Towards the sun - Ashley

Date d'inscription : 07/07/2013

C'était le grand jour. Celui du départ ; le vrai, le définitif, celui qui n'admettait aucun retour. La silhouette du château dansait devant ses yeux pour la dernière fois, et le train ne l'accueillerait plus jamais pour l'emmener retrouver ses chers amis au banquet de début d'année. Kalev quittait Poudlard, diplômé, âgé de dix-sept ans, le coeur et l'esprit emplis à ras bord de souvenirs qui fourmilleraient en lui pour des années et des années.

La foule de jeunes sorciers se massaient aux portes du Poudlard Express, tirant leurs bagages, pressés de trouver un compartiment vide où s'installer avec ses camarades pour tuer le temps durant les longues heures de voyage. Pour beaucoup, c'était la dernière occasion de se voir avant que ne débute un interminable été, surtout dans le cas des nés-moldus, souvent contraints de renoncer au monde magique l'espace de deux mois.
Kalev, lui, préférait attendre que la majorité des élèves aient embarqué avant de trouver un wagon calme où se poser. De toute façon, il avait déjà dis au revoir à la plupart de ses amis ; et il se refusait à un adieu, parce qu'il comptait bien tous les revoir le plus tôt possible. Dès le mois de juillet, lorsqu'il aurait trouvé où s'installer, dans le meilleur des cas. Du coup, inutile de chercher à tout prix à gagner le même compartiment qu'eux. Chacun avait sans doute beaucoup à faire, de toute façon.

La locomotive siffla une première fois. Les sorciers s'agitèrent davantage encore. Kalev choisit de commencer à hisser ses bagages à l'intérieur ; en soit, juste sa grosse malle, puisque Jupiter voyageait dans ses poches. Mettre ce furet en cage aurait été un sacrilège que le Poufsouffle refusait de commettre. Même si dans l'absolu, l'animal se fichait assez de dormir derrière des barreaux du moment que son lit était assez douillet. Un peu comme son propriétaire, finalement.

Un second sifflement. Kalev se tenait dans l'embrasure de la porte d'un des derniers wagons et observait les derniers retardataires s'égosiller sur les quais et courir en tous sens ; et, parmi eux, distingua un visage on ne peut plus connu. Kalev sourit et lui adressa un signe de main.

- Dépêche-toi Ash, le train va partir sans toi et tu vas hanter la gare pour le reste de ta vie ! Il y a encore de la place ici.

Surtout pour le nouveau batteur de Poufsouffle. Comme Kalev léguait sa position dans l'équipe de Quidditch, sa dernière fonction en tant que capitaine avait été de faciliter la tâche à Wesley et Garfield, les nouveaux grands patrons de l'équipe, en leur dégotant un nouveau joueur. Ashley était ce joueur.

Date d'inscription : 11/06/2015

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quand les souvenirs s'emmêlent

C'était toujours un peu étrange de se dire que c'était fini. Oh, tu savais qu'encore l'année prochaine, tu te traînerai sur les quais du neuf trois quart avec une valise presqu'aussi grosse que toi. Et pourtant, tu savais aussi que c'était la dernière fois que tu repartais serein, sûr de retrouver ce vieux châteaux dans quelques semaines. C'était si étrange de se dire qu'il ne restait qu'une toute petite année -ça s'est passé si vite, si vite si vite.
Et puis il y avait ceux qui ne reviendraient pas.
C'était un petit trou dans la poitrine, une étrange sensation entre bonheur et regret -celui de ne pas avoir vécu plus de choses ici, celui d'avoir pu rater quelques personnes d'exception, celui qui disait que finalement c'était dommage de ne pas pouvoir arrêter le temps, quelques fois.
Mais toi Ashley, toi t'es un peu con ; t'as la voix nouée et c'est bizarre de ne pas t'entendre parler mais tes lèvres sont scellées salées et cimentées, il y a dans ton silence quelques refus de la réalité qui doivent te faire bien plus de mal que le réel. Tu baisses les yeux face à ceux qui disent au revoir, tu crains un peu de te retrouver face à quelqu'un qui te manquera -et en même temps tu sais qu'ils te manqueront tous, tu sais que t'es stupide de gâcher un possible dernier moment, tu sais que t'es con de pas t'inviter chez eux pendant les prochains mois, tu sais tu sais tu sais. Tu sais aussi que tu résistera pas, que t'aura un serrement au coeur tellement étouffant que tes côtes s'entrechoqueront ; t'as déjà la tête à l'envers rien qu'à l'idée de ne plus voir quelques visages étrangers dans les couloirs, alors eux. Eux.
Une voix se détachent des autres ; tu baisses encore plus la tête. Dire que tu étais venu exprès en retard pour ne croiser personne, il faut croire que tu as raté ton coup -oh parce que tu as reconnu cette voix, si calme et posée, si enjouée et habituelle. Tu te revoyais sur un terrain d'herbe fraîchement coupée, Kalev qui t'apprenait comment bien tourner ton corps pour mieux utiliser cette satanée batte et tu crois que tu ne te rends pas compte que, l'année prochaine, c'est toi qui aura sa place. Ça semble si invraisemblable, tellement impossible.
T'étais tellement perdu dans tes pensées que t'avais pas vu ces quatre marches ridicules ; il a fallu que tu t'écrases par terre en toute délicatesse pour que tu te réveilles, avec un nez peut-être un peu désaxé et des réflexions mélangées. Et, le pire, c'est que tu te trouvais juste devant celui que tu voulais éviter -parfois tu maudissais le destin. H-Hé, salut Kalev ! T'essaies de faire comme si tu n'avais pas prévu de totalement l'ignorer quelques secondes plus tôt, comme si ce n'était pas non plus le dernier train que vous prendrez ensemble, comme si t'étais pas un fragile qui ne sait pas vraiment si son attachement est réciproque -mais qu'est-ce qu'on s'en fout Ashley, qu'est-ce qu'on s'en fout de tout ça ; quand est-ce que tu comprendra ça ?

Date d'inscription : 07/07/2013

Kalev retint un rire en voyant Ashley trébucher dans la précipitation ; une main judicieusement placée devant ses lèvres dissimula en partie le sourire un brin moqueur qui ornait son visage. Le septième année ne pensait pas à mal, et si Ashley s'était blessé, il aurait eu une toute autre réaction. Mais en l'état, pas moyen, c'était beaucoup trop drôle, cette petite maladresse. Néanmoins, pas question de le laisser galérer tout seul ; son aîné lui tendit une main pour l'aider à se remettre en état, les deux pieds dans le wagon, alors que le dernier sifflement de la locomotive retentissait. Kalev sortit sa baguette et lança un sort pour hisser rapidement les bagages de l'autre Poufsouffle à bord, et il se félicita de cette idée lorsque les portes se fermèrent derrière la malle.

- Pfiou, c'était pas loin. Attention, que je te cogne pas.

Il fit avancer les bagages un peu plus loin, de sorte à ce que tout le monde puisse circuler, puis annula le sort après avoir déposer le tout en douceur. Il rangea sa baguette dans sa poche, aux côtés du furet endormi. La bestiole agita frénétiquement une patte dans son sommeil, certainement dérangée par l'intrusion dans son petit nid improvisé.

Kalev observa Ashley un instant, se demandant s'il devait lui proposer de chercher un compartiment où passer le trajet, ou si celui-ci avait déjà des projets. Comme il était arrivé en retard, après tout, il avait peut-être mieux à faire que de papoter avec le capitaine à la retraite qu'il était à présent. Puis il se dit qu'après tout, il n'avait rien à perdre ; en cas de refus, il irait chercher quelqu'un d'autre à embêter. Les gens ne manquaient pas, dans ce train.

- On déménage dans un coin plus calme ? Il faut aussi que je pense à te filer ma batte, je vais plus en avoir besoin. On pourra discuter au calme, revoir des derniers petits conseils pour l'an prochain, des trucs du genre. Sauf si tu as mieux à faire.

En attendant la réponse, il commença à jeter un oeil dans le couloir, qui se vidait au fur et à mesure que les élèves se répartissaient dans les différents compartiments du Poudlard Express. Au bout du train, il y avait moins de monde qu'à l'avant, mais dénicher un compartiment vide risquait d'être vraiment ardu. Kalev haussa les élèves ; tant pis. Il n'avait pas besoin de salon privé pour exposer des théories fumeuses et se souvenir des matchs de l'année qui venait de s'écouler.

- Ahhhh, ça va pas me manquer les cognards, lança-t-il comme ça, sans raison particulière. Mais jouer avec tout le monde, ça, si.

Il reporta son regard sur Ashley, en attente de sa réponse, prêt à dégaîner à nouveau sa baguette pour déplacer leurs bagages.

Date d'inscription : 11/06/2015

les larmes me viennent

T'avais ce malaise au creux du ventre alors qu'il t'aide à te relever, qu'il charge même tes valises dans le train. T'es vraiment un assisté, Ash, et tu détestes ce petit sentiment, de celui qui veut dire non merci mais qui n'a pas vraiment le choix.
Te te frottes le nez comme si par magie les picotements allaient s'arrêter -ou peut-être juste parce que tu voulais occuper tes mains- et tu souris comme d'habitude, réflexe. Tu sais pas vraiment comment agir ; il y a plein d'artifices dans ta tête qui te disent d'exploser d'imploser de tout laisser passer fluctuer s'entraîner mais oh Ash tu peux pas faire ça. Tu peux pas faire ça. Et alors tu te retiens, ton rictus est un peu étrange et maintenant tu époussette un bout de ton pantalon totalement propre. Tu te sens con, un peu. Beaucoup.
Et puis il te parle, évidemment qu'il te parle. Derrière chaque mot chaque syllabe, tu retrouves Kalev comme il a toujours été et oh ça te serre un peu le coeur c'est étrange. Tellement étrange. Tu sens son regard que tu n'oses pas croiser et tu sais qu'il attend une réponse -Ash, t'as perdu ta langue ? Euh, ouais. Réplique magnifique pleine de confiance, tu ne sais même pas ce que tu voulais dire. C'est qu'on est avancé, Ashley.
Tu remontes tes pupilles par habitude et oh, t'aurais pas dû. Tu captes bien vite que les fenêtres sont trop floues pour la journée ensoleillée qu'était aujourd'hui, tu comprends rapidement que c'est peut-être pas ta chute qui te fait mal aux sinus et que finalement, c'est les feux d'artifice qui ont gagné, à mettre ta tête sens dessus dessous. Alors oui, t'es là, à dominer le couloir de ta stature presque digne d'un quart de géant, et tu te retiens de chialer comme une gosse de cinq ans. Glorieux.
Rapidement tu t'essuies les yeux avec tes manches ; ça ne fait que t'irriter ta peau mais au moins ça te donne la sensation de faire quelque chose de tes dix doigts, c'est déjà pas si mal. Tu veux rajouter quelque chose, dire à Kalev que c'est bon, tu vas te débrouiller, mais en même temps t'as pas envie qu'il parte. Et c'est bien ça le problème, Ash. Il part, Kalev ; il part. Sinon, le couloir c'est pas trop mal je trouve. Tu cherches un mouchoir dans une de tes poches mais c'est peine perdue -t'es trop tête-en-l'air pour emmener ce genre de choses utiles avec toi. Bon. Quitte à faire pitié, autant le faire dans un couloir où presque personne ne passe -enfin, toi ça ne t'importe pas trop d'être fiché, tu veux juste pas mettre Kalev aussi mal-à-l'aise que tu l'étais.

Date d'inscription : 07/07/2013

Kalev fut un peu déconcerté par le silence d'Ashley. Mis légèrement mal à l'aise, il s'évertua à conserver sans sourire sans trop vraiment savoir de quelle façon agir. Il ignorait autant la façon de résoudre ce malaise que ce qui le provoquait. Avait-il fait quelque chose de mal, ou dit des mots qui auraient pu vexer son cadet ? Il avait un peu de mal à se souvenir d'une situation ayant pu mener à ce genre de silence, mais après tout, pourquoi pas, on n'était jamais à l'abri d'un faux pas.
Un peu gêné, le Poufsouffle se gratta nerveusement la joue avant d'entamer quelques excuses.

- Hm, je sais pas si je t'ai causé du tort mais si c'est le cas, désolée ? J'ai pas très evie de quitter Poudlard sur de mauvaises notes avec mes amis donc si quoi que soit ne va pas, faut pas hésiter à m'en parler.

Le blond se pencha vers son camarade, et le vit alors s'essuyer les yeux avec sa manche. Pris au dépourvu, Kalev ne sut pas réellement comment interpréter ce geste. Parce que ce geste, c'était celui qu'il avait effectué lorsqu'il s'était mis à pleurer devant Juliet et avait tenté de se ressaisir, avec plus ou moins de succès.

- Oh euh. C'est vraiment si grave que ça ?

Kalev ne savait vraiment, vraiment pas quoi faire. Il n'était pas devin, ses notes en divination en attestait, et il se sentait impuissant dès qu'il s'agissait de deviner les problèmes d'autrui. Parfois, il trouvait, mais souvent, non. Et là, c'était un gros non. Ashley était une bonne pâte, qu'est-ce qui pouvait le conduire à devenir aussi émotif d'un seul coup ?

- Euh. Tu ne veux pas rentrer chez toi pour l'été ? Tu as des problèmes avec tes parents ?

En désespoir de cause, le plus simple était peut-être de le questionner directement. Un peu maladroitement, Kalev posa une main dans le dos d'Ashley. S'il avait besoin de parler, il était là pour écouter.

Date d'inscription : 11/06/2015

_____________________ there's no use crying about it

De la gêne, partout. A travers les pores de ta peau, dans tes regards qui fuient -oh, ils s'échappent comme ils coulent, plus rien ne paraît droit plus rien ne paraît bien normal ; et pourquoi pourquoi est-ce que tu dois être si honnête envers toi-même et si menteur face aux autres, pourquoi est-ce que tu fais toujours comme si rien ne te touche oh pourquoi est-ce que c'est si simple de sourire pour les rassurer tant que tes rictus n'ont pas d'échos ?
Pourtant c'est simple à dire, Ashley. Si simple.
((et peut-être que la simplicité vient juste t'étouffer
roule en boule tes poumons de papier oh
tes mots comme des déchets au fond de tes tripes))
Et il en rajoutait, Kalev ; il avait toujours eu cette manie, tu crois, de penser beaucoup trop et de n'en dire que trop peu -et peut-être que là, t'aurais préféré des silences un peu étranges, et peut-être que là, t'aurais accepté les bras ouverts des phrases muettes, des pupilles qui se chassent oh qui se dilatent. Qui s'attachent.
Puis il y a sa paume dans ton dos, ces mots trop doux et ces inflexions dans la voix, de celles qui te murmuraient d'autres messages d'autres peurs oh d'autres contes. Tu peux pas t'en empêcher, t'as toujours été tactile et tu t'élances pour le caler contre ton torse -tu l'avales de ta grande taille, quitte à l'étouffer ; t'as jamais vraiment su quand t'arrêter, de toutes manières.
Je -- Et quand normalement tes cordes vocales n'arrivaient pas à stopper tes sentiments, elles semblent t'étouffer t'étouffer t'étouffer. Tu veux pas le dire. Parce que le dire, ça rendrait les choses trop réelles trop brutes trop inévitables, peut-être.
Ca m'fait bizarre de me dire qu'on va plus se croiser dans les dortoirs. Murmure murmure, peut-être assez léger pour laisser quelques points d'interrogation peut-être assez doux pour te faire croire que ce n'était qu'une pensée un peu trop répétitive -défense de ton thalamus et de ces informations faussement relayées, inconscience de tes actions et oh, quelque chose à accuser, comme un surréel entre vous deux. Comme un petit bout de temps arraché à vos vivants.

Date d'inscription : 07/07/2013

Kalev, il devait l'avouer, fut un peu surpris que son ami le prenne aussi franchement dans ses bras et pleure sur son épaule ; c'était le cas de le dire, puisque bien qu'étant son cadet, Ashley restait plus grand que lui, comme, somme toute, bien d'autres garçons de Poudlard. Et de filles, aussi. Le geste ne le gênait pas, Kalev étant le premier à se jeter dans les bras de tout le monde mais, ouais, il était un petit peu mal à l'aise parce qu'il ne savait pas vraiment comment réconforter le pauvre Ashley. Un sourire gêné aux lèvres, le Poufsouffle lui rendit son étreinte et continua de lui tapoter gentiment le dos.
Et puis, Kalev était d'autant plus mal à l'aise qu'il comprenait plus ou moins que son camarade avait le coeur abattu par sa faute. Le septième année s'était pas mal focalisé sur sa propre tristesse à l'idée de permettre, sans vraiment se rendre compte que ses amis aussi pourrait en ressortir une certaine peine. Bizarrement, c'était touchant, mais ça augmentait tout de même sacrément le sentiment de culpabilité. A cette allure, il allait se mettre à pleurer lui aussi. Les couloirs, la salle commune, les siestes en cours, les farces, les dîners, tout ça allait très, très vite lui manquer.

- Euuuuuh... Te fais pas de bile Ash ? C'est juste un petit au revoir, c'est pas comme si j'étais kidnappé par des sirènes du Pacifique ouuuu tué par un mage noir. C'est juste un déménagement !

Il s'éloigna de l'étreinte d'Ashley avec douceur et lui adressa un gros sourire. Pour persuader les autres, il fallait déjà y croire soi-même et auréoler de confiance, même si c'était à moitié factice.

- Je sais pas trop où je vais finir, mais tu pourras toujours venir me voir, y'aura sans doute de la place. J'achèterai même un verre avec ton nom si tu veux. Et puis il reste les patronus, les hibous... Et Pré-au-lard aussi. Bon j'ai eu mon permis de transplanage au rattrapage mais c'est mieux que de pas l'avoir du tout.

Que Kalev s'éloigne un peu n’enlèverait rien au fait qu'ils étaient de bons amis ; et les bons amis gardent contact quoi qu'il advienne. De toute façon, si ses camarades décidaient de couper les points avec lui, il allait beaucoup trop s'ennuyer. Il trouverait moyen de continuer de partager des tas et des tas de bons souvenirs avec eux.
Le septième année s'assit sur sa malle de voyage, non loin. Le trajet durerait un moment, autant s'installer pour bavasser.

- Dans le fond le monde est pas siiii grand que ça.

Cette phrase était presque trop belle pour le piètre poète qu'il était en réalité.

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