Lewis s'était couché tard la veille. Il avait du remplacer un des violoniste de l'Opéra du Cercle en urgence et avait du annuler tout ses projets pour répondre à l'appel. Exit la soirée pyjama au coin du feu avec un bon whisky. Au revoir la lecture de son dernier roman favori. Sayonara sa fondue spéciale Lewis avec double supplément de fromage. Mais pour la musique il ne pouvait rien refuser. Du moins pour le moment...
C'est donc avec beaucoup de peine que le jeune homme se leva pour déjeuner. Malgré les apparences il n'était pas du genre à sauter un repas ou boire à chaque heure de la journée, bien au contraire. C'était quelqu'un de responsable et qui avait mûri avant l'age. C'est cette maturité qu'il l'avait empêché de rejoindre le club d'hôtes d'Icarus K. O'Neill et c'est toujours cette même maturité qui lui avait permis de survivre pendant trois ans sans le sous.

Le musicien, après son périple, s'était installé dans cette petite maison grâce à ses économies. Une chambre, un salon, une salle de bain. Le minimum mais cela lui convenait parfaitement. Ce n’était pas quelqu'un qui aimait le luxe après tout et il se baladait souvent avec de vieux habits usés par ses voyages sans se soucier de son apparence. Peut être qu'il devrait changer sa dans un future proche si il voulait trouver ce pourquoi il s'était posé à Londres : l'Amour.
Pas le temps de repenser à sa quête que quelqu'un sonna. Intrigué, Lewis se rendit jusqu'à la porte qu'il ouvrit sans même regarder par le judas. C'était son amie Carys. Il ne prit même pas la peine de lui répondre qu'il se poussa pour la laisser entrer. Elle était toujours la bienvenue chez lui et cela n'importe quel jour et à n'importe quelle heure. Il la salua d'un sourire.

« Coucou. »

La demoiselle alla s'installer à sa place habituelle tandis que le sorcier s'affairait à ranger le bordel qui poussait peu à peu dans sa maison comme une plante bourrée aux hormones. A peine eut-il le temps de finir que Carys lui annonça ne plus jamais vouloir reproduire l'expérience de la dernière fois. Dans un sens il comprenait, dans l'autre il en était triste. Ils étaient vraiment allé très loin. Peut être même trop loin...

« C'est bien dommage...Mais c'est peut être mieux. Vu ce qui c'est passé la dernière fois... »

En y repensant, Lewis frissonna. Lui aussi n'était pas très fier de ce soir là, même si il en chérirait le souvenir pendant encore de nombreuses années. Mais il en oubliait les civilités.

« Tu veux boire quelque chose ? Autre que du Pur Feu j'entends » dit-il avec un léger rire.

Lewis ne put retenir un rire léger quand Carys se remémora cette fameuse soirée. Lui aussi avait un peu forcé sur la boisson. Un peu ? Non. Beaucoup. Chanter en duo avec sa camarade sur la table n'était pas matière à être exclu du bar en général mais c'était sans compter sur les talents de chant des deux amis. Autant Mr Levy était très bon musicien, autant c'était une vrai casserole. Par ailleurs,  finir la soirée à se baigner dans la fontaine publique et à vomir dans ses toilettes avec un rhume n'était pas une situation des plus enviables en ce bas monde. Il répliqua gentiment.

« Qu'on te reconnaisses ? Toi ? La Diva des Bars ? »

Elle avait fait sensation Miss Wheler. Tant et si bien que Lewis avait entendu des rumeurs sur une fille qui chantait à en briser les vitres quand elle était saoul – d’où le surnom. Ça amusait beaucoup le jeune homme.

« Bien sur. »

Il alla chercher du thé dans un petit placard en hauteur et fit chauffer de l'eau à la manière moldu pour plus de plaisir. Lewis aimait bien prendre ses aises quand il en avait. Inutile de toujours se presser, d'après lui il valait mieux faire les choses bien quitte à prendre plus de temps. Le sorcier se posa sur son lit en attendant que l'eau bouille

« Eh bien comme tu vois, fidèle à mes habitudes, toujours bordélique. Hier j'ai remplacé un ami pendant un concert mais l'heure tardive ça me convient vraiment pas... »

Il avait les yeux qui piquaient et des bâillements dissimulés toutes les minutes.

« Et toi alors, comment ça va ? Du neuf depuis la dernière fois ? »

Le concert de la veille c'était particulièrement bien passé, tant et si bien que le directeur avait embauché Lewis à peine fut il sortit de la loge des musiciens. Une aubaine que le jeune homme ne refusa pas. Le vagabondage c'était derrière lui, il fallait maintenant payer sa nourriture et son couchage autre que par de la musique de rue ou par la gentillesse d'une bonne demoiselle. Il fut tellement content de son nouveau job qu'il en avait oublié de prévenir ses amis. Sur le coup il s'était offert un repas pres de sa cheminée. Une pizza moldu avec double supplément fromage.
C'est donc en bombant le torse, tout fier, que Lewis annonça la nouvelle à Carys.

« Tu ne crois pas si bien dire ! Je suis officiellement intégré à l'orchestre à partir de demain ! »

Il fallait aussi qu'il l'annonce à Laertes à la première occasion mais passons, la nouvelle de son amie lui tomba dessus comme une bombe. Il resta muet un instant puis éclata de rire et alla la serrer dans ses bras en la soulevant. Il était si heureux pour elle ! Il ne la lâcha qu'au bout de quelques secondes.

« C'est formidable ! C'est génial ! » Un vrai gamin ce Lewis.

Il calma son rire avant de glisser une taquinerie.

« Et tu viens donc m'annoncer que je suis le père c'est ça ? »

Il fit semblant de réfléchir.

« Tu m'as donc fait des choses peu recommandables ce soir là... »

Lewis lui fit un clin d’œil et se rassit faisant signe qu'il arrêtait de l’embêter. Quelque chose le gênait. Il n'en était pas sur mais il avait la vague impression que Carys n'était pas aussi euphorique que lui et il risqua une question indélicate.

« Tu n'as pas l'air heureuse ? Ce n'ai pas ma faute au moins ? »

Lewis était vraiment ravi pour Carys. Lui même avait une vision de la maternité assez spécial, associant les mères à des dragons enragés. Avec le temps il était certain que son amie en ferait de même et il se promit de garder ses taquineries pour lui au risque de se brûler. Néanmoins elle ne semblait pas encore complètement convaincue. Le violoniste ne savait pas si il devait l'encourager ou non vu qu'il ne connaissait pas tout les tenants et aboutissants de la situation. A vrai dire, autant il s'entendait très bien avec Carys, autant il n'avait jamais rencontré le père de l'enfant. Il savait juste qu'il se prénommait Richard et rien de plus.

« Le plus important c'est de faire ce que toi tu veux sans qu'on t'impose une décision. Enfin ce n'est que l'avis d'un pauvre musicien, ni plus ni moins »

Comment réagir à cela ? Si Rick n'était pas pour garder l'enfant, Lewis n'avait aucun droit de s'y opposer. Il n'était que l'ami de Carys et n'avait jamais prétendu pouvoir décider ce qui était le mieux pour elle ou non. Avec un sourire compatissant il posa sa main sur l'épaule de la demoiselle en tout amitié.

« Ça, seul l'avenir nous le diras. »

Il marqua une courte pause durant laquelle il but un peu de son thé.

« Mais je reste sur ma position, ta décision sera forcément la bonne, que tu décides ou pas de garder le bébé. »

Il ne l'aidait pas beaucoup. Lewis aurait aimé en faire plus pour elle mais il ne savait pas trop quoi faire. Les histoires de couples de son entourage ne le regardait pas et il n'oserait jamais s'y immiscer sans une demande claire et précise de la part de l’intéressé.

Lewis hocha la tête d'un air compatissant. Carys avait tout à fait raison, cette décision leur appartenaient à tout les deux et pas seulement à elle, Néanmoins il restait convaincu que c'est la demoiselle qui devait faire ce choix. Ce n'est ni plus ni moins, elle qui porterait l'enfant après tout ?
Le violoniste se resservit un peu de thé tout en réfléchissant à la question. Il fut interrompu dans se pensées quand Carys lui rappela que c'était un secret et qu'il ne devait en parler à qui que ce soit. Il hocha à nouveau la tête.

« C'est compris, motus et bouche cousue. Je ne dirais pas un mot. »

Lewis failli s'étouffer à la question de son amie. Il se racla la gorge et essaye de prendre un air calme et posé.

« Eh bien, le rendez vous c'est pour demain à vrai dire. Du coup je ne peux pas te dire encore comme ça c'est passé mais j'espère ne pas trop m'avancer en espérant le mieux. »

Il avait déjà préparé ses vêtements, son repas et toutes ses affaires pour ce jour. Nul doute qu'il était impatient mais il restait en lui la crainte tenace que les choses ne ce passent pas comme prévu. Un empêchement ou pire encore, une dispute ? Comment pourraient-ils en arriver là ? Au fond il ne voyait pas mais il était humain avant d’être sorcier. La peur était quelque chose de naturel.

« Je dois bien avouer qu'il me tarde de la retrouver après tant d'années. »

Il avait tellement de choses à lui raconter. Sur ses voyages, son nouvel emploi et tant d'autre péripéties. Pourvu que tout ce passe bien...