Se décrire est un exercice difficile. Je ne saurais même pas par commencer, me concernant. Il y a plusieurs choses qui me tiennent à coeur, notamment mon fils. Mon fils qui comme moi a hérité d'une malédiction à cause de l'un de nos ancêtres. Il est à la fois ma fierté et mon enfer personnel, mais l'amour que je lui porte est inconditionnel. Il faut bien que quelqu'un l'aime et dieu sait que ce n'est pas une chose facile pour les loup-garou. La deuxième chose qui me tiens énormément à coeur est ma boutique. Je suis le patron d'une bijouterie spécialisée dans l'enchantement des métaux ou des gemmes précieuses. Inutile de préciser que je gagne très bien ma vie, n'est-ce pas ? Cette boutique a été crée il y a longtemps par un autre de mes ancêtres et depuis elle se transmet de père en fils. Cette affaire familiale m'importe beaucoup et l'horreur de mon existence est de voir que mon fils unique ne semble pas intéressé du tout à l'idée de la reprendre lorsque je ne pourrais plus la tenir moi-même.

Mes employés vous diront sûrement que je suis quelqu'un d’exigeant et de perfectionniste, mais c'est quelque chose que je me dois d'être si je veux continuer à faire tourner mes affaires. Mes clients risquent de vous sortir un discours différent avec des mots tels que « raffiné » et « charmant » ou « poli » mais soyons réalistes, si je veux vendre, il faut bien que ce soit comme ça qu'on me voit. Une fois la boutique fermée, je ne suis qu'un homme comme les autres avec parfois des sautes d'humeur, des jours avec et des jours sans.

Si on devait s'attarder sur mes qualités, je pense que je pourrais sans peine affirmer que je suis généreux. Ma fortune me permet certes de vivre bien mieux qu'aisément, mais j'en dépense une bonne partie en faisant des dons à des associations, des bonnes causes, ou des œuvres de charité. Je pense également être un homme tolérant tant que ça ne concerne pas la bonne marche de ma boutique. Bien entendu, quand on fait mon métier et qu'on manipule des forces telles que l'alchimie ou les métaux et les gemmes précieuses, la patience est une vertu. Je mets moi-même la main à la pâte. Je pense être un bon père pour mon fils et je suis un loup-garou modèle. C'est à dire que je déteste être un loup-garou et que je ne laisse personne savoir que j'en suis un.

Quant à mes défauts... Et bien, j'imagine qu'on ne peut pas être parfait, donc j'en ai aussi. Mon plus gros défaut selon moi est mon pic d'agressivité soudaine lors des soirs de pleine lune. On pourrait aussi me trouver lâche de ne pas assumer ma condition, mais le fait est qu'un loup-garou à la tête d'une boutique est en général mauvais pour la vente. Je ne suis pas non plus toujours honnête, je dois l'avouer et il m'arrive d’enjoliver un peu mes histoires parfois, voir de changer totalement la vérité quand ça m'arrange. Je suis un menteur par habitude. Parce que ça m'arrange. Parce que c'est plus facile que la vérité, parfois. Mais je ne mens pas à mon fils.

Mes idéaux ne sont pas les plus partagés, mais on pensait bien que la Terre était plate avant de décider qu'elle était ronde et qu'elle tournait. Je n'ai jamais mordu aucun être vivant pendant mes soirs de pleine lune, mais je sais que même les moldus peuvent être contaminés par quelqu'un comme moi. Ou se faire manger par un dragon. Ou piétinés par un géant. Voir même embrochés par une licorne furieuse. C'est pour ça que je soutiens le candidat Candidus Bumblebee aux prochaines élections ministérielles. Les moldus ont le droit de savoir qu'ils ne vivent pas dans le monde qu'ils connaissent, mais dans un monde bien différent, bien plus merveilleux et surtout, bien plus dangereux qu'ils ne le pensent.

Des regrets, j'en ai deux avec lesquels il me faudra vivre. En premier vient mon fils qui ne souhaite pas reprendre l'affaire familiale. Ensuite je me dois de mentionner sa mère que j'ai perdu et qui refuse désormais de me voir en dehors des fois où je viens chercher notre enfant chez elle. Et encore, elle écourte au maximum.

Si Evariste devait garder une image de son père, c'était bien sa mine à la fois sévère et inquiète dès qu'il le voyait s'approcher un peu trop de la porte. Avant son entrée à Poudlard et peu importe le moment du calendrier lunaire, son père surveillait sans cesse Evariste et ne manquait pas une occasion de le reprendre avec sévérité. Ainsi, il a créé des barrières dans l'esprit de son fils qui existent encore aujourd'hui, alors qu'il est adulte. Ces barrières sont à la fois des contraintes et des règles importanes, que cela regarde sa façon de vivre ou bien celle qu'il a d'être avec les autres.

Evariste aimait regarder son père à l'atelier. Il enviait l'assurance qu'il voyait dans ses mains lorsqu'il travaillait, celle dans sa voix lorsqu'il parlait aux autres et il adorait plus que tout lorsqu'il lui apprenait des choses sur son art, celui d'enchanter les métaux. La boutique qu'il tenait était très importante pour le père d'Evariste et il ne cessait de lui répéter qu'un jour il ne serait plus là et que ça serait à lui de la reprendre. Evariste ne demandait que ça, d'ailleurs.

On ne lui parla pas de Poudlard avant au moins ses dix ans. Evariste n'avait pas vécu entouré d'autres enfants de son âge et n'avait jamais entendu parler de ce château pour la simple et bonne raison que son père n'y avait jamais été et que sa mère n'avait jamais abordé le sujet, n'étant pas sûre qu'il aurait un jour la chance de pouvoir devenir un vrai sorcier. Lorsque cela s'avéra possible, ses parents en débattirent un long moment avant de lui en parler. Ils avaient simplement apprit que le directeur avait changé et était plus à même d'accepter les « gens comme lui », ce qui lui laisserait une chance de s'y intégrer, puis ils avaient inscrit finalement Evariste à Poudlard et ne lui en avaient parlé qu'ensuite.

Passé les premiers instants de panique à l'idée de quitter la protection parentale, l'autorité paternelle et de se retrouver dans un monde totalement inconnu à tout ce qu'il avait pu vivre jusque là, Evariste finit par accepter difficilement la situation. La potion tue-loup existait déjà, mais elle était coûteuse et difficile à faire. A Poudlard, on lui donna autre chose, une potion qui réduisait son agressivité sans l'effacer totalement. Il devait donc resté enfermé dans un endroit tenu secret des élèves pour leur propre bien chaque soir de pleine lune.

Sa scolarité se passa sans débordement et aucun élève ne su jamais ce qu'il était. Evariste ne souhaitait pas en parler avec quiconque de toute façon, son père ne l'avait que trop bien prévenu de ce qui attendait les gens comme eux s'ils venaient à être découvert.

Cependant, il du faire une exception à cette règle pourtant sacro-sainte lorsqu'il commença à fréquenter une femme qui allait plus tard devenir SA femme. À l'époque il était jeune et terrifié à l'idée de fréquenter une personne de l'autre sexe, de révéler son secret à quelqu'un et le faire fut presque une torture. Heureusement pour lui, sa futur femme l'accepta bien mieux qu'il ne l'aurait cru, aussi il l'épousa.

Des années plus tard, lorsqu'il prit la boutique de son père en main, devenant ainsi le patron, son fils, Stanley, naquit et se révéla être un porteur du don du loup. Evariste, qui avait espéré le contraire, en fut extrêmement inquiet et ne cessait de demander des conseils à son père retraité pour s'en occuper. Evariste fut très présent pour son fils. Il n'avait pas l'autorité de son père, ni sa poigne de fer, mais il tâchait de l'aider comme il pouvait et faisait tout ce qu'il pouvait pour lui tout en tenant la boutique familiale.

Malheureusement, comme cela arrive parfois, Evariste eut une aventure avec une autre femme et lorsque son épouse l'apprit, elle voulu divorcer. Ces moments furent difficiles pour Evariste. Il se sentait coupable et n'avait pas envie de perdre sa famille, mais il n'y avait pas de retour possible. Il avait fait une erreur et il devait l'assumer. Il essaya d'expliquer tout ça à son fils, que parfois les parents se séparaient, qu'il avait rencontré quelqu'un d'autre et qu'il était « tombé amoureux ». Ce n'était pas exactement vrai, mais il préférait lui dire ça plutôt que d'avouer qu'il avait la bêtise de se faire surprendre à coucher sans rien de plus avec une autre femme.

Depuis, il vit seul, recevant son fils chez lui, faisant tourner la boutique et continuant de sourire aux clients malgré sa tristesse qui finit elle-même par s'estomper avec le temps. Aujourd'hui, la seule cause de sa tristesse est son fils qi ne semble pas du tout intéressé à l'idée de reprendre la boutique familiale.