Le lac noir n’est pas un endroit des plus agréable. Maussade, dangereux, loin d’être limpide … mais c’est l’endroit favoris de Viserion. Ce lieu accueille le cours de soins aux créatures magiques donc forcément, ça aide. La journée semblait partie pour être ensoleillée, du moins partiellement, et la température relativement modérée. La promenade aurait pu être agréable, à condition qu’une touffe rouge ne le suive pas à la trace. Enfin suive … courre pour le rattraper, lui passer devant et lui dire de bouger son cul de sang-pur. À croire qu’elles allaient s’envoler, sérieusement !

Viserion prend néanmoins son temps, suivant des yeux la pile rouge qui le précède. Galatea est souvent perçue comme une petite peste adorable. Il faut dire qu’elle n’est pas la dernière pour les farces, et c’est finalement ce qui prime avec son extravagance sur son impatience aux yeux du blondinet. La petite serpentard est pleine de vie, amusante, ... et au fond c’est une enfant attachante. D’ailleurs, Viserion n’a jamais eu le cœur de lui dire que ses ambitions ne pourraient jamais se réaliser puisque ce n’est qu’une sang-mêlé.

▬ Galatea, tu as dit qu’elles étaient où tes petites merveilles ? On ne devrait pas les apercevoir ?

Viserion ralentit le pas, avant de s’arrêter complètement à distance raisonnable du lac. Il devrait effectivement apercevoir les animaux maintenant, et rien n’entrait dans son champ de vision. Galatea était déjà bien avancée vers le lac. … Une farce ? Le blondinet n’aime pas l’eau, elle pourrait le pousser à la flotte ? Ou bien simplement le faire tourner en bourrique ? Parano ? Non 8D Une question effleura le serpentard tandis qu’il jaugeait la gamine : étaient-ils amis ? Galatea était une gamine intéressante, difficile à cerner, mais qu’il aimait défendre quand elle récoltait les graines de ses bêtises. Était-il sur sa liste de maris potentiels, ou bien sur son Death Note ? Et elle, elle l’entraînait en exclusivité pour lui faire découvrir un animal fantastique, passion du jeune Iskander.

Prenaient-ils des risques, d’ailleurs ? L’idée ne l’avait pas effleuré jusque là, la curiosité étant trop grande. Il resta fixe comme une statue, son œil de roublard à l’affut de la moindre embuscade.

« Shhhhhhhhh, si elles entendent ta voix elles vont s'enfuir ! »

Galatea avait entendu dire que le professeur de soin aux créatures magiques avaient récemment apporté des licornes pour son cours, et comme ça n'était pas tous les jours qu'on pouvait en voir, autant saisir l'occasion de pouvoir en caresser quelques unes. Elle avait la chance d'être encore considérée comme une fille pure, donc elle n'aurait pas de problème. Bon, en revanche, Iksander aurait plus de problèmes, c'était à se demander pourquoi elle lui avait demandé de venir au juste.

« C'est pas loin de la forêt interdite, le professeur ne garde jamais les licornes, il les relâche ensuite. C'est comme ça chaque année. »

Ce qui n'était certes pas pratique mais tout le monde était content, les licornes ne craignaient rien et après quelques jours elle pouvaient repartir de là où elles étaient venues. Ce qui voulait dire qu'on ne pouvait voir des licornes à Poudlard que quelques jours par an, et jusque là Tea n'avait jamais manqué au rendez-vous.

Ils approchaient enfin de l'enclos où les licornes broutaient tranquillement - c'était plutôt amusant que des créatures aussi majestueuses se contentaient de manger de l'herbe comme la plupart des animaux d'ailleurs, quoiqu'il serait sans doute difficile de se nourrir de quelque chose comme, au hasard, de rosées de fleur de lune.

« Tu vois, je t'ai pas menti, elles sont là ! »

Aucun respect. Aucune peur. Personne jusqu’ici ne s’était amusé à dire à Viserion de se taire, d’une façon cordiale ou non. Mais visiblement c’était le cadet des soucis de la mini tornade aux cheveux de feu. Il soupira, puis se décida à la suivre en silence. Un coup d’œil bref autour d’eux lui indiqua qu’ils étaient (à priori) seuls. Le blondinet n’en avait soufflé mot, mais il se doutait que s’approcher des licornes n’était pas nécessairement autorisé. Après tout, tout élève est libre de se promener dans Poudlard et à l’extérieur de l’école tant qu’il ne franchissait pas les portes des rares lieux interdits, non ? Une coïncidence est si vite arrivée.

▬ La forêt interdite hein, comme par hasard. Et tu ne t’es pas dit qu’on risquait de faire perdre des points à notre maison ? Qu’est-ce qui te dis qu’il ne les a pas déjà relâchées ?

Viserion avait beau suivre les cours de soins aux créatures magiques avec grand intérêt (sa matière favorite à vrai dire), il n’avait jamais entendu le professeur évoquer la manipulation de licornes. En tout cas pour l’excuse du « mauvais endroit au mauvais moment », c’était loupé. La forêt interdite porte bien son nom après tout. Il faudrait donc trouver autre chose, hors de question de faire perdre des points aux verts. Il embarquerait Galatea-la-furie sous son bras si nécessaire, mais on ne les prendrait pas vivants ! Dans l’excès, Viserion ? Jamais.

Il finit par repérer les animaux en question, et en resta quoi. La gamine capricieuse n’avait donc pas menti. À l’abri des arbres les licornes prenaient leur repas calmement. Il s’approcha tout en conservant une bonne distance entre eux pour ne pas provoquer de remu ménage. Blanches comme la neige, l’œil vif, elles gardaient un œil en coin sur les intrus. Viserion avait lu beaucoup de livres sur ces animaux mythiques (bien qu’ils ne soient pas ses favoris), mais étonnement ne sut pas réellement comment se comporter.

▬ Effectivement, il semblerait que l’on puisse parfois se fier à toi Miss Chevelure-de-feu.

Il lui adressa un sourire.

▬ Ton idée, je te laisse prendre les directives. Que veux-tu faire ?

A peine les mots étaient-ils sortis d’entre ses lèvres qu’il les regrettait. A quoi allait-il avoir le droit ? Une promenade à dos de licorne histoire de s’empaler ? Une ruade en pleine figure pour leur faire des guilis sous le ventre et voir si elles peuvent rire ? Les idées loufoques ne manquaient pas dans la tête de la demoiselle, Viserion l’avait déjà vu à l’œuvre. Il attendit donc sagement, mais néanmoins aux aguets et quelque peu inquiet.

« Mon cher Iksander, je te signale que j'ai dis près de la forêt interdite et pas dans la forêt interdite. Je suis pas folle, j'ai pas envie de perdre de points ! Déjà que la prof de potions peut pas nous saquer... »

Car après tout, les licornes étaient expressément accessibles, c'est seulement que soit certains ne s'y intéressaient pas plus que ça, soit après deux ou trois ans ils se lassaient. Ca n'était pas encore le cas de Tea, puis vraiment, les gens ne se rendaient pas compte que c'était rare de voir des licornes ? Même les moldus le savent !

Fière d'elle, Tea releva le menton avec un sourire narquois, c'est qu'elle n'avait pas menti, elle savait ce qu'elle faisait quand même. Elle avait bien compris que c'était inutile d'essayer de tourner à son avantage le fait que son père soit un professeur, il ne l'aiderait pas à se tirer de situations délicates en abusant de son pouvoir. Franchement, elle aurait du s'en douter, ce n'était pas le genre de Sven de transgresser les règles par préférence. Il était décidément beaucoup trop droit pour avoir du pouvoir, et heureusement qu'elle avait largement le caractère nécessaire pour compenser.

« Comment ça, qu'est-ce qu'on fait ? Ben on les caresse tiens. T'es pas venu pour ça ? »

Il y avait quelques licornes près de l'enclos qui broutaient tranquillement, Tea s'approcha et tenta d'en interpeller une en tendant la main. Evidemment, c'était plus simple quand on était une jeune fille, elle n'eut pas trop de mal à pouvoir flatter l'encolure de l'une d'elle, bien gentiment.