Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
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Pernicious - tea

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Serpentard
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Louis O'Connor
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Mer 18 Mai - 17:40
Louis était assis sur le sol de la salle d'astronomie, dans la tour du même nom ; il travaillait.
Concrètement aux idées reçues, il n'était pas un cancre par fainéantise et amour de la rébellion contre le système scolaire. Il refusait juste d'utiliser une baguette magique. C'était un droit, nom ? C'était comme les élèves qui préféraient écrire au bic plutôt qu'à la plume ; et Louis faisait toujours en sorte de ramener des bics à Poudlard pour rédiger ses devoirs. Parce que travailler, ça ne dérangeait pas Louis. Du moment que ça n'impliquait pas de baguette magique.
Il y avait même des matières qui lui plaisaient un tout petit peu, vraiment un rien pas grand chose ; comme l'astronomie. Il y avait pire, dans la vie, que de regarder les étoiles. Mais Louis avait pris un peu de retard dans ses devoirs, alors il se rattrapait là, par terre, avec son parchemin écorché, son bic ; et un petit carnet à côté de lui.

C'était à cause de ce carnet que Louis n'avait pas beaucoup travaillé ces temps-ci, alors que les examens de fin d'année approchaient ; mais tant pis, Emerald se débrouillait toujours pour qu'il passe dans la classe supérieure. Cet homme, à défaut d'avoir réussi à le faire exclure de Poudlard, avait au moins la décence de se rendre compte que ce serait absurde de le garder ici plus longtemps. Il pourrait presque être sympathique, Emerald, si la liste de ses défauts n'était pas aussi longue que lui ; et il avait beau être petit, ça faisait déjà une sacrée taille de parchemin tout de même.
Ce carnet, c'était celui qui avait causé une querelle entre Galatea et lui; encore une, et probablement pas la dernière. C'était celui de Nicolas ; de son frère. Il n'avait pas pu se résoudre à l'enterrer à nouveau entre une paire de chaussettes et un manuel de sorts. Il l'avait ouvert avec beaucoup d'hésitation ; puis il l'avait lu. Tout doucement. Il s'arrêtait chaque fois que ça devenait un peu trop dur, reprenait le lendemain. Il ne lisait que seul ; sous la couette caché par ses rideaux, tout au fond du parc, ou dans un quelconque placard assez grand pour tenir debout.

Louis jeta un coup d'oeil au télescope pour compléter sa garde du ciel ; puis sursauta. Il y avait des pas pas très discrets dans l'escalier et il se retourna la mine renfrognée parce qu'il avait perdu son étoile et déréglé l'instrument en sursautant ; du temps de perdu. Puis quand il vit le visage de la coupable, tout s'éclaira ; oui, normal que ça tourne pas, puisque que c'était elle la fautive.

- Mais en vrai tu me suis ou quoi ? grogna le garçon.

Puis se souvenant que le carnet était par terre à côté de lui, il le poussa d'un grand coup de main pour qu'il glisse plus loin ; et pas de chambre, plus loin, c'était vachement prêt des bords de la tour, et pas caché du tout.
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Serpentard



Galatea Waltham
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Sam 21 Mai - 20:56
Spoiler:

Galatea s'empressait dans les escaliers à vive allure. Elle avait totalement oublié le devoir d'astronomie à rendre très bientôt, heureusement que Régis le lui avait rappelé. Il lui avait dit qu'elle pouvait copier aussi, mais copier c'était mal, et elle avait trop de fierté pour ça, elle préférait encore travailler au dernier moment plutôt que d'avoir recours à la triche.
Par contre, elle aurait peut-être changé d'avis si elle avait su que Louis serait aussi dans la salle.

Le long soupire en disait beaucoup sur son état d'esprit. Ça allait encore finir mal, tout ça. Il fut un temps où elle aimait embêter Louis, mais en ce moment les choses étaient assez différentes. On dit souvent qu'on peut choisir ses amis, mais on peut aussi choisir ses ennemis. Louis était une bonne némésis jusque là parce que c'était un sale petit gamin prétentieux qui s'en fichait au fond, et qui avait besoin d'être en colère quoiqu'il arrive. Sauf que maintenant, Tea avait découvert qu'il avait un côté très très lâche. Et pourquoi un super-héro irait tabasser un méchant qui fuit ? En fait, Louis n'était même plus digne d'être dans sa liste d'ennemis avec cette attitude, et ça ne l'amusait plus de lui voler dans les plumes.

C'était différent, c'est tout.

Tout ça à cause d'un carnet — celui-là même qu'il venait maladroitement de faire glisser plus loin dans l'espoir qu'elle ne le verrait pas, sûrement. Nouveau soupire quand elle posa ses affaires sur la table la plus proche.

« T'es pas le centre du monde, j'ai juste oublié que j'avais un devoir à rendre.»

La Serpentard alla récupérer le carnet pour le poser sur une table aussi. En fait, tout avait changé à cause de ça. Autant attaquer avec ce qui blessait le plus.

« Tu l'as toujours pas lu ? »

Elle avait beau faire mine qu'elle s'en fichait, en sortant son matériel d'observation pour aller se poster à une fenêtre, ça n'en restait pas moins la seule raison pour laquelle elle commençait à s'ennuyer avec plus personne à embêter.
C'était bizarre à dire, mais si elle aidait Louis à ne plus être lâche, alors il pourrait redevenir sa némésis, et tout redeviendrait comme avant.

Et c'était bien, avant.


Spoiler:
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Serpentard
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Louis O'Connor
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Dim 22 Mai - 13:19
Certes, Louis n'était pas le centre de l'univers. Il lui était néanmoins légitime de penser qu'il devenait peu à peu le centre de l'univers de Galatea, à en voir l'acharnement qu'elle mettait à le dénicher même dans les coins les plus reculés du château. Sérieusement, qui avait le courage de monter tous les étages d'une tour pour venir lui casser les pieds, à part elle ? Galatea était tellement collante, pour ne pas dire envahissante, qu'elle devait avoir de la super glus à la place du sang. Waltham l'avait conçue avec une créature bizarre, à n'en pas douter.

Comme il en avait un petit peu peur, Galatea l'attaque directement sur l'affaire du carnet du frère décédé. Comment en aurait-il pu être autrement ? Cette fille s'était lancée dans la mystérieuse croisade pour la réhabilitation de la mémoire d'un défunt dont elle n'avait jamais vu le visage, jamais entendu la voix, jamais aperçu la silhouette. Allez, peut-être à la rigueur qu'elle l'avait imaginé dans ses rêves, vue à quel point elle s'était éprise d'amour pour lui.

Louis, toujours assis sur le sol de la pièce, croisa les jambes en tailleur, et fit de même avec ses bras, et jeta un regard accusateur sur la fillette.

- Je vois pas pourquoi je devrais perdre mon temps à le lire, mentit-il éhontément. J'ai pas envie de redoubler et de moisir ici plus que nécessaire, j'ai d'autres choses à faire que de lire ça.

Galatea n'avait pas besoin de savoir la vérité. Elle allait l'enquiquiner, sinon. Elle allait se sentir ravie, s'enorgueillir de l'avoir convaincu de parcourir les pages du carnet à la recherche de la vie perdue de son frère. Elle allait praler fort, crier qu'elle avait raison sur toute la lignée, qu'elle aurait dû le croire dès le début, qu'il n'était qu'un idiot trop fier pour avouer ses torts ; et sur ce point-là, peut-être, elle aurait raison, et Louis refusait de donner raison à cette fille. Toujours probablement à cause d'une fierté mal placée.

- Prends-le si tu veux, pour ce que j'en ai à faire, grogna-t-il du ton le plus détaché possible.

C'était aussi un peu de mauvaise foi. Il avait beau l'avoir lu, sa relation avec cet objet demeurait conflictuelle. Une partie de lui y était attachée, une autre préférait le voir disparaître pour de bon. C'était u peu comme pour sa baguette magique : il avait tenté des dizaines de fois de la perdre, de l'abandonner quelque, et elle revenait toujours à lui ; et la casser, il n'en avait jamais eu le cran.

Comme pour donner un coup de pouce, il se leva pour aller chercher le carnet et le balancer à Galatea ; ce qu'il avait oublié, c'était avoir glissé à l'intérieur une photo de Nicolas, qui supporta mal le lancé et s'extirpa du carnet.
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Serpentard



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Dim 22 Mai - 15:02
Galatea se demandait pourquoi les sorciers n'utilisaient pas la technologie moldue pour regarder les étoiles, plutôt que de vieux télescopes de la Renaissance. Est-ce que des sorciers étaient déjà allés sur la Lune ? Partie découvrir d'autres planètes ? Est-ce qu'ils se rendaient compte de ce qu'ils pourraient faire s'ils associaient les connaissances des moldus avec leur pouvoir ? Elle en doutait, ça signifiait coopérer entre les deux mondes et elle n'était franchement pas trop pour cette perspective. Déjà que chez les moldus, quand quelqu'un avait un peu de pouvoir ou d'influence, on voulait sa mort, alors les sorciers...

D'autant plus que les moldus avaient montré dans le passé qu'ils n'étaient pas très malins, ou bien beaucoup trop. Tea connaissant toute l'histoire des procès de Salem, et comment cette fille s'était débarrassée de tous ceux qui l'importunaient en les accusant de sorcellerie. En fait, tout le monde s'en était servi comme ça, c'était simple, il suffisait de dire que quelqu'un faisait de la magie pour qu'on le tue. Comme quoi, il n'y avait pas que la magie qui pouvait tuer.

Alors qu'elle réglait son télescope donc, elle ne put s'empêcher de secouer la tête face à tant de mauvaise foi et de mauvaise volonté.

« C'est ça, plus vite tu t'en iras mieux ce sera, tu fais honte à l'école de toute façon, tu te rends même pas compte à quel point t'as de la chance d'être ici, espèce d'ingrat. »

C'était de la magie, enfin. Il n'était même pas d'une famille qui la pratiquait depuis longtemps, il devrait se sentir privilégié et content d'apprendre un tas de trucs moins barbant que les matières moldus ! Il n'allait pas lui faire croire que c'était plus intéressant de faire des maths plutôt que d'apprendre à faire bouger des objets, ou que la physique était plus drôle que d'en défier les lois en transformant des objets.

La Serpentard sursauta quand il lui balança le carnet, lui faisant perdre ses réglages en même temps, et elle devint toute rouge. Son premier réflexe fut de ramasser le carnet pour le lui balancer aussi tiens, mais elle remarqua quelque chose pas terre qui attira son attention. Elle ramassa la photo.

« C'est quoi ça ? C'est nouveau. »

Manifestement coincé entre deux pages, sans doute, comme un marque page. C'était la photo d'un garçon, plus âgé qu'elle, grand, brun, souriant. Ce n'était pas trop compliqué de savoir de qui il s'agissait, et elle resta silencieuse un moment avant de parler.

« Du coup ça aussi je le garde ou t'as quelque chose à redire ? »

Tea secoua la photo sous son nez, c'était cruel, peut-être, mais ça ne pouvait vouloir dire qu'une chose. Il avait lu le journal, ou du moins une partie, sinon pourquoi il l'aurait sur lui maintenant et pourquoi il y avait rajouté une photo ?

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Serpentard
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Dim 22 Mai - 17:26
Être ici, une chance ? La bonne blague. Il passait l'année loin de ses parents, ne pouvait plus pratiquer les sports qu'il aimait, et se fermait chaque semaine un peu plus les portes du monde moldu. Il n'appelait pas ça une chance, lui, mais une punition. Pour ne pas aboyer sur Galatea, pour ne pas se lancer dans un énième débat stérile, il se concentra à son tour sur les réglages de son télescope, tant de l'ignorer du mieux qu'il pouvait ; mais c'était dificile.
C'était difficile, parce qu'il voyait bien du coin de l'oeil qu'elle avait la photo de Nicolas entre ses mains et qu'elle pouvait enfin voir à quoi il ressemblait, quelques mois avant sa mort. Elle pouvait coller un visage sur l'auteur des mots qu'elle avait lu. Elle pouvait un peu plus prétendre connaître son frère.

Louis haussa les épaules, toujours aussi détaché que possible, et annota son devoir d'astronomie.

- Fais-en ce que tu veux, je m'en fiche. On en a d'autres à la maison. C'est pas ce qui manque. De toute façon, une photo, ça vaut pas quelqu'un de vivant.

C'était juste un souvenir ; un de plus. Les photos moldus comme les photos sorcières, c’étaient toutes les mêmes. Des substituts. Des trésors du passé. Juste un moyen de se rappeler des choses. Chez les O'Connor, on prenait beaucoup de photos en famille. Il y avait des tas d'albums qui représentaient toutes les générations. Il y en avait beaucoup, aussi, où ils se tenaient tous les cinq, souriants ; ses parents, son frère, sa soeur et lui.

- Tu l'accrocheras au-dessus de ton lit avec le prince des thons, Emerald, et ton dresseur pokémon, ajouta-t-il un peu amer.

Ou quelque soit ses futurs maris ou les objets de son obsession, il s'en fichait un peu. Elle l'avait recommencée sa liste stupide, d'ailleurs ? Après tout l'enfer qu'elle lui avait fait vivre pour qu'il lui offre un nouveau carnet, c'était le minimum, qu'elle l'utilise. En revanche, si c'était pour des trucs moins stupides qu'un catalogue d'hommes riches, il ne s'en serait pas plaint. Peut-être pour qu'elle ne l'interroge pas davantage sur sa lecture du carnet de Nicolas, il changea de sujet :

- D'ailleurs, elle devient quoi ta liste ? T'as recollé les bouts de l'ancienne ou t'as transformé ton nouveau carnet en torchon pour compenser ?

Louis jeta à nouveau un oeil dans le télescope. Cette conversation était bizarre. Ils criaient plus, d'habitude. Ils étaient plus méchants l'un envers l'autre. Pourtant, cette fois-ci, c'était une méchanceté presque plus insidieuse ; plus froide, plus pernicieuse.
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Serpentard



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Dim 22 Mai - 22:05
Le regard de Galatea s'assombrit légèrement et elle rangea la photo de nouveau dans le carnet usé, le reposant sur la table pour le moment.

« Non, c'est vrai, ça vaut pas quelqu'un de vivant... »

Elle se souvenait comment parfois Myrddin regardait les photos de Darcy, ou bien du nombre de fois où elle s'était dit qu'elle devrait brûler toutes celles qui étaient dans le tiroir de la table de nuit de son père. Pour sa part, Tea refusait de jeter un oeil à ces photos, elle ne voulait pas se souvenir de ce visage, de voir qu'un de ses frères avait hérité des traits de sa mère, ou pire, qu'elle même lui ressemblait. Se teindre les cheveux en rouge faisait partie de ce besoin de ne pas ressembler à Darcy, s'exprimer le plus possible en hurlant toujours ce qui n'allait pas aussi. Au moins les choses étaient toujours claires avec elle, jamais à demi-mots. Ses sentiments étaient transparents, la plupart du temps.

Elle le regarda bizarrement quand il mentionna un dresseur Pokémon, puis leva les yeux au ciel.

« Régis est pas dans la liste espèce de grand malade, c'est juste un ami. Ah mais ouais, c'est vrai, tu sais pas ce que c'est ! »

Franchement, elle ne savait même pas d'où il connaissait Régis, ils ne s'étaient jamais parlé de ce qu'elle savait, ils n'étaient même pas dans la même maison, et il n'a jamais été sur sa liste, à moins qu'il confonde avec Napoléon.

« Et ce qu'il y a dans ma liste te regarde pas, t'as plus droit de t'approcher de mes carnets, t'es même plus dessus si c'est ça qui t'intéresse. »

Le jour où elle avait tenté de lui faire lire le carnet et qu'il n'a pas voulu, Galatea avait arraché la page où il y avait le nom de Louis. Un geste rageur mais qui l'avait un peu défoulé et de toute façon, pour ce qu'il y avait écris dessus, ça n'était pas une grosse perte.

En regardant dans le télescope, qu'elle réglé à nouveau au fur et à mesure pour avoir l'image la plus nette possible, Tea se demandait pourquoi est-ce qu'il continuait de parler. Il pouvait pas juste se taire et l'ignorer comme n'importe qui qui voulait qu'on lui fiche la paix ? Nooon, bien sûr que non, il fallait qu'elle se débrouille pour le faire taire, parce qu'elle avait besoin de travailler et elle ne pouvait pas changer de salle.

« Allez, avoue. Tu as lu le carnet. Qu'est-ce que ça fait ? Tu veux en parler ? »

Comme elle était à moitié concentré à essayer de repérer sa planète, Louis ne pouvait pas voir l'expression de Galatea de toute manière. Elle n'aurait pas montré grand chose.

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Serpentard
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Lun 23 Mai - 14:32
Ouais, c'était vrai que Louis commençait à se demander ce que c’était un ami, à la longue. Ses amis moldus, il perdait de plus en plus contact avec eux. Deux mois par an à leur côté et l’impossibilité de leur écrire leur écrire le reste du temps parce que les sorciers ne connaissaient que les foutus hiboux comme boîte postale fragilisait grandement les relations. Andrea n'était plus là, et le petit cercle d'amis qu'il avait réussi à intégrer avec lui s'était érodé à son tour. Et voilà, c'était devenu le désert. Probablement que ça le resterait jusqu'à la fin de sa scolarité. Mais sérieusement, est-ce que Galatea était mieux placée pour parler ? On lui enlevait son ami le dresseur pokémon, il ne restait plus rien. Elle avait trop sale caractère pour qu'on l'apprécie. Même son père devait parfois en avoir mal d'elle à tous les coups.

Louis reporta des dessins d'étoiles sur son parchemin. Il n'y avait plus beaucoup d'encre dans son bic et il devait appuyer plus pour que le dessin s'imprime. Il aurait dû en prendre un de rechange avant de venir. Et hors de question qu'il s'abaisse à demander une plume et de l'encre à Galatea ; de toute façon, il ne savait pas se servir des outils du moyen-âge.
Peut-être pourtant que ça aurait été une bonne excuse pour ne pas avoir à lui répondre, que de lui demander du matériel.

- Prends pas tes désirs pour des réalités. J'ai juste mis la photo là-dedans parce que c'était dans le thème et qu'elle finirait pas froissée.

Et ça, en soit, ce n'était pas un mensonge. Le seul vrai mensonge de cette affaire, c'était qu'il refusait d'admettre avoir lu le journal. Il n'y avait pas moyen qu'il le lui dise. Et la meilleure façon de l'en empêcher, c'était sans doute de la lancer sur un sujet qui l'agaçait.

- Parce que toi ça ne t'arrive jamais de conserver une photo de ta mère quelque part ? Je sais qu'elle est pas morte, mais c'est comme si.

C'était un peu trop cruel, même pour Louis ; et à peine l'eut-il dit que, pour une fois, il s'en voulut de ses propos. Il hésita à s'excuser ; puis se rappela que, elle, elle n'avait jamais pris la peine de lui formuler des excuses pour quoi que ce soit. Elle aussi elle l'avait blessé, et elle n'avait jamais demandé pardon, alors il n'était pas certain de devoir faire des efforts.
Louis soupira. Il était fatigué ; et pas seulement parce que l'heure était tardive.
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Lun 23 Mai - 20:50
La Serpentard souffla du nez quand il s'évertua à nier la vérité. Ça lui coûterait trop cher d'admettre qu'elle avait raison, forcément. Il n'empêche qu'il avait quand même gardé une photo de son frère dans ses affaires, en plus d'un carnet, et qu'il avait cherché des informations sur sa mort plus tôt aussi, à la bibliothèque, ça faisait beaucoup d'un coup.

Ceci dit, elle commençait à perdre patience avec toute cette discussion, et elle ne pouvait pas juste hurler pour se défouler comme d'habitude, parce que d'habitude quand elle avait fini il y en avait un des deux qui sortait. Là, vu qu'ils étaient obligés de travailler sur l'astronomie, ça n'allait pas être possible, et ça ne valait pas le coup d'avoir une mauvaise note. Elle décolla son œil de la lunette de son télescope pour pointer Louis du doigt.

« J'suis pas dupe !Mais si tu l'as pas lu compte pas sur moi pour continuer à t'écouter te plaindre alors que j't'ai rien demandé ! J't'ai donné ce que tu voulais non ? C'était pas ce que tu me demandais, que je te fiche la paix ? T'en fais pas, je compte dégager dès que j'ai fini, hein ! Mais en toute logique, tu devrais aussi me fiche la paix et arrêter de parler quand c'est pas nécessaire ! »

Parler de sa mère n'arrangeait rien, et ne faisait que jeter de l'huile sur le feu. Cette fois elle se leva de sa chaise avec les poings serrés et le visage tout rouge.

« Et arrête de comparer Darcy avec ton frère ! Ils n'ont rien à voir ! Je l'aurai jamais détestée si elle nous avait abandonné parce qu'elle est morte, sauf que c'est pas le cas ! Elle s'est barrée de son plein gré parce que trois enfants c'était de trop dans sa vie, et le père qui va avec, accessoirement ! Elle est partie de son plein gré ! Ton frère c'était un accident, d'accord ?! T'as aucune excuse pour renier quoique ce soit dans sa vie ! Aucune !! »

Finalement, elle n'aura pas tenu longtemps avant d'exploser. Les guerres froides, les mots à double tranchants, tout ça, c'était pas son truc. Galatea avait besoin de hurler, de crier, elle avait besoin d'avoir raison et besoin de faire sortir tout cette rage qu'elle ne pouvait pas balancer à la vraie personne concernée.

« En fait c'est sûrement pour ça que j'te déteste et que je supporte plus de te voir ! Tu me rappelles trop cette nulle ! T'es exactement comme elle, dès que c'est un peu trop compliqué tu laisses tomber ! Et tu t'en fiches des autres ou de tes responsabilités, tout ce qui t'intéresse c'est ta petite personne ! Tu fais pas d'efforts ! Ou alors pas assez ! Et détester et renier la magie c'est pas ça qui va changer quoique ce soit au fait que ton frère soit mort ! Y a des millions de gens qui aiment la magie et qui en meurent pas ! Alors oui, c'est sûr, c'est pas de chance, mais t'es débile de gâcher tes années ici à rien faire alors que Nicolas il aimait ça ! »

La petite eut besoin de prendre une grande inspiration parce qu'elle avait parlé fort et pendant longtemps, ça l'avait essouflée, mais elle restait toujours aussi rouge de colère et elle espérait qu'au moins avec ça, il allait soit dire la vérité, soit se taire, parce que s'il criait aussi, ça n'en finirait pas.
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Lun 30 Mai - 18:31
Ah, tiens, ça commençait, remarqua Louis lorsque la voix de Galatea s'élança un peu trop dans les aigus. Elle finissait par perdre son calme quand même, alors. C'était bien, elle venait de battre un joli record. Elle avait réussi à lui adresser la parole plus de cinq minutes avant d'exploser comme un volcan. Et pour le coup, il l'admettait, c'était clairement de sa faute. Enfin, il l'admettait en son for intérieur. Face à elle, c'était trop difficile. C'était vraiment un sale défaut, la fierté mal placée. Un sale défaut dont il était dur de se débarrasser ; mais Louis se consolait en se disant que son frère avait eu le même.
Et parce qu'il n'arrivait décemment pas à être gentil avec cette fille, il s'enfonça encore plus, tout en regrettant ses mots avant même de les prononcer.

- Après tout qu'est-ce que t'en sais ? Peut-être qu'elle vous a abandonné parce qu'elle a appris qu'elle avait une maladie grave et  voulait pas vous infliger ça. Peut-être qu'elle est morte sans que vous le sachiez. Vous l'avez cherchée au moins ? C'est peut-être elle qui s'est sentie abandonné au bout du compte.

Louis détourna la tête et se pinça la lèvre, mimant d'écrire sur son parchemin. Il se gifla mentalement, énervé contre lui-même. Il n'aimait pas être méchant gratuitement. S'énerver contre ceux qui voulaient lui imposer son point de vue, s'attaquer aux pédants et aux égocentriques, c'était une chose, son égo le vivait bien. S'en prendre aux sentiments d'autrui, il n'aimait pas ça. Il n'aimait pas mais il le faisait.
Et c'était vraiment amer. C'était vraiment mauvais et Louis n'aimait pas cette image de lui.

Louis soupira et posa son bic sur son parchemin. Il se gratta l'arrière de la tête en fronçant si forts les sourcils qu'ils fusionnèrent en un.

- Laisse tomber, je suis con.

C'était atrocement dur à admettre, mais il l'avait fait. Il espérait bien qu'elle se rendait compte de tous les efforts que ça nécessitait ; et il ne le saurait pas temps qu'elle ne s'exprimerait pas, parce qu'il faisait tôt pour ne pas la regarder.

- T'as gagné, j'ai lu, et ça me saoule, je le vis mal, tout comme je dis tout mal depuis longtemps et que ça va pas en s'arrangeant avec les années parce que c'est dur de dealer avec la maturité. Quand t'es mature tu peux plus aboyer sur tout pour te défouler et si j'abois pas je craque. Et craquer ça me gave encore plus.

Il carburait à la colère et à la rancœur depuis tellement longtemps qu'il se retrouvait déboussolé lorsqu'il se rendait subitement compte que c'était bien aussi, de se laisser un peu aller et de prendre la vie du bon côté.

- Et Nicolas c'est pas moi. Oui je pense comme un égoïste mais sérieusement t'as déjà vu beaucoup de gens à par ton père qui pensent aux autres avant eux ? Je m'en fiche que le monde entier aime la magie. J'aurais voulu, moi, aimer la magie, mais tu vois c'est pas possible quand au fond de ta tête t'as la petite voix qui te rappelle que ton frère a pas été renversé par une voiture ou n'importe quel truc que tu vois depuis que tu as des yeux. Moi j'ai pas grandi dans ton univers de magie. Elle s'est imposée à ma famille du jour au lendemain et elle a tout fait foiré, alors ouais, j'ai un problème avec.

Il avait réussi à ne pas crier, tiens. Il y avait du progrès de son côté aussi. C'était plus cassant et agressif, mais il avait gardé un ton de voix à hauteur décente. Alors comme pour se féliciter, il soupira à nouveau et replongea un oeil à travers son télescope comme si rien n'était.
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Mar 31 Mai - 0:16
Le visage déjà bien pourpre de Galatea ne perdait pas en couleur. Comment est-ce qu'il osait dire ce genre de choses avec tant de facilités ? Bien sûr qu'elle n'avait pas cherché à la retrouver. Darcy n'avait laissé qu'un mot pour dire qu'elle partirait et qu'elle ne reviendrait jamais. Peut-être que son père avait essayé de retrouver sa place, mais pour sa part, elle avait signé son arrêt de mort et elle l'avait rayé de sa vie pour faire de la place aux personnes qui étaient vraiment importantes pour elle. C'était débile de se sentir abandonnée et partir au lieu d'en parler. Parce qu'elle ne l'avait jamais fais, pas vrai ? Si Darcy avait parlé à Sven, il aurait sans doute fait quelque chose pour la retenir, de toutes ses forces, il l'aimait, peut-être même qu'il l'aimait encore, elle ne voulait pas savoir.

« Bah on saura jamais, tu sais pourquoi ? Parce qu'elle veut pas de nous, c'est pourtant clair, si elle le voulait vraiment elle nous aurait parlé, au lieu de partir du jour au lendemain. Mon petit frère avait deux ans quand elle a déserté, l'autre en avait 5 et j'en avais huit, tu trouves ça normal toi ?! Tu penses que c'est ce que ferais quelqu'un qui sait qu'il va mourir ?! »

Tea allait continuer à s'époumoner, à dire que bien sûr elle avait envisagé cette possibilité, parfois au fond de son lit quand elle rageait dans son coin, mais jamais elle n'avait menti à ses frères à ce sujet, jamais elle n'avait cherché à embellir la vérité, et la vérité c'était que Darcy les avait abandonnés pour faire sa vie ailleurs, c'est tout.
Mais Louis s'excusa.

Des excuses à demi-mot, même très sous-entendues seulement, mais ça avait tout l'air d'en être. C'était la première fois qu'il avouait être débile — con était un mot trop vulgaire pour elle. En plus, il ne l'avait même pas dis sarcastiquement. Qu'est-ce qui se passait encore ? C'était suffisamment choquant pour qu'elle en reste sans voix.

Le reste de son discours n'arrangeait rien, agissant comme une douche froide sur la Serpentard. Enfin, il parlait. Tea n'était pas sûre que c'était ce qu'elle avait envie d'entendre, mais il avait parlé, il avait avoué. Elle aurait du se sentir fière, satisfaite, pourtant ça la laissait juste amère et peinée. Ce n'était pas de la pitié, ou si peu. C'était surtout qu'elle pouvait comprendre et c'était ennuyant, parce que comprendre ce genre de choses, ça voulait dire être passé par là, ressentir la même chose.

Galatea regarda Louis se retourner comme si de rien n'était, il avait dit ça comme s'il avait parlé de la météo ou énoncé son devoir à voix haute, alors que ça semblait important pourtant. A combien de gens il avait dit ça ? Est-ce que ses parents savaient au moins ? Sa soeur ? Est-ce que si Nicolas était mort différemment, il aurait aimé la magie ? Est-ce qu'il ne l'aurait pas détesté aussi parce que la magie ne l'aurait pas sauvé ?

Des questions sans réponses. Pourquoi elle est partie ? Pourquoi juste un mot comme ça ? Est-ce qu'elle regrettait ? Qu'est-ce qu'elle devenait ? Est-ce qu'elle a eut d'autres enfants ? Est-ce qu'elle s'était mariée ? Est-ce qu'elle était plus heureuse avec eux ?

Tea s'approcha lentement derrière Louis et passa ses bras autour de son cou en posant son front contre son dos. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi elle faisait ça, peut-être pour le réconforter parce que enfin, elle comprenait, peut-être pour se réconforter elle aussi parce que peut-être que lui comprendrait.

« Je lui ai dis que je la détestais, que je voulais qu'elle s'en aille. »

Elle n'en n'avait jamais parlé à personne, ni son père, ni ses frères, ni Régis.

« Je le pensais pas vraiment... J'étais contrariée, c'est tout, j'étais petite et stupide, j'ai dis ça sous le coup de la colère. Mais je le pensais pas, je le voulais pas. Et pourtant elle est partie. Et je me dis... Est-ce que c'est ma faute ? Je le crois bien. Je lui avais jamais dis ça avant. Darcy... C'était toujours celle qui embêtait, celle qui imposait des règles barbantes. Et Papa, c'était le gentil, celui qui faisait tout le temps des câlins et qui jouait avec nous. C'est pas normal qu'on l'aime plus ? », elle déglutit difficilement. « C'est ma faute si elle est partie. Si j'avais pas dis ça, peut-être qu'elle serait encore là. C'est ma faute si mes frères ont grandi sans maman. C'est ma faute si mon père a plus son amoureuse. C'est moi le monstre. »

Tea se mordit la lèvre, elle voulait arrêter de parler, elle ne voulait pas penser à tout ça, elle ne voulait pas penser que c'était de sa faute. Toutes ces années elle avait toujours rejeté le blâme sur Darcy, pourquoi est-ce que ça changeait ?

« Moi c'est pas la magie que je déteste, c'est les sentiments. Je pensais qu'elle en avait, et elle a tout laissé derrière elle. Je pensais qu'elle aimait mon père. Je pensais qu'elle nous aimait. C'est pour ça que j'm'en fiche si mes futurs maris m'aiment pas, t'façon j'crois pas au mariage. J'y crois plus. Y a jamais que sur ma famille que je pourrais vraiment compter. »

L'uniforme de Louis commençait à devenir un peu humide au niveau du dos. Tea prit ça comme une alarme et retira ses bras en se frottant les yeux et en lui tournant le dos précipitamment.

« Tu répètes ça à quelqu'un, t'es mort. Fais comme si j'avais rien dis, laisse tomber. »

C'est qu'elle détestait toujours autant pleurer devant qui que ce soit, et en plus, elle ne pleurait pas, pas vraiment. Et qu'est-ce qui lui a prit en plus de tout déballer comme ça ? C'était pas Secret Story. Elle se pinça les joues pour se ressaisir et retourna à son télescope à l'autre bout de la pièce en tâchant de faire comme s'il ne s'était rien passé.

Spoiler:
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Mar 31 Mai - 17:33
Le premier réflexe de Louis, en sentant qu'on le touchait, fut de vouloir repousser violemment et sans réfléchir le geste, non sans grogner très fort ; mais il y avait quelque chose d'un peu trop tendre à ce propos, aussi louche que ce soit, pour qu'il trouve acceptable de faire sa tête de cochon. Il n'oublia quand même pas de bien se crisper, comme contraint de toucher quelque chose de vraiment très gluant et de vraiment très répugnant, mais il se contrôla du mieux qu'il put pour ne pas alors l'air trop gêné non plus. Il y avait une gamine qui pleurait sur son dos quand même, même si cette gamine, c'était Galatea Waltham.
Histoire de garder le cap, Louis tenta de se persuader que c'était sa petite soeur qui chouinait contre lui. Pas qu'Ocean vienne souvent se lamenter dans ses bras, parce qu'il fallait avouer qu'il n'était pas le meilleur des grands-frères du monde, contrairement à Nicolas, mais fut-il une époque où, lorsqu'il était plus jeune et moins ronchon, il avait dû le consoler un peu.

Bon. Le but du jeu, après l'avoir entendue vider son sac comme une mioche de cinq ans et avoir pleuré le Niagara sur son sweat-shirt, ce qui était par ailleurs très désagréable, c'était de ne pas rester muet, hein ? Il le devinait facilement. Louis soupira. Il n'avait pas envie d'endosser ce rôle. Il n'avait pas, sous prétexte d'être l'aîné, envie d'avoir l'obligation de lui tapoter la tête et de compatir au drame de son existence. De se comporter comme Garfield. Pourquoi elle ne chouinait pas chez Garfield ? Il savait y faire lui. Montrer de la gentillesse, c'était plus dans ses habitudes que dans celles de Louis.

Le temps qu'il réfléchisse à tout ça, et ce fut plutôt long considérant qu'il devait se battre avec sa mauvaise humeur naturelle, Galatea était retournée s'enterrer entre son télescope et son torchon ; parce que vue son orthographe, on ne pouvait pas appeler ça un devoir. C'était bien, qu'elle ait remis de la distance entre eux. C'était plus facile pour réfléchir. Et histoire d'avoir encore plus facile à réfléchir, il se concentra lui aussi à nouveau sur l'observation des étoiles.

- Tu te prends la tête pour rien. Y'a des tas de parents qui divorcent et c'est pas la faute des enfants si les adultes sont débiles. Bon les enfants aussi le sont mais tu vois ce que je veux dire. Et si tu vois pas tant pis, râla-t-il. Peut-être qu'elle aussi elle a juste du mal à dealer avec le fait qu'être adulte c'est devoir être mature, responsable, et tous ces trucs chiants qui t'interdisent d'agir comme tu veux. Quand t'es adulte tu peux pas crier pour te défouler et piquer ta crise comme un mioche. Peut-être que si les adultes avaient le droit de faire ça, elle aurait fait ça au lieu de se faire la malle.

Qu'est-ce qu'il en savait lui, après tout, grogna-t-il intérieurement. Il n'avait pas de parents divorcés, et il avait beau souffler une nouvelle bougie chaque année, il ne pouvait pas s'empêcher d'agresser quelqu'un de temps à autre. Galatea était une plutôt bonne cible cette année étant donné sa récurrence à venir lui casser les pieds, mais elle n'était pas la seule sur laquelle il passait ses nerfs.

- Puis sérieusement, si les parents abandonnaient leurs enfants chaque fois qu'ils font une colère, tu te doutes que j'aurais été mis dans une benne à ordures dès la naissance. Nicolas avec. Ocean avec. Tes frères avec. Le monde entier. Il soupira encore. Sérieusement, pourquoi lui. Où était McField quand on en avait besoin ? Mais c'est bien de reconnaître que t'es un monstre chiant, c'est le premier pas vers la guérison.

Non, parce que bon, il ne s'agissait pas d'être trop gentil avec elle non plus. Après, elle allait s'emballer, se faire des idées toute seule, et commencer à croire qu'il lui pardonnait toutes les misères qu'elle lui avait fait vivre et qu'il pouvait potentiellement devenir son ami. La bonne blague.

- Dis voir, t'es sûre que t'as rien mangé de bizarre au dîner ? Clafoutis, cookie ?

Il préférait quand même demander par acquis de conscience, tout en reportant un nom de planète sur son parchemin. Parce que voilà, Galatea qui lui fait un câlin, c'est tellement bizarre qu'il ne sait même pas comment l'expliquer.
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Ven 3 Juin - 19:22
Tea avait envie de lui hurler que son père n'était pas débile, mais ce serait s'enfoncer, elle préférait encore faire comme si de rien n'était. Elle avait juste parlé parce qu'il lui avait confié quelque chose et elle s'était sentie obligée de le faire aussi, parce que aussi bizarre que ça soit, c'était préférable de dire ce genre de chose à quelqu'un qui s'en fiche et qui n'est pas concerné plutôt que l'inverse. En plus, aucun des deux ne pourraient le répéter à qui que ce soit au risque de voir son secret révélé aussi. C'était un choix tactique, voilà tout.

Elle essayait de se convaincre toute seule en regardant dans le télescope que tout ça, elle finirait par l'oublier, elle se dira que c'était son imagination et elle passera outre, mais là, c'était encore trop frais, et elle n'arrivait pas du tout à se concentrer sur les étoiles ou sur son parchemin, d'autant plus que Louis continuait de parler. En fait, qu'il confirme qu'elle était un monstre la fit même soudainement éclater en sanglot et elle se leva si fort de sa chaise qu'elle en tomba par terre.

« J-J-Je suis PAS un monstre BIZARRE OKAY ?! C'est toi qu'est b-bizarre à commencer à parler de trucs *hic* personnels et tout D'ABORD !! Et qu'est-ce que tu comprends pas dans "FAIS COMME SI J'AVAIS *hic* RIEN DIS, LAISSE TOMBER" ?! T'ES VRAIMENT TROP *hic* DÉBILE, HEIN !! Même quand on essaye d'être gentil avec toi tu *hic* trouves le moyen de rendre les gens DINGUES !!!  »

Sa voix finit par craquer parce que parler, sangloter et hoqueter en même temps, c'était difficile. Ça fit descendre sa colère aussi vite qu'elle était venue aussi, l’ascenseur émotionnel sans doute, et elle cacha son visage dans la capuche de sa cape.

« E-E-En plus *hic* t'es trop MÉCHANT ! T'sais j'aurai t-t-très bien pu *hic* sortir dans les couloirs et dire à tout le monde que *hic* t'es qu'un TROUILLARD qui a peur de la magie et *hic* et tout, mais à la place j't'ai aussi parlé d'un truc *hic* important pour moi que PERSONNE sait, genre, MÊME PAS MON PAPA, *hic* pour pas être tentée de te faire du chantage un jour, et tout ce que tu trouves à dire *hic* c'est... QUE MES PARENTS SONT DEBILES *hic* QUE JE SUIS UN MONSTRE *hic* ET BIZARRE EN PLUS !! *hic* LOUIS O'CONNOR, T'ES QU'UN *hic* CRETIN !! »

Et après avoir vidé son sac, Tea pleura encore plus fort, comme un bébé en fait, c'était bizarre d'osciller comme ça entre une soudaine bouffée de colère, puis de tristesse, puis encore de colère. Peut-être qu'elle était malade, peut-être que Louis avait raison, ça devait être un truc bizarre dans son assiette.
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Dim 5 Juin - 16:49
Louis fit violemment déraper son bic sur son parchemin lorsque Galatea se mit subitement à crier et sangloter ; c'est qu'il ne s'y attendait pas du tout, à ça, étant donné qu'il venait de faire preuve d'un remarquable effort de gentillesse et de self-control. La récompense, elle était bien belle : un immense et immonde trait d'encre bleue barrait la feuille du devoir sur lequel il travaillait depuis déjà une heure. Excédé, Louis jeta son bic à travers la salle.

Louis n'avait plus du tout envie de la boucler et de se montrer réconfortant. Il avait tenté une fois, ça n'avait pas marché, et pire encore, on l'accusait de tous les mots du monde. Clairement, Louis ne le supportait pas. Qu'elle lui gueule dessus quand il cherchait volontairement à la blesser pour qu'elle lui fiche la paix, c'était une chose. Qu'elle continue, voire empire ça, quand il faisait des efforts, ça le mettait juste hors de lui.

Contenant sa colère pour la garder la plus froide possible, Louis rassembla les diverses affaires qu'il avait éparpillé et se releva. Il n'avait pas manquer de récupérer le journal de Nicolas et la photo de celui-ci. Louis vint alors se tenir devant Galatea, qu'il toisa du plus haut possible.

- Tu sais qui c'est la fille idiote et méchante ici ? lui lança-t-il. C'est toi. Parce que t'es pas fichue de reconnaître quand quelqu'un essaye de te consoler.

Il avait très envie d'être encore plus méchant, histoire de valider ses propos, et de la blesser à peu près autant qu'elle s'amusait à le blesser, mais il n'en avait vraiment plus la foi. Il était honnêtement fatigué de se battre avec elle. Les querelles de mioche, ça allait bien cinq minutes. Il avait cru l'espace de deux secondes que leur relation allait pouvoir s'apaiser un peu, à défaut d'être cordiale, mais Galatea venait de s'enfoncer toute seule.

- T'as peut-être raison, c'est peut-être ta faute si ta mère est partie, si t'es incapable à ce point de voir quand les gens essayent d'être affectueux avec toi.

Ce seraient ses derniers mots ; ses dernières méchancetés, aussi. Et pour le coup, il le pensait. Il le pensait très sincèrement. Tous les enfants pouvaient piquer des crises, insulter une fois leurs parents, se montrer désagréable. C'était normal ; mais il y avait des limites à tout. Peut-être que Galatea ne se rendait vraiment pas compte que son monde ne se limitait pas à son père.

Grognon, fâché, Louis se détourna de cette stupide gamine et commença à descendre les marches de la tour d'astronomie en râlant, très bruyamment, et pour lui-même, du manque de reconnaissance des gens. Est-ce que lui, il était désagréable avec les yeux gens qui l'aidaient ?
... Bon, un peu. Mais Emerald ne comptez pas.
Il était gentil avec Garfield, par exemple. Il lui disait bonjour.
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