Il avait eu des tonnes de chocolats. Ah mais c’était évident il pourrait se les enfiler en faisant semblant ( encore ) d’être un préfet démoniaque qui déambule dans les couloirs tel une créature des enfers… et finir par dessiner des trucs douteux sur les murs. Sauf que hm, non. Rien, que dalle. La journée il la passe à se morfondre sur son crapaud ( encore. ) Le pauvre ami a quitté ce monde depuis un bail mais Tobias n’a pas quitté son “pull de deuil” comme il l’appelle et la plupart du temps il ressemble a un vieux contrarié par tout.
Absolument tout.

Aujourd’hui c’était ce théâtre. Trop bruyant, trop stressant avec son préambule sonore qui s’étend sur les rangées pendant que Sandy Lindon pose un accent de chien abandonné sur lui, on dirait presque qu’il couine. Il y a quelques minutes déjà le Tobias en question s’est retourné et a effrayé une deuxième année avec deux longues couettes pendant sur les épaules, elle ressemblait à un teckel, mais bon il a pas fait la remarque, s’est contenté de lui piquer sa pâtisserie et elle a battu des cils trois fois pendant que Cunningham s’étouffait pour un gâteau au goût vraiment douteux. Ah mais ça le révoltait encore plus, et comme il avait des miettes plein la tronche, Tobias aurait pu servir d’en-cas au blondinet désespéré. Mais bon il était pas désespéré à c’point, si?

Et toi tu voudrais pas que j’te grignote?
Mais oh mon dieu. Mais c’était bas. Tobias fit les gros yeux soudain, ça lui rappelait une des techniques de dragues foireuses de son père, il pouvait pas avoir sorti ça c’était la plus grosse blague du siècle depuis que Fire Emblem avait été censuré en Europe bordel. AH NON, NON. La salle plongée dans l’noir c’est sa bouche qui devient pâteuse et Tobias se débat, entre l’envie de vomir, et d’se rouler par terre dans le plus grand déni.

La salle se noie sous un filtre opaque, languissant et bleu, là Tobias se dit qu'il peut se volatiliser, que la douleur sera bientôt envolée, qu'on va le sédater, le soulager et le rendre invisible. Il voulait bien rejoindre la confrérie des fantômes de Poudlard, après tout ça l'avait toujours fasciné le petit. Mais il a de cette pâtisserie-diable au fond de l'estomac, ça va probablement le tuer et il le sait même pas, parce que les souccoupes outrées du blond en face le figent et il se concentre sur la scène. - Tobias Cunningham n'aura jamais autant aimé le spectacle pesant, silencieux puis bruyant de ceux qui font de sa Saint-Valentin une pure torture. - Il le savait ça, qu'il aurait dû rester au château a bouffer les paquets surprise des sœurs Poufsouffle/Serpentard celles ayant jeté leur dévotion sur lui au début de l'année scolaire parce que monsieur était très 'tumblr'. Le pauvre minou, il avait tendu la patte au garçon, en se léchant les babines, et le pire c'est que pendant une seconde, il a presque cru que ça allait marcher, qu'il l'avait dans la poche.

Non, que dalle.

C'est bien le comble, il se donne des airs de séducteur, ses cils battent autant que son cœur s'emballe, ses pensées sont courtes et inespérées, elles vont et viennent entre son cerveau et sa gorge impatiente de laisser échapper une autre bourde. Et lui, il les ravale, de toute sa force inexistante. Pour l'instant Tobias a réussi à se retenir, ce n'est pas encore l'amour fou disons, c'est le demi-amour, vous voyez?
Le drame, il vient quelques secondes plus tard, lorsque Lindon semble s'être résigné à poser les yeux sur les comédiens en contrebas, quand Tobias fixe la main du Gryffondor, déglutissant. - NON, résiste Cunningham, RESISTE.