Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
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sans regret ─ Absynthe

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Mar 3 Mar - 22:27
Ce jour-là, Ruber avait invité Absynthe Bridgestone à boire une Bièraubeurre entre collègues après les cours, à Pré-au-Lard.
Néanmoins, d’un point de vue extérieur, il avait surtout donné le sentiment de forcer le pauvre infirmier à subir un douloureux entretien avec son supérieur, à l’abri des regards loin de Poudlard, et sans possibilité de refus. Ruber, qui dormait mal depuis un mois à cause de ses douleurs musculaires, arborait des yeux encore plus sombres qu’à l’accoutumée, enfoncés dans leur orbite et encadrés par des cernes violacées. Ajouter à cela une voix fatiguée, sèche, qui ordonnait plus qu’elle demandait ainsi qu’une respiration un peu sifflante et vous aviez le professeur Bradbury de ce vendredi soir, plus terrifiant que jamais.
À savoir que son énième dispute avec sa fille Proserpine n’avait pas aidé à atténuer l’aura sombre qui planait autour de lui.
Ruber, qui n’avait absolument pas conscience de ce qu’on pouvait bien penser de lui en le voyant battre le sol de ses pieds en traversant le couloir, rejoignait les extérieurs d’un pas pressé. Il avait proposé à Absynthe de le rejoindre directement là-bas, après le repas de la grande salle, aussi il faisait déjà nuit lorsqu’il quitta le château.
Plus préoccupé qu’il ne l’aurait voulu, il ne put s’empêcher de retourner en boucle dans sa tête ce qu’il devait lui dire. Il y pensait même depuis plusieurs jours – depuis son passage à l’infirmerie, exactement. Il avait dû s’y rendre, pour la première fois depuis si longtemps qu’il en avait oublié où elle se trouvait, après s’être pris un cognard sur le nez alors qu’il passait près du terrain de Quidditch, lors d'un entraînement des Serpentards. Il n’y était resté que quelques heures, le temps qu’Absynthe comprenne ce que Mademoiselle Euphrasie lui expliquait – et peut-être était-ce dû à la présence hautement exceptionnelle de son ancien professeur, mais il avait été particulièrement malhabile, ce jour-là.
Ruber avait toujours pardonné les erreurs de l'assistant infirmier et répondait avec acidité à toutes les personnes qui avaient jamais critiqué Bridgestone, leur assurant qu’il était un élément indispensable à Poudlard.
C’était tout-à-fait vrai, et c’était bien ça le problème aujourd’hui.
Même s’il ne savait pas comment s’y prendre et que, de toute façon, il s’y prendrait mal, il comptait bien lui dire ce qu’il avait à dire.
Il brava le vent qui chassait son manteau à coups brusques et se transplana dès qu’il eut franchi la limite de Poudlard, arrivant juste devant la porte des Trois Balais – et renversant un jeune homme au passage. Ruber s’excusa mais le garçon s’enfuit dès qu’il croisa son regard, sans que le professeur comprenne pourquoi. Il entra dans le pub et apprécia la douce chaleur qu’il y trouva.
Il jeta un coup d’œil à la salle et aperçut bien vite Absynthe qui était encore debout et venait probablement d’arriver. Il lui tapa sur l’épaule et lui dit (ordonna) d’aller s’asseoir à une table libre. Il commanda deux Bièraubeurres qu’il emporta lui-même jusqu’à la table où l’infirmier l’attendait.

- Tiens, dit-il en posant les boissons sur la table. C’est moi qui offre.

Il avait une façon de parler qui faisait que cela sonnait comme un reproche, même si ce n’en était pas un.
Il s’assit et but une gorgée de sa bière en se demandant de quelle manière commencer. Il n’en avait aucune idée, alors pourquoi réfléchir.

- Dis-moi, Absynthe.

Et il prit bien la peine de tenir fermement son regard, même si personne n’arrivait jamais à soutenir le sien.

- Est-ce que tu te plais à Poudlard ?
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Jeu 5 Mar - 20:16
On avait proposé à Absynthe d'aller boire un verre aux Trois Balais. "On", c'était le professeur Bradbury - enfin, Ruber. Même si l'idée d'aller "boire un verre" avec son ancien professeur était étrange, et un tout petit peu effrayante, Absynthe avait accepté. Principalement parce que le professeur Bradbury n'avait pas semblé vouloir lui laisser le choix - enfin, Ruber. Absynthe avait encore du mal à ne pas l'appeler "professeur" ou "monsieur Bradbury". Et alors ne parlons même pas de le tutoyer.
Il s'assit comme son supérieur le lui ordonnait demandait, avec la nette impression d'être à nouveau en cinquième année, convoqué par son directeur de maison pour "parler de son avenir" dans le traditionnel entretien d'orientation. Cette impression atteignit son paroxysme lorsque le prof- lorsque Ruber lui demanda s'il se plaisait à Poudlard.

Absynthe, qui n'avait pas ouvert la bouche depuis que le p- Ruber lui avait offert sa bièraubeurre, pour le remercier, fit l'effort de soutenir son regard en se demandant ce qu'il était censé répondre à cette question. Elle semblait incongrue, pas parce que c'était Ruber Bradbury qui la posait, avec son air sombre, mais parce qu'elle ne lui avait jamais vraiment traversé l'esprit. Il cligna au moins cinq fois des yeux avant de répondre :

Euh, oui. Bien sûr.

Vu les circonstances. Son ton n'était peut-être pas très enjoué, mais il était sincère. Il avait toujours aimé Poudlard et l'école n'y était pour rien dans les raisons de sa présence ici.

Pourquoi... pourquoi cette question ?  demanda-t-il, même s'il redoutait la réponse.

Il lui semblait que Ruber savait quelque chose qu'il ignorait. Quelque chose qu'il aurait dû savoir. Il prit une gorgée de bièreaubeurre, la gorge soudain sèche. S'il y avait bien un professeur devant lequel Absynthe n'avait jamais osé faire le malin, c'était bien Ruber Bradbury. Et pourtant, à cette époque, il était un peu moins sombre et un peu moins effrayant. Il lui répétait sans cesse de remettre sa cravate, mais il ne s'était jamais mis en colère contre lui. Aujourd'hui, bien sûr, il n'était plus question de sa cravate.
Absynthe loucha involontairement sur le nez de Ruber et se retint de lui demander s'il allait bien. Il n'avait certainement pas envie qu'on lui rappelle cet incident, qui était resté entre Mademoiselle Euphrasie et lui. Et le Serpentard qui avait accidentellement lancé ce cognard, paix à son âme.
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Ven 6 Mar - 23:12
Ruber n’était pas convaincu de sa réponse – mais, en vérité, c’était à peine s’il l’avait écoutée. Il ne se serait pas déplacé s’il n’avait pas eu quelque chose de précis à faire, et échanger des banalités avec son ancien élève ne faisait pas partie de ses activités favorites (en avait-il seulement ?).
Il connaissait déjà la réponse ; bien sûr qu’il se plaisait à Poudlard. Au moins autant que Caesius.
Il croisa les jambes sous la table.

- Pourquoi... pourquoi cette question ?
- Il faut du courage pour faire ce que tu fais, avec Mademoiselle Euphrasie.

Ruber penchait un peu la tête, il s’était lassé de fixer Absynthe et se contenait de balader un œil abimé sur la salle agitée. Il percevait à peine toute l’animation qui régnait dans les lieux et, même si la lumière le poussait à plisser les yeux et le bruit à se pencher pour bien entendre ce que lui disait son collègue, il avait cette impression étrange qu’ils étaient seuls, isolés de tous.
N’ayant même pas pris la peine d’enlever son manteau, il enfouit ses mains dans ses poches. Son pied tremblait de manière imperceptible sur le sol.

- Après toutes ces années, tu es toujours là pour l’aider.

Il repensa à son coup sur le nez et au temps perdu passé à l’infirmerie. Si seulement la douleur ne l’avait pas paralysé il aurait tout fait lui-même – et probablement avec bien plus d’efficacité. Voir Absynthe aussi perturbé, en plein dans son travail, l’avait particulièrement irrité.

- Enfin tu essayes.

Il ne réalisait même pas ce qu’il était en train de dire. Le tact n’avait jamais fait partie de ses qualités – en plus, il avait déjà l’impression de parler pour ne rien dire (en vérité, il était surtout en train de se parler à lui-même). Sa jambe retomba lourdement sur le sol, lui laissant le temps de se redresser sur sa chaise et de la tourner vers Absynthe.
Il balada un doigt paresseux sur son verre et croisa les jambes de nouveau.
Puis, comme s’il n’en avait que faire, il demanda :

- Depuis quand es-tu amoureux d’elle exactement ?

Il n’aimait pas beaucoup tourner autour du pot.
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Sam 7 Mar - 16:03
Le visage d'Absynthe avait pris cette expression un peu bizarre, à mi-chemin entre le sourire et l’embarras le plus total, qu’il avait toujours lorsqu’on mentionnait sa collègue. C’était d’autant plus flagrant devant Ruber, qui lui connaissait toute l’histoire. Disons que l’embarras prenait légèrement le dessus sur le reste. Oui, non. Il n’y avait pas de courage, c’était juste la seule chose à faire. Et en même temps ça lui faisait plaisir. Et c’était horrible à dire. Alors il n’allait rien dire, il allait juste… boire sa bièreaubeurre pour s’empêcher de répondre une bêtise. Le nez dans son verre, il suivit le regard que son ancien professeur portait sur la salle, pour s’empêcher de réfléchir vraiment à ce qu’il disait :

Après toutes ces années, tu es toujours là pour l’aider.

Il n’y avait rien à justifier, c’était juste un fait. Et Ruber le savait mieux que n’importe qui ; c’était lui qui l’avait initié. S’il ne lui avait pas dit, ce jour-là, ce qu’il devait faire… Absynthe ne savait pas où il serait en cet instant. Il se força à reposer son verre. C’était exactement pour cela qu’il n’aimait pas y réfléchir. Il se contenta d’hocher un peu la tête, jusqu’à ce que Ruber précise « enfin, tu essayes ». En temps normal, il aurait peut-être souri. Il savait que ce n’était pas une accusation ; tout le monde était au courant. Mais l’autre jour, il avait soigné Ruber, et ça avait été une catastrophe. Absynthe grimaça de plus belle.

Je suis désolé pour votre nez.

À croire que c’était lui qui l’avait frappé. De son point de vue, il aurait tout aussi bien pu tenir cette batte entre ses mains, en fait, tant il avait fait perdre de temps à son supérieur. Il évita son regard et reprit une gorgée de bièreaubeurre. Il fallait vraiment qu’il arrête de penser, là.

Depuis quand es-tu amoureux d’elle exactement ?

Absynthe, avec la classe qui lui était propre, s’étouffa avec sa bièreaubeurre. Il lui fallut un petit moment pour arrêter de s’étrangler et un autre pour réaliser ce que Ruber Bradbury venait de dire. D’abord, il se demanda comment il savait. Quand même, ça l’inquiétait. Il était venu une fois à l’infirmerie depuis, quoi ? six ans ? et il lâchait ça comme si c’était une vérité toute à fait naturelle et acceptable. Ensuite, il se demanda s'ils allaient avoir cette discussion. *Oh, non.* Absynthe se racla la gorge.

Pardon.

Si ça se trouvait, d’autres gens étaient au courant. Si ça se trouvait, Euphrasie était au courant.
Aha.
Non, pas elle.

C’est pas... Ce n’est pas...

Il faillit dire « ce n’est pas ça » mais il croisa le regard de Ruber et se rappela qu'il le connaissait depuis seize ans, et qu'en seize ans, il n'avait jamais été capable de lui mentir, même pour nier ce qui lui valait en général des retenues et vingt points de moins à Gryffondor.

Je ne sais plus.

Bien entendu, il n’osa pas le regarder en disant cela. Mais c’était la réponse la plus sincère qu’il pouvait lui donner. Il n’avait jamais compté, ça faisait juste très longtemps. Peut-être un peu trop.

C’est important ?

Ils n'allaient pas avoir cette discussion.
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Lun 16 Mar - 17:23
- Je ne sais plus.

Une date n’y aurait rien changé.
Ruber se fichait de l’embarras dans lequel il avait plongé son collègue. Il n’avait même pas cillé en le voyant s’étouffer avec sa Biéraubeurre, se contentant de le regarder d’un œil sévère jusqu’à que ce qu’il se sente obligé de détourner les yeux.
Il n’essayait même pas de nier, et bizarrement cela l’agaça d’autant plus. Ruber se passa la main sur son menton et fit un grand effort sur lui-même pour ne pas soupirer. Il ne manquait jamais de s’énerver quand ses anciens élèves s’adressaient à lui comme s’ils avaient toujours dix-sept ans ; pourtant, indéniablement, ce jour-là, il eut le sentiment d’être en face de Bridgestone alors qu’il n’était pas encore majeur. Peut-être était-il tombé amoureux de Mademoiselle Euphrasie à cette époque-là, mais il avait l’intime conviction que tout cela était arrivé bien après, une fois le point de non-retour passé.
Il avait mal au cœur.

- C’est important ?

Ruber lui lança un regard qui ferait regretter à n’importe qui d’avoir osé lui adresser la parole.
Si bien souvent il faisait peur sans le vouloir, alors quand il le cherchait véritablement, il en était terrifiant.
Il but une gorgée pour s’empêcher de soupirer.

- Non, tu as raison, ce n’est pas important.

Il aurait pu à peine murmurer qu’on aurait saisi la colère dans sa voix jusqu’au fond de la salle.

- Ce qui l’est c’est de savoir combien de temps ça va durer encore.

Le coude sur la table, sa tête reposait nonchalamment sur son poing alors qu’il observait le fond de son verre avec lassitude.
Très loin du malaise qu’il avait provoqué chez son élève – pardon, son collège – il essaya d’imaginer ce qu’il allait devenir. Il n’allait tout de même pas travailler toute une vie à ses côtés en espérant que ses sentiments s’évanouissent d’eux-mêmes. Ruber savait comme Poudlard fonctionnait – isolé du reste du monde, presque comme un écosystème autonome – et à quel point cela pouvait être étouffant, parfois.
Il songea à toutes les fois où il avait voulu partir, sans jamais y parvenir.

- Qu’est-ce que tu comptes faire ?

Non, en vérité, il s’en fichait.
Il se tourna vers lui, accrochant son regard avec une expression indéchiffrable.

- Est-ce que tu vas lui dire ?
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Jeu 26 Mar - 13:12
Ruber n’aimait pas que ses anciens élèves se comportent comme s’il était encore leur professeur, mais du point de vue inverse, ce n’était pas évident. Absynthe avait toujours aimé le professeur Bradbury, mais malgré ses sourires et ses exubérantes salutations quand il le croisait dans les couloirs - auxquels il répliquait presque invariablement par "votre cravate" - Absynthe flippait toujours quand il se retrouvait face à lui, dans son bureau, un regard sévère et un restant de bombabouse planté entre eux deux.

La bièreaubeurre avait remplacé la bombabouse, mais on n’était pas à un détail près. Quand son ancien professeur lui répondit d’un ton sec que ce n’était pas important, il entendit clairement "dix points de moins pour Gryffondor". Absynthe croisa les bras et s’enfonça un peu plus sur sa chaise. Le regard que Ruber lui lançait laissait supposer qu’il avait intérêt à être très attentif à ce qui allait suivre, et à ne plus dire de bêtises.

Merlin qu’il était heureux de n’avoir jamais suivi ses cours.

Ce qui l’est c’est de savoir combien de temps ça va durer encore.

Existait-il une durée pour ces choses-là, avec date de péremption et risque d’indigestion ? Absynthe ne s’était jamais interrogé sur la fin, tout comme il n’avait pas interrogé le début. Il supposait que ça venait de son adolescence, que comme tout le monde il était un peu amoureux de mademoiselle Euphrasie, et que malheureusement son cas avait empiré. Là où ses camarades avaient surmonté des sentiments adolescents en atteignant l’âge adulte, Absynthe diagnostiquait une malade chronique. Il n’était même pas certain d’avoir atteint l’âge adulte entre-temps.

Qu’est-ce que tu comptes faire ?

L’attitude de Ruber contrastait aussi fortement avec celle d’Absynthe que son ton et le sérieux de la question. Il ne pensait pas devoir... faire quelque chose. C’était sûrement pour cela qu’il avait du mal à être un adulte. Il ne pensait jamais à ses responsabilités. Ou juste une. Mais pas celle-là.

Est-ce que tu vas lui dire ?

Un étonnement sincère se peignit sur ses traits et, pendant un court instant, Absynthe eut l’air plus perdu que gêné.

Mais... mais non !

Ce n’était pas censé se passer comme ça ! Il n’était pas censé lui dire, c'était une évidence. Il ne pouvait pas, parce qu’il ne pouvait pas... Absynthe se redressa sur sa chaise et passa une main sur son visage en essayant de réfléchir très fort à la façon dont il pouvait expliquer ça à Ruber sans avoir l’air d’un gamin complètement stupide.
C’était ça son problème, oui vraiment. Il n’avait jamais grandi et aujourd’hui, il devait expliquer au professeur Bradbury pourquoi un gamin ne pouvait pas aimer mademoiselle Euphrasie.
Ça et l’autre tout petit détail qu’il ne fallait pas oublier. Le tout petit détail qui le traînait vers le bas depuis dix ans et qui réveilla, un instant, une audace oubliée :

Euphrasie, murmura-t-il en fixant Ruber droit dans les yeux, il faut que je t’avoue quelque chose depuis longtemps : je t’aime. Ah, et aussi, je t’ai tuée. Bonne journée !

Son sourire brièvement impertinent s’effaça alors que sa véritable crainte refaisait surface. Pas celle d’un face-à-face avec son ancien professeur. Celle qui retiendrait la vérité dans sa gorge, qui serrerait plus inextricablement encore le nœud dans son estomac alors que, tremblant, il tenterait de mettre des mots sur les deux culpabilités qui l’assaillaient depuis trop longtemps, face à elle. Il ne pouvait pas lui dire, et surtout pas ses sentiments.

Il n’avait pas le droit.
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Dim 26 Avr - 16:42
- Mais... mais non !

Ruber s’y était attendu. Il vit son collègue se perdre dans ses soupirs, fatigué par les attaques répétées de son ancien professeur. Ruber aurait pu laisser tomber, comprendre qu’Absynthe n’ait pas envie de parler de tout ça avec lui, mais il n’en avait pas l’intention. Voilà des années qu’il assistait à la déchéance d’Absynthe et Caesius, cela étant bien plus facile que d’affronter la sienne en face, et il n’en pouvait plus.
Ces gosses le fatiguaient.

- Euphrasie (Ruber haussa un sourcil.) il faut que je t’avoue quelque chose depuis longtemps : je t’aime. Ah, et aussi, je t’ai tuée. Bonne journée !
- Ça t’amuse apparemment, dit-il sèchement.

Il savait que ce n’était pas le cas mais cette conversation l’agaçait, même s’il l’avait lui-même lancée. Il croisa les bras et se balança sur sa chaise de manière si instinctive qu’il ne s’en rendit pas compte lui-même.

- Je suppose que ça ne te dérange pas de vivre avec ça.

C’était faux, bien sûr, il le savait parfaitement.

- Ou de ne plus parler à Caesius depuis… quoi, dix ans ?

À une époque, Ruber aurait accompagné sa tirade d’un sourire entendu, mais il ne faisait plus cet effort depuis des années. Aujourd’hui même son ironie s’habillait d’amertume.

- Tu m’as dit que tu te plaisais à Poudlard, après tout. Tu ne m’aurais pas menti, donc tout ça ne te pose pas de problème. Moi qui croyais que cela te pèserait de travailler tous les jours aux côtés d’Euphrasie, mais tu es bien capable d’ignorer ton meilleur ami après tout…

Ruber refit tomber sa chaise sur ses pieds brutalement. Il posa son bras sur la table et se pencha vers Absynthe avec un air plus menaçant qu’il ne l’aurait voulu. Ses yeux portèrent à cet instant tout le poids de sa colère.
Parce qu’Absynthe et Caesius le fatiguaient.
Ils le fatiguaient vraiment.

- Ecoute-moi bien, susurra-t-il entre ses dents. Je veux la vérité, alors je te laisse une chance, Absynthe, une seule de ne pas me décevoir.

Parce que ces deux jeunes avaient fait beaucoup de choses. Ils avaient fait des erreurs qu’ils devraient porter toute leur vie, ils avaient consacré leur existence à essayer de le faire, sans jamais y arriver. Ils avaient agacé Ruber, ils l’avaient ennuyé, inquiété, énervé.
Mais jamais, même pas en ce jour tragique, ils ne l’avaient déçu.

- Est-ce que cette situation te convient ?
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Lun 10 Aoû - 22:20
Absynthe était bête. Il le savait mais il ne pouvait pas s’empêcher de s’enfoncer dans sa bêtise. C’était comme la culpabilité : il connaissait ça trop bien. C’était plus facile que d’affronter la réalité.

Bêtise et culpabilité.

Sa petite zone de confort.

– Ça t’amuse apparemment.

Absynthe reprit son verre et but une gorgée en guise de réponse, agacé. Il essayait de fixer Ruber mais sa colère, comme son regard, n’était tournée que vers lui-même.

– Je suppose que ça ne te dérange pas de vivre avec ça.

Il était tellement bête, et tellement égoïste. À la mention de Caesius, il tressaillit. Il reposa son verre et fixa avec tristesse ce qu’il restait de la Bièreaubeurre. Il avait bu trop vite, il allait le regretter. Il n’en resterait jamais assez pour se cacher jusqu’à la fin de cette conversation.

– Onze, murmura Absynthe.

Il n’était pas sûr que Ruber l’avait entendu. Il enchaînait sur Euphrasie, sur Caesius encore, et Absynthe avait beau savoir qu’il était proche du directeur de Gryffondor, il se demandait pourquoi et pour qui ce dernier faisait tout ça. Au fond, ça ne le regardait pas. Pas du tout. Surtout pas ses sentiments pour Euphrasie. Il voulait quoi, jouer les gentils papas ? L’ironie de la situation aurait dû l'étouffer... Les pieds de la chaise claquèrent sur le sol comme un avertissement et Absynthe releva les yeux avec beaucoup trop d’arrogance et de colère dans le regard. Comme s’il ne méritait pas les reproches de Ruber, comme s’il avait le droit de s’en défendre, le droit de s’énerver contre quelqu’un d’autre que lui-même.

C’est qu’il était très fatigué, lui aussi.

Alors cette fatigue, elle mettait ses nerfs à vif et elle lui donnait assez de force pour soutenir le regard du professeur avec presque autant de colère que lui. Absynthe et Ruber, au fond, étaient juste épuisés, chacun de leur côté.

– Ecoute-moi bien. Je veux la vérité, alors je te laisse une chance, Absynthe, une seule de ne pas me décevoir.

Sinon quoi ? Absynthe fixa Ruber dans l’attente, les lèvres serrées. Il allait enfin lui poser la question qu’il voulait, la question qui les avait amenés ici, tous les deux, à se fixer en chiens de faïences – deux vieux chiens de faïence.

– Est-ce que cette situation te convient ?

Quelle blague. Tout ça pour ça ? Elle était bête, cette question, et elle était égoïste. Elle lui allait bien, à Absynthe. Il lâcha le regard de Ruber et cligna des yeux, comme ébloui par l’intensité de sa colère ou... d'autre chose. La réponse, il la connaissait, mais il savait que Ruber ne voudrait pas l’entendre. Il posa son verre et croisa les mains sous sa table. Elle était bête pourtant, cette réponse. C’était juste difficile de dire oui. Il tenta de prononcer des mots que son ancien directeur comprendrait peut-être :

– Je suis fatigué, Ruber. Est-ce que ça me fait plaisir ? Pas du tout. Est-ce que ça me convient ? Oui. On n’est pas forcé d’apprécier une chose pour la supporter. Et puis c’est pas comme si je détestais tous les aspects de la situation...

Il ne souriait pas, il n’en avait pas la force, mais il pensait très fort à Euphrasie. Euphrasie qui avait toujours été gentille avec lui, qui supportait ses maladresses, sa mauvaise humeur, même quand elle n’était pas – jamais – tournée contre elle.

– ... ou comme si j’avais le droit de me plaindre. L’un dans l’autre, on peut dire que je me plais plutôt bien à Poudlard, et à l’infirmerie. Vraiment. Ça me fatigue, oui, mais après tout ce temps je suis habitué. Quelle importance ? Je pourrais continuer comme ça des années. J’aimerais continuer comme ça des années.

Toute ma vie. Merlin, que c’était dramatique. Mais il n’avait pas le droit d’exiger autre chose. Que ferait-il sans cela ? C’était terriblement égoïste, terriblement Absynthe, mais ce qui le préoccupait encore davantage que de blesser des patients lorsqu’il était maladroit, c’était de se dire : et si cette fois ils en ont assez ? Si cette fois ils ne veulent plus de moi ?

Si elle n’a plus besoin de moi ?

Parce que c’est ce qui se passera, Ruber, si je lui dis que je l’ai tuée et que je l’aime.
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