« Elise était montée sur l'estrade et sur son visage deux émotions semblaient s'affronter. Il y avait tout d'abord le calme; celui doux et attentionné — celui qui l'avait poussé à sourire à cette jeune Serdaigle comme on le faisait pour rassurer, pour aimer. Puis il y avait eu le sérieux; celui empli d'anxiété et de regrets. Il y avait eu cette peur de mal faire oui; car si en tant qu'élève la blonde n'avait jamais rien risqué... Sa formation actuelle ne lui permettait aucune erreur. Elle était de ceux traquant les dangereux, les assassins — elle préparait les attaques et chaque jour abordait une coupe différente. Des fois, aussi; elle restait dans les bureaux à traiter des monticules de papier. Enfin. Qu'avait elle bien pu faire; lorsqu'eux apprentis avaient tiré à la plume en sucre et qu'elle avait eu la plus courte ? Ils avaient été envieux de sa participation improvisée au tournoi; mais également compatissant du poids sur ses épaules qui venait, encore une fois; de gonfler en taille et responsabilités.

Elle ne pouvait échouer, compreniez vous. Elle avait un métier, un ordre à respecter. Elle se devait d'être excellente et de renvoyer une bonne image. Aussi s'était-elle avancée et inclinée, Elise; avant de se retourner. Ses pas avaient, d'ailleurs, dûs etre trop lents : car à peine retournée elle s'était retrouvée le nez plongé dans une nuée d'oiseaux. « Joli ! » avait-elle admis; heureuse de voir que son ancienne maison contenait encore de bons élèves; tous aussi rapides que doués !

« Stupefix ! » avait-elle riposté, classique.

« Quand son sort était parti; frappant sa cible — Elise avait laissé s'échapper un discret soupir. Elle avait eu une pensée pour ses collègues dans les tribunes, la regardant tout en la jaugeant, jugeant. Seraient-ils en paix, à présent ? Qu'elle ait honoré en partie leur emblème ? Peut-être, elle ne savait pas trop : était certaine que jamais, non, cela suffirait.

Aussi avait-elle redressé son regard, la blonde; plongeant ses yeux tout contre ceux de sa partenaire. Elle avait ainsi pu admirer pour quelques secondes la rare beauté du personnage : son visage paisible; pincé — infranchissable. Sans oublier ses boucles particulières; cette teinte si foncée qu'on y croirait s'y perdre. Elle était tout ce qu'Elise avait voulu être, lorsqu'elle était plus jeune. Elle se souvenait, impassible, passant devant le miroir comme l'on passe une rue avant qu'une voiture arrive : rapidement. Elle se souvenai, oui, du désamour vis à vis de sa blondeur; de sa simplicité si banale, si étrange. Enfin.

Tachant de ne pas trop s'inquiéter lorsque le sort adverse était retourné tout contre son lanceur; la blonde se retint avec difficulté de lancer un contre sort. Il ne s'agissait plus de l'estrade de poudlard, non, ou on avait le droit d'aider pour une seconde son partenaire : mais bien du tournoi national de duel. « Aquamenti ! » avait elle fini par murmurer.

« Quand le sort d'explosion avait retenti; Elise n'avait pas réfléchi : elle s'était accroupie, lançant directement un sort de protection. C'en était devenu mécanique, avec le temps — ne plus prendre pour acquis sa simple magie. Jouer de son corps, renforcer sa force et ses capacités musculaires; être apte à partir en mission. Courir dans les ruelles, poursuivre les assaillants avant qu'ils ne disparaissent dans un craquement; s'enfuyant lâchement d'un transplanage à l'autre bout de la ville. Enfin.

C'était étrange de se dire que cela ne faisait qu'un an : qu'un an que sa formation avait débuté, qu'elle avait rencontré ses collègues et supérieurs. A peine une année qu'elle avait passé à osciller entre administratif et prises de décisions sur le terrain. Elle n'était qu'une nouvelle. N'était qu'un maillon dans la chaine immense du réseau. Mais — c'était... Elle avait l'impression que, déjà; une éternité s'était écoulée entre son premier jour et ceux présents.

Elle était passée par redressages, cris; rejets. Avait finalement réussi à trouver sa place, s'était liée aux quelques collègues tournant autours de la vingtaine, comme elle. Qui aurait pu imaginer à quel point le Londres magique était mouvementé ? Et tout le Royaume-Uni ? Qui savait qu'en une semaine, selon les périodes; on pouvait tomber sur deux à trois cas obscurs. Avant de ne plus rien avoir pendant trois semaines ?

Fermant les yeux à la vue de son adversaire subissant son propre sort; le coeur d'Elise s'était serré. Au final, les duels remettaient en question la douceur sorcière : leur univers restait sévère, et leurs affrontements; oui, violents. Elle aurait tant aimé l'aider, lui tendre la main; lui demander si elle allait bien. Elle aurait, aussi; voulu lui lancer un sort de soin — mais le pouvait-elle seulement ? La brune serdaigle ne finirait-elle pas par mal le prendre ? Au delà des règles qui lui interdisaient un tel acte ?

Elle s'était souvenu, aussi; de l'an dernier : le fiasco qu'avait été sa participation. Des sorts ratés, une colère honteuse montant. Elle ne s'en était jamais remise; encore à ce jour craignait de subir à nouveau un tel échec, cuisant. Mais qui ne tentait rien, oui; n'avait rien — alors peut-être que sa participation cette année n'était pas si mal. Mais qui savait, oui; quand sa baguette deviendrait capricieuse, et qu'elle; elle Elise — plongerait dans l'incompétence ? « Bloclang ! »