Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
poufsouffle
1189 pts
serpentard
918 pts
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661 pts
gryffondor
612 pts

l'unité
203 pts
ligue des sorciers
223 pts

Caesius ▬ fondatrice retirée
Viridus ▬ administratrice
Kalev ▬ modératrice
Sloan ▬ modératrice
Flavian ▬ modératrice



 
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I didn't run away this time ▬ Falvie

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Lun 9 Juin - 22:23


Il avait presque fini, et la séance de massage improvisée te laissait assez insatisfaite quant à son issue. Tu aurais voulu plus. Le pousser dans ses retranchements, l'air de rien, avec quelques mots innocents qui auraient touché là où il le fallait, droit dans la cible qui se pavanait sous tes yeux, sans que tu n'oses armer ton bras pour lancer la fléchette. Tu aurais pu faire plus, tu le savais. Agir, parler, le faire réfléchir à son futur – celui où tu serais actrice et non témoin. Mais quelque chose t'avait retenu, et ne pas parvenir à définir ce que c'était te frustrait énormément. Était-ce sa retenue ? Son attitude polie, détachée, trop professionnelle ? Était-ce trop tôt pour la bienséance ? Merde quoi. Il ne pouvait pas prendre ta main dans les siennes, quelques semaines plus tôt, déballer votre passé avec un air rêveur et espérer que tu allais oublier tout ça. Une petite voix t'affirmait qu'il ne voulait justement pas que tu oublies. Qu'il espérait peut-être que tu fasses le premier pas. Et tu aimerais le faire, là, maintenant. Mais voilà, si tu te foirais, tu risquais de le perdre pour toujours, et tu préférais encore fantasmer comme une collégienne en chaleur à son contact plutôt que de ne plus jamais croiser ses prunelles d'améthyste.

Cependant, cette désespérante inaction n'était pas qu'un échec lamentable sur toute la ligne ; tu avais réussi à ne pas focaliser ton attention sur ses mains effleurant tes cuisses pendant la quasi-totalité de la procédure. Le gros désavantage d'avoir été en couple étant que le corps de l'un n'avait plus aucun secrets pour l'autre, Upsilon aurait senti la moindre tension de tes muscles, et tu préférais éviter de supporter ses coups d’œils narquois pendant que le dragon de la luxure enflammait tes viscères. Il avait été incroyablement doux et précautionneux du début à la fin, prenant garde aux endroits où il appuyait sa paume et à ceux où il effleurait à peine la peau à vif. Bon médecin ? Tu n'en doutais pas. Mais il était plus encourageant d'imaginer qu'il était bien plus soigneux parce que tu n'étais pas qu'un patient parmi tant d'autres. Et parce qu'il prenait son pied à toucher tes jambes. Accessoirement.

Sa réplique t'amuse : « Il y a pire comme endroit pour se péter le poignet. » Ouais, c'est vrai. Les urgences ne sont pas loin, le médecin encore moins. T'as envie de minauder un « alors c'est toi qui me feras mon plâtre ? » mais il te reste encore assez de fierté pour ne pas le faire, ni lui demander s'il signerait dessus, ou ce qu'il marquerait en guise de dédicace. Sacrée question. Si, sept ans auparavant, il avait du porter un plâtre, tu savais toujours ce que tu aurais voulu écrire ; quelque chose de très gênant et personnel, voire de carrément indécent, à son sujet ou mieux, sur toi, pour qu'il soit obligé de cacher l'inscription et angoisse à l'idée qu'un mec ne tombe sur des secrets intimes. Eh quoi, c'était bien mieux que « Remets-toi vite, Falvie. »

Sa main passe sur ta jambe une dernière fois, comme une caresse d'adieu, et tu t'autorises le droit exceptionnel d'en profiter à sa juste valeur, ne détournant pas ton esprit comme tu avais pu le faire sur le décompte des dalles du carrelage ou la résolution d'une équation à deux inconnues. Le pire, c'était que tu te sentais comme une voleuse, dérobant quelque chose qui ne t'appartenait pas, hantée par le spectre de la culpabilité. Et Merlin, il en fallait beaucoup pour que tu puisses éprouver la plus infime sensation de faute, surtout en ce qui le concernait. Ah oui, tu pouvais le traumatiser à vie et le torturer indéfiniment, mais dès que tu agissais comme un humain lambda, tu avais beaucoup plus de mal à supporter tes propres décadences.

Tu relèves les paupières, détachant ton regard de sa paume toujours posée sur ta jambe, pour remonter vers le visage de son possesseur qui t'observe, lèvres ente-ouvertes. Et pour la énième fois tu te complais dans sa beauté, dans le moindre trait de son visage tiré par l'angoisse, dans cette aura qui te happe et t’entraîne dans le gouffre sans fond de son addiction. Bordel. Ce que ce mec peut t'attirer. Là, comme ça, à te bouffer du regard, oubliant son masque d’indifférence un bref instant, perdu dans ses pensées, noyé dans les tiennes, négligeant le temps qui passe. Et c'est encore une occasion qui file entre tes doigts, ce fin ruban qui glisse contre ta peau sans que tu ne te décides à le retenir. A te pencher vers lui. Refermer tes mains sur le col de sa chemise, ou autour de sa mâchoire. L'attirer à toi en te penchant vers lui. Attendre quelques secondes pour que son imagination s'emballe en même temps que la tienne. Puis l'embrasser à pleine bouche, damnée volontaire.

« Voilà, j'ai terminé... Tu peux garder le tube de biafine. »

Il bouge. S'arrache à la transe. Pas toi. Tu le regardes battre en retraite du côté du lavabo et te tourner le dos, pendant que tu profites des dernières bouffées d'inspiration suitées par sa présence. Merde à la fin. Tu ne comprends pas l'effet qu'il peut avoir sur toi. Ou est ton courage ? Ton indifférence naturelle ? Pourquoi ne décides-tu pas d'agir, quitte à tout perdre ? Ce n'est pas toi, cette pauvre figure de papier immobile, qui rêve sans agir. Tu es de nature à créer ton avenir, pas à l'imaginer. Si il se dérobe, eh bien, tant pis ! Pourquoi attendre ? Mais à la question « qu'as-tu à perdre ? » la seule réponse présente est « beaucoup trop ».

« Enfiles ça. Je t'attends dehors. »

Le portable collé à l'oreille, il te balance la tenue, redevenu le patron overbooké et accaparé par une quantité négligeable. La porte claque sur ses talons et tu te retrouves à nouveau seule avec toi même, le regard vide. Pas le temps de prendre son temps justement ; il faut agir. Tu te secoues mentalement et toise le chiffon qui est censé t'habiller pendant les prochaines heures, et tu lâches un soupir en passant ta tête par le col. De toute façon, tu n'as pas le choix. Tu ne peux pas rester ici, ni même remettre tes affaires. C'est donc en infirmière estropiée que tu feras le trajet du retour. Adorable.

Le tissu est fin, plutôt agréable à porter et le haut ne pose aucun souci. En général, tu toises la jupe avec beaucoup plus de circonspection, ne te souvenant que trop bien de la douleur hurlée à l'unisson par tes muscles lorsque tu t'étais relevée la fois précédente. Une jambe après l'autre, et avec beaucoup de précaution, tu passes tes membres dans la pièce de tissu remontée jusqu'aux genoux, avant de prendre appui sur tes pieds pour te mettre debout. Allez. Un, deux et... Et l'ourlet de la jupe rejoint ta taille alors que tu contemples avec émerveillement ces cuisses bandées qui parviennent à supporter ton faible poids sans trembler. Biafine, massage de pro ou bandes magiques, tu ignores qui est le plus efficace mais tu tiens debout sans trop de mal. Bien sûr, marcher est une autre affaire, mais avec un peu d’entraînement, tu parviens à ne pas ressembler à un manchot patinant sur la glace. C'est déjà un bon début.

De l'autre côté du mur, tu entends la voix d'Upsi, étouffée par la cloison, te donnant une indication du temps qu'il te reste pour apprendre à tenir dignement sur tes jambes. Motivation ! Du bout des doigts, plantée devant le miroir, tu tentes de reprendre une apparence plus convenable en lissant ta tignasse, replaçant la mèche de cheveux qui mange un côté de ton front et flirte avec ton œil gauche, égalisant les deux côtés de la raie, effaçant les traces de larmes et les dernières gouttes de café survivantes. Là. Voilà. Te voilà plus présentable, loin d'être à tomber et ne rêvant que d'une bonne douche avec shampoing et démêlant, mais tout de même. Tu pivotes donc, prête à faire face au brun, et ton regard tombe sur deux objets largués dans un coin, comme une baleine échouée sur une plage. Tes chaussures. Tes élégantes chaussures, avec leur putain de talon, qui allait te laminer les jambes. Et concrètement, tu hésites moins de deux secondes avant de les abandonner là sans aucun regret. Hors de question de mettre ça, autant y aller pieds nus. C'aurait été un bon prétexte pour se faire porter, mais là... Non. Vraiment.

Tu pousses la porte, débarquant dans le couloir, plus fraîche pour repartir à l'attaque, juste à temps pour entendre la voix du brun mourir sur ses lèvres : « Voilà. Parf- » Tu stoppes, le toise, suit son regard qui te scanne des pieds à la tête, et tu te jauges avec beaucoup moins d'application. Ouais, c'est court. Ouais, c'est fin, léger, et absolument pas convenable. Et – amen – ouais, ça le dérange. Il se pince l'arrête du nez et tu fais de ton mieux pour rester impassible, haussant juste un sourcil en guise de « ben quoi, elle te plaît pas ma robe de soirée ? » Il ne cesse de te toiser, et finit par se détourner, comme si tu venais de débarquer dans son bureau uniquement vêtue de porte jarretelles et d'escarpins. Pauvre petit être sensible. Sa tolérance à la longueur des jupes ne s'est franchement pas arrangée, au contraire même. Surtout, ne souris pas. Retiens-toi. Te ferait-il une poussée de possessivité aiguë ?

Sa voix est tranchante. « Annulez le rendez-vous. » Eh quoi, aurait-il finalement décidé de te prendre sur le bureau, là, maintenant ? Non... Résister à une biche en sous-vêtements et céder à une infirmière pas franchement mise en valeur par le déguisement... C'était assez original. . « Faites le nécessaire. » Il est glacial. Impétueux. Et il ne manquerait plus qu'un regard incandescent sur toi agrémenté d'un sourire carnassier pour te consumer. A table. Sauf que... Non. C'est pas le cas. Il aboie en regardant le vide, et tu restes plantée là comme un objet de décoration en attendant la suite. Il raccroche, tu restes toujours impassible, comme si tout cela ne te concernait absolument pas. Comme si t'en avais plus rien à foutre, et que tu laissais les choses couler sans t'en préoccuper. « Si tu as tout pour ton interview, récupère tes affaires et je te ramène. » Sa voix est toujours aussi tranchante. La tentation de répondre un « oui, maître » ou « a vos ordres, mon général! » revient mais tu ne cèdes pas. Il te ramène. L'information a du mal à faire sa place dans ton cerveau ; tu la mets de côté pour l'analyser plus tard.

Il semble hésiter un bref instant, puis se fend de quelques prétextes, pour se donner bonne conscience, certainement pas pour te convaincre. C'est trop gros pour que tu te laisses avoir « Tu vas avoir mal à force de marcher. » évidemment. « Et tu risque de perdre tes bandages. » Bien sûr. Adossée au cadre de la porte, tu te redresses, cherchant la désinvolture à tout prix. A présent, c'est toi l'actrice, et lui le témoin passif. A lui de subir, de ressentir, d'imaginer. A toi d'occuper l'espace et de mener l'action là où tu veux qu'elle aboutisse. « Pas la peine. » Tu évites le « ça va » bateau qui te trahirait. Non, en théorie ça ne va pas, mais il te connaît, et tu joues dessus. Il sait que ton besoin d'autonomie et d'indépendance est plus fort que tout... Et donc de la douleur. « Je ne vais pas te retenir plus longtemps. »

Tu lui tournes le dos, et t'éloignes vers son bureau, le plantant là, plante verte immobile. Pas besoin de jouer des hanches et d'user de mimiques inutiles ; tu sais qu'il suivra presque automatiquement le mouvement régulier de tes jambes jusqu'à ce qu'elles soient hors de portée. A partir de ce moment-là, son cerveau se reconnecterait... Peut-être. Et tu espérais bien que non. Cachée par les murs de son bureau, tu t'autorises un sourire avant d'attraper ton calepin, heureusement épargné par le café, et fourres le reste du matériel dans ton sac, avant de retenir dans son champ de vision, détachée. « Je crois que tu devais déjeuner avec quelqu'un, ou une société, un truc du genre. » Tu hausses les épaules, marquant ton peu d'informations à ce sujet. « Je ne vais pas te faire annuler ça aussi. » Parce que tu culpabilisais teeeeellement !

Bref regard vers l'ascenseur, un demi-pas en arrière, fine gestuelle qu'il ne remarquerait pas consciemment mais qui signale ton départ imminent. Il devait trouver une excuse pour t'embarquer. Maintenant. Argumenter pour t'empêcher de partir. Et t'espérais bien que son cerveau carburait plus que jamais dans ce sens, et qu'il ne pensait surtout pas qu'en effet, il était préférable que tu te casses au plus vite. « Y'a un arrêt de bus pas loin. » Au coin de la rue en fait, mais tu fais exprès de ne pas indiquer de distance pour lui suggérer qu'en réalité, tu ne sais absolument pas où il se situe. « Ou au pire, j’appellerai un taxi. » Et tu te fends enfin d'un sourire, quelque chose de doux, de léger, presque de timide, qu'il devait interpréter comme un « je t'ai causé assez d'ennuis comme ça. » Mais pour le coup, tu avais plus d'excuses que lui, et te contrer ne serait pas facile. Alors tu baisses les yeux, l'incitant implicitement à faire de même par mimétisme, vers tes pieds non chaussés. Et tu croises son regard, affichant une moue faussement agacée. « ... Personne ne remarquera. » Si il ne te retenait pas avec tout ça...

Merlin, tu mériterais un oscar.


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Mar 10 Juin - 14:07



I didn't run away this time

Falvie ▬ Upsilon




Qu'il est beau le patron. L'ancien Gryffondor. Tout frais. Tout pimpant. Les cheveux éternellement en bataille parce que jamais tu n'as voulu dompter ta tignasse. Trop de travail pour un rien. La chemise anciennement immaculée tendant vers la transparence ici et là. Les manches relevées aux coudes, découvrant des avants-bras fermes et légèrement hâlés. Un pantalon jadis impeccable mais, dont le pli des genoux s'était imprégné d'eau glissant jusqu'à tes pompes de patron tantôt respectables. Et une cravate dénouée avec négligence pour compléter ton portait. Ta veste ? Ah oui, tu l'avais laissé dans la flotte là, dans la pièce d'à côté. Tu n'y accordais aucune importance, les fringues n'étant pas ce qui manque dans ton dressing taillé dans du bouleau blanc. Nan, vraiment, qui aurait pu deviner quelle place tu occupais en te voyant ainsi ? Et que diraient tes confrères ? Tu t'en moques. Foutrement. Parce que ton attention n'est rivée que vers celle qui se tient contre le chambranle de la porte.

C'est elle qu'on remarquera. C'est sur elle que tes collègues se retourneront pour l'observer à la dérober si ce n'est pas avec un peu plus d'implication. Oui, tu sais, le genre de regard qui t'agace. Qui t’agaçait autre fois. Sauf qu'aujourd'hui, tu ne peux pas enrouler ton bras autour de ses épaules et laisser ton aura de possessivité émaner avec une telle intensité que tu en aurait brûlé leur rétine. Tu ne peux pas. Et y penser est même plutôt déplacé. Tu le sais et tu te le répète. Mais, cette comptine ne parvient pas à te rendre plus lucide. Moins idéaliste. Si avec le temps, tu pensais avoir oublier tes vieux démons, mon vieux, tu t'es bien fourvoyé. Peut-être qu'une thérapie te serait bénéfique ? Oui ? Non. C'est toi. Ça a toujours été toi. Et tu ne payeras aucun putains de médecins pour te changer. Et pourtant... ressentir autant désapprobation vis à vis d'elle et de son accoutrement devrait te gifler suffisamment fort pour que tu cesses t’apposer ta patte là où c'est interdit. Merlin ; cela faisait longtemps que tu n'avais pas été aussi contrarié en matière de chiffon. Tes anciennes histoires étaient bien ternes et dénuées de tout intérêt à tes yeux pour que tu t'y implique réellement. Pour que tu râles à longueur de journée sur tel ou tel vêtement, approuvant seulement dans le cadre d'une soirée en toute intimité. Comme tu l'avais fais avec Falvie, autrefois. Parce que les autres, tu t'en foutais. Et que tu préférais limite passer ton temps à bosser plutôt qu'à offrir des fleurs ou des chocolats à celles qui avaient le temps d'un mois, une semaine, moins, plus, quelle importance, partagées ta vie.

Tu ranges ton portable quand tu pivotes vers elle, terminant ton analyse poussée et imposant finalement tes choix à ta conscience. Tu la raccompagneras. Et même si cette petite voix te souffle avec insistance que, plus ça va, plus tu t'enfonces, et qu'elle a parfaitement raison, tu l'ignore. Tête de con. « Pas la peine. » Elle paraît détachée mais, tu n'es pas dupe. Pas la peine... pas la peine. Si, justement. Même si c'est déplacé. Même si c'est pas ton rôle  Même si c'est à l'autre Derek de la ramener en minaudant des ''comment te sens-tu puce ?'' dégoulinant d'inquiétude nauséeux. Même si t'as un tas de boulot qui t'attends. Et même si... « Je ne vais pas te retenir plus longtemps. »
Tu fronces les sourcils et ta mâchoire se crispe lentement. Si au contraire. Te retenir serait une bonne chose. Une très bonne chose. Quel qu'en soit son degré d'inconvenance. Elle te tourne le dos et s'éloigne, te plantant là, les yeux rivés sur sa nuque et non ailleurs, contrairement à ce que tu aurais fais en temps normal. Elle disparaît de ton champs de vision et les mécanismes de ton cerveau s'éveillent. Tu passes une main frustrée dans tes cheveux, ravi qu'elle ne soit plus dans le couloir pour le voir. Tu penses être partagé entre l'idée de la laisser partir, et le besoin impérieux de t'imposer impudemment. Sauf que ton choix est déjà fait, même si tu tentes de te prouver le contraire en cherchant une once de lucidité demeurant dans ton esprit.

Elle revient alors que tu as déjà changé d'attitude. Tu adoptes un air nonchalant plutôt convaincant au vu de la situation. Mains dans les poches, tu la suit des yeux, le visage impassible. « Je crois que tu devais déjeuner avec quelqu'un, ou une société, un truc du genre. » Toujours aussi détachée. Eh ben. Voilà une belle brochette. Avec deux indifférents de la vie, on va aller loin. Elle hausse les épaules mais, tu ne dis rien. Tu ignores si elle parle de ton coup de fil avec Léo mais, si c'est le cas, elle n'a rien à craindre, ton rendez-vous n'est prévu que pour ce soir. Et puis, c'est personnel, le boulot n'en pâtira pas. « Je ne vais pas te faire annuler ça aussi. » Elle aurait pu te faire annuler un rendez-vous urgent chez le dentiste que tu n'aurais rien dis non plus. Une rage de dents concurrençait avec peine avec la sensation de frustration ressenti pour l'avoir laisser filer. Encore une fois. Ouai. Bon. La rage de dents, c'était quand même vachement poussé. Mais, l'idée était là. Ses yeux dérivent vers l'ascenseur et tu frémit malgré toi. Parce que tu dois agir. Faire quelque chose. Dire quelque chose. T'es décidé non ? De quoi t'auras l'air si au dernier moment, tu remballes ton attirail ? Elle pivote. Elle s'en va. Bouges. Bouges ! Tu demeures impassible mais, tes neurones accélèrent leur production à la chaîne. « Y a un arrêt de bus pas loin. » Ah bah ça va ! Si le bus est pas loin, t'as pas de quoi t'inquiéter ! C'est pas comme si y aurait des gens dedans – des hommes surtout – qui pourraient admirer la vue. Ben non. Une fille en tenue d'infirmière et de surcroît, en jupe n'a jamais fait fantasmer qui que ce soit ! Merlin, te voilà rassuré... « Ou au pire, j’appellerai un taxi. » … De mieux en mieux. Dis donc, elle te chercherait pas un peu là ? Un taxi. Rien que ça. Avait-elle pensé au fait qu'il fallait l'appeler, puis l'attendre dehors, à la vue de tous, sur un trottoir ? Non, évidemment, y avait que toi pour y songer. Ton silence devient pesant. Mais, ton masque se craquelle petit à petit. Elle commence à t'énerver. Et ton regard indifférent brûle d'une nuance plus sombre.  

Son sourire conciliant est la cerise sur le gâteau. Tu suis pourtant son regard quand le sien se baisse. « ... Personne ne remarquera. » Ben non. Tout le monde sera occupé à remarquer ce qu'il y a au-dessus. Dieu ce que cette fille peut t'agacer parfois... Tu relèves les yeux, les lèvres pincés, tu ne fais aucun commentaire sur ses pieds nus et n'envisages pas un instant à aller récupérer ses chaussures. La mine sombre, tu t'avances vers elle et la dépasses, les pupilles rivées droit devant toi. « Très bien. » Ton timbre est sec et frustré. En quelques pas, tu arrives à ton bureau, ayant abandonné Fal' dans le couloir. Tu contournes le meuble lustré et malheureusement tâché par endroit de café pour ouvrir un tiroir et attraper tes clés. Tu déboules dans le couloirs à peine vingt secondes plus tard. Temps assez court et qui pourtant pouvait laisser à Falvie le loisir de méditer sur ta capitulation. Tes pas son rapides mais, pas raides. Ils sont déterminés. Tes yeux braqués sur l'ascenseur. Tu manges la distance qui te sépare d'elle en saisissant au passage son coude. Elle titube, embarquée par ton élan impérieux. Tu t'arrêtes, conscient de la douleur qu'elle a pu ressentir sur ses jambes. Alors tu baisses la tête, lâche un profond soupir et optes pour la vérité sans pour autant te tourner vers elle. « J'ai aucune excuses. » A part celles d'ordres médicales mais, de toute façon, tu serais pas convaincant. Tu relèves doucement la tête. « Je peux simplement pas te laisser rentrer seule. » Tu me connais, Falvie. Tu me connais suffisamment pour comprendre. Arrête un peu... Tu plantes enfin tes yeux dans les siens. Le visage à la fois sérieux et troublé. « Alors je te ramène. » Tu presses doucement son coude avant de l'attirer vers toi. Tes pupilles la scrutes, détaillent son visage. Ses traits. Sa peau, la fraîcheur qui en émane. La couleur de ses iris. L'ombre de ses cils. Ses joues rosies que jadis tu adorais mordre. L'arrête de sa mâchoire toute aussi croquante...

Et puis tu te détournes dans un mouvement loin d'être brusque. Tu l’entraînes vers l'ascenseur que tu appelles en appuyant sur le bouton. Tu lèves la tête, inspires sans retenue. Tes lèvres tressaillissent et tu lèves les yeux au ciel. « Sérieusement... le bus... » Tu secoues tes mèches. Te voilà passé du stade des prémices de la colère à celui de l'amusement. T'es pas évident à suivre. … En fait si. T'es comme un gosse ; tu piques tes crises quand t'as pas ce que tu veux. Et une fois ta convoitise entre tes mains, tu te calme et t'adoucis. Les portes s'ouvrent et tu coules rapidement tes yeux vers Falvie avant de pénétrer dans l'ascenseur. De l'index, tu ordonnes à la machine de descendre au sous-sol ; au niveau du parking. Ta voiture y est garée. Et comme ça, vous ne passerez pas par l'accueil. Ouai, l'accueil, là où y a toujours du monde. L'ascenseur tremblote et descend avec douceur. Et tu espères en silence que personne ne viendra monter en cours de route.







MOVMOV ♥♥
By pandora

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Mer 11 Juin - 17:23


pardon mais omg je suis tombée dessus hier et elle m'a fait rire XDD C'EST PLUZOUMOIN ADAPTÉ OK.

Tu devines les muscles de sa mâchoire crispés à l'en faire mal, comme s'il plantait ses propres dents dans ses gencives écarlates. Oh, ce plan ne lui plaît pas, loin de là. Parce qu'il avait finalement décidé qu'il avait le droit de choisir si ta tenue était indécente ou pas, et pire même, il s'était autorisé la capacité de faire respecter ses décrets, quels que soient tes protestations et la nature de tes envies. Ce n'était même plus en tant qu'être vivant doté d'une conscience qu'il te voyait, mais comme une propriété à protéger. Ou à garder, précieusement, à l'abri des regards de convoitise. C'était avilissant. Tu n'étais plus qu'un pur produit de consommation, qu'il baladait là où l'envie lui plaisait et de la manière dont il le désirait. Enfin, produit de consommation... Bordel, qu'il te bouffe, qu'on en finisse. Et sans mauvais jeu de mots... Enfin quoi que.

Plantée face à lui, tu le défies du regard, provocante par le simple fait de refuser d'aller dans le sens de sa pensée. Bien sûr qu'il allait te raccompagner. Et bien sûr que tu faisais tout pour qu'il pense que tu désirais le contraire. Pas pour le faire souffrir, pour briser ses espoirs après les avoir alimentés ; juste pour accélérer le processus. Qu'il prenne conscience de l'importance que tu pouvais avoir, là, en dépit de tout ce qui s'était passé, de tout ce qui gravitait autour de vous et s'entrechoquait avec fracas. Les rôles étaient étrangement inversés. Tu étais casée depuis longtemps, avais une situation, un boulot qui te plaisait, et une vie certes calme mais plaisante. Et tu plaquais tout à ses pieds, à deux doigts de faire craquer les boutons de la chemise d'infirmière pour lui bondir dessus, tigresse affamée. Au fond, t'avais bien plus à perdre que lui, avec tout ça. Et par tous les yétis, t'en avais strictement rien à foutre, focalisée sur ton objectif que tu étais.

Il tique lorsque tu évoques le bus, et tu n'imagines même pas les pensées qui peuvent le traverser en ce moment. Un chauffeur vicelard. Une bande d'abrutis qui te choppent à l'arrière. Des délinquants débiles mais un peu trop musclés. N'importe qui, n'importe quoi, ses craintes – sa paranoïa même – prend tous les visages. Et c'est la même chose pour le taxi ; si tu ne penses qu'au chauffeur, lui voit tout, du début à la fin, de tes pieds nus sur le trottoir au moment où il te demande de payer en nature. Ce qui te fait d'ailleurs réaliser que les soins que le brun vient de te prodiguer ont été d'une totale gratuité... Dans la forme. Mais au fond, vous y avez tous gagné un peu quelque chose.

Tu discernes la lueur sombre qui danse dans ses prunelles ; la rébellion lui déplaît, l'explosion est proche. Son irritation bourdonne, clairement audible, et il finit par se détacher du mur pour marcher droit vers toi, tout en ignorant superbement ta présence, te frôlant comme si tu n'existais pas. « Très bien. » Tu crains un bref instant que sa volonté soit moins dure que la sienne, d'avoir tant poussé la comédie qu'il s'y était finalement pris. L'envie de retenir monte mais tu ne bouges pas, engluée par ta propre fierté, et tu te prépares même à détaller, sans un mot, sans un adieu. Tu te redresses, perçois le bruit d'un tiroir qu'on tire – violemment – et qu'on referme – tout autant – suivi de pas non moins retenus. En moins de vingt secondes, voilà qu'il te charge sans autre forme de procès et t’entraîne à sa suite, démontrant là des arguments fort bien développés.

Embarquée par son élan, tes foulées se font plus longues, leur réception plus abrupte et réveille les douleurs enfouies dans ta chair appaisée par la crème. Aucune grimace ne parvient à relever tes lèvres et assombrir tes yeux, cependant à peine lui jettes-tu un regard vaguement amer qu'il pile net, comme lisant dans tes pensées. « J'ai aucune excuse. » Vu sa répartie, c'était bien dommage. Tu ouvres la bouche pour le souligner quand il te souffle net : « Je peux simplement pas te laisser rentrer seule. » Oh non merde. T'étais la seule à prendre ça comme une adorable déclaration ou il venait effectivement de laisser tomber un morceau de son masque ? Rivée sur lui, tu ne le quittes pas d'une seule seconde, l'inspiration dévorée par de tels mots. Allez ! Dis quelque chose ! N'imp- euh non, pas n'importe quoi. Un truc gentil, pour une fois. Essaye. « Alors je te ramène. » Ravale ton « oui docteur » allez.

Il tourne la tête, et tu luttes pour ne pas céder à l'appel du gouffre. Non, vraiment, il te faut une réponse, et tu n'as aucune idée. Que des mots bateau, passe-partout, qu'ils ne veulent rien dire. Mais à défaut de ne rien répondre, tu préfères lâcher un « D'accord. » qui ne sonne pas comme une reddition. En fait, tu ne sais même pas si ce simple mot peut transmettre quelque chose. Tu te complais dans ses iris améthyste alors qu'il t'attire doucement à lui, alors si ce souffle peut signifier quelque chose, ce n'est qu'une approbation sans concession. Tu l'aurais suivi n'importe où, et tu devinais qu'il n'y avait plus qu'une mince ligne pour faire de même actuellement. S'il te demandait de tout plaquer pour élever des poneys et cultiver des pastèques au Mali, tu l'aurais fait. L'amour, l'attirance, la nostalgie, tu ne savais pas quoi, mais ce truc te rendait foutrement conne.
… Ou humaine. Au choix.

Il se détourne en même temps que toi et appuie sur le bouton commandant l'arrivée de l'ascenseur. Silencieuse, tu regardes les étages défiler alors que la cabine remonte jusqu'à vous, tout en haut. Et quand les portes s'ouvrent, tu entends Upsilon murmurer un « Sérieusement, le bus... » avant d'ordonner à la cabine de descendre directement au parking. Tes lèvres remontent légèrement, narquoises. « Attends, j'avais l'auto-stop en réserve. » C'est pas comme si tu venais de te trahir comme une quiche. Ou... C'est pas comme si tu l'avais fait exprès. Encore des petites touches ici et là, des détails que tu lui laissais le soin d'analyser et d'assembler, plus tard. Au calme. Mine de rien, tu te dégages de son étreinte, comblant le vide de la cabine un peu trop grande pour deux « C'est bon, j'vais pas m'enfuir en courant. » Dans l'état où tu étais, même dans un parking sombre.. Il ne mettrait pas longtemps à te ramasser.

L'information fait son chemin dans son encéphale, et lassée de regarder les chiffres défiler sur le panneau digital, tu reportes ton attention sur les boutons mentionnant les étages. Des chiffres, des nombres, deux ou trois lettres, peut-être pour les appels d'urgence. A côté du cadran indiquant les étages, une LED se met à clignoter, signalant sans doute qu'un usager avait appuyé sur le bouton d'appel. Du bout des doigts, tu effleures les boutons, songeant que le brun avait certainement autant envie que toi de partager l'espace avec un ou plusieurs inconnues – ou pire, collèges masculins sans retenue. « Je crois qu'il y a un bouton utilisé par les autorités pour que la cabine passe directement d'un étage à un autre sans intervalles. » Il est là, devant toi, ce petit cercle avec deux flèches tournes l'une vers l'autre, commandant la fermeture des portes. « Ça doit être ça. » Alors sans le consulter du regard, tu le presses.

… Et la cabine s'arrête net dans sa descente.

Tu restes un bref instant figée, les pupilles légèrement dilatées, fixées sur le cercle trompeur. « Meeeerde. » Aaaah ! Mais c'était génial ça ! Fallait avouer que tu n'avais nullement envie de le quitter de sitôt. L'idée de passer une heure ou deux, même assise dans un rectangle de métal, à répondre à ses fustigations par des  « Mais j'étais pourtant sûre que ! » te convenait parfaitement. Sauf que pour le coup... Tu pensais vraiment, vraiment bien faire. T'étais sûre que ce foutu truc était le bon. Mais voilà, pour le coup... Tu étais en tord.

Relevant la tête, tu coules un regard vers Upsilon, ne sachant trop comment présenter la chose – ou les excuses éventuelles. Après une brève poignée de seconde à supporter son regard du coin de l’œil, tu finis par ouvrir la bouche et... Et la cabine redémarre sans heurt, descendant sans arrêt vers la destination prévue. « Aaah. » … Meeeerde. Cela dit, tu te tournes lentement vers le brun, lèvres pincées. « Non mais c'est bon. J'ai deviné toute seule. » Tu lèves légèrement les mains, comme si il braquait une arme sur toi – ou voulait te les menotter – et sans le lâcher une seconde du regard, tu les baisses lentement vers les poches de l'habit, où elles étaient censées y rester. « J'vais essayer de pas faire exploser ta bagnole, promis. » Et tu as toutes les peines du monte pour ne pas sourire à pleine dents.

Tu devines bien ce qui lui passe par la tête ; que t'as une poisse de tous les diables, que tu le fais exprès, ou que tu as perdu un bon morceau d'encéphale dans l'aventure. Mais non. Tout ce qui s'est produit aujourd'hui était purement fortuit, du moins concernant les dégâts physiques et environnementaux. Cela ne te ressemble pas, loin de là, et ce n'est certainement pas parce qu'il « te perturbe » que toute cette malchance s'accumule. Il y a des jours comme ça, et étrangement, cette guigne te plaît plus qu'autre chose. Tu t'es brûlée, bien. Mais sans ça, tu n'aurais pas pu inaugurer cette toute nouvelle proximité avec le grand patron. Tu t'es foirée dans ton innocente comédie... Mais il te ramène quand même. Tu as bloqué l'ascenseur – bon, il avait redémarré beaucoup trop vite – mais au moins personne ne s'était incrusté. Encore un peu et tu t'attacherais presque à cette poisse monumentale.

Les portes s'ouvrent dans un chuintement doux face à toi, dévoilant un large parking qui occupe certainement plusieurs niveaux. Silencieuse, tu avances dans le lieu totalement désert qui s'allume en détectant tes mouvements, éclairant des rangées et des rangées de voitures plus ou moins bien alignées, plus ou moins bien nettoyées. Honnêtement, tu ne connais rien des voitures, des marques, de la mode ou des nouvelles sorties à ne pas manquer. Tout ce que tu sais, c'est que les conduire te gonfle et que faire le plein n'est pas une tâche faite pour toi – surtout quand il y a une rangée de mecs qui matent pendant que tu manipules la pompe à essence. De quoi faire bondir Upsi et le faire frapper tous les mâles à deux kilomètres alentour d'ailleurs. Alors ouais, t'imagines bien une voiture classe et chère pour le brun, peut-être gris métallisé ou dans les tons neutres, mais... Tu ne sais foutrement pas à quoi ça ressemble, une bagnole de richou.
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Jeu 12 Juin - 17:23



I didn't run away this time

Falvie ▬ Upsilon




« D'accord. » Non, tu ne sautes pas au plafond. Tu n'es pas ivre, pas ivre de joie. Pas ravi. Pas au point de lever les bras au ciel et de remercier le Seigneur de lui avoir enfin doté d'un sens bon et raisonnable. En une certaine façon, cela insinuerait que te fréquenter n'était pas un acte jugé judicieux mais, qu'importe. Tu n'étais pas là pour déblatérer à ton sujet. Tu restais simplement silencieux, les pupilles travaillant sur ses traits pendant que le souffle de son accord balayait ton visage... Honnêtement... son refus n'aurait rien changé. Ou presque. Dans ton humeur, tu te serais de nouveau imposé, flanchant les genoux non pas pour la supplier mais, pour enrouler tes bras sous ses rotules. Une extension et un basculement de hanche plus tard, tu l'aurais calé contre ton épaule. Elle se serrait retrouvé la tête en bas et le nez dans ton dos, l'abdomen contre ta clavicule et... et les fesses à l'air.... Ouai, finalement, elle avait bien fait de t'accorder cet immense privilège qu'est de la raccompagner. Peut-être que c'était de là, que venait ce pincement de soulagement... ou peut-être y avait-il autre chose. Quelque chose à gratter bien que la surface en fut suffisamment entaillée pour aujourd'hui.

Ta prise sur son coude ne se desserre pas et tu ne l'emprisonnes pas non plus. A ton sens, elle pourrait facilement dégager son bras. Là n'était pas le problème. Comme toujours, c'était ce qui allait en découler qui deviendrait préoccupant. Pour elle s'entend. Qui sait quelle sera ta réaction. Quel acte formidable tu accompliras pour voir tes désirs se dessiner en réalité. Pour l'heure, si elle décidait de t'échapper, tu n'en resterais pas figé. Pas éternellement. Tu bondirais. Sûrement. Tu bondirais par empressement. Certes. Par frustration aussi, évidemment. Mais aussi par inquiétude, anxiété, crainte, toute cette panoplie de synonymes qui finira par te submerger bien trop tôt. Et alors tu lui aurais fait mal. Une prise trop forte, une poigne bien trop serrée, des ongles perçant sa chair. Une pression suffisamment excessive pour couper un instant sa circulation sanguine. Mouvement brusque et non contrôlé. Et quand même bien tu aurais été enchanté de le faire quelques semaines – mois – plus tôt, aujourd'hui, lui causer du tord prenait une toute autre place dans la liste de tes fantasmes à réaliser. De peloton de tête, cette tâche chutait vers le bas de la feuille, à deux doigts ne plus y figurer du tout. Tout simplement.

Tes pupilles s'agitent et tu finis par te détourner. Tu le sais et tu le sens, c'est indéniable. Elle possède toujours ce truc. Ce truc qui t'attire pour le meilleur et pour le pire. Et contre lequel tu ne peux malheureusement rien. A part mentir. Mentir à toi même en refoulant bien trop ce qui pourtant paraît évident. Oh ouai, t'avais cru que tout ça, c'était fini. Qu'à son égare, tu n’éprouvais que du mépris, du dégoût. De la haine. Après tout ça, tu aurais voulu ne rien lui offrir du tout. Rien. Aucun sentiment. Juste une indifférence glaciale. Parce qu'il y a pire que d'être détesté. Être ignoré c'est beaucoup, beaucoup plus douloureux. Et t'es bien placé pour le savoir. Mais, te voilà aux prises avec ton passé. Elle se dresse devant toi sans aucune forme d'agressivité. Sans rien qui te paraît négatif. Et pendant le bref instant où l'ascenseur se fait attendre, tu ressens cet étrange magnétisme qui te lie à l'être le plus frustrant que tu puisses connaître. Frustrant ouai. Parce que le bus... t'approuvais pas du tout. Le taxi non plus. Derek ? Encore moins. Les portes s'ouvrent enfin et sans la lâcher, tu pénètres dans la cabine et presses le bouton destiné au sous-sol. Tu restes droit, mais pas figé, sans resserrer ta cravate ni remonter le menton comme la plupart des types le font pour se donner bonne allure. Ouai, au cas où y aurait une passagère inattendu qui surgit en cours de route. T'avais pas besoin de ça. Tu te foutais qu'on puisse te voir fringué comme t'étais. Même si t'étais le patron. Et de toute façon, la seule passagère qui t'importait était déjà présente.  

« Attends, j'avais l'auto-stop en réserve. »
« L'auto-s-... »

Tu répètes par automatisme avant de couler un regard presque horrifié dans sa direction. Et au moment même où tes lèvres bougent, tu comprends et détournes la tête. Tu passes ton pouce et ton index sur tes paupières en un même mouvement, inspirant profondément au passage. Tes doigts s'attardent sur l'arrête de ton nez. Ouai. T'as capté heen ? Tu t'es fais avoir. Comme un bleu. Comme un débutant. T'as mordu à l’appât. Te laissant gentiment offert à sa tactique. Psychologie inversée ou truc du genre. T'étais pas psy, mais t'étais sûr d'en avoir été victime. Et puis, elle te connaissait suffisamment pour utiliser tes manies et ta soif de contrôle à sa guise. Alors elle comptait pas rentrer en bus, en taxis ou même en tricycle – mon dieu le tricycle... Elle comptait sur toi pour la ramener. Le truc, c'est que même si ne s'était pas rebellée, tu l'aurais quand même fait. Alors quoi ? Pourquoi se donner autant de mal ? Ah... Oui.. Peut-être pour que tu fasses le premier p-...
Elle se dégage et tu tournes de façon rapide la tête vers elle, t'arrachant à ton analyse digne d'un grand philosophe. Elle s'écarte. Tes yeux sont incrédules. « C'est bon, j'vais pas m'enfuir en courant. » Tu la jauges de haut en bas, levant au final un sourcil. Non, elle, elle serait plutôt du genre à s'enfuir en char d'assaut tant qu'à faire. Le gros machin dans lequel on peut s'enfermer. Et laisser personne entrer. Et tout défoncer au passage. Ouai, ouai... Un truc du genre.

Tu hausses finalement les épaules, braquant tes yeux sur les portes devant toi. « Te rattraper ne sera pas un problème. » Parce que depuis le temps, t'avais quand même bien bosser niveau sport. Et qu'accessoirement, elle était légèrement estropiée. Tu fourres tes mains dans tes poches et la regarde s'intéresser au tableau à boutons. Tes yeux s'arrêtent sur sa nuque et tes pensées refont surface, tirant ta raison et ta logique dans tous les sens. Défiant le cœur du problème qui restait malgré tout les sentiment que tu éprouves pour cette jeune impudente. Tu pourrais facilement arrêter l'ascenseur. Profiter de cet espace clos pour le transformer en bulle d'intimité. Tu pourrais facilement avoir le contrôle sur elle. Et Derek ne serait pas un problème. Pas du tout. Elle pourrait en revanche te repousser et là... tu te sentirais rejeté, blessé, humilié et quoi d'autre encore. Pire qu'un type que l'ont a émasculé. Ouai. A ce point là. Et puis... et puis merde. En plus de tout ça, t'étais pas convaincu de pouvoir le faire et ni de le vouloir. Y avait cette barrière, cette ligne que t'arrivais pas franchir. Et quoi de plus normal. Retrouver ton âme sœur et petit à petit tes sentiments après sept ans de silence ne signifiait pas que tu avais tiré un trait sur toutes ces années pour lui bondir dessus, le cœur offert sur un plateau d'or. Cette retenue était là et c'était tout à fait normal. … Et emmerdant aussi.

« Je crois qu'il y a un bouton utilisé par les autorités pour que la cabine passe directement d'un étage à un autre sans intervalles. »
Tu clignes des yeux, retrouvant la réalité. D'ailleurs, tu n'approuves pas vraiment le fait qu'elle soit plantée pile devant les portes. Ah si quelqu'un rentrait... en plus, le bouton clignote et signifie que quelqu'un tente bel et bien d'appeler l'ascenseur. Mais, Falvie semble être sur la même longueur d'onde que toi, puisqu'elle cherche visiblement à sauter l'étage suivant, empêchant l'imbécile de venir s'incruster. Tu sors tes mains de tes poches pour croiser les bras pendant que tu te penches légèrement pour voir ses doigts survoler les cadrants transparents. Ses mots te reviennent en tête. Les autorités heen ? Ouai, ça, c'était quand y avait une urgence et qu'il fallait transporter le patient au bloc sans attendre. Dans ce genre de cas, utiliser ce bouton pouvait effectivement sauver des vies. Oui, sauf que là, c'était pas le bon interrupteur qu'elle visait... Mais, tu la laisses faire. Juste pour rigoler un peu. « Ça doit être ça. » Elle appuie dessus et tes lèvres s'étirent. La cabine s'arrête en même que Falvie reste planté dans un état de surprise et de stupéfaction. « Ah. Raté. » Ta voix sonne avec amusement. « Meeeerde. » Peut-être a-t-elle peur d'avoir bloqué l'ascenseur. Qu'elle devra rester là, cloîtrée en ta compagnie le temps que les techniciens se chargent de régler la panne. Mais, tu n'étais nullement inquiet. Tu connais cette bête de ferraille et tu sais que ce bouton règle simplement l'ouverture et fermeture des portes. Il faut juste patienter quelques secondes.

Elle glisse un regard vers toi, et tu le soutiens, conscient que tes prunelles pétilles de distraction. Elle ouvre les lèvres quand le changement d’apesanteur s'empare de tes pieds pour remonter dans tes jambes. Mais, tu ne bouges pas, contrairement à elle qui semble surprise de voir l'engin se remettre en marche. Oh tu aurais presque envie de manger l'espace qui vous sépare pour la cajoler. Vraiment, parce qu'elle aurait presque quelque chose d'attendrissant. Presque. Vu que tu préfères pouffer discrètement dans ton coin. Tes épaules tremblotent légèrement et tu inclines la tête sur le côté, menton vers le bas. « Non mais c'est bon. J'ai deviné toute seule. » Tu l'as sentis pivoter vers toi. Alors tu tousses doucement dans ton poing avant de relever la tête. « Oui, oui, bien sûr. » Ton sérieux n'est absolument pas convainquant. Mais, elle a levé les bras, probablement pour atténuer ton agacement. Sauf que là, t'étais tout sauf agacé. Au contraire, tu sentais quelque chose d'agréable à la seule pensée qu'elle ait pu vouloir rester seule dans cet ascenseur. Avec toi. Elle baisse mains et tes yeux suivent leur mouvement. « J'vais essayer de pas faire exploser ta bagnole, promis. » Tes pupilles remontent vers les siennes alors qu'elle ne peut retenir un sourire. Tes lèvres frémissent quand les portes s'ouvrent. Tu la rejoins en deux pas, les yeux droit devant toi face au parking plongé dans l'obscurité. « T'es sûre ? » Tu sors de la cabine dans le même mouvement qu'elle, sans cesser de fixer le fond du parking. « Parce que je connais un bon moyen pour empêcher tes mains de faire d'autres dégâts. » Ouai. Enfin ça, c'était foutrement déplacé. Et pas franchement indispensable. Mais, terriblement tentant. Une moue de réflexion étire tes traits. « Oh... et le coffre est grand si je me souviens bien. » Tu hausses les épaules, comme tu parlais pour toi et que tu énumérais là, un moyen de garder ta bagnole indemne. Lorsqu'enfin tu tourne la tête vers elle, tu lui adresses un sourire innocent. « Ma voiture est par là. » Tu inclines légèrement la tête sur ta droite et attrapes sa main. Sans t'attarder plus, tu l'emmène jusqu'à ta place de parking d'un pas tranquille, fourrant ta poche pour en ressortir tes clés.

Tu presses le boutons d'ouverture et un véhicule clignote sans le moindre bruit. Une audi à la carrosserie noire de la gamme A8. Et plus précisément une L W12 que tu as acheté il y a quelques mois. Pour être honnête, tu ne connais pas grand chose en matière de bagnole. Le jour où tu l'as acheté, tu as tout simplement demandé « une voiture sécurisée, cinq portes, vitres teintées, avec de jolies gentes, classe à l'intérieur et qui fasse bien gros patron. » Évidemment, on t'avait proposé le modèle le plus cher mais, puisqu'il réunissait tes exigences, t'avais pas tardé à signer. Et puis c'était devenu ton joujou. Bon, tu tuerais pas pour elle, fallait pas pousser non plus. Tu relâches sa main pour ouvrir la portière côté passager. Et d'un signe de tête, tu l'incites à monter. « J'ai oublié... comment on ouvrait le coffre. » Bé ouai. Parce que y avait plein de gadgets dans cette caisse. Impossible de tout retenir. Tu la laisses donc prendre place, avant de te pencher, d'attraper sa ceinture pour la clipper. « Simple précaution. » Parce que t'avais aussi oublié d'acheter des cordes pour lui attacher les mains. Au moins là, elle ne touche à rien. Tu te recules avec un sourire narquois, claquant la portière pour ensuite contourner ton véhicule et t'installer au volant. Tu clippes ta ceinture, démarre le moteur, retires le frein à main et passe une marche arrière. Pied sur le frein, tu tournes ton corps, passant ton bras dans le dossier du siège de Falvie. Tu t'assures de ne voir personne et tu lèves le pied de la pédale, reculant doucement l'audi. Tu braques avec souplesse ton volant et passe une première.

La voiture avance dans un silence velouté, à l'image de son intérieur en cuire beige. Faut dire que t'avais également signé parce que le tableau de bord te plaisait beaucoup. Une montée plus tard, tu sors du parking et enclenche les essuies glaces. Le temps ne s'était pas amélioré et là... et ben ouai là t'étais diablement ravi de l'avoir dans ta caisse pour la raccompagner. Parce qu'il pleuvait dehors. Parce que l'eau rend tout plus transparent et collant. Et aussi parce qu'elle aurait pu occasionnellement chopper la crève. Tu t'arrêtes à un premier feu, et pour une fois tu ne t'en sens pas frustré. Parce que plus tu prendrais ton temps à rouler, plus... ben plus tu profiterais de sa présence. Ah faiblesse, quand tu nous tiens... C'était pas ton genre de parler pour combler le vide mais, là, tu pouvais pas résister. « Et donc ? Tu vas passer le reste de ta journée à écrire ton article ? » Elle relira ses notes. Ré-écoutera son enregistrement. Et savoir que ta vois s'élèvera dans le salon de Derek alors même que tu n'étais pas présent, bordel que ça te ravissait. « Pour cette histoire de médecine... écris ce que tu veux. Je pourrais toujours porter plainte pour diffamation si ça me plaît pas. » Tu tournes la tête vers elle avec un sourire alors que tu redémarres en passant rapidement une seconde. Et tu rives tes yeux sur la route avec une idée en tête, prendre le chemin le plus long.







PAF. 3 PAGES D AMOUR SUR TOI. ♥
By pandora

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Ven 13 Juin - 17:36


Ses yeux s'écarquillent quand tu mentionnes l'auto-stop, et tu te détournes ostensiblement, comme si ce n'était qu'un détail de plus. Tu ne sais pas vraiment ce qu'il te prend, et tu ne préfères pas y penser, ne surtout pas t'analyser, essayer de comprendre pour réaliser qu'en réalité, tu le cherches plus qu'autre chose. Tu sondes le terrain, d’abord prudente, puis de plus en plus audacieuse, passant des regards aux déclarations comme tu venais de larguer, bombe à fragmentation qui produisait un choc en premier lieu, puis laissait des éclats plantés ça et là, souvenirs qu'il ne tarderait pas à extirper lorsqu'il serait chez lui pour reconstruire le puzzle. Oh non, tu ne voulais surtout pas penser à ce que tu faisais. A ce que tu risquais, à tout ce que tu pouvais perdre, lui en premier, ta dignité ensuite. T'étais beaucoup trop comme lui ; gamine capricieuse qui ne voulait que ce qu'elle n'avait pas, et qui négligeait tout ce qu'elle avait déjà.

Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre que tu joues avec lui. Pas de lui, nuance infime et pourtant si importante. Il t'aurait ramené de toute façon ; tu avais simplement fait croître son irritation par le refus pour démontrer qu'au final... Tu avais compris. Il n'y avait plus cette tension entre vous. Il n'y avait plus cette envie d'en découdre, ce besoin de se reconstruire en brisant l'autre. C'était... Eh merde, vous étiez bien embourbés dans le cliché des ex. Sachant tout l'un de l'autre, échangeant regards, rictus et piques, connectés malgré la rupture. Le truc, c'est que tu ne te voyais pas du tout l'endurer jours après jours avec le gentil rôle de la pote sarcastique. Tu voulais une place, une seule. Et c'était elle, ou rien du tout.

Dans l'ascenseur, tu préfères ne pas t'attarder sur ce qu'il pourrait se passer ou des pensées qui lui traversent l'esprit. Agir reste ton envie première, quitte à tourner comme un fauve en cage le long des parois – autour de lui. Cela dit, dans ton état, c'est loin d'être une option envisageable, et le brun n'hésite pas à le faire remarquer : « Te rattraper ne sera pas un problème. » Tu te tournes vers lui, un sourcil levé. « Forces inégales. » T'as toujours été plus rapide que lui, mais difficile de cavaler avec des brûlures au second degré. Tu aurais aimé avoir plus de qualités physiques ; être plus endurante, plus souple, plus adroite même, mais tu n'avais soit ni le temps, ni l'envie de courir pendant trois heures toutes les semaines ou t'enfermer dans une salle de sport. Et puis au fond, tant mieux. C'était moins classe si il te plaquait contre le mur et que tu l'envoyais valser comme un camionneur.

Lorsque ton attention se reporte sur le boîtier de commandes, tu le sens clairement se pencher vers toi, attentif à tes moindres mouvements. Et c'est bien sûr ainsi que tu te foires, encore une fois. « Ah. Raté. » Peu importe. Si tu supportes mal tes échecs, celui-là reste digestible. T'étais tout à fait disposée à passer deux heures enfermées avec lui à parler de la déforestation et des dernières élections, parce que même si tes hormones dansaient le foxtrot à certains moments, tu savais te tenir. Surtout lorsque tu ne pouvais pas te barrer loin de lui quand tu le voudrais, et inversement. Malheureusement, la cabine ne tarde pas à repartir, et la première pensée qui te vient en tête lorsque tu le sens, c'est qu'il faudra que tu te renseignes à propos de ces foutus boutons. Parce que merde, tu pouvais pas garder des connaissances étonnées. Smart is the new sexy. … Enfin, surtout parce que tu étais sûre d'avoir raison, et démontrer le contraire t'agaçait prodigieusement.

Ta chance n'est cependant pas épuisée puisque l'aventure semble amuser prodigieusement le brun. Prunelles pétillantes, sourire à peine dissimulé, rire étouffé, il ne risquait pas de t'engueuler pour avoir un peu malmené un ascenseur de son cher hôpital. C'était fort plaisant de le constater d'ailleurs. Mains sagement plongées dans les poches – seulement pour un laps de temps minime, fallait pas trop en demander – tu patientes en attendant l'arrêt complet de la machine. Tu te souviens encore de la première fois où tu avais pris un ascenseur moldu ; passé le court moment de panique en constatant que si il y avait un problème, tout était clos et t'étais foutue, tu t'étais fait la réflexion qu'ils feraient mieux de créer le même procédé à Poudlard, avec ou sans magie. En prenant en compte les sept foutus étages étages, les tours inaccessibles et les trois-mille six cent escaliers, ce ne serait franchement pas du luxe.

Les portes finissent par s'ouvrir et tu bondis dans le parking avec soulagement, fuyant le sentiment grandissant de claustrophobie qui s'installait dans un coin de ton crâne.  « T'es sûre ? » susurre Monsieur le patron en référence à sa voiture, que tu réussirais presque à faire exploser avec un peu de volonté. Tu lui lances un regard en coin alors qu'il poursuit, visiblement inspiré : « Parce que je connais un bon moyen pour empêcher tes mains de faire d'autres dégâts. » … Sérieusement ? Il pouvait se pavaner avec ses airs d'intouchable, mais après une telle réplique, son déguisement était foutu. C'était du suicide relationnel son truc là. Il venait de se dévoiler, exactement... Exactement comme tu l'avais fait quelques minutes plus tôt. Va écouter ta conscience maintenant Falvie hein. Celle qui te disait de ne pas faire de conneries. Celle-là même qui gueulait de l'attacher lui, dans sa propre caisse, pour lui montrer un peu les conséquences de ses actes.

Sa conscience à lui, il avait du l’assommer avec un gros paquet de testostérone et de fantasmes non comblés depuis des années. « Oh... et le coffre est grand si je me souviens bien. » Tu tournais lentement la tête, le regard réfrigérant. Le laissant regretter quelques secondes ce qu'il venait de dire, avant qu'un sourire carnassier n'étire tes lèvres. « Je te demanderais bien si c'est une proposition, mais je préfère te laisser la palme de la réplique la plus déplacée. » Il se fait innocent, attrapant ta main comme si il ne s'était rien passé. « Ma voiture est par là. » Non mais très bien. C'est cool. C'est pas comme si j'allais en chier pour garder l'esprit limpide maintenant. Ta vengeance serait terrible.

Il te conduit devant une bagnole noire, vitres teintes, spacieuse comme pas permis, te laissant envisager beaucoup trop de possibilités indécentes, avant d'ouvrir la porte côté passager. Tu lèves exagérément les yeux au ciel sans faire plus de commentaires : tu sais encore ouvrir une portière sans la déboîter hein. T'as pas trop le physique d'Hulk. « J'ai oublié... comment on ouvrait le coffre. » Glissée sur le siège passager, tu siffles un « Quel dommage ! » en recherchant la ceinture, qu'il attrape avant toi, sourire aux lèvres. « Simple précaution. » Et voilà qu'il se penche dangereusement près de toi pour planter la boucle dans le fermoir, alors que tu le maudis avec une application quasi religieuse. « C'est un peu trop d'attention là. » ... Ta copine serait jalouse. Mais ces quelques mots étaient beaucoup trop transparents, et toi, pas assez désespérée pour sortir une connerie du genre. « Tu comptes me porter jusqu'à la porte de la maison aussi ? » Si il voulait tout faire... Autant y aller jusqu'au bout hein. Et dégager Derek « parce qu'il pourrait te faire mal avec sa tendresse d'ours mal léché » Ben oui. Upsilon Ash était bourré de bonnes intentions et d'altruisme envers son prochain, c'était connu.

Entamant une marche arrière, il glisse son bras dans le dos de ton siège, ajoutant une entrée à la liste des actes qu'il n'aurait jamais fait, une heure auparavant. Les choses ont évolué, l'habitude du jeu revient peu à peu. Tu le cherches, il te cherche, c'est un cercle qui ne se finit qu'au lit – ou tout autre support plus ou moins adapté – avant de recommencer. Et cette session-là sera longue, tu le sens. En quelques minutes, la voiture s'engage sur la route menant à la périphérie de la ville, le pare-brise heurté par des perles de pluie. Brûlée ou pas brûlée, tu étais destinée à te taper l'averse, et te voilà en voiture avec le sujet de ton interview – et bien plus encore. Qui parle de poisse à présent ?

Profitant du fait qu'il soit occupé à conduire, tu délies ton dos en t'étirant sur le vaste siège en cuir, dos cambré, bras repliés derrière l'appui-tête, poitrine bombée, jambes tendues. Tu fixes la route sans la voir, repassant à grande vitesse tout ce qu'il s'est passé durant cette étrange matinée. L'interview et vos attitudes de pro, le café, l'échange de regards, et la fin... La fin franchement décadente, et ô  combien plaisante. « Et donc ? Tu vas passer le reste de ta journée à écrire ton article ? » Tu redescends sur terre en un battement de paupières. « Mh ? » … Et en croisant son regard, tu réalises dans quelle position tu te trouves et tu reprends une attitude plus normale sans l'ombre d'un regard d'excuse ou de provocation. T'es pas le seul à pouvoir jouer, mec. Tu tournes la tête, te reconnectant avec sa dernière réplique « Ouais, exactement. » Ou pas. T'allais dire à ton patron que irascible Ash t'avait dégagé de son bureau parce qu'il était à la bourre, que tu y retournerais dans deux ou trois jours, ce laps de temps te permettant de soigner un peu les plaies de tes jambes, mais surtout de larver en méditant sur tout ce qui s'était passé.

« Pour cette histoire de médecine... écris ce que tu veux. Je pourrais toujours porter plainte pour diffamation si ça me plaît pas. » Tes épaules tressautent brièvement alors que tu réprimes un rire. « Adorable. » Tu observes la route sans la reconnaître, et tu hésites à supposer qu'il fait un détour pour te garder encore un peu plus longtemps. Adorable oui, c'était le mot juste. « Pas besoin d'inventer, j'éviterai le sujet et ça t’épargnera un procès. » Tu glisses un regard dans sa direction, un sourire accroché aux lèvres. Sa voiture est détestablement confortable, mais tu as passé beaucoup trop de temps assise à ton goût ; tu tentes de juguler ce bref inconfort en croisant les jambes et... Mauvaise idée. Ton geste s'arrête à mi-courte, les cuisses vrillées par la douleur et tu te vois contrainte de reposer tes pieds à terre dans un soupir excédé. Quelle patiente exécrable tu ferais... « Les bandages, c'est à refaire tous les jours non ? » Tu te vois déjà inventer les causes à Derek, mais l'empêcher de s'occuper de tes plaies sera mission impossible, tu le sais déjà. Et cette idée... Te frustre plus qu'autre chose. « ... Ca va mettre une éternité à guérir. » Et tu bascules la tête en arrière, fataliste.

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Mar 17 Juin - 18:47



I didn't run away this time

Falvie ▬ Upsilon




Oh... Allez, il suffisait d'appuyer sur le bouton. Tu sais, le bouton là, sur ta clé. Celui avec un petit dessin de coffre pour l'ouvrir. Sinon, tu pouvais toujours glisser ta main sous la carrosserie et presser le petit interrupteur. Le coffre se serait ouvert avec un déclic bref avant de se lever dans un silence caressant. Et il n'y avait ni truelle, ni sac à ciment ou bleu de travail, ni club de golfe ou encore un kilo de cocaïne dedans. Ta caisse était clean. Convoitée également ; ce pourquoi tu ne laissais jamais rien à l'intérieur. Et par Merlin, la dernière chose que tu abandonnerais dedans, c'était bien Falvie. Et ton cerveau ne manquait pas – jamais – d'imagination quand il s'agissait de l'ancienne Serpentard. Surtout en ce qui concernait les scénarios abracadabrantesques. Ben oui. Tu pourrais sortir de la voiture pour aller chercher deux croissants à la boulangerie en la laissant dedans. Bon, tu verrouillerais évidemment toutes les portes mais, un voleur digne de ce nom pourrait tout à fait briser une vitre et prendre la fuite avec ta bagnole. Et avec Falvie aussi, qui rappelons-le, se tortillerait dans ton coffre. Cette idée était donc bien sûr exclue et il n'a jamais été question d'enfermer la journaliste à l'arrière. Du moins, pas aujourd'hui. Mais, ça, c'est une autre histoire. Et qui n'a pas lieu d'être. Normalement. Alors la réplique déplacée, t'en méritais bien la palme, effectivement.

La vérité, c'est que tu la cherchais, comme elle te cherchait. Un peu comme au bon vieux temps. Sauf que là, tu refaisais doucement surface, plongé, submergé trop longtemps dans une eau gelée qui te comprimait de l'intérieur. Elle t’étouffait, te rendant irrassasiable au possible. Froid et dédaigneux. Indifférent et presque cruel. Le tsunami qu'avait provoqué son retour t'avais sérieusement ébranlé, tu combattais à contre courant, tentant de retrouver la terre ferme. Quelque chose de stable, de moins invasif, moins douloureux. Plus supportable. Les souvenirs et la rancunes ne s'effaceront pas simplement parce qu'elle t'as sourit avec chaleur, regardé dans les yeux ou même effleuré. Ils restent. Persistes. Mais, dorénavant, tu peux en inhiber l'influence. Ce que tu fais aujourd'hui. Pour respirer. Parce que t'en a cruellement besoin. Et que merde, ça te fait un bien fou. Tu n'aurais pas cru qu'un jour, tu lui ouvrirais la portière de ta voiture avec un sourire narquois. Que tu chercherais un écho de complicité quelque part en elle. Tu n'aurais pas cru que tu te pencherais un peu trop près pour chopper la lanière souple de la ceinture afin de pouvoir la boucler. Ni qu'en te redressant, tu aurais le visage éclairé et le regard amusé. Et, quelle prouesse bon sang, tu n'aurais pas cru pouvoir rester si enjoué malgré ses répliques. C'était trop d'attention. Oui. Non. Ça dépend. Tu le faisais plus par jeu que par déclaration sentimentale. Et ça... ce... « Tu comptes me porter jusqu'à la porte de la maison aussi ?  » hérissait ta raison au point qu'elle essayait de jeter de l'huile sur le feu. Parce que ce rituel n'était à ton sens que réservé aux jeunes mariés. Et il aurait été si facile de rebondir la-dessus. D'assombrir ton humeur. Quelle force d'esprit ; tu arrives à l'ignorer. Ou alors est-ce simplement de la bêtise, de l'inconscience. Qu'importe, tu laissais le venin moisir dans un coin de ta bouche. Pour cette fois, uniquement…. Mais, en es-tu sûr ?

Les pneus crissent avec délicatesse sur le bitume, hissant le reste de l'audi à la lumière du jour après une pente que tu avais pris à merveille. La force de l'habitude. Conduire n'était pas une nécessité ou un besoin. On pouvait pas dire que tu aimais ça mais, tu ne détestais pas ça non plus. T'avais suffisamment confiance en toi pour prendre la route tout comme tu te sentais en sécurité à l'arrière du véhicule de ton chauffeur.... Eh ouai, les patrons avaient la belle vie. Enfin, c'était pas cher payé comparé aux responsabilités que chaque grand PD-G possédaient. Tu restes concentré sur la route, percevant néanmoins les mouvements de ta passagère. Un coup d’œil au rétro et tu freines en douceur au feu rouge, profitant de ce moment de pause pour tourner la tête vers elle. Elle s'était mit à son aise. Complètement. Bullant dans son coin avant redescendre sur terre. Ses yeux se plantent dans les tiens et tu peux réprimer un sourire lorsqu'elle adopte une posture plus normale. « Ouai, exactement. » Tu n'as pas le temps de méditer sur sa désinvolture que le feu passe au vert. Tu redémarres, les yeux à nouveau devant rivés devant toi. Ta conduite est souple, maîtrisée lorsque tu t'engages sur le périphérique. Tu sais parfaitement quelle sortie prendre mais, tu ne la prendras pas. Et tu n'effectueras aucun dépassements non plus. Sauf en cas de danger. Tu parles d'une voix un peu distraite, concentré sur la route lorsqu'elle te répond.

« Adorable. »
« Adorable ? » Tu fronces les sourcils sans quitter le pare brise trempé des yeux. Elle poursuit rapidement, t'empêchant de piquer un far sur son précédent qualificatif. « Pas besoin d'inventer, j'éviterai le sujet et ça t’épargnera un procès. » Tu esquisses un sourire et dans l'intention de poser ta main sur sa cuisse en guise de remerciement, tu lèves à peine le bras. Mais, ton geste bien que lent, s'arrête avant de l'avoir touché. Même en prenant garder à respecter les distances de sécurités, tu parvient à te maîtriser et ton cerveau à capter deux informations essentielles. La première, c'est que, bien entendu, elle aurait mal à cause de ses brûlures. La seconde... c'est que t'étais personne pour te permettre ce genre de gestes ou d'attentions. Alors, tu dévies la trajectoire de ta main, préférant passer tes doigts dans tes cheveux, et lâcher un « Merci. » un peu trop abrupt. Du coin de l’œil, tu la vois tenter de croiser les jambes, à l'instar de ta paume posée sur sa peau, tu devines sans mal la douleur que son acte peut engendrer. « Attention. » Tu grognes en serrant la mâchoire alors qu'elle soupir, renonçant à croiser les jambes. « Les bandages, c'est à refaire tous les jours non ? » Une voiture te double, tu jettes un coup d’œil dans le rétro. « C'est ça. Le mieux, c'est de les changer après t'être doucher. Tu as garder la biafine non ? Penses à remettre également. » Un rictus déforme ta bouche. « T'as un toubib à la maison, tu devrais t'en sortir. » Voilà. Tu remettais ça sur le tapis.

Mais, t'avais aucune envie d'alourdir l'ambiance. Et plutôt que de regretter tes paroles, tu rajoutes en coulant un regard dans sa direction. « Au pire, l'hôpital n'est pas très loin. » Sourire en coin. Sous-entendu ; au pire, je ne suis pas très loin. Ouai. Et tu seras dispo pour la soigner. En tant que médecin. Tu reportes ton attention devant toi, ralentissant pour remettre de la distance avec le véhicule de devant. « ... Ca va mettre une éternité à guérir. » Dans un sens ; tant mieux si elle décidait de te prendre comme médecin. Dans l'autre sens, c'était beaucoup moins plaisant d'imaginer l'autre tête de pioche appliquer quotidiennement ses petits soins sur elle. Ses mains poser sur sa peau, effaçant les traces de ton passage pour à nouveau marquer son territoire. L'image était un peu tirer par les cheveux mais, tu le voyais comme ça. Tu médites dessus, sans t'entendre répondre. « Quelques jours. Quelques semaines si t'es moins chanceuse. » Finalement, l'idée qui te trotte dans la tête te paraît de plus en plus désagréable. Tes dents s'emparent de ta lèvres inférieure. Tes sourcils s'arquent en une ligne contrariée. « Je préférerais que tu passes à l'hôpital si ça va pas.... Ou que tu m'appelles. Derek n'était pas là et... » Merlin. Comment lui dire que tu voulais avoir l'exclusivité sur ses soins sans l'énoncer à haute voix ? Tu cherches tes mots, haussant finalement les épaules. «... moi si. » … Wow. Si ça c'est pas de la justification, qu'on vienne de suite jeter des tomates contre ton appart. Au bout de quelques minutes, tu actionnes le clignotant de droite. Tu bifurques pour prendre la prochaine sortir, adaptant au fur et à mesure ta vitesse. Laissant au même rythme tes pensées défiler devant tes yeux. Et même mourir jusqu'à tes lèvres. « Quand je pense... que depuis tout ce temps, on était dans la même ville... » Une voix distraite, une attention toujours fixée sur l'asphalte trempée de pluie.






pardon du retard. et de la qualité, j'ai été... distraite... et tmtc ♥
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Jeu 19 Juin - 19:58


La voiture est une véritable petite merveille que tu es incapable d'apprécier. Les véhicules ne t'ont jamais passionné, qu'il s'agisse de balais, de sombrals ou de voitures plus ou moins spacieuses. A Poudlard, tu ne montais sur un balai que lors dès cours, et si la vitesse te grisait, tu n'avais jamais pu aller aussi vite ou aussi loin que tu le voulais, fliquée de près par la Morgan. C'était le seul moyen de déplacement qui t'avait un peu séduit ; le reste était trop lent, trop mécanisé, trop... Pour les autres. Pas pour toi. Alors depuis que tu avais foutu les pieds dans ce monde moldu beaucoup trop régulé, tu avais laissé les autres conduire pour toi, qu'il s'agisse de conquêtes, de chauffeurs ou de nanas assez connes et en manque de social pour s'imaginer être tes amies. Tout ce que tu note est d'une banalité crasse ; c'est joli, c'est spécieux, ça sent bon et les couleurs crèmes sont sympa. Après.. Eh bien elle ne fait pas de bruit et roule comme sur de la crème tant les a-coups sont atténués, mais ça s'arrête là. Une jolie bagnole dont il devait être fier, et que tu aurais volontiers baptisé avec un « elle a pas du te coûter grand-chose ta caisse d'occaz' »

Tu le sens se crisper un bref instant sans en relever la nature ; route dégagée, aucun appel téléphonique, rien à signaler. C'était donc quelque chose que tu avais fait, ou plus certainement dit qui le travaillait à retardement, et tu renonces à rechercher la phrase qui avait produit des répliques, comme un séisme le traversant par vagues au lieu de simplement couler comme une passible rivière. Il avait toujours trouvé les allusions aux autres mâles dans tes répliques, là où il n'y en avait pas eu. Ce phénomène était certainement amplifié depuis que vous n'étiez plus en couple... Et qu'il avait passé une demi-heure à s'occuper de tes jambes alors que t'étais à deux morceaux de tissu d'être à poil. Tant pis, tu le laissais se débattre avec ses propres interprétations. Si tu avais voulu le faire chier, tu aurais été plus incisive, et beaucoup plus efficace. Encore une fois, si l'idée de te savoir avec un autre était si insupportable pour lui, pourquoi te reconduisait-il ? N'était-ce qu'une simple façon de le satisfaire égoïstement ? Il ne voulait pas que les autres te voient, il ne supportait pas Derek, mais il te repoussait quand même. C'était à n'y rien comprendre, ce mec devenait aussi tordu et illogique que toi.

« Adorable ? »

L'idée qu'il se soit aproprié le terme te fait sourire, mais ce n'était pas lui que tu qualifiais, plutôt son attitude. Et encore, le mot étant teinté d'un vague cynisme. Il te menacait un procès, quand même. Comme si tu allais t'amuser à marquer des conneries dans la presse, alors que votre relation se stabilisait à peine. En fait, tu te sentais un peu comme une funanbule ; tu marchais sur un fil en avant vers lui, bras écartés pour garder l'équilibre. Parfois tu titubais, parfois tu accelerais, assurée sur la pointe de tes pieds nus. Lui, en face, disposait d'une perche ; il te la tendait des deux mains, mais son utilisation pouvait énormément différer ; il était capable de te soutenir pour éviter que tu ne bascules, ou t'en filer un bon coup sur le crane pour te précipiter dans le vide. Ce qui était certain, c'est que tu continuais à avancer, et qu'un seul mouvement de sa part décidait de ton sort.

Son geste pour plonger la main dans ses cheveux te paraît un peu trop vaste, comme s'il avait tenté une approche, mais tu ne le regardais pas à ce moment. « Merci. » Il te faut un effort colossal pour ne pas lever les yeux au ciel. Si tu avais voulu éviter tout rapprochement, tu ne serais pas là, mais ça encore, c'était trop subtil. C'était beaucoup trop de messages qui te paraissaient évidents, autant qu'un panneau de cinq mètres clignotant par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, affichant un « Derek, c'est pas le nom d'un labrador qu'on vient d'euthanasier ? » mais qui pour lui, n'étaient rien, que des données minuscules qui ne pesaient pas dans la balance. Tu le comprenais, tu l'approuvais même, sa patience, son temps de réflexion, tout ce qui était sage et que tu n'avais jamais eu. T'étais d'accord avec tout ça, mais voilà, c'était encre trop long, et tu aimais l’enivrante euphorie de la vitesse.

Lorsque tu tentes de croiser les jambes, tu entends un « Attent- » mais trop tard, étouffé par un soupir mécontent. Au moins, tu allais être chez toi dans quelques minutes, et pas bloquée dans une chambre d’hôpital où il aurait du te menotter au lit parce que passerais ta journée à faire les cent pas et à rouvrir tes plaies. Fallait pas croire, tu allais faire exactement la même chose dans ton salon, mais au moins aucune infirmière empressée et maladroite ne viendrait te dire comment vivre ta vie. Tu entends d'une oreille distraite ses recommandations envers le soin quotidien, il tu étouffes à grand-peine un « génial » morose. Des soins. Du repos. Mon dieu. Tu effleures doucement la surface bandée de tes cuisses, songeant si fort au sort de soin que tu maîtrises par cœur que tu espères presque qu'il se réalise de lui-même. Sans baguette. L'espoir fait vivre. « T'as un toubib à la maison, tu devrais t'en sortir. » Tu tournes la tête, le toisant en silence, cherchant sans succès la plus petite envie de rétorquer. Mais rien. Il balance entre maturité extrême et puérilité, et te maintenir à flot commence à être ardu. Alors tu hausses les épaules, pose ton coude sur le rebord de la fenêtre et niche le creux de ta mâchoire contre ton poing à demi-fermé, fixant la route qui défile face au pare-brise.
Ouais t'avais un toubib à la maison.
Mais pas le bon.

« Au pire, l'hôpital n'est pas très loin. »

Bam. Retournement d'humeur et de situation. T'as presque envie de le frapper, de gueuler un « Mais décide-toi, merde ! » afin d'arrêter ces va-et-vient, mais peut-être trouve-t-il du réconfort à faire ainsi. Se contenter, revenir à la réalité, la trouver trop dure, jouer avec toi, repartir dans le monde réel, puis revenir.. Tu ne savais plus quelle attitude adopter, au risque de plaisanter et qu'il le prenne mal, ou de louper son moment d'humour et qu'il se renfrogne. Putain, il devenait aussi compliqué qu'une meuf. Çà allait être folklo. « Quelques jours. Quelques semaines si t'es moins chanceuse. » Oh ? Tu te redresses. Quelques jours ? Pour une couche de peau laminée ? Voilà qui était bien plus encourageant ! Toi qui imaginais garder des mois ces cicatrices douloureuses... « Bon, eh bien je me débrouillerai pour être chanceuse. » Un sourire relève tes lèvres alors que le sien disparaît. Tu tournes la tête, le dévisageant. Quoi encore ? Qu'avais-tu dit, quel sous entendu son cerveau malade avait-il pu invent- « Je préférerais que tu passes à l'hôpital si ça va pas.... Ou que tu m'appelles. Derek n'était pas là et... Moi si. » Encore un peu et tu perdais ta mâchoire inférieure.

Il évite consciencieusement ton regard, braquant le sien sur la route alors que tu le scannes en cherchant des réponses à tes questions. Et à cette... Déclaration plus inattendue. Ben tiens, tu râlais après son instabilité hein ? Il t'avait tellement bien tendu la perche que tu te l'étais pris en pleine gueule et que tu en vacillais encore. Et puis après quelques minutes à l'observer tellement fixement que tes pupilles auraient pu percer un trou fumant dans sa chair, tu te repends. « Ah, ouais. » Calme et tempérance. C'est pas comme si Derek passait sa semaine à faire des permanences pour mettre du fric de côté. Et que tu aurais la maison pour toi. Et qu'upsi pourrait s'incruster sans mal. Nooon. « Sauf que j'ai pas ton numéro. » Et que tu n'allais pas passer par sa secrétaire pour l'avoir, ou pire, qu'elle refuse directement et te colle un rendez-vous dans six mois. Tu finis par te retourner vers la route, enfonçant ton dos dans le dossier moelleux du siège. « Remarque, j'ai pas non plus de portable. » Au début, tu en avais eu un. Enfin, six au total. Des cadeaux ou des vieux trucs récupérés, et que t'avais paumé ou éclaté contre la face de quelqu'un. Alors t'avais arrêté d'en prendre, et c'était tant mieux comme ça ; personne pour te déranger ou changer tes plans à la dernière minute. L'agence t'avait bien filé un truc juste pour le travail, mais c'était une antiquité et tu étais certaine qu'en le claquant contre un mur, tu détruirais l'immeuble entier. Le pouvoir du nokia 3310. « Enfin tu peux toujours me le donner, j'éviterai de le divulguer dans la presse. » Tu réprimes un sourire, imaginant le désastre dans le cas contraire. Ne relevant même pas le fait que tu venais d'accepter son aide au profit de celle du mec avec qui tu vivais depuis cinq ans. Serpentard style.

« Quand je pense... que depuis tout ce temps, on était dans la même ville... »

Quelqu'un aurait bien réussi à placer un «  c'est le fruit du destin ! » mais cette fois, ce ne serait pas toi, la période humour et complicité étant passée. Tu commençais tout juste à t'y faire, autant ne pas perdre le rythme de ses cycles émotionnels. Ouais, c'est vrai, tu vivais dans la périphérie et lui au centre. Derek travaillait pour lui. Au début, tu venais le voir là-bas. Tu aurais pu croiser le brun n'importe quand, à l’improviste, mais peut-être n'était-il pas encore embauché à cette époque. Il vivait actuellement dans le luxe et le trop-plein, et toi dans le calme et la fadeur. Plus de folles soirées, plus de tournées des bars avec des nanas qui gueulaient plus qu'elles ne buvaient, quand tu ne savais plus ce que tu allais foutre de ta vie. Plus de chemins aléatoires, de rencontres fortuites, de hasard. Ta vie s'était formée, ton chemin aussi, et tu n'en déviais plus. La boucle était bouclée.

Jusqu'à quelques semaines, où il avait explosé toutes les murailles pour s'installer dans ta vie.
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Dim 22 Juin - 19:05



I didn't run away this time

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Flatflat...Flatflat... Hypnotique ; c'est le mot qui convient parfaitement au mouvement répétitif, rotatoire en un demi-cercle quasi parfait, des essuie-glaces. Enfant, sans doute aurais-tu été bercé par ce même balancier. Lors d'un long voyage, une expédition familiale où, ballotté, tu te serais endormis. Oui, si à l'époque, tu vivais dans le monde des moldus. Ta mère faisait partie de cet univers mais, jamais tu n'étais monté dans une voiture. Ta vie doucereuse, baignée dans les mensonges parentaux dont tu ignorais l'existence, ne s'était écoulée qu'au travers de la magie. Ce qui a fait fuir celle que tu prenais pour modèle mais, qui t'as transformé et amené jusqu'ici. Le chemin a été long et chaque petites choses, chaque petits mouvements, même infimes dans ta vie n'a fait que tracer la route que tu as emprunté. Si elle n'était pas partie. Si tu n'avais pas voué une haine envers elle et toutes les autres, aurais-tu, à l'époque de Poudlard, posé tes yeux sur la créature féminine assise aujourd'hui à côté de toi ? Ton comportement aurait été différent. Tu aurais été différent.

Tu n'aurais pas cru un jour vivre dans l'environnement humain. Celui dénudé de toute magie. Tu le répugnais, comme tu répugnais ta génitrice et le reste du monde conjugué au féminin. Mais, tu l'as fais. C'était la voie la plus sûre pour arriver à tes fins. Jugeant que la médecine moldu avait plus de chances de t'emmener vers ton objectif, tu as foncé. Tu as choisis cette carrière pour elle. La neurologie pour elle. Tu as choisis de vivre dans l'univers des moldus, celui de ta tant détestée mère, pour elle. Beau palmarès. A bien le regarder, il est clair que tu ne t'es jamais détaché de celle qui, il y a sept, t'as tourné le dos. Fallait-il être un brin masochiste pour continuer dans cette voie ? Nan, il fallait surtout être désespéré. Pauvre chose lâchée et abandonnée ; tu n'as pas su couper le lien qui t'unissais à elle. En dépit de tout. De tout ce qu'elle a pu dire ou faire. Tu es resté attaché. Mais, en prendre conscience, c'était clairement une autre histoire. L'admettre ? Ohlà ! Fallait pas en demander autant. Mais, plus ça avançait, plus ta vie s'écoulait sous un jour brillant, plus tu te confortais dans l'idée qu'au final, tu n'agissais que pour toi. Une notoriété gagnée. Un paquet d'argent. Un nom souvent prononcé dans ton métier ; dans la branche que tu as choisis. Un beau podium dans lequel tu te complaisais à croire que ça y est ; t'avais coupé les ponts. T'avais réussis à te détaché de ta période d'adolescent transit d'amour et de lubricité. Tu grimpais les échelons pour toi. Pas... - plus pour elle.
Et tu te voilais la face. Sans vraiment y prendre pleinement conscience.
T'avais cru à ton petit baratin mentale de nombriliste, enfant roi, enfant prodige. Comme un conte que tu te racontais chaque soir avant de t'endormir. Tu te laissais bercé, jusqu'au soir où tu l'avais revus.

Tu avais pénétré dans sa maison ; elle avait fait la même chose dans ta vie. Avec plus ou moins de dégâts. Tu avais fais barrage, protégeant l'homme un temps bafoué que tu étais. L'accablant de tous les maux. Déversant un surplus d'accusations, de calomnies et de reproches sur un plateau de haine que lui jetais au visage. Dire que la morale était de ton côté n'était la chose la plus censée à faire. Et pourtant, tu t'ancrais toi-même dans une bulle de justice, jugeant que ouai, t'avais tout à fait le droit d'agir comme tu l'as fais. Qui se serait retenu ? Qui ? Qu'on te le dise ; que tu puisses lui jeter des fleurs. Elle avait fait remonter un trop plein de souvenirs désastreux. Les qualifier ne seraient pas plus compliquer que d'apprendre à compter. Savoir que tu agissais ainsi par plaisir également. Mais, creuser pour comprendre qu'en plus, tu le faisais pour te protéger, pour ne pas te laisser déstabilisé, pour ne pas réduire en cendres ces années à t'emmurer derrière la certitude que tu n'en avais plus rien à battre de la couleur de ses yeux, ça, c'était plus délicat.

Et aujourd'hui, ton mur s'effrite. Tes certitudes vacilles. Dire qu'il ne t'auras fallut qu'un tête-à-tête avec elle pour te faire chanceler serait faux. Il y avait plus. Plus ; comme ces journées passées à réfléchir, à s'arracher les cheveux sans comprendre. A lutter pour ne pas tomber dans la facilité. A lutter aussi pour ne pas simplement lui pardonner. Mais, à combattre l'idée de ne pas la rayer de ta vie. Fallait mettre toutes ces pensées sur un papier. Les additionner et en résoudre les inconnus. Tâche ardue devenue plus épineuse quand tu te savais encore fébrile face à sa personne. Tu tanguais d'un côté et de l'autre. Celui où tu lui l'autorisait à s'introduire dans ta bulle. Et celui où tu la repoussait. L'un étant clairement plus tentant que l'autre. Mais, beaucoup moins stable également.

FlatFlat... Elle n'a pas ton numéro. Voilà un élément qui pourrait te faire basculer du côté sage. FlatFlat... oui mais, non. C'était si facile de contrer cet obstacle. Tu hoches distraitement la tête avant de la tourner vers ta vitre; mouvement prudent du bon automobiliste qui s’insère dans une voie d'insertion. La voiture bifurque doucement sur la route adéquate et tu te cales un peu plus confortablement dans ton siège. FlatFlat... elle n'a pas de portable. Ton visage reste impassible mais,  tu absorbes l'information et la classes dans un rayon cérébral et abstrait. Donnée à décortiquer plus tard mais, dont l'issue semble déjà se dessiner. FlatFla- « Enfin tu peux toujours me le donner, j'éviterai de le divulguer dans la presse. » Tu abandonnes la route des yeux pour les glisser sur elle. Le périph' étant en ligne droite, tu peux te permettre ce petit décrochage. « J'apprécie ta sollicitude. » Si elle réprime un sourire, pas toi. Tu reviens à la route, le regard rivé devant toi. FlatFlat... Et tu te laisses couler sous les mouvements des essuie-glaces, libérant le verrou de tes pensées. Un peu trop, peut-être, puisque l'une d'entre elle t'échappe. Mais, le reste du trajet s'écoule dans le silence. Toi, haut perché, dans un dôme mental à finalement réaliser que c'était pas le moment, elle méditant sur ta dernière pensée. Relatant peut-être les événements récents. Imaginant la suite de ses blessures. Ou... la suite tout court.

Tu quittes le périph pour t'engager sur une voie de décélération. Un rond point plus tard, la voiture roule en direction d'un petit patelin que tu n'aurais jamais visité dans une certaine invitation à dîner. L'audi avale les derniers mètres qui la distance d'une maison charmante et... pas assez étrangère à ton goût. Tu ralentis, le véhicule obtempère et se laisse glisser jusqu'à s'arrêter devant la boite aux lettres que tu avais si désespérément molesté. Tu tires le frein à main après être passé au point-mort.  Éteins les essuie-glaces et coupes le moteur. Sans un mot, tu déclipes ta ceinture pour te pencher du côté passager. Et tu prends le soin d'éviter de frôler de trop près les jambes de ta patiente non seulement pour ne pas lui nuire mais, en plus pour éviter au pauvre mâle que tu étais, de craquer sous l'appel de la chair. Tes doigts glisses sous la boite à gant pour en tirer le levier, ouvrant ainsi la gueule du coffret intégré. Tu en tires un morceau de papier, un crayon et te redresses. Tu griffonnes dessus sans jeter un œil à l'ancienne Serpentard. Puis un claquement de langue irrité t'échappe ; le ping d''un nouveau message arque tes sourcils en un trait contrarié. Tu termines d'écrire, lui tend le papier et tire ton portable dans le même mouvement. « Mon numéro. » Lâches-tu en consultant ta messagerie. Rien d'urgent. Tu le ranges en tournant la tête vers Falvie. « T'as bien un fixe non ? » Sourire de circonstance, tu attends qu'elle s'empare du bout fibreux pour jeter un œil à ce qui se passe dehors ; il pleut toujours. Ta tête bascule contre l'appuie-tête. Tu fermes un instant les yeux et lâches un soupir.

Que faire maintenant ? Sortir de la voiture ? Ouvrir un parapluie ? Puis ouvrir sa portière en la protégeant du crachin féroce ? L'escorter jusqu'à sa porte ? Pire, la porter jusque là-bas ? Elle est pieds nus, certes. Ses vêtements risques d'être rendu transparents, certes. Ses bandages risque de prendre l'eau, certes. Mais, la distance à parcourir pour se mettre à l'abri est ridicule. Tant à déjà assez fait comme ça, non ? Tes paupières se ré-ouvrent, ta tête se redresse avant de s'incliner dans sa direction, les yeux glissant sur elle. Tu indiques sa maison en levant brièvement le menton. Sans rien pour fleurir sur tes lèvres, tu demandes.

« Tu vas réussir à te débrouiller sans moi ? »






huuuuhu ♥
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Mer 25 Juin - 21:12


Il était à nouveau replongé dans ses pensées, et son « J'apprécie ta sollicitude » sec et aride t'apprenait assurément qu'elles n'étaient pas douces et pavées de pétales de rose. Laissant couler une fois de plus, tu hausses les épaules et te détourne vers la route, regardant les rues défiler, devenant de plus en plus connues jusqu'à être familières. La voiture longeait des trottoirs que tu avais foulé jours après jours, armée d'un parapluie, d'une baguette de pain ou plus souvent, d'une épaisse liasse de papiers provenant de la presse ou encore le bureau d'édition, te refilant du boulot parce que tu savais le traiter vite et bien – et pour cause, tu n'avais que ça à faire de tes journées. Il te fallait un travail intellectuel, et écrire parvenait à te satisfaire assez pour que tu en redemandes ; tu ne pourrais jamais être le type de femme au foyer qui se satisfait de sa vie en briquant le parquet et regardant la télé le reste de la journée.

La voiture se gare coule enfin devant la maison et s'y arrête sans un ronflement, alors qu'un mouvement de son conducteur te fait tourner la tête. Sans un mot ni un regard, il glisse ses doigts contre l'ouverture de la boite à gants et en extirpe un bout de papier, y griffonnant son numéro. Tu ne réagis pas, songeant qu'avec une telle fin de parcours, tu ne risques pas de le rappeler rapidement. Ou même de le rappeler tout court. Il te tend le bout de feuille et tu y jetes un œil distrait pour t'assurer de pouvoir le relire – réflexe de journaliste – avant de le fourrer dans la poche du haut que tu portes. Tu réfléchiras à ce que tu feras de ça plus tard, une fois chez toi par exemple.

« T'as bien un fixe non ? »

Tu l'observes d'un regard en coin rapide, toisant le sourire conciliant qu'il semble forcé d'arborer. Soudainement, tu ressens l'urgence de dégager d'ici au plus vite, avant que tout dégénère, avant que cette bipolarité accentuée ne fasse déborder le vase de ta tolérance rapidement rempli. Oh, toute la journée avait été fantastique. Tu avais profité de chaque seconde, et même tes conneries, même les regards froids, même les répliques un peu acerbes n'étaient rien face à ça. Cette proximité qu'il avait engagé et qu'il semblait regretter à présent. Tu pouvais te leurrer complètement, c'était fort possible, mais il passait des provocations au silence radio, comme ça, sans raison valable. S'était-il encore monté la tête pour un mot ou deux qu'il avait décidé d'interpréter dans le mauvais sens ? Toi, la verte, habituée à tout obtenir vite et bien, ne pouvait supporter le fait qu'il te donne puis te reprenne sans raison valable ce peu d'attention que tu ne pensais jamais récupérer.

Tu te tournes donc, débouclant ta ceinture d'une main, ouvrant la porte de l'autre, et faisant face à la pluie crépitant sur le macadam encore chaud, tu l'entends camoufler ses derniers scrupules. « Tu vas réussir à te débrouiller sans moi ? » Un pied après l'autre, tu rejoins la route humide, appréciant la sensation de chaleur et d'humidité mêlée contre ta peau. Des perles translucides commencent déjà à perler le long de tes cheveux lorsque tu te retournes, un sourire relevant les commissures de tes lèvres. « Évidemment. » Tu n'es pas assez frustrée pour lui rappeler que cela faisait sept ans que tu vivais sans lui, et que tu n'étais pas morte une seule fois pendant cette période. Son absence de sourire t'empêchait de rajouter quoi que ce soit d'autre de plus tendre ou de moins... Hostile. Il ne savait pas sur quel pied danser et tu ne pouvais pas le savoir pour lui. « Merci. » La portière claqua alors que tu n'avais pas encore refermé la bouche.

En théorie, tout aurait du se passer comme ça avait commencé. Il t'aurait taquiné pendant le trajet, sans se risquer mais en restant dans son style habituel. Tu aurais fait de même, le cherchant, le provoquant, tentant de repousser ses limites, tâtonnant pour déterminer la frontière jusqu'à laquelle tu pouvais aller. Une fois la voiture garée, tu aurais fait mime d'hésiter à descendre, ou tu te serais plaint des brûlures sur tes jambes. Il aurait évoqué un tas de possibilités, tu aurais insisté, et au moment où il aurait ouvert sa porte, faussement excédé pour te dégager de sa caisse, tu aurais bondi du siège passager pour caracoler comme un jeune poulain, hors de portée, le saluant d'un sourire narquois. Son retour, tristement calme comparé à l'aller, l'aurait fait réfléchir à ton sujet. Peut-être même l'aurais-tu appelé le soir même, vers deux heures du matin, pour lui demander dans quel sens tourner le bouchon de biafine, ou si les bandages se roulaient dans le sens horaire ou antihoraire. La suite aurait coulé d'elle même.
Mais ce n'était pas aussi simple, dans le monde réel.

Lui tournant le dos, le sac glissé sur un bras, tu fis face à la porte de la maison et remontai l'allée en quelques foulées, intérieurement ravie d'avoir laissé tes talons agoniser dans l'eau de la salle de bain. Que tu avais d'ailleurs laissé en état, priant pour qu'une nana de l'entretien s'occupe de tout éponger avant qu'il revienne. Tu n'avais aucun problème de conscience à foutre un bordel monstre ailleurs que chez toi, mais là c'était différent. Autant laisser autre chose que la preuve d'avoir été un pur ouragan débarquant dans sa vie, renversant tout son son passage, café, médicaments, habits et certitudes ancrées depuis sept ans. Un tour de clé et tu ouvris la porte avant de te glisser à l'abri de la pluie, pivotant pour observer une dernière fois la voiture aux vitres teintées, voilant le visage du brun. Ignorant si il te regardait ou pas et prenant le parti d'affirmer qu'il le ferait, calé à l'abri de ton regard, tu levai la main pour lui faire un signe d'adieu, lui offrant un dernier sourire dénué d'acidité avant de disparaître derrière le panneau d'ébène.

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Mer 9 Juil - 20:28



I didn't run away this time

Falvie ▬ Upsilon




On aurait pu rêver plus joyeux comme arrivée. Des trompettes et des tambours. Un compte à rebours même, pourquoi pas. Une foule amassée sur le trottoir, camouflée derrière un toit de parapluie noir, se tenant derrière des plots sculptés d'or et d'argent, reliés par un cordon épais et rouge ; ligne à ne pas franchir. Des flashs aussi, bonne idée. Des cris et des applaudissements. Un arrêt en douceur exécuté par le conducteur du véhicule et une portière qui s'ouvre de l'extérieur, invitant les passagers à poser le pied sur un tapis de velours aux couleurs chaudes. Oui, effectivement, c'était pas mal poussé. Et rêver d'une telle chose t'étais neurologiquement impossible. Y avait aucun ingrédients permettant d'aboutir à ce résultat. Une part de toi s'infligeait une douleur cognitive pour avoir eu la bêtise de plomber l'ambiance. Ou du moins, pour n'avoir rien fait afin l'égayer un peu. Une autre part, celle de la raison sans doute, s'en retrouvait au contraire satisfaite. C'est bien ; tu sais où est ta place. Tu sais où est la sienne. Tu connais l'écart et tu dois le maintenir.

Ce qui est franchement gagné au vu de ton engouement à lui donner ton numéro de téléphone. Enfin, quoique. T'étais pas un gamin surexcité qui prierait le ciel devant son portable en attendant l'appel divin. Et voilà. Une énième fois, tu ballottais entre deux comportements. Deux façons de penser. Le pire, c'est que t'en es parfaitement conscient mais, impossible de favoriser un côté ou l'autre de la balance. Tu fatigues. Tu te fatigues. Sans doute qu'elle aussi, tu la fatigues. A peine a-t-elle ranger le papier que tu lui tendait que ses gestes te sembles subitement précipités Quelle classe. Voilà que ta personne devenait indésirable et étouffante à l'instar de l'aura qui émanait du patron que incarnais à l'hôpital. Intimidant, irritable et irritant. Croiser ta route dans tes jours sombres n'étaient pas ce qu'il y avait de plus sage à faire. Et le même schéma se redessine aujourd'hui. Oh pauvre, pauvre petit Gryffon. Abandonné de tous. Fui de tous. Ben ouai mais, tu penses y être un peu pour quelque chose ?

« Évidemment. »


Et tu ne parviens même pas à répondre à son sourire. La voilà, l'arrivée que tu attendais. Que tu espérais sans vouloir te l'avouer. T'attendais que ça ; qu'elle hésite à ouvrir sa portière, éprise d'un soudain malaise pour X raison, nécessitant la présence d'un médecin. Qu'elle te force la main sans vraiment le faire. Parce que t'en avais foutrement envie. Et que ta conscience hurlait le contraire pour te maintenir dans un équilibre devenu de plus en plus instable. Qu'elle t'invite. Et tu serais descendu de la ta caisse pour l'aider à gravir les marches. Pour l'aider à ouvrir sa porte. Pour l'aider à s’installer sur son putain de canapé. C'est triste heen. De ne plus savoir ce qu'on veut. Heureusement qu'elle est là pour te claquer la portière au nez après un remerciement haché. Pour te faire revenir dans la réalité. Pour te sonner. Elle s'éloigne mais, tu ne la vois pas. T'es encore sous le coup. Sous le choc d'avoir eu la bêtise d'espérer un truc aussi impensable qu'une invitation. T'avais horreur de cette baraque. A juste titre cela, dit. Mais, t'étais prêt à faire une concession. Elle a choisit pour toi, mettant un terme à ton rêve désuet. Et tant mieux. Il faut que tu t'ancres bien ça dans le crâne. Aujourd'hui, t'en as assez fait. Retourne à ta vie, Ash.

Tu te secoues. C'est bien. Clignant des yeux pour t'attarder sur tes clés. Tu les tournes et remets le moteur en marche. Un bras allongé sur ton volant, tu penches vers celui-ci et clos les paupières. Soupirer te fais du bien. Mais, t'as également l'impression de t'apitoyer sur ton sort. Chose que te réfute en te redressant subitement. C'est un litige mais, voilà que ta tête pivote en direction de sa porte d'entrée. Pile au moment où elle te fait signe. Refusant à éprouver le moindre sentiment, tu te détournes quand sa silhouette disparaît et t'engages de nouveau sur la route. Le chemin se fait dans un calme étrange. Le manque de sa présence te pèses et tu allumes l'auto-radio pour combler le vide. Qu'importe la musique, rap, classique, hard rock, pourvu qu'elle emplisse tes oreilles et écrase le silence de l'habitacle. Ah. Du Fado. D'accord, pourquoi pas.

Tu bifurques à gauche après une vingtaine de minutes, t'engageant dans le sous sol de l'hôpital. Tu exécute ta manœuvre de manière totalement hasardeuse. T'as pas envie, ni la patience de la prendre alors tu te gares de travers, empiétant sur deux places à la fois. Tant pis. Tu t'en fous. Personne ne dira rien au bosse de toute façon. Bah. Tu coupes le moteur et tu laisses t'enfoncer dans ton siège, basculant la tête contre l'appuie. Mais, tu t'éveilles aussitôt encore une fois certain que tu t'apparentais à un quelconque martyr. Te redressant, tu récupères tes clés et enroules tes doigts sur la barrette de la  portière. Mais, au moment de l'ouvrir, tu as le réflexe de jeter un œil à ton siège passager. Tes yeux descendent, épousant la courbe du corps disparu. Et tes pupilles finissent sur le tapis... où trône un carnet. Que tu ne reconnais pas. Et la logique semble toute simple. Tes lèvres frémissent à mesure qu'un sentiment de contentement se creuse dans ta poitrine. Tu roules des yeux, lâche un soupire mi amusé, mi excédé et tu te penches pour le ramasser.

Le livret, taillé dans un cuir marron, semble vieux et usé mais, pas complètement foutu. Quelques pages ou morceaux de pages dépassent, peut-être des posts-it. Tu l'ouvres, effleures du bout des doigts les feuilles imprimées de différentes encres. C'est drôle, après sept ans, tu reconnais son écriture. Levant le nez vers le toit de ta voiture, tu clos le carnet d'une main et te hisses hors du véhicule, claques la portière et verrouilles l'audi. D'un pas étrangement tranquille tu t'engouffres dans l'ascenseur. Quand les portes se referment, tu relèves la tête, affichant une expression de satisfaction agrémentée d'un sourire lourd de sens.






rrrrrhhh ♥
By pandora

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Ven 11 Juil - 4:21


T'avais été dure. Peut-être un peu trop. Mais la porte était claquée, et c'était trop tard pour faire machine arrière à présent ; ses changements d'humeur avaient de toute façon, beaucoup trop influencé la tienne pour que tu puisses avoir assez de recul pour calmer le jeu qui se menait à l'intérieur de ton crâne. Un coup souriant, la seconde d'après amer, il t'avait tout simplement excédé, et au final, c'était une bonne chose que tu aies pu sortir aussi vite. Encore dix minutes de ce régime et tu aurais bondi à la prochaine rebiffade pour lui demander quel était son problème. Souci de conscience ? Qu'il la piétine ! Ou qu'il se barre, s'il désirait garder ses distances. Comme tu avais pu le souligner, c'était son souci. Tu en étais à l'origine, mais tu ne pouvais pas le résoudre à sa place.

D'une main, tu remets en place les mèches humides qui gênent ta vision et tu finis par éponger ta tignasse dégoulinante, qui n'a d'ailleurs jamais été aussi longue. Tes pieds nus produisent un étrange bruit de succion sur le carrelage, son qui s’estompe lorsque tu entres dans le living-room en faux parquet. La maison est silencieuse, déserte comme la plupart du temps, et les mots de Derek te reviennent en mémoire, alors que ton esprit est actuellement focalisé sur l'autre brun de ta vie. « On devrait prendre un chien » Oh ouais, Derek était un mec à chiens. T'étais certaine qu'il adorerait avoir un berger quelconque pour faire de longues balades et partir pique-niquer avec toi dans les bois ou en montagne, en bon vieux cliché élimé. T'avais toujours réussi à esquiver la chose. Les bestioles n'avaient jamais été ton truc. T'avais pas assez de tendresse pour un truc en plus.

Tu largues ton sac par terre alors que tu t'écroules dans le canapé juste à côté, réprimant un miaulement de douleur, surprise par la vrille qui t'a tordu la chair des cuisses le temps où tes muscles sollicitaient ces dernières. Une grimace en guise de moue, tu masses les jambes endolories reposant sur les coussins beiges, les yeux perdus sur l'étendue du plafond. Sacrée journée. Ton tailleur et tes talons se gonflent d'eau dans la salle de bain du patron, alors que le cappuccino qu'il t'avait tendu continuait d’imbiber son superbe tapis et même le parquet en dessous. Autant dire que tu avais marqué ton passage. Fallait avouer que c'était bien dans ton style.

Tu tends la main, attrapant ton sac pour t'attirer vers toi, et du bout des doigts tu explores la poche principale pour trouver ton carnet que tu finis par ramener à hauteur des yeux. Par miracle épargné par le café brûlant, il est un peu froissé mais ton écriture s'y aligne toujours, régulière et caractéristique de l'élève qui a tenu une plume pendant sa scolarité. Tu chasses les pages pour arriver aux dernières, celles concernant l'interview de Monsieur Ash. Si au début tout y est bien noté, les points important à l'écart, distinct du reste et les informations plus banales alignées horizontalement, chaque ligne se délite de plus en plus face à la précédente, pour qu'au final les vingt dernières ne soient que des gribouillis mimiquant ta façon d'écrire. Un soupir t'échappe et tu balances le carnet. Bravo Hollyn.

Tu connais très bien la cause d'un tel manque de professionnalisme ; seul Ash parvient à t'arracher aux sphères du boulot où tu es ancrée. C'est comme à Poudlard, il était bien le seul pour qui tu avais laissé en plan un devoir en cours. L'histoire se répétait, mais les détails étaient différents. Heureusement, il te reste ton microphone pour rédiger l'article, et encore, ta mémoire à court terme est excellente. Tu utilises toujours ces gadgets « au cas-où ». Il suffit d'une crise impromptue et deux semaines partent en fumée, les interview avec. Autant garder une trace de ce qu'il s'était passé. Tu replonges dans tes pensées, un bras ballant, l'autre sur tes jambes douloureuses, profitant du fait que le temps t'appartient. Tu peux rester allonger ici jusqu'au lendemain, personne ne viendra te bouger de là.
Et pour une fois, ça te dérange un peu.

Tu ignores combien de temps s'est écoulé pendant ta période d'inertie, mais tu finis par te redresser, chopant au passage ton microphone puis ton carnet. Il est temps de bouger, et de rédiger ne serait-ce qu'un brouillon pour le papier que tu dois rendre le lendemain, et éviter de s'attarder sur le cas d'Upsilon. Un bon bain t'aide en général, quels que soient tes besoins du moment. Détente, réflexion, décision difficile, mauvaise humeur, sale journée à digérer, article à préparer, recherche d'idées... L'eau est salvatrice, et ta baignoire est le fantasme de toute nana. Un grand rectangle de céramique avec beaucoup d'espace sur les côtés pour y poser tout un barda, un distributeur de sels de bain ou de mousse, et ô, miracle, un appui tête réglable pour bosser ou larver sans se noyer. Encore mieux qu'un lit douillet.

La tenue d'infirmière glisse le long de ton corps et s'échoue à terre alors que les robinets déversent une eau brûlante, mousseuse et parfumée au muguet. On se croirait dans un film pour nana, mais tes bandages rappellent bien vite qu'il n'en est rien. Assise sur le rebord, le carnet posé à côté de toi, portable et microphone non loin, tu observes le frein à ta délivrance, avant de finalement céder à l'envie primaire d'être tout simplement propre et au chaud. Glissant donc dans l'eau tout en maintenant tes jambes au sec, tu sens tes muscles se crisper puis se dénouer en cœur, t'arrachant un soupir d'extase. Qui avait besoin d'un mec quand on avait une baignoire de reine ?

Tu fermes les yeux et profites impunément de ce sentiment de bien-être dans lequel tu baignes, puis finalement le reste de tes jambes entre en contact avec l'eau, et tu peux enfin t'étirer comme un chat comblé, ta crinière tournoyant autour de toi comme un voile opalescent. Tu étais bien. Vraiment et indubitablement bien. Ronronnant de plaisir, tu cherches à l'aveugle le microphone à piles et presses le bouton play alors que ta voix, puis celle d'Upsi emplit la salle de bain carrelée. Son timbre grave en deviendrait presque une berceuse, et avec la chaleur, tu as toutes les peines du monde à rester à la surface de ta conscience et ne pas t'endormir. Finalement, quelque chose de beaucoup plus concret te réveille en sursaut :la douleur.

Il a fallu un certain temps pour que l'eau pénètre les bandages, puis dilue l'épaisse couche de biafine étalée sur tes plaies, te laissant de longues minutes de répit, créant là l'un des plus vicieux pièges imaginables. Si la douleur t'avait frappé aussitôt l'eau touchant tes blessures, tu aurais bondi hors du bain immédiatement. Mais là, c'était plus insidieux et plus progressif ; ton corps entier était engourdi, et le temps que tu réalises, il était trop tard. Tu commençais à souffrir, et tes jambes affaiblies n'avaient plus la force de te porter hors de la soupe vorace et mousseuse.

Sottement, tu avais imaginé que l'eau calmerait le feu des brûlures, comme celles qui se jettent sous une douche glacée après un coup de soleil carabiné ; au final, la peau saine est gelée et les parties lésées n'en sont que peu ou pas affectées. C'était la même chose, mis à part que ton bain était brûlant, et qu'il ne s'agissait pas d'un coup de soleil, mais d'une lésion de l'épiderme au second degré. Si pour l'instant, ça picotait, tu ne pouvais qu'imaginer ce qui allait suivre dans les minutes à venir, et honnêtement... Tu flippais comme une mauviette. Redressée en sursaut et serrant les dents, tu tentes de t'extirper de la baignoire sans le moindre succès ; les bords larges ne permettent aucune prise, et il n'y a rien pour te hisser ou t'accrocher. Peu à peu, la panique t'envahit alors que tu réalises que tu es seule chez toi, sans aucune aide extérieure, et que Derek est encore en garde à l’hôpital pendant treize à quatorze heures.

Tes doigts se pressent contre les bandages gonflés par l'eau, et la pression t'arrache une série de frissons. L'ironie, c'est que tu ne peux même pas mettre tes jambes hors de portée ; les brûlures les plus graves sont localisées sur tes cuisses et au-dessus du genou. Petit à petit, chaque nerf semble s'enflammer et c'est dans un mouvement désespéré que tu ôtes le bouchon pour faire partir l'eau dans les canalisations. Il suffira d'attendre que l'eau s'évapore, puis tu allais prendre appui sur le rebord et endurer les souffrances et.... Et tu rêves, ma pauvre fille, car l'eau se retire et c'est presque pire, tes jambes en sont si crispées que tu ne peux même plus dire ce qui est mieux entre l'un et l'autre. D'un mouvement brusque, tu arraches tes bandages, peut-être parce que tu as l'impression de pouvoir faire quelque chose, d'améliorer ta condition mais c'est peine perdue. Et tu te sens tellement conne, tu as tellement honte d'être encore une fois démunie, dépassée par les événements que tu n'as qu'une envie, c'est d'écraser tes poings contre la céramique si fort que le choc t'en ferait perdre conscience.
La douleur pulse à chaque battement de cœur.
Mal, mal, mal, mal, mal, mal, mal.

En désespoir de cause, tu fais couler de l'eau glacée et y trempe le reste de tes pansements pour les appliquer sur les plaies, mais le contact te secoue le corps entier en un frisson explicite : pas toucher. Tu te hais. Monstrueusement. Mais tant pis pour ta fierté lésée, il te faut appeler à l'aide, maintenant avant qu'il ne soit trop tard. Tu ris de l'inconscience, mais le choc pourrait bien t'y emmener de force, et laissée seule dans un tel état jusqu'au retour de Derek ne présage rien de bon pour la rémission de tes jambes. Pire même, l'infection menace, et les mots ''nécrose'' et ''amputation'' tournoient dans ta tête. Tu fais sans doute une montagne d'un rien. Tu dramatises. Mais quand on a mal, tout semble amplifié et plus grave.

Tu tends le bras pour choper le téléphone portable du boulot que, par miracle, tu gardais sur toi au cas-où le boss t’appellerait, et compose le numéro de Derek par automatisme, mais t'arrête avant d'appuyer sur la touche appel. S'il débarque et te voit dans un tel état, non seulement il prendra un bon mois de congé jusqu'à ta rémission, mais pire, il te forcera clairement à rester alitée. Et ça... Ça te rendra cinglée. La preuve, même blessée tu caracoles encore, jouant à la princesse insensible aux balles. Ben tiens. Dans ta face. Tes lèvres se tordent et tu réprimes des hurlements d'outre-tombe, alors que tes yeux se posent sur le papier chiffonné où upsi a inscrit son numéro, encastré dans la house du portable. L'appeler, ne pas l'appeler ? Tout te l'interdisait. Son comportement. Ce qu'il venait de se passer. Ce qu'il avait fait pour toi. La logique même ! Tu ne devais pas. Tu ne pouvais pas. C'était par pur respect qu'il fallait le laisser se reposer en paix, et tout digérer. Loin de toi. Loin de tes sollicitations. Pourtant, tes doigts composent quand même le numéro.

La tonalité te laisse insensible alors que sa voix, portée par le microphone, t'embarque ailleurs, loin de ce monde où tu es un véritable boulet. « Oui ? » Tu sursautes, prise à dépourvu, et appuie par réflexe sur la touche fin d'appel. Non. Tu ne peux pas faire ça. Tu ne peux pas l'appeler à l'aide. Et pourtant... Bordel, t'as tellement de numéros encastrés là, dans ta tête ! Derek, les pompiers de la ville, les ambulances, même l’accueil de l’hôpital ! Ils pouvaient tous t'aider, l'un d'eux était même toujours là pour ça, et les autres parce que c'était leur boulot. Mais non. Toi tu voulais plus. Tu voulais l'inaccessible. A croire que tu ne cherchais qu'à saborder tes chances de le récupérer un jour. Tu allais le dégoûter de toi jusqu'à ce qu'il se barre, ou qu'il te repousse avec tout le mépris que tu méritais.

Ton cou se loge contre l'appui-tête alors que tu ravales un glapissement lorsque tes muscles se tendent pendant la fraction de seconde où ton dos s'étend. Tu ne peux pas rester comme ça. Pour l'instant la souffrance est supportable, mais ce n'est que le début, parce que l'eau est encore présente et la crème pas entièrement partie. Mais quand ta peau sera sèche, tu finiras par hurler si fort que les urgences à l'autre bout de la ville rappliqueront d'elles-même. Le regard plongé sur l'antiquité que tu tiens entre les mains, tu finis par refaire le même numéro, toujours dans cet état de transe acquise, mise en place par ton organisme en devinant la merde qui se prépare. Et tu écrases le bouton d'appel.

« Qu- »
« J'ai cru que tu m'avais filé un faux numéro. » Ta voix est atone, mais si tu ne parviens pas à la faire plus joyeuse ou insouciante, elle a le mérite de ne pas retransmettre ta douleur. Enfin pas trop. Tu déglutis difficilement. Allez. Tu peux le faire. Après tout, il t'as filé son numéro si il y avait un souci. C'était fait exprès. Il avait dit qu'il préférait que tu le contactes. Il t'avait tendu des perches. Il fallait qu'il assume ses paroles, pas vrai ? Il fallait qu'il assume. Il fallait qu'il assume. Il allait assumer. Il... « Si je tombe et que j'arrive pas à me relever, tu peux m'envoyer un infirmier à domicile dis ? » … Il était certainement moins lâche que toi. Tu baisses doucement la tête, les épaules tressaillant de plus en plus alors que le froid commençait à te vriller la chair. L'eau était partie, tu étais nue comme un ver, et des frissons glissaient contre ta chair et te parcourant des pieds à la clavicule, mécanisme du corps pour te réchauffer. Et bientôt suivrait l'inévitable claquement de dents. « ... Ou une infirmière ? » Putain, t'es pitoyable Falvie.

Ta mâchoire tremble, un rictus sans joie tord tes lèvres, presque douloureusement. C'est un sourire réflexe. Le « Ne t'en fais pas » que personne ne voit jamais, puisqu'il précède les derniers symptômes de détresse, dont les larmes en font partie. Mais tu ne pleures pas. Tu frissonnes comme une épileptique et les muscles de ta mâchoire inférieure se contractent à un rythme aussi rapide que régulier. Claquement de dents. Sauf que tu gardes la bouche ouverte pour éviter ce fâcheux bruit loin des écoutilles de l'appareil. « Laisse tomber. » Au final, t'étais trop lâche pour admettre que t'avais besoin de lui. « Je meublais juste. » Ou trop fière pour accepter son aide. « C'était ridicule. » Ou trop bête pour réaliser que tu en avais besoin. « Bye. » … Ou trop attachée à lui pour risquer de le perdre en le sollicitant trop.


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Ven 1 Aoû - 1:25



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Voilà une journée que tu n'es malheureusement pas prêt d'oublier... Oh... malheureusement, t'en es bien sûr ? Ton tapis est foutu et ton parquet n'en mène certainement pas large non plus, certes. Ta salle de bain est inondée, l'eau doit avoir infiltrée le couloir. Et te voilà avec un rendez-vous annulé que tu vas devoir rattraper, sans parler de la paperasse accumulée durant ta petite escapade qui avait l'air tout sauf romantique. Ouai, journée de merde. Journée d'embrouilles. Mais allez... tu ne peux pas nier avoir apprécié – plus qu'apprécié même – la venue de Falvie. Dérouté, tu l'avais été lorsqu'elle avait franchit la porte de ton bureau. Munie du nécessaire à tout bon journaliste, tu n'avais pas douter un instant de la raison de sa présence. Et au passage tu avais maudit tes secrétaires pour ne pas t'avoir plus informé. Quoique, c'était peut-être toi qui refusais de t'attarder sur le sujet ; une interview, et puis quoi encore ? T'avais déjà suffisamment de boulot comme ça... même si t'avais pris la décision de quitter l'hôpital pour la ramener mais ça, c'était encore autre chose.

Et puis, petit à petit tu as abandonné tous les rituels de médisance pour te prêter au jeu. Tolérant... non, acceptant plutôt, avec une joie incongrue la présence de ton ex. Ici. Dans ton hôpital. Une ex qui ne t'inspirait que dégoût et déchet social mais, que tu n'as pas – jamais – réussi à oublier. Quoique tu ais bien pu te dire. Ancrer slaves de reproches et de haine à son égard n'aura pas suffit à te libérer de son … emprise... même après sept pas. Comme quoi, tes sentiments pour elle débordaient d'une telle sincérité, bien trop pure et pas assez méfiante. Et cela avait certainement dû peser lourd dans ta demande, ce soir là. T'étais sûr de toi. Sûr de vous. Hélas, l'Icare incarné que tu étais s'est brûlé bien plus que les ailes.

La vengeance ; tu l'avais voulu douce mais foudroyante, à l'image même du choc, du séisme, qu'avait été son retour dans ta vie. Les barrages de la rancœur avaient cédé, déversant un contenu acerbe, pesant, mais que tu jugeais juste selon le moment, sur cette belle petite famille. Mais une fois la coupe vidée, que restait-il ? Pas grand chose, sinon rien. Une immense sensation de vide. Et tu n'as éprouvé aucun sentiment de satisfaction. Loin de là. C'en était autant frustrant que désespérant. Mais, oublier n'était pas la solution. La chose semblait si facile à accomplir sur le plan théorique. Un sort, un geste, une nouvelle vie. Mais la pratique, engluée dans une mélasse de sentiments contradictoires, s'avérait beaucoup plus difficile à réaliser. Faiblesse ou volonté de combattre ? Quelle a été la raison de ce revirement de baguette ? On ne se voile pas la face, Ash ; la première, évidemment.
Et un jour viendra peut-être, où tu béniras cette faiblesse.
Ou peut-être pas.  

L'apesanteur t'emportes, imprégnant ton corps d'une vingtaine de kilos supplémentaires. Le visage tourné vers les portes, tu laisses tes doigts explorer de manière distraite la couverture en cuire souple recouvrant l'ouvrage délaissé par Falvie. Tes épaules se redressent en un mouvement lent, emplit de l'impétuosité du patron. Un patron triomphant au sourire transparent. L'ascension physique que ton corps subit est aussi légère que ce sentiment de bien être, de fierté qui t'envahit l'espace d'une seconde. Celui d'avoir accomplit une bonne action ou quelque chose de semblable. Car malgré la tension pensante et les reflux d'un passé tout juste cicatrisé, la perspective d'à nouveau voir la journaliste t'enchante plus que de raison. Ben ouai. Tu l'as ton ticket de visite. Tu l'as au creux de tes paumes, sous une couche de cuire écaillée. Et tu en prendras soin. Mais ça, ça restera secret.

S'il est difficile pour elle de te cerner et de subir tes petites sautes d'humeur ; celles qui passent par tes sourires réservés et l'instant d'après par tes regards froids, ce que tu traverses n'en est pas moins moins embrouillé. Tu te tirailles, vacilles, cherches un point d'ancrage, une idée, une résolution. Une raison. Tu te persuades de quelque chose mais tu finis par l'ignorer au final. Ouai, tu joues avec le feu. Mais, cette fois, tu connais les risques. Elle t'as brûlé une fois, elle ne recommencera pas. Pas sans que tu  ne le vois venir. Pas sans que tu ne lui donnes la possibilité de le faire. Tâter le terrain c'est bien. Mais à trop vouloir le faire, tu risques de te perdre. Tu fais un pas en avant. Deux en arrière. Qui sait combien de temps Falvie va pouvoir te suivre ? Et combien de temps tu mettras pour trouver enfin le bon tempo ? Non, Ash, tu n'as pas toute la vie devant toi. Et dépêches toi, sinon la tienne risque bien de t'échapper.

Le tintement final de l'ascenseur précède l'ouverture coulissante des portes. Tu ne t'attardes pas et franchis le seuil de la bête mécanique pour traverser un couloir impeccable. Tu le constates sans grand étonnement, connaissant suffisamment tes employés pour savoir qui est passé par là et qui a fait quoi. Et laisser le couloir du patron en pataugeoire glissante n'était pas le meilleur moyen pour avoir une promotion. C'est donc sans le clapotis de l'eau que tu traverses le couloir, t'arrêtant un instant à l'entrée de la salle de bain. Tu en ouvres la porte avant de t'y glisser. L'endroit est clean mais, le seul détail qui attire ton attention, c'est cette paire d'escarpins abandonné dans un coin. Et la  pile de vêtements trempés prônant sur la tringle te tire un mouvement de tête désapprobateur. L'agent chargé de l'entretient des locaux aura bien dû se demander ce que foutait ces fringues et ces chaussures ici. L'équation est tellement simple - des vêtements de femmes abandonnés voulait certainement dire qu'une nana se trimbalait à poils à l'étage du patron – que t'allais presque devoir publier un démenti sur les rumeurs à venir. Ouai, presque.

Tu t'avances pour rassembler le tout. Les tissus dégoulinent encore et maculent tes propres fringues à peine secs. De toute façon, y a pas mieux comme endroit pour chopper un rhume. Et tu vois d'ici la marrée d'infirmières voulant consoler et soigner le grand patron. Sauf que la seule infirmière qui se dessine sous tes yeux porte une crinière rose. Parce que t'es sérieusement atteins. Et que, pendant une fraction de seconde, tu penses que la tenue que tu lui as donné tout à l'heure lui allait à merveille. Tu cales finalement le tout dans tes bras et ressors afin de rejoindre ton bureau. La tâche de cappuccino trône toujours sur ton tapis et elle attire immédiatement ton regard. Tu te laisses dériver un moment, plongeant et repassant dans ta tête la scène s'étant produite ici quelques heures plus tôt. Tu décharges tes bras sur une chaise et sors finalement de ta trans pour partir t'installer derrière le meuble de bois verni. Le téléphone t'indique quelques appels manqués et de nombreux messages. Avec un soupir, tu décroches et contactes l'une de tes secrétaires. Boulot, boulot.



Tu pensais avoir un ticket de visite. En réalité tu en as un peu plus. Deux chaussures. Un tailleur et une jupe. Et tu peux décider de les lui rendre au compte goutte, augmentant ainsi le nombre de fois où tu lui imposeras ta présence. Le carnet, en revanche, garde une place un peu plus particulière. Glissé dans l'un des tiroirs de ton bureau, tu prends le risque de le garder plus longtemps que le reste. Sait-on jamais, tu pourrais toi même en avoir besoin. Plus que sa propriétaire. Tes pensées la concernant ont eu du mal à s'évaporer. C'est en te faisant plus ou moins violence et en décrochant ton regard de la pile de ses fringues que tu es parvenu à te remettre au travail. Concentré depuis plus d'une heure maintenant, tu n'entends qu'à peine le toc à ta porte. Tu lâches un « Entrez. » distrait par ta paperasse. C'est une brune qui pénètre dans ton bureau. Vêtue d'une blouse, elle fait partie des médecins travaillant ici. « Monsieur Ash, j'aurais besoin de votre accord pour pratiquer un examen. » Tu ne relèves pas la tête et termines l'une de tes nombreuses lectures à rattraper. « J'écoute. » Elle se lance dans un récit aux termes médicaux mais, la sonnerie de ton portable la coupe dans son élan.

Tu te redresses, attrapes ton téléphone sans t'excuser et jettes un œil au numéro affiché. Numéro que tu ne reconnais pas. Avec méfiance, tu décroches. « Oui ? » Clac. La tonalité de l'absence est la seule à te répondre. Tu reposes ton portable sur le bureau, lorgnant dessus avec perplexité. Et puis, une vague d'agacement te submerge également lorsque la toubib face à toi te presse à l'aide de sa voix chevrotante. Tu n'aimes qu'on te dérange pendant ton travail. Et c'est encore pire lorsque tu as pris du retard. T'as pas le temps pour les blagues téléphoniques. La seconde sonnerie te fait réagir au quart de tour ; tu attrapes avec irritation le papier que le médecin te tend et dans le même mouvement, tu presses le bouton pour prendre l'appel. « Qu- » « J'ai cru que tu m'avais filé un faux numéro. » Et tu suspends ton geste. Parce que tu reconnais cette voix. C'est drôle de voir avec quelle douceur tu changes d'attitude. Tes yeux parcourent la demande d'examen quand un sourire fleurit sur tes lèvres. « Tu me surestimes. » Si la voix de Falvie ne trahis aucune émotions, la tienne laisse clairement entendre ton sourire. Tu ravales de justesse toute phrase du type ''Déjà en manque ?'' et t'empresses de signer le papier. Tes années d'expériences t'ont apprit à faire plusieurs choses à la fois, et mener une conversation téléphonique tout en effectuant une tâche administrative en fait partie. Ravie de ton retour, la brune ne s'attarde pas et s’éclipse alors que le silence du combiné commence tout juste à t'intriguer.

« Hollyn ? »
« Si je tombe et que j'arrive pas à me relever, tu peux m'envoyer un infirmier à domicile dis ? »
Tes sourcils se froncent et tes lèvres décrivent une moue désenchantée. Le signal d'alarme commence tranquillement à s'allumer. Les verbes tomber et relever se répercutent dans ton crâne pour te laisser muet. « ... Ou une infirmière ? » Et même cette dernière phrase ne parvient pas à te sortir de ton mutisme. Pourtant, elle aurait toute les raisons de le faire ; c'était clairement ton genre de préférer lui envoyer une infirmière plutôt qu'un infirmier. On n'oublie pas ses vieux démons. Ses vieilles habitudes ou encore ses manies. Tes sens ne sont concentrés que sur la teneur de sa voix. Et malgré son effort pour camoufler sa détresse, tu l'entends. Ton silence demeure. Sans doute a-t-il été un frein à la raison de son appel. « Laisse tomber. » Visiblement oui. Et il te faut ses deux mots pour qu'enfin, tu retrouves l'usage de la parole. « Attends-...» « Je meublais juste. » « Falv-...» « C'était ridicule. » Elle te coupe. A chaque fois. Et cherche à fuir. Ta patience peine à tenir. « BORDEL TU VAS ME- » « Bye. » La fin de ta phrase reste en suspend et tu constates effaré, qu'elle t'as raccroché au nez.

Tu as alors le choix. Laisser tomber. Laisser tout tomber et lui renvoyer par la poste son carnet et ses affaires ou bien faire l'inverse et courir après les problèmes. Tu ne l'as pas vu depuis sept ans, mais tu estimes la connaître assez pour savoir que c'est pas son genre de téléphoner pour... pour simplement meubler. D'autant plus qu'elle sait pertinemment que t'as du boulot. Et que vous n'êtes pas assez proche pour qu'elle se permette de t'appeler uniquement pour t'emmerder en te faisant perdre ton temps. Il y a autre chose. Quelque chose que tu ressens comme un timide appel à l'aide. Ouai. Mais, si elle a un problème, elle n'a qu'à téléphoner à Derek. Ce qui entre en total contradiction avec les consignes que tu lui as donner. Sauf que tu viens à peine de la quitter et courir à son secours te semble carrément déplacé. Et un peu trop. Si tu y vas, tu passes pour quoi ? Pour un accroc ? Un chevalier ? Quoi ? Nan, le plus raisonnable, c'est encore de fourvoyer tes paroles et de biper le labrador pour qu'il rentre tout paniqué chez lui et prenne soin de la belle.
Ouai. Tu n'as qu'à dire que t'étais coincé, occupé. Quoique, t'as pas vraiment besoin de te justifier. Ça, c'est une bonne idée.

Ouai. Et c'est pour ça que tu lances un regard assassin à ton téléphone avant de presser le bouton de rappelle. Tu te lèves subitement de ton bureau pendant que la tonalité résonne à ton oreille. Elle disparaît au bout de la 3ème. « Tu vas me coûter cher en essence. » Et tu raccroches. Ta voix était sèche, résonnante presque comme un ordre. Tu quittes la pièce, emportant au passage ta veste, la pile de fringues et les escarpins laissés sur la chaise. Pas le carnet. Retour en arrière. Te voilà à nouveau en train de travers le couloir, emprunter l'ascenseur pour descendre au sous-sol. Par miracle pour tes nerfs, tu ne croises personne et entres dans ta voiture sans encombres. Tu largues le contenu de tes bras sur la baquette passager et composes le numéro de ta secrétaire. Démarrant le moteur et clippant ta ceinture, tu l'informes d'une nouvelle urgence qui impose ton absence à l'hôpital et raccroches rapidement. Le véhicule avale la pente avant de s'engager à nouveau dans la circulation.

Tu stationnes quelques minutes plus tard, éteignant phares et essuies glaces. Tu récupères les affaires posées sur la banquette et t’engouffres dehors, sous la pluie toujours battante. Tu as tout le temps de réfléchir à ce que tu faisais pendant le trajet. Mais, tu ne l'as pas fais. Encore des questions. Encore des hésitations. Encore des trucs qui allaient tourner en rond dans ta tête et mettre ta raison à dure épreuve. C'était une urgence, et tu venais là en tant que médecin, rien de plus. T'essayais au moins de t'en convaincre. Gravissant les marches, tu ne t'attardes pas devant la porte et pénètre dans la maison sans prendre la peine de toquer plus d'une fois. Tu doutais sincèrement de la capacité de Falvie à t'ouvrir si elle ne pouvait pas marcher. Tu claques la porte derrière toi, tamponnes tes semelles sur le tapis et jettes un œil à l'intérieur de la maison. Tout est resté tel que dans ton souvenir. Mais, pas le temps de méditer là-dessus, tu t'avances, déposes ton fardeau sur le canapé avant de chercher la propriétaire du regard. « Falvie ? » Aucune réponse. Tu fais le tour du rez-de-chaussé mais... personne. Ton regard se porte alors sur l'escalier. Tu décides de monter à l'étage et tires ton portable en même temps. Tu rappelles le dernier numéro composé et tend l'oreille pour percevoir la sonnerie attendu. Elle retentit derrière une porte que tu t'empresses de rejoindre et d'ouvrir à nouveau sans frapper.

Et tu te figes devant la scène qui te fait face. Assise dans la baignoire, Falvie te tourne le dos, le corps traversé par un tremblement qu'elle tente de calmer en se recroquevillant. Abandonnant ton téléphone sur une surface, tu fonds vers elle, le pas lourd. « J'y crois pas ! » De tes doigts, tu remontes tes manches. « Quelle idiote ! » Tu devines sans peine sa bêtise. « Je meublais juste, mon cul ouai. » Te voilà devant la baignoire et tu ne freines pas devant sa nudité. Tu te penches, attrapes ses bras pour les enrouler autour de ton cou. « C'est toi qu'es ridicule ! » Tu débites tes paroles sous le coup d'un agacement très prononcé. Ouai, toi aussi, tu sais meubler. L'un de tes bras passe sous ses genoux, l'autre enroule sa taille pour que tu puisses la hisser hors de la baignoire. « Tu pouvais pas rester tranquille ? » Elle est morte de froid et tu continues à râler après elle, rappelant que tu lui avais demandé si elle s'en sortirait sans toi et qu'elle avait répondu un ''évidemment'' pas si évident que ça au final.

Tu l'emportes avec toi et sors de la salle de bain à la recherche d'un endroit où la déposer. Poussant une porte du pied, tu découvres la chambre à coucher et ne peux retenir un rictus. « On pense à toi, Derek. » Quel pied c'était que d'entrer dans sa chambre avec sa compagne dans les bras. Même si il n'allait rien se passer d'inconvenant, c'était tout de même assez jouissif de pénétrer dans la tanière d'un autre mâle. En particulier quand on l'aimait pas. En t'avançant tu déposes Falvie et t'éloignes pour revenir avec un bout de tissus – serviette ou drap, t'en sais trop rien – dont tu te sers pour la recouvrir sans toucher les blessures de ses jambes. Le matelas s'affaisse sous ton poids lorsque tu prends place à ses côtés. Sans retenu, tu poses tes mains sur ses épaules et frotte dans l'intention de la réchauffer. Tes traits se tirent en une mine peinée quand tu lui adresses un regard on ne plus sérieux. « Qu'est-ce qui t'as pris ? C'était quoi ce coup de fil ? J'ai faillis ne pas venir. » Dixit celui qui a à peine hésité.





3 pages et demi ;; pardonpource...pourça.
By pandora

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Lun 1 Sep - 23:38




C'était ridicule. Tout l'était : de ta rencontre avec Ash jusqu'à l'idée de prendre un bain, en passant par la distillation de gingembre et le drame du café. Tout ça n'était qu'un incroyable non-sens, qu'une farce pitoyable qui jamais n'aurait dû voir le jour. C'était bon pour les films ou les séries pour adolescentes, où les héros se déchiraient pour mieux se rejoindre, où les périodes de crise se succédaient aux échanges passionnés. Tout ça tournait comme un feuilleton au scénario élimé, mal relu et dont les coquilles n'avaient pas été corrigées. Négligence du scénariste, dolence du réalisateur, obéissance aveugle des acteurs, et l'on servait cette soupe fadasse aux spectateurs qui décrochaient au fil des minutes.
Ta vie était un putain de navet.

Celle d'Ash n'était pas non plus du genre roman à succès, à moins qu'elle ne le devienne si tu n'y interférais pas. Drame familial, copine désaxée, cœur brisé, ascension sociale. Success story bancale. Mais il pourrait arranger ça. Colmater les trous. Redresser l’édifice. Retaper l'immeuble en ruine et y dégager les nuisibles dont tu étais la reine. Tu n'avais rien à foutre chez lui. Et il n'allait pas plonger avec toi, pas encore une fois. Même dans l'ancienne Égypte, le dieu serpent, symbole de ta maison d'antan, provoquait la discorde dans le monde. Ton avenir était tout tracé. Ta tête bascule contre la céramique nacrée et tu te laisses glisser au fond de la baignoire, les cheveux en corolle humide dans les flaques d'eau qui persistent. Tes doigts, toujours serrés contre le portable, se dessèrent et tu poses l'appareil sur le rebord de ton lieu de perdition. Tu avais toujours su quoi faire, que dire, où aller. Et tu le savais plus.

A la fin de Poudlard, le Gryffondor t'avait fait sa demande, et tu avais toujours su que la réponse serait non. Tu avais su que tu ne le reverrais plus jamais ; qu'il allait te détester, te rechercher peut-être, puis te fuir en cultivant sa rancœur. Et tout s'arrêtait là. Tu avais perdu le fil de ta propre existence, pas désespérée comme une godiche nouvellement célibataire, mais parce plus rien ne te semblait assez passionnant. Tous les métiers paraissaient identiques, chaque homme était le clone du précédent. Ton ambition avait disparu, ta rage de vaincre aussi. Tu t'étais casée dans un boulot moyen, avec un mec moyen, menant un style de vie moyen, avec un état d'esprit moyen. Et tu ne savais pas comment sortir de ce vortex de médiocrité, ayant cru bien trop longtemps qu'il te satisfaisait.

La voix du brun résonne encore à tes oreilles. Lorsque tu l'avais revu, tes anciens réflexes étaient revenus. Et de nouveau, tu avais su. Le temps d'un battement de cil t'avait suffi pour éclaircir tes possibilités, pour que tes actes futurs soient clairs comme du cristal. Upsilon te détestait sans doute ; il fallait alimenter sa haine pour le chasser d'ici. Ce n'était pas par altruisme, pour qu'il ne tombe pas dans la même trappe que toi, ni parce que tu étais persuadée de ne pas mériter son amour. C'était un peu pour qu'il reste dans ton passé, et beaucoup parce que le haïr était plus simple que le regretter. Il avait persisté ; tu t'étais excusé. Ça n'avait pas suffi. La fenêtre de sincérité s'était refermée. Ne restait plus que la colère, ce sentiment vipérin que tu connaissais si bien. Cet allié empoisonné, qui te permettait de répondre à la rancœur par la rancœur, à l'ironie par l'ironie, à la douleur par la douleur. Mêmes armes. Mais différentes justifications.

Tu étais là, vautrée dans cette baignoire, à songer aux causes et aux conséquences, à rebâtir ton présent avec des « si... » et à peser les options de chaque choix que tu avais pu faire. Tout ça pour ne pas penser à celui pour qui tu disciplinais tes pensées. Bataille, pseudo réconciliation, pause. Tout aurait du se finir là, lors du second dîner. Mais tu l'avais interviewé. Il aurait pu te claquer la porte au nez – c'était le patron après tout, aucune nénette au chignon serré n'aurait été l'engueuler pour son manque flagrant de courtoisie. Professionnalisme des deux côtés. Quelques regards, deux-trois sourires. Le gobelet fumant de café. Et le reste n'était qu'un enchevêtrement sans début ni fin de comportements contradictoires, d'attentions et de dédain, de silences agacés et de gestes trop tendres pour être désintéressés. Tu n'avais jamais vraiment pu comprendre Upsilon. Et maintenant que tu ne savais plus où tu en étais, tout était incroyablement plus compliqué.

Si seulement tu pouvais savoir ce qu'il pensait. Si il agissait parce que lui aussi ne savait plus réellement où il en était – la probabilité était si faible que tu l'évoquais juste par pur égoïsme – ou si c'était juste un plan pour se venger. Si c'était par réflexe, et qu'il se rendait seulement compte de ce que ses actions avaient pu engendrer comme quiproquo, ou qu'il avait changé à un point tel que tu ne puisses même plus poser des hypothèses probables à son sujet. Etait-il en couple ? L'avait-il été pendant plus d'un mois ? Six ? Avait-il été heureux ? T'avait-il remplacé rapidement ? Pensait-il encore à toi, autrement qu'en t'imaginant humiliée avec soin ? Avait-il lui aussi, imaginé un avenir peuplé de « et si » ? Comme d'habitude, tu avais bien plus de questions que de réponses.

Au téléphone, tu avais perçu le sourire dans sa voix, cette tonalité plus chaude, plus aérée lorsque ses lèvres s'étiraient lentement. Entendre ta voix l'avait ravi. Pourtant, tu n'arrivais toujours pas à savoir si ses sourires étaient des zestes de « et si » ou des nuages sans teinte ni saveur, comme ces rictus que l'on balance en offrande à ceux qui nous ont rendu service ou nous tiennent la porte d'un immeuble. Et puis il t'avait appelé Hollyn, pour que tu justifies ton appel. Il avait gardé le silence ensuite, puis vaguement protesté avant que tu raccroches, et tu n'avais pas écouté.
Hollyn.
Un nom parmi d'autres.
Tu n'étais plus que ça.

Un nom.

Depuis tu étais là, morose, à te diluer dans le peu d'eau qu'il restait, comme un poisson prisonnier d'un bocal avec tout juste ce qu'il fallait pour survivre. Occupée par tes pensées, tu ne ressentais plus vraiment les sensations qui crépitaient au fond de ton cerveau ; ni le froid, ni la douleur ne parvenaient à te ramener sur terre. Tes doigts cyanosés glissaient le long de tes jambes, parcourant les crêtes amollies de ta peau lézardée par les brûlures, effleurant les corolles humides des plaies profondes pour remonter au sommet des monts que tes ongles venaient limer par désœuvrement. Pour l'instant tu étais loin de tout ça, des soucis trop physiques du présent – lorsqu'ils parviendront à t'atteindre, tu appellerais Derek. Pas avant.

Ce n'est pourtant pas le feu de tes plaies qui te sort de cette torpeur, mais un bruit strident, que tu peines à identifier. C'est long, aigu, accompagné d'une vibration que tu ressens contre ta peau, comme si l'on perçait le mur. Tes yeux hagards balaient les alentours à la recherche d'un trou, puis s'arrêtent sur le téléphone. S'y engluent. Y demeurent. Le son disparaît. Puis recommence. Ton cerveau peine à associer les yeux et des gestes sont lents. Ton bras est lourd lorsque tu le tends vers l'objet, pour finalement écraser la touche d'appel d'un geste gauche. « Tu vas me coûter cher en essence. » Pas le temps d'ouvrir la bouche, l'écran s'éteint, signe que ton interlocuteur a raccroché. Tu fermes les yeux, pressant ton front contre la céramique. Bordel. Il arrive. Entre soulagement, irritation et angoisse, tu te noies dans tes propres signaux contraires.

Quelques minutes passent, et tu ne bouges pas. La douleur afflue peu à peu, signe que ton esprit redescend, et tu finis par relever le nez, balayant les alentours d'un coup d’œil que tu sais déjà inutile. Cette salle de bain, tu la connais par cœur, tu t'y déplaces en pleine nuit sans même frôler le moindre objet. Les pans de la baignoire sont larges, jouxtant un petit radiateur et de l'autre côté trône un lavabo surmonté par une armoire à pharmacie. Dans ta position actuelle, tes pieds se trouvent plus près de l'évier que tes bras, et il te faudrait de toute façon te lever pour ouvrir le placard, puis te hausser sur la pointe des orteils afin d'arriver à l'étage supérieur où sont stockés bandes, pansements gras et biafine. Tu vois le moindre de tes gestes, mais la simple action de prendre appui sur tes jambes t'es impossible. Pauvre petite créature blessée. Ta frustration est mise à rude épreuve aujourd'hui.

L'idée d'appeler Derek est de plus en plus présente. Il arriverait plus vite, connaissant les raccourcis de l’hôpital jusqu'à chez lui, allant jusqu'à dépasser les limites de vitesse pour voler à ton secours si tu venais à mentionner la gravité de tes blessures. Le Gryffondor, constatant la voiture de son... Rival ? Sous-fifre ? Ne chercherait pas plus loin et repartirait sans s'arrêter. Fin des contacts. Adieu, Ash. Tu n'étais pas prête à ça. Mais tu ne voulais pas avoir à l'affronter. Supporter ses leçons de morale et les critiques qui allaient pleuvoir étaient une formalité à côté de ce qui t'angoissait. Pourquoi tu m'as appelé, Hollyn? Pourquoi tu l'as appelé hein ? Pourquoi, toi tu le sais. Lui répondre sincèrement en revanche... Et lui, pourquoi était-il venu ? Il avait mieux à faire. Il ne savait pas que penser de toi. C'était ta phase de test, et tout ce que tu avais, c'était un épiderme brûlé et une mauvaise foi à en faire pâlir des politiciens véreux.

Tu tends la main vers le portable, tes doigts raclent la coque et l'objet bascule pour s'écraser sur le tapis, hors d'atteinte. Pour rappeler le brun et lui dire que ses infirmiers avaient été plus rapides que lui, c'était foutu. Bravo. Ça ne te surprenait même plus – tu les enchaînais à un rythme effréné aujourd'hui. Un soupir t'échappe et tu replies les jambes contre ta poitrine, le menton sur les genoux. Les frissons t’envahissement lentement et ton corps doit réguler chaleur, douleur et reconstruction épidermique en même temps : pas étonnant que le tout rame un maximum. Tu fermes les yeux, relâchant un à un tes muscles. A présent, il ne te reste plus qu'à attendre.

Étouffé par le mur de la salle de bain, tu perçois un son sourd, comme une porte qui se claque, et tu peines à croire qu'il s'agit du brun qui débarque déjà à ton secours. Tes pupilles scannent les alentours par réflexe, à la recherche d'une horloge, d'une montre ou même d'un réveil pour te ramener à la réalité et te donner une quelconque notion de temps. Quelle heure est-il ? Tu ne sais même pas combien de temps tu as passé dans l’hôpital, et combien de minutes se sont écoulées depuis ton entrée dans la baignoire. Aux aguets, tu guettes le moindre bruit pouvant t'indiquer de qui il s'agit – ou si ce que tu avais perçu n'était qu'une fenêtre se refermant brutalement à cause du vent – mais le seul son qui trouble le silence n'est que les gouttes qui tombent de ta crinière emmêlée et s'écrasant sur la céramique de nacre. Jusqu'au moment où...

« Falvie ? »

Il est venu.
Falvie. Tu n'es plus Hollyn à présent. Voilà qu'il s'inquiète. Tu n'est plus la journaliste. Tu n'es plus cet être un peu flou vers lequel il concentrait dédain et rancœur. Tu n'étais même plus la compagne de Derek. Ton statut avait changé. Son état émotionnel avait été trahi, juste par ça. Un mot, deux syllabes. Ton prénom. Celui qu'il avait susurré, marmonné, hurlé, craché... Celui qu'il avait soufflé en t'entourant de ses bras, qu'il avait jeté à tes pieds en s'époumonant après toi, usant de ton patronyme comme d'une arme ou d'un lasso pour mieux te ramener à lui afin qu'il déverse sa colère.  Ce prénom qu'il avait étiré, lentement, son par son, qu'il avait étouffé, caché, remplacé par des surnoms ou pire, ton nom propre. Falvie. Usage informel. Si il était encore Ash le grand patron, tu n'étais plus Hollyn la connaissance de jeunesse. Tu étais Falvie. Un petit repli de sentiments poussé dans les tiroirs de son esprit qu'il ne voulait pas rouvrir.

Le silence est tel que tu t'y perds ; le claquement entendu n'était sûrement ça, qu'un bruit parmi un autre, comme on en entend tant dans les maisons à étage. Tes certitudes s'encrent peu à peu en toi, et juste au moment où tu sombres à nouveau dans la marée chaotique de tes pensées, le portable se met à vibrer. Étouffé par le tapis dans lequel il est enfoui, tu ne l'aurais pas perçu si le son n'avait pas tardé à l'accompagner, laissant échapper une sonnerie pré-enregistrée dans la mémoire du vieux téléphone. Tenter de voir qui t’appelle est peine perdue ; tu ne t'y essaies même pas, le rebord étant trop large pour qu'en tendant le cou tu puisses voir l'écran rétro-éclairé, et l'envie de t'infliger des douleurs inutiles n'est pas au rendez-vous. Ne te reste plus que tes hypothèses qui se muent peu à peu en indifférence pendant que tu t'englues dans ton état amorphe.

Ses pas, tu les entends à peine lorsqu'il monte à l'étage. Pas parce que tu caresses le coma du bout des doigts, ou parce douleur et dolence se sont mêlés dans un écheveau si serré de sentiments contraires que tu t'y es engluée. C'est plus simple. Moins dramatique. Plongée dans tes pensées, à effacer le passé et rebâtir le présent afin de concevoir d'autres futurs, tu n'es rien qu'un esprit bouillonnant dans une coque fêlée, presque brisée, inutile et trop lourde à mouvoir. Tout ce qui te caractérise se retire peu à peu des membres grêles et froids, quittant la chair striée des jambes et la peau cyanosée des extrémités pour se fondre en une masse palpitante, tout autour de l'encéphale. Tu n'es qu'un esprit détaché du véhicule mal en point qu'est ton corps, préférant refaire l'univers en théorie plutôt que de profiter de chaque frémissement de souffrance créé par les nerfs transmetteurs.

Tu perçois le bruit qu'il provoque, loin d'être discret dans sa manière de marcher, mais n'en tire aucune conclusion. On marche, quelque part chez toi. Et cela t'indiffère, ou plutôt, tu considères l'information comme telle, sans la traiter plus encore. L'identité du marcheur ne soulève aucune curiosité à assouvir, ce n'est plus qu'un fait, une donnée à classer pour passer à la suivante. L'eau qui sèche et se transforme en gouttelettes sur ton épiderme en est une autre. Tes cheveux collés en sont une également, au même titre que les démangeaisons qui mordent ton derme. Rien que des choses à cataloguer. Ce n'est que lorsque Il ouvre la porte et qu'elle se cogne contre le mur que tu relèves brutalement la tête, et que ton regard vide s'éclaire d'une pointe d'intérêt.

« T'as pris ton temps »

Ou plutôt c'est ce que tu aurais voulu dire. Les muscles de ta mâchoire se crispent mais rien ne se met en route, le mandibule inférieur étant sans doute trop occupé à signifier ton hypothermie en un claquement frénétique des dents. Et ça t'énerve. De ne pas avoir le contrôle. De l'avoir perdu sur la situation, sur ton environnement, jusqu'à ton propre corps ! Plus rien ne se soumet à ta loi ; tu es condamnée à rester passive pendant que tout tourne et que tu n'est plus en capacité d'arrêter le manège. La colère, cette exaspération lente, te réchauffe. Elle monte en long serpent le long de tes articulations, laissant derrière elle une trainée de lave, consumant les congères qui s'entassaient dans chaque espace utilisable. L'irritation nettoie petit à petit, mais son travail est lent, trop long pour toi. Elle démarre au plus profond de tes entrailles, là où bat ton cœur, et agrandit son champ d'action en diluant le froid qui la gêne. Et si tes pensées s'activent sous le feu de son venin, tes muscles, eux, restent sourds à tes appels, bloqués dans l'ère polaire qui s'est installé par ta négligence.

Sa voix finit par exploser, ricochant sur les murs carrelés de la salle de bain : « J'y crois pas ! » Il le faudra bien pourtant. Son pas se fait plus lourd et tu le suis du coin de l'œil, ton dos se contractant à son approche.  « Quelle idiote ! » Le mot est faible, quel manque de vocabulaire. Il se penche vers toi. Ne me touche pas. C'est viscéral. Instinctif. Tu es en position de faiblesse, face à un être qui parle fort et bouge beaucoup. Transformée en animal souffrant et immobilisé, la meilleure défense reste l'attaque. Le hic, c'est que tu ne peux toujours pas bouger. « Je meublais juste, mon cul ouai. » Tu ne le lâches pas du regard. Pas une seule seconde. Toute ton attention est braquée sur ses mains, provocatrices de troubles. Pas un seul instant tu ne penses qu'il vient pour t'aider : il peut bouger et toi non. Cette simple divergence le transforme en menace, et ta condition d'animagus n'arrange vraiment pas les choses.

Ce que l'animal blessé redoutait le plus arrive enfin : le brun tend les serres préhensiles qui lui servent de mains pour t'attraper les bras et te hisser vers lui. « C'est toi qu'es ridicule ! » Il te modèle comme il le souhaite, faisant ployer ta colonne vertébrale ou tes jambes sans rencontrer aucune résistance. Tu n'as pas encore regagné le plein contrôle de tes gestes, sûrement pas à cause du froid, mais surtout parce que renoncer au tableau de contrôle, c'est tenir la douleur à l'écart. Rien d'insurmontable pourtant, tu n'es pas écorchée vive ni amputée. Mais on te laisse le choix, et tu préfères opter pour le plus simple – le plus couard. « Tu pouvais pas rester tranquille ? » L'amusement fait surface, bondissant hors de la marée de vigilance, de frustration et de honte. Te tenir tranquille ? Ce n'est pas compatible avec ton modèle, désolé.

Ses bras te cueillent et te pressent contre lui alors que ton corps glacé vampirise sa chaleur corporelle. Divin privilège. Les spasmes que tes muscles effectuaient pour faire circuler le sang dans tes tissus ne se calment pas vraiment mais tu ne peux nier que son contact te procure un certain bien-être qui relègue la bête traquée dans sa tanière, laissant place à l'humain, uniquement. L'être qui, mort de froid, dans une posture délicate et honteuse, se trouve secourue par un homme dont elle ignore les sentiments. Charmant contexte. Tes doigts gelés se crispent contre son épiderme qui te paraît brûlant, et c'est tout juste si tu ne plonges pas tes mains dans le col de sa chemise, au creux de sa nuque, pour y cueillir fragrance masculine et chaleur tout à la fois. Son corps se met en mouvement et, comme si tu flottais, tu vois que tu te déplaces, ou plutôt qu'il s'en charge à ta place. Tu ne sais pas ce qu'il pense, s'il regrette ou s'en ravie, ou plus terre à terre, où il compte t’emmener puisqu'il ne connaît pas les lieux.

Ton esprit est ailleurs : quand d'autres pourraient tenter de masquer leur nudité ou complexeraient à propos de leurs défauts anatomiques plus ou moins réels, tu songes à quel point céder à la facilité serait aisé. Collée à lui, désarmée, seule – dépendante !- il ne t'aurait suffi d'un rien pour réveiller ses hormones de mâle, qu'il canalisait avec un magnifique self-control. Ses zones érogènes formaient un schéma sur sa peau que tu connaissais par cœur ; tes lèvres pourraient y glisser, tes doigts s'y nicher. Un jeu de regards, quelques contacts « accidentels » et tu lui aurais plus ou moins consciemment forcé la main en passant par la voie de la concupiscence. Pourtant, quelque chose te retenait solidement, t'empêchant d'alimenter cette idée délectable. Les cendres de ta conscience peut-être. Ou plus probablement l'attachement mêlé de respect mutuel que tu portais envers Ash.

Sous toi, tu devines l'une de ses jambes se lever pour pousser une porte, laissant l'accès à la chambre à coucher. L'ironie de la situation ne t'effleure même pas ; tu es loin de tout ça, bien trop occupée à planifier les questions qu'il allait te poser et créant des réponses sur mesure que tu oublies au fur et à mesure. Ton esprit se délite, et si ce n'était pas lui, si ce n'était pas aussi important, tu te serais volontiers laisser aller, pelotonnée contre lui, certaine qu'il allait rester et qu'à ton réveil, la douleur se serait naturellement calmée. Lui semble s'en réjouir, et tu devines le rictus dans ses paroles, mais si tes lèvres frémissent, ce n'est que par pure habitude. Ses sourires avaient toujours entraîné les tiens.

Il déplie lentement les bras et te dépose sur le lit, à gauche, le plus près de la porte. La place de Derek. Et ce simple détail suffit pour te frustrer assez afin que tu regagnes un brin de conscience. La place de Derek oui. Mais quelle importance ? Tu t'en fous. Éperdument. Et ce n'est certainement pas son fantôme, ta conscience ou l'approbation sociale qui t'empêchera de profiter du moment présent avec celui qui aurait du partager ce lit avec toi. Un bras retombe sur toi, et, adossée aux épais oreillers, tu refermes tes doigts dessus par réflexe, permettant ainsi de libérer un brin d'anxiété à travers tes mains qui ne tarderont pas à molester le bout du tissu en tous sens. Ton corps nu et mouillé est certes recouvert d'une pellicule de coton, mais ta peau encore humide attire le drap, permettant ainsi au textile de te mouler parfaitement, rendant sa présence complètement inutile par nature. Ah, les convenances. Il ne pouvait pas te voir en tenue d’Eve puisqu'il était censé garder une distance entre vous. Piètre tentative.

Tes yeux cherchent les siens alors que tu reprends de plus en plus pied dans la réalité, mais ses préoccupations sont bien là, réelles : le voilà qui s'assoit à tes côtés et te frotte les épaules, activant ta circulation sanguine drastiquement ralentie. Cela te laisse tout loisir de l'observer : si dans sa tête défile quantité d'informations sur l'hypothermie, et peut-être des « mais putain qu'est ce que je fous là ? » tu te satisfaisais de ta simple observation, songeant que ce moment de pure simplicité ne tarderait pas à être brisé par l'enclume des questions et le marteau des reproches. Oui, tu étais fautive. Oui, tout ce qu'il dirait serait sans doute criant de vérité. Oui, il n'aurait pas du être là, ce n'était pas sa place. Oui, tu en étais pleinement conscience, et bien sur que oui, tu t'en foutais comme de ta première brosse à dents.

Son visage finit par se tourner légèrement, et ses iris, auparavant perdus dans le vide, s'ancrent aux tiens. « Qu'est-ce qui t'as pris ? C'était quoi ce coup de fil ? J'ai faillis ne pas venir. » Ce qui t'as pris ? Disons que tu ne l'as pas appelé pour rien, chose qu'il constatait encore en ce moment même, alors que tes tremblements se calmaient tout juste. C'est tout juste si tu ne braques pas des pupilles vaguement accusatrices sur son visage mille fois effleuré. Tu l'as appelé parce que tu en avais besoin ; mieux même, parce qu'il t'avait demandé de le faire si tu avais un souci. Et ça, c'était un gros souci, qui malheureusement prenait des allures de coup prémédité.

« Alors pourquoi t'es venu ? »

Parce qu'on venait de se quitter je te signale. Que tu as du boulot et autre chose à foutre. Peut-être même que tu as une copine et que tu es à deux trois de la tromper. Parce que je ne suis qu'un lot secondaire, voire tertiaire dans ta vie, Ash. Tu ne l'avais pas forcé. Tu n'avais pas crié à l'aide, pour lui dire que si il ne venait pas, il pouvait te dire adieu. Au contraire, tu avais préféré ne pas l'impliquer. Parce qu'il restait un peu de bon sens dans ce corps brûlé par le feu du serpent. Et que tu voulais qu'il vienne vers toi, qu'il t'accepte au lieu que tu ne t'incrustes sans lui demander son avis comme tu l'avais toujours fait.
Tu lui avais laissé le choix. Et il ne pouvait pas te reprocher ça.

Pourtant, à peine ta bouche s'était-elle refermée que tu avais regretté ta question. Il n'était pas en sucre, loin de là, mais tu te devais de le ménager, avec la finesse convenant aux femmes. Il avait fait l'effort de venir, et tu le mettais au pied du mur. Bien sûr qu'il devait assumer ses actes, cependant ce n'était ni le lieu, ni le moment. Qu'il regrette d'être venu n'était certainement pas l'une de tes priorités. Tu balayes l'air d'un geste de la main « Non, c-... » … Suspect. Tes lèvres se relèvent. « Merci d'être venu. » … Voilà. Cash. C'était sorti tout seul, comme si ces quelques mots n'attendaient qu'une occasion pour jaillir hors de ta bouche, devançant toutes les niaiseries, formules préfabriquées et autres conneries que tu aurais eu la sottise de lui servir pour lui témoigner ta gratitude. Là. C'était fait, sorti sans fioritures. Il méritait bien un peu de sincérité sans broderies autour pour embellir l'ensemble.

Ton regard vole à travers la pièce, s'arrête sur tout et n'importe quoi, mais le fuit obstinément. T'es déjà bien trop contente de ne pas avoir à subir le sermon du docteur, affirmant que t'es une sotte irresponsable et que te déplacer seule est déjà une chance que tu ne mérites même pas. Tes lèvres se pincent, et tu craches les derniers cailloux qui t'encombrent la gorge. « Désolé. » Du déplacement, de te faire perdre ton temps, de ne pas dire et faire ce que tu attends ou plus simplement, ce qu'il faut. Désolé du concours de circonstances, d'être ce que je suis, de penser à des choses qui ne devraient pas m'effleurer. Tu finis par tourner la tête, croissant son regard sans heurt, comme une caresse immatérielle.  « Mais n'espère pas ramener à l’hôpital. » souffles-tu dans un sourire, refoulant des arrières pensées qui n'avaient rien à foutre là, puisqu'il n'y avait aucun double sens intentionnel « Je rendrais folle les infirmières.
» Ta tentative de le distraire frôle l'échec absolu, mais tu persistes pour le détourner de la leçon de vie qu'il semble vouloir à tout prix te donner « C'était pas une idée lumineuse de me filer ton numéro en fait. » Parler pour distraire à toujours été une spécialité de Serpentard.
Sauf que là tu es tout sauf vipère, tâchant de réprimer l'envie de contact qui cogne dans ton crâne.
Le seul mot que tu voudrais dire ne franchira jamais tes lèvres aujourd'hui.

« Reste. »

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Lun 8 Sep - 0:23



I didn't run away this time

Falvie ▬ Upsilon




Il y avait cette phrase – plutôt cette question – qui martelait tes tempes et agressait ton système nerveux. Elle pliait ta concentration, essayait de résonner le peu de chose encore raisonnable présent dans l'encéphale de cet abruti instable que tu étais. Elle avait commencé au volant, quand tu t'arrêtais par habitude et par respect du code de la route. Elle avait commencé à ce moment là, au premier arrêt. Première possibilité pour toi de réfléchir le temps d'une nanoseconde à ce que t'étais en train de faire. Une petite pause où l'afflux sanguin se faisait moins violent. Beaucoup moins violent que lors de ta sortie précipité de l'hôpital. L'impulsif que tu étais avait bondit, claquant la portière de sa voiture en un geste frustré. Quel miracle que tu sois arrivé entier. Sans casse. Quel miracle que ce tambours raisonnant de regrets ne t'ai pas conduis à l'accident.

Qu'est-ce que je fous ?
Pourquoi je le fais ?
C'est pas raisonnable. Ça n'a rien de logique.

Oui. Mais, tu le pensais suffisamment fort pour ne pas avoir à le répéter à haute voix ; fuck la logik. T'envoyais valser tous les maîtres dieux et leur conseils spirituels de pureté, vertueux à deux balles qui ne faisait qu'appuyer une hésitation qui n'avait au final plus lieu d'être. Parce qu' après la journée d'aujourd'hui, tu n'étais plus à ça prêt. Tu n'avais semble-t-il plus besoin – envie – t'écouter mère conscience. Plus envie de te freiner parce que c'était plus « raisonnable ». Plus « sûr. » Moins « dangereux. » Alors lorsque ta semelle s'était posée sur le bitume trempé de la route, tu avais décidé, dans l'impulsion qui t'avait fait sortir de la voiture, que tu avais fait le bon choix. Et il n'était jusqu'alors plus question de se tourmenter avec ça.

Déterminé. C'était l'état d'esprit dans lequel tu flottais en entrant dans la maison. Maison que tu n'aurais jamais voulu revoir quelques semaines plus tôt. La perspective d'y entrer tout en sachant le maître des lieux ailleurs ne fait qu'augmenter l'intensité de tes pas. Qu'appuyer ta décision. Qu’agrandir ta volonté de balayer toutes les fioritures d'interrogations. Celles qui s'amassent en un nid de nuisibles dans lequel tu donnerais volontiers un bon coup de pied ménager. En claquant, la porte met un terme au reste du brouhaha cérébral qui persistait encore. Te voilà comme entré dans un temple. Dans un donjon. Un donjon emplit de pièges et d'ennemis que tu devras affronter sans pouvoir fuir. Sans pouvoir faire demi-tour. A l'image d'un jeu de console moldu ; tu ne peux pas revenir en arrière. Il n'y a peut-être pas de monstres. Pas énormément de pièces à visiter. Pas de carte. Pas de boussole. Pas d'arme à trouver pour pouvoir avancer. Mais, comme dans tous les scénarios restant malheureusement dans le cliché, il y a quelqu'un qui t'attends. Quelqu'un qui a besoin de toi. Et quelqu'un dont tu a besoin.

Peut-être est-ce juste pour aujourd'hui. Peut-être est-ce juste le temps d'une relation patient/médecin. Juste pour quelques jours, au mieux quelques semaines. Au mieux ? Ou au pire ? Cesses de t'empêtrer là-dedans, Ash. Au creux de ton ventre, sous l'amas d'organes, sous l'amas d’amertume et sous cette putain de fierté, s'y cache ce que tu sais déjà. Ce que tu savais déjà. Ce pourquoi tu a, sept ans auparavant, claqué l'image du type posant un genoux à terre. Tu veux plus. Plus qu'aujourd'hui. Plus que quelques jours. Quelques semaines. Beaucoup plus. Tu n'oses cependant pas encore te l'avouer. De peur de te fragiliser. Que tout ça te détruise. Que ton empire en pâtisse et que ton rôle, ton importance à l'hôpital diminue lentement mais douloureusement. Que ta thèse ne sois qu'une idée avortée et que ta vie ne se résume qu'en deux mots ; Falvie et Faiblesse.
Quel beau tableau.

En poussant la porte de la salle de bain, tu ne t'attendais pas vraiment à la retrouver sous les traits d'une créatures apeurée et vulnérable. L'inquiétude passée, c'est un sentiment plus chaud mais, plus tortueux qui prenait place sur ton visage, et qui tordait ton estomac. Pas de la colère. Ou peut-être une once. Juste une once. A ce moment-là, tu ne comprenais pas son appel. Cet appel vague. Trop vague. Oui, tu aurais voulu en connaître les raisons. Tu aurais préféré qu'elle t'annonce qu'elle avait besoin de toi. Peut-être était-ce par fierté qu'elle avait tenu à ne rien distiller. Ou peut-être y avait-il autre chose. Plus que de la retenue mais, tu ne parvenais pas à mettre le doigt dessus; elle t'avait laissé le choix. Sans dilemme. Sans menaces. Sans chantage. Et jusqu'alors, t'étais persuadé d'avoir agis de la meilleure des façons.  

« Alors pourquoi t'es venu ? »

Elle est fugace mais, bien présente, cette ombre qui traverse ton visage et qui masque un instant l'intensité de tes prunelles. Dur. Dur, dur. Toi qui luttais pour ne pas devoir répondre à cette question. Pour ne pas devoir te répondre. Esquiver l'évidence pour ne pas tomber dans une histoire peut-être déjà terminée depuis longtemps. Pour ne pas tout démolir. Espérer pour rien. Croire pour rien. Se retrouver à terre. Ressentir pire que de la déception mais, moins que de la trahison puis qu'il n'y a eu aucune promesse. Toi qui réfutais l'idée véridique que ton passé rattrapait ton présent. Il te rattrapait ; pire que physiquement ; Falvie te faisant de nouveau face, mais aussi mentalement, car les sentiments qu'on croyait avoir enterré peuvent souvent refaire surface. Toi, le fuyard et le lâche, tu te sentais comme piégé. Acculé au mur. Tu le prends comme un reproche. Tu le prends mal. Protégé dans une coquille de fer forgée par les années, tu venais de laisser une brèche s'ouvrir, ta simple présence ici étant les prémices d'un abandon pur et simple de ton armure. Mais, la question s'infiltre dans l’ouverte comme une lance aiguisée pour atteindre ta fierté. Pour blessé l'homme déjà tourmenté que tu es.

Alors il faut reconstruire les barrières. Ne rien répondre et afficher un air tout ce qu'il y a de plus neutre. Impassible. Froid. Mais, le masque tiendra-t-il longtemps avant de commencer à s'effriter ? Il y a de quoi douter. Pourtant, tes mains sur ses épaules ont cessées d'en frictionner la peau glacée pour retomber sur le matelas, tel un être désabusé par la situation qui préfère arrêter tout contact avec ce qui le trouble. Qu'elle attende une explication ou non, tes lèvres restent scellées. Presque pincées, retenant la réponse que tu t'évertues à garder sous silence. « Tu as appelé » te mange la gorge. « Pour la même raison que tu m'as appelé » te brûle les lèvres. « Parce que je m'inquiétais pour toi » gonfle ton palpitant. Mais, tu restes muet, les pupilles ancrées dans les siennes alors qu'elle évite ton regard ; dorénavant rongée par le regret de sa propre question. Cette intuition se confirme quand elle agite la main devant elle, balayant la connerie émise à haute voix. « Non, c-... »   Peut-être est-ce égoïste de ta part mais, sentir son regret te rassure. Te soulage presque. La lance aiguisée déplore son acte et voilà l'assaillante en train de soigner tes plaies.

« Merci d'être venu. »

Tu ne montres aucun sentiments mais, à l'intérieur de toi, c'est un tout autre spectacle qui a lieu. Une sensation doucereuse et tiède relâche la tétanie de tes muscles. La pression semble s'amoindrir et aussi con que cela puisse paraître ; tu ne lui en veux plus pour la question. Ta rancœur se dissipe. L'idée de foutre le camp en rage disparaît. Tout en silence. Tu la laisses faire son mea-culpa sans tenter de la presser. Sans la forcer à te regarder. Sans contact. Ta main n'ira pas se loger dans la sienne. Tes doigts n'iront pas s'entrelacer aux siens. Son cou ne subira pas la caresse de ta respiration reconnaissante. Sa mâchoire n'endurera pas la pression de tes ongles sur sa chaire. Ses lèvres ne dégusteront pas la morsure des tiennes. « Désolée. » Ses derniers mots crachés, toussotés t'arraches finalement un sourire discret et éphémère. C'est encore plus dur de ne rien faire quand elle baisse les armes.

« Mais n'espère pas me ramener à l’hôpital. »
Son souffle lâché à travers un sourire ravive le tien. Baissant la tête, tu t'autorise un soupir amusé, captant le double sens à peine camouflé. « Je rendrais folle les infirmières. » Tu te redresses, répliquant aussitôt, les lèvres toujours étirées. « Aucun risque. Je tiens à mon personnel. » Mais, ta voix faiblit quand tes pupilles se reposent sur elle. Certes, tu l'imagine très clairement emmerder tes employés par des faux-caprices ou des fausses crises, appuyant sur le bouton de ''demande urgente'' parce que son thé a trop refroidit. Ou que le rideaux cachant la fenêtre n'est pas assez opaque. Ou pour tout autre détail aussi important. Mais, tu laisses ça de côté pour le moment. C'est en relevant les yeux que tu prends conscience de son état. De sa pâleur, quoique elle n'a jamais été du genre à prendre des couleurs, de ses lèvres cyanosées que tu as vu trembler. De ses cheveux trempés qui dégoulinent dans son dos, imprégnant au passage les oreillers sur lesquels elle est adossée. De la transparence du drap que tu as voulu utiliser pour la couvrir. De l'état de ses jambes, armes fatales qu'elle semble négliger. Ta bouche s'ouvre sous les traits tirés d'une expression sérieuse et inquiète. Sauf qu'elle te coupe, pressentant certainement le contenu de tes futurs paroles. « C'était pas une idée lumineuse de me filer ton numéro en fait. » Tu scrutes à nouveau ses prunelles, comprenant qu'elle n'avait pas vraiment l’intention de te laisser en placer une niveau sécurité et prudence.

Tes mains viennent appuyer sur tes genoux, te donnant un appuie pour que tu te redresses sur tes deux jambes. Tu retrousses tes manches après y avoir défait les boutons de manchette et soupir. « Avant de débattre dessus, je vais réparer tes conneries. » Tu tournes les talons pour ouvrir l'armoire du fond. Les fringues de Derek t'agressent la rétine et l'odeur qui en échappe te rappelle celle qu'il aborde tout les matins en te croisant. C'est sans surprise donc, que tu affiches une grimace lorsque tu fais défiler ses costumes à 11 dollars – les tiens comptant au moins deux 0 de plus. L'ironie te saute aux yeux ; t'es en train de fouiller dans les fringues du type que tu aimes le moins, que tu vois quasi tout les jours avec son sourire empestant le bonheur et qui, en plus vit avec l'objet de tes fanta-... ouai. Et ce con. N'est. Pas. Là. Et bordel de Merlin ; c'est toi qu'elle a choisit d'appeler au lieu de lui. Tu marmonnes dans ton coin en grognant presque. « C'était une très bonne idée de te refiler mon numéro. » Juste histoire de contradiction. Parce que t'es pas loin de la jubilation. « Tant que tu ne m'harcèle pas. » Ben non, c'est ton rôle ça. Enfin, ça le sera. Ne mélangeons pas tout. Tu déniches enfin une serviette potable après avoir dû affronter les goûts douteux de Derek, et pivotes pour la lancer sur le lit.

Dans une logique implacable, tu te doutes que le nécessaire à pharmacie se trouve dans la salle de bain. Et comme un chirurgien vit ici, t'es certain de trouver plus que... le nécessaire. Tu t’éclipses le temps de trouver ce dont tu as besoin. Crème, bandages, lingettes et sparadraps sous le bras, tu rejoins la chambre sans t'attarder plus que pour te laver les mains et disposes le tout sur le table de nuit, te posant par la suite sur le matelas, à ses pieds. Coup d’œil dans sa direction alors qu'à tâtons, tu récupères la serviette jetée au bord du lit pour la lui tendre. Le bout de tes doigts entre en contact avec la frontière séparant la peau de ses jambes et le draps dorénavant imbibé et transparent. Avant de poursuivre, tu relèves les pupilles, attendant une quelconque objection concernant ce que tu comptes faire. Mais, rien. Le feu vert t'es adressé et doucement, tu retrousses le tissus, dévoilant mollets, genoux, et cuisses tristement abîmées. Tu en constates les dégâts, réalisant que le bain qu'elle avait prit était loin d'être une bonne chose. Les plaies plus saillantes ne laissent aucun doute possible sur la douleur qu'elle a pu ressentir. Et elle n'échappera pas à quelques cicatrices. A moins d'avoir beaucoup de chance. « Tu devrais faire plus attention. » Sourcils froncés et mine contrariée, tu ne peux retenir ce blâme éloquent avant de poursuivre. « La crème devra attendre, il faut d'abord arrêter la brûlure. » Ou du moins, la sensation de brûlure. L'eau chaude ayant réenclenché le processus, il était normal de le couper avec des lingettes imbibées d'eau avant d'appliquer quoique ce soit d'autre.

Tu ne te lèves pas mais, tes paumes se posent de chaque côté de ses hanches, s'enfonçant dans le matelas pour te donner suffisamment d’appuis afin de te redresser. Tes genoux s'ancrent également dans la literie lorsque tu allonges le reste de ton corps dans l'objectif d'aller récupérer les lingettes laissées sur le petit meuble. Tes doigts s'en emparent mais, tu réalises trop tard ta position. Ton corps recouvre celui de la Serpentarde, un genoux calé entre ses jambes, une main à plat du côté de son buste, l'autre étant toujours rendu vers la table de nuit, illustrant un barrage involontaire. Tu voudrais te reculer, reprendre ta place initiale mais, te voilà face à deux pierres de saphir proches. Trop proches. Son visage n'est qu'à quelques centimètres du tiens. Suffisamment près pour qu'elle sente la coupure nette de ta respiration avant que celle-ci ne reprenne un rythme plus ou moins régulier. Tes pupilles plongent dans les siennes, puis font le voyage entre ses iris et l'ouverture infime de ses lèvres ; la même apparaissant sur tes lippes. Tu planes au-dessus du fruit défendu et, pour une fois, ce n'est pas intentionnel ; ce n'est pas une tentative de distraction comme ça a pu être le cas autrefois. Il y a rien de provocateur. Ça n'est pas un jeu. Et millimètres après millimètres, tu vois la distance s'effacer et l'union se rapprocher. Et à ce moment là, tu ne penses à rien. L'esprit vidé qui n'aspire qu'à combler un manque ressentit sous une cage faite de côtes et de cartilages.

Et les papillons auraient pu voler encore longtemps, leurs ailes caressant de façon exquise les parois de ton estomac, si un bourdonnement familier ne les avait pas fauché. La sonnerie banale de ton téléphone retentit, stoppant nette toute avancée pour te ramener à la réalité. Telle une claque infligée au bon moment. Juste à temps. Ou au pire moment. Mais, c'est sans te poser la question que tu réagis, reculant après un petit temps de trans frustré pour te mettre debout et tirer l'engin téléphonique de ta poche. Ta main passe mécaniquement dans ta tignasse brune lorsque tu prends l'appel, partant t'isoler dans le couloir. Les questions de ta secrétaire sont longues et agaçantes, tes réponses courtes et cassantes. Si ton employée panique à la moindre de tes absences, tu devrais songer à la remplacer. Au bout de 53 secondes de conversation, tu conclues. « Mettez tout ça sur mon bureau. » Fin de l'appel. Début des emmerdes ; demain t'auras pas mal de boulot à récupérer. Mais, tu t'en fous. T'aurais déjà claqué la porte de l'hôpital si tu n'étais pas capable de tenir le rythme de travail. Une inspiration pour te donner du courage et te revoilà, franchissant une nouvelle fois la porte de la chambre.

Et alors ? Que vas-tu faire ? T'excuser ? Bredouiller tel un ado gêné pour ce que qui aurait pu se passer ? Ben non. Tes pas te conduisent à la table de nuit où tu récupères les lingettes trempées, et tu mets toute ta bonne volonté à esquiver son regard lorsque tu t'assoies, prévoyant tes geste pour appliquer le textile sans brusquerie. C'est d'ailleurs ce que tu t'emploies à faire. Silencieux, concentré pour ne pas avoir à parler. Combler le silence en meublant par des explications foireuses te passe carrément au dessus. D'une ; tu ne saurais pas quoi dire. De deux, dérailler vers un autre sujet tel que le choix de Derek concernant ses costumes ne t'inspires pas plus que ça. Alors voilà. En bon médecin, tu t'appliques à soigner ta patiente, dans un silence qui malgré toi devient chaque secondes un peu plus lourd. Peut-être devrais-tu partir. Peut-être que ce coup de téléphone était un signe, une alarme t'indiquant que tu t’apprêtais à faire une connerie. Telle une décharge, un retour brutale à la réalité qui t'aurais ouvert les yeux. Mais, non. Et la seule chose que tu trouves à dire c'est.

« Tu peux me passer la crème ? »


Sans relever le nez.





PLUS COURT KE TOI. OK TAS GAGNÉ KRRKRR
By pandora

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Mar 30 Sep - 13:23


Tu avais toujours su où appuyer pour faire mal. Tes mots, enrobés d'une salive corrosive, savaient tracer leur propre chemin dans la chair ennemie, semant un venin puissant au sein des galeries qu'ils creusaient et ne rebouchaient pas. Elles persistaient, palpitantes de vie, même des mois après ton passage, ces témoins de ta grandeur, preuves irréfutables que ces lèvres fines ne refermaient pas qu'une langue trépidant d'impatience à l'idée d'en découdre. Par nature, ta salive était venimeuse. Tout ce que tu pouvais dire semblait doté d'un sens caché, d'une insinuation quelconque qui ne frappait que plus tard, bombe à retardement. Chaque syllabe, chaque intonation était pesée et réfléchie pour constituer un ensemble efficace - le moindre détail était important. Tes rictus étaient le « méfait accompli » de chaque bataille, terminant le duel sur une ultime touche d'hypocrisie ; ceux qui ployaient devant toi avaient au moins eu l'hommage de te distraire quelques minutes.
Mais pas Lui.

Cela faisait bien longtemps que tu avais cessé de vouloir t'en prendre à sa carapace hermétique, en tous points semblables à la tienne. Au contraire, c'était lui qui, en se lovant contre la glace t'entourant, avait réussi à la faire fondre. Il avait toujours allumé ce brasier caractéristique au fond de tes entrailles, l'envie violente de le posséder. Il était ce livre entouré d'un fermoir en cuir que tu ne parvenais pas à ouvrir, n'entrevoyant que quelques pages et les premiers mots inscrits sur ces dernières. Et c'était ça qui te plaisait autant, ce mystère épais que tu n'arrivais pas à chasser, alors que tous les autres exhibaient leur contenu sans témoigner de la moindre pudeur. Il en fallait peu pour que tu saches tout sur eux, ou plutôt, tout ce qui pouvait te servir, tout ce que tu considérais utile. Pas lui. T'échiner sur ce fermoir bloqué était devenu une activité aussi distrayante qu'addictive.

Lorsque tu étais avec lui, tu avais réussi à parcourir la moitié de l'ouvrage, glissant sur les pages nacrées en prenant garde à ne pas les corner. Ses rouages apparaissaient peu à peu. Comment il pensait, la façon dont il fonctionnait. Le fermoir s'était relâché, et c'était sans surprise qu'aujourd'hui tu retrouvais le bouquin mieux gardé que jamais. La force était exclue dans ta tentative d'en apprendre plus sur le nouvel Ash, pourtant ce « Alors pourquoi t'es venu ? » n'était ni plus ni moins d'une agression indirecte. L'ombre dans son regard était clairement perceptible, mais si tu avais perdu ton doigté, tus' n'étais pas non plus devenue une indigente ; les excuses s'entassaient dans la balance, faisant contrepoids. Et ça marchait. Il se détendait sous l'effet du baume. Au final tu n'avais pas tant perdu la main que ça.

La tension qui l'avait animé précédemment avait été clairement perceptible, surtout pour quelqu'un qui le connaissait aussi bien que toi. Ses pupilles assombries, le trait de ses lèvres affaissé, ses muscles imperceptiblement crispés, jusqu'au son modulé de sa respiration et le plissement léger de son arcade sourcilière. Il avait peut-être beaucoup changé, pris de nouvelles décisions, opté pour un autre style de vie, mais ses réactions restaient les mêmes. On changeait difficilement la nature même de son être. Il avait été froid, pesant pendant quelques secondes, durant ce laps de temps où tu avais cherché comment te sortir de là, ou plutôt comment le sortir de là, indirectement, discrètement. Ses mains sur tes épaules avaient cessé d'agir, reposant sur ta peau, inertes, un brin crispées, jusqu'à ce que quelques mots ne relancent la machine. Il fallait du doigté pour remonter l'horloge sans en briser les rouages.

Les excuses n'ont jamais été ton fort. Depuis tes premières années déjà, tu ne voyais pas le mal que tu pouvais causer par des questions, qui te paraissaient n'être que de la curiosité, et par tes actes, ceux qui te semblaient légitimes et justifiés. Tu trouvais le principe surfait, presque inutile. On ne soignait pas une blessure avec des mots, qu'elle soit physique ou psychique. Pression sociale exige, tu t'étais adaptée, pairant sourire et phrases bateau pour obtenir le pardon dont tu te fichais éperdument... Mais qui comptait tant pour les autres. Il n'y avait rien de plus hypocrite que des excuses ; les enfants en étaient le plus merveilleux des exemples ; lorsqu'ils devaient « demander pardon » ils jetaient le plus souvent quelques mots appris par cœur, ou dictés par les parents, regardant ailleurs et rêvant d'autres aventures. Rien que des mots. L'excuse impliquait directement la culpabilité – il n'y en avait pas l'ombre. Tu étais restée à ce stade là, douée dans l'art de mettre bout à bout des mots clés afin que les phrases prennent sens, sans que tu ne te sentes un seul instant mise en faute. Cette cérémonie stupide n'était que pure hypocrisie. Du moins était-ce ton avis, avant que tu ne goûtes aux prémices de ta culpabilité. L'ensemble prenait un tout autre sens alors. La sincérité fraîchement débarquée sur le terrain changeait radicalement la donne.

L'humour avait suivi, pressant le rythme afin que le malaise s'estompe. C'était pataud mais l'attention du brun partait vers d'autres rivages, et tu ne demandais pas mieux. Son sourire refaisait surface, témoin indéniable de ton brio pour gérer en situation de crise ; ses paupières se relèvent, libérant deux iris d'iolite qui croisent les tiens. Enfin. « Aucun risque. Je tiens à mon personnel.  » Tu ne réagis pas, même si en backstage on hurle de rire à l'idée que son attention puisse changer quoi que ce soit. Les hôpitaux, tu en as bouffé jusqu'à indigestion, et si tu devais encore y être internée de force, tu enverrais la moitié des aides-soignantes et infirmières dans l'aile psychiatrique. Tout te rendait cinglée dans les centres hospitaliers : l'inactivité forcée, le manque de couleur des murs et des gens, les contrôles des constantes à six heures du matin, la bouffe pourrie et les connes qui venaient piailler parce que tu n'y touchais pas... Plus jamais ça.

Tu tentes bien de l'occuper encore, l'entourant de phrases en guise de chaînes qu'il brise d'un seul mouvement en se levant – ton répit est terminé. « Avant de débattre dessus, je vais réparer tes conneries. » Encore. Et pas que les jambes et lubies des derniers jours ; Upsi avait toujours plus ou moins tenté d'effacer la traînée d'inepssies que tu semais systématiquement dans ton passage. C'était aussi bien intentionné qu'extrêmement frustrant. Tes pupilles roulent et ta tête bascule sur les oreillers alors que ton champ de vision se limite au plafond. Aucun intérêt. C'était peut-être drôle une fois, de jouer au médecin et à la patiente, mais la position que tu tenais dans ce scénario restait celle de l’indigente qui ne doit pas bouger et obéir. Tu n'étais pas faite pour obéir. Vraiment, vraiment pas. L'idée que ces soins soient obligatoires pour une bonne rémission ne te venait pas à l'esprit ; tout ce que tu voyais, c'était une situation dont il fallait que tu t'échappes.

Tu l'entends fouiner dans l'armoire – qui diable foutrait ses pansements avec ses pulls ? - rapidement suivi par un «  C'était une très bonne idée de te refiler mon numéro. » Comme un gamin fier de lui. Il avait joué quitte ou double et avait ramassé le jackpot – enfin, si tu pouvais y être comparable – il était donc normal qu'il soit satisfait. « Tant que tu ne m'harcèle pas. » Tu fais la moue à cette idée. C'était le genre de choses que tu te voyais absolument faire, et qui était iunmpossible avec Derek. Parce qu'il adorerait ça. Et que c'était fatalement moins drôle. Tout avait un goût différent quand on emmerdait les gens. Le sommet de son crâne rentre dans son champ de vision, et tu baisses le nez juste à temps pour voir qu'il te lance une serviette que tu rattrapes d'un mouvement de bras désabusé, fuyant avec beaucoup d'application son regard, de peur qu'il ne lise l'énorme « Sérieusement ?!  » gravé en lettres capitales dans tes prunelles. Il t'avait vu à poil. Tout le temps, de jour comme de nuit, sous tous les angles. Il t'avait vu à poil lorsque tu étais avec lui, mais aussi dix minutes plus tôt dans la baignoire. Est-ce que cette putain de serviette était vraiment nécessaire ? Était-ce encore une convention sociale qu'il alimentait par réflexe – cacher le corps nu d'une femme – ou parce qu'il en était besoin pour... Se canaliser ?

En un aller-retour à l'armoire à pharmacie, ton chevalier brun se ramène avec la même chose que quelques heures auparavant. Tout cela est ridicule. Vraiment. Ta moue n'est plus guère avenante à présent, malgré les efforts que tu fais pour te dominer. N'importe quelle paumée se serait damnée pour être dans ta situation : se faire chouchouter par son ex, le voire rappliquer sur un appel à l'aide et recommencer son œuvre dans la moindre protestation. Et pourtant. Cette partie du jeu ne t’intéressait pas. Il n'avait pas à faire deux fois les mêmes choses ; tu étais peut-être une teigne, pas certainement pas celle qui l'instrumentaliserait. Il ferait mieux le travail que toi, mais tu te fichais pas mal de faire un gros nœud pour terminer tes bandages et de mettre plus de crème à un endroit qu'à un autre. Au final, ce qui te gavait le plus, c'était peut-être l'idée qu'il s'imagine que tu l'appelais pour ça. En tant que prétexte pourri pour te soigner, encore et encore. Qu'il pense que tu sois capable de te faire volontairement du mal pour qu'il le soigne ensuite, personnellement.

Tu défonces ton record personnel en fermant ta gueule pendant deux minutes, le temps qu'il ordonne les produits et te jette un regard, à la recherche de ton aval. Putain que non. Mais faute d'entendre ta douce voix lui dire de dégager ses jolies mimines de là, il relève les draps, et tu t'attends presque à un sifflement appréciateur, du genre wow, beau travail, tu t'es bien foutue en l'air ! Mais c'est autre chose qui sort à la place  : « Tu devrais faire plus attention. » … Plus attention. Ton diaphragme tressaute. Secouant à peine ton corps, encore et encore. Rire nerveux. Bref, sec, silencieux. Plus attention. T'es pas tombée dans la baignoire hein. Le bon conseil serait «  Tu devrais réfléchir un peu avant d'agir » ou quelque chose du genre. De mieux tourné. De plus vif. De plus... Lui. Tu tournes la tête, perdant ton regard dans le paysage qu'offre l'ouverture de la fenêtre, l'irritation à fleur de peau, le regard froid. Il n'avait pas à faire ça. A se faire chier une seconde fois pour toi. Il ployait devant toi, te pardonnait tout, parfait sur tous les points.
Tu ne le méritais pas.

Le matelas s'enfonce brusquement et ton cœur loupe un battement alors que ton esprit a déjà joué en flashs ce que tu imagines se passer. Le laps de temps infime se déroulant entre le moment où tu sens son poids s'affermir sur la literie, et celui où tu tournes la tête aura suffi pour développer des tas d'hypothèses plus abracadabrantesques les unes que les autres. Pourtant... Rien n'égale ce que tu as devant les yeux. Sa tête est à moins d'une demi longueur de bras de la tienne, et il te suffirait de te redresser pour ancrer ton front contre le sien. Une main sur la table de chevet, juste à côté de ton épaule, l'autre presque nichée contre ta hanche, tout son corps s'étirant pour former un pont au dessus du tien. Rush hormonal. C'était peut-être la dernière chose à penser, et l'individu lambda se serait peut-être senti gêné ou acculé dans une telle position. Mais évidemment, toi... Tu échappais aux convenances. Upsilon n'était pas juste proche – il était intimement proche. Surtout lorsque l'on réalisait qu'il était le seul habillé ici. Il te fallait un effort surhumain pour ne pas lever la man et noyer tes doigts dans sa crinière d'acajou, ou même refermer les bras autour de son cou pour l'attirer à toi. Tu avais besoin de contact, de son contact, et rien de plus. Te nicher contre lui te paraissait une fin en soi envisageable, et l'odeur de sa peau te confirmait dans un tel choix de vie.

Le noir profond de ses pupilles quitte les tiennes pour se diriger vers tes lèvres, et tu peines à croire ce qu'il arrive. Il l'envisageait. Il n'était pas venu qu'en bon ami, qu'en ex ayant expié son addiction pour te porter secours. Alors qu'il n'avait qu'à se saisir des lingettes et se reculer mine de rien, il s'attardait, pesait le pour et le contre, pendant que tu ne remuais pas un muscle. T'avais fait assez de dégâts comme ça et tes messages avaient été aussi clairs que des panneaux lumineux et clignotants braqués sur la route qui le mènerait vers toi. A lui de choisir à présent. En toute honnêteté, tu t'attendais à ce qu'il bondisse en arrière d'une seconde à l'autre. Qu'il reprenne ses esprits et que son expression en dise long sur la connerie qu'il s'était apprêté à commettre. Et pourtant. Tes yeux ne te jouaient pas de tours : il s'approchait. Encore et encore. Mettant ta patience à rude épreuve. Balayant les fuites que tu imaginais, secondes après secondes. Et ce fut presque sans surprise qu'au point culminant, juste avant le non-retour, que quelque chose vint lui rappeler qu'il n'avait plus seize ans.

L'éclat de ton regard change à la seconde où tu perçois la vibration de l'engin dans sa poche, et tes paupières puis tes sourcils s'unissent pour former ce regard de défi tant de fois jeté en pâture aux lions. Ose. Qu'il ose choisir son putain de portable face à l’occasion qu'il avait. Ce moment parfait où personne ne pourrait faire irruption dans la pièce, où aucun témoin ne bondirait de derrière un placard, où aucun préfet fayot ne viendrait faire campagne contre l’indécence. Qu'il essaye ne serait-ce diriger un doigt en direction de sa poche, et il pourrait être certain que son jouet finirait en méchoui dans un sandwich kebab. Lui, il t'arrachait toujours ta baguette des mains, tout simplement parce qu'il ne pouvait pas lutter lorsque tu décidais de t'en servir. Eh bien les rôles étaient inversés. Ta kryptonite était cette foutue merde sonore, qu'il avait intérêt à cadenasser s'il ne voulait pas en racheter un tous les jours.

La cause était pourtant perdue d'avance, et il est déjà debout lorsque tu fomentes les dernières malédictions. En quelques pas, il était hors de la pièce, comme si rien ne s'était passé. Te laissant là, avec l'impression d'être une pute avec qui il avait pu tirer son coup puis retourner à sa petite vie tranquille. Peut-être qu'il te testait après tout. Qu'il attendait que tu le repousses. Mais même lunatique, tu n'irais jamais le faire venir pour le dégager ensuite, juste pour vérifier l'ampleur de ton pouvoir sur lui. Enfin... C'était tout à fait ton genre. Mais pas le concernant. Renfrognée et vexée, tu passes les mains sur ton visage, essorant tes cheveux par pur désœuvrement, guettant ses paroles d'une oreille distraite. Et maintenant ? Qu'allais-tu faire ? Dire ? Impossible de décrire tes émotions et envies actuelles, trop de choses se bousculaient à tour de rôle dans ton crâne. Tu voulais bondir et lui arracher le téléphone des mains – oui, même avec des jambes brûlées, parfaitement -, envoyer valser tes promesses et l'embrasser, le frapper jusqu'à en avoir mal aux jointures, t'envoyer en l'air sauvagement ou ne rien faire et rester vautrée contre lui, ou mieux, sur lui, malaxer ses cheveux jusqu'à irriter son cuir chevelu, et tant d'autres choses impossibles, illogiques, contraires et ridicules, sans parler de tout les mots qui s'échapperaient de tes lèvres, avec la même incohérence et toutes les contradictions qui te caractérisent.

Et bien sûr, tu ne feras rien de tout ça.

Lorsqu'il rentre dans la pièce, tes bras sont croisés, gestuelle instinctive certifiant que la communication est coupée. Ton expression se veut neutre, mais vous savez tous les deux qu'il vaut mieux que tu exploses plutôt que d'afficher ce manque total d'émotions. Rien ne filtre, et c'est ça le pire – le propre des femmes. Quand il y a ni joie ni colère, c'est pire. C'est du ressentiment. De la rancœur. Quelque chose de mauvais, de venimeux, glissé sous la coque de marbre, pondant des œufs et se démultipliant dans l'ombre. De toute façon, lui ne te regarde pas ; il s'empare du butin recherché précédemment et s'assoit dans un silence pesant que tu ne cherches pas un seul instant à briser, en bourreau que tu es. Tu valses entre trop d'états émotionnels, et la seule chose qui parvient à t'y arracher, c'est fixer intensément la nuque et le crâne chevelu de l'ancien Gryffondor. Espérant peut-être qu'à force, sa toison prenne feu et qu'il te jette au moins un regard. Au moins vous partageriez quelque chose - des brûlures et des cloques. Charmant. Typiquement Serpentard.

« Tu peux me passer la crème ? »

Oh mon dieu.
Il sait parler.

Tu ne le lâches pas du regard une seule seconde, mais il persiste à te tourner le dos, créant inévitablement ces vagues de rage et d'exaspération familières. Putain mais regarde moi ! Ta patience s'étiolait, déjà mordue de tous les côtés, distendue depuis les premières longues minutes où tu t'étais fixé le but de ne pas agir et réagir. Ton capital quotidien arrivait à saturation, et tu avais le plus grand mal du monde à garder les lèvres scellés. Non, tu n'étais pas comme toutes celles qui n'osaient pas, qui laissaient pourrir les situations désastreuses en attendant que tout s'arrange, ou pire, que le mec déblaie tout le bordel créé à deux. Tu préférais la transparence : si quelque chose n'allait pas, autant gueuler un coup et repartir sur de bonnes bases. Mais qui étais-tu pour lui, hein ? Même pas une amie. Comme une étrangère, une vieille connaissance de l'école primaire. Si tu commencais à lui cracher tout ce qui te perturbait, il allait changer de trottoir, et bye bye la Fal.

Tu ne pouvais rien dire. Mais tu n'allais certainement pas te laisser faire – il y avait d'autres moyens pour communiquer. Plus subtils et tout aussi explicites. Sans le quitter des yeux, tu lances ton bras sur la droite, refermant la main sur le tube de crème. « C'est bon. » Un peu trop cinglant peut-être. Self control Falvie. Self control. Ton expression rattrape le tout, presque détendue. Tes iris sont deux lames de rasoir glissant sur sa chair, mais tes traits sont plus doux. Il te gonfle. Cette langue de bois imposée coupe net le peu de sincérité que tu pourrais dévoiler. Si tout se passe bien, aucun souci. Tu reste toi même, entière, véridique. Il pouvait lire en toi sans difficulté. Mais il suffisait d'un pas de travers, pas forcément de sa part, et comme tu ne pouvais pas exploser, tu enfouissais tout, te refermant comme une huître. C'était sûrement aussi frustrant pour lui que pour toi, mais votre situation était beaucoup trop instable pour risquer une engueulade. Alors tu faisais avec. Gardant la balance parfaitement plane, pendant que lui, eh bien... Il n'avait qu'à décider si tu en valais la peine ou pas.

Comme tu ne peux déplacer tes jambes pour les mettre hors de sa portée, tu te penches vers lui, le mimant pour ne pas croiser son regard, et d'une main, tu le repousses, loin de la bulle qui t'entoure, refusant son contact, sa proximité dans ta sphère. Étaler de la crème est à portée de tous, du moins est-ce ce que tu penses avec certitude. En plus, tu l'as déjà vu faire, pratiquer les même gestes aux mêmes endroits. Pas de problème, tu pouvais gérer. D'un mouvement des doigts, tu fais sauter le bouchon de la crème, qui s'écrase sur le paquet au bord de l'armoire sans que tu ne manifestes la moindre réaction. Tu presses le tube, jetant à œil à tes plaies, songeant que tu serais capable de faire l'autiste avec la crème juste pour le faire réagir. Du genre, appliquer la pâte directement sur la peau. Le style de détail insignifiant qui lui, le ferait bondir. Mais tu n'en es pas à ce point. La crème s'échoue au creux de tes paumes et tu la malaxes en frottant tes mains les unes contre les autres pour la réchauffer, l'air absent, presque ailleurs.

A son tour d'attendre en silence.
Mais au final..

C'était égoïste de ta part ; il avait fait tellement aujourd'hui. Il avait un boulot important, il était donc logique qu'il le privilégie via cet appel, d'autant plus qu'il pensait sans doute que rien n'était garanti avec toi. En fait, il pouvait très bien décider qu'il en avait fait assez. Trop même. Que le silence était lourd, qu'il n'avait rien à faire et plus de prétexte pour rester. Et il pourrait décider de partir, simplement. De prendre congé puisque tu le privais de la seule tache qui justifiait sa présence ici. Il pouvait se lever à tout moment, sortir quelques phrases bateau et se casser dans les pires conditions possibles, celles qui lui confirmeraient qu'il n'avait rien à foutre là, qu'il en avait fini avec toi.
Et cette perspective te frappe avec tellement de force que tu brises net tous tes serments d'indifférence pour lui jeter un regard par en dessous, te croyant cachée derrière le cortège de mèches roses qui encadrent ton visage, s'y collent et te voilent la vision.
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