me fichent pas la paix. Ils font exprès de parler de sujets qui me fâchent, font exprès de lancer des sorts. Parfois ils parlent mal des gens que j'aime bien. Les vraiment plus mauvais jours ils font exprès de me réveiller dans la nuit ou ils essayent de me faire boire des potions. Louis grinça des dents, énervé par de mauvais souvenirs. Un jour je leur ferai payer.

Il ne savait même pas pourquoi il racontait ça à Violet. Outre le fait qu'elle devait s'en ficher parce que dans le fond, il le méritait bien avec son mauvais caractère, en parler ne changerait rien. De toute façon, il ne voulait de l'aide de personne, surtout pas de sorciers. Il réglerait ça par lui-même un jour. Sans magie. Pour leur prouver qu'avec leur baguette, ils n'étaient pas supérieurs à lui.

Ils s'approchaient de la tour de Serdaigle ; ils étaient assez hauts dans les étages et Louis ne connaissait pas assez bien le chemin, alors il se contentait de suivre. Les livres commençaient à peser un peu lourd dans ses bras, et il ne comprenait pas comment Violet faisait habituellement pour porter tout ça. Et, bien sûr, son nez commençait à le chatouiller, parce que c'était toujours dans ses moments là qu'une partie du corps nous grattait mystérieusement.

- ... trop magiques ? C'est vrai que t'es une sorcière. C'est dommage. Louis l'oubliait, parfois. Violet était si discrète. Mais en fait... t'habites où ?

Il ne la voyait jamais avant ou après le passage au quai 9 3/4, alors il n'avait aucune idée de là où elle venait. Un autre mystère, à propos de Violet.
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Dim 31 Mai - 23:07
Violet se sentit rougir, soudainement mal à l'aise. Elle non plus, elle n'irait pas à l'infirmerie, même pour un cognard, même pour quoi que ce soit. Elle baissa encore un peu plus les yeux, et lissa les plis de sa jupe.

« Je crois que les gradins sont protégés tu sais. Enfin, je commente les matchs ? Et j'ai jamais eu de problème. »

Ce n'était pas une question, juste la suggestion hésitant que peut-être, il aurait dû le savoir, parce que la très grande majorité de l'école était au courant. Mais bon. Aucun de ses amis n'assistait aux matchs, soit par conviction soit par peur de la foule, alors ça n'étonnait pas vraiment Violet.

« Je vais pas à l'infirmerie de toutes façons. Enfin, j'ai pas confiance non plus. »

Tout à fait, c'était un problème de confiance. De confiance en elle. Pour parvenir à regarder l'infirmier dans les yeux. Violet n'était pas du tout courageuse sur ce plan. Elle arrivait déjà à peine à faire face à ses amis, alors il ne fallait même pas parler des gens qu'elle avait blessés ou déçus. Elle était plutôt contente que le sujet de la conversation change.

Elle écoutait, et elle compatissait, juste un peu. Louis avait peut-être le pire caractère du château, mais si on l'avait laissé tranquille il aurait sans doute été moins énervé tout le temps. Qui pouvait le blâmer, s'il voulait se venger ? Avec la vendetta personnelle qu'elle menait contre Emmet, sûrement pas elle. Elle se demanda s'il embêtait Louis, et décida que c'était fort probable. Une chose en plus à lui faire payer au prix fort dés qu'elle en aurait l'occasion ; elle rangea l'idée dans un coin de sa tête pour un moment où elle serait plus en confiance. Curieux comme elle pouvait être en public une petite chose fragile, et pourtant devenir une vraie peste lorsqu'il s'agissait des gens qu'elle avait pris en grippe.

« Tu devrais peut-être juste ne pas réagir pour qu'ils se lassent, et attendre le bon moment pour leur faire payer. »

C'était sorti tout seul, presque pensivement, un peu trop naturellement. Il y avait des gens qui s'amusaient à énerver Violet, pour voir son visage changer sous le coup de la colère ; elle n'avait jamais apprécié ce genre de comportement, mais avait appris à se maîtriser en grande partie. Et à se venger au bon moment, par la même occasion.

Elle secoua la tête comme pour chasser l'idée.

« Désolée. »

Elle avait une question à laquelle répondre, autant s'y raccrocher pour ne plus dire de bêtises qui donneraient une mauvaise opinion d'elle. Violet n'avait pas vraiment envie de s'ouvrir, parce qu'elle craignait d'être complètement inintéressante ; il valait sans doute mieux ne pas laisser les autres entrer que d'être blessée. Elle connaissait les autres, et éprouvait un amour sans bornes pour ses amis. Ce n'était pas grave si ça ne fonctionnait pas dans l'autre sens, le mur autour d'elle la protégeait.

« J'habite à Londres, dans le quartier des créatures. »

Violet hésita un instant.

« Enfin, ma maman est une vélane, donc elle préfère vivre là, et mon père a suivi. C'est... plutôt bizarre. Agité. Je ne crois pas que ça te plairait. »

C'était dit innocemment, sur ce ton qui, à l'oreille initiée, veut dire 'tu le savais, hein ?'.
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Mar 2 Juin - 20:52
Elle commentait les matchs ? Sérieusement ? Louis la regarda en écarquillant de grands yeux, puis reprit le contrôle. Ce n'était pas très gentil, de réagir de la sorte. Enfin, il allait donner l'impression qu'il s'en fichait d'elle et qu'il n'avait jamais prêté attention à ce qu'elle faisait en dehors des cours et de leurs petites réunions entre camarades. Bon, en soit, ce n'était pas très éloigné de la vérité, mais ce n'était pas vraiment flatteur non plus, alors il valait peut-être mieux faire gaffe à ne pas afficher des têtes trop bizarres. Quelle idée, en même temps, de commenter le Quidditch. C'était dangereux et parfaitement inutile. De toute façon, comment aurait-il pu savoir ? Il ne mettait jamais les pieds dans le stade. Jamais de sa propre volonté, dans tous les cas. Comme pour l'infirmerie ; sur ce point là, au moins, il la rejoignait.

Il écouta son conseil en se renfrognant ; oui, c'était ce que tout le monde lui disait, de laisser couler. Enfin, tout le monde : son père, sa mère, Andrea, et maintenant Violet. Pete aussi parfois, mais Louis n'accordait aucune confiance à ce vieux renard. Trop souriant pour être honnête. Personne n'était honnête dans cette fichue maison.
Ceci dit, il était beaucoup plus surpris d'entendre le conseil suivi d'une idée de vengeance. Il n'imaginait pas Violet comme ça. Enfin, belliqueuse ? C'était peut-être pas ça le mot, il n'en savait pas grand-chose. Les mots c'était compliqué ; frapper c'était plus facile. Mais il ne voulait certainement pas frapper Violet.

- .... leur faire payer ? Ouais, enfin euh. Je fais déjà beaucoup payer non ? Enfin je me bagarre et j'insulte beaucoup. Il leva les yeux au plafond, soucieux et songeur. Enfin c'est peut-être pas à ça que tu penses ? Je sais pas à quoi tu penses.

C'était aussi une vérité peut-être un peu blessante à énoncer, dans son genre ; il n'avait pas la moindre idée de ce qui passait par l'esprit de Violet. Lorsqu'elle parlait de vengeance, bien entendu, mais pour tout le reste aussi. De quoi rêvait-elle ? Quel petit déjeuner espérait-elle le matin ? A quoi elle songeait pour se distraire en cours ? Quelle était sa couleur préférée ou son animal favori ? Quelles étaient ses angoisses, ses petites joies du quotidien ? Il la regarda du coin de l'oeil, soudain curieux de ce qui pouvait lui passer par la tête, tout de suite maintenant. Louis se préoccupait rarement, voire jamais, de ce qui pouvait se passer sous la tête de quelqu'un d'autre. C'était pour ça, d'ailleurs, qu'il avait autant de facilités à blesser les autres sans remords.

- Enfin euh, ouais. J'arrive pas à me taire. Jeee... déteste donner le dernier mot, bougonna-t-il. Il n'aimait pas l'avouer. Je veux pas les laisser croire qu'ils ont gagné.

C'était une guerre, et dans la guerre, on ne laissait pas la moindre petite victoire à l'ennemi. Louis était en guerre contre la magie et contre les sorciers, alors s'abaisser à se taire, c'état accorder une bien trop belle et glorieuse victoire, en l'état.
Louis, ceci dit, laissa couler, et hocha la tête lorsque Violet évoqua son quartier. Il ne connaissait pas. Forcément, il ne traînait jamais dans la partie magique de Londres. Ses parents avaient essayé de l'y traîner, certains étés, mais le garçon avait toujours refusé de s'arracher à son lit et ses jeux vidéos pour ça. Hors de question d'exposer ses parents à tous les dangers de la magie. C'était mieux pour eux de rester dans leur petit village complètement moldu.

- Chez moi c'est calme. Si t'aime bien les endroits calmes tu devrais t'y plaire. Enfin dans ma maison y'a ma soeur de bruyante mais quand tu te débarrasses d'elle c'est calme.

Louis adorait sa soeur, comme tous les frères du monde, mais il ne rêvait que de paix et de tranquillité, comme tous les frères. Et puis, cette traîtresse aimait la magie et se mettait en danger avec elle, il fallait bien que ce ne soit pas sans conséquence.

Ils arrivèrent devant la porte de la tour de Serdaigle ; Louis détestait ce truc. Il n'était pas monté ici souvent, mais il avait très vaguement connaissance du système qui l'ouvrait. Une vraie plaie. Alors il préféra laisser Violet s'en charger tout en continuant de porter soigneusement ses livres. Bizarrement, il était un peu triste d'être arrivé à destination si vite.
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