Oliver & SandySnow path

Oliver déteste le froid. Et l'eau aussi, mais il n'aime pas avoir froid. Donc l'hiver, quand il ose mettre un doigt de pied dehors, c'est couvert, et à tel point qu'on lui demande s'il n'a pas fait des réserves pour hiberner. Ou que les fêtes lui réussissait bien au teint, mais que par contre, il allait falloir faire quelque chose pour ses kilos en trop. En général, il riait, et s'esquivait rapidement.
C'est ce à quoi il avait pensé en s'habillant ce jour là. Après avoir enfilé plusieurs pulls -au cas où- puis sa cape par dessus, pour voir si c'était trop ou pas, il s'était littéralement enroulé dans son écharpe gigantesque, puis avait attrapé son sac avant de sortir du dortoir. Aujourd'hui, c'était balade dans Pré-au-lard, il avait un colis moldu à récupérer. Oui, parfaitement, un colis moldu. C'était le cadeau mensuel de sa tante moldue, la soeur de son père, celle qu'il avait rencontré l'été de sa sixième année, à la recherche de son paternel justement. Au final, il ne l'avait pas retrouvé, mais s'était fortement lié à cette inconnue si proche. À tel point qu'elle lui avait refilé son addiction à la cigarette. Pas trop difficile pour un jeune sorcier influençable comme lui, et puis maintenant, il avait du mal à s'en passer. C'était une sorte de petit bien être, pour quand il en avait le temps. Pour ces moments où il était certain que personne ne le surprendrait seul dans son coin, à fumer tranquillement. Il ne faisait de mal à personne, mais c'était interdit, alors il faisait attention.

Il s'était dépêché, pour éventuellement aller boire un coup avec quelques potes aux trois balais, même s'il n'en avait pas plus envie que ça. Il avait surtout très envie de découvrir le contenu du colis, parce que sa tante glissait toujours en plus de ce qu'elle lui envoyait habituellement, un petit truc en plus. Et puis parce qu'il avait aussi envie de lire sa lettre, découvrir sa réaction à la réception de ce qu'il lui avait envoyé dans le colis d'avant, c'est à dire plusieurs exemplaires de la gazette du sorcier, avec des photographies animées. Elle lui avait promis de tout garder secrètement dans un coin, mais le monde de la magie la fascinait tellement qu'il n'hésitait pas à lui envoyer tout un tas de babioles magiques qui ne manquaient pas de l'étonner.

En très peu de temps, il était arrivé à Pré-au-lard, et oh joie, il n'y avait pas de vent. C'était un jour calme, avec un soleil qui timidement jouait avec les nuages. Juste de la neige qui brillait à perte de vue, coulant dans les rues, sur les toits, transpercée à maintes reprises par les cheminées fumantes. C'était calme, doux, agréable. Oliver aimait bien Pré-au-lard apaisée. Il faut dire qu'il y était tôt pour les élèves de Poudlard. Mais il avait un colis à récupérer. Et vite !
Sa contemplation du paysage ne durait donc guère, puisqu'il se précipitait presque vers le bureau de poste. Habitué mensuel depuis le début de l'année, il savait que c'était l'heure à laquelle les gens ne venaient pas chercher leur courrier en masse, ce qui l'arrangeait particulièrement.
En moins de dix minutes il avait récupéré son précieux colis, et aussi vite qu'il était arrivé, Oliver avait vidé les lieux de sa présence, direction un endroit calme et isolé pour découvrir son lot de surprise du mois. Il n'avait pas envie de se caler au fond d'une des tavernes, sachant pertinemment qu'il y resterait toute la journée, ce qui était tout à fait contre-productif. Par contre, s'il allait s'installer paisiblement à l'écart, il serait dégagé par le froid très rapidement, ce qui n'était plutôt pas mal comme programme, somme toute. Il avait d'ailleurs pris l'habitude de se rendre près de la cabane hurlante, lieu qu'il savait parfaitement désert, mais se gardait bien d'y entrer. Il irait un jour, mais ce n'était pas encore au programme.

Sauf qu'en chemin, Oliver trébucha. Un peu trop obsédé par le colis qu'il tenait dans ses mains, il ne faisait pas attention à où il mettait les pieds, et maladroit comme il l'était, il n'avait pu que se vautrer pitoyablement dans la neige, en envoyant valdinguer son colis devant lui, tout en criant de la manière la moins virile possible. Colis qui évidemment se déchirait pour se vider de son contenu, c'est à dire trois paquets de cigarettes, et puis deux livres moldus, ainsi que quelques photos de l'enfance de son père. Mais lui n'avait pas encore vu que tout s'était ouvert, puisqu'il avait le visage planté dans la neige, en priant pour que personne ne l'ait vu.

Rapidement, il s'était redressé pour ramasser ses affaires. Il avait enfoui au plus profond de son sac les trois paquets, ainsi que les bouquins, mais été resté bloqué sur les photographies. Agenouillé dans la neige, il se fichait complètement du froid qui trempait le bas de son pantalon, parce qu'il avait les yeux rivés sur les images un peu abîmées par le temps. Au départ, il avait cru que sa tante avait des photos de lui même petit, mais c'était bien son père. Et c'était troublant.

Oliver & SandySnow path

Il aurait été capable de lâcher une larme d'émotion, le rouquin, mais ce n'était pas vraiment son genre, du moins, pas en risquant de croiser quelqu'un. C'était trop précieux, l'émotion. Futile et si intime. Il n'aimait pas montrer les extrêmes de son tempérament, sauf dans son lit, la tête enfouie sous son oreiller. Mais jamais devant qui que ce soit. Et puis il se connaissait, s'il commençait à pleurnicher sur une photo figée, ses larmes n'auraient de cesse que de couler tout au long de la journée. Bon, nous exagérons un brin, mais l'idée est là. Oliver est une chochotte des émotions.
Et puis il commençait à se geler les genoux, assis de la sorte en plein milieu du chemin. Et alors qu'il baissait le bras pour glisser les images dans sa poche, une main sortie de nul part les lui subtilisa habilement.

Haa !

Cri un petit peu plus viril que celui de sa chute, c'était un mélange de surprise et d'agacement. Quelle main pouvait oser imaginer pouvoir lui piquer quelque chose ? Bon, cette main là avait bien réussi la tâche, mais nom d'un troll, pourquoi faire ? Surtout qu'elle avait une voix cette main, enfin le corps qui était attaché à cette salade de phalanges; et puis une voix masculine, un peu beaucoup moqueuse. Trop au goût d'Oliver qui n'avait pas vraiment envie de rire avec quelqu'un qui l'avait vu s'étaler misérablement, lui et son petit cri fluet ridicule. Et puis ce mec venait de lui piquer ses précieuses photos, un acte encore plus impardonnable que le sabotage de cigarette !

Se redressant le plus rapidement possible, il fronçait les sourcils et dévisageait le type face à lui. Un grand blond, à peu près la même carrure - même s'il devait être sans aucun problème plus musclé que le rouquin - et puis cet air moqueur particulièrement insupportable. C'était le genre de tronche qui donnait envie à Oliver d'oublier ses valeurs pacifistes. C'est vrai quoi, il veut bien être gentil, mais faut pas pousser mémé dans les filets du diable ! Quoique, Oliver pousserait sa grand mère mille fois dans ces filets, surtout si elle affichait le même air narquois particulièrement exécrable à la vue des photos.
Mais là n'était pas la question, on dérive ! La tête du type lui rappelait quelque chose, il avait du le croiser quelque part. Mais ce n'était pas sûr, il n'avait pas de nom à placer sur ce visage.

Surpris de voir un gosse en photo, Olivier ?

Surpris que le blond connaisse son nom à lui plutôt ! Enfin, ce n'était pas vraiment son nom, mais il y avait de l'idée.

Je.. Moi c'est O-li-ver d'abord, et puis comment tu connais mon nom ?Et n...oui je suis surpris ! Enfin n...oui mais pas tant que ça...

Là par contre, il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Impossible de nier, sa langue dérapait pour dire le contraire ! Mordant par réflexe l'intérieur de ses joues, il tendait le bras pour récupérer de force ses affaires.

C'est de l'émotion ! Et rends les moi maintenant !

Oliver & SandySnow path

Résumons. Oliver se pelait le cul, et avait le bas du pantalon trempé par la neige. Il s'était vautré ridiculement, avait certainement dû abîmer le contenu de son colis dans sa chute, avait été vu dans une position aussi lamentable - quand bien même c'était un élément dont il n'avait que foutre - ce même élément s'était bien marré et avait eu le culot de lui piquer ses photos ! Les photos de son paternel, dont il ne se souvenait même plus vraiment du visage ! En pesant le pour et le contre, il y avait beaucoup d'arguments qui pesaient dans la balance du ''saute lui à la gorge et fais lui regretter d'être né''. Surtout que le type en question lui rappelait vaguement quelque chose. Et pour cause, il avait tout comme lui, brodé l'insigne de sa maison sur sa cape, même s'il appartenait à Gryffondor.
Sa voix aussi, lui rappelait vaguement quelque chose. Ce ton de monsieur je sais tout trop populaire pour te souffrir, il l'avait déjà entendu. Au détour d'un couloir, ou peut être même dans des cours communs. Vu sa taille, il devait être au moins en sixième année, et Oliver se creusait la cervelle pour se rappeler où il avait déjà vu cette tête de crétin prétentieux. Mais au final, impossible de mettre  un nom là dessus.

Et je suis Sandy Lindon.

Le rouquin fronça les sourcils. Sandy, Sandy, où avait il entendu ce prénom ? Son visage s'illumina un instant. Oui il savait ! Ha mais si ! Je crois que je me souviens et... Mais il s'était trompé, et il fronçait les sourcils à nouveau en se demandant qui était ce type. N...Oui, enfin n...oui mais pas du tout ! Je ne te connais pas. Et rends moi mes photos, s'il te plaît.

C'était ridicule, mais Oliver n'en avait rien à secouer. Il voulait son bien, il voulait se souvenir, ou plutôt s'imaginer son père, qui lui manquait toujours autant. L'autre avait plaqué la photo contre son torse, et s'était même un peu reculé. Il craignait la réaction du rouquin ? Ou alors il se moquait encore un peu plus de lui ? Parce qu'il serait bien surpris d'une réaction agressive d'Oliver, lui qui se montrait parfois si planant dans des situations délicates..  Il allait proposer d'ailleurs au blond de lui expliquer, à condition qu'il lui rende son bien. Il n'avait après tout pas de problème à se confier, à raconter, si cela pouvait satisfaire la curiosité perverse de certains. Et puis parler aurait fait redescendre son agacement rapidement, ils auraient même pu se lier d'amitié ! Sauf que Sandy ne lisait pas dans ses pensées. Et qu'il parlait plus vite.

Pourquoi tu te trimbales avec des photos de gamin dans tes poches, Olivier ?

La phrase aurait été dénuée de toute arrière pensée saugrenue, Oliver aurait ris avec le Gryffondor. Mais l'intonation, et puis l'expression peinte sur son faciès faisait bondir de rage le petit coeur emporté du rouquin. Son sang n'eut même pas le temps de faire un quart de tour qu'il répondait déjà, piqué à vif.

Je ne savais pas qu'il y avait autant de troll à Gryffondor ! Rends moi ça immédiatement, j'ai autre chose à faire qu'essayer de discuter avec un type dans ton genre ! 

Histoire de faire bouger les choses, il avançait de plusieurs pas en direction du blond pour récupérer ses précieuses photos, empoignant son bras pour le détacher de sa poitrine et peut être réussir à saisir -sans les déchirer- les souvenirs capturés sur du papier.

Oliver & SandySnow path

Le fourbe. Il avait changé de main la photo, la rendant inaccessible pour Oliver. Beaucoup trop loin. D'autant plus que lui était bloqué par un truc assez important, c'est à dire le corps -apparemment plus musclé - pas trop difficile vu la force de moule d'Oliver -- de Sandy.

Oui, oui, oui, je..., oui.  Troll toi-même ! T'es tellement pataud.

L'extrême nullité de l'insulte arrêta Oliver instantanément dans son action. Pataud ? Il ne s'attendait pas à aussi peu de répartie de la part du blond. C'était donc bien un Troll à la Gryffondor. Gros balourd naze.

Tu sais ce qu'il te dit le type dans mon genre ? Que tu devrais profiter tant que je te donne de mon temps, au lieu de jouer les abrutis.

En fait, à mesure que les secondes s'égrenaient, Oliver exécrait Sandy de plus en plus vite. Surtout quand il esquiva un mouvement pour reculer. En même temps, il n'avait pas tout à fait tord le gros naze, Oliver est un peu pataud. Un peu beaucoup pataud. Enfin, surtout maladroit. Assez pour qu'avec le mouvement de Sandy, il perde ses appuis très facilement, et s'écroule en avant, emmenant Sandy dans sa chute. C'était particulièrement ridicule comme moment, et il allait le vivre assez mal pour le restant de son année. Peut être même de son existence. Quoiqu'il s'en fichait un peu, il comptait vivre en ermite dans une forêt. Ouais, c'était une bonne idée ça. D'ailleurs il devrait l'envisager un peu plus sérieusement, maintenant qu'il est encore une fois, tête dans la neige, à moitié appuyé contre Sandy.
C'est gênant cette proximité, et il se redresse le plus vite possible, enfin pas totalement, encore une fois, à genoux dans la neige. Il n'ose même pas regarder Sandy dans les yeux, tellement il a honte d'être pataud comme ça. Par contre, il cherche la photo. Il se demande ce qu'il en a fait. L'aurait il lâché au cours de leur chute ? Et dans ce cas, où est elle ? Ses yeux s'agrandissent de colère. Les deux mains du blond sont vides, et impossible de la voir, cette fameuse photo, perdue dans la neige.

Mais... C'est pas possible...

En quelques secondes, il est debout, et enjambe sans ménagement le Gryffondor, à la recherche de sa chère photo. Mais elle n'était plus là, il devait se faire à cette idée. Envolée, perdue. À cause d'un crétin. Il enrageait. Ça devait se voir sur son visage, que la colère montait. Il avait les sourcils froncés, et les poings serrés. Il était impuissant face à cette situation, victime de sa propre mollesse, et ça le rendait fou. Il fit volte face, et fixait ses yeux dans ceux de Sandy. Il avait certainement les joues rougies par tout cet afflux d'émotions.

C'était mon père espèce d'abruti complet ! Je ne connais pas mon père, et tu viens de perdre la seule photo que j'avais de lui !

Et sans rien ajouter de plus, il s'éloignait rapidement, les poings serrés dans les poches. Il allait se mettre à pleurer s'il restait là, et il avait déjà l'air assez ridicule. Il était totalement ridicule. Il était temps pour lui de devenir ermite, Sandy ayant réussi à le dégoûter de l'humanité tout entière.