Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
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Puisque hier est aujourd'hui et que demain ne viendra pas. ▬ Elise

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Dim 2 Fév - 18:50
Ah les couloirs magiques de Poudlard, imprévisibles, entre silence glacial, glace à proprement parler, vacarme assourdissant, joyeusetés non identifiées. Ces couloirs te passionnent, vraiment, raison pour laquelle il est tout à fait habituel de t'y trouver un dimanche matin à l'aube, alors qu'aucune créature un tant soit peu saine d'esprit n'aurait encore terminé son dernier rêve. (Et on les comprend, c'est vrai que la nymphette était plutôt pas mal ▬ oh pardon monsieur je comptais pas épier.)

Sauf qu'il ne s'agit ici pas des couloirs - des chamarrés, vibrants, intrigants couloirs -, mais du grand hall. Oui, le grand hall, comme dans "Le grand hall d'entrée et ses majestueuses portes", autrement dit "La première impression que vous avez eu de Poudlard en tant qu'élève de première année". Il est bien cinq heures, et par un hasard que tu ne t'expliques toi-même pas, tu t'es déjà retrouvé dehors aujourd'hui.

Comme dit.

Faut vraiment avoir abandonné sa santé mentale pour se retrouver en ces lieux à cette heure.

C'p't'être pour ça que t'y es seul.
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Elise B. Dickney
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Dim 2 Fév - 22:20
Prends la valise,
j'ai les alliances.

« Il y avait des jours comme ça. On ne s’endormait pas. Ou peu. C’était flou, c’était brouillon et sans doute un peu tordu. Et puis on s’éveillait aux aurores, remuant dans les draps. Agaçant, si perturbant. On prenait même pas la peine d’être fatigué. Question d’habitude. Alors on restait là. Étalé, un peu n’importe comment. On avait chaud, puis froid. Puis rien. Jamais totalement à l’aise. Oscillant tantôt d’un côté, tantôt pour son penchant. Un peu comme Elise, dans un sens. Qui était là, d’ailleurs. Ainsi. A fixer le vide, sans chercher à savoir pourquoi. C’était éreintant, saviez-vous, de savoir. Où, quand, comment. Alors Elise ne savait plus. Ne voulait pas. Ne voulait plus. On ne savait pas, d’ailleurs, pourquoi. Ironie délavée, cynisme écorché. Le temps était dit panseur, soigneur. Alors pourquoi y avait-il cette peur ?

Elise n’était, de toute façon, plus là.

Levée, habillée. Pas si bien. Pas trop mal. Soupçon de normalité. Elle s’était dévisagée dans le miroir, était partie sans un sourire. Ne me faites pas rire. Il n’y avait rien de routinier. Ce n’était pas commun. Point.

Les escaliers. Encore. Toujours. Existait-il un Serdaigle au poids surdéveloppé dans cette école ? Trop de marches, trop de tout. Et cette tour. Enfin. N’était-ce pas égoïste ? Elle n’était si seule. Les lions s’affirmaient aux côtés des bleus. Point commun nuançant les différences. Comme eux. Elle et lui, évidemment.

Vance.
Que deviens-tu ?

Sourire fugace, premier de la journée. Est-il moqueur, ou plus en profondeur ? A quoi bon creuser. Tout ne se définissait pas par sa grande tignasse et ses prunelles bougonnes. Mais quand même. On oubliait pas le mec nu et mouillé, attaché à vos pieds. Surtout quand on avait passé son enfance avec. Et puis le reste. Poudlard. La presque coutume, les silences et les négligences. Effacer les traces, gommer les marques. C’était un vilain jeu, vilaine habitude. Ils avaient peut-être un truc, dans leur tête. De pas très sain, de pas très bien. C’était pas clair. Pas net. Pour ça qu’ils se comprenaient si bien. Se connaissant si peu. Si plus. Si moins.

« Bouh. »
Car c’était pas croyable. Car de tous fallait que ce soit lui. Les deux incongrus perdus dans un hall que trop grand. Pièce qui avait assemblé et accumulé des rêves et des désirs à n’en plus finir. Alors peut-être que c’était normal, eux, là. Comme des poupées vides, grises et lâchées. Et ça faisait longtemps. Un pas. Un an. Un jour ou bien même une poignée d’heures vis à vis d’une brouette de secondes. La nonchalance était déjà installée. On pouvait pas lutter contre, hein ?

« On est pas possible, hein. »
Qui voulait dire,
t’es là.

Toi aussi.
Pour changer.

Ne fuis pas.
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Lun 3 Fév - 21:15
Peut-être bien que ça va encore être un matin errant, qui te verra chalouper ta silhouette le long des couloirs. Que tu remettras cette quête de sens placide, au pied d’une fenêtre.
Que t’étais pas tout seul. Que t’étais pas le seul. Qu’on commence à être vraiment fou à partir du moment où on est deux.
Peut-être que vous vous ressembliez encore trop et qu’une part de vos carcasses renonçait à se retourner.
Que ça faisait longtemps. Qu’elle aussi, elle était là.
Que pour une fois, tu fuyais pas.
Que ça faisait longtemps.
Hey.
Que t’avais parlé à haute voix.
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Lun 3 Fév - 22:08
On s'en satisfaisait.
Pas.

« Un mot. C’était rien. C’était tout. C’était défini et au contraire. Un peu comme lui. Un peu comme eux. Déchirement. Les deux étaient sans doute à moitié un, comme ces corps déchirés de l’intérieur, essayant de rejeter certaines parties tout en s’arrachant les meilleurs bouts. Bizarre. Normal. L’habitude des dissonances, des airs absents. Au revoir. Bonjour.

Un véritable non-sens.
Calvaire.
Routine.

Et elle restait là. Car c’était comme ça. « T’es lent. » A peine audible. Pas qu’on veuille pas l’entendre, plus qu’on y met pas autant de force que « Tu t’es remis ? ».

Salope.
Bien triste.
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Jeu 6 Fév - 22:16
TW:


Ta vengeance est basse ;
Si on tirait la chasse ?
Un sourire vint craqueler ton visage trop lisse, trop imberbe pour être celui d'un jeune mâle hormonal se respectant. Petit, le sourire, peut-être un peu fade, peut-être un peu triste, peut-être un peu désolé - pour qui ? Pour toi, pour vous ? Pathétique. Pathétique, pathétique, pathétique, te dis-je.
Peut-être un peu malade.
Peut-être un peu comme toi.
Comme vous ?

Des fois, cette étrange sensation te revient, cette difficulté à faire la part elle, toi et vous. Pour peu qu'il y ait encore un « vous ».
Toujours est-il que tu l'as parfaitement entendue, peut-être que tu as même anticipé ses paroles, mais comme dit ; tu ne sais plus vraiment.

Si tu t'étais arrêté à ça à chaque fois que cette confusion se présentait, tu n'en serais même pas là. C'est inscrit quelque part en toi, et t'as fini par ne plus en faire cas. Et elle ? Elle, elle n'a pas besoin de voir, de savoir. C'est juste du bruit sur la bande-son. Alors à la place, tu enchaînes sur le murmure qui dépasse ses lèvres dans un souffle. Quatre petits mots apparemment banals, mais facilement décryptable.

Est-ce que tu as encore seulement besoin de traduire ?

Le sourire s'emplit d'une malice un peu teintée, faussement déviante.

« Pour sûr. » Et les mots se coulent et glissent, suaves. « Et toi, remise de ta petite expérience avec le brunet nu, ligoté et ruisselant à tes pieds ? -- C'était quoi son nom, déjà ? »

Peut-être, peut-être bien que l'amusement s'était enfin fait franc et honnête.
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Jeu 6 Fév - 23:10
On était con.
Rouge et bleu, bleu et noir.

« Hm. J’sais plus. Faudrait peut-être remettre ça. » Aah Vance, qui crois-tu avoir en face de toi ? Sourire pastel. Ni trop grand, ni trop large. Pas juste étroit. Est-ce franc, toléré, compatissant ? Sans doute un peu moqueur. Est-ce de la plaisance, là, dans ses iris ? Sans doute un brin d’amusement. Son ton fut identique au sien, quoique plus audacieux, plus lent et mesuré. Un velours liquide et pénétrant. Ils sont devenus artistes, n’est-ce pas ? Maitres du jeu. Le leur. Celui d’autres. Car. Sont-ils encore ? Vraiment. Ou peu. C’est selon. Ils ne savent pas, et résonnent, dissonent. Je sais bien, que tu me vois. Elle sait bien, oui. Ton regard. Ta mimique. Tes moues. Le muscle, ici, qui se rajuste. Et pourtant. Où est le nous ? Le vous. Qu’importe. Elle s’amuse. N’est-il pas cruel, ce passé ? Pourquoi s’y retourner. Elle poursuit :

« On verra. »
Toi. Nu.
Ligoté. A mes pieds. Mouillé.
Et le bandeau. Le bandeau du maso.
Qu’est une victime participant à sa mutilation ?
Le vois-tu, Vance, ce sourire, là ?

Mince. Fêlé. Sadique. Effacé.
Terriblement vivant.
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Lun 10 Fév - 21:48
Acteurs.
En rouge noir blanc et gris vivant ?

Vivant. De qui ris-tu. Vivants.

À son rire pâlot, tu renchaînes, un ronronnement provocateur se permettant de flotter sur ton palais. T'es parfois plus chat que lion, quand bien même Gryffondor doit s'en retourner dans sa tombe (ou soupirer dans un tableau). Toi en attendant, tu retournes juste ton regard vers elle. Oublie ce que tu attends voir, ce que tu croyais voir, ce que tu y as toujours vu. Oublie Elise pour la regarder elle.

Y voir ce que tu, tu t'en rends compte, malgré les jolis mensonges et l'indifférence jouée, tu as ignoré. Ce que tu ne voulais pas y voir, sans te risquer à y prêter l'attention que ça méritait. Sans lui prêter l'attention qu'elle mérite. Tu les regardes vraiment, la blonde et le brun, les observe. Et peut-être que tu es plus doué pour lire les gens que vous comprendre vous.

Peut-être que ça te fait un peu mal de l'admettre.
À qui la faute.
Alors devant son sourire fissuré, brûlant sous la fine pellicule de givre, tes propres commissures s'affaissent. De toute manière, malgré tout, vous arrivez encore à tout faire passer par les yeux. (Ça t'effraie peut-être un peu.) Tes prunelles se fichent dans les siennes - ce bleu particulier qui réussit à exposer toute émotion pour se faire mort au battement de cœur suivant.

« Et recommencer, hm ? »

Bien plus qu'une question et une pauvre onomatopée.

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Ven 14 Fév - 23:26
Je t'ai vu.
T'avais essayé d'hurler.

« Il suffisait souvent d’une seconde — d’un battement de cœur. Puis tout basculait, les regards changeaient. C’était peut-être une impression, un sens unique, on savait jamais vraiment. Elle non plus, d’ailleurs, ne savait pas. Elle était plus très douée, dans ces situations là. A moins que ce soit autre chose. Un refus. Ne plus vouloir. De plus vouloir, non. A jamais davantage. Regain, simple peur. Un mélange haché de regrets abandonnés. Au loin, derrière, plus trop proche — pas assez.

Mais on vivait avec.
Depuis le temps.

Ah ce silence. Profond, fade, délavé. A peine si les respirations osaient froisser l’air. Et ce brun, là, en face. Lui et ses prunelles — si denses. Un chocolat amer, celui qui vous marquait le palais. Oui. Celui qui laissait sa trace, sans jamais véritablement partir. C’était déstabilisant, un peu noir, un peu lassant. Beaucoup Vance. Soit très confus. Une grosse histoire. Un lien, deux liens. Un bon gros nœud. Comme on en trouvait plus dans le monde magique. Si seulement on avait pu le résoudre d’un coup de baguette, d’un sort avisé. Mais eux — deux. Non, c’était pas comme les lacets. Pas comme le tricot. Brut, comme ces pierres si précieuses qu’on osait même pas les toucher, les tailler.

Alors on finissait par comprendre. — Ils étaient bons pour la casse.
Détraqués, à laisser seuls.
A se résoudre eux-mêmes.
D’eux-mêmes.

Il avait ronronné. Elle n’avait pas bronché. Il s’était affaissé, elle avait sans doute dégringolé. Mais les yeux, eux, n’avaient pas cillés. Tout passait par là, c’était pas nouveau. Elle y avait bien pensé. Oui. Elle. Qui ? Elle. Elle Elise. Elle et ses iris d’obsidiennes nappés d’eau et d’émeraudes. Principe du point d’encre noyé dans la nuée. Quoique. On s’en foutait, non ? D’elle. D’elle Elise. Car y’avait lui. Lui Vance. Lui dépassé par elle. Elle dépassée par lui. Les deux dans un équilibre fâcheux. Ils étaient comme l’équation n’arrivant pas à trouver son signe, son x. Ou pire. Son inconnue. Ouais. Ptet qu’ils étaient carrément à cette étape là. Ptet qu’ils avaient pas même fait un pas. Ptet qu’ils s’étaient juste amusés à reculer, comme des cons. Ptet qu’ils avaient tous les deux sortis la pelle. Ptet qu’ils s’étaient mis à creuser le fossé. Leur tombe. Leurs peines. Ptet que c’était bien ça qui les bouffait. Si durement, si violement. C’était si sauvage que ça les rendait passifs.

Elle en aurait pleuré.
Ils, peut-être même ils.
Sûrement.

Il a parlé. Il a parlé. Oui. Si courtement, si injustement. Parfait pour vous. Parfait pour toi. Parfait pour ça. Pour Cadell. Pour un monde — le vôtre. C’est confus. Un peu comme elle. Un peu comme eux. Eux. Des lettres qui se répètent. Un cercle vicieux — presque sans fin. Puis ca se meurt. Ca se surprend à guetter. Puis c’est placide — limpide. Et sa moue est si loin, si loin, si basse, si faussement dégagée. Minois pavé d’ombres. Des gris qui maquilles le blanc. Alors c’est comme un sourire. Si frêle — si mince. Est-il fort ? L’habitude des faux-semblants. Incapacité à se mentir. Ou plutôt. À tromper l’autre. Car oui. Ouais. Tenté. Probablement. Ils sont eux. Ils sont terriblement eux. Terriblement lâches, tous les deux. Terriblement inséparables, à la longue. Alors de son sourire, de sa fracture elle balance :

« Toujours. »

C’est bas. C’est très bas. — l’intonation.
Et son visage, mon dieu son visage.
Ses longs cils qui pèsent lourds.
Comme ces doubles sens.
Terrible. — et intenable.
En apnée. Ca s’écroule.

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Jeu 27 Mar - 19:38
Spoiler:

A-t-elle jamais été si belle ? Tu ne sais plus vraiment, tes souvenirs et tes perceptions s’emmêlent, s’entrechoquent, un enchevêtrement dans toutes les nuances de gris. Des fils de gaze bordés de crochets noirs venimeux, et quand tu t’approches trop, ça transperce.
Ces mémoires sont la seule douleur que tu n’aies jamais autorisée à t’approcher.
Tu prétends ne jamais éprouver ce genre d’émotions ▬ tu as du mal à être honnêtement désolé, n’offres d’excuses que lorsqu’elles sont purement sincères ▬ presque jamais.
Ça fait longtemps que tu te dis que tu es fautif.
Il te faut Elise ▬ vraiment Elise ▬ pour l’accepter.

Il te faut voir son expression que tu n’es plus à même de qualifier ▬ tout juste de lire ▬ tu ne sais plus mettre les mots, tu ne sais plus traduire, vous ne parlez plus la même langue. C’en est pitoyable. Vous êtes deux étrangers avec entre vous d’épais lambeaux d’incompréhensions, de doutes, de questionnement. Et pourtant, vous y voyez encore tellement clair. Tout est trop net, ça t’en ferait mal aux yeux. Tu te forces à regarder quand même, ne t’autorises pas à la lâcher.

Pourquoi tu l’as un jour lâchée ?


C’est vrai ça. Pourquoi ?

Y-a-t-il seulement une raison.
Même pas une raison valable.
Juste une cause.
Quelque chose.
Une explication.
Tu oublies que tu ne t’expliques pas.

À la place tu rediriges ton regard. Dépasse ses prunelles que tu ne connais que trop bien, et la douleur que tu voudrais ne pas y voir. Douleur ? Une douleur sourde, poids d’une chevelure mouillée, trop lourde à porter. Quelque chose qui devient comme une habitude, et se rappelle à notre bonne conscience, en voyant passer son reflet dans le miroir.
Reflet, hein.
Ah.

Une douleur d’apparence patinée, comme recouverte d’une épaisseur de confort que seule confère l’ancienneté. Les couleurs semblent passées, et pourtant, ne serait-ce au fond pas que couche de rouille ? Un coup de burin trop bien anglé et ▬ une écaille se détache, laisse voir le fer et l’acier, remet en bouche le goût cuivré du sang. Tu ▬ ne te mords pas la lèvre, non.
Qui tu es pour t’y autoriser.
Qui tu es, mec.
Finis ce que tu as commencé.
Tu as plus de force d’esprit que ça non. Tu es quand même un peu moins exécrable qu’un lâche, non. Non.

Si.
Faut juste le temps. (Tu es un peu lent parfois, contrairement à ce que tu as appris à faire croire.) De te dire que tu vas le faire. Que tu ne vas pas lâcher.
Normalement tu n’aurais pas hésité.
Mais là c’est Elise.
Là tu as peur du faux pas.
Et si ?

Mais dis Vance, qu’y-a-t-il de si faux ? À la regarder, lui parler, simplement être avec elle ▬ oui être.
Tu la regardes. Encore, toujours. C’est quelque chose que tu n’as pas eu l’impression de faire depuis des lustres ; parce que pour toi c’était un acquis et /comment on fait pour réparer une relation dont on tient également la perte comme acquise/. Tu ne sais pas. Les relations ça a toujours été quelque chose de superficiel, d’amusant, mais sans que tu t’y investisses. Tu engages la danse, un pas puis deux puis trois, et tout le monde échange de partenaire. Mais oui c’est /Elise/ en face de toi.

« J’aime pas les toujours. »

Ça t’échappe, tu dévies des boucles blondes pour revenir encore une fois à ses pupilles.

« Ça fait joli. Et quelque part les atours me font peur ; ça sert toujours à cacher quelque chose. J’suis pas mal placé pour dire ça j’crois. »

Un rire aux nerfs à fleur de peau échappe tes lèvres avant que tu aies le temps de le réprimer, mais à quoi bon. Pourquoi te cacher sous ta peau lorsque tu te protèges en te baladant ton petit cœur trop dur grand ouvert. Pourquoi tu fais toujours tout à l’envers. La tête à frôler la terre et les pieds dans les airs. Tu sais plus trop comment aborder un sujet, tu sais plus vraiment parler aux gens tripes à tripes ▬ même si au final t’as jamais su comment ▬ alors tu laisses à nouveau le silence planer. Et cette fois-ci c’est un silence vide. Un silence comme un espace entre deux entités qu’à moitié séparées. Y a encore des vieux fragments de l’un chez l’autre. Et quand bien même ça vous construit, est-ce que ça vous définit encore ? Est-ce que vous êtes toujours ces enfants tristes un pied en dehors du monde dans lequel on les a posés ? Quelque part, oui. C’est quelque part au fond, un peu comme un vieux plaid au toucher flanelle, dans lequel on a trop pris l’habitude de s’enrouler. C’est un peu usé, mais toujours souple sous vos doigts. C’est quelque chose de stable, une base commune. Mais ça ne suffit pas, n’a jamais suffi. Se poser au même endroit n’est rien. (Le sol finit toujours par s’effriter.)

Y avait des moments comme ça. Où vous étiez dans la même pièce, à vous tenir assez près pour être conscient l’un de l’autre, et trop éloignés pour empiéter dans la zone du deuxième. Et le jour d’après, vous étiez assis devant le même piano, à chatouiller les touches et tenter un sourire encore un peu grimé. Comment étiez-vous passés de l’un à l’autre ? Ça t’avait semblé naturel à l’époque. Quelques pas tissés par la brise, et vous étiez lancés. Vous n’aviez jamais été bien aventurier. Explorer l’autre vous avait semblé suffisant. Comment avais-tu finis par trouver Elise sous le maquillage de poupée et la vivacité brimée ? Comment vous étiez-vous envolés ?

Et surtout, au final.
Est-ce que ça compte vraiment.
Alors que vous vous êtes effilés vers des ailleurs différents.
Est-ce que cette partie « d’avant » compte vraiment.

Et si tu…
Si tu arrêtais de trop penser. Si tu agissais pour changer. Si tu arrêtais de la mettre de côté ▬ chez les autres ▬ quand vous étiez un peu du même monde ▬ le vôtre, celui des comédiens, des fous, des éthérés et des rois ? Deux pièces un peu déviés, qui se baladaient de tous les côtés, et s’en allaient même dans les airs si elles le voulaient.
Si.
Tu ôtais simplement les chaînes et que tu. Laissais aller.

Alors tu entames, un pas, puis deux, puis trois. Lui saisis le poignet, gantelet ferme autour d’une main qui ne saurait s’empêcher de laisser un frémissement la traverser. Tu ne sais pas trop bien pourquoi d’ailleurs. C’est bien la seule qui devrait pas te faire peur. Mais si.
Et ce coup-ci, tu te comprends. Enfin, peut-être. Un peu.
Tes amis les mots se font la malle, on dirait.

« J’me sens mal de douter de toi alors que tu m’as jamais donné raison à, d’ailleurs. Et je me demande si on est fait pour s’entre-blesser ou capable de coexister au final. »

T’avais détourné les yeux, comme le lâche que tu sais si bien être quand il ne le faut pas. Tu les vrilles à nouveau en place.
Parce qu’il faut se combattre, parfois.
Et t’as besoin qu’elle sache.
Et toi aussi t’as besoin de savoir. Il y a un fond d’appréhension, une sensation creuse qui te cueille au creux du ventre, te laisse le souffle altéré. Même si tu ne sais pas trop pourquoi en fait.
C’est peut-être juste ton côté égocentrique usuel, qui sait.
(Qui, hein.)

Tu joues avec un de ses doigts. Peut-être parce que tu cherches la forme de ceux d’avant, ou peut-être que tu essayes d’enregistrer les différences ; d’englober l’Elise en face de toi, de tout remémorer, de trier le rance du frais. Il faut que tu désapprennes ce que tu pensais vrai, que tu t’enveloppes dans le reste.

Elise c’est un peu ta seule constante, aussi instable soit-elle. Et sans, ça ne fonctionne pas. Ça peut pas ▬ techniquement pas ▬ fonctionner. Enfin, si, tu fonctionnerais, l’exact serait de dire que tu ne serais pas fonctionnel.
Un peu comme les petites voitures que vous n’avez jamais daigné utiliser ; si on leur ôtait les roues. Ça avancerait, mais forcé, balloté, de manière chaotique.

Et tu ne sais pas elle ▬ tu sais plus elle ▬ mais t’en as marre de traîner la patte et de te prendre les murs. Sur un ton moins lyrique, ouais, peut-être que vous agissiez l’un pour l’autre comme une canne blanche. Quelque chose d’hésitant dans les mouvements, quelque chose de tous les jours, un truc indispensable, auquel, finalement, vous pensiez.
Jusqu’au jour où tu l’oublies au pied du lit, et que tu commences à te heurter ; aux coins de tables, aux marches, dans une foule de corps étrangers.
Il t’aura fallu quelques années d’hématomes et d’éraflures, quand même.
(Ouais peut-être que le trip BDSM vous allait pas si mal au final.)
Vous ne serez jamais capables de faire les choses simplement, hein ?

Un sourire, un début de sourire, vient jouer sur tes lèvres. Pour une fois, c’est une action qui respire le vrai, et, ouais, ça fait du bien. C’est qu’un pauvre demi-millimètre, pourtant. C’est fou ça.

« Oh en parlant d’interaction. (Oui oui avec des GENS et tout.) J’ai croisé Sloan près d’un piano ▬ faudra que je te montre cet endroit d’ailleurs ▬ »

Tu te tais. Au final, tu ne sais pas si c’est une bonne idée ou non. Tu hésites, l’espace d’une demi-seconde, fais ton choix, et décides de revenir au sujet plus tard, comme dégageant la question d’un haussement d’épaules. Encore une fois, tu ramènes ton attention sur son minois.

« Ouais donc. Elle a une vision pas mal de toi je crois. Je sais pas comment tu les dresses sur le terrain de Quidditch, mais le résultat est marrant à voir. Vraiment. Comme si t’étais une sorte de créature supérieure ou quoi. »

(Même si la Sloan gardait son opinion bien trempée.)
Oh pardon. C’est vrai qu’on parle d’Elise Dickney.
Ça te fait penser à autre chose, du coup, et caressant le bout de son ongle de la pulpe de ton index, tu finis par lâcher sa main. Tes sourcils se froncent, te conférant un inhabituel air confus. (D’habitude tu n’as pas besoin de réfléchir, d’habitude tu peux te contenter de rester en autopilote et de manœuvrer dans l’orage, d’habitude tu peux beaucoup, mais maintenant tu te sens petit et perdu comme tu ne l’as plus été depuis longtemps, parce qu’elle a tout vu, elle t’a vu sous tous tes angles, comme tu l’as vue danser avec tous les vents, comme tu l’as vue faire miroiter ses fines écailles d’argent sous les astres.
Mais ça c’était avant.) T’hésites, tu ne sais pas franchement pourquoi (enfin si, mais c’est tellement plus compliqué d’utiliser des mots pour l’expliquer). La seule explication valable, au fond, c’est Elise, et l’Elise en face de toi t’es trop complexe et trop brouillée pour savoir y mettre des verbes, des phrases.
Cela dit, toi aussi, même quand tu sais tout te dire, t’es trop confus pour être capable de te définir.

Tu te demandes si c’est quelque chose qui va un jour changer.

Mais ta question première n’était pas ça, si ? Non, ça avait rapport à la Serdaigle de quatrième année. À ce qu’elle t’avait dit ▬ raconté ▬ dans la salle sur demande, face au piano. Ça revenait à Elise ; et toi. (L’un sans vie, l’un sans l’autre.) Un regard à droite, un coup d’œil à gauche (un pas en avant, un pas en arrière). Tu (te) (vous) questionnes (tout).
Tu ne sais pas si c’est une bonne idée.
Mais encore une fois, avez-vous jamais posé de limite entre deux notions telles que le bien, le mal ? (Loin de là.) Vous viviez dans quelque chose d’indéfini, et surtout, de sans limites, sans démarcations. Et vous aveugles, ne savez que trop bien ce que ces murs à demi existants ont déjà causé.
Alors tu t’y résous, et cette fois-ci ce n’est pas le réconfort de quelque chose de connu que tu cherches dans ses yeux, c’est juste elle.

Tu as toujours eu quelque chose avec ses yeux. On dit qu’on y lit les émotions, qu’ils sont miroirs de l’âme. Tu n’y crois pas trop. (Ni même au principe d’âme. Tu crois au « moi », tu crois à « elle », à « toi », et pas à grand-chose d’autre, pas même la magie.) Et c’est vrai, qu’il y a beaucoup de choses qui passent par-là entre vous. Tu la vois penser, tu la vois se vider, tu la vois se saigner, tu la vois s’égarer, tu la vois se vivre.
Tu en oublies les mots.
Et c’est bien pour ça que vous vous êtes lâchés, non ?
C’est con, c’est si banal que c’en est à pleurer. C’est comme ça que ça passe toujours. (Le manque de communication.) Vous avez trouvé une règle à laquelle vous ne pouvez échapper.
(Ceci dit, pour une fois ce n’est peut-être pas si mal que ça.)

T’en reviens toujours au même point ; son céruléen, nuée éclatée ayant envoyé tous ses nuages pulser au loin, par-delà les bords d’un monde trop restreint pour elle, les défiant d’y jamais revenir ; contre tes tons charbonneux, ruines d’une terre volcanique que la pluie a tout juste quittée. (Et sur terre comme dans les cieux, la fumée virevolte encore.)

Pourquoi tu dépasses jamais ce point ? Ce n’est pas toi qui te laissais tomber dans le vide en rigolant ? Dans une autre réalité.
Tu t’adresses un haussement d’épaules mental.
(Je l’ai toujours dit que t’étais schizo.)

« La gamine lit plutôt bien les gens. Ou pense bien les lire. Y a beaucoup de vrai et beaucoup de faux, et elle croit au tout ▬ oh elle parlait de nous. C’est assez dingue. Je l’ai lancée ; elle s’est envolée, d’un coup (tes Aigles c’est vraiment de sacrées bestioles). Des mots ont jailli, c’était un embrouillamini de faits et gestes, de fictions et fantaisies. Pour une fois le faux faisait mal ; la vision des autres faisait mal. Peut-être à cause du vrai. Je détiens aucune vérité. Y a cette habitude de se complaire dans les impressions, de laisser planer le doute. Je pourrais vivre comme ça. Si y avait rien d’autre que « moi ». Ça pourrait marcher, ouais. Pour tout dire, j’étais bien, seul, jusqu’à toi. Les autres c’est facile de s’en défaire. Je les envisage plus comme des humains en tant que « personne » qu’/humains en tant que personnes/. Des trucs sur deux pieds deux jambes, et des fois y en a des intéressants. Des fois y en a qui restent. C’est ceux-là qui sont dangereux. C’est ceux-là dont j’ai peur. »

J’ai peur de toi, Elise.
(Quand bien même les mots ne font pas plus de bruit qu’un battement de cils, ils sont bien plus lourds, mais surtout, ils ont été dits.)

Par-delà l’hésitation, les butées sur les mots, ton ton est redevenu plus stable, le tout s’enchaîne de manière plus fluide. T’as jamais proclamé être un homme, mais des fois ça te vient, comme ça. Tu ne fais pas toujours ta chienne.
Des fois tu es humain, aussi. Des fois tu es normal. Parfois tu deviens cristallin, tu dis tout ▬ sans jouer le torturé, cage thoracique ouverte et cœur battant à tous les vents. Parfois tu laisses tomber les arabesques en stuc peintes d’argent.
Parfois tu acceptes d’être moche à l’intérieur sans rendre le tout inutilement mélodramatique.
Parce que si tu veux voir « Elise », t’as peut-être juste besoin d’être « Vance ». Deux bras deux jambes et une tête (posée un peu de travers sur le tout).
Ça peut pas être bien compliqué, si. T’as déjà fait pire. Vous avez déjà vu tellement pire. Et le meilleur, c’est que vous faisiez ça bien. Le pire, j’entends. De toute façon t’as déjà un pied dans la fosse, et on ne fait pas attendre la Mort.
Pas la vôtre.
Tu ne la fais pas attendre.
Ça fait déjà quoi, six ans ?
Elle vaut bien mieux.
Tu lui dois bien plus.

Tu pivotes, te coules dos au mur, et t’abandonnes.

« Je sais pas si j’ai plus besoin de te le dire que toi de m’entendre l’éructer. Enfin. Je sais pas si je regrette. Je trouve le concept inutile, tu sais. Parce que si le résultat ne plait pas, y avait qu’à faire mieux, y avait qu’à faire le bon choix. Plus précisément, je me reconnais pas le droit de regretter. Je peux pas me vivre geignard. J’ai rien qui m’en donne le droit ▬ d’être geignard. Et moi non plus, je m’y autorise pas.
C’que je cherche à dire c’est que j’ai beau avoir agit (agir) comme un trou du cul, c’est de loin pas quelque chose que j’ai apprécié en quelque sorte que ce soit et ▬ Bordel. »

Qu’est-ce qu’il se passe, Vance ? Du mal à manier les mots ▬ tes mots ?

« Désolé. »

Ah c’est tellement plus dur quand il s’agit de s’exprimer.

« C’est tout. Enfin non. »

C’est juste que chaque phrase t’érafle un peu plus l’intérieur du crâne.

« J’voulais aussi te dire que je supporte plus de continuer à avancer comme ça alors qu’on a pas mis les choses au clair. Je t’accorde que les bords d’un pont qui s’effritent alors même qu’on y avance, et que des pavés flottants se perdant dans le vide, c’est bien beau mais. Y a comme cette sensation qui s’infiltre sous la peau et. Je supporte plus de réfléchir avant d’agir quand je suis avec toi. Je supporte plus de craindre les erreurs. J’veux plus faire comme si y en avait pas eu. Tu le sais trop bien, et moi aussi. J’veux plus fermer l’œil sur nous et sur avant. J’veux plus me mentir et effacer, te mentir et t’occulter.
J’veux trébucher, me casser la gueule, rendre les coups quand ils sont injustifiés. Cette douleur cautérisée, j’peux pas.
Te regarder à travers la vitre, j’peux pas.
S’observer le cortex à la pincette, j’peux pas.
Ou plutôt c’est pas ce que je veux.
C’est pas ce que tu vaux et.
J’pense qu’on mérite aussi plus. »

Tes mots sont venimeux, ta voix est léonine, et pour la première fois depuis longtemps tes yeux sont plus intenses que vides.
Dis-moi, Elise. Parle-moi de toi.

Spoiler:
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Ligue des Sorciers
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Elise B. Dickney
Elise B. Dickney
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Dim 30 Mar - 4:29
c'était
compliqué.

« Au final vous étiez quoi ? Vous étiez qui ? Et lui qui avançait. Lui qui parlait — avait-il un jour autant énoncé ? Peut-être une fois, étant gamin. Ca remontait à si loin. C’était âcre, c’était brûlant. C’était bien trop dérangeant. Une phrase à peine, quelques mots en plus. Il était déjà là, devant elle. Depuis quand était-il si grand ? Et ça faisait mal, putain. Pas ses vers, pas son ton, non. Il avait beau parler, où se situaient les actions ? Il avait assez fui, s’était assez caché — comment pouvait-il revenir, ainsi ? C’était déstabilisant, déconcertant. Et il fallait bien l’admettre, le damoiseau réveillait à cet instant des sentiments, des brouillons et des pensées dont Elise se serait bien passée. Mais qui pouvait-elle, à présent ? Lui et ses iris, lui et ses mouvements. Fallait bien l’avouer, c’était brûlant, c’était glacé. Ca lui prenait à la gorge d’un coup. Ca la bouffait littéralement.

Ouais.
Elle sentait, Dickney. — Remonter tout ce qu’elle avait fui.
— Jeté par dessus bord.
C’était inespéré.

Et maintenant il la touchait. Après ces années d’absention, ces regards à la dérobée, cette chasteté banalisée. Après ces vers multiples, ces pics à en crever. Après tous ces dialogues sans raison, après touts ces nuancés vocaux. Après cette limite établie, après tout ça, oui. Après ces mois, ces jours. Après ces monstres de temps, après ces abysses temporels. Comment pouvait-il ? Était-ce si facile ? Empoigner ainsi son poignet, le presser presque distraitement. Jouait-il ? A peine si elle écoutait ses phrasés brisant le silence. Que vouliez-vous qu’elle lui dise ? Devait-elle l’interrompre ? Elle le sentait parti, elle le sentait tombé. A peine si elle voulait savoir ce qu’il se passait — là, ici. A quoi pouvait-il bien penser ? Se questionnait-il ? Il aimait ça, ouais, Vance, les interrogations. Tant qu’il les produisait en masse, à la seconde. — Il oubliait même d’y répondre.

Il préférait s’en angoisser, vous comprenez.
Il se demandait beaucoup de choses, oui. — Souvent inutiles.

Et ses mots coulaient sur la peau d’Elise ; dévalant ses courbes, frôlant échine et surplombant poitrine. Ca partait dans tous les sens ; froid ; illusoire. Eh. Tremblements imperceptibles des lèvres. Quelle ironie, lui qui tenait, elle qui s’accrochait. Mutuelle décadence, que vouliez-vous ? Et il détournait les yeux — s’était-il un jour assumé ? Soupir. Mince, immense. La voilà qui revenait, qui empoignait. Allaient-ils s’en sortir, trouver échappatoire ? Irait-il au bout de ses désirs, de son humeur ? Elise ne savait pas. Elise ne savait plus. Elise ne voulait plus — ou du moins commençait elle à réaliser la peur.

Après tout, elle l’avait tant maudit.

Lui fuyant, lui lâche. Lui indigne d’être lion. Lui à la toison presque rasée, au rugissement inexistant. Lui vent, lui bourrasque, lui pluie intense. Dieu, qu’il l’avait douchée, par le passé. Se souvenait-il, de ses actes, de ses gestes ? Se souvenait-il des sourires, des hésitations ? Se souvenait-il de cette complicité ? Ils y avaient cru. Elle y avait cru. S’était sans doute aussi un peu perdue. Et ça la minait, ça la rongeait. Face à lui, son derme contre elle. Cette proximité lui faisait perdre la tête. La mettait dos au mur, la dénuait de tout habit. C’était injuste. Et il ne s’en rendait pas compte. Il ne pouvait pas. Ne pourrait jamais. — Elle n’osait plus espérer, n’osait plus, non. Brûlure intense, amertume étouffante. Sa gorge anesthésiée, sa trachée écrasée. Et lui qui n’arrêtait pas — lui lancé. Ses doigts parcourraient semblables — dans quel but ? Cherchait-il réalité ? Tentait-il de la retrouver ? C’était si stupide. C’était si brisé. C’était si mauvais.

Putain Vance, tu fais mal.
Coup fatal.

Avait-elle bien entendu ? L’avait-il vraiment prononcé ? Sloan. Pourquoi maintenant. Pourquoi à cet instant. Pourquoi elle parmi tous. Pourquoi elle parmi eux. Déchirure qui se forme, au fond de l’estomac, remontant jusqu’au cœur. Si peu délicat. Bile qui remonte jusqu’à la bouche, lèvres qui se pincent. Piano. Couteau s’enfonçant quelque part dans son corps — la blonde n’entend même pas la fin de la phrase.

Ni le reste, d’ailleurs.

C’est un vide intersidéral qui lui bouffe violement les entrailles. Ses yeux sont mornes, son teint livide. Petite poupée échouée sombrant dans des souvenirs confus. Elle s’y revoit, avec la gamine. Ca gueule, ça rit ; ça pense. Elle s’y revoit, avec Lucas. Elle s’y revoit, allongée sur ce lit, les mots partant à la dérive. Elle en ressentirait presque les larmes — ces infâmes acides. Étaient venus les bras, était venue une complicité grisée. Une de ces choses que Vance avait volée. Une de ces choses qu’elle n’était pas allée chercher.

Bordel.
C’est ceux-là dont j’ai si peur.

Tressaillement. Retour à la réalité ; blondie se remémore les paroles prononcées. Et c’est comme un poing dans l’estomac. J’ai peur de toi qu’il clame, qu’il articule presque silencieusement. Il en avait pris la démarche. Et d’un seul coup, d’un seul coup, oui. Lui revient ce sourire, cette ébauche d’esquisse, ce petit truc à peine commencé. Cette chose qu’elle avait balayée quelques minutes auparavant. Ce brin pourtant entier qui s’était suivi d’un prénom. Sloan.

Ce prénom ne la quittait pas.
Eût-elle le temps de s’en remettre — qu’il n’était plus là.

Sa peau, sa chaleur l’avait quittée — quittée elle. Ce fut donc dans le froid qu’Elise l’écouta. Qu’elle l’écouta narrer ses peines, qu’elle l’écouta vivre et s’exprimer. Ce fut ainsi, oui, immobile qu’elle ingéra ces tons divers, ces phrases tantôt courtes, tantôt longues. C’était interminable, et pourtant, la demoiselle n’avait aucune hâte — elle ne voulait vivre le retour de balle. Elle ne voulait avoir à agir. Elle ne voulait avoir à comprendre. Elle préférait se laisser bercer dans ces illusions diverses et variées. Elle préférait se tromper quand à la signification de tout ça. Elle aurait même aimé pleurer, là, d’un coup. Elle aurait voulu disparaître — s’envoler, s’éparpiller.

Et lui accoudé.
Bordel.

Qu’il avait dit. Désolé qu’il avait articulé. Puis. Puis il avait dit qu’il n’en pouvait plus. Qu’il ne le supportait plus. Il voulait mettre les choses au clair. Il ne voulait plus mentir — ne voulait plus se mentir. Il ne voulait plus ignorer, il ne voulait plus tourner tête. Il ne voulait plus la regarder, la regarder d’un travers de chose, d’un bout de vitre, de fenêtre entrouverte.

Elle ne méritait ces six années, qu’énonçait-il.
Puis ils. Enfin eux, qu’il acclamait.
Sa voix brisant l’insonorité.
Sa présence bafouant l’air glacé.

« Et maintenant quoi ? » Murmura-t-elle.

Le vide revint.
Puissant, sauvage, inquisiteur. — Ne désirant être troublé davantage.

« Oui. On fait quoi. »

Les souvenirs déferlèrent en elle. Car Vance était son passé. Car Vance était cette chose d’avant venue s’agripper à son présent. Car jamais elle n’avait pu oublier — car jamais elle n’avait pu le jeter. Ils étaient ces deux choses désarticulées, à moitié démontées. Ils étaient ces deux pantins entiers dans leur bancalité. Ils étaient ces deux amochés. Ils étaient ces deux physiques ; ces deux choses tenant pelle et creusant. Ils étaient ces désespérés qui, comme aveugles, tendaient le bras l’un vers l’autre, sans y croire, sans trop vouloir. Ils étaient ces leurrés qui s’étaient contentés de trop nombreux « et si ». Ils étaient des fautifs innocentés, des fugitifs à leur propre lâcheté. Ils étaient ces gamins croisés un beau jour, à la naissance du petit Divus.

Oh.
Divus.

Point de rencontre. Point de départ.
Il avait été un début, avait signé la fin.

Qui avait commis le premier faux pas. Qui avait lancé la première pierre. Qui s’était enfui, qui s’était dérobé le premier ?
Pourquoi rendait-on les comptes si tard ?

« Tu peux plus, hein. » Arrêt. Pause. Car elle ne pouvait pas continuer. Inspiration. Elle lui tourne dos. Un peu. De moitié. « Et ces années t’en fais quoi. » Y’avait un truc qui montait, là. « Et ce retard, t’en fais quoi. » Et ça grimpait vite. « Et ces vies que t’es foutues en l’air, t’en fais quoi ? » Elise s’était retenue de crier.

S’était empêcher de cogner.
Car c’était pas juste.
« Je dois fermer les yeux ? Je dois sourire ? Me sentir soulagée? »
Ah. Elle s’est retournée. Elle le fixe. Putain tu fais mal.

«Je dois t’aimer ? »
Dis-moi. Dites-lui comment l’enfoncer, dites-lui comment l’achever. Dites-lui comment le faire chialer. Corps amorphe — consumé. Je t’ai attendu. Voulait-elle dire. J’ai essayé, bien avant toi. De combler tout ça.

« Tu crois qu’une prise de conscience soudaine te sauvera ? » Et y’avait qu’une blonde, qu’une femme en devenir, sans protections — en face de lui. C’était dur, c’était cassant. C’était le début d’un long et douloureux effondrement.

Elise s’était approchée. Tant et tant qu’elle sentait son souffle tout contre sa peau. Tant et tant qu’elle distinguait chaque nuance de ces pupilles noisettes. Tant et tant qu’elle n’eût aucun mal à tendre la main. — Et à lui coller une baffe monumentale.

Claque qui raisonna pendant longtemps — dans son propre écho.

« T’es con. T’es tellement con. » Et elle le plaquait au mur. Ses paumes respectivement enfoncées dans paire d’épaule. Ne tremble pas. Ne trésaille pas. — Elle oscilla. « Et le pire c’est que t’aurais presque raison. » Ca la tuait, d’ailleurs. La défonçait de toutes parts. Ne pleure pas. — Pourquoi devait-ce être elle ? Alors elle se retint. Se contenta de joues sèches pour yeux brumeux.

Maintenant, ils allaient faire quoi ? Devenir quoi ? Représenter quoi ? Que devait-elle faire ? Continuer son assaut vocal, opter pour plus physique ? Devait-elle couper court ? Partir ? L’embrasser ? Tout était bon à prendre, à perdre. — Peut-être fallait-il un coup de boule bien placé.

« T’es dégueulasse. » Pourquoi ne faiblissait-il pas. Pourquoi ne s’effondrait-il pas. Pourquoi ne montrait-il pas ce qu’elle, voulait bien lui montrer ? Pourquoi avait-elle de se noyer dans une relation à sens unique, pourquoi avait-elle si mal, pourquoi ouais pourquoi. Pourquoi ça la trouait ainsi de l’intérieur, pourquoi il lui avait enlevé, arraché de si bons sentiments ? Pourquoi tressaillait-elle à l’idée de confiance — pourquoi avait-elle tant de peine, oui. Il l’avait trahie. Il l’avait lassée. Il l’avait ignorée. Il l’avait bafouée — c’était comme un viol. Un viol mental, psychologique sur longue durée. Il avait violé la présence, s’éprenant d’une distance.

Elle avait suivi.

« T’es minable. » Et elle ne savait plus que vouloir. Elle ne savait plus quoi opter. Elle ne savait plus quoi attendre. Alors une main se libéra, allant rencontrer par le biais de quelques doigts cou, menton et mâchoire. « T’es faible. » Menotte redevint sage, s’éternisant une dernière fois contre épiderme, avant de retrouver place contre épaule.

Elise restait l’aînée.
Elise restait Dickney. Elise avait bien changé. Elise était restée, Elise avait stagné, Elise avait évolué. — Quand était-il de lui ? Elle l’avait beaucoup — beaucoup observé. A la dérobée, de manière plus appuyée. Elle avait même écouté, des fois, au recoin d’un couloir — sa voix. Puis celles des autres, à son sujet.

Elle avait redoublé, aussi — éclatant toute logique, toute idée hiérarchique. Elle était devenue Vance, sans doute, un peu. Elle était devenue une grande gamine, entourée de moyens gamins. Elle avait croisé sa joue, son omoplate ou son dos à souhait. Il était à portée d’œillade — et pourtant, avaient-ils un jour été si séparés, si dissociés ?

Son corps avait tant changé.
Il était Vance — mais n’était plus entièrement ce brun des années passées. Pouvait-on le qualifier d’homme — de mâle en devenir ? Et lui, pour qui se prenait-il ? Comment la voyait-il ?

« T’es lâche. »

Et ça sonnait comme un point final.

« C’est qui, Vance. C’est qui, Elise. »

Pas juste des formes, pas juste des souvenirs. Pas juste des corps, pas juste des chairs, des bouts de sensualité ébréchés. Pas juste des mots ou des regards. Ouais. Ils étaient qui, maintenant. Entre eux. Pour eux. Individuellement — en composé. L’un pour l’autre.
Voulait-il savoir ?
Qui elle était, ce qu’elle représentait.

Un poing faible vint s’abattre contre le torse du rouge.
« T’es qui. »

Yeux se redressant, venant se planter dans comparses.
« Jte sens. »
Main se desserrant, devenant ensemble — paume et doigts. Menotte se collant, bougeant un peu, se décalant, remontant, tournant — à petite échelle. L’autre, délaissée, restant plantée à gauche, en haut.
« Jte touche. »
Et son front qui venait trouver semblable.
« Mais jte vois pas. »

Grand impact — secondes qui s’enfilent. Minutes bataillant, se poursuivant, s’éternisant. Visage féminin lynché, fragilisé, se décomposant au tantôt, avant de se refonder. Tête qui tombe, qui se découpe, crins lissant la peau du brun, masse capillaire et support venant trouver appui, épaule droite — ça n’en finissait pas.
« Je vois un gars. »
Main droite pliée, agrippant ce qu’elle pouvait d’habits. Et ça pue l’éternité, et ça suinte les douleurs délavées. « C’est marrant, il a un nom que je connais bien. » La voix étaient basses, les octaves quasi inaudibles. « Vance. Il s’appelle Vance. » Arrêt. Une fois de plus, quelque chose bloque, la blonde ne peut continuer. Même ainsi cachée, le visage rendu invisible, inexistant aux yeux de l’autre. « Mais j’ai beau identifier son odeur, parcourir son corps… » Pause. « Je. » Salive renouvelée, changement de cap. « Ca reste un inconnu. »

C’était dit.
Et ça s’imprégnait, à présent.
Dans le silence, dans les esprits.

« Vance. »

Que foutait-elle ? Plus murmuré, plus esquissé et faible en intonation — ça n’existait pas. Mais elle ne pouvait pas. Ne pouvait plus. Non Elise ne tenait plus. Elle l’aurait voulu brisé, elle l’aurait envié pleurant. Elle aurait voulu retrouver sa capacité à tant aimer — si fort, si bien. Avec tant de loyauté, tant de pics et d’humour. Elle aurait voulu, oui. Complicité et confiance — mais ce n’était plus chose si aisée.

Ils avaient cassé quelque chose.
S’y étaient mis à deux — avaient bien réussi.

Manquait-il quelque chose, à présent ? Que voulait-elle ? Que voulait-il ? Qu’imaginaient-ils ? Respectivement, séparément — tous deux. Son minois toujours collé se tourna, s’offrant protection dans un cou qui n’était sien.

Mais elle en avait besoin — pour se retrouver. Pour le retrouver. Lui et tout le reste. Lui et les morceaux de terre, de sentiments jetés à la volée ; que trop férocement, que trop négligemment. Alors elle inspirait, expirait ; inhalant et rejetant le parfum de Cadell.

Il allait falloir parler. Prononcer. Achever — entamer. Comment réagirait-il, que dirait-il, que ferait-il ? Elise n’avait plus la force. Elise n’avait plus l’envie. Elise se sentait tout aussi vivante que dépérie — tout aussi brûlante que transie. Glacée. Comment en étaient-il arrivés là ? Qu’avaient-ils bien fait au monde, aux dieux, pour s’échouer ainsi — si lamentablement ?

« Apprends-moi. »

Soufflé à la dérobée — respiration chaude sortant de lèvres rosées, allant vivifier la nuque du sixième année. C’était doux, amer — un peu distant. Quasi impersonnel — et pourtant.

Apprends-moi qui tu es. Apprends-nous ; ce que nous sommes. Ce que nous valons. D’ou nus venons, ou nous allons. Qu’il lui dise, oui. Qu’il lui montre. Qu’il la guide. Qu’elle y réponde. Qu’elle fasse de même. Qu’elle se laisse aller dans les mots, dans les actes, dans les gestes. Qu’elle se coule contre lui — à bout de force. Qu’elle se retrouve en lui comme il se retrouverait en elle. Qu’il lui apprenne Vance Cadell. Le présent, celui d’aujourd’hui, celui des heures à venir. Qu’elle envisage celui de demain. Qu’elle y prenne plaisir, qu’elle y trouve intérêt. Qu’elle réapprenne ; à sentir, à sourire — à lui sourire. Qu’il apprenne à faire de même. Qu’il apprenne à lâcher, à s’exprimer. Qu’ils apprennent à se montrer. Qu’ils apprennent, oui. Qu’elle lui narre ses histoires, qu’il écoute sans bronche. Qu’ils se découvrent rires nouveaux ¬¬— qu’ils s’effondrent ensemble, ou l’un pour l’autre. Qu’il lâche ses fardeaux, qu’elle balance les pelles. Qu’il comprenne cet instant, qu’il saisisse ses progressions. Qu’il imagine sa fragilité — au delà de cette force, au delà de tout le reste. Qu’il découvre sa féminité, qu’il étudie la présente, la fille de dix-sept ans sous tous ses jours.

Elle aurait dû s’arrêter là.
Sur cette simple déclaration, oui.
Mais n’avait pas pu, face au silence, face à l’oppression ; face au temps la déchirant.

« Ne fuis pas. »

Et elle serrait des dents. Et elle avait des larmes, quelque part, qui s’accumulaient. Et elle n’oubliait pas — ne pourrait jamais. Et elle avait peur, un peu, aussi. Et elle ne comprenait pas — pourquoi elle agissait ainsi. Elle ne saisissait pas — pourquoi une telle faiblesse. Etait-ce bien elle ? Rêvait-elle ? Allait-elle se réveiller, de mauvaise humeur, perdue dans l’immensité de ses draps ? Allait-elle se réveiller aux bras d’un masculin ? Allait-elle sentir sa chaleur, le poids de ses membres tout contre elle — tout sur elle. Allait-elle sourire, allait-elle soupirer, allait-elle pleurer ? Allait elle se blottir, cherchant réconfort immobile, cherchant présence sans pour autant aller à le réveiller ? Allait-il s’éveiller ? Allait-il comprendre ? Qu’allait-il dire ? Allait-elle partir ? Allait-elle trébucher dans son départ, se prendre les pieds dans divers habits, se rétamer contre une masse assoupie à terre ?

Ou bien, était-ce réel ? Lui, ici, présent. Lui Cadell ; collé contre paroi. Elle Elise, pathétique au possible. Devait-elle agir en conséquent ? Ou profiter de cette impression nébuleuse — de cette idée chimérique ? Sa bouche effleura peau adverse. Non — cela ne pouvait être imaginé. Les textures, les sons, les respirations. Et ce cœur. Qui ne faiblissait pas, tambourinant au possible, encombrant poitrine et polluant oreilles.

« Je peux te croire ? »

C’était sorti d’un coup, lentement — trainant. Besoin vital se manifestant. Elle n’avait pu lutter contre ; c’était trop vicieux, trop bas et trop douloureux. Elle n’avait pu réfréner ces mots, non. Il y avait eu cette nécessité, directe ; désemparée. Il y avait eu cette peur, il y avait toujours cette peur — anesthésié, repentie et égarée.

Mais il fallait qu’elle sache. Car elle ne pouvait plus, ne voulait plus espérer à tort. C’était vital ; c’était crucial. C’était fragile. Mais évident.

Tous deux avaient besoin de vérité.
Après tout.



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Mar 22 Juil - 22:56
Growing up and growing old.

À tout autre moment, t’aurais sûrement préféré que le néant réclame à nouveau l’espace, car comme d’habitude, ça aurait été tellement plus facile. Seulement la voix d’Elise perce le silence, et ton corps s’oriente vers elle, comme de lui-même. Automatisme ? Sa voix semble froide, sans aucune prise sur ses parois glacées, pourtant tu le sens encore, tu sens encore ce tremblement de rage dans ses cordes vocales, maîtrisé à la perfection ▬ ou presque. C’était sur un ton bas, presque doux, (c’était sur un ton bas, aussi dénué d’imperfection que le tranchant d’une lame,) et pourtant ; tu ne peux t’empêcher d’en saisir les nuances. Nuances encore faibles, si faibles ; traînées d’aquarelle sur violence contenue.

Et puis elle s’engage dans les mots, et les teintes forcissent, le ton se fait acéré, mordant ▬ des crocs trop blancs (qui perce la peau, s’harponnent, te lâchent plus).

Tu ne réagis pas. Tu la laisses évacuer. Se retenir d’exploser. (Parce que de ce que tu en sais, mieux vaut une bombe que la collision de deux.) Tu la laisses grogner à la recherche d’un exutoire ▬ Tu l’attends. Tu attends qu’elle se tourne vers toi. Qu’elle dirige tout vers toi.

Ah. Voilà.

(L’écho du choc fait trembler tes dents, claquer ta mâchoire, et l’écho sonne, sec, dans la pièce. Ta tête part, ton corps pivote.)

Tu aurais pu te cacher sous une facette, tu aurais pu prendre chacune de ses questions rhétoriques comme un coup. Tu aurais pu endurer en silence, impuissant, tu aurais pu tenter de jouer le martyr (y a quelque chose qui te dégoûte ;) et fermer ta gueule pendant que tu souffres. Oui, t’aurais pu, t’aurais pu faire beaucoup de choses, mais l’idée ne te viendrait pas à l’esprit. Pas avec Elise, ni maintenant ni jamais (jamais, tu dis. Ah).

Mais pour la première fois depuis longtemps ▬ qui penses-tu tromper ? La première fois tout court ▬, tu bouts, ça cliquète dans ta tête, la machinerie s’emballe. Tu voudrais intervenir, gronder que non, elle ne doit rien, que non, non !

(Tu devrais avoir mal. Depuis des années, t’es en faute, tu le sais, tu refuses juste de l’admettre ▬ fierté mal placée. Tu t’es fait mal assez longtemps. À la place, tu rages. Contre toi-même, parce que t’es pas foutu de te sortir de ton trip égocentré.)

Mais tu te tais, tu ravales tes protestations, tu la laisses à sa diatribe, à ses vociférations encore contrôlées ▬ presque ▬, tu la laisses se défaire. (Et c’est à ce moment que tu sens quelque chose se fendiller.) (Chez elle, chez toi ?) Tu sens son souffle effleurer tes pommettes. Tu pourrais compter les secondes, trois deux, un ; avant de sentir la paume de sa main sur ta joue, avant de sentir la douleur cuisante courir sur, sous ta peau, sentir tes mâchoires s’entrechoquer. Et là encore, si ce n’est sous le coup de l’impact, tu ne bouges pas.  Tu la fixes, et il n’y a que tes prunelles pour te trahir. C’est bien la première fois que maintenir ton impassibilité te demande un effort quelconque. Que tu fulmines, sans trouver échappatoire. Enfin, pas vraiment. Plutôt, c’est bien la première fois que ça fait aussi mal. Elle te pousse, ton dos heurte le mur, une inspiration se bloque dans ta gorge, tu siffles entre tes dents. Tu vois toujours, tu vois des larmes se former, être ravalées, brouiller ses yeux limpides.

Chacun de ses mots glisse sur toi (s’infiltre, vient remplir les fissures, perce jusqu’au cœur de la roche), et quand ses doigts glissent sur ta peau, un frémissement s’épanche le long de ta colonne vertébrale. Créé par la fureur inexpliquée tout juste contenue où le contact contrastant douloureusement avec ses mots, tu ne sais plus très bien.

Ça t’arrive pas souvent, de pas savoir. Ou de ne pas savoir, et que ça te gêne. Mais au final, t’as pas le temps d’y penser, sa voix enchaîne et te tire de tes élucubrations.

Et soudain t’as envie de rire. « T’es dégueulasse. » Ouais. Ouais, t’as envie de lui dire. (Tu sais pas pourquoi t’as envie de rire.) (Tu sais pas non plus pourquoi t’as envie de de confirmer ses propos à haute voix, non plus.) (T’as envie de chialer, aussi, comme si t’arrivais pas au deuxième sans le premier.)
« T’es minable. » Tu le sais que trop bien.
« T’es lâche. » Ouais, ça aussi.
« T’es faible. » Par-dessus tout.
La seule chose qui te sauve, c’est que tu ne te laisses pas définir par ces mots.
À vrai dire, tu ne te laisses pas définir par grand-chose.
(T’es compliqué, Cadell, tu sais ça.)
Ce qui te laisse sans réponse à sa question.

Et elle fait mal, Elise, elle fait mal.
C’est bien pour ça que t’en as peur.
Et t’en as marre de te laisser dicter par un mécanisme humain, irrationnel et suintant. C’est pourri ; ça t’as pourri, et t’es pas fait pour ça. T’es fait pour faire le dos rond aux commandes, t’es là pour faire des pieds-de-nez aux institutions, t’es fait pour avoir du chient. T’as des tripes, oui ou merde ?

Quand elle se niche dans le creux de ton cou, tu t’es considérablement calmé ; raisonnable à nouveau, et, encore, tu la laisses faire quoi que ce soit qu’elle juge nécessaire. Qu’elle te frappe, t’inhale, s’agrippe.
Qu’elle fasse.
Tu lui laisses son espace, t’attends. T’écoutes. T’entends ton nom. Tu te figes. C’est le moment où tout s’arrête.
T’entends son nom.
Et bizarrement, l’un à côté de l’autre, peut-être qu’ils te semblent ne pas correspondre. Entre les deux amas de sons y a comme un flottement ; cinq ans de vague, d’œillades inquisitrices à la dérobée, à vérifier la présence de l’autre. Toujours là, pas encore parti ▬ partira jamais ? Parce qu’au fond, c’est bien de ça que t’as peur. Si tu touches de trop, est-ce que ça casse ?

Ses derniers mots roulent du bord de ses lèvres, s’écrasent sur toi, creusent leur trou et s’y instillent, glissent et s’infiltre dans les failles. Et y a un frisson de rejet, de dégoût, qui remonte la crevasse, qui te secoue tout entier de l’intérieur. Tes bras auparavant figés à tes côtés remontent, se croisent dans son dos, tes doigts se faufilent dans la cascade blonde ▬ est-ce qu’ils ont toujours été si longs ? ▬ parvenant par un quelconque miracle à ne pas tirer sur les mèches ▬ si tu touches de trop, est-ce que ça casse ? ▬ l’enserrent dans une étreinte que tu voudrais tout sauf douloureuse.
Tu vous voudrais tout sauf douloureux, mais apparemment ça n’a jamais fonctionné comme ça. (Ne fonctionnera ?) Apparemment les erreurs et cassages de gueule sont inévitables. Ça a du mal à rentrer, ça aussi.

Et puis, à nouveau, ton nom.
Enfin, pas vraiment ton nom. Un murmure contre ta jugulaire. T’as l’impression de plus le reconnaître à la vibration contre ta peau qu’à celle dans tes oreilles. Intimement, douloureusement familier.

Et quelque part, quelque chose craque.
Tu casses.
Ça se fait comme silencieusement, comme si sans heurt. Comme si t’avais oublié comment pleurer, ou comme si t’avais jamais appris.
Et pendant un moment, rien ne se passe.
Et puis c’est comme une vague qui roulerait, ton corps qui s’arrêterait pour de bon ▬ mais ça ne dure jamais que l’espace d’un instant, tu sais depuis longtemps que les instant ne savent pas rester en place, et courent et tombent et s’écorchent, et que le temps est hémophile et ne se lasse jamais de couler ; de vous voir couler ▬ c’est comme une secousse, qui vient ébranler tes restes, te secoue tout entier.

Et puis c’est tes bras qui se serrent, la serrent, ton corps qui se presse contre le sien, ta tête qui se laisse tomber vers son épaule, et un truc étranger qui trace son chemin depuis tes paupières, sur tes joues jusqu’ici vierges. Tu ne fais pas de bruit, mais c’est plus par confusion que par volonté de ne pas briser le silence. Tu souris, aussi, tu sais pas trop bien pourquoi, peut-être que t’es juste définitivement tordu. Ou peut-être que tu cherches quelque chose auquel te raccrocher, car elle comme toi êtes d’incessantes variables que tu ne sais plus saisir depuis longtemps.

T’es qu’un gosse, au final.
Et il est temps de grandir.
D’ouvrir grand les yeux alors que tu vas fracasser ta petite gueule contre le pavé des routes.

Crâne toujours tourné vers le sol, délicat, tu prends sa main, la diriges vers ta tempe, l’y laisses reposer, lui fais entamer une descente, effleurant ton sourcil, sa paume s’appuyant sur ta joue, ses doigts quelque part sous tes yeux, sur le carré de peau qui n’a pas l’air de vouloir sécher incessamment sous peu. Tu vas perdre son pouce sur l’arrête de ton nez, stoppe au-dessus de tes lèvres, et un souffle t’échappe. Puis plus bas, encore, jusqu’à ce que ta jugulaire pulse sous son toucher, jusqu’à ce que sa main dépasse ta gorge nouée. Cartographie. Tu l’accueilles.

Tu relèves la tête, et vient, hésitant, cueillir sa mâchoire dans tes doigts que tu voudrais moins fébriles.

L’angle de ses pommettes t’es inconnu, tout comme la courbe de sa bouche ou l’intensité de son regard. Mais t’es là pour apprendre.
Quand t’as fini de pondérer ta réponse, lèvres entrouvertes, comme incertaines de leur prochain mouvement ▬ inspiration ou expiration ? ▬ y a un truc un peu fêlé, un peu tendre dans ta voix.

« Oui. »

Parce que tant que tu ne te mens pas toi-même, tu es incapable de lui mentir à elle. Et ça, tu le laisses derrière.
Tu ne juges pas nécessaire d’ajouter le sous-texte.
Ou peut-être que tu n’es pas capable d’offrir une réponse complexe en ce moment précis.
Mais comme tout instant, celui-ci finit par filer, et tu reprends.

Tu manques un battement, l’instant s’échappe encore, et de dépit, tu te jettes.

« Vance Leotwald Cadell, sixième année, Arithmancie et Études des Runes ▬ à cause d’un fort penchant pour la théorie. Le pourquoi, le comment, ce qui venait avant, ce qui pourrait venir après. »

Pas comme si elle ne le savait pas.

« Tendance à trop réfléchir, et surtout à se perdre quelque part en chemin. Les pieds sur terre, la tête sur les épaules, mais ça fait longtemps que les nuages lui arrivent à la taille. N’apprécie pas les gens en général, mais jette son dévolu sur certaines personnes en particulier. Parfois l’intérêt cède place à l’amitié. Comédien autant que dramaturge. Sûrement trop pour son propre bien. Plus d’épaisseurs qu’en a un oignon. »

Avec peut-être quelque chose au milieu.

« Peu doué pour le travail d’équipe, et préfère virer en solo. N’a jamais mis les pieds sur un terrain de Quidditch hors cours de Vol. Pas d’attachement particulier envers sa maison. Plus solitaire que seul, je suppose. »

Supposes seulement.

« Incapable de dormir à des heures correctes, profite du petit matin pour aller courir. C’est un moment particulier tu sais, parfois la transition se fait sans heurt, et parfois le jour semble strident, et le soleil dénué de pseudo-douceur ; juste une orbe destructrice qui vient percer la quiétude, chasser la chape de noirceur pour découper des ombres trop nettes ▬ »

Tu t’es perdu. Tu t’interromps ; battement d’ailes inachevé. Tentes tant bien que mal de reprendre, à quelque chose à n’importe quoi.

« Plus gris que noir et blanc. »

Encore une fois, tu supposes ▬ c’est plein d’essais, de demis, de moitiés, d’incertitudes, une fois qu’on a enlevé la couche de vernis.
Si c'est possible, vous vous êtes encore rapprochés.
Tu stoppes.

Si tu te rapproches trop, est-ce que ça casse ?
Si elle le voulait, en cet instant, elle pourrait certainement délivrer le dernier coup.
Sans être bien sûr du pourquoi du comment, tu sais que tu finirais définitivement à terre.
(Ton pouls s’est calmé. Tu discernes tout juste le sien, résonner un cran en-dessous du tien.)
Tu laisses faire.
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Puisque hier est aujourd'hui et que demain ne viendra pas. ▬ Elise Vide

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