Jörgen est un homme frustré par une vie qu'il a détesté. A cinquante-huit ans, il n'a qu'une idée en tête : vivre. S'amuser. Sortir de son isolation longue de presque quarante ans.

Il déteste tout ce qui a des plumes et qui hulule, siffle, chante et fiente.

Il s'agit de quelqu'un de très cynique, extrêmement patient et plutôt subtil.
Il possède des avis très tranchés, et sait les défendre avec véhémence. Il sait mentir, il aime être manipulateur.

Rarement enjoué, son visage balafré est en permanence marqué par un regard froid et inquiétant, qu'il aime utiliser pour effrayer les plus jeunes.

Aigri, usé et seul, il a secrètement très envie de nouer des contacts sociaux forts et de faire des nouvelles rencontres, mais son caractère difficile l'en a toujours empêché.

Le meilleur moyen de le cerner, c'est de connaître son passé : cependant, il préfère ne pas en parler. Une chance que le lecteur avisé de cette fiche n'ait qu'à sauter à la section suivante pour tout apprendre sur lui !

Une enfance banale, une adolescence clichée et une voie toute tracée.

La petite histoire de la vie de Jörgen ne commence vraiment à devenir intéressante qu'une fois qu'il fut sorti avec distinction de Poudlard, faisant la fierté de son riche et exigent paternel avec une collection d'Optimaux et d'Efforts Exceptionnels à ses ASPICs.

On eut pu croire qu'en tant que l'élève le plus brillant de Serpentard de sa promotion, Jörgen ait été destiné à de grandes choses. Un beau poste au Ministère, une carrière politique pleine de rebondissements, une vie de voyage et d'aventures avec comme seule limite celle de son ambition (logiquement démesurée au regard de la Maison qui l'avait accueilli pendant sept ans à Poudlard)... Et pourtant.

Son père, né moldu et directement importé de l'Allemagne vers l'Angleterre, avait toujours eu le sens et la passion du commerce. Dès sa sortie des études, il avait lancé sa propre affaire. Les hiboux et les chouettes. Il était parvenu à rendre une échoppe isolée dans un quartier résidentiel plutôt pauvre du Londres Magique véritablement légendaire grâce sa large sélection de volatiles messagers dont l'efficacité était sans égale. "Leonhard's Magnificent Owls" rendit l'homme riche, très riche. Il épousa une fille aisée des Hauts de Merlin et s'installa dans le grand manoir familial de sa dulcinée, qu'il agrandit avec ses galions durement gagnés jusqu'à en doubler la taille. Pour le détail supplémentaire, celle-ci finit par tromper son mari lorsque Jörgen avait treize ans. Malheureuse avec un époux qui ne pensait qu'à son commerce, elle disparut du jour au lendemain. Elle garda néanmoins un contact épistolaire constant avec son fils.

C'est ainsi, écrasé par une pression paternelle insurmontable, que Jörgen n'eut d'autre choix que de rejoindre le commerce familial lorsqu'il fut en age de le faire.

Mais la vérité était qu'il détestait cette situation. Que ce fut aux côtés de son père ou seul, lorsque le paternel prit sa retraite bien méritée, Jörgen avait toujours considéré que s'occuper d'élever et de vendre les célèbres oiseaux messagers du monde des sorciers était un calvaire sans nom.

La fiente, les cris perçants, les serres acérées, le métal rouillé des vieilles cages... Les corvées quotidienne de l'éleveur étaient l'équivalent d'un véritable enfer vécu au jour le jour.

Chaque matin, lorsqu'il quittait le manoir familial pour se rendre dans la grande volière derrière l'échoppe à l'autre bout de Londres, il avait l'impression que son âme se mourrait un peu plus. Son quotidien monotone et décevant n'était que le reflet désolant de son manque de motivation.

Ceci étant dit, tant que son père faisait partie de l'entreprise, tout allait bien d'un point de vue pécuniaire. L'argent rentrait tout autant qu'avant, les clients se bousculaient toujours plus au portillon... Mais lorsque Jörgen se retrouva seul à gérer la boutique, sa haine pour celle-ci la détruisit de l'intérieur. Les oiseaux ressentaient son animosité permanente et la lui réciproquaient, lacérant en de multiples occasions le visage fatigué de l'ancienne fierté de Serpentard.

D'une façon fulgurante, la qualité des services de "Leonhard Magnificent Owls" diminua, et la satisfaction des clients aussi. Jörgen mentit à son père pendant des années et des années, lui assurant, pour conserver la fierté familiale, que jamais l'entreprise n'avait vendu autant d'oiseaux.

La vérité était qu'il avait rompu tous les contacts avec les fournisseurs des animaux, et laissé la plupart des oiseaux mourir sans descendance. Il en arriva peu à peu à un point où il ne possédait plus qu'une seule chouette blanche dans la volière qui avait une aile abimée et un hululement grinçant dénommée Eirel. Plus un seul client n'entrait jamais. Et il trouvait ça parfait. Vivant de l'immense fortune amassée dans le passé, il attendit presque dix ans sans jamais vendre le moindre animal ni voir le moindre client (sauf une fois, mais le grand dadais qui était rentré par curiosité était ressorti en courant devant l'accueil mortifiant du vendeur) jusqu'à ce que son père finisse par décéder.

A présent libéré de la peur de décevoir son géniteur pour lequel il avait énormément d'affection et de respect, malgré la relation extrêmement complexe qu'il avait entretenu toute sa vie avec lui, il pouvait enfin quitter l'échoppe et dilapider la fortune familiale dans les projets les plus fous, pour peu qu'ils soient amusant et ne rachète la vie de misère qu'il s'était auto-infligée jusque là.

Lorsqu'il ferma définitivement la boutique, il ouvrit grand la volière pour que sa dernière occupante, la chouette miteuse Eirel, s'en aille loin de lui. Mais curieusement, elle se mit à suivre l'ancien éleveur partout comme son ombre. Trop peu cruel pour lui lancer le sort de mort ou l'attacher quelque part dans la forêt, Jörgen a finit par accepter que le maudit animal reste auprès de lui et possède à présent une relation très étrange avec le volatile. Il la déteste, n'hésitera pas à lui mettre un coup de pied dans l'arrière-train si elle se pose devant lui, mais s'inquiète pour elle dès qu'elle part chasser la musaraigne trop longtemps sans revenir.