« La loi, c'est moi. »
Flavia. Onze ans. La gamine avait relevé la tête de son livre d'histoire, remettant au goût du jour une phrase historique. Sous le regard de sa mère qui préparait une tarte au pomme, la fille avait décidé de prendre de l'avance sur tout Poudlard. Elle avait bien pensé a s'en prendre directement aux cours de troisième année mais elle avait abandonné. Elle ne visait pas assez loin. Elle s'était donc décidée pour le programme scolaire moldu, se disant qu'ainsi elle aurait des connaissances absolument inédites. Un sourire éclairant ses petites lèvres rosées, elle tourna sa page.
« Flavia, papa revient ce soir, tu ne veux pas m'aider a préparer le dessert ? »
Madame Mantis savait pertinemment qu'elle parlait dans le vide, mais elle essayait tout de même. On ne sait jamais. Poussant un petit sourire, sifflant sa chanson préféré, elle laissa sa baguette sur le plan de travail et s'approcha de la petite Flavia, se penchant sur son épaule. « Histoire de France ». Parfois elle ne savait pas trop quoi penser de sa fille. Haussant un sourcil, elle laissa tomber. Elle avait eu bien d'autres hobbies plus bizarre que l'histoire moldue. Cet enfant l'avait changé. Flavia était dure avec elle même mais aussi avec les autres. Madame Mantis avait dû devenir une super maman pour l'harmonie de cette maison.
Époussetant son tablier, elle attrapa sa dérangée de fille par les aisselles, telle la super maman qu'elle était devenue après ses études a Serpentard. Le crie de la fillette ne lui fit ni chaud ni froid, elle la porta a bout de bras avec elle a la cuisine.
« On ne discute pas, tu es la seule ici a ne pas faire cramer les gâteaux. Et tu lis trop. »
***
« Je suis venue, j'ai vu, j'ai vaincu, j'ai eu le rouge a lèvre ET le vernis a ongle en solde. »
Flavia, sortant de son sac ses articles d'une main sûre, les présenta sous le nez de son père assit dans un fauteuil a lire la gazette du sorcier. Son père ne daigna ni lever les yeux de sa lecture, ni redresser ses lunettes qui menaçaient de tomber de son long né.
Ce n'était pas grave. Sa prise de guerre n'avait pas a être contemplé en tube, mais sur elle. Chantonnant du bout des lèvres une vieille chanson qu'elle entendait sans cesse quand elle était petite, elle se dirigea d'un pas dansant vers le hall dans l'optique d’aller essayer ses achats mais elle fut arrêter par son père qui releva brusquement la tête pour la regarder.
« Dis moi tu as quel age maintenant ? »
Relevant un sourcil parfaitement arqué, la sorcière n'était pourtant pas surprise par cette question. Son père s’intéressait a bien des choses mais pas a des futilités du genre l'age de sa fille où la cote en bourse de l'entreprise familiale d'encre magique, premier fournisseur de la grande maison d'édition de la Gazette du Sorcier.
« 24 ans »
Elle attendait la suite, ses prunelles d'un noir d'obsidienne plongées dans celles jumelle de son père. Quelle allait être la suite. Allait il lui parler de leur famille ? De l'avenir de professeur pour lequel elle s'était destinée ? Elle avait envoyé sa candidature dès que l'ancien titulaire avait décidé de partir a la retraite en Italie pour rencontrer les derniers Gladiateurs sorciers. Bien entendu elle avait été prise. Il aurait été idiot qu'on lui refuse le poste. Elle avait déjà a son actif la création de deux potions majeures pour le monde sorcier.
« Et les garçons ? »
Merlin. Ses yeux s'écarquillèrent et ses ongles parfaitement égaux vinrent tracer un sillon penseur sur sa douce peau d’albâtre. Elle s'était attendue a beaucoup de choses mais pas a ça.
« Et bien. Non ?
Son père la regarda encore un long instant, hochant le menton avec dans les yeux un éclat rassuré. Puis se replongea dans son journal.
Flavia, se demanda un instant si elle avait bien fait de lui répondre en se basant sur ses « copains » et non ses conquêtes. Les conquêtes étaient nombreuses. Les amours inexistants.
Tournant les talons, elle ne put s'empêcher de sourire. Monsieur Mantis était un père bien étrange pour se soucier encore de sa petite fille alors qu'elle était a la veille de son déménagement.
***
Alors que sa fille quittait la pièce, monsieur Mantis reposa aussitôt son journal sur ses genoux en se frottant le front de sa manche.
Lorsque sa femme était tombée enceinte, il avait tout de suite su que le rôle de père serait difficile. Lui et sa famille avait prié pour un représentant mâle. Eux pour une raison évidente de transmission du nom de famille pour leur descendance, lui pour la simple raison que les femelles lui avaient toujours posé un nombre incalculable de problèmes. Sa mère. Ses sœurs. Et son épouse qui lui avait passé la bague au doigt.
Mais le destin en avait voulu autrement en encore plus compliqué. Ils avaient eu Flavia.
Il lui arrivait la nuit de se réveiller en sueur et de se demander si il avait rêvait la mort de sa fille alors qu'elle crevait les yeux d'un loup garou de ses ongles, une main monstrueuse ressortant par son dos où si cela c'était vraiment passé. Parce que sa Flavia était ce genre de femme qui décidait que tout était possible et qui réalisait l’irréalisable. Poufsouffle. Ces créatures étaient décidément bien plus étranges que les sphinx d'Asie mineur. Les Serpentards aimait il répéter, étaient bien moins dangereux jugeait il face a une femme Poufsouffle. Il avait aimé la maison Serdaigle. La bas les gens lui avaient fiché la paix.
Recrachant l'air de ses poumons, il redressa enfin ses lunettes et rattrapa son journal. Un jour pourtant il faudra bien qu'il la laisse grandir. Un peu.
Jugeant qu'une fois de plus sa fille était source de migraines, il effaça ses doutes en une fraction de seconde en se replongeant dans son article sportif. L'encre était magnifique.
***
Le nouveau était pas mal. Bien qu'un peu en dessous de son intelligence, il était pourtant une sorte de défis amusant, inédit et surtout terriblement dangereux. Mais Flavia aimait le feu.
Un sourire, une œillade et surtout un jeu intense de chat et de souris, le professeur de sortilèges n'était pas loin de faire battre son cœur, longtemps resté froid.
C'était ce qu'elle s'était dit a son arrivé.
La mâchoire prête a fendre l'émaille parfaite de ses dents, la sorcière se sentait profondément humiliée devant le piètre spectacle que lui offrait son amant dans son lit blanc et sa Maître Fantôme de compagne.
Son cœur était même un peur douloureux. Qui avait donc le pouvoir d'atteindre ainsi son organe vitale ? Personne. La blancheur de sa peau était accentuée par la colère dévorante qui la consumait. Sa baguette était a portée de main mais aucune idées satisfaisantes ne lui venaient. Elle aimait les sortilèges mais elle sentait que sa vengeance ne devait être réalisée qu'a travers son art.
Pourtant le petit sourire désolé de cet Apollon grecomoldu la vissait a sa cheminé.
Il lui fallut encore trente bonnes secondes pour qu'elle fasse demi tour et s'en aille. Trente secondes. Impardonnable pour une femme telle qu'elle a qui une seule aurait suffi.
Au dernier moment sa destination changea dans sa bouche, « Poudlard » fut remplacé par « Chemin de traverse » Une vieille connaissance allait recevoir sa visite même si elle ignorait encore son objet.
Deux minutes et vingt secondes serait suffisant pour trouver.
***
Un jour. On lui avait demandé comment elle avait fait pour avoir une baguette si… unique et inestimable. Elle n'avait jamais répondu. Elle était la seule a savoir qu'il suffisait d'aller voir le prince des princes et de lui demander d'un ton impérieux qu'il était nécessaire qu'il participe a un projet encore plus grand que lui et que sa coopération allait être fortement appréciée par la sorcière des sorciers. C'est a dire elle même. Un elle de onze ans. Ça avait marché. Alors ça allait marcher deux fois. Pour ce qu'elle avait en tête il lui fallait quelque chose de très rare et de très unique pour que jamais personne ne défasse se qu'elle allait faire.
***
La potion était prête. Après sept mois de cuisson, elle était là, face a elle, minuscule et grandiose. D'une couleur ambrée aux volutes bleues, elle exerçait sur le regard humain un mélange de fascination et de répulsion irrationnelle. Elle était parfaite et bien entendu réussite. Aucun doute possible. Flavia l’empocha, et laissa ses mains dans ses grandes poches de velours sombre. Ce soir était le grand soir.
***
Le goût exquis de la victoire était inscrit dans son regard en lettres de feu. Pourtant elle savait que l'ivresse de cet instant ne durerait pas éternellement, un jour elle s’ennuierait de voir le marmot se fondre dans la foule de ses élèves. Ou peut être pas. Mais ce serait quand même moins amusant. Il lui fallait un nouveau défit, une nouvelle idée, ce petit jeu de prédateur entre elle et le professeur de sortilège était du réchauffé, plus assez nouveau pour la grande dame.
Quel age avait elle lui avait demandé son père. 40 ans. Peut être que son nouveau défit impliquait des couches et un biberon. L'idée était saugrenue et ridicule, elle éclata de rire sans se soucier de l'agitation qui régnait dans la grande salle.
***
Si elle avait su. Elle n'aurait pas rigolé ce jour là, il y a 4 ans. Une main sur la joue, elle s'amusait a torturer les vulnérables premières années en repensant a cette idée qui ne l'avait pas quitté de couche culottes. Si elle voulait vraiment un enfant il était peut être temps qu'elle arrête de terroriser les petits nouveaux qui arrivaient dans sa classe ? Non.