Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
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The Devil's playground — Napoléon, fini

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Serpentard
Survivant du royarcèlement



Perseus Kashirin
Perseus Kashirin
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Mar 22 Sep - 19:58



It's so bad when you're living in the Devil's playground


L'or se glisse presque dans sa peau nourrie d'un sang débordant d'argent, et d'un peu de vert. Comme un animal trouve son maître, les pièces s'accordent aux courbes de ses doigts, se laissent tourner et emporter et tourner encore ; elles se soumettent à ce regard amoureux, dont les flammes semblent les faire briller plus fort encore. Ainsi couchées elles sont lavées des mains plus maladroites qui les ont tenues avant, qui les ont perdues, des mains si petites qu'elles n'auraient jamais dû pouvoir toucher d'argent. Un pouce balaie la face d'une mornille et finalement, d'un geste vif des doigts filamentaires les cachent définitivement. Mais en faisant onduler sa paume, Perseus parvient encore à les faire chanter dans le noir. Son visage n'est pas différent de tous ceux qu'on lui connaît mais l'un de ses sourcils se soulève comme pour danser. « Je te remercie. » Sa voix sourit pour lui, sa satisfaction est déjà si transparente que ses lèvres restent identiques. Il n'a pas besoin d'arrogance pour attiser l'incendie qui se déclare face à lui, car il suffit simplement de ce son qu'il aime tant pour voir Napoléon ravagé. A chaque raclement glacial d'une pièce sur l'autre, les paupières de Perseus battent avec un calme innocent. « Tu voudras sûrement t'entraîner un peu avant de faire une revanche. » De ce ton qui sait bien qu'aucun entraînement ne lui reprendra cet argent. Sa main plonge dans une poche de sa cape et les pièces cliquètent une dernière fois au fond.

« Ne me regarde pas comme ça, c'est toi qui a décidé de parier ton argent. » Mais ce regard le brûlerait comme de l'acide s'il connaissait le remord, plutôt que ce tranquille état de droit. « Tu devrais savoir perdre avec plus d'humilité Napoléon », il ne put le retenir, « surtout après tant de défaites. » Dans les yeux de quelqu'un d'autre aurait sûrement  été pris en compte le jeune âge de ce départ de feu face à lui - mais aucun regard ne se confond à ceux de Perseus. Il y en a des dizaines différents à retenir mais celui qui suit une victoire n'est pas facile à oublier, et il ne voit que les relations de causes/conséquences. « Tu ne veux plus perdre d'argent ? Tu ne paries plus, et le problème est réglé. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même, je ne fais qu'empocher les gains. » Toute sa voix est vierge de méchanceté mais au-delà de sa douceur naturelle, la férocité est évidente. Même enfoncé dans cet opulent fauteuil jade alors que le gamin s'obstine à rester debout, la furie des yeux de Napoléon est à hauteur des siens, et il la balaie sans ciller. Le dos de ses doigts sert de soutien à sa tête, et il sait pertinemment que l'odeur de métal y est encore. « Il y a peu de différence entre une partie de cartes et la conquête de la direction de Poudlard, perdre c'est perdre. » La légèreté d'un sourire finit par fendre son visage, et son autre main attrape une chocogrenouilles - l'autre moitié de ce qu'il a si durement gagné. « Allez, ressaisis-toi un peu. Tu feras sans doute mieux la prochaine fois. »

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Serpentard



Napoléon Desrosiers
Napoléon Desrosiers
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Mer 23 Sep - 0:42
the Devil's playground
Money, money, money must be funny in the rich man's world Money, money, money, always sunny in the rich man's world

Il y avait comme un grondement sourd en lui, le mouvement circulaire d’un fauve tournant furieusement dans sa cage, grognant un tour sur deux au son de l’argent, la mélodie insupportable de l’or ondulant au grès du va et vient de la peau du serpent. Un déchirement certain, poignant, alors qu’il sentait ce vide tourmenter chaque extrémité de ses doigts, d’une nudité dure, d’une perte. Tandis qu’en face, une pièce se jouait de lui, sans lui, glissait d’une phalange à l’autre, envoûtante et narquoise, dansant et chantant son hymne victorieuse pour mieux plaire à son nouveau propriétaire. Et plus que cela, c’était une humiliation qui teintait l’ordinaire visage pâle d’une amertume pourpre, ses traits soudain devenus durs, de trop sans doute pour un enfant de douze ans. Sur ses lèvres était apparue une légère fente, tout à fait centrée dans un parfait axe de symétrie, et dont semblait s’échapper dans un vague filet rouge une irritation palpable et crispée.

Napoléon Henry n’aimait pas le petit ton que prenait son aîné lorsqu’il s’agissait de lui répondre. Et il n’aimait pas non plus cette idée selon laquelle il ne pourrait jamais battre l’âiné Serpentard au jeu. Il lui déplaisait enfin souverainement ce monologue en grande pompe qui prenait à s’y méprendre un air de fausse leçon.

« Humph. » Un vague souffle échappé des narines pour exprimer toute l’ampleur de son mécontentement, suivi d’un vague mouvement de la tête vers le haut comme dernier rempart d’une vanité blessée, touché au cœur même de sa fierté par le dit palmarès de défaites, et Napoléon tentait néanmoins de conserver une certaine posture. Distant, il s’efforçait de contenir la rage ébouillantée qui grignotait sournoisement ce qui lui restait de patience. Si patience il y avait. Car il tenait surtout de cette tension qui n’avait jamais autant brûlé le bleu net de ses pupilles, de cette noirceur furieuse et insensée, ajoutée à son air délicieusement furibond.

Ses yeux manquèrent enfin de sortir de leur orbite alors que continuait l'infâme mascarade, alors qu'on osait juste lui parler d'humilité. Et plus il en entendait, et plus on aurait laissé le soin à ses globes oculaires de faire au moins trois fois le tour des anneaux de Saturne avant de rejoindre leur cavité. Un fin rehaussement des épaules, en guerre lasse, et on jurerait que, en dépit de sa fine stature, le jeune Serpentard tentait encore de prendre son mal en patience. De fait, il sentait surtout peser sur ses minces épaules un profond harassement, tandis que la verbe de l'aîné vert semblait prendre plaisir à l'accabler. Lourdement. Péniblement. Car enfin il supportait avec peine, oscillant entre maîtrise et volcanisme, le bruit métallique de ses pépètes du fond de cette caverne étroite qui servait de poche, et de cette disparition, future il n'en doutait pas, enfin, tout à fait déplacée, dans la bouche béante, comme un gouffre abyssale, de ses précieuses chocogrenouilles. Et il avait alors eu ce rictus tout à fait dégoûté de mépris solidement plaqué sur sa bouille, ce sentiment d'injustice en prime, alors qu'il avait cru, qu'il croyait encore, que l'infâme lui rendrait son dû.

Napoléon leva alors un doigt sentencieux, furieusement pointé sur le redoutable Perseus, les joues rondes et colériques.

« Je vais définitivement t'écraser, tu entends ? Toi et ta sale face de troll dégénéré ! Espèce de pecnot ! »

Et il s'était accordé le temps d'une pause, stratégique, réfléchie, pour se permettre de mieux réguler son souffle, retrouver un semblant d'accalmie, fausse chute de tension, toujours à feu de l'intérieur, débordant de cette excitation, mauvaise et énervée. Le temps d'imprimer la copie quasi parfaite d'une phrase, d'un rythme, d'un timbre de voix, badigeonnée d'une férocité suave, tendue, le sourire toujours sournoisement tourné en réponse à leur regard fixe. Napoléon était vif, Napoléon n'avait pas peur de la répartie, lorsqu'on lui livrait inconsciemment les armes pour s'en servir.

« Et puis, tu oublies quelque chose. Que tu ne sais pas non plus perdre avec humilité. Alors, tu voudras sûrement t'entraîner un peu avant de donner tes leçons. »
© GASMASK
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Serpentard
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Perseus Kashirin
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Ven 25 Sep - 17:23



It's so bad when you're living in the Devil's playground

La victoire l'illumine comme une étoile, cette rage ouragan se réfléchit sur lui ; Napoléon hait autant que le calme de Perseus s'étend, il n'a aucune raison de s'embraser maintenant. Auréolé de ce triomphe il avale cette fureur infantile comme un monstre sans jamais en être blessé - l'odeur de métal le saisit encore, sa réussite est totale. Et toute cette colère ardente ne fait que l'apaiser plus encore ; des sifflements vains de Napoléon, il n'entend que sa propre consécration. Sa langue reste muette, mais son regard si lourd sur lui se gorge de fierté comme une étoffe se gorge d'eau - et tout hurle qu'encore une fois il a gagné. C'est tout ce qu'il entend de Napoléon, c'est tout ce qu'il sent dans ses poches, c'est tout ce qu'il respire, tout ce qu'il est, cette minable victoire facile dont il ne retire aucun plaisir, aucun bénéfice, rien que des friandises et quelques piécettes - mais tout chez Napoléon lui hurle qu'il a gagné, et il ne peut que se nourrir de cela. Les doigts de ses mains d'or s'étendent comme des serpents, et il les abat sur les accoudoir tandis qu'il croise ses jambes. « Je n'en doute pas » alors que l'insulte glisse sur sa peau comme de l'eau, alors qu'il ne feint pas même d'y croire ; « on n'aura qu'à refaire ce pari une autre fois. » Et ce sourire incandescent ne le quitte plus maintenant, il exulte, il exulte complètement alors que tout ça a si peu d'intérêt pour lui, alors que Napoléon lui aurait pris tellement plus que de l'argent s'il ne s'était jamais mis dans cet état pour lui. Maintenant Perseus trône et il voile sa dureté de toute cette quiétude.

Et puis tous ses muscles se tendent dans un pincement réflexe, dans un écho dissonant ses yeux se rouvrent, son visage change ; sa force tranquille se meut de nouveau en quelque chose de bien plus pur, de bien plus vif ; impitoyable, toute son échine se retend et se redresse. Seul Perseus peut être Perseus, et il ne tolère pas d'être dépossédé. Rien de tout ça n'est un jeu pour lui, pourtant ça ne l'empêche pas de sourire autrement. « Tu ne sais pas de quoi tu parles, comme d'habitude. », sa voix serpente toujours comme un paisible cours d'eau - mais elle sonne comme de la prédation. Il a l'impression de ne plus respirer que du soufre et le venin monte. « Ce n'est pas avec des insultes de cour de récré que tu récupèreras tes petits trucs. » Ses épaules se soulèvent avec lassitude mais il ne sait tarir la vivacité qu'il a si habilement, si sournoisement cachée. Parce que son regard est trop fixe et que sa voix est trop nette, que Perseus au fond salue son effort, reconnaît sa performance, et que ses doigts tournent encore autour d'une friandise. « Il n'y a que les perdants et les gamins qui aboient sans mordre, Napoléon, et toi tu es les deux à la fois. » Il s'abat de nouveau au fond du siège mais son intérêt est à peine dissimulé. « Tu es très loin d'être à la mesure de tes ambitions, et tu ne m'arrives pas à la cheville. » Perseus réfracte la lumière mal contenue de l'incendie Napoléon, et lui reste de marbre. « Et tant que tu seras un perdant, Desrosiers, tu pourras encore rêver pour seulement espérer rivaliser avec moi. » Qu'il brûle ! Qu'il brûle un jour et il saura bien assez se reprendre ensuite, lorsque ses muscles seront lourds et calcinés, il saura bien assez se garder de Perseus.

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Serpentard



Napoléon Desrosiers
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Mar 29 Sep - 22:11
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Dpf, les métaphores sur le quidditch ne volent pas haut hem désolée de t'infliger ça o/

Et sa rage semblait tourner en rond dans les airs, cognard égaré et fou qui ne demandait qu’à écraser le flegme orgueilleux serpentard. Sa colère cherchait encore un chemin, d’infimes failles où serpenter chez le septième année, ébranler cet excès de confiance qui lui faisait offense. Napoléon aurait voulu que Perseus tremble devant lui, et c’était pourtant ridicule, cette prétention, grossière, de croire qu’il pouvait fissurer cette attitude. Perseus avait une verbe agile qui lui échappait encore, habilement, et il y avait chez lui un quelque chose qui tenait du vif d'or, insaisissable, jusque dans son maintien, une vanité bêcheuse qui prenait un plaisir malin à l’humilier.

Et pour Napoléon, c'était perdre la coupe de Quidditch.
Il s'agissait encore de sa fierté de tout jeune homme, qu'il sentait trahi, bafoué par un sourire, une impression très forte. On se gaussait de lui. Et Perseus lui jetait son échec à la figure comme autant de cognards féroces, avec l’âme d’un batteur né. Mais la bataille ne faisait en vérité que commencer, et ce n’était pas pour ses friandises que Napoléon se battait. Il entendait surtout avoir le dernier mot. Il entendait bien monter un cran au-dessus de l’autre, frapper le premier dans le souafle. Pour la gloire. La gloire de vaincre le redoutable Perseus, détrôner enfin l’imposteur, celui si bien assis sur un fauteuil qui faisait soudain très envie à Napoléon, et qui semblait accorder un droit d’ordre divin ; faire valoir à celui qui siégeait dessus une inégalable autorité verte.

Et Napoléon se rendait à la fois bien compte que tout ce qu’il désirait lorsqu’il était en présence de Perseus, finissait toujours par se faire happer mystérieusement par ce dernier. Et l’aîné serpentard semblait exercer un contrôle particulier sur les choses, et particulièrement sur ses choses. Il ressentait alors le besoin, inlassable, de se mesurer à lui. Sans doute parce qu’il ne supportait pas non plus d’être aussi facilement dépossédé de ce qui faisait sa grandeur. Car traiter Napoléon de perdant, c’était enlever un bout d’éternité à son glorieux nom, recouvrir d’ombres la part de l’Empereur qu’il avait en lui. Et cela, il ne le tolérait point.

« Très bien. Dans ce cas, mes petits trucs, je te les offre. Puisque tu as l'air de vraiment y tenir. »

Il redressa un peu plus fièrement la tête. C’était encore un stratagème qu’il souhaitait habile, une façon à son tour d’ôter un peu de prestige à une victoire pourtant minable et facile. Oui, ces petites choses, il faisait en sorte que l’autre ne les lui arrache pas de force, sinon tentait-il de faire croire qu'il les lui donnait dans un excès de charité, comme si vraiment, il les avait de toujours possédé. 

Et cela l'agaçait pourtant encore, superbement. Il portait sur son visage d'enfant turbulent un sourire crispé, avec un je-ne-sais-quoi de mauvais dans une courbe en demi-lune. Il était de ceux à qui les rictus ne réussissaient pas, de ces tremblements nerveux, dans une hostilité particulière qui tenait surtout du chien de garde, du molosse fou, la gueule serrée derrière une muselière. Et cela ne lui ressemblait pourtant pas, lui qui d'habitude si calme du haut de son piédestal illusoire, habitué à juger tout un chacun comme un imminent enfant roi, semblait alors avoir bien du mal à garder cette mesure, tenir la même ligne de conduite, le vol droit. Il tenait surtout de cette tension qui toujours semblait le pousser vers l'avant, vers une dégringolade certaine, et on attendait sous peu l'éclatement, l'ouverture d'une fissure qui déchirait déjà son masque.

Perseus le piquait, la morsure vive et venimeuse. Et de Napoléon, on devinait surtout le sifflement haineux, de sa langue bloquée entre ses dents. Les yeux colorés à l'encre noire, océan tumultueux qui aurait cherché à avaler, disséminer sous de hautes vagues houleuses le cours tranquille de l'eau. De fait il menait son balai en terrain vert, la batte en main, plus brute que vif d'or.

« Je ne suis pas un perdant ! Ni un gamin ! Je suis Napoléon ! Napoléon ! Et je décide tout seul de ce que je suis, et je suis déjà au-dessus de toi ! Tu ne sais pas de quoi tu parles, comme d'habitude ! Tu n'es qu'un crapaud arriéré de la cour des bouffons ! Et le véritable gosse ici, c'est celui qui est assez bête pour oublier ses dernières défaites et assez lâche pour empocher des bonbecs et croire qu'il a quitté la cour de récré ! Quel butin ! Tu devrais t'acheter une couche culotte pour les ranger dedans ! »

Il avait fermement posé un pied sur l'accoudoir. C'était un nouveau partage de l'espace ; essoufflé encore par son discours enflammé d'enfant terrible et orgueilleux, vexé au possible, la mine furieuse, il se livrait à présent à une véritable invasion. Au Quidditch comme au Quidditch, attrapeur aguerri, il s'était lancé à l'assaut du vif.

« Je veux m'asseoir . Dégage. »

Et de Perseus, il ferait son Austerlitz.

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Serpentard
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Perseus Kashirin
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Sam 3 Oct - 1:46



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Son nom, il le scande dans le vide, Perseus n'a pas d'oreilles pour écouter ces petits mots qui l'indiffèrent. Les noms il les balaie et les oublie, seul le sien mérite son attention - les autres ne sont que des roulements sur sa langue, et peu d'entre eux agitent quoique ce soit dans son cœur. Aucun empire et aucune gloire ne couronne, ne couronnera jamais cette brindille brûlée. A ces mots la nuque de Perseus oscille comme sous l'influence d'un vent misérable, et la lumière qui perce le lac donne d'autres allures à son visage. Des allures de conquérant, ou au moins de celui qui va tout balayer ici, qui va tout dévorer, cette lumière se reflète étrangement sur le venin Kashirin qui imbibe ses lèvres. Un semblant de sourire se dresse et la condescendance se renverse dans ses yeux : Napoléon essaie de le voler. Essaie de le déchoir et il ne peut qu'en sourire, car les pièces sont là, les faits sont là et cette odeur de métal tapisse l'intérieur de sa bouche jusqu'à en moduler ce qui en sort. Le masque que Napoléon se fabrique est percé de trous béants. Pour seule parole sa main fait retentir un peu la mélodie de l'argent en frappant la poche, et ses sourcils se soulèvent en conséquence. « Mens comme tu veux. » Ses poumons s'imbibent toujours mieux de cet air qui sent comme il aime ; tout semble réfléchir Perseus à cet instant, il se gorge de tout ce que Napoléon crache. Il rayonne, de cette lueur froide et tranchante mais il a l'air de toujours briller plus fort - mais, il y a cette tension qui est toujours réfugiée dans chacune de ses articulations. Il la crache à la moindre respiration, il la laisse courir partout hors de lui comme la plus naturelle des actions. Et puis, tout à coup, tous ses muscles se tendent.

C'est une invasion, c'est une campagne de conquête qui s'écrase sur son territoire, menace brûlante sur son monde. Mais il y a de la Russie dans son sang, dans son nom, de la Russie dans son héritage et son éducation, il le fera partir en fumée s'il le faut. Son sang toujours plus froid se dilue dans un magma qui monte, c'est Perseus qui sort, brut, pur, le noyau de toute cette lumière transperce sa peau, se calcifie sur ses angles en écailles. Il perd tout à coup cette peau tissée de convenance, formidable métamorphose, de Persée à Gorgone ; ses yeux semblent vouloir devenir des armes. Mâchoire lourde, sa main se referme sur la cheville de Napoléon, et rien d'autre chez lui ne bouge. « Casse-toi de mon fauteuil. » Perseus ne cède pas une seule partie, pas un seul morceau de son territoire à ce petit conquérant de paille. En désaccord avec cette voix si douce il y a cette main si féroce, si dure qui pousse jusqu'au déséquilibre, qui ne tolère pas le geste, n'accepte pas l'atteinte ; qui ne lâche qu'une fois certaine qu'elle a repoussé cet ennemi. Aucune lueur ni aucune fantaisie dans le pétrole de son regard abyssal - rien d'autre que ce merveilleux instinct, que ce fabuleux élan réflexe, cette réaction quasi-nerveuse qui l'expose toujours davantage, qui montre toujours mieux ce Perseus là.

Lui prend alors de quitter sa forteresse, il se dresse sur ses jambes de titan, déplie cette silhouette sans fin et regarde toujours plus bas, appuie toujours plus fort. Sa stature a changé aussi et Perseus porte sa tête haut comme un étendard, il préfère encore se pencher pour mieux se glisser, mieux délier ce que Napoléon n'a pas. Il ne sourit plus. « Tu n'es qu'un sale gamin mal élevé. Donne-toi tous les noms de conquérants que tu veux mais aucun ne t'empêchera de te faire bouffer comme le plus misérable des vers de terre. » Ses bras se croisent nonchalamment sur sa poitrine mais la légèreté qu'il revêt cette fois-ci n'est qu'artifice. « Très bien, parlons des défaites Napoléon. La différence entre toi et moi est que je ne me fais jamais battre deux fois au même jeu. Alors que toi, après avoir perdu... » Sans même se moquer l'acide lui remonte aux lèvres. « Tu perds encore. » Et il ne veut plus s'assoir, il ne veut plus jouer. L'air que Perseus respire n'est plus gonflé que d'une lourdeur étouffante et de l'odeur des gallions. Ses muscles se délient doucement, mais il a l'air d'avoir même oublié les lauriers dans lesquels il pensait noyer sa tête. L'adrénaline s'est retirée sur la plus originelle de ses facettes et seul son corps tendu subsiste. « Ne remets plus tes pieds crasseux à portée de ma cape. » De nouveau, sa voix glisse sans le ton de ce qu'elle chante. « Peu importe ce que tu crois, dans la vraie vie il n'y a que les actes qui comptent. Or pour l'instant, ton seul fait d'arme est d'être un enfant-roi qui hurle la morve au nez. » Ses cils battent avec nonchalance sur un statu quo. « C'est triste. »

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Mer 14 Oct - 19:26
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La morale est bien souvent le passeport de la médisance


L'étau. L'étau s'était refermé sur lui. Mais il n’avait pas tremblé, s'était raidi tout au plus au contact froid, de ces doigts, constricteurs, enroulés autour de sa fine cheville. Il sentait pourtant l'accélération, des battements effrénés le soulevaient de l'intérieur, le portaient vers des eaux plus tumultueuses encore. L'adrénaline. A l’injonction, il avait encore accentué son regard, ses sourcils se rapprochant comme en réponse à une question difficile, tant et si bien qu’un léger pli s’était creusé au beau milieu de son front. Et il avait ainsi ignoré l’ordre, comme il refusait souvent d’obéir, comme il se défiait bien trop souvent des autres, d’une libre provocation, alors qu’il cherchait à affirmer sa position. Il avait encore un air impatienté, tandis que tout son corps, légèrement penché vers l’avant pour répondre à la pression exercée autour de son pied, semblait entrer dans une forme de rébellion muette, rejetant tout entier la domination qui semblait vouloir le prendre d’ascendant. Il avait la mâchoire crispée par l’effort, et les yeux rougis et injectés de haine auraient hurlé silencieusement un non, absolu, tranchant.

Il se serait montré plus impertinent encore. On le disait justement insolent et effronté. De fait, il prenait les choses excessivement mal. La résistance surtout qu’il rencontrait à ce moment précis réveillait en lui une forme d’angoisse noire, qui lui donnait une mine d’un trop sérieux, ainsi qu’une gravité qu’on aurait jugé ridicule pour son jeune âge. Il devina instantanément qu'il ne parviendrait pas à ses fins. Il sentait surtout geindre les limites de son corps d’enfant, poindre la fatigue musculaire, comme une profonde déchirure entre ce qu’il imaginait faire et bien sûr, le champ des possibles. La réalité l’avait brutalement rattrapé, jeté avec violence devant une évidence qu’il n’avait pourtant jamais imaginé : il n'avait pas la force d'un jeune homme de dix-sept ans. Et cela le rendit nerveux. Enfin, il sentait la victoire lui échappait une fois encore, elle s’éloignait de plusieurs millimètres plus douloureux à chaque fois. Non. Elle s'arrachait à lui, telle une chaire morte et calcinée.  

Il n’avançait plus, incapable de repousser la prise de l’ennemi, jusqu’à son talon qui mordait le vide, jusqu’à ce qu’il n’ait plus la moindre parcelle solide où enfoncer son étendard. Bientôt, il fut contraint de battre en retraite. Une vision désagréable, insupportable s’imposa de force. L’ombre le recouvrit d’un voile sombre, et de sa pénombre, Napoléon distinguait les contours, menaçants, d’une haute silhouette dont la grandeur restait accentuée par l’angle bas. Il avait toujours souverainement détesté cette taille, comme il haïssait et maudissait tous ceux qui osaient se faire trop grands. Car la grandeur aurait dû lui être une exclusivité, puisqu’il était intimement convaincu qu’elle devait lui apporter sa glorieuse gloire.

Soudain.
Il s’était mis à frapper du pied. Comme un martèlement sec et ronflant. Une pulsation chaotique et lente visant à assourdir les lourdes sonorités, étouffer une homélie encore intolérable, fracasser l'élocution. Il n'avait rien d'un vers de terre. Napoléon était de cette gestuelle intempestive, et cependant réfléchie. Ne ressemblait en rien à un perdant. Napoléon Henry n’était pas un garçon qui errait sans but, sinon précisément dans celui d’irriter. Et puis, surtout.
« Sale gamin mal élevé ! Sale gamin mal élevé ! Sale gamin mal élevé !. » Et sa voix s'éleva en même temps, d'un souffle continu, de dédain. Elle se glissait, s'insinuait par dessus l'autre, dans un bourdonnement murmuré à peine, grinçant, méprisant.

Puis, à la toute fin, il cessa brusquement son éreintant persiflage.
Et d’un geste importun, comme on sonne le glas, d'un air suffisant, il écrasa son pied crasseux.
Sur le velours de la cape.

_ Je t'emmerde.





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Perseus Kashirin
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Mer 28 Oct - 3:38



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Mais l'attention de Perseus se perd, elle se dilue dans l'air ; dans un soupir perceptible, il la chasse loin de lui. Le corps de Napoléon chante pour lui, siffle des mélodies fausses contre lui, mais il n'a pas d'oreilles pour écouter cela à présent. Les secondes glissent le long de ses os comme un torrent douloureux - un dicton lui rappelle que tout ce temps qu'il perd est fait d'argent ; aussi, sa peau régurgite l'orgueil qu'elle s'est laissée cracher dans un excès de confiance, et il retrouve des contours qui lui sont plus appropriés - plus souples, plus doux : l'impatience force un froncement presque invisible à ses sourcils, mais ses écailles épousent toutes les formes de ses mots à présent. C'était un jeu stupide auquel il s'en veut de s'être prêté - mais il n'a aucune de pitié pour le garçon. Perseus n'entend toujours pas ses plaintes, ni le crachat de ses colères, simplement il n'oublie pas cette attaque. Ne la pardonne pas.  Rien de cette silhouette arachnéenne ne bouge, ne se courbe même un peu sous les vents que Napoléon lui souffle jusqu'à épuisement - il n'y a que les yeux noirs qui cherchent des images plus intéressantes, au-delà de ce spectacle qui les lassent. Arraché à ce trône factice, Perseus en voit à présent tous les méfaits, toutes les erreurs que cet ersatz de règne lui a fait commettre. Une lassitude croissante trace des creux nouveaux dans son visage. « Bref, puisqu'on en a fini, je vais partir », une politesse neutre qu'il n'oublie pas de cracher cependant - mais il n'oublie pas. Il se fiche de si le gamin entend.

Alors Perseus part, veut partir, s'éloigner autant que possible de ce gouffre délicieux qui l'appelle - son propre manque de discipline l'indigne. Cette euphorie juvénile le dépasse, et il la déteste d'occulter ainsi son jugement : il doit partir.
Ensuite, pourtant, c'est son jugement qui lui échappe.
Tout à coup, on menace encore son état-nation - seuls gardiens, ses muscles s'alertent et se tendent jusqu'à la rupture, tout entier Perseus rejette la surprise. Il ne peut plus juguler ces pans de lui-même d'ordinaire si bien gardés, ses oreilles sifflent une colère sourde en avalant cet affront et il volte-face comme un animal ; la moindre synapse épouse le combat-fuite, de quel droit se couronne cet imbécile ? Sa conscience est martiale et ainsi électrisée elle peine à se souvenir de comment se parer de ses charmes, le temps d'un éclair elle ne peut plus l'empêcher d'être prédateur. Sentencieux, Perseus observe la souillure sur sa cape, sang brun sur le velours qui lui appartient - et aussitôt, ses poumons ravalent la colère primitive que son cœur a expulsé. Il l'exhalera autrement. Dans un souffle corrosif et un sourire sournois, un poison vicieux - il sait exactement comment. Ses épaules se délient de façon étrange, avec innocence son corps ne dit pas où part la tension qui les contractaient. Plus rien de cette vanité ardente dans le regard qu'il pose sur Napoléon.

« Si tu le dis », de la même voix claire qui souffle un « tergeo » sur la cape - du bout de la baguette, toute impureté s'efface, il traite tout cela en incident. « J'ai tellement mieux à faire que de baby-sitter un indécrottable veracrasse de ton genre, Desrosiers. » Mais Perseus n'oublie pas les mots, n'oublie jamais aucun geste. On salit les capes mais pas les gens, pas lui - il aura toujours faim de vengeance, de justice au moins, pour ces rapports de force qu'il connaît mieux que son propre nom. Mais tout comme son appétit, sa patience est sans fin. « Et puis on fait mieux que salir une cape, comme riposte. » Ses mains plongent dans les poches de la cape, le bout de ses phalanges frôle le relief d'un gallion. Il se drape dans un ennui pourtant feint, se maquille d'une tiède indifférence. « En attendant, ça ne reste que des caprices de mauvais perdant, et tu jures comme un péquenaud. » Cette peau est redevenue la sienne, ainsi paré il ne connaît plus ni colère ni orgueil - il ondule, simplement, indolent pour mieux se cacher. Cette mise à l'épreuve quelque part l'enchante, peut-être, au moins il aime savoir que de toute façon Napoléon ne peut changer la vérité, Napoléon aura toujours perdu. Sera toujours perdant. Cela suffit à déguiser ses yeux d'une lueur terne, il est prêt à partir, temps de partir. « Lâche l'affaire, je ne te rendrai pas ce que tu as perdu. Jamais. » Mais il y a un diable qui lui souffle des choses mauvaises ; ses doigts le démangent. « A moins, bien sûr, que tu ne veuilles prendre ta revanche, Desrosiers. » Et il ne sait pas retenir ce sourire serein.

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Lun 28 Déc - 23:11
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La morale est bien souvent le passeport de la médisance


Parmi les centaines de milliers de choses que détestait Napoléon, on y trouvait l’indifférence. La cruelle, la sotte indifférence qui réduisait le moindre de ses gestes, la moindre de ses paroles en un rien éphémère. Que dis-je, une non-existence, un nouveau néant. Et il s’agissait là d’une chose qui rendait notre présumé dictateur en poucettes un tantinet pantois, un tantinet rouge, un tantinet frustré. Car ce n’était pas ce à quoi il s’était attendu. En vérité, Napoléon n’aimait pas réellement les imprévus comme toute chose qui échappait de près ou de loin à son contrôle. Hélas pour lui, les gens se dérobaient souvent. Il n’avait après tout qu’une prétendue emprise,  une orgueilleuse, une drôle. Déjà, il criait malheur au libre-arbitre. Déjà, il regrettait de ne pas avoir provoqué plus qu’un remous, une tempête, de ne pas avoir vu déferler sur son front impétueux un flot d’inimitié verte. Mais Perseus refusait obstinément de sortir de ses gonds, restait au contraire de cette parfaite stoïque dont il ne percevait pourtant pas encore toutes les nuances, teintes, dégradés, carnations. Il percevait sans comprendre la subtilité, persuadé qu’un trait devait lui échapper. Car Perseus était finesse là où il n’était que grossièreté.

Alors. L’excitation retomba platement, dans un surplus de lassitude.

La déception. La déception l’étreignit, le poussa naturellement à se retirer, lui et son pied simulacre de campagne, si ce n’était en fait un léger trouble jeté sur lui dès lors que le fourbe s’était retourné un peu trop vivement, de cette animosité souveraine, écrasante. Et de la colère, Napoléon passa soudainement à la méfiance, le souffle ralenti. Son œil fixe donnait l’impression qu’il guettait quelque chose, les paupières bien ouvertes ne battaient même pas ; il  était de cette attention particulière qui, mélangée au silence, inquiétait parfois. Seule une alerte venue du lointain raisonnait en lui sur un vide.
Le Tergeo effaçait sa marque comme l’écume des vagues recouvrait et emportait le sable, les restes d’une construction bancale, de ce qu’il avait tenté vainement d’imposer comme une domination impérieuse. Alors, il se sentit malheureux, là, à contempler les restes d’un pâté de sable, image d’une invasion bafouée ou bien ratée. Encore.

Il supporta la suite, le visage bourré de tics ; un tremblement automatique d'une lèvre vers le bas, un oeil qui faisait mine de vouloir se fermer mais se rouvrer aussitôt en un mouvement énervé mais toujours d'une constante obsessionnelle. Enfin, une secousse nerveuse de l'épaule gauche semblait jouer à répétition, se soulever précipitamment avant de se relâcher -jamais complètement cependant. On croyait déceler derrière le bleu acier de ses yeux comme une ligne de haute-tension, interdite. Les mots décrivaient dans l'air des sons comme des larsens, perçant de strident ses oreilles d'une nouvelle affliction, parfum de facéties venimeuses.

Le serpent.

« A moins, bien sûr, que tu ne veuilles prendre ta revanche, Desrosiers. »

Un éclair secoua un instant l'immuable bleu d'une lueur maligne.
Ce n'était pas un sourire anodin, Napoléon l'imaginait vorace, et Perseus fleurait la tentation comme d'autres exhalaient de leur bouche la puanteur d'une haleine fétide. Le serpent était joueur, il dansait bien. Un vice.

Il siffla à son tour, la voix soudain mielleuse, l'expression soudain plus fine.

« D'accord. »

Le joueur de flûte jouait, et le rat suivait.

« Mais si je gagne, tu devras demander pardon. » Trois secondes de pause. « Pour avoir été un stupide abruti bouché. »

Il eut un bref mouvement de tête qui ramena sa lourde frange de quelques centimètres sur le côté. Signe précurseur d'une nouvelle fantaisie glorifiée.

« Et peut-être que j'oublierai ta grossièreté. Parce que je te suis de loin supérieur, et que tu es un cloporte. »

Il dénicha une pièce du fin fond de sa poche. Le sou de la dernière chance qui devait nécessairement lui assurer la victoire. Enfin.
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Sam 30 Jan - 19:37


It's so bad when you're living in the Devil's playground

De la folie ; sans doute de l'insanité, Perseus, dans cet amour infini qu'il a, ou cette fierté immense, enfin cette tentation brûlante à laquelle il ne sait pas résister - car on lui fait oublier la discipline, sans doute, mais il y a quelque chose d'onirique dans tout cela ; puisque il aime, sans le savoir, les lueurs vicieuses de la victoire qui donnent un tout autre relief à ce visage - sa mâchoire en fait se fait bien douce, et ses yeux appellent ; s'apaisent ? Son regard change en tous les cas, ils entrevoient des rivières de rêve comme personne à cet âge n'a encore cette candeur - c'est une félicité étrange que celle-ci. De ses lèvres Perseus souffle patience et impatience, un hochement de tête dilue la méfiance dans un orgueil plus grand encore ; et il y a un calme insensé qu'il a maintenant, éclatant, sous le chant inaudible de sa consécration. Car il se sait gagnant. Il ne s'entend pas tout à fait dire d'accord à Napoléon, puisqu'il le souffle presque, dans une quiétude toute nouvelle ; mais ses lèvres, en cet instant précis, diraient oui si facilement, s'accorderaient à n'importe quoi. Cet enfant devant lui, il est presque touchant désormais - rayonnant de sa puanteur noire, de la défaite ou de la rage, en fait de tout ce charme infantile ; qui inspire à Perseus un genre tout nouveau de pitié. Pour cette trop jeune carcasse qui ne sait pas ce qu'est gagner. Les autres mots de Napoléon tombent inutilement dans ses oreilles, et il ne prend pas la peine de les entendre.

Il est didactique, Perseus, lorsque cette attention avide de désir se pose sans voir sur la pièce - ses yeux disent, « Lance », comme un enseignant dirait : fais ceci, apprends, Napoléon, apprends de la défaite, car il y a toujours cet écho lorsque ton nom roule sur les langues ; tu ne le sais pas ? Que des chevaux se sont écroulés balayés par l'hiver, et qu'il y a de la Russie, quelque part dans le sang Kashirin ? De la Bérézina dans ses paroles. Alors, « lance », comme un cadeau magnanime. De ce geste de la stupide innocence. « Pile. » Car c'est là qu'est le numéro. Sur ce gallion, qui sera à lui, et contre Napoléon, qui sera à genou. Se pliera inévitablement, comme toutes les choses qui ont besoin de discipline ; ses os ne tiendront pas et ses muscles ne résisteront pas à ce que Perseus tire hors de lui, impitoyablement, l'argent ou la fierté, mais il y a tout en jeu dans cette pièce, et celle-ci est pour lui.
Que dit-il ? Elles sont toutes pour lui.

Les doigts de Napoléon, juvéniles, jettent l'ombre de leur inexpérience ; il lance comme un débutant. Dans une maladroite ignorance puisqu'il ne sait pas ce qu'il tient là, puisqu'il aspire à quelque chose de bien plus primitif : Perseus voit la pièce, cet enfant ne voit que deux faces.
Entre les cils, les yeux sombres sont à l'affût. Suivent le numéro - le voient tomber. Tomber... Mal. Quelque part Perseus entend l'univers se tordre.

Ses paupières s'abattent une fois. Deux, peut-être, sur la surprise qui le balaie comme un ouragan. Une panique très sourde cache tous les reflets à ses yeux, car il n'y a que le numéro qui importe cette fois, car ce n'est pas ce qu'il veut - car dans quelle réalité ? Est-il tombé ? Les ongles raclent l'intérieur d'un doigt qui souffre de l'absence du chiffre - se plantent, comme une punition, dans cette peau affamée, quoi ?
Où ?
Comment ?
Plus aucun éclat, Perseus, tu n'as plus cette teinte merveilleuse.

Oh et il se confond encore ; l'amertume comme un poison, il croit brûler. En fait, Perseus ne sait plus parler ; la main qui s'élance et s'abat sur la pièce comme un malheur, et la prend, et l'arrache, pour oublier comment il faut la lâcher, cet amour traître car il n'y a possiblement pas de monde, où on lui présente ce visage-là, avec tant d'effronterie - la main furieuse parle très bien pour lui. L'autre, vide de ce pêché, tisse une illusion entre la patience, la maîtrise pure qui s'est effondrée hors de lui ; s'ouvre, se referme en un poing qui effleure cette bouche muette - et trop vivement, « Ça ne-- compte pas. », que dire sur cette irrationalité ? Il prend une respiration illusoire mais ses poumons s'illuminent de fureur. Le mouvement de la tête vers le haut est d'un nouveau genre. « C'est - » Puisque les mots courent hors de lui il veut encore vérifier, ce monde dans lequel il est - l'incohérence réapparaît de sa main, comme preuve, mais le numéro n'est toujours pas là. Un geste est expert mais pourtant fébrile, lorsqu'il fait tourner la pièce sur elle-même, pour vérifier que le chiffre existe bel et bien, qu'on ne le lui a pas tout simplement volé - et pour la première fois Perseus le déteste, puisqu'il est là, bien là, qu'il existe et le dévisage ; simplement, il était d'un autre côté. Un autre côté que le bon. Les doigts se referment comme une prison sur la pièce, il n'en supporte plus la vue - sa voix bute étrangement dans sa bouche ; la douceur qui est naturelle, maintenant, a la mélodie de la honte. « - stupide. C'est stupide ! Ce n'est pas une victoire, c'est... », cherche à se justifier, de ses mots anachroniques ; de la chance ? De la chance pour cet imbécile ?! « ... Du hasard. » Comme une insulte. Le mot, froid, a été presque craché en vérité, jeté à ce visage que Perseus veut corriger, gifler du revers de cette main qui ne peut plus garder cette pièce absurde, de ces doigts jaloux de devoir se séparer de ce monstre d'or. Oh non, il ne peut pas accepter qu'on vole ses lauriers, pour couronner des têtes si indignes. Il jette la pièce à son visage. Quels maléfices ont bâti cette pièce ? Quel tour lui a-t-on joué ? Le corps adolescent se répand dans la rage.

« Prends ta récompense, espèce de sale petit murlap. » Un rire fuit de sa gorge, mais il vibre dans les sons de l'ire. « Mais c'est une connerie de pièce, tu comprends ?! Ça - ne prouve rien. Tu ne peux pas me battre. Tu n'as rien gagné du tout, même pas cette pièce, espèce de crétin, puisqu'elle est déjà à toi. » Ces mots-là le blessent lui-même, Perseus flambe d'un incendie autodestructeur. Il ne peut pas empêcher le mouvement exutoire - de la main qui passe sur son visage comme s'il voulait se l'arracher, tout d'abord, puis de ses jambes qui l'éloignent, mais le ramènent toujours, toujours plus près de ce diable d'ignorance. « Je ne peux pas perdre contre toi, tu comprends ? » Tu comprends ? Comme l'on sait que la tâche est difficile pour Napoléon, tu comprends ? Ce que j'essaie de t'expliquer - combien tout cela ne peut être vrai ? « Ou bien tu l'as truquée ou bien tu as, peut-être, la bénédiction stupide du hasard, un jour, dans ta vie ridicule ; mais tu ne peux pas gagner, toi, contre moi. Un nabot de ton genre ne m'arrive même pas à la cheville, tu comprends ? Pourquoi cette pièce - ça ne prouve rien du tout ? » Et la pédagogie a un écho étrange, lorsque le geste est si cruel, puisqu'il est si - doux, face à l'immensité de sa colère, lorsqu'il abat son index contre le torse de ce garçon qui ne l'écoute plus, évidemment, qui se noie déjà dans les illusions d'une victoire qui n'est pas sienne - le visage de Perseus ne se décompose jamais, mais il y a un relief qui y est tellement différent ; mais la force, au bout de son doigt qui souffre, ne peut pas tromper. « Oh parce que, je sais ce que tu penses, de quel grandeur tu te bénis mais tu n'en as aucune, Napoléon. Ni maintenant, ni avant cela, et jamais. Quelqu'un comme toi, ça reste en bas de l'échelle - à me lécher les putain de pompes. »



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Lun 15 Fév - 16:22
celebrate any tiny victory

La morale est bien souvent le passeport de la médisance


Il se sent irradié d’un triomphalisme nouveau, enfin, une réconciliation avec la petite gloire, la petite envergure d’un succès poignant ou retrouvé, sa fierté assurée. Napoléon gagne. Et lorsque Napoléon gagne, c’est exactement comme s’il gagnait cent fois. Il faut toujours que tout soit toujours trop. Il faut toujours que, pour lui, tout devienne trop grand. Trop. Napoléon ne se complaît vraiment que dans l’excessif. Ce n’est pas le gain qui le fait vibrer ; le sou retournera bien vite se perdre dans les tréfonds de sa poche. Mais derrière les folles lueurs de ses pupilles, une spirale infernale, la scène tourne en boucle du moment où il lance la pièce jusqu’à ce que l’or roule entre ses doigts, et déjà, Napoléon a crié silencieusement Victoire mille fois. Fortune se montre capricieuse mais l’insensé s’en approprie déjà tous les mérites.

De Perseus il apprend enfin, enfin, il contemple la défaite en face. Elle se tient devant lui, ridiculement grande. Napoléon se délecte de pouvoir observer la décomposition, car il faut bien admettre que le discours a perdu de sa superbe. Rien n'inspire plus Napoléon. Perseus est nu de toute crédibilité ; Napoléon l'a déshabillé de sa prestance. Il ne voit plus rien en Perseus. Et Perseus soudain pour Napoléon n'est plus vraiment Perseus. Il se persuade aisément qu'il vient de plonger son aîné dans un illustre dépouillement. Car Napoléon luit d'un nouvel éclat, et que dans cette naissance, il a absorbé un peu de l'autre pour nourrir sa lumineuse grandeur. Il faut un perdant pour glorifier un gagnant. Alors tandis qu'il rayonne, gigantesque lustre verni d'or blanc, l'autre ne peut que sombrer dans sa déchéance. Le roi est mort vive le roi.

Enfin, il comprend que quelque chose d'important vient de se produire. Il devine sans mettre de mots dessus, il exulte, jubile. L'extase lui fait l'effet d'une inondation. Sa joie est clinquante, d'une infinie luxure. Napoléon est riche de sa victoire.
La main s’abat sur la sienne, croit peut-être lui arracher son dû. Mais là encore, il s’agit d’une erreur car Napoléon laisse faire. Ce n’est pas Perseus qui lui soustrait son gallion, de fait il écorche à peine ses doigts de la réussite. Non. Napoléon est magnanime et laisse volontiers le soin à Perseus de contempler de plus près le revers de l’échec.

_ Ca compte. Court et efficace, vibrant, le petit empereur mesure, contient sans étouffer sa joie qui déborde malgré lui. Il a gagné, il le sait. Enfin, asseoir sa conquête. Le point va à Napoléon et celui-ci compte triple. Il insiste. Ca compte grave.

A Perseus il ne donnera pas la permission de le lui enlever. Le nez de Napoléon se dresse d’un air de défi, un petit nez d’une impétuosité folle qui se gausse, rit à la face du monde. Le son des trompettes raisonne dans sa tête, accompagne l’empereur dans sa marche victorieuse. Alors Napoléon se conforte dans sa pose de petit monarque sourd, il se sent intouchable. C’est son port devenu altier, sa moue de dédain qui paradent, se pavanent sous le regard de celui qu’il se voit déjà dominer. Sa fierté est autant ridicule que sans borne.  

_ Non bien sûr, ce n’est pas une victoire puisque c’est… Ta retraite, ta débâcle, ta déroute. Autant de mots que son esprit juvénile a bannis de son vocabulaire. Mais il en trouve cependant un qui vient enrober son couronnement d'un nouvel emballage couleur vantardise. Le mot tombe voilé d'un doux sifflement, arrogant. Ton naufrage. Il a le sourire perfide, même lorsqu'il est heureux. La voix suave poursuit sur un ton de fourberie. Si le hasard peut te rassurer... Je ne t'enlèverai pas ton lot de consolation.

Le reste finit par se perdre entre les pierres du château, la voix de Perseus chante des lamentations qui ne trouvent plus écho chez l’enfant pontife.  Même la pièce projetée contre sa petite joue ronde et sucrée ne suffit pas à l’arracher à sa consécration illusoire. Le gallion retombe platement au sol, personne ne prendra la peine de le ramasser. N’a d’importance que la valeur symbolique qui s’en est détaché et qui porte à présent Napoléon vers les plus hautes cimes de son délire d’imperator. Il ne voit ni n’entend plus Perseus ; les jérémiades se meurent bientôt dans l’indifférence. Le visage rond du petit serpentard se détend sous le poids bienheureux de sa vanité. Il est un caprice que l'on vient de satisfaire. Ses traits goûtent un contentement suprême. La bouille parait presque adorable semblable à un leurre, une odieuse tricherie.

S'il comprend ?
Encore faudrait-il écouter pour comprendre. Et pourtant, Napoléon a tout à fait compris. La parade se poursuit. Il fait volte face, pour un peu on l'imaginerait rejeter derrière lui sa royale cape. Il marche comme un petit prince vers le fauteuil si ardemment désiré plus tôt. Il frôle de sa petite main l'accoudoir, renifle l'ambiance qui s'en dégage. Ce siège est pouvoir. La salle toute entière devient son havre. La suite devient une évidence. Dans un cérémoniel presque surfait, grotesque, il se laisse choir lentement sur le trône comme l'enfant précieux qu'il a toujours été. Un soupir expire en réponse au mécontentement qu'il devine tout juste au son de la voix de l'aîné serpentard. Il en fait une ovation. Alors, d'une main orgueilleuse, il balaie les paroles qui traînent encore devant sa porte et congédie le bouffon dont il décide tout juste de se lasser.

_ C'est bon, tu peux partir maintenant.
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Jeu 25 Fév - 0:33


You come up, look around, for a will of your own
But you're mine

C'est une félicité infantile qui éclate à son visage comme une bombe de puanteur. Des nausées épineuses éclosent dans le cœur de Perseus, devant la farce odieuse de cette mise en scène, de ce spectacle de marionnettes. Il voit Napoléon se pavaner dans l'aisance gauche d'un pantin dont les fils seraient tirés par des mains inexpérimentées, dans le prestige artificielle - mais fatalement pur, pourtant : c'est un être qui ignore sa propre misère. C'est un statut qui lui serait enviable, s'il ne le faisait pas briller dans des fantasmes indigestes. Perseus détourne la tête pour fuir la pestilence d'une gloire au rabais. Tous les poils de son corps déchu se dressent en frissons de rage ; ses muscles, tirés par la colère, tracent des creux volcaniques dans son  visage, et il mord ses lèvres serpentines pour les empêcher de siffler. Ses doigts se referment sur ses bras pour tenir cette gifle sur le bout de ses doigts, ce chien fou dont il veut lâcher la bride ; il y a un certain refus de la violence pour lui, mais il ne lui semble exister aucun autre geste assez beau, assez fort pour déchoir cette royauté singée. Le reste : du bruit, qui glisse sur les pierres comme des eaux artificielles, et engloutit cet air dans une lourdeur dont Perseus éprouve tout le pathétique.

Pourtant le pas lourd, de cet empereur industriel, se traîne sur des chemins trop saints pour lui, son pied traînant en salit la superbe des tapis rouges, et son verbe affligeant tâche les velours des fauteuils. Toutes les vertèbres de la nuque de Perseus s'alignent sur le trait vif d'un avertissement ; ses yeux crient des insolences car ne veulent croire qu'elle va faire ça, qu'elle puisse faire ça, ce cafard qui se rêve lion ou serpent. Le lèse-majesté pend à la bouche de Napoléon comme un filet de bave. Le cachot entier s'affaisse sous cet orgueil éhonté, presque touchant de naïveté en vérité, car c'est une insulte d'enfant : qui est vide, de sens, de conséquences, et Napoléon, insecte hideux, ouvre ses ailes de mouche sur son trône.

Le visage de Perseus, à cela, s'ouvre en un sourire absurde. D'une douceur cinglante, enchantée par le grotesque de ce tableau ; ce petit roi de papier dont les pieds ne touchent le sol, sa silhouette malhabile disproportionnée contre le dossier d'émeraude - tout cela, pour lui, est véritablement amusant, et a la pureté d'une vérité : c'est un trône qui n'est pas pour lui, pas fait pour lui. Il n'y a pas de parole à prononcer, car le mobilier lui-même se moque de cette audace misérable. Le sourire est franc, sincère, tout son corps se détend : « Tu es ridicule. » Il n'a pas à en dire davantage. Tout est là : la pauvreté de la parole est celle du faste fardé ; dans la voix et les gestes de Perseus se redessinent les naturels très doux qui font sa force - son éclat souverain, face à cette pâle copie de grandeur, ce caprice modèle réduit. La colère s'est balayée hors de ses poumons à cela, hors de ses veines : son cœur lui-même a été touché par cette drôlerie.

Perseus entame une marche avec toute douceur, toute quiétude que ce qu'il va faire impose, car il tend un bras vers Napoléon, paternel, un bras qui corrige une bêtise qui amuse mais qu'il est maintenant temps d'arrêter. C'est un bras qui enseigne la fin des jeux, il lève même les yeux au ciel, comme on le ferait pour des illusions d'enfants qui sont touchantes à des âges de sagesse ; mais la main qu'il referme sur le col de Napoléon est la même qu'avant, la main de Perseus : elle est ferme, elle est sûre, elle crie son nom au corps malingre de ce petit démon de fumée. Ce qu'il fait - ce qu'il enseigne, parle de lui-même : Perseus respecte un silence délicat, presque compatissant, pour les blessures saignantes de l'ego de Napoléon. Alors qu'il en croise le regard il s'autorise un hochement de tête, pour approbation de lui-même, « Enfin, tu sais bien que tu ne conviens pas encore pour ça. » Son bras a le poids de l'âge, de dix-sept années ou cent peut-être de la plus pure dignité, celle qui s'élève par-dessus les autres : Napoléon est un animal fragile dans sa main ; il le soulève du siège avec sécheresse, pour le lâcher à ses pieds.

Perseus s'assoit avec le confort des maisons retrouvées et il sent que le fauteuil l'épouse avec bien plus de naturel. Le velours lui-même se réjouirait de connaître une silhouette qui en soit digne, après avoir dut se plier à ce simulacre de gloire. Les jambes se croisent avec l'aisance d'une certitude - et le sourire, le sourire ne tombe plus jamais. « Napoléon tu sais, l'ambition c'est honorable, mais l'effronterie est quelque chose que tu vas devoir corriger. » Ses doigts courent contre les accoudoirs, il sent que toute sa rage a coulé vers l'autre, comme une maladie : la nuque noyée dans un velours royal, il se réjouit d'en être guéri. « Parce que tu restes un jeune garçon de trente kilos, et que quoique tu fasses, tu ne m'arriveras carrément pas à la cheville. » La main que Perseus plonge dans les chocogrenouilles est odieuse, mais elle est juste. « Ce n'est pas grave, Napoléon : il y a des fatalités qu'il faut accepter. »


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Mar 26 Avr - 23:26
sometimes you gotta fall

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Et c’est un cri aigu qui lui échappe, un hurlement strident qui accompagne sa chute tandis que le tyran le lâche vulgairement à ses pieds. C’est un roi qui congédie un prince, c’est une victoire qui devient une défaite, une micro-victoire qui s’en va aussi vite qu’elle est advenue, un privilège qu’on lui abolit sous un regard qui reflète déjà l'incompréhension, l'impuissance. Il est un monarque déchu, celui qu’on n’a jamais voulu pour le rôle, un imposteur, celui qu’on détrône et qu’on bafoue. Perseus vient de le décapiter. Sa tête a roulé à ses pieds avec le reste de son corps, jeté aux ordures, un animal pour éponger le sol. Car c’est là la dure loi de la jungle, de la chaîne alimentaire. Et Napoléon s’est fait dévorer par plus fort que lui, on a martelé le sol de ses ossements, sa carcasse jonche encore le marbre comme il se perd lui-même dans une douleur atroce qui raisonne dans la salle commune des serpentards. Et on se retourne soudain sur lui. Qu’a-t-il donc ce petit animal à hurler de la sorte ? Et les habitués comprennent. Il ne suffit bien que d’un regard. Perseus martyrise toujours les chimères du même empereur, celui qui a obtenu son titre dans une boîte de pacotille. Alors l’enfant hurle encore le même caprice royal, tandis qu’on hésite toujours s’il faut y voir la crise d’un enfant ou les premières brides d’adolescence. Mais on se bouche les oreilles, il n’y en a bien qu’un qui doit se délecter de l’opéra, car il hurle toujours à la mort dans une agonie qui se perd au milieu d’une cruelle indifférence. Et il est un soliste d'exception. Aucun n’approche, ceux qui voudraient savent bien qu’il n’aurait pour eux que de l’ingratitude. Car c’est bien là tout ce qui le définit, l’ingratitude, la prétention, le dédain avant l’autorité, le maigre titre qu’il leur prêterait. Car Napoléon n’a vraiment rien à offrir, ignore même comment tendre ses doigts aux mains les plus charitables. Il ne donne pas envie, les fesses collées au plancher, les jambes encore écartées, sa dégaine enfantine mais déjà abîmée. Cette rage voudrait encore vous percer les tympans, et il ne connait aucun autre moyen Napoléon. L’explosion est féroce, la haine réelle. Il déteste déjà ce corps d’enfant, ce corps trop à l’étroit pour la mesure de son ambition, ce corps trop fin et trop chétif pour sa hargne. On ne voit plus ses yeux, ils ont disparus derrière les joues rouges et gonflées. Il n’y a bien plus que des larmes de violence pour épancher sa soif de vengeance.
La voix de Perseus se perd dans le gouffre qu’est sa bouche, il avale contrit les réflexions, la moquerie, et tout ce que l’autre lui donne, des boulets de canons tandis que le navire continue à prendre l’eau, alors que le capitaine aussitôt se noie dans les rimes d’une nouvelle complainte. Et c'est bien là tout ce qu'il lui reste, la puissance de ses cordes vocales comme unique défense, unique arme pour exprimer les travers qui l'animent, qui dépassent les simples pleurnicheries. La crise. Elle lui fait violence, accouche de son aversion, d'une frénésie ardente qui vous aurait foudroyé sur place, si elle avait pu, si elle avait pu être plus dangereuse qu'un vague torrent se déversant sur son visage. Elle aurait voulu engloutir ce fauteuil, car s'il ne pouvait l'obtenir il ne tolérait pas qu'on s'en empare. Alors seulement il continuait à hurler sa défaite, son irritation, son mécontentement, sa colère, sa haine, sa rage. De sa place c'était bien là tout ce qu'il pouvait espérer ; s'exprimer du langage le plus primitif qui soit. La débâcle de ses sentiments balayés d'une seule main, piétinés dans leur orgueil qu'il régurgitait à présent comme du papier mâché.


FIN


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