Wickedness for valentine's day (Ophelia)

Date d'inscription : 07/07/2013

Wickedness for valentine's day
Avec Ophelia.

Kalev s'attabla abruptement, meurtri d'agacement, à cette place libre aux Trois Balais. Renfrogné, la mine contrariée, il cacha son expression crispée derrière l'épaisse écharpe aux couleurs de Poufsouffle qui préservait son cou du froid mordant qui régnait dehors.
L'adolescent supportait difficilement l'hiver et commençait à le trouver bien trop long. On approchait du jour de la Saint Valentin et il faisait toujours aussi froid que lors des vacances de Noël. Un enfer. Toutefois, ce n'était pas là la cause de son manque de bonne humeur.

La véritable source de cette colère brûlante, c'était une scène à laquelle il avait assisté la veille : alors qu'il s'amusait tranquillement avec ses amis dans la salle commune, il avait vu un camarade de troisième année composer un poème. Etant lui-même un amoureux des poésies aux goûts douteux, il s'était approché, tout sourire, pour voir de quoi il en retournait, et avait été profondément atterré de découvrir un texte empli d'admiration pour Ophelia Hellfire.
Cela l'avait d'autant plus déçu qu'il répétait régulièrement aux plus jeunes de ne pas faire tout ce que cette fille leur demandait. La fraternité entre ses maisons, c'était génial, mais il fallait savoir différencier amitié et simple exploitation de la part de débiles trop ancrés dans leurs préjugés pour se rendre compte que leur vision des maisons était complètement arriérée.
Oui, Kalev était capable de trouver quelqu'un débile. C'était rare, mais possible. En fait, il faisait même de son mieux pour se limiter à cette insulte juste parce que Camille lui avait dit que l'appeler Frollo n'était vraiment pas gentil.
Quoi qu'il en soit, après avoir un peu discuté avec ce petit, Kalev s'était rendu compte qu'Ophelia lui demandait régulièrement des petits services, plus ou moins désagréables et humiliants.

Ces derniers temps, il n'avait pas trop eu à se frotter à cette crotte de sombral, mais ce petit événement avait réveillé toute sa colère. On ne martyrisait pas ses petits projets. On ne s'en prenait pas à sa maison. On ne rabaissait pas ses amis. Point.
Il s'était alors empressé d'envoyer un patronus à Ophelia, lui ordonnant de venir aux Trois Balais le lendemain : il devait lui parler. Et, il allait de soit qu'en cas de refus, il la considérerait comme la dernière des lâches, puisque cela signifierait qu'elle était effrayée par un pauvre petit Poufsouffle servile.

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Elle aimait pas du tout ça. Mais genre... du tout. A l'instant où elle l'avait vu, elle avait su. C'était pas la première fois qu'elle voyait passer ce patronus de faucon. Mais elle avait jamais vraiment conçu l'idée d'en être la destinatrice. Honnêtement, quand elle avait aperçu le volatile brumeux foncer droit sur elle, elle avait lestement tourné les talons, tenté plusieurs détours à travers les couloirs... mais rien n'y avait fait, le message était pour elle et il fallut bien qu'elle accepte de l'entendre -ça ou être condamnée à semer un piaf en nuage, avouons qu'elle avait hésité.
On en dira ce qu'on voudra, mais Ophelia n'avait quant à elle jamais vu le mal à esquiver les ennuis. Elle appelait ça l'instinct de survie. Et après ? Il fallait pas être un peu maso pour aimer se faire enquiquiner, plonger à pieds joints dans les embêtements ? Au mieux elle contournait, au pire elle trouvait un bouclier humain. Mais point de dérobade à la messagerie patronusienne, à son grand désespoir... Et on peut dire que le message en question était à la hauteur, question degré d'enquiquinement.
En effet, elle avait déjà pu constater que Môssieur le grand Défensseur des joyeux Pouffy déconnait pas avec les futilités de la dignité humaine. Comme quoi il fallait pas utiliser les gens, bla bla bla... Vieux ronchon. Et suite à son petit spitch -digne d'une tribune des Droits de l'Homme- il n'avait guère eu l'air d'apprécier la répartie pour le moins téméraire de la jeune fille qui, ayant croisé les bras et haussé un sourcil amusé, l'avait gratifié d'un « définit ''humiliant''... ? ». Ah ça non, il avait pas aimé... D'ailleurs, sur le coup, Lia avait reculé d'un pas -simple mesure de précaution. Pas parce qu'il avait l'air physiquement agressif, plutôt à cause de la lueur qu'il avait dans les yeux... ce sentiment d'injustice qu'elle connaissait si bien.
Elle en faisait, des conneries, Lia, à cause de ce sentiment, alors même avec les autres, elle faisait un peu gaffe. Depuis, en tout cas, elle avait toujours veillé à manigancer à distance respectable de cet énergumène. C'est qu'elle avait pas pour autant prévu de renoncer à la main d'œuvre Pouffy, Lia. Les Serpy, ils sont un peu rusés des fois, ils demandent des compensations. On avait plus de chance de trouver chez les Pouffy des gentils qui agissaient par bonté d'âme, parce que « ça fait plaisir de faire plaisir » ou autre excuse karmique du genre. Bref, Lia elle était bien partante parce que c'était gratuit, elle était même prête à sourire pour la peine, et à les écouter parler un peu de licornes, d'arcs-en-ciel et de blaireaux, mais pas trop quand même.
Néanmoins, voilà qu'aujourd'hui elle avait finalement des nouvelles de l'importun. Et des mauvaises, qui plus est. Comme si on pouvait requérir sa présence aussi facilement ! Se dit-elle immédiatement avant de tomber dans l'étroite spirale de la provocation en commençant à organiser mentalement cette entrevue.

Parce qu'on pouvait dire beaucoup de choses d'Ophelia, mais très honnêtement, elle commençait toujours par réfléchir avant d'en venir aux mains. Bon, c'était pas forcément flagrant quant on la voyait se diriger spontanément vers son lit habituel à l'infirmerie, mais sincèrement, ce qu'il faut garder en tête, c'est que c'était toujours le plan B qui l'amenait à cette triste extrémité, le schéma traditionnel des altercations d'Ophelia Hellfire se déroulant ainsi : plan A (consiste en dialogues acerbes OU arguments mielleux) → échec du plan A → plan B lancé en mode automatique (= agression corporelle). Mais s'il fallait être totalement absolument sincèrement honnête, énormément de situations s'arrêtaient sur une victoire du plan A (surtout les opérations séductions pour recruter du larbin, à vrai dire).
Une fois n'est pas coutume, donc, elle envisagea ses options et commença la planification.
N°1, l'option « OSEF » : consiste à ignorer la requête (au mieux, elle trouverait une excuse genre « je pensais à autre chose quand j'ai reçu le message et impossible de m'en souvenir après coup », visant la vraisemblance plutôt que la crédibilité)
N°2, l'option « OK mais pas seule » : consiste à trainer un poto armoire à glace pour avoir raison même quand elle aurait tort. Mais stipule ostensiblement qu'elle ne se pense pas de taille.
N°3, l'option « YOLO » : on y va, on assume, on prend le risque.
Bien que son instinct de conservation lutta longuement pour la première option, il perdit lamentablement face à ses hormones de taureau de corrida -sûrement l'influence d'une incarnation antérieure- et YOLO l'importa sur les autres.

Façon saloon, le tintement de la cloche de la porte d'entrée retentit dans le pub animé. Son manteau léger et son écharpe desserrée trahissait son insensibilité manifeste au froid polaire des environs. Elle avança tranquillement, un pied devant l'autre, droit vers sa ~~cib~~-... son hôte. Elle s'assit calmement, sans un regard vers son futur interlocuteur, défit lentement son écharpe, puis son manteau. Enfin, elle vrilla son regard du sien, les coudes sur la table, le menton appuyé sur ses doigts croisés. Et parce qu'Ophelia était tellement prévisible...

▬ Oui ? C'est pour me proposer tes services, peut-être ?

La meilleure défense c'était l'attaque, et la sienne était prévue d'entrée de jeu. Elle était seule, sans soutient ni public pour prendre parti. Chiper les rennes dès la début et les défendre bec et ongles jusqu'à la fin de l'entretient, c'était sa seule chance. Elle savait pertinemment bien pourquoi elle était là et fonçait tête baissée dans la plus sournoise des provocations.

▬ Figure toi que tu as pile poil la carrure, on manque toujours cruellement de bodyguard dans cette école, et les plus utiles sont souvent trop accaparés par le Quidditch... mais si on part sur un temps partiel, je suis sûre que tu feras un très bon candidat.

Elle lui décrocha son plus large sourire Cheshire, toute excitée qu'elle était à l'idée de mettre à mal ses petits nerfs dans un lieu public où il n'aurait aucun moyen de véritablement sortir de ses gonds. Elle aimait faire ça, Lia. En vrai, elle aimait jusqu'à ce que quelqu'un de plus patient qu'elle la fasse bondir par dessus la table, toutes griffes dehors -sans blague, dans ces moments-là on la croyait montée sur ressorts. Mais elle aimait quand même, parce qu'au pire, elle finissait par se défouler physiquement, ce qui se révélait tout aussi profitable -si on oubliait le passage à l'infirmerie, et parfois même des points en moins pour Serpentard.

Date d'inscription : 07/07/2013

Kalev souffla un peu plus fort dans son écharpe lorsque la flaque de mucus de harpie de sa connaissance s'attable face à lui. Il n'eut aucune envie de se montrer poli en écartant le morceau de tissu de son visage et maugréa un « b'jour » étouffé tout en la regardant s'asseoir.
Il eut un frisson en la voyant se dévêtir. Pas tellement parce que voir une fille retirer son manteau le troublait, mais davantage parce qu'avec son gros pull et son écharpe, il avait encore beaucoup trop froid pour songer à retirer lui-même sa veste. Et puis, ces doigts, là, qu'elle croisait d'un air autoritaire : ils devaient geler. Kalev jeta un coup d'oeil à ses gants noirs. La simple idée de les enlever lui donna la chair de poule.
L'air de rien, le temps qu'il s'intéresse à sa résistance au froid, elle avait ouvert les hostilités. Kalev fut partagé entre se taire pour laisser couler ou se montrer plus hargneux qu'elle, mais bon, c'était lui qui l'avait invité à discuter, aussi fallait-il se montrer un minimum diplomate.

- Le seul service que je peux te rendre, c'est rédiger pour toi ton testament, ou financer ton exil en terre centaure. J'ai bien peur que ce ne soit pas vraiment dans tes projets.

Il avait répondu d'une voix calme. Il était plutôt fier de lui. Enfin, non, il avait l'habitude d'être calme et joyeux. Disons que, devant Frollo, c'était une sorte de petit exploit. Parce que chaque fois qu'il croisait le regard du monstre, il la revoyait se servir éhontément des petits jeunes de Poufsouffle.
Bon, par contre, il n'avait pas pu s'empêcher d'ouvrir des yeux ronds lorsqu'elle continua à le provoquer. En soit, il était habitué à ses attaques, mais le niveau était quand même rudement bas aujourd'hui. Incapable de trouver quoi répondre devant tant de bêtise, il se leva quelques instants, le temps de montrer plus clairement à Ophelia sa carrure.

- Si ton garde du corps parfait est plus petit que les élèves de cinquième année, craint les températures en dessous de 10 et tient dans un placard à balais, je pense effectivement correspondre, mais je pense bizarrement que c'est pas tout à fait ce que tu cherches.

Il se rassit et s’emmitoufla dans son manteau tout noir, et resserra son écharpe toute jaune, qui cachait la moitié de visage qui n'était pas dissimulée par des mèches blondes égarées. Pourtant, derrière tout ça, ses yeux continuaient de fixer Ophelia.

- Pourquoi tu aurais besoin d'un garde de corps, en fait ? Je pensais que les sorciers de sang-pur étaient des génies de la magie qui n'avaient peur de rien.

Non, en vérité, il ne le pensait pas du tout. Mais bon, quand on était de mauvais poil, on disait beaucoup de choses qu'on ne pensait pas, malheureusement.

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▬ Si ton garde du corps parfait est plus petit que les élèves de cinquième année, craint les températures en dessous de 10 et tient dans un placard à balais, je pense effectivement correspondre, mais je pense bizarrement que c'est pas tout à fait ce que tu cherches.

Lia s'esclaffa lourdement en tapant du point sur la table.

▬ Rooooh, Kalev, s'pèce de troll, va ! Justement, les gens vont pas se méfier ! Puis, en toute honnêteté, l'important, ce n'est pas que toi tu t'en tires indemne, mais que MOI je m'en sorte en toute impunité... Je pense que tu vois de quoi je veux parler, tu connais un peu mes méthodes ~

Elle le gratifia d'un sourire carnassier, une lueur mauvaise dans le regard. Lia n'aimait jamais autant se montrer mauvaise que devant quelqu'un qui la prenait déjà pour l'incarnation du mal. Ces gens-là avaient comme qui dirait tendance à accentuer ses mauvais penchants. Alors qu'il était pourtant bien simple de la mener en son sens... En incarnant ce mal, elle se trouvait légitimement du côté de sa magie noire chérie. Puisqu'ils la jugeaient néfaste, juste pour être à Ses côtés, elle le serait aussi... Alors qu'en pratique, elle était même pas si mauvaise, Lia. Elle serait jamais allée bien loin. Mais elle adorait qu'on lui prête ce rôle...
Elle le toisa finalement de haut en bas, l'air perplexe.

▬ En même temps si t'as vraiment besoin de dix épaisseurs pour survivre, tu seras toujours bien rembourré, t'auras pas de mal à encaisser les coups.

La jeune fille avait pris l'air pensif de quelqu'un qui envisage réellement une possibilité quand son interlocuteur la sortit de sa rêverie.

▬ Pourquoi tu aurais besoin d'un garde de corps, en fait ? Je pensais que les sorciers de sang-pur étaient des génies de la magie qui n'avaient peur de rien.

Le regard soudain éteint, Lia secoua théâtralement la tête. Elle débita sa réponse sur le ton méprisant de la redite, tenant plus de la machine que de l'humain.

▬ Kalev, Kalev, Kalev... Justement, si tu ne manquais pas autant de ce fameux génie, je n'aurais pas à t'enseigner les rudiments de l'économie personnelle. J'ai de nombreux combats à mener, il est évident qu'en enrôlant des soldats je peux gérer plusieurs batailles à la fois.

Alors que son expression durcissait progressivement, figée dans un froid plus glaciale que celui de cet hiver capricieux, sa crispation fut interrompue par le barman, manifestement agacé de les voir squatter l'établissement sans commander, ce qu'ils firent machinalement, l'atmosphère ne se prêtant pas réellement à la détente d'une boisson partagée entre amis.

Ayant retrouvé ses esprits, la jeune fille contempla le garçon maussade, toujours secoué de ces spasmes dits du frileux de base. Regagnant sa jovialité on ne peut plus discutable, Lia remonta alors lentement ses manches, l'une après l'autre, sous le regard frigorifié du défenseur des Pouffy. Si elle avait eu rien qu'un peu moins de pudeur, elle lui aurait tapé le stip tease juste pour le plaisir de la voir mourir de froid par procuration.
Satisfaite de son petit manège, elle reprit avec plus de sérénité.

▬ En fait, je vois pas trop de quoi tu te plains. Quand on y pense, tes Pouffy chéris, je fais juste que les occuper un peu. La plupart des tiens sont vraiment trop aimables, j'ai assez rarement l'occasion de me venger d'eux.

… contrairement aux Gryffondors, pensa-t-elle en son fort intérieur.

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Kalev devait avouer trouver profondément lassant cette art qu'avait Frollo de retourner tout ce que son interlocuteur pouvait dire dans un sens qui l'arrangeait. C'était agaçant parce que ce n'était pas naturel, déjà, mais aussi parce que cela donnait la désagréable sensation qu'on pourrait lui sortir une énormité, elle arriverait à y rire en prétextant qu'elle se moquait de la stupidité de l'auteur de la bêtise. Oui, vraiment, cette fille était navrante.
Et puis, Kalev les aimait bien, les trolls. Dans une autre vie ; une ou lui-même serait un sorcier d'une grande intelligence réparti à Serdaigle, il lutterait pour les droits à l'égalité entre les différents êtres et créatures magiques. Dans le fond, il en était intimement persuadé, les trolls avaient leur propre forme d’intelligence.

- Il y a un tout petit problème dans tes plans, souligna le Poufsouffle depuis l'arrière de son écharpe. C'est qu'assez peu de personnes ont envie de me défigurer, alors que je pense qu'un certain nombres aimerait bien te remettre à ta place. Donc, franchement, je serai réellement un mauvais garde du corps. Et j'ai déjà d'autres personnes à protéger.

Les élèves de sa maison, bien sûr, mais pas que. Il y avait Camille, par exemple. Certains élèves d'autres maisons qu'il appréciait. Les jeunes années, de façon générale. Un peu tout le monde, en fait. Il n'y pouvait rien, c'était comme ça : il était le cadet de la famille, mais il avait l'instinct du grand-frère.

Ignorant les commentaires sur son caractère frileux, il préféra se demander, l'espace de deux secondes, ce que voulait dire "économie personnelle", avant de se souvenir qu'il n'était pas bon de réfléchir à ce qu'inventait Frollo pour se rendre intéressante. Et ses images de batailles, là, ça lui évoquait beaucoup plus les jeux vidéos de Garfield que quelque chose de concret.

- Je me demande ce qu'une fille de... de... elle avait quel âge déjà celle-là ? ... ce qu'une adolescente peut avoir comme combat à mener. Autre que quitter son lit tous les matins. Ou résister à une troisième part de dessert. Et puis quelqu'un de bien mène ses combats seuls si ils risquent de faire souffrir les autres.

L'entraide, c'était le meilleur truc du monde, mais hors de question de blesser ses amis avec ses propres bêtises. Un règle d'or pour le jeune capitaine de l'équipe de Quidditch de Poufsouffle. C'était en grande partie pour ça que, si lui-même ne partageait jamais ses problèmes, il était le premier à soutenir les autres dans les leurs. Enfin, les autres dont les problèmes étaient légitimes.

Et puis, elle ne put pas le voir, mais caché derrière son écharpe, Kalev souriait : qu'elle se promène en slip si elle voulait, ce n'était pas comme si cela pouvait spécialement le rendre nerveux et comme ça, elle attraperait une bonne pneumonie et mourrait peut-être à cause de l'infirmier. Bon c'était méchant pour l'infirmier mais ce serait franchement aider l'humanité.

- Et les gens n'ont pas vraiment besoin de toi pour s'occuper. Il y a plein d'activités saines dans la vie que tu devrais essayer.

Plutôt que de purger le mal par le mal, il était peut-être l'heure d'employer une autre tactique : purger le mal par une vie droite et juste.

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▬ Il y a un tout petit problème dans tes plans, souligna le Poufsouffle depuis l'arrière de son écharpe. C'est qu'assez peu de personnes ont envie de me défigurer, alors que je pense qu'un certain nombres aimerait bien te remettre à ta place. Donc, franchement, je serai réellement un mauvais garde du corps. Et j'ai déjà d'autres personnes à protéger.

Elle inspecta négligemment ses ongles.

▬ La colère, mon cher. Tu sous estimes son pouvoir. Tu le dis toi-même certaines personnes ont... comment dire ? Du mal à vaquer à leurs occupations sans se mettre en travers de mon chemin. En résulte leur tendance à regretter de s'y être trouvés. Sache-le, s'il y a quelque chose entre eux et l'assouvissement de leur colère, la chose en question prendra cher. A ma place. Naturellement. Et, mettons que tu les dissuades de se fâcher par ta seule présence, ça me va aussi. Tu vois, ça, c'est mettre intelligemment à profit l'intérêt de chaque individu.

Elle lâcha ses ongles du regard pour le fixer de nouveau, froide.

▬ Mais à quoi bon, après tout, tu n'es pas un marrant, Kalev Hopwar. Tu ne sais visiblement pas jouer convenablement. On ne pourra pas dire que je n'ai pas essayé. Mais tu n'es pas assez joueur pour saisir une vraie occasion. Tu es ennuyeux.

Lia éructait sur un ton toujours plus sombre et sec, le constraste entre les deux interlocuteurs devenant plus palpable à chaque échange. Elle pouvait rire de ses insultes mais ne tolérait pas sa fausse légèreté sans gagner en gravité au passage. Cet imbécile se prenait au sérieux, et pourtant, jusque là, il n'avait rien amené de très concret au débat, faisant de cette convocation formelle une formalité en soi, une fumisterie sinon, et Ophelia Hellfire considérait le temps qui lui était imparti comme précieux et sans équivalent.

Il reprit sur le ton de la conversation :

▬ Je me demande ce qu'une fille de... de... elle avait quel âge déjà celle-là ? ... ce qu'une adolescente peut avoir comme combat à mener. Autre que quitter son lit tous les matins. Ou résister à une troisième part de dessert. Et puis quelqu'un de bien mène ses combats seuls si ils risquent de faire souffrir les autres.

Elle eût un vague sourire nauséeux qui retenait à grand peine un petit rire dédaigneux, absent seulement par le dégoût croissant que lui inspirait cette conversation. Elle attendit patiemment la suite.

▬ Et les gens n'ont pas vraiment besoin de toi pour s'occuper. Il y a plein d'activités saines dans la vie que tu devrais essayer.

Elle soupira à demi, comme un noyé dont les poumons contiennent plus d'eau que d'air...

▬ Dans ce monde, la valeur n'attend pas le nombre des années, tout comme les combats que l'on souhaite y mener. Laisse tomber cette fausse curiosité, tu ne veux pas savoir contre quoi je lutte. Tu voudrais plutôt que je baisse les bras et que je me laisse bouffer comme une malpropre. Tu pourras peut-être verbalement te contenter des piques rudimentaires, histoire d'évacuer la pression, mais même d'ici, je vois qu'à un cheveu de nature près, tu pourrais presque vouloir m'encastrer le visage dans cette table. Presque.

Elle laissa passer un court instant, le regard dans le vide, étrangement happée par le néant, avant de revenir à son interlocuteur.

▬ La preuve, Kalev, c'est que tu es incohérent.

Lia pinça les paupières dans un lent sourire, étendit les bras, crispa les épaules et s'étira comme un chat paresseux, avant de reprendre sa position initiale, doigts croisés.

▬ Sérieusement, j'ai bien entendu « quelqu'un de bien » ? Dans ta bouche ? Face à moi ? Aurais-tu dit à quelqu'un de bien que tu voulais, je cite : « rédiger son testament ou financer son exil en terre centaure » ? Tu vois, tu me sous-estimes clairement, et c'est la pire erreur que tu puisses faire. Parce que tu risques d'être un peu mal préparé s'il me vient à l'idée de faire des choses dangereuses...

Elle ponctua le mot par un froncement de sourcil significatif, laissant poindre une rage sourde. Puis elle baissa les yeux, auscultant du regard les sillons du bois brute de la table.

▬ Les choses vont comme tu veux, Kalev. Tu décides à quel point je suis mauvaise, à quel point tu peux me condamner, et même, si tu le voulais, à quel point tu pourrais me sauver. Mais tu te goures. Tu ne maîtrises rien. Tu ne peux pas juste changer l'ambiance avec trois mots. Tu ne me feras pas oublier. Personne ne voudrait rien recevoir de bien d'un regard comme celui que tu m'as lancé quand j'ai passé cette foutue porte. Les gars comme toi ne pourront jamais comprendre les gens qui connaissent la fierté.

Sa colère fluctuait. A chaque tournant, la conversation la rendait douce, puis mordante. Le velours ; puis l'acier. Elle était pas gênée plus que ça par les jeux d'équilibre, Lia, mais elle était du genre centrale nucléaire. Et personne aimait trop la colère radioactive.

Elle releva les yeux et fixa les siens tout en se penchant en avant, parlant bas à présent, le regard sombre, le ton menaçant.

▬ Si tu penses que se promener sur un balais ou cultiver la mandragore s'apparente à une vraie occupation, tu connais bien mal le monde dans lequel tu vis. Si tout ce que tu as à m'apporter c'est toute cette médiocrité qui semble si bien te convenir, alors, effectivement, tu ne me seras d'aucune utilité. J'espère pour toi que tu es fier de ta petite personne, parce que c'est probablement tout ce que la vie accordera à cet absolu manque d'ambition qui te caractérise.

La jeune fille fût interpellée par un raclement de gorge, suivit du tintement du verre, leurs boissons servies par un barman toujours aussi peu aimable. Elle sirota son thé glacé avec un air boudeur plutôt juvénile, contrastant avec la maturité de sa rage passée, visiblement contrariée de s'être fait interrompre.

Elle n'était déjà pas du genre à se laisser évangéliser, elle ne risquait pas de suivre le premier crétin né sous une bouse de dragon. S'il pensait qu'on pouvait commencer par lui manquer de respect avant d'essayer de la retourner, il se fourrait la baguette dans l'oeil jusqu'à la prostate. D'humeur sombre, elle faisait tourner les glaçons dans son verre avec de petits gestes secs, un peu comme on malaxerait une balle anti-stress.

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Kalev avait bien conscience que si le Choixpeau lui avait épargné une rude scolarité dans la maison de Serdaigle, c'était bien parce qu'il ne brillait aucunement par son intellect. Pour autant, bien qu'il ne perde pas une occasion de prouver le contraire, il ne se jugeait pas fondamentalement stupide. Pas toujours très vif, pas franchement savant, et même plutôt ignorant dans bien des domaines, mais pas complètement et irrémédiablement stupide.
Pourtant, il devait bien l'avouer : il ne comprenait rien qu'Ophelia. Enfin, il ne comprenait pas grand chose aux filles de manière générale, comme la grande majorité des adolescents, mais celle-ci était quand même un cran au dessus. Outre le fait qu'elle semblait adorer se perdre dans des monologues sur des sujets vachement complexes, il avait tout autant de mal à visualiser comment on pouvait naître avec un cerveau aussi apte à réfléchir et s'en servir pour rabaisser les autres, les manipuler et leur causer du tort. Réellement, ça le dépassait, et de très loin.

- Je cale pas tout, mais, tu sais, y'a des façons simples et cools de s'amuser qui demandent pas de se faire des noeuds au cerveau. Je vais pas te parler de Quidditch mais savoir simplement avec ses amis et se raconter des histoires drôles c'est un truc simple et fun que les ados font souvent, je crois. Tu devrais essayer.

Il s'avachit davantage sur la table en bois, toujours caché derrière son écharpe, à la fois las et agacé du comportement de cette fille qui pourrissait la vie des plus jeunes. C'était peut-être ça le problème de cette fille, finalement : elle s'ennuyait. Elle n'arrivait pas à se divertir avec les occupations du commun des mortels et tuait le temps d'une manière un peu bizarre en embêtant tout le monde. C'était assez triste, vu sous cet angle. A cet âge là, ne pas savoir rire d'un rien, c'était vraiment, vachement triste, même.

La laissant interpréter ses humeurs, il ne l'écouta plus que d'une oreille pour essayer de mettre un peu d'ordre dans les quelques informations qu'il arrivait à extraire du flot de paroles de la tyrannique élève de Serpentard. Dans le fond, oui, il aurait aimé réussir à rentrer dans sa petite tête le respect d'autrui, mais de là à abîmer une table pour ça, bof. Et puis, il avait beau tenter d'y mettre du sien, même en colère, il avait sacrément du mal à blesser quelqu'un. Même Ophelia. Même Vega ; et pourtant, pour celle-là, son animosité atteignait vraiment certains sommets.

- Le prend pas trop mal hein, mais j'ai l'impression que t'as un peu trop envie d'être spéciale. J'ai beau y réfléchir, je vois pas comment une ado peut être dangereuse. Tu peux dire des tas de trucs, tu restes aussi inoffensif que moi ou le chaton du voisin. Enfin, un cognard est beaucoup lus dangereux que toi quoi.

Il éternua ; en fait, il n'aurait peut-être pas dû sortir par un temps pareil. Il allait attraper un rhume et trouver de quoi se guérir en évitant au maximum de passer les portes de l'infirmerie.

Un point sur lequel elle avait raison, bizarrement, c'était que Kalev ne comprenait pas les gens fiers. Du moins, ceux qui étaient fiers de rien de concret. Être fier d'une bonne note, d'un but marqué, d'avoir aidé quelqu'un, c'était normal et passager et ça contribuait à une forme de petite bonheur ; mais la fierté perpétuelle et infondée derrière laquelle se cachaient pas malde gens, Kalev ne le comprenait pas du tout. Les gens incapables de s'excuser, d'admettre des torts ou de se réconcilier pour des questions de fiertés, c'était encore un truc qui le dépassait de très, très loin.

- En même temps. Qu'est-ce qui peut te rendre fière dans le fait d'embêter des gamins ? On parle beaucoup mais le coeur du problème ça reste que tu embêtes mes cadets, si t'étais un peu moins chiante on s'éterniserait pas ici.

Et il ne serait pas en train de s'enrhumer, au passage. Il frotta ses mains l'une contre l'autre ; ses doigts étaient froids, et il détestait cette sensation désagréable. Une des rares choses que Kalev détestait, peut-être.
Moui. Moui, li était sans doute médiocre et peu ambitieux, il ne pouvait pas contredire Ophelia sur ces points là. Mais bizarrement, li avait le sentiment d'être beaucoup plus satisfait de sa vie et en accord avec lui-même que la demi-harpie en face de lui.

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