Ils avaient quitté le village pour rejoindre un champ non loin, sans réellement savoir où cela les conduirait. Mais Deborah était confiante. Et puis avaient-ils seulement le choix ? Le village était entouré par les prairies et les cultures tantôt de légumes géants tantôt de hautes herbes. Mais Deborah avançait, légère dans son habit de bohémienne ; c'était dans sa nature après tout, de vagabonder, d'errer sans savoir où elle allait, de changer de contrées. Leur voyage ne faisait que commencer. Alors sous le soleil chauffant, sous une petite brise qui faisait plier les herbes, chacun de ses pas marqué par les tintements des trop nombreuses breloques pendues autour de ses bras, de ses chevilles, de son cou, elle entraînait Thomas sans plus réfléchir, sans plus s'inquiéter, en le tirant par la main, car même en rêve, certaines habitudes ne changeaient pas. Et par moment, on aurait juré qu'elle fredonnait un vieil air traditionnel qu'elle ne se souviendrait probablement pas avoir appris. « nous sommes égarés, n’est-ce pas merveilleux ? » ; mais ce n'était qu'une question rhétorique, bien sûr que cela devait l'être, dans cette insouciance un peu féerique qui se mélangeait si bien au paysage champêtre.
Elle plissa les yeux, dévisageant sans vergogne l'horizon, tentant d'apercevoir autre chose, de voir par devant la ligne imaginaire de son champ de vision, comme la diseuse de bonne aventure qu'elle était peut-être. Et puis dans le lointain, deux petits points éloignés qui semblaient grandir grandir et grandir sur un fond de galop.

« Shh. Tu as entendu ça ? »

Soudain, elle s'était stoppée, puis complètement vautrée accroupie dans les hautes herbes non pas sans entraîner au passage son partenaire, qu'elle intimait de se taire d'un doigt déposé sur les lèvres. Elle chuchota. « C'est notre chance, ils ne nous ont peut-être pas vu. Essayons de prendre ces manants par surprise. » ; oui, car elle savait étrangement ce qu'il convenait de faire. Aussi avait-elle attrapé son précieux jeu de cartes, l'avait savamment mélangé d'une main à une autre, brillante illusionniste. Mais son choix s'était arrêté sur une carte en particulier. Froncement de sourcils, la carte dressée juste devant son front, et de ses lèvres charnues s'échappait un murmure, un nom. « El Toro » ; et l'animal prit forme alors devant eux, fier d'entrer dans la gigantesque arène, à son plus grand ravissement bien sûr, et à qui elle pointa du doigt les deux arrivants dans l'espoir qu'il lui obéisse et les charge. Mais elle resta prudemment tapie à l'arrière, quoique prête à bondir et à détaler si l'animal décidait au contraire de les courser eux, juste au cas où. Ces bêtes-là sont capricieuses parfois.

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'Duel de Sorcier !' :

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'Duel de Sorcier !' :

Thomas n'était pas tout à fait sûr de vraiment tout comprendre, alors il préférait se laisser trainer par Deborah pour s'en sortir vivant. Ils n'étaient pas dans le monde réel, du moins c'était la conclusion la plus plausible qu'il avait trouvé. Ou alors avaient-ils fait un saut dans le temps, enfin tout ça ne lui plaisait pas du tout, et l'hypothèse d'un rêve ne lui était pas même encore venue à l'esprit. Enfin. "ÉGARÉS ?" avait-il crié avec tout son courage. Main devant la bouche, il s'était raclé la gorge. "Je veux dire, tu ne sais pas où on est ?" Ce n'était pas de la panique non, ce n'était que... Enfin vous savez, il était un peu pommé. Et si Deborah semblait tout à fait dans son élément ainsi habillée en bohémienne (et que ça lui allait bien !) Thomas lui, semblait plutôt mal à l'aise, pas encore trop sûr des potions qu'ils avaient récupéré avant de sortir de leur cabane/maison/ruine/autre. Et il s'était caché en donnant toute sa confiance et sa vie à Deborah. Derrière un buisson, il tendait l'oreille et il pouvait effectivement entendre des pas de cheval. Ah, ouais.

"Mais — mais non mais — mais pourquoi tu les attaques ?" s'était-il exclamé cette fois-ci totalement paniqué, en particulier en voyant le taureau arriver vers eux. Non décidement, il ne comprenait rien. Enfin, il avait étrangement besoin du pendantif au cou des deux personnes en face, mais il ne savait pas pourquoi. Il leur demanderait plus tard de les lui donner. Il s'était alors mis à courir en l'attrapant par la main pour éviter la bestiole enragée — (woooow, Deborah était une magicienne, une vraie !) mais voilà que cette pensée l'avait perturbé et qu'il sentait soudain une douleur dans son dos. Les voilà à terre. "Ca va ! ? " avait-il demandé alors, se fichant que très peu de ses propres bobos. Thomas était habitué à tomber, alors c'est tout naturellement qu'il se releva en se fronttant les côtes, les mettant totalement à découvert derrière ce buisson. Et on leur fonçait dessus. ET POURQUOI ELLE PARLAIT DE SANG ?!!!!

C'est tout ce qu'il avait eu le temps de voir avant d'attraper la main de Deborah et de se décaller sur le côté, derrière un arbre. Ouf ! La folle sur le cheval les avait loupés. "On pourrait gentiment leur demander leur collier, non ?" Enfin. Soupire... C'était quoi, la fiole là ? Attendez, c'était celle qu'il avait prise avant, la potion explosive, qui était tombée de son sac ??? LE CHEVAL ALLAIT MARCHER DESSUS ?

"Atten— !!" avait-il crié.

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'Duel de Sorcier !' :

Tout se passa un peu trop vite autour de lui pour que Kalev soit vraiment certain de tout comprendre. Entre le taureau qui avait menacé de l’empaler, Astrid qui s'élançait au galop vers les fautifs, et l'étrange explosion qui fit voler son chapeau à grelots, Kalev se dit qu'il aurait mieux fait de ne jamais pointer les deux autres élèves du doigt. Un peu penaud, Kalev s'en alla ramasser son chapeau. Par chance, il n'était pas déchiré.

Kalev ne comprenait pas trop l'utilité de se battre comme ça, mais visiblement, comme tout duel de sorcier digne de ce nom, le seul moyen de ne pas se retrouver écrabouillé par un serpent géant, c'était de se défendre. Mais sans baguette magique, ça allait être un peu difficile. Lui, il se sentait un peu vulnérable dans tout ça. Il n'avait ni lance, ni bovidé, ni substance explosive. Juste une flûte. Une flûte qui ne devait pas servir à grand chose, mais bon, en désespoir de cause ?

Kalev regarde longuement la flûte. Il ne sait absolument pas en jouer. Il hausse les épaules. Tant pis, il n'y a pas trop le choix. Il lui suffisait d'essayer et de voir ce qu'il se passe et...
Oh quel son affreux.
Oh ce que c'était affreux.
Kalev fut le premier à grimacer, et descendit son chapeau sur ses oreilles ; et vérifia que celles d'Astrid et de Brossdur étaient toujours protégées.

- Astrid ne retire suuurtout pas ton cache-oreille d'accord ? hurla-t-il aussi fort qu'il le pouvait.

Est-ce que rendre sourd son adversaire comptait ? Il n'en savait rien, mais dans le doute, hein, il allait jouer le générique de Ma sorcière bien-aimée.

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'Duel de Sorcier !' :

Elle ne lui avait pas répondu, trop occupée à observer la charge de son taureau, fit une grimace douloureuse lorsque l’animal percuta sa cible, quoique celle qu’elle fit ensuite, en se rendant compte qu’ils se faisaient à leur tour charger ne fut que plus dramatique, et croyez bien que le dramatique lui allait peu, et qu’elle semblait surtout éberluée. Heureusement Deborah pouvait compter sur Thomas pour être protégée, même de ses propres sortilèges. « Merveilleusement bien » ; répondit-elle en se frottant contre le bras du garçon avec la même perversion que celle d’un chat avant de quémander à manger. « Tu es mon héro » ; ci fait on lui avait à peine laisser le temps de roucouler que la jeune demoiselle, quoiqu’elle ne fut pas tout à fait sûre de ce terme concernant la porteuse de la lance qui s’apparentait plutôt à une chasseuse de la préhistoire téléportée dans une joute médiévale, galopait dans leur direction en les visant. Voilà qu’il devenait diaboliquement épuisant de se sauver.

Elle tira affectueusement la joue de Thomas, comme elle fixait néanmoins avec intensité leurs deux opposants, visiblement plus à l'aise avec l'idée de se battre. « Voyons, si on te demandait gentiment de donner ton collier, tu dirais non n’est-ce pas ? » ; l’évidence.

Elle fit un pas en arrière en entendant la détonation, et un petit sourire attendri sur les lèvres ; cette maladresse était inopinée mais diaboliquement parfaite. «  C’est fantastique ; un peu plus et on les faisait sauter ! » ; mais ne relâchant pas sa garde elle anticipa que cette flûte n'augurait rien de bon, alors elle se détourna, enjoigna Thomas à en faire de même et se boucha aussi fort que possible les oreilles.  Et bien décidée à faire cesser cette cacophonie, elle se concentra tant bien que mal pour faire entrer en jeu une nouvelle carte. Le Verseau verse sur le monde l'eau de la connaissance et de l'esprit. Aussi une trombe d'eau voulut-elle se déverser sur ses opposants.
Elle cria en direction des deux autres ; « RENDEZ-VOUS ! L'HOROSCOPE VOUS PRÉDIT MAUVAISE FORTUNE !»

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'Duel de Sorcier !' :

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'Duel de Sorcier !' :

Réflection. Dire non ou pas, telle était la question — Thomas ne s'était jamais senti aussi partagé sur une décision. Il aurait en règle générale donné n'importe quoi qu'on aurait pu lui demander; après tout, cela rendait autrui heureux, donc ça le rendait heureux (logique, m'voyez). De l'autre côté, il avait ce présentiment qu'il ne devait pas se séparer de ce collier, qu'il ne pouvait pas. C'était intenable — mais Thomas suivrait Deborah peu importe ses décisions. Et puis.
Thomas avait fait exploser Astrid. Il avait caché ses yeux et s'était contracté de tous ses membres — avait-il tué quelqu'un ? Quelqu'un était MORT par sa faute ? Souffrait ? Saignait ? Il avait choisi de faire dos à la scène la main toujours sur ses yeux. "je veux pas regarder je veux pas regarder je veux pas—" Mais Deborah semblait tout à fait ravi, et au moins l'était-elle pour deux. Thomas lui, était à deux doigts de vomir ses trippes.

Et heureusement que Deborah était là, car c'est tout naturellement qu'elle lui avait montré quoi faire — se boucher les oreilles le plus fort possible, et même à travers il pouvait entendre ce bruit horrible. Était-ce seulement possible d'être si mauvais musicien ? Enfin. Deborah avait sorti une nouvelle carte et semblait connaitre l'horoscope. Il avait attrapé les épaules de la belle avec des étoiles dans les yeux. "Tu peux lire l'horoscope ?!" et ses paroles étaient pleine d'engouement. "Tu es extraordinaire !" rajouta-t-il absolument convaincu par ce qu'il disait. Deborah était de plus en plus magnifique et incroyable à mesure que les secondes passaient, c'en était à peine humain.

Ça, c'était jusqu'à ce qu'il la voit dégringoler à quelques centimètres de lui, poussée par une lance de la force d'un troll. "DEBORAH !" avait crié Thomas en s'apprétant à courir vers elle, au sol et recouverte d'un liquide bleu. Il pouvait deviner que c'était du sang sans se l'expliquer, CELA N'ALLAIT PAS DU TOUT DU TOUT. Et alors qu'il s'apprétait à courir vers elle, il prit son pied dans une pierre et tomba brutalement, l'une de ses fioles qui créait un feu violent, qu'il avait attrapé s'échappant de sa main pour voler sur ses adversaires improvisés.

Thomas était tombé.

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'Duel de Sorcier !' :