Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
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leave no man behind • caesius

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Jeu 29 Aoû - 1:35
Il ne ressentait pas le froid.
Le soleil s'était d'ores et déjà couché, laissant place à sa compagne lunaire. Translucide, glacé, Moriarty flottait entre les murs et les couloirs, bercé par un vent insignifiant.
Il ne tremblait pas.
Ressentir le froid, ce n'était pas l'apanage des fantômes. Ou plutôt ressentir des sensations tout court. Bien sûr. C'était eux qui faisait ressentir leur présence, eux qui empestaient la mort, qui faisaient expérimenter ce froid indicible quand il passait à travers les corps chauds des êtres vivants.

Oh ce qu'il les enviait.
Pouvoir toucher la texture du bois fraîchement ciré, s'étreindre mutuellement, sentir les fragrances de fruits et de fleurs, boire une gorgée de jus frais de citrouille ou goûter une part de tarte à la mélasse toute chaude.
Ce qu'il les enviait. Les êtres vivants avaient une chance immense, qu'ils ne réalisaient pas forcément quand ils l'avaient sous les yeux.
Il ferma ses paupières transparentes, passant à travers un énième mur, tournoyant légèrement, dansant presque.

Puis il rouvrit soudainement ses yeux d'argent, troublé par des bruits. Il n'était pas seul.
Une crinière de feu reconnaissable entre mille s'avançait dans le hall d'entrée.
Oh. Ce n'était pas sa petite Princesse, sa petite Zelda.
Il y avait des pas hésitants, une cadence irrégulière, parfois quelques bruits d'impact contre quelque chose de solide. Cette personne titubait, trébuchait, manquait de se cogner contre les murs.
Moriarty comprit tout de suite. S'il avait été vivant, on aurait pu dire que son sang ne fit qu'un tour. Il stoppa net sa promenade nocturne et se raidit dans les airs.

Caesius ?

Sa voix légèrement résonnante s'éleva. Moriarty s'approcha rapidement, diminuant la hauteur qui le séparait du professeur.

Caesius. Tu ne vas pas bien. affirma-t-il sur un ton sévère, tel un parent sermonnant son enfant.

De là, il pouvait nettement apercevoir les traits anormalement plus pâles du rouquin, et puis. Il y avait sa peau moite, son visage ruisselant de sueur. Le fantôme n'était pas dupe. En un siècle, il avait appris à ne plus poser les questions classiques telles que « ça ne va pas ? » qui à son humble avis, semblaient inutiles quand la personne en face ne semblait clairement pas bien. Il n'attendait pas. Il était inquiet, il se faisait du mouron, quitte à avoir l'air un peu agressif.
Il était absolument hors de question que Caesius, ou quiconque pour qui il avait de l’affection tombeât malade. Et il ne lui semblait pas qu'il prenait la direction de l'infirmerie, le connaissant.
Oh. C'est vrai. Caesius évitait l'infirmerie comme la peste.
Mais pour Moriarty, ça n'excusait rien. Il se plaça en face du jeune homme.

Qu'est-ce qui s'est passé ?
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Lun 2 Sep - 16:13
Il arrivait ces moments bancals, flous – confus. Ces moments où c'étaient les tympans qui bourdonnaient, où les yeux qui devenaient cotons ; on ne sait pas trop. Mais c'était à ces instants là qu'il y avait un index à la mauvaise place, une épaule qui se cogne, un pied qui se tord.
C'était ces moments affreusement simples, terriblement maladroits – ça lui arrivait peu, dans son travail. Il avait toujours été minutieux et consciencieux.
Peut-être était-ce les récents événements qui tambourinaient trop dans sa tête – Miss Wintringham, le professeur Dawkins, Ruber. Il avait soupiré.
Il avait manqué une respiration – alors, c'était juste comme ça, les sourcils froncés et la bouche pincée.

Il s'était fait mordre par la tentacula vénéneuse.
Oh, ce n'était rien – absolument rien, une broutille, il avait l'habitude. Il avait juste oublié de remonter ses gants de protections jusqu'à ses coudes, et de rebaisser sa chemise aussi. Elle l'avait mordue deux fois – elle était vraiment en colère qu'il ait coupé la tige qu'il ne fallait pas. Elle devait souffrir, sûrement – elle s'était fermée, rancunière.
Caesius s'était tenu le bras, sorti de sa rêverie pensive. Il avait laissé échappé un sifflement de douleur, avant de regarder la plante qu'il avait meurtri par mégarde – il n'aimait pas penser à autre chose, il n'aimait pas penser. Ses lèvres s'entrouvrirent pour laisser s'échapper un mince désolé, qu'il pensait sincèrement – même envers une plante. Elle n'en démordit pas.
Ses lèvres commençaient à être craie.

Ce n'était rien, absolument rien – et ce n'était pas la première fois. Combien de morsures avait-il subit quand il avait dû la rempoter ; il suffisait qu'il récupère l'antidote dans sa pharmacie personnelle pour que les effets maladifs s'estompent ; il ouvrit la porte du casier de métal.
Il n'y avait plus rien.
C'était idiot – il n'y avait plus rien, il avait oublié de remplir les fournitures. Il savait très bien comment se soigner, il préparait ses propres remèdes – mais là, il n'y avait plus rien. Son ventre commença à se nouer ; il avait chaud.
Il avait si chaud.
Il n'irait pas voir Flavia – de toute façon, elle le laisserait mourir plutôt que de lui donner un antidote gratuitement. Peut-être qu'il avait une fiole en trop dans sa chambre – peut-être.

Non, il n'irait pas à l'infirmerie.
Il sortit de ses serres, titubant sous les rayons sanguins du soleil.

Son bureau avait l'avantage d'être très proche des serres – il devait juste grimper jusqu'au premier étage pour être tranquille. Les grandes portes, toutes de bois et de fer étaient déjà contre lui.
C'est là qu'il vomit une première fois.
Deux morsures, c'était peut-être un peu trop venant d'une tentacula adulte. Il s'appuya pendant cinq bonnes minutes à la porte, reprenant son souffle – mais ça lui brûlait la trachée. Il toussa. Il se redressa. Son bureau était au premier étage.
Il passa les portes – la lumière lui brûla la rétine. Il n'avait jamais remarqué comme le hall était bien trop coloré – ses tempes le cognaient, et les lueurs dansaient devant ses yeux flous. Les torches, accrochées au mur, lui crevaient la paupière, même lorsqu'il fermait fort, fort ses yeux.
Il tituba, se retint contre un mur.
Son cœur jouait les percussions folles entre les parois de son crâne.

Quand il passa devant la grande salle, le tintement incontrôlé des couverts lui vrilla les oreilles – c'était si désagréable, si désaccordé.
Il savait qu'une nuit de repos le guérirait ; à peu près. Atteindre le première étage n'était pas si difficile. Il avança encore un peu – il avait l'impression d'avoir fait plusieurs mètres, là ou ses pas ne l'avaient porté qu'une fois. Il s'arrêta.
Il y avait quelqu'un.

« Caesius. Tu ne vas pas bien. 
Ça va. »

C'était Moriarty – le fantôme, son ami. C'était ce fantôme avec qui il partageait ses silences, les plus apaisants silence qu'il n'ait jamais connu ; là ou sa tête était vide de tout.
Là, elle tanguait, maladive. La fin épaisseur de ses lèvres tournait violine.
Il avait dit ça comme ça – c'était un son guttural, presque inaudible, vomit maladroitement de sa bouche pour dire quelque chose. C'était un mensonge, il n'aimait pas ça, il ne savait pas pourquoi il avait dit ça.

« Pas. »

Ajouta-t-il – comme pour s'excuser.
Le fantôme continua de lui parler – ce n'était pas un mur infranchissable, pourtant, mais il s'était arrêté devant lui. Il n'avait jamais traversé Moriarty – ce n'était pas poli.
Il ouvrit grand la bouche pour respirer – il avait l'impression que rien ne rentrait. Il faisait si chaud. Il regarda le fantôme.

« Tu es vert. »

Ses yeux étaient trop lourds, ils tombèrent droit sur le sol. Il toussa encore un peu, de malaise ou de maladie – il leva une main vers son ami, comme pour le rassurer, comme pour lui montrer qu'il avait tous ses moyens.

« C'est rien. La tentacula – c'est tout. Je vais me coucher. »

Il avait eut toutes les peines du monde à sortir ses quelques mots – il ne voulait pas du tout paraître impoli. Alors, il lui fit un signe de tête, bref, nauséeux, pour lui dire au revoir, puis recommença son cheminement.
A peine eut-il décollé son épaule du mur qu'il retomba contre, frottant sa pommette contre la pierres grise. Il avait de la poussière sur le visage, mais il continuait de glisser.
Il voulut, faible, se rattraper à la première chose qui lui tombait sous la main – Moriarty.

Ses doigts lui passèrent au travers.
Il tomba à genoux, par terre – il y eut un bruit sourd quand il heurta le dallage. Il grogna, incapable de discerner le sol du plafond. Il avait la main glacée. Il la toucha un instant. Il chercha Moriarty du regard.

« Pardon. »

Comme si le blesser pouvait être pire que n'importe quel venin de tentacula lui brûlant l'aorte.
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Mar 3 Sep - 21:43
Ça va.

Moriarty roula des yeux, s'y étant attendu, sans pour autant se dégager du passage. Hors de question qu'il lui mentît. Hors de question que Caesius fît semblant de se comporter comme si tout allait bien. Rien. Rien n'allait bien, il le voyait, c'était évident, c'était bien présomptueux d'essayer de le lui cacher. Même un fantôme pouvait le voir qu'il venait de vomir, qu'il était en train de souffrir comme jamais, qu'en ce moment même, rien que pour éviter de subir ça, il voudrait que tout s'arrêtât.

Pas.

Caesius rajouta un mot.
Quoique, au final, il ne lui avait pas menti. Il avait essayé de se rattraper, ce qui aurait été grandement apprécié s'il ne lui avait pas révélé après qu'il s'était fait mordre par une de ces bestioles. Moriarty fronça les sourcils, ouvrant légèrement la bouche, confus. Le mot ne lui revint pas directement, mais il comprit. Il savait déjà. Ça avait eu l'effet d'un fouet. Une Tentacula. Ça pouvait être mortel, n'est-ce pas ? Il ne pouvait pas oublier ses propres cours, c'était évident. Bien sûr que oui ça pouvait être mortel.
Caesius n'avait pas pu se relever, s'effondrant contre le mur et s'agenouillant. Il n'avait rien eu pour se rattraper, juste la manche de la robe de Moriarty, intouchable. Ça lui avait fait mal. De le voir ainsi, il n'avait jamais apprécié voir les êtres qui lui étaient chers avoir mal. Il n'avait pas apprécié de voir Caesius se gâcher inutilement la vie à cacher la vérité, il n'appréciait d'autant plus de le voir tomber malade, se gâchant la vie à éviter l'endroit qui pouvait le guérir en un claquement de doigts.

Pardon.
Attends.

De toute façon, il ne pouvait pas attendre. Il n'avait rien à attendre. Moriarty laissa la moitié de son corps immatériel traverser le sol pour qu'il se retrouvât à la hauteur du visage de Caesius, désormais avachi sur les dalles poussiéreuses du hall.

Je ne sais pas si ça va te soulager, mais tu ressembles à un volcan en éruption. murmura le fantôme alors qu'il tendait ses deux mains grises vers le visage bouillant du roux.

Il ne le touchait pas vraiment.
Il ne le touchait pas, mais il avait esquissé ses gestes d'une manière si douce, qu'il avait semblé pouvoir attraper le visage de Caesius un instant. C'était peut-être ce qu'il voulait. Il avait réalisé les gestes d'un père. Celui qui, protecteur et bienveillant, vous prenait votre température en posant sa main sur votre front, alors que vous dormiez dans votre lit.
Ses paumes translucides étaient au niveau du front ainsi que de la nuque du malade, extrêmement froides. L'effet aurait été semblable à recevoir un baquet d'eau glacée sur le visage d'après un humain, mais dans le cas présent, ç’aurait été peut-être identique à une poche de glace lors d'une traversée pénible dans le désert.
Lui ne sentait rien en retour. Il n'avait plus jamais rien ressenti au toucher depuis au moins quatre-vingt-dix ans, c'était normal. Mais il savait, il savait quels symptômes donnaient une morsure d'une Tentacula vénéneuse, et il savait tout aussi bien ce que voulait dire transpirer à ce point. Il n'avait pas oublié, il n'oublierait jamais, il s'était interdit de l'oublier.

Tu dois aller à l'infirmerie, Caesius.

Pour lui, c'était la seule solution. Il n'allait aucunement le laisser se réfugier dans sa chambre et retrouver un cadavre au petit matin. C'était impensable, et pourtant, il savait pertinemment que Caesius y pensait, tant il voulait éviter de toutes ses forces l'infirmerie. L'infirmerie et. Euphrasie, puis Absynthe. Comme il le savait, c'était bien trop évident. Il avait fini par le comprendre, après toutes ses années.
Il savait déjà comment son cadet allait réagir.

Je sais très bien que tu évites cet endroit, mais tu n'as pas le choix. J'ai été professeur de Potions, je ne suis pas idiot. Tu peux mourir du poison.

Ses mains ne l'avaient pas lâché, toujours tendues de sorte qu'elles continuassent à rafraîchir Caesius. C'était le seul remède qu'il avait, pensa-t-il. C'était l'une des seules choses qu'il pouvait faire pour lui en cet instant. Mais il aurait pourtant donné n'importe quoi pour pouvoir lui préparer l'antidote, le lui administrer et le voir reprendre des couleurs.
Vivant, son cœur se serait sans doute serré.

Je t'en prie. rajouta-t-il avec un ton presque suppliant.

Ce n'était plus un ordre.
Caesius n'avait pas le droit d'être égoïste.
Pas cette fois.
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Ven 6 Sep - 0:42
Il avait merdé.
Caesius n'était absolument pas un homme vulgaire, mais là il le reconnaissait ; il avait salement merdé.
C'était de se mettre dans un pétrin innommable que de foirer aussi bêtement dans son travail – c'était inconscient, imprudent et égoïste.
Pourtant, il avait toujours fait parti de ceux qui vérifie que chaque chose est bien à sa place avant de quitter les lieux. Consciencieux, minutieux, attentif – c'était absurde de s'être fait avoir comme ça. C'était toujours comme ça quand les émotions lui faisaient trembler les phalanges.
Pour ça qu'il préférait se faire passer pour un idiot – plus facile. Et voilà qu'au moindre tressautement de son esprit, il se prenait une morsure dans l'avant-bras.

S'il n'était pas aussi malade, il aurait été furieux – furieux contre lui-même.
Il en aurait pleuré de rage – mais ça, c'était sûrement le venin.

« Je ne sais pas si ça va te soulager, mais tu ressembles à un volcan en éruption.
- Moriarty. »

Il avait soupiré son nom du bout de ses lèvres parme.
Moriarty avait toujours été quelqu'un de bien ; et là, avec le crâne sur le point de se fendre en deux, avec le cœur tambourinant jusqu'au bout de ses doigts et avec ses mains qui venaient lui effleurer la lave de sa peau, Caesius n'en avait jamais été aussi certain.
Moriarty était quelqu'un d'exceptionnellement bon.

Oh, certainement qu'il aurait pu sourire – s'il avait été dans son lit avec un vilain coup de froid. Il aurait même ri, face à cette attention – la poudre cramoisie aux joues, gêné d'une telle attention ? Là, il ne pouvait pas ; alors, il fit autre chose.
Caesius ferma les yeux.
Il se laissa aller, comme ça, par les mains presque tendres de son ami le fantôme. La différence entre l’éruption de sa nuque et la froideur glaciale de ses doigts était, en vérité, douloureuse.
Mais ça n'avait pas d'importance ; c'était le geste, qui apaisait ses tremblements.

Il avait appuyé l'arrière de sa tête contre le mur de pierre, appréciant le baume apaisant de ses mains d'ectoplasme. Il aurait aimé guérir, ainsi. Comme ça – juste comme ça, grâce à Moriarty.
Mais il n'était pas d'accord.

« Tu dois aller à l'infirmerie, Caesius.. »
Non

Lui non plus n'était pas d'accord.
Il n'avait même pas réfléchit un instant – c'était instinctif. C'était la peur de l'homme qui surgissait, même enlisé dans la maladie gangreneuse, au delà de toute la raison – c'était la panique.
Au simple mot de l'infirmerie, il crut que son cœur allait hurler. Alors il avait dit non – tout simplement, sans l'écouter.

« Je sais très bien que tu évites cet endroit, mais tu n'as pas le choix. J'ai été professeur de Potions, je ne suis pas idiot. Tu peux mourir du poison.
- Non. »

Il avait dit non, et c'était un égoïsme cruel dans cet entêtement.
C'était qu'il ne pouvait pas, Moriarty – il aurait tellement aimé le lui dire, si la surdité ne lui vrillait pas les tympans. Sa langue était lourde et son souffle, erratique.
Qui est-ce qui lui écrasait le thorax ?

Mais il songeait à son ami – à son ami, qui avait ses doigts perle sur son front et sur sa nuque, et il se dit qu'il n'était pas bien, là, pas bien pour lui. Il tenta de se redresser un peu sur ses paumes, et sa tête bascula lourdement en avant. Il la redressa avec toutes la force de sa nuque pour lui faire face. Il ouvrir sa bouche pâteuse.

« Ce n'est pas la première fois. Mon corps à l'habitude. Je ne risque rien. »

Ce n'était pas totalement faux, son corps supporterait – mais tout de même un peu exagéré. Il toussa.

« J'ai un antidote dans ma chambre, mentit-il. »

Mais c'était gros – c'était si gros que Moriarty n'allait même pas le croire. Il lui suffirait, de toute façon, d'aller vérifier par lui même ; ça ne lui prendrait que quelques secondes.
En vérité, Caesius ne voulait pas qu'il le croie. Il releva ses yeux vers lui.

En vérité, Caesius avait peur.
Il avait toujours eut un peu peur quand il était malade – mais là, mais là, c'était si fort dans son ventre.

« Je t'en prie.
- Non. »

Il l'avait supplié, Moriarty.
Alors, Caesius l'avait supplié en retour.

C'était toute son angoisse qui surgissait dans cette opposition – il lui disait qu'il n'avait rien, il lui disait que tout allait bien, il lui disait qu'il était si effrayé à l'idée d'aller la bas.
Il faudrait l'y traîner ; et le fantôme n'en aurait certainement pas la force.
De toute façon, il même n'était pas sûr de pouvoir se porter plus loin, même si sa chambre était juste là, juste au dessus. Si seulement il pouvait traverser les murs, comme lui.
Il s'enfoncerait tout au fond, dans les limbes du château pour ne jamais en ressortir.

Il toussa. Il aurait aimé que les doigts de Moriarty soient palpables.
Il ne savait pas ce qu'il lui arrivait, mais le feu dans ses veines lui faisait tourner la tête, les yeux, la nuque. C'était si lourd.
Ses lèvres étaient arides. Il voulait tellement voir Moriarty, et lui dire. Il parvint, en tournant son visage, à apercevoir ses yeux. Si clairs, et si sombres à la fois.
Sa bouche se tordit.

« J'ai peur. »

Lâché comme ça – rauque, une bombe trop intime, trop soudaine.
Mais c'était la plus grande des raisons pour fuir, quitte à souffrir plus tard de séquelles que l'on attend pas.
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Dim 8 Sep - 20:38
De toute manière, Moriarty le connaissait. Beaucoup trop même.
Ses « non » à répétition étaient prévisibles, il n'avait même pas pris la mouche en les entendant, continuant sur la lancée des supplications. S'il l'avait pu, il aurait sûrement attrapé les mains de Caesius pour les serrer en un geste de prière. À la place, il les plaçait de part et d'autre de son visage, pensant bien faire. Alors qu'en vérité, Caesius en souffrait sûrement, le contraste de température se faisant trop violent. Moriarty ne le voyait pas. Il ne pouvait pas sentir ses maux autrement que par des manifestations physiques, or Caesius ne montrait pas un quelconque signe de souffrance. Il avait simplement cessé de trembler. Pour le fantôme forcément, c'était bon signe.

Alors il continuait, ne se fatiguant pas. De toute façon, il ne pouvait pas se fatiguer, il pourrait rester des heures dans cette position, les bras tendus inlassablement pour soulager le roux.

J'ai peur.

Un soupir glacé, ses mains qui restent suspendues dans les airs.

Je sais. souffla-t-il en réponse.

Il ne le savait que trop bien. Il le savait pertinemment dès le début, avant même que Caesius ne s'écroulât contre le mur de pierres, nauséeux et la figure pâle. Il l'avait compris dès qu'il avait vu qu'il ne prenait pas la direction vers l'infirmerie.

Je sais, je sais. Mais il le faut.

Alors il continuait à le rassurer, lui répétant silencieusement que ça irait, avec une voix chuchotante.
Il savait tout aussi bien que les mots ne suffiraient probablement pas à le convaincre.
Pourtant, il n'avait que ça, Moriarty. Des mots. Toujours des mots. C'était tout ce qu'il lui restait pour se faire comprendre et interagir parmi les vivants, incapable de les effleurer. Il aurait aimé là, tout de suite, pouvoir gifler la joue blafarde de Caesius pour lui faire comprendre. Il aurait aimé coller son front contre le sien pour lui parler franchement, les yeux plongés dans les siens.
Il aurait tellement aimé pouvoir le prendre dans ses bras dans une étreinte paternelle, lui caressant doucement le dos.

C'était qu'il se sentait inutile sans corps matériel.

Que ton corps le supporte, je m'en moque, Caesius. Tu n'évacueras pas le poison de sitôt. continua le fantôme alors que ses sourcils s'arquaient en une moue contrariée. Et tu ne me feras pas croire que tu as un antidote.

Sa voix s'était soudainement fait plus froide. Plus sèche. Comme une bombe.
Ce n'était pas son intention de paraître cruel, de paraître insensible face aux aveux de Caesius, terrorisé à l'idée de mettre les pieds à l'infirmerie.
Il prenait le ton du père sévère qu'il aurait pu devenir dans une autre existence, sûrement plus clémente. Dans ses rêves, il aurait voulu prendre un nourrisson dans ses bras chauds, le voir attraper son doigt de sa main minuscule alors qu'il s'endormait. Il aurait voulu le voir pousser, puis le voir faire ses premiers pas d'une démarche maladroite, le soulever sur ses épaules lors d'une promenade, le voir rire. Le voir guérir et sourire après un vilain rhume qui l'aurait sûrement fait paniquer alors qu'il appellerait le docteur en catastrophe.

Ces rêves, il ne les avait pas obtenus.

Alors. Alors que Caesius guérît, même si ce n'était pas son fils, c'était sa seule consolation.

Il releva les yeux vers le malade, sans bouger, sans trembler.

Ça me fait déjà assez mal de te voir dans cet état.

C'était peut-être égoïste.
Moriarty voulait seulement lui faire comprendre qu'il n'y aurait pas que lui qui souffrirait de ses maux. Oui, c'était égoïste. Il en avait assez. Il n'en pouvait déjà plus de le voir comme ça. Affalé ainsi, le regard suppliant, le visage déformé par une grimace exprimant la douleur, la bille qui lui remontait dans l’œsophage et puis, cette incapacité à se relever qui le rendait si fragile à ses yeux.
Le corps de Caesius pouvait peut-être très bien supporter son agonie, c'était le fantôme qui ne supporterait pas.
Voyons Caesius, c'était offrir la vue d'un enfant malade à un père, ce que tu faisais maintenant.

Écoute, je vais chercher quelqu'un pour t'y transporter. termina-t-il en soupirant une énième fois.

Caesius n'avait même plus la force de marcher.
Pourtant, ses mains grises ne glissèrent pas du visage du roux, restant parfaitement immobiles.
Il savait déjà. Caesius allait protester.
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Mar 10 Sep - 23:20
Ses assertions soulevaient en lui un vent tiède qui calmait sa panique ; juste un instant.
Il avait cette impression fugace et insaisissable, dans sa tête brinquebalante, qu'il le comprenait. Que quelque part dans le cœur ectoplasme du fantôme, dans cet organe qui ne battait plus que la poussière des murs du château, il avait étreint ses sentiments.
Comme s'il comprenait cette peur effroyable d'affronter les échecs de son passé.

Il sentait son corps de travers, et la voix, les mains et le souffle glacé de Moriarty étaient les seuls repères de sa tête toute retournée. Il papillonnait, écartant ses cils, puis les plissant plus fort, incapable de garder les yeux ouverts bien longtemps.
Il aurait aimer tenir, entre ses doigts, l'épaule de Moriarty – s'y appuyer, l'espace d'un instant, et partir se réfugier. Il aurait aimé lui montré la détermination de ses paroles butées en croisant son regard et lui disant non ; il n'en était pas capable.
Il tremblait même dans ses négations ; l'inexorable le faisait vomir.

« Et tu ne me feras pas croire que tu as un antidote. »

il aurait voulu protester, ouvrir sa bouche molle et plate – mais il avait raison, Moriarty.
Avant, il aurait toujours eut un antidote, car il était un homme trop prévoyant. Mais c'était qu'il avait fait – encore – une erreur, et que ses erreurs provoquaient dans sa vie des remous abjects.
S'il n'avait pas faire une erreur ; juste ça, encore.
Il sentait le long de son menton la paume glacée du fantôme.
Il tentait si fort de se concentrer dessus pour oublier le reste, le reste si tremblant ; et plus tard, il en aurait si honte.

Caesius allait-il l'éviter, lui aussi ?
Ce serait plus dur, avec un fantôme que les murs ne retiennent pas ; il n'en aurait pas le courage, pas cette fois.
Ou alors, peut-être, justement, qu'il était devenu plus responsable. Il cracha un soupir – ah, ses mains si froides, mais si proche.
Sa tête tournait, il grimaçait.

« Ça me fait déjà assez mal de te voir dans cet état. »

Une remontée de culpabilité manqua de le faire cracher.
Il détourna son visage pour ne présenter que sa nuque. Toute sa face gauche traversa les mains du fantôme, qui n'avaient pas bouger.
Tout ça, ça ne servait à rien ; ah, ça se resserrait si fort.
Moriarty, pouvait-il te dire qu'il n'était pas assez fort ?

« Écoute, je vais chercher quelqu'un pour t'y transporter.
Non ! »

Il avait presque crié – presque, car il n'avait pas assez d'air dans ses poumons sales – mêlant la supplique à la protestation. Il avait contracté tous ses muscles endoloris pour appuyer son refus – se tenant sur ses paumes, il tenta de se relever. C'était un échec.
Il plia ses jambes pour tenter de se redresser. C'était un échec. Il patinait comme un animal blessé, malade ; pathétique.
Il essaya plusieurs fois, avant que son incapacité à fuir ne lui saute à la gorge.

Alors, il pressa ses deux paumes contre ses deux yeux fermés, et pointa le nez vers le ciel.
Son impuissance lui gonflait le cœur. Ça piquait – c'était étrangement, un peu humide. Il déglutissait difficilement, l'angoisse montant et descendant de son ventre à sa bouche.

« Moriarty – je ne peux pas. »

Il ne parvint pas à retenir le gémissement qui grogna dans sa trachée.

« Tu comprends – tu comprends, je ne peux vraiment pas, siffla-t-il, le souffle coupé. »

Il ne cessait de gonfler son torse d'air comme s'il allait exploser – ou en manquer. Il voulait tellement, tellement qu'il comprenne.
Même si lui même ne comprenait pas sa panique incontrôlable et ses suppliques disproportionnées.
Mais, il avait si peur.

« Tu comprends, l'infirmerie - »

Là-bas.
Ses mots se coupèrent – est-ce qu'il garderait ses mains contre son visage ?

« C'est - »

Ce jour là – ah, ça remontait si fort.
Il n'en parlait jamais ; tabou.

« On l'a ? »

Ses phrases erratiques, sans sens, emmêlées, se congnaient contre sa bouche dans un écho au passé.
Ce jour là, Caesius et Absynthe avaient fait une farce.

« Tu comprends – je ne peux pas. »

Ce jour là, Caesius était distrait.

« Je l'ai, lui - »

Ce jour là, Absynthe avait le rire pétillant.
Il retira ses mains de ses yeux, puis les essuya. Il renifla, toussa un peu.
Il le regardait ; l’œil sanguin.

« Tu comprends ? Pitié. »

Ce jour là, ils s'était retrouvés à l'infirmerie.
Ils n'en étaient jamais sorti.
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Dim 15 Sep - 17:02
Non !

Alors Moriarty tourna la tête sur le côté, poussant un soupir.
C'était ce soupir irrité, au rythme saccadé, qu'il ne poussait pas d'habitude. Ses lèvres grisonnantes se crispèrent de frustration, alors que son nez remontait. Il n'aimait pas ça. Oh ce qu'il détestait ça, se rappeler à quel point il n'avait pas le droit de faire la leçon à Caesius. Ce qu'il détestait se remémorer goutte à goutte que Caesius était un reflet de ce qu'il avait été jeune, faisant les idiots refusant de voir les choses en face. Ceux qui avaient trop peur d'essayer de réparer.
C'était trop prétentieux. C'était bien trop prétentieux de penser qu'il pourrait souhaiter à son cadet de guérir ses propres blessures, rattraper le temps perdu. Il n'aimait pas penser qu'il était peut-être juste en train de placer ses espoirs en lui, plutôt que de lui souhaiter le vrai bonheur. Ça ne lui plaisait pas.
Peut-être avait-il l'impression de se revoir, fuyant le regard de son propre ex-meilleur ami, trop blessé dans son orgueil pour essayer de le croire, trop lâche également pour le regarder en face.

Il se demandait encore pourquoi les gens persistaient à ce point à se faire du mal.

Tu comprends ? Pitié. suppliait Caesius, les yeux humides.

Il avait l'impression de se retrouver face à un enfant.
Les mains de glace se retirèrent finalement, sans merci. Moriarty le sentait, ça restait futile.

Alors je vais te laisser mourir là, dans un coin du couloir ?

Il n'y avait pourtant pas de reproches dans sa voix. C'était plutôt comme une question désespérée, comme s'il ne savait plus quoi faire. Il avait l'air épuisé tout à coup, bien que ce fût impossible pour un fantôme, qui ne connaissait même plus le sommeil. Pourtant, son air las, son dos voûté, ses épaules basses. Là maintenant, il avait l'air tellement fatigué.

Que veux-tu que je fasse d'autre ? demanda-t-il, la tête penchée sur le côté.

Il avait les sourcils remontés, l'expression triste.

Tu veux que je me contente de te refroidir le visage jusqu'à ce que quelqu'un arrive et décide lui-même de t'y transporter ?

Qu'est-ce qu'il avait horreur de ces supplications. Mais Caesius était malade, il n'avait même plus un minimum de bon sens. C'était le poison, voilà. c'était le poison qui lui faisait dire des bêtises, c'était pour ça qu'il refusait d'y aller, il ne faisait plus la distinction entre le rêve et la réalité. Il divaguait, il devait halluciner, voilà, c'était ça. Moriarty se passa une main sur son visage translucide.
C'était faux. Caesius avait toujours était effrayé. Il l'était en permanence au fond de lui, ça le rongeait chaque seconde. Il était comme lui, à être terrorisé à l'idée de faire du mal, lui l'était à l'idée de trahir un secret. Ils avaient toujours eu cette peur au ventre, faire de nouveau face à ce qu'ils avaient détruit, cette peur de ressentir encore une fois ce malaise indicible après leur crime.

Ou bien tu préfères que je demande qu'on te transporte dans ta chambre pour que tu t'y laisses mourir ? Tu ne peux plus marcher. Caesius. Tu m'entends ? Ton état s'empire de minute en minute.

Le fantôme continuait, posant des questions quasiment rhétoriques, auxquelles le roux ne pourrait peut-être pas apporter de réponses. Caesius avait presque envie de pleurer, tremblant dans le vide. Devant son seul repère qui avait cessé de l'effleurer.
Alors Moriarty inspira. Il allait commettre l'irréparable.

Moi aussi.

C'était pourtant interdit. Il se l'était formellement interdit, il ne pouvait pas dire ça.

Moi aussi j'ai eu peur. J'ai peut-être été autant terrifié que toi.

Il s'interrompit immédiatement. Même un mot, un mot. Une petite phrase, une allusion, il ne devait pas, il n'avait pas le droit. Un silence fugace, l'hésitation, la tension. Ce désir de lui faire comprendre qu'à ses yeux ce n'était simplement qu'une épreuve, que peut-être la vie de Caesius serait bien meilleure s'il faisait face à ses démons, le forçait à ressasser ce qu'il s'était promis d'enfouir. Il en était pourtant persuadé : Caesius n'allait pas en mourir. Ce. Ce serait bien trop farfelu, n'est-ce pas ? Il ne pourrait pas en mourir, c'était ainsi et pas autrement pour lui. Non, ça le sauverait, peut-être. Mais ça. Ça, le roux ne le comprendrait jamais.

Parce que Moriarty ne lui avait jamais rien dit.
Il ne lui avait jamais dit qu'il était mort sans avoir rien réparé, sans avoir fait face à Thomas, tous les deux trop têtus pour s'expliquer. Et il le savait.
S'il était devenu fantôme, s'il avait eu peur à ce point de la mort. C'était bien parce qu'il avait toujours l'espoir de tout arranger, qu'il avait eu des milliers de regrets. Regrets qu'il avait tellement souhaité rattraper quand son meilleur ami l'avait tué par accident.

Mais pourtant, il ne lui avait rien dit.

Et voilà à quoi j'en suis réduit maintenant. termina-t-il sur un ton brusque, haussant les épaules. Alors je vais chercher quelqu'un, point final.

Et son corps gris s'éleva dans les airs, vaporeux.
Ce n'était pas nécessaire de lui dire, il n'aimait pas utiliser ses histoires pour donner des leçons.
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Caesius Carthaigh
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Sam 5 Oct - 18:38
L'inéluctable rampait vers lui ; ses ongles d'onyx s'enfonçaient entre les jointures de la pierre. Il aurait aimé fuir, plaquer son échine plus fort contre le mur froid, s'enfoncer dedans – comme Moriarty.
Comme Moriarty, disparaître en fermant les yeux, glisser à travers les solides, s'enfoncer dans les liquides, s'envoler dans les gazeux – disparaître dans le plasma.
Mais c'était impossible et, dans les nœuds pénibles de ses milliers d'estomacs fustigés, Caesius le savait.
Caesius le savait ; il ne lui restait plus qu'à prendre une grande, grande bouffée d'air, à regarder son ami, et à se dire que tout irait bien.

Il ne le croirait jamais.

Qu'il retire ses mains ralluma le feu de ses joues ; c'était honteux.
Mais il aurait voulu qu'il le laisse davantage – que cette présente gelée, fantomatique, continue d'apaiser ses tourments, sa confusion et son incohérence.
Il savait très bien qu'il n'était pas raisonnable ; qu'il était immensément égoïste, capricieux, soumis à ses craintes les plus nauséeuses.
Mais il aurait vraiment, tellement voulu un peu plus de cette présence – au moins, au moins qu'il perde connaissance là, maintenant, et qu'il ne s'aperçoive qu'après de son comportement dégradant et pathétique.
Pathétique – il se disait, dans ses élans de folie qui frappait son cerveau, que si le venait l'étouffait ici, ce serait bien.

Bien.
Moriarty – comment est-ce d'être un fantôme ?

« Alors je vais te laisser mourir là, dans un coin du couloir ? »

Mais il avait raison – ça lui arrachait de la panique, de s'apercevoir qu'il avait raison, que tout le monde avait raison sauf lui, et que quoiqu'il arrive, elle continuerait de ramper vers lui.
L'inévitable monstruosité, avec ses joues buboniques et ses chairs crevées.
Il suait. Il baissa les yeux, laissa s'échapper un gémissement qui ne relevait plus de la protestation – il n'avait plus rien à protester.

Il écoutait son sermon – sa gentillesse – avec le tiraillement que provoque l'attente quand on en est effrayé. Mais c'était gentil – c'était juste, droit, froid, c'était vrai, ça l'ébranlait, ça le faisait se replier sur lui, il pressait l'arrière de son crâne contre le mur, fermait les yeux, pointait le nez au plafond et respirait très fort, par les narines.

Il avait raison – inévitable, inéluctable, inexorable, il avait si peur de la rencontre.
Il voulait juste se dissoudre dans la pierre – Moriarty, Moriarty, alors, qu'est-ce que ça fait, dis-moi.

« Moi aussi j'ai eu peur. J'ai peut-être été autant terrifié que toi. »

Il ouvrit un œil luisant, secoué d'effroi, mais aussi soudain très humain.
Comme si son empathie, au milieu de son délire empoisonné, se réveillait soudain – Moriarty, il n'avait jamais voulu rien dire, de sa bouche de fantôme, sur sa condition de fantôme.
C'était peut-être pour ça – c'était peut-être ça, leur lien, leur sympathique, leur compréhension mutuelle qu'il n'avait jamais pu expliquer.

Dans quelques jours, quand Caesius aura récupéré l'entièreté de sa raison, il se dira, en croisant de nouveau son ami, qu'il avait dû beaucoup souffrir dans sa vie terrestre.
Mais là, ce n'était pas possible – il avait haché ses mots, ne laissant pas l'occasion à Caesius de placer un mot, une affection, pour lui.
Rien de tout cela – le pire.

« Alors je vais chercher quelqu'un, point final. »

Sa poitrine s'effondra et ses côtes s'amoncelèrent dans son estomac.
Moriarty lui tourna son dos d'ectoplasme et s'éleva dans le couloir. Incapable de parler, la gorge étranglée par la panique, il leva vers lui une paume et trois doigts. Il voulait le retenir, mais il n'en avait pas la force.
Il savait que ce n'était plus la peine.
Moriarty était parti.

Mais il reviendrait vite – l'infirmerie était proche, si proche. Non loin de lui, des échos de verres, de couverts et d'assiettes raclées lui parvenaient à travers l'immense porte de la grande salle, lui jouant un concerto infernal.
Il reviendrait vite – trop vite.
Sa respiration s’accéléra rapidement, et Caesius fut en proie à un véritable monstre de peur. Il soulevait ses côtes comme s'il voulait les arracher à son abdomen, et ventilait ses pensées comme s'il voulait les noyer sous la pression de l'air.
Il plissait les yeux, très fort. Il inspirait, expirait sans cesse.
Et sa tête lui disait : calme-toi.
Et il se disait : calme-toi.
Moriarty serait là, d'un instant à l'autre, mais il ne serait pas seul – calme-toi.

« Ça va aller. Ça va aller. »

Dit-il, pour lui même, de sa voix écrasée.
Il respira encore une ou deux fois brutalement et, au fur et à mesure, son souffle s'apaisa.
Caesius s'était endormi ; le dernier rempart pour ne pas affronter sa vertigineuse réalité.
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Dim 6 Oct - 21:52
Ça avait été cruel. Dans sa tête, ça avait été divinement cruel. Mais l'heure n'était pas aux réflexions, qu'il se bornait à penser alors qu'il s'approchait de la Grande Salle, ignorant les tintements des couverts. Interpellant deux élèves masculins lambdas qui finissaient plus tôt leur repas, il ne lui fallut pas plus de dix secondes pour les forcer à le suivre. Il n'avait même pas eu besoin de les menacer, c'était Moriarty.

Et c'était Caesius dont on parlait. Un Caesius qu'il avait dû laisser au beau milieu d'un couloir glacé, sans personne.

Quand ils avaient rouspété, regardé le professeur évanoui avec de gros yeux, Moriarty ne savait pas ce qu'il avait ressenti. Oh, il aurait bien paniqué en le voyant avachi, les yeux désormais fermés, le souffle à peine inaudible. Il aurait presque été persuadé que Caesius avait succombé pendant ses quelques secondes d'absence, que les élèves étaient en train de ramener un cadavre jusqu'à l'infirmerie. Au lieu de cela, il les avait pressés, agitant la main d'un geste impatient.

Je t'interdis de mourir. avait-il murmuré en se penchant sur Caesius, espérant qu'il se souviendrait de ses mots au réveil.

Si réveil il y avait lieu.
Les élèves, assez grands pour leur âge, eurent néanmoins du mal à trouver un moyen pour transporter convenablement un professeur atteignant quasiment deux mètres. Claquant la langue d'un air agacé, Moriarty les pressa encore plus, oubliant que ce n'était que des enfants. Qu'il avait toujours été indulgents avec eux.
Mais Caesius était entre la vie et la mort.

Oh.
Qu'avait-il fait ?

Il essaya de les suivre, puis s'était ravisé au bout de quelques minutes, comme s'il s'était brûlé. Pourquoi ?
Pourtant, ce n'était pas comme si quelque chose ou quelqu'un l'en empêchait, lui qui pouvait s'infiltrer dans n'importe quelle salle du château.

Son cœur inexistant qui fit soudainement un bond.
Et s'il regrettait ?

Le souffle court, il releva un regard amer vers les deux élèves qui traînaient tant bien que mal le corps presque inerte de Caesius.

J'espère que tu me pardonneras.

Oh oui, il le regretterait. Il l'avait prévu, il l'avait prévu dès le début, sans s'en rendre compte, sans en être véritablement conscient. C'était l'once du doute qui remontait jusqu'à sa poitrine, que soudainement, il sentit son ventre toujours vide se remplir de plomb. Ce n'était pourtant pas le moment de se laisser faiblir, ce n'était pas ce qu'il voulait, lui qui avait insisté, s'était battu jusqu'au bout, jusqu'à ce que Caesius lâchât l'affaire.

Moriarty s'était arrêté dans le couloir, celui menant tout juste à l'infirmerie. Immobilisé, il se passa une main sur le visage, agrippant quelques mèches de ses cheveux translucides ; et puis il serra les dents, les yeux plissés. Le doute remonta, remonta et l'envahit.

Pardon, Caesius. Pardon, pardon.

Murmura-t-il.
Il venait de réaliser, là tout seul, les regardant disparaître. Il était aussi lâche que Caesius. Il était aussi faible que Caesius. Il n'était pas plus courageux que Caesius, il n'était pas plus audacieux.

Ils étaient pareils, c'était ça qu'il avait oublié. Caesius ce n'était que lui plus jeune. Pourtant, c'était toujours lui aujourd'hui. Tous les deux, ils avaient beau être grands, ils avaient toujours cette peur au ventre qui les rongeait, qui leur donnait envie de fuir. Tous les deux, il ne voulait faire de mal à personne.
Un semblant de pleur s'échappe de ses lèvres, mais il n'y a pas de larmes. Un fantôme ça ne pleure pas.
Est-ce que lui aussi allait se mettre à l'éviter ? Et si tout se passait mal ? Et si rien ne se passait comme il l'espérait ? Et si ça avait été une erreur ? Et si...

Au final, il regretterait.
Comme toujours.

Qu'est-ce qu'il avait fait ?
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