Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
poufsouffle
1189 pts
serpentard
918 pts
serdaigle
661 pts
gryffondor
612 pts

l'unité
203 pts
ligue des sorciers
223 pts

Caesius ▬ fondatrice retirée
Viridus ▬ administratrice
Kalev ▬ modératrice
Sloan ▬ modératrice
Flavian ▬ modératrice



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-21%
Le deal à ne pas rater :
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, Collection Botanique
39.59 € 49.99 €
Voir le deal

Partagez

Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

Invité



Anonymous
Invité


Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Vide

MessageDis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Empty
Dim 1 Sep - 19:50
Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ?
© FICHE CRÉÉE PAR REIRA DE LIBRE GRAPH'
Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Tumblr_msas7fKkkf1rj72p9o1_500
« Avec Absynthe  ♥ »


Il pleuvait dehors. Le ciel était gris, couvert, couleur de souris humide ; la pluie trempait tout, au dehors. Arbres, herbes, élèves insouciants s'étant laissés surprendre. Le regard gris perle de l'infirmière, postée à la fenêtre, se fit amusé, un peu inquiet, quand elle les vit courir pour rejoindre un abri. Ils allaient être malades. Ah, les enfants. Le bruit doux, presque furtif, contre les vitres, la berçait. Il n'y avait personne, mis à part Absynthe, bien entendu. Son Absynthe. Non pas qu'elle fût possessive, avec lui, mais il était son assistant, et elle avait prit l'habitude de l'appeler «  son » Absynthe. Elle se retourna vers lui, lui coula un regard affectueux. Elle était restée, à Poudlard, pour aider les élèves. Hélas, son état de fantôme n'avait pas fait aussi bien les choses qu'avec son ancien corps ... Alors quand il était venu la voir, pour devenir son assistant, elle avait accepté. Il était volontaire ; ce qu'il souhaitait vraiment, c'était l'aider. Elle, et les élèves. Il était gentil, Absynthe. Elle l'adorait. Il était maladroit, assez tête en l'air, mais à deux ils tenaient les élèves en bonne santé. Comme elle lui était reconnaissante d'être là ! Sans lui, elle serait seule. Elle serait juste grise. Juste un fantôme qui essayait d'aider, mais qui était inutile. Mais il était là, et il pouvait tenir le flacon qu'elle ne pouvait ; il pouvait mélanger les médicaments et les potions sous son indication. Ah, ça, il était docile, maladroit comme il était. Il suivait toujours scrupuleusement ses conseils. Oui, elle avait de la chance de l'avoir.

Elle se mit à chantonner tout bas ; elle avait toujours adoré chanter, les jours de pluie. Quand elle rejoignait son père, sous l'auvent de la maison, et qu'ils observaient la pluie tomber. Ils chantaient, pour couvrir le bruit de l'orage, pour accompagner celui de la pluie. Ils chantaient, parce qu'ils étaient à deux, et qu'ils aimaient cette odeur de frais, de pureté qui se dégageait de la nature nettoyant tout sur son passage. Elle aimait chanter, Euphrasie. Et tant pis si elle n'avait pas une si jolie voix que ça, un peu aigüe, un peu cristalline, un peu aigrelette. Elle détourna son attention sur le dehors, mais remarqua le regard que lui lançait Absynthe dans la fenêtre. Haussement de sourcils de la jeune infirmière, qui lui tournait le dos ; y lisait-elle ... Que pouvait-elle lire, dans ce regard ? Pas de sourire, pas de joie, il semblait différent de l'Absynthe habituel. Elle avait déjà remarqué de petites choses. On refusait de parler de certains sujets devant elle ; on abordait pas certains points avec elle. Mais, surtout, à force de vivre avec lui, elle remarquait Absynthe. Elle l'aimait, de tout son coeur de fantôme, tout comme elle aimait les élèves. Et pourtant, elle l'aimait un peu plus. Une poussière d'étoile de plus. Parce qu'il l'aidait. Alors l'idée qu'il puisse lui cacher quelque chose, que lui puisse être lassé de travailler avec un fantôme lui donna l'impression de s'éparpiller. Elle ne pouvait pas avoir le coeur brisé, mais si elle l'avait pu, l'idée qu'Absynthe ne l'aime pas l'aurait fait souffrir. Parce qu'elle détestait l'idée qu'on ne l'aime pas. Parce qu'elle l'aimait. Parce que, comme toujours et à jamais, elle voulait qu'on l'aime, la jolie infirmière. Se retournant vers Absynthe, elle flotta vers lui, curieuse, le regard doux, un peu nostalgique. Elle resta suspendue en l'air, près de lui, gardant cependant une distance appréciable. Parce qu'elle ne voulait pas qu'il se force à accepter sa présence. Parce qu'elle voulait .. Parce qu'elle voulait tant de choses, de la part de son adorable, de son mignon assistant. Elle repoussa ses cheveux gris, dans un geste très humain, qui aurait fait onduler sa longue chevelure autrefois d'or rosé, et à présent d'un gris aussi pâle que ses yeux. L'infirmière toisait le jeune homme, sans savoir ce qu'elle pouvait dire. Mais elle ne pouvait rien lui cacher. Elle n'essayerait même pas.

Absynthe ? Dis ... Est-ce tout va bien ?

Oh, Euphrasie, naïve, douce, trop gentille. Elle ne savait comment aborder tout cela. Elle n'était pas triste, pas à proprement parler. Elle voulait juste qu'il l'aime. Mais aimer un fantôme, n'était-ce pas absurde ? En avait-il marre de travailler avec quelqu'un de non-substantiel ? Etait-il laissé d'elle ? Elle lia ses mains devant elle, dans une attitude très pure, très innocente. Vêtue à jamais de sa blouse autrefois blanche, elle porterait également à jamais son jean et son débardeur. Une tenue confortable - autrefois, quand elle pouvait le sentir. Elle aimait porter cette blouse ; elle aimait pouvoir la porter encore. C'était son insigne à elle, ça indiquait qu'elle était infirmière, qu'elle n'était pas restée pour rien.

J'ai l'impression que ... Que quelque chose ne tourne pas rond. Excuse-moi si je me trompe ... fit-elle à voix basse. Elle baissa les yeux sur ses mains, sur son corps, qui flottait au-dessus du parquet de l'infirmerie. Elle s e sentait ridicule - il n'y avait qu'Absynthe capable de la faire rire, sourire, puis se sentir aussi bizarrement vulnérable.

Est-ce que ... Est-ce que tu t'es lassé de m'avoir comme tutrice ? Je pourrais comprendre ; je suis faites d'ectoplasme, ça ne doit pas être facile tous les jours. Ou bien ... Peut-être que tu t'es trouvé une amoureuse ? Tu as le droit. Tu es adulte. Tu es si beau, si touchant ; ce serait normal.

Une idée lui vint, horrible, comme une claque. Elle écarquilla doucement ses yeux d'un gris de perle. Elle posa son regard angoissé sur lui, sur son être sombre, et qui pourtant souriait de façon si sincère, si douce. D'une façon presque délicate.

Peut-être que tu ne m'aimes plus ? fit-elle d'une voix encore plus basse, comme si elle avait peur de se briser en le disant. Non, ça ne pouvait pas être ça. Et pourtant, son père ne lui avait-il pas dit un jour que l'amour, ça allait, ça venait, et que parfois, il disparaissait pour de bon ? C'était-il passé cela ? Absynthe avait-il fini par ne plus l'aimer ? Cela aurait expliqué ses regards coulants, ses raideurs parfois quand elle était là ... Pourtant, il l'écoutait, elle ; il souriait. Faisait-il semblant ? Elle ne voulait pas y croire. Elle garda les yeux baissés, optimiste jusqu'au bout : non, ça ne pouvait pas être ça. Non pas qu'on soit forcé de l'aimer, elle n'avait pas un égo surdimensionné, mais elle voulait espérer que l'amour qu'elle lui portait était partagé. Elle voulait tant de choses.

Mais surtout, elle voulait Absynthe. Parce qu'il avait toujours été là pour elle, depuis sa mort. Qu'il l'avait soutenue, qu'il l'aidait, de toutes ses forces, de toutes ces forces qu'elle n'avait pas. Et ça, ça comptait. Ca comptait un million de milliard de fois. Ca et ses sourires.

Revenir en haut Aller en bas

Unité
& empois...infirmier de Poudlard



Absynthe Bridgestone
Absynthe Bridgestone
Messages : 399
Age : 34
Localisation : L'infirmerie
Date d'inscription : 31/08/2013



Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Vide

MessageDis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Empty
Dim 1 Sep - 23:25

Il recopiait quelques notes. Les dossiers étaient ouverts devant lui, les feuilles éparpillées qu’il ne cessait de déranger, de retourner, pour y lire un détail, une note plus ancienne. C’était son écriture sur tous les dossiers, mais c’était la main d’Euphrasie qui le guidait. Il les connaissait presque par cœur, à force de les lire. Il ne savait peut-être pas soigner les élèves, mais il connaissait les symptômes, il savait qui souffrait de quoi, qui venait après un duel ou un match de Quidditch, qui avait une santé plus fragile. Il était toujours aux côtés de l’infirmière quand elle les soignait, et il prenait des notes. Il écrivait tout ce qu’elle disait, car ensuite il devait tout mettre au propre, dans les dossiers, pour le futur. Le futur.
Un jour, Absynthe avait dû fouiller dans des dossiers plus anciens, ceux qui dataient de l’époque où Euphrasie les écrivait encore elle-même, pour y chercher des symptômes peu habituels. Il avait constaté que son écriture était très différente de la sienne. Elle écrivait comme sur les lettres d’amour dans les films.
Il n’écrivait pas très bien.
Il griffonnait, il gribouillait, et même si elle avait pu écrire elle-même dans les dossiers, il aurait sûrement été le seul à pouvoir recopier ses notes illisibles. Heureusement, il s’appliquait quand il écrivait sur les papiers officiels. On ne savait jamais, si elle avait besoin de les lire... Elle ne pouvait pas ouvrir seule les dossiers, certes, mais...

Mais il ne serait pas toujours là pour le faire. Il coula un regard discret vers l’infirmière, tournée vers la fenêtre, et réalisa qu’il n’arrivait pas à se concentrer depuis plusieurs minutes déjà. Elle regardait par la fenêtre, la pluie avait finie par tomber. Absynthe aimait bien le son de la pluie, mais il l’aimait davantage encore parce que ça la faisait chanter. Il fit tourner la plume entre ses doigts, songeur. C’était une vieille manie, la plume. Les professeurs disaient toujours qu’il était incapable de rester concentré plus de deux minutes. Il jouait avec sa plume, se mordillait la lèvre, tapait du pied, impatient de pouvoir enfin sortir de la classe. C’était une vieille manie, et comme toutes les vieilles manies, elle revenait quand il était nerveux.

Il fallut que mademoiselle Euphrasie cesse de chanter pour qu’il se rende compte qu’il tapait du pied en battant la mesure. Les dossiers. Oui Absynthe, pense aux dossiers. Reste concentré. Il la vit s’approcher du coin de l’œil mais reprit les papiers devant lui et les arrangea un peu, pour qu’elle ne croit pas qu’il bâllait aux corneilles. Peut-être aussi parce qu’elle le mettait mal à l’aise, quand elle le fixait longtemps, comme ça. Des fois, il avait l’impression d’avoir encore seize ans.

Absynthe ? Dis ... Est-ce que tout va bien ?

Il s’attendait à ce qu’elle lui demande comment avançait son travail, mais la question avait des intonations plus graves... inquiètes ? Il se retourna, un peu surpris, et la suite confirma ses doutes :

J’ai l’impression que ... Que quelque chose ne tourne pas rond. Excuse-moi si je me trompe ...

Dis-lui qu’elle se trompe. Dis-lui, Absynthe. Il se sentait bête et stupide. Il savait bien que ça lui prenait, parfois, d’avoir l’air un peu ailleurs - après tout, n’était-il pas toujours à côté de la plaque ? Mais il ne s’était pas rendu compte qu’Euphrasie l’avait remarqué et que cela l’inquiétait. Il ne voulait pas lui faire de peine. Il devait lui dire que ça allait. Au fond, c’était vrai ? Il n’était pas malheureux. C’était ce qu’il voulait. Il aurait dû garder le reste pour lui. Il la détailla du regard, il la connaissait bien, mais son expression, ses gestes, étaient différents.
Décidément, il était vraiment trop con.

Elle reprit  la parole avant qu’il ait pu trouver une excuse pour justifier son attitude peu enjouée, et ses mots le laissèrent décontenancé. Il se surprit à rougir comme un enfant à qui sa maman lui demande s’il a une amoureuse. Ou juste comme quelqu’un à qui la jolie mademoiselle Euphrasie faisait un compliment. C’était très gênant. Absynthe supportait mal les compliments. Sa culpabilité lui interdisait toute forme d’estime. Il se savait peu doué avec les patients, peu doué avec les gens en général, enfin peu doué avec la vie, et qu’on lui affirme le contraire avait tendance à le chambouler plus qu’il n’y paraissait. Il n’avait jamais vraiment envie d’y croire. Mais quand mademoiselle Euphrasie vous dit des choses aussi gentilles, on ne peut qu’espérer qu’elle le pense vraiment.

Aussi gêné qu’il l’était, il passa outre les compliments, car l’inquiétude de l’infirmière ne s’était jamais exprimée aussi clairement. Aussi loin qu’il s’en souvienne, elle avait toujours laissé entendre que sa condition de fantôme ne la gênait pas. Même si elle avait l’air de penser le contraire, parfois, Absynthe faisait comme s’il ne savait pas. Pourtant, aujourd’hui, elle abordait doucement le sujet. Elle laissait entendre que c’était ce qui le gênait. Ce n’était pas vrai. Ce n’était pas vrai, Absynthe, et il devait lui dire. Avant qu’elle puisse se faire des idées, ou penser à pire encore. Il se leva, un peu brusquement, et elle reprit au même moment :

Peut-être que tu ne m’aimes plus ?

Son cœur rata un battement.
Vraiment, il était trop con.

Non !

Il se mordit la lèvre, il ne voulait pas répondre aussi fort, mais ça lui faisait mal qu'elle croit qu'il ne l'aimait pas. Bien sûr qu'il l'aimait. Il l'aimait depuis toujours. Elle l'avait frappé comme tous les autres garçons de son âge, en plein cœur. Elle était tellement belle, tellement gentille, comment ne pas aimer mademoiselle Euphrasie ? Ce n'étaient pas uniquement les garçons ; même les filles la trouvaient adorable. Mais même de son vivant, elle était inatteignable. C'était l'infirmière, la jolie infirmière de Poudlard. Absynthe, lui, il n'était qu'un adolescent comme les autres, timide et maladroit. Il avait essayé d'attirer son attention, une fois, et le résultat était sous ses yeux. Rien n'avait changé, depuis toutes ces années. Mademoiselle Euphrasie restait inatteignable, et plus jamais il n'essayerait de changer les choses. Il le savait parfaitement. La seule différence entre avant et maintenant, c'était sa culpabilité. Et cette réalité, savoir que rien ne changerait. Absynthe resterait pour toujours cet adolescent un peu bête qui rougissait bêtement à ses compliments.

Mais pouvait-il lui répondre sincèrement ? Pouvait-il lui dire tout cela ? C'était vraiment bête, Absynthe se sentait idiot rien qu'en y pensant. Bien sûr, qu'il l'aimait. Comment pourrait-il la détester, et plus encore, détester sa condition de fantôme, alors qu'il en était responsable ? S'il y avait bien une personne qu'il devait détester, ce n'était pas elle.

Bien sûr que non ! J'ai beaucoup de plaisir à travailler avec toi, ça ne me dérange absolument pas.

Il avait encore un peu de mal à la tutoyer, c'était bête, après tout ce temps, mais le gamin de seize ans n'était pas loin. Il regarda autour de lui et se rendit compte qu'il avait renversé sa chaise en se levant brusquement. Il la remit sur pieds, gêné. Il se savait maladroit, il se savait doué pour faire tomber des choses, pour les casser, mais il détestait ça. Il n'aimait pas non plus se montrer brusque devant mademoiselle Euphrasie, elle qui était si douce et si gentille. Absynthe devait, lui aussi, se montrer gentil. Il devait arrêter d'avoir l'air morose. C'était un peu difficile d'effacer son expression naturelle pour y substituer un sourire, mais si c'était la seule chose à faire pour ne pas inquiéter l'infirmière, il le ferait.

Je suis désolé. Il passait son temps à s'excuser. Pour tout, sauf ce qui comptait vraiment. Je ne voulais pas t'inquiéter. Je t'assure que ça n'a aucun rapport avec toi.

Tu aurais dû lui dire que tout allait bien. Mais Absynthe avait vraiment du mal à mentir. Euphrasie était si honnête ! Et lui ?

Je te suis extrêmement reconnaissant de m'avoir accepté comme assistant. J'aime... j'aime beaucoup passer du temps ici, avec toi, à aider les élèves et à apprendre. Mais je sais très bien que je ne suis pas... je ne suis pas très doué, et je m'en veux. Je me sens inutile parfois, c'est vrai. Tout le monde sait que je suis une catastrophe ambulante quand tu n'es pas là.

C'était comme cette chanson, tu vois, je fais n'importe quoi quand t'es pas là. Mais c'était vrai pour Absynthe, malheureusement. Ce n'était pas la vérité qu'il aurait dû dire, mais c'était une de ses vérités. Ce n'était pas celle qui le faisait le plus souffrir, à dire vrai il aurait été cent fois plus maladroit si cela avait pu rendre l'après-vie d'Euphrasie plus facile. Mais ce n'était pas ce qu'il aurait dû lui dire, et devant ses questions franches et honnêtes, Absynthe se reprochait sa lâcheté.

Gryffondor, tu parles.

Je ferai des efforts.

Revenir en haut Aller en bas

Invité



Anonymous
Invité


Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Vide

MessageDis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Empty
Lun 2 Sep - 2:06
Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ?
© FICHE CRÉÉE PAR REIRA DE LIBRE GRAPH'
Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Tumblr_msas7fKkkf1rj72p9o1_500
« Avec Absynthe  ♥ »


Le pauvre. Voilà qu'elle le harcelait avec ses peurs idiotes. L'infirmière s'en voulait un peu de craquer, ce jour-là. Mais bon, au fond, elle restait un fantôme d'humaine, un écho humain. Avec des émotions humaines - à moins que cela ne soit également des échos d'émotions, comme des fantômes de sentiments. Elle n'en savait rien. En tout cas, elle voulait réellement une chose : que ses élèves aillent bien. Et Absynthe, ô Absynthe ... Elle voulait qu'il sourit.

Non !

Alors, quand il cria, ce non retentissant, elle leva les yeux, intimidée. A la fois par le ton, par la force qu'avait véhiculée ce cri, mais aussi parce qu'il venait de se dresser, grand, immense, même. Fort, gigantesquement fort, et tellement humain. Tellement humain ...

Bien sûr que non ! J'ai beaucoup de plaisir à travailler avec toi, ça ne me dérange absolument pas.

Il ramassa sa chaise, il avait l'air d'un gamin prit en faute. Et cette sensation, étrange, malsaine, qu'il lui cachait quelque chose. Est-ce qu'elle s'imaginait juste des choses ? Peut-être que oui. Peut-être que c'était ce temps de pluie qui la faisait trop cogiter, qui lui rappelait trop de choses, et du coup, elle se mettait à voir des bizarreries partout ? Néanmoins, elle avait tant de choses à lui dire, tant de questions à lui poser ! Cela faisait des années qu'ils se côtoyaient, et elle n'en savait toujours pas assez à son sujet.

Je suis désolé.  Je ne voulais pas t'inquiéter. Je t'assure que ça n'a aucun rapport avec toi.

Aucun rapport avec elle ? Hm. Elle hocha timidement la tête, mais elle avait donc vu juste sur une chose ; il y avait un noyau de tristesse en lui. Pourquoi ? Il n'avait pas répondu à sa théorie de la petite amie ; était-ce cela ? Avait-il été repoussé par une jeune fille ? Qui irait repousser quelqu'un comme lui, maladroit mais si adorable ? Ce n'était pas possible. Elle lui coula un regard doux, alors qu'il continuait, pour lui expliquer le fond de sa pensée. Elle lui était reconnaissante de lui avouer ce qu'il ne voulait pas lui révéler.

Je te suis extrêmement reconnaissant de m'avoir accepté comme assistant. J'aime... j'aime beaucoup passer du temps ici, avec toi, à aider les élèves et à apprendre. Mais je sais très bien que je ne suis pas... je ne suis pas très doué, et je m'en veux. Je me sens inutile parfois, c'est vrai. Tout le monde sait que je suis une catastrophe ambulante quand tu n'es pas là.

Elle eut un petit rire, un filet de rire, entre ses lèvres ourlées de gris. Mais ce n'était pas une moquerie, de ces rires méchants et cinglants. Oui, il était maladroit, mais elle ne doutait pas qu'il puisse devenir meilleur si il le désirait.

Je ferai des efforts.

A cette phrase, elle s'approcha de lui, tendit la main, l'arrêta à quelques centimètres de sa joue. Juste avant de le toucher. Elle sentait la chaleur qui émanait de lui, qui semblait la traverser comme l'eau sur du papier. Elle le sentait, vivant ; mais elle ne le toucherait pas. Elle ne voulait pas voir chez lui ce frisson. Ce frisson qui indiquait qu'elle n'était plus humaine, qu'elle ne faisait naître que froid, chez lui, quand elle l'effleurait juste. Souriante, elle resta un instant ainsi, bienveillante, heureuse qu'il lui ait tout avoué. Puis Euphrasie retira sa main, délicatement, sans détourner son regard, cependant.

Ô, Absynthe. Tu n'es pas inutile. Sans toi, que pourrais-je faire ? Pas grand chose. Tu n'imagines pas combien je te suis reconnaissante de m'aider. Non seulement tu m'aides à soigner les élèves que j'ai toujours voulu protéger, mais ta compagnie m'évite de me sentir seule. Alors, retire toi cette idée de la tête. Tu ne seras jamais inutile. Peu m'importe que tu sois maladroit. Tu me fais rire. Tu es là. Tu étais là, dès que j'ai eu besoin de toi. Ta présence m'est très chère. Tu n'as pas à t'excuser d'être ce que tu es ; je t'acceptes comme tu es. Ne te fausses pas, n'essayes pas d'être quelqu'un d'autre. Ne te forces pas à faire des efforts ; fais-les si tu en as envie. Je t'aiderais comme tu m'as aidé ; tu es mon assistant, mais mieux encore. Mon coéquipier. Mon binôme. Mon partenaire. Et tu le resteras, sois-en sûre. Je n'oublierais jamais ce que tu fais pour moi.

Elle souriait, le plus sincèrement du monde. La pluie contre la fenêtre tambourinait à présent, plus forte, plus cinglante, comme si la violence de la nature souhaitait se faire entendre. Tout, dehors, devait être trempé. Heureusement, elle ne ressentait plus le froid. Elle lia de nouveau les mains devant elle, posées sur ses cuisses, comme une petite fille sage.

Excuse-moi de t'avoir ennuyé avec mes simagrées. Je suis contente que tu te sois ouvert à moi. Je préfère te voir avec le sourire - un vrai sourire. Mon père me disait souvent que le bonheur de ceux qui vous sont cher est contagieux. Il avait raison ; voir un sourire sincère sur un visage suffit à me rendre heureuse.

Surtout le sien. Celui de cet assistant qui passait sa vie dans l'infirmerie, à trier ses flacons, à passer le balai. Oui, ce garçon - non, cet homme ; il lui était important, voilà tout. Elle regarda vers la fenêtre, repoussa ses cheveux autrefois d'une jolie couleur d'or rosé - et à présent d'un gris soutenu.

Quand il pleut, comme ça, je me souviens des moments avec mon père. Nous adorions courir sous la pluie. Quand il y avait une tempête, près de la mer où il habitait, nous restions sur le perron à sentir le vent glacial nous fouetter les joues. Puis nous rentrions prendre un bon chocolat chaud. Elle eut un petit rire à cette pensée. J'ai toujours adoré la pluie. Et la neige, aussi. C'est joli, la neige, quand elle tombe ; on dirait des morceaux de nuages, ou alors comme si des plumes pleuvait. Ce côté duveteux, cotonneux, presque délicat ... Et toi, Absynthe, tu préfères quand il pleut ? Ou alors quand il y a du soleil ?

Elle se souvenait de lui, plus jeune. Un Gryffondor dans toute sa splendeur. Il courrait partout, défiait n'importe qui, faisait souvent des blagues. La plupart de ses victimes, bien que peu blessées, venaient à l'infirmerie et se plaignaient de lui. Euphrasie s'amusait toujours quand il venait, ayant hérité d'un bleu ou d'une coupure, et racontait ses bêtises, fier comme un paon. Elle l'aimait, comme tous ses élèves. Elle savait qu'il irait loin. Et pourtant, il avait choisi de l'aider elle. Elle ne pouvait exprimer avec des mots le profond remerciement qu'elle éprouvait pour lui ; une gratitude sans faille.

Tu sais, tu aurais pu aller loin. Tu n'étais pas plus bête qu'un autre, tu étais voué à un avenir, tu avais une famille pour te soutenir. Tu étais un Gryffondor, un garçon enjoué, rieur ... Et à présent, te voilà devenu homme. Et prisonnier de cette infirmerie, avec moi comme tortionnaire fit-elle en riant de nouveau. Oui, il était devenu un homme dont elle pouvait être fière. Ses élèves grandissaient, et elle, elle pourrait les aimer à jamais - n'était-ce pas merveilleux, quand on y pensait ? Elle aimait l'idée que ses élèves fondent des familles, qu'ils aient un chien, un jardin, une palissade blanche. Et peu importait qu'elle n'y ai jamais le droit ; si eux étaient heureux, elle l'était aussi. Jamais égoïste, Euphrasie. Faisait - et fait - toujours passer les autres avant elle. En tout cas, je ne te dirais jamais assez merci pour ce que tu as fait. Pour ton aide. Pour toi. Tu me permets de soigner mes petits élèves quand ils sont malades. Grâce à toi, je ne suis pas vaine, ni inutile. Tu es un peu mon héros finit-elle en riant de nouveau, cachant son délicat sourire derrière sa main.

Retournant près de la fenêtre, elle observa dehors ; noir, gris, sombre. Les lumières de l'infirmerie étaient les seules qui brillât un temps soit peu au-dehors ; on n'y voyait pas à cinq mètres. Elle flotta un instant, tourna sur elle même, et se mit à aller de droite à gauche, soudainement animée. Ses joues rosissaient - ou plutôt prenaient un teint sombre, synonyme de rougissement chez elle.

Absynthe, tu as déjà pensé à avoir un animal ? Un chat, ou un chien peut-être ?

Si elle avait une présence animale, elle pourrait laisser Absynthe vaquer plus souvent à ses occupations de jeune homme. Elle pouvait garder l'infirmerie seule, indiquer les potions à prendre à ses élèves, ou ils pourraient trouver un moyen de s'appeler. Elle rêva un instant d'un lapin, dans un terrain vague, avec un petit garçon au doux nom de Billy. Ce lapin ... Oui, elle adorait les lapins. Cela avait été son patronus, d'ailleurs ; plus grand que la moyenne, aux longues oreilles douces. Une partie d'elle-même, à qui elle parlait souvent, qu'elle adorait. Elle aimait les jolies choses, Euphrasie. Elle s'approcha du bureau, observa un vase de fleurs qui trônait dessus ; colorées, voyantes ; jaune, rouge, orange, bleue. Elle aimait les couleurs aussi. Euphrasie aimait la vie, tout simplement ; et tant pis si la vie ne l'aimait plus. L'infirmière continuerait de se battre farouchement. Elle ne se rendait cependant pas compte que ses pensées pouvaient paraître assez confuses, sans queue ni tête ; même pour quelqu'un comme Absynthe qui savait suivre sa logique, parfois, la suivre dans son raisonnement était un peu difficile. Elle rosit - ou plutôt grisonna au niveaux des joues, en glissant son regard dans celui de son assistant. Sa présence l'apaisait en même temps qu'elle titillait quelque chose au plus profond d'elle. Comme si quelque chose pouvait encore remuer en elle. L'infirmière n'avait aucune idée de ce que cela pouvait être ; en attendant, à ses côtés, elle se sentait vivante, et curieusement, elle avait moins froid. Absynthe était sa source de vie, en quelque sorte. Il était source de tant de choses, chez elle. Tant de choses ...
Revenir en haut Aller en bas

Unité
& empois...infirmier de Poudlard



Absynthe Bridgestone
Absynthe Bridgestone
Messages : 399
Age : 34
Localisation : L'infirmerie
Date d'inscription : 31/08/2013



Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Vide

MessageDis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Empty
Lun 2 Sep - 14:14

Des efforts. Absynthe faisait des efforts. Merlin savait s’il faisait de son mieux pour ne pas casser tout ce qu’il touchait, et pourtant il y avait bien un pot ou une fiole qui se brisaient chaque jour sur le sol de l’infirmerie. Il était comme ça, Absynthe. Il avait toujours été doué pour casser les choses. Il essayait vainement de les recoller ensuite, sans toujours y croire. Les fioles, c’était facile. Mais les Reparo ne soignaient pas les humains.

Il ne s’attendait pas à ce qu’elle le touche. Elle ne le fit pas, pas vraiment. Mais c’était ce qui pouvait se rapprocher le plus d’un contact venant d’elle - ou de lui. Jamais il n’avait eu un geste déplacé. Il se comportait avec elle comme il le faisait avec les autres ; il les laissait venir. De lui-même, il n’osait pas aller vers elle, ou vers eux. Mais il savait qu’une fois qu’ils étaient là, il ne pouvait plus fuir. Alors il ne bougeait pas. Son cœur avait peut-être raté un battement. Peut-être deux. Il avait retenu sa respiration, et il espérait qu’elle ne remarquerait pas le brusque stoïcisme qui l’avait saisi lorsque sa main s’était approchée de lui. Il ne voulait surtout pas qu’elle croit que ça le gênait, qu’il avait peur qu’elle le touche. Il savait quelle sensation désagréable cela procurait, pourtant il avait comme des fourmillements là où elle le frôlait. Ce n’était pas désagréable, c’était juste... et bien, en cet instant, il aurait aimé qu’elle puisse le toucher.

Elle l’avait déjà fait, au fond. Au plus profond de son cœur, elle l’avait marqué, par sa gentillesse, sa dévotion et sa pureté. C’était peut-être pour cela qu’elle était inatteignable, mademoiselle Euphrasie. Peut-être qu’elle devait rester aussi pure que ses sourires, aussi transparente que son âme. Absynthe avait du mal à définir précisément ce qu’il ressentait quand elle le regardait comme ça, mais il devait probablement rougir comme une adolescente de quinze ans depuis un bon moment. Des yeux, il suivit son geste, et la ligne de ses lèvres qui s’étirèrent en un sourire, celui qu’il ne connaissait que trop. Elle lui dit qu’il n’était pas inutile. Elle lui dit qu’il était important pour elle, pour de nombreuses raisons. Qu’elle l’acceptait comme lui l’acceptait, probablement, sans savoir qu’il en était la cause. Elle souriait de façon si sincère qu’Absynthe n’eut pas la force de démentir ses propos. Elle le touchait, Euphrasie, par ses douces paroles, par son ton réconfortant, il en oubliait presque que c’était son travail de remonter le moral de ses élèves. Alors il sourit, légèrement, parce qu’au fond il n’avait jamais cessé d’être l’un d’eux.

Excuse-moi de t’avoir ennuyé avec mes simagrées. Je suis contente que tu te sois ouvert à moi. Je préfère te voir avec le sourire - un vrai sourire. Mon père me disait souvent que le bonheur de ceux qui vous sont cher est contagieux. Il avait raison ; voit un sourire sincère sur un visage suffit à me rendre heureuse.

Vous souriez à beaucoup de monde, mademoiselle Euphrasie. Elle rendait beaucoup de gens heureux, Euphrasie. Absynthe espérait qu’elle s’en rendait compte. Il ne voulait que ça. Qu’elle fasse ce qui la rendait heureuse. L’y aider n’était qu’une évidence, même s’il devait ne faire que cela jusqu’à la fin de ses jours.
Absynthe ne serait pas un fantôme.

Il comptait bien lui dire la vérité, un jour.

Elle eut un geste qu’il connaissait bien, elle le faisait déjà avant, quand ses cheveux n’étaient pas aussi gris que le reste. C’était un geste doux, délicat, comme le reste de sa personne. Cela faisait toujours sourire Absynthe. C’était comme se souvenir de son parfum. Il y avait quelques petites choses qui lui rappelaient souvent l’Euphrasie d’avant. Jusqu’à ce qu’elle le frôle, en lui faisant oublier tout le reste.

J’aime beaucoup le soleil… quand il n’est pas trop aveuglant. La pluie a quelque chose de reposant aussi. Il pensa à la neige également, et sourit en se rappelant que l’hiver était sa saison préférée, à Poudlard, à cause des bonhommes de neige qu’ils construisaient dans le parc, et des boules ensorcelées qu’ils lançaient dans le dos des professeurs. La neige était belle à regarder, aussi. Assis dans la salle commune des Gryffondors, au coin du feu, quand elle tombait à petits flocons doux et légers par la fenêtre... Mais même la neige n’était pas aussi délicate qu’Euphrasie. Tu es... étais proche de ton père ?

L’interrogation était à peine prononcée, c’était évident, il fallait voir la façon dont elle en parlait. Il ne savait pas si son père était toujours en vie. S’il savait que sa fille se trouvait encore ici. S’il était déjà venu la voir. Absynthe pensait souvent, malgré lui, à la vie qu’elle aurait pu avoir, sans lui. Se serait-elle mariée ? Assurément. Elle aurait eu des enfants, parce qu’elle adorait les enfants. Peut-être était-elle fiancée ? À vrai dire, il ne connaissait pas grand-chose d’elle. Bien souvent, il n’osait pas demander. Il ne savait pas non plus si elle était capable de se souvenir de tout. Après tout, sa mémoire de fantôme semblait avoir effacée les causes de sa mort.

Tu sais, reprenait l’infirmière, tu aurais pu aller loin. Tu n’étais pas plus bête qu’un autre, tu étais voué à un avenir, tu avais une famille pour te soutenir. Tu étais un Gryffondor, un garçon enjoué, rieur ... Et à présent, te voilà devenu un homme. Et prisonnier de cette infirmerie, avec moi comme tortionnaire.

Elle rit, encore, et Absynthe ne put s’empêcher de sourire doucement. Elle était contagieuse, mademoiselle Euphrasie. Un vrai virus de joie et de gaieté.

Les Détraqueurs ne sont pas aussi faciles à vivre, dit-il pour la taquiner.

Ni aussi agréables à regarder. Enfin... il retint la dernière remarque, ça aurait été déplacé. Et il n’était pas le seul que les compliments gênaient. Si vous l’aviez vue quand on lui disait qu’elle était jolie, gentille ou serviable ! Ses joues prenaient une teinte grise plus foncée, signe de son rougissement de fantôme. Absynthe se surprit à sourire plus franchement, et il s’en voulut. Il aurait peut-être dû finir avec les Détraqueurs, finalement. Il en avait rêvé, plusieurs fois après le drame, avant d’apprendre que le directeur leur pardonnait. Il avait crut qu’on le livrerait à Azkaban. Il avait cru que son âme disparaîtrait, qu’il ne serait plus rien.
Lorsque mademoiselle Euphrasie l’appella son héros, Absynthe en fut certain. Si l’âme qu’il n’avait pas livrée aux Détraqueurs était encore entière à ce moment-là, c’est là qu’elle se brisa. Sa gorge se noua, son estomac se serra, et il se sentit mal. Physiquement mal. Il espérait qu’Euphrasie ne remarquerait rien, même si c’était son rôle, de voir quand les autres allaient mal. Peut-être était-ce pour cela qu’elle posait soudainement toutes ces questions ? Savait-elle ? Le doute comme le remords étreignaient Absynthe, et il se força à sourire en réponse à l’amusement franc de sa collègue. Un héros. Il était un héros. Son héros. Absynthe se sentait de plus en plus mal. Il n’aurait pas cru que la culpabilité pourrait revenir aussi forte, après tout ce temps. Il avait appris à l’enterrer tant qu’il était dans cette pièce, pourtant.

J’aurais aimé... Quoi ? Ne pas avoir été stupide au point de la tuer ? Ne pas être lâche au point de ne pas l’avouer ? Ne pas être attaché au point de se lever, tous les matins, en cachant la culpabilité, et plus honteux encore, ce net sentiment d’exaltation qu’il éprouvait à savoir qu’il allait la revoir, passer sa journée à ses côtés, la voir sourire, rire, et plaisanter ? Si encore elle faisait de sa vie un calvaire... mais non. Mademoiselle Euphrasie n’était pas un tortionnaire, loin de là. Il aurait dû l’assister comme il portait sa culpabilité : en silence, en souffrance. Au lieu de cela, elle rendait la punition qu’il s’était assignée agréable. J’aurais aimé pouvoir faire plus, acheva-t-il avec un petit sourire d’excuse.

Elle s’était retournée, soudain plus active. Aussi vite qu’elle rougissait aux compliments, mademoiselle Euphrasie retrouvait sa bonne humeur, ses occupations machinales, quotidiennes. Elle flottait autour de l’infirmerie, comme elle l’aurait fait des années plus tôt en marchant ça et là pour ranger des potions, trier des dossiers ou poser la main sur le front d’un patient fiévreux. Absynthe s’assit à demi sur son bureau avant que ses jambes ne se mettent à trembler. Il la regarda faire, soulagé que la discussion soit passée. Elle sautait du coq à l’âne, mademoiselle Euphrasie, comme si elle se rappelait soudain ce qu’elle devait faire, ce qu’elle faisait dans sa vie d’avant, et tout se remettait en place comme un petit théâtre de poupées. Absynthe comprenait que ce devait être lié à sa condition de fantôme. Et en un sens, cela l’arrangeait qu’elle passe aussi facilement à autre chose. Il pouvait, lui aussi, prendre le temps d’oublier leur précédente conversation.

Un animal de compagnie ? répéta-t-il, perplexe. L’idée ne lui avait jamais traversée l’esprit. Pouvait-on garder un chien ou un chat dans une infirmerie ? Il n’osa pas s’exprimer tout haut, de peur de la décevoir. Tu en as déjà eu un ?

Absynthe repensait à sa propre famille. Si grande la fratrie soit-elle, ils n’avaient jamais vécu sans un ou deux animaux de compagnie, et les chiens en faisaient partie. Il avait eu un chat à Poudlard, il s’en souvenait, ou était-ce celui d’une de ses sœurs ? Il se souvenait avoir été un peu allergique... oui, c’était cela ! Le chat le gênait alors il avait fini par le confier à sa sœur. Il se rappelait seulement que le pauvre s’était perdu dans la Forêt Interdite par la suite. Absynthe grimaça au souvenir. Il faudrait qu’il se montre plus attentif avec les animaux si Euphrasie en voulait un.

Je ne sais pas si on pourrait le garder tout le temps ici, à cause des patients, du matériel... Mais un chien ne serait peut-être pas plus maladroit que lui. Les chats, eux, étaient de toute façon plus délicats. J’irais en acheter un à Pré-au-lard, si tu en as envie. Qu’est-ce qui te ferait plaisir ?

Il lui aurait pris le chat ET le chien si elle le voulait, peu lui importaient les allergies ou la saleté que cela pouvait engendrer.

J'espère que Meme ne viendra pas l'embêter.

Il fallait toujours qu'elle mette son nez partout, celle-là. Absynthe savait qu'elle profitait de ses absences pour mettre le bazar dans l'infirmerie, devant une Euphrasie impuissante, et il grimaça à cette idée. Il était conscient qu'on ne pouvait pas en vouloir à Meme d'être agaçante, c'était dans sa nature. Il n'empêchait qu'elle n'avait pas intérêt à faire un sale coup devant son nez, à moins de voler très, très vite. Absynthe n'était pas d'un naturel violent, bien que peu délicat... mais il se rappelait parfaitement avec quelle rapidité il lançait des sorts aux Serpentards dans les couloirs, et il était certain qu'il retrouverait rapidement ses marques si Meme lui en laissait l'occasion !
Revenir en haut Aller en bas

Invité



Anonymous
Invité


Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Vide

MessageDis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Empty
Lun 2 Sep - 14:58
Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ?
© FICHE CRÉÉE PAR REIRA DE LIBRE GRAPH'
Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Tumblr_msas7fKkkf1rj72p9o1_500
« Avec Absynthe  ♥ »


Il n'avait pas bougé, Absynthe. Ce n'était pas la première fois qu'elle essayait de le toucher, ni sûrement la dernière. ces simples gestes la faisait se sentir plus proche - plus humaine. Et pourtant, elle avait aussi appris à ne pas le toucher pour de vrai. Pour éviter de le transir de froid. Pour ne pas mettre un peu plus de distances entre leurs deux espèces. Ce simple presque-contact lui suffisait - et Absynthe se laissait faire, comme toujours. Comment ne pas aimer un être pareil, qui semblait prêt à tout pour satisfaire vos désirs ? Euphrasie souriait, doucement ; elle aimait quand il lui parlait de lui. C'était rare, uniquement quand elle lui posait franchement la question. Elle le faisait, alors ; parce qu'elle voulait apprendre des choses de lui. Parce qu'il ne semblait pas doué pour s'ouvrir, mais qu'elle avait quand même envie de voir ce qui se cachait derrière ses expressions, ses gestes, son caractère. Oui, maintenant qu'il parlait du soleil, elle se souvenait : Poudlard, sous les rayons astraux. Sous le soleil doux du printemps, alors que les pieds prenaient le frais dans le lac. Des bruits, autour ; des cris, des rires. Euphrasie se souvenait aussi de l'odeur neuve du parchemin, d'un livre peut-être. D'une présence à ses côtés. Un souvenir à elle ? Elle avait du mal à faire le point dans le flou de sa mémoire. La question d'Absynthe la fit revenir à la réalité.

Tu es... étais proche de ton père ?

Euphrasie pencha la tête sur le côté, son sourire s'élargissant. Oh, oui, elle étais proche de son père. Encore maintenant, elle se souvenait très précisément de lui, plus que de tout autre personne. Elle se rappelait sa mère, ses frères et soeurs, mais son père, ses bulles au parfum de pommes, la mer ... Tout cela était bien plus précis ; précieux, trop précieux pour être perdu.

Oui, j'étais très proche de mon père. L'infirmière avait choisi d'utiliser le passé ; elle restait proche de son paternel, mais dans ses souvenirs. A présent, elle n'était plus proche que d'Absynthe. Je le voyais moins, car mes parents ont divorcés avant que je n'entre à Poudlard. Mais j'allais chez lui, à Noël ; il habitait près de la mer. Sa maison était couverte de lys blancs, qui offraient une odeur très forte juste après la pluie. Nous faisions des tartes aux pommes, des gâteaux. Il était sorcier, ma mère moldue. Je me suis toujours sentie plus proche de lui que de ma mère. Il me comprenait.  

Beaucoup de questions. Trop. Papa était-il encore de ce monde ? Elle ne l'avait jamais revu. Elle n'était pas allé à son enterrement ; avait-il été la voir, une dernière fois ? Avait-il souri, de ce sourire courageux qu'il faisait quand il ne voulait pas être triste ? Cette idée lui fit du bien ; son père, où qu'il soit, ne regretterait rien. Il serait heureux pour ce qu'elle avait eu. Il vivrait. Euphrasie garda son sourire ; le ton taquin d'Absynthe la fit rire de nouveau. Elle le préférait comme ça ; doux, malicieux. Elle aimait mieux son côté gryffondor. Joyeux, foufou, courageux. Oui, au fond de lui, il devait rester des vestiges de ce qu'il avait été ; elle ne comprenait pas pourquoi il était devenu aussi calme et sérieux.

J’aurais aimé... J’aurais aimé pouvoir faire plus.

Non, il n'avait pas à dire ça. Elle secoua la tête, très doucement ; non, il en faisait déjà tellement. Elle ne rajouta rien à ce sujet ; elle sentait que, malgré l'apparente détente, tout cela le mettait mal à l'aise. Alors elle changea de sujet ; elle songeait à son lapin adoré. Les autres élèves avaient plutôt des chats, des hiboux. Mais elle, elle l'aimait son lapin. Elle l'avait appelé Corail, car ses yeux rouges lui rappelaient cette couleur rouge très doux des coraux de mer. Le lapin était son alter égo, doux, agréable ; il se laissait caresser uniquement par sa maîtresse. Une soudaine envie la prit ; l'infirmière rougit un peu, n'osant pas poser le regard sur Absynthe, qui, comme à son habitude, semblait près à céder à tous ses désirs - aussi égoïstes soient-ils.

J’ai eu un lapin, il y a longtemps. Je l'avais trouvé dans un terrain vague ; il souffrait d'une malformation à la patte qui l'empêchait de sauter ou de se mouvoir rapidement. Un de mes voisins l'avait trouvé, et je l'ai gardé. Il a été le compagnon de mes années d'études. Il était très doux, de poil comme de caractère ; il avait une façon de froncer son nez quand je lui offrais une carotte qui me faisait rire.   Elle avait un regard apaisé, comme si se souvenir de cet animal l'avait calmée, avait calmé ses humeurs sombres. Mais Absynthe avait raison, bien entendu. Elle secoua doucement la tête. Elle n'était pas déçue, pas vraiment ; qui s'occuperait du lapin ? Absynthe. Elle allait lui donner du travail en plus, pour un caprice. Non, tu as raison, ce ne serait pas raisonnable ; cela te donnerait beaucoup plus de travail. et que faire si des élèves y étaient allergiques ? Non, ce n'était qu'une idée ; oublions-cela.

Néanmoins, la référence à Meme faillit faire grimacer l'infirmière. Saleté de petite bestiole. Elle venait souvent mettre la pagaille dans ses armoires, profitant de l'absence d'Absynthe pour l'embêter. Et ce n'était pas juste pour se faire remarquer - c'était de la méchanceté pure. Cela rendait Euphrasie triste ; elle était incapable de protéger son infirmerie ! Elle aurait aimé pouvoir gronder Meme et la faire s'arrêter ; même en étant fâchée contre elle, Euphrasie s'imaginait qu'elle pouvait se sentir seule, ou qu'elle était peut-être jalouse.

Peut-être que Meme est jalouse que j'ai un assistant. Peut-être qu'elle aussi aimerait qu'on la remarque, et elle trouve que ses bêtises font le boulot. Elle souffre peut-être simplement de solitude ? fit Euphrasie, avec une empathie digne d'elle-même. Car elle ne restait jamais fâchée longtemps ; elle ne pouvait en vouloir à personne, jamais. Ce n'était pas dans son caractère, voilà tout.

Posant son regard à l'extérieur, Euphrasie observa avec calme les alentours. Le bruit de la pluie résonnait comme une berceuse. Le fantôme était content d'être seule avec Absynthe. Cela voulait dire qu'aucun élève n'avait de problème, que personne n'était malade ; cela voulait dire aussi qu'elle pouvait lui parler un peu. Lui habituellement taciturne, elle le sentait plus enclin à s'ouvrir aujourd'hui.

Alors, dis-moi, t'es tu trouvé une petite amie ? demanda t-elle, un peu taquine, retrouvant ce côté un peu malicieux qui faisait pétiller son regard. Elle avait un petit sourire en coin, doux et bienveillant, comme une mère. Elle ne voulait que son bien ; elle voulait le voir épanoui. Absynthe était déjà âgé de, quoi 26 ans ? Peut-être un peu plus ? Et jamais elle ne l'avait vu avec une femme. Son côté maternel commençait à s'inquiéter. Je suis sûre que tu dois plaire à beaucoup de jeunes filles continua t-elle sur le même ton, un peu amusée par la situation. Elle était sûre de l'embarrasser, le pauvre, mais ça l'intéressait, dans le fond. Elle aimait entendre les confidences des élèves ; elle-même n'avait jamais vécu d'histoires d'amour. Elle s'était dit qu'elle aurait le temps, plus tard. Toujours plus tard. Au final, elle s'était fourvoyée totalement. Jamais elle n'aurait ni mari ni enfants ; mais au moins elle protégerait ses élèves. Elle pourra en sauver certains, et par certains côtés ... Ils étaient tous ses enfants.

Revenir en haut Aller en bas

Unité
& empois...infirmier de Poudlard



Absynthe Bridgestone
Absynthe Bridgestone
Messages : 399
Age : 34
Localisation : L'infirmerie
Date d'inscription : 31/08/2013



Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Vide

MessageDis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Empty
Lun 2 Sep - 17:25

Absynthe se demandait si la vie d’un fantôme était plus facile. On disait qu’ils restaient parce qu’ils avaient des regrets, ou quelque chose à accomplir. N’était-ce pas plus facile de partir en laissant ses regrets derrière soi, si on en avait la chance ? Euphrasie avait l’air heureuse de parler de son père. L’idée qu’ils aient pu être séparés par sa faute peinait Absynthe, mais il était content de savoir qu’elle se souvenait d’autant de choses à son propos. La vie après la mort n’était peut-être pas facile si on était tourmenté, mais le fantôme de mademoiselle Euphrasie semblait plus optimiste qu’aucun spectre à Poudlard, et l’après-vie lui allait comme un gant.
Ce n’était pas une excuse, bien sûr, mais s’il voulait cesser d’afficher un air sombre devant la jolie infirmière, il devait prendre exemple sur elle et voir le bon côté de la chose.

Ce qu’elle lui raconta à propos de son lapin le fit sourire. Elle le décrivait de telle façon qu’il était facile d’imaginer comment était l’animal, quels bons souvenirs elle gardait de lui, et comme elle serait probablement contente d’en avoir un autre. Après tout, chat, chien, lapin... cela ne faisait aucune différence pour Absynthe, tant qu’Euphrasie y trouvait un peu de compagnie. Elle changea pourtant d’avis :

Non, tu as raison, ce ne serait pas raisonnable ; cela te donnerait beaucoup plus de travail. Et que faire si des élèves y étaient allergiques ? Non, ce n’était pas une bonne idée ; oublions cela.

Absynthe hocha la tête, docile, mais en son for intérieur il se disait que laisser un animal dans le bureau de l’infirmerie ne gênerait pas tant que cela les élèves. Bien sûr, il ne pouvait pas s’agir d’un chien, il serait beaucoup trop malheureux de rester toute la journée dans une pièce. Quant aux chats, ils étaient trop indépendants pour tenir docilement en place. Mais un lapin, c’était différent. Absynthe garda l’idée dans un coin de sa tête, pour la prochaine fois qu’il descendrait à Pré-au-lard.
Il ne sortait pas beaucoup de l’infirmerie, certes, mais Euphrasie avait parfois besoin de matériel qu’il était le seul à pouvoir ramener. Il avait été emprunté quelques fioles chez l’enseignante de Potions, et il s’était glissé parfois dans la serre quand Caesius n’y était pas, mais c’était toujours en cas d’urgence. Le plus souvent, Absynthe faisait simplement ses courses chez l’Apothicaire, comme tout le monde, avec sur lui la liste qu’Euphrasie lui faisait écrire pour être sûr de ne rien oublier. Ça lui était arrivé, d’oublier, et de revenir une heure plus tard s’excuser auprès du vendeur parce qu’il avait zappé tel ou tel ingrédient. Mais c’est vrai qu’en dehors de cela, il ne sortait pas beaucoup. Il ne voulait pas laisser mademoiselle Euphrasie seule, et ce n’était pas seulement parce qu’il avait peur que Meme en profite pour mettre le bazar. Il haussa les épaules à sa remarque. Il n’avait pas autant d’empathie qu’elle, et il ne savait pas si les fées pouvaient ressentir de telles émotions. Pour lui, Meme n’était qu’une jolie petite chose agaçante au possible qui ne faisait que copier et enquiquiner son monde. Peut-être avait-elle une raison de se faire remarquer de la sorte ? Absynthe n’avait pas envie de réfléchir à la question. Mettez-lui un compagnon fée et ils feraient encore plus de bazar à deux ! Il admirait néanmoins la patience de l’infirmière, sans oser lui dire que Meme ne méritait probablement pas des paroles aussi gentilles. Le saurait-elle qu’elle n’en continuerait pas moins de profiter d’elle parce qu’elle ne pouvait pas l’arrêter, Absynthe en était sûr.

Il suivit le regard d’Euphrasie qui se posait sur l’extérieur du château. La pluie ne cessait de tomber bruyamment, longuement, comme c’était souvent le cas dans le nord du pays à cette période de l’année. Le vent s’était soulevé mais les gouttes qu’il faisait battre contre la vitre n’étaient pas dérangeantes ou point de devoir crier pour se faire entendre. Au contraire, tout semblait toujours plus calme à l’intérieur, lorsque le ciel se déchaînait ainsi. Absynthe avait toujours aimé se tenir au chaud dans la salle commune des Gryffondors, près de la cheminée, à regarder l’orage tonner à l’extérieur. C’était ce qui se rapprochait le plus d’un foyer, en dehors de sa maison, et il se rendait compte que les choses n’avaient presque pas changées depuis son retour à Poudlard. Quand il était à l'infirmerie comme ça, avec mademoiselle Euphrasie et la pluie, il n’avait pas envie de mettre les pieds dehors. Même sans la pluie, en vérité.

Alors, dis-moi, t’es tu trouvé une petite amie ?

Encore ? Absynthe grimaça légèrement devant l’air taquin de sa collègue. La question semblait la préoccuper beaucoup, décidément. Ou alors, c’était simplement son rôle de s’inquiéter du bien-être de ses petits protégés, et voir qu’Absynthe passait tout son temps enfermé à l’infirmerie lui faisait souci. La question n’était pas banale, enfin, à son âge on évitait quand même le sujet ! Il ne se rappelait pas que sa mère lui ait jamais posé la question. Même ses sœurs le laissaient tranquille, sûrement parce que les Bridgestone étaient tous un peu coincés niveau sentiments. Non, pas coincés... disons réservés. Deux de ses frères étaient mariés avec des enfants, et la plus âgée de ses petites sœurs s’était fiancée cet été. Absynthe espérait assister aux noces, cela faisait longtemps qu’il n’avait pas vu toute sa famille réunie en un seul et même endroit. Il hésita à en parler à Euphrasie, puisqu’il devrait s’absenter quelques jours, mais il se dit qu’il avait encore le temps. Sans compter qu’il ne voulait pas l’encourager davantage à parler de ce genre de choses... Il pouvait éviter le sujet si elle n’y faisait que des allusions, mais pas quand elle lui posait aussi ouvertement la question. Absynthe croisa les bras, comme il l’aurait fait devant une mère trop curieuse des fréquentations de son fils chéri. Je suis sûre que tu dois plaire à beaucoup de jeunes filles, dit Euphrasie.

Absynthe faillit lui retourner le compliment, afin qu’elle comprenne à quel point la question le mettait mal à l’aise. Mais il savait que sa collègue n’y voyait aucun mal, elle s’inquiétait simplement pour lui. Quand on pensait qu’il s’inquiétait au moins autant pour elle ! enfin...

Ça fait un moment que je ne suis pas sorti vérifier cette théorie, répondit-il avec un sourire en coin.

Il refusait de répondre sérieusement à la question. Il ne voulait pas qu’elle croit qu’il se forçait à ne pas sortir juste pour rester avec elle, c’était stupide. Il ne se forçait pas. S’il voulait se changer les idées, il le faisait. Il haussa les épaules, incapable d'en dire plus. Il aurait peut-être dû essayer de l'oublier, d'avoir une vie normale, d'enfouir sa culpabilité quelque part et de ne plus y toucher. D'avoir une femme, des enfants, un chien et une maison. Mais il savait pertinemment qu'il ne pourrait s'empêcher de penser à elle même s'il fondait une famille. Ce serait même très injuste pour la famille en question s'il faisait cela. Il n'était tout simplement pas prêt à avoir autre chose en tête.

Mais ça ne me dérange pas, crut-il bon de préciser.

Ne manquerait plus qu'elle se sente coupable du vide quasi-intersidéral de sa vie sociale. Il se rendait compte que le temps passait, bien sûr. Et vite. Il semblait ne s'être écoulé que quelques mois depuis que le jeune Gryffondor insouciant et farceur était devenu un homme sérieux et renfermé, et pourtant il était plus âgé aujourd'hui que ne l'était Euphrasie à sa mort. La constatation s'insinuait petit à petit dans son esprit. Elle était éternelle, lui pas. Il continuerait de vieillir, pas elle. Il mourrait, c'était certain, il ne voulait pas devenir un fantôme, même s'il avait des regrets. Il comptait bien s'en débarrasser un jour, mais même sans cela, il ne pouvait envisager la possibilité de rester enfermé à jamais dans un corps et dans une vie qui ne lui appartenaient plus. Absynthe n'avait pas vraiment changé, au fond. Il aimait trop la liberté.

Il partirait, et elle resterait.

Ne t'inquiète pas pour moi, d'accord ? dit-il en essayant d'avoir l'air rassurant.

Après tout, n'avait-il pas toute la vie devant lui ? Peut-être pas. Peut-être vieillirait-il ici, sans avoir rien fait d'autre de sa vie qu'aider la gentille et éternellement jeune infirmière de Poudlard. Et alors ? Il y avait longtemps qu'il avait écarté l'idée d'avoir une vie à lui, au fond. Il savait bien qu'il n'aurait pas de femme, pas d'enfants, pas de chien et pas de maison. Sa maison resterait l'infirmerie. Il aurait peut-être un lapin à la place d'un chien. Les seuls enfants qu'ils verraient seraient ses patients. Euphrasie n'était pas sa femme, ne le serait jamais, mais elle lui avait bien dit qu'il était son coéquipier, son binôme, son partenaire. Et il le resterait.

Ma sœur April va se marier, je ne sais pas si je t'ai déjà parlé d'elle ? Elle était à Poudlard juste après moi, chez les Poufsouffles. Une grande fille élancée et sportive, ils l'appelaient l'asperge jusqu'à ce qu'elle devienne batteuse. Elle avait de bonnes notes et elle était presque aussi sage que moi, ajouta-t-il avec un demi-sourire.

Il n'était pas certain qu'Euphrasie se rappelle de tous ces détails, mais il savait qu'elle prenait plaisir à entendre parler de ses élèves, anciens comme actuels. S'il ne voulait pas parler de sa vie sentimentale, Absynthe pouvait au moins lui offrir le plaisir d'apprendre qu'une autre de ses élèves était très heureuse dans sa vie d'adulte. April avait toujours aimé Poudlard, même si elle ne finissait pas aussi souvent que lui à l'infirmerie.
Revenir en haut Aller en bas

Invité



Anonymous
Invité


Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Vide

MessageDis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Empty
Lun 2 Sep - 20:33
Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ?
© FICHE CRÉÉE PAR REIRA DE LIBRE GRAPH'
Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Tumblr_msas7fKkkf1rj72p9o1_500
« Avec Absynthe ♥ »


L'histoire du lapin était close. Oui, elle aurait adoré avoir une petite boule de poil, qui lui aurait rappelé Corail, qui aurait donné un peu de vie à l'infirmerie quand Absynthe n'aurait pas été là, qui aurait apaisé Euphrasie. Oui, mais non. Elle ne voulait pas faire un caprice. C'était juste une mauvaise idée. Il y avait non seulement le fait que certains élèves pouvaient être allergiques, mais aussi que cela donnerait du travail en plus à Absynthe. Son pauvre assistant en faisait déjà des tonnes, juste pour l'aider ; elle ne pouvait pas lui demander en plus de supporter la présence d'un animal qu'il ne désirait peut-être pas. Elle n'était plus une enfant ; la présence d'Absynthe lui suffisait parfaitement.

Le sujet qu'elle venait d'abord, taquine et malicieuse, mit le jeune homme mal à l'aise. Il avait les joues roses, le regard troublé ; avait-elle eu raison ou bien était-il simplement gêné ? C'était méchant, un peu vicieux aussi, mais elle aimait voir les couleurs passer sur son visage plus pâle d'habitude. Elle aimait le voir rougir. Il était tellement adorable, avec son regard sombre, ses cheveux un peu longs, noirs ; oui, il était beau, Absynthe. Terriblement beau. Il l'avait toujours été, et plus il grandissait, plus il devenait séduisant. L'infirmière n'était sûrement pas la dernière à s'en rendre compte. La seule pensée de l'avoir connu plus jeune et de l'avoir vu grandir jusqu'ici, de le voir grandir encore, année après année, avait quelque chose de bizarre. D'intemporel, et pourtant de si humain. Il grandirait, oui. Pas comme elle. Et elle était heureuse qu'il soit encore vivant. Elle était si contente pour lui, qu'il puisse inspirer, sentir, toucher, goûter. Elle vivait à travers ses sensations, à travers sa présence.

Ça fait un moment que je ne suis pas sorti vérifier cette théorie.

Elle pencha la tête sur le côté, dos à la fenêtre ; les lumières dorées de la pièce donnaient à l'endroit quelque chose de presque féérique, avec le bruit de la pluie, ce plic ploc régulier, qui battait contre les grandes vitres. Son regard se fit moitié grondeur moitié amusé. Allons, il était jeune ; il n'avait pas à s'enfermer toujours entre ces quatre murs. Elle lui était reconnaissante pour son aide. Mais parfois, elle ne comprenait pas son acharnement à être toujours là avec elle. Il tenait à elle, c'en était une preuve. Adorait-il son travail à ce point ? Quelque chose lui soufflait que non. Et comme un petit démon insidieux, ce fut comme si une persistance rétinienne floue venait se subsister à la réelle vision. Non. Non ! Les souvenirs refluèrent aussi vite, avant qu'elle n'ait le temps de se pencher dessus ; à peine entraperçues du coin de l'oeil, l'infirmière, le sourire vague, sentit une émotion forte passer comme un véhicule toutes roues dehors, puis disparaître. C'avait été violent, mais elle repoussait tout ça. Cela n'avait pas lieu d'être. Peu importait, tout cela ; pourquoi vouloir se souvenir de choses douloureuses ? Elle ne voulait plus rien savoir. Elle avait le droit de choisir, Euphrasie. Même si c'était lâche de sa part de fuir ainsi certaines choses. Elle s'en fichait ; elle était heureuse comme ça.

Mais ça ne me dérange pas.

Cette précision la fit rire, la fit sortir de cet état de veille. Il était son ancre dans cette réalité qui parfois semblait se troubler. Il lui permettait de rester celle qu'elle était, et de ne pas sombrer comme certains fantômes du château. Ainsi, il préférait rester à l'infirmerie ? Ils étaient complices, et l'idée qu'il puisse vouloir rester là, avec elle, par choix, c'était une chose qui la rendait infiniment joyeuse. Qui la rendait doucement tiède, qui semblait chasser le froid de son enveloppe d'ectoplasme.

Ne t'inquiète pas pour moi, d'accord ?

Malgré son sourire, elle ne pouvait s'en empêcher. Elle tapota ses lèvres du bout des doigts de sa main droite, pensive. Ses joues gardaient cette coloration soutenue, elles auraient été roses autrefois. Mais même de gris, même transparente, elle restait Euphrasie.

Tu es mignon ... Mais si tu veux sortir, rencontrer du monde, ce genre de choses, fais-le. C'est la nature des choses. Ne t'enferme pas entre ces quatre murs pour moi. Ce serait faire honte à ce que tu es, à ce que je suis. Tu es jeune, tu as la vie devant toi. Alors amuse-toi ! déclara t-elle avec conviction, en souriant doucement.

Le pire, c'est qu'elle y croyait. Absynthe, il devait se marier, avoir des gamins. Comme tous ses élèves. Peu importait ce qu'il disait. Il allait fatalement tomber amoureux de quelqu'un, fonder une famille. C'était comme ça que faisaient les vivants. Ce n'était pas une question. Euphrasie ne pensait pas à ce qu'elle aurait pu devenir ; elle ne songeait qu'à une chose. Eternellement, elle pourrait voir les élèves grandir, grandir encore. Alors, quand Absynthe lui parla de sa soeur, de son bonheur, le fantôme sembla rayonner soudain de joie. D'une joie pure, innocente.

Ma sœur April va se marier, je ne sais pas si je t'ai déjà parlé d'elle ? Elle était à Poudlard juste après moi, chez les Poufsouffles. Une grande fille élancée et sportive, ils l'appelaient l'asperge jusqu'à ce qu'elle devienne batteuse. Elle avait de bonnes notes et elle était presque aussi sage que moi.

Son assistant lui parlait rarement de sa famille. Peut-être n'avait-elle pas encore posé les bonnes questions. En tout cas, savoir que sa soeur allait fonder une famille était une chose si douce à ses oreilles ! Et elle se rappelait, tout doucement ; April Bridgestone. Oui, une jolie petite, rarement malade. Toujours polie, toujours très agréable. Euphrasie se souvenait, oui.

Je suis tellement contente pour elle ! Peut-être auras-tu un neveu ou une nièce, bientôt ? Sa relation au temps était devenue toute relative ; bientôt pouvait être dans deux jours ou dans cinq ans. Le fait d'être un fantôme, sûrement ; de ne plus avoir besoin de compter les jours, les heures. Parfois, les années passaient sans qu'elle s'en rende réellement compte, elle ne voyait le passage du temps que sur les visages de ses élèves. Tu avais d'autres frères et soeur ? Il me semble que oui, des frères, non ?

Il lui fallait parfois un peu d'aide, pour se souvenir. Avec tous les visages qu'elle voyait, depuis ces années, elle ne pouvait se souvenir de chacun. Et pourtant, une fois remise dans le contexte, son visage s'illuminait ; sa mémoire ne défaillait pas. Elle se souvenait de tout le monde. Chaque visage, chaque caractère. Elle était comme ça, Euphrasie. Elle donnait. Elle aimait tout le monde, et chacun était précieux pour elle ; peut-être que c'était pour ça que les gens l'aimaient tellement. Une lumière vive pénétra la pièce, l'inondant d'une lumière crue, jaune, puis un grondement fit frémir l'infirmière - aurait dû la faire frémir, plutôt. Frottant ses bras de ses mains, dans son attitude parfaitement humaine, elle coula un regard apeuré vers la fenêtre. Elle n'avait jamais aimé les orages ; trop violents pour elle, sûrement. Un bruit, et elle traversa le mur du bureau. Ce bruit, elle le connaissait entre mille ; ce grincement si distinctif. Ce bruit si doux à ses oreilles, qui lui disait que quelqu'un était entré dans son infirmerie. Transparente, aussi consistante que de l'air, elle flotta en direction de deux jeunes. La douzaine, blonds tous les deux, l'un tenait l'autre. Leurs écharpes montraient les couleurs des Serdaigles. Son ancienne maison. Léger sourire à cette pensée. Puis, s'élargissant, bienveillant, rassurant. Comme pour dire ; ne vous inquiétez pas, je suis là maintenant. Ils titubèrent jusqu'à un lit, le blessé se posa sur les draps en les froissant.

Un duel qui s'est mal passé, il a prit un sort qui ne lui était pas destiné expliqua le deuxième garçonnet.

Euphrasie hocha doucement la tête, faisant voltiger quelques mèches. Le regard étonné, curieux, admiratif des deux enfants la firent sourire plus fort encore. Elle se pencha vers le blessé ; il était à moitié assommé. Avait du mal à respirer, à se tenir droit. Un maléfice, hm ?

Il a reçu un Flippendo, c'est ça ? fit-elle doucement, en observant le pauvre gamin qui devait se crisper sur ses bras pour tenir son dos droit. L'autre enfant fit oui de la tête. Euphrasie se mit à flotter vers Absynthe, qui les avait rejoint. Le regard des deux garçons se portèrent sur elle, la suivirent ; encore maintenant, elle était jolie. Elle était belle. Euphrasie resterait figée dans l'année de ses 26 ans, et son corps sculptural resterait le même. Au plus grand bonheur des yeux de ses élèves. Il va nous falloir du dictame, Absynthe, et aussi du sang de salamandre. Les épines de porc-épic devraient être suffisantes. Elle réfléchissait tout haut, l'infirmière. Elle l'avait toujours fait, de cette douce voix qui semblait vous apaiser. Qui semblait vous prévenir que vous étiez entre de bonnes mains. Qu'elle savait ce qu'elle faisait. S'approchant de l'armoire où les ingrédients étaient entreposés, plus rien de la conversation qu'elle avait eu avant ne restait. Elle était concentrée sur le moment ; elle savait qu'une seule erreur pouvait tuer.

Elle le savait. Si bien. Sans se douter.

Donc, je résume : trois épines de porc-épic, à réduire en poudre. Ensuite, verser dessus le sang de salamandre, et mélanger jusqu'à ce que la mixture prenne une couleur rouille. Enfin, ajouter deux pincées de Dictame ... Tiens, prends plutôt l'essence de dictame, et verses-y trois gouttes. Ca sera plus efficace.

Avec ça, elle allait remettre le petit d'aplomb. Pendant que Absynthe réunissait tout ce qu'elle lui avait demandé - elle le rejoindrait pour l'aider dans sa préparation, le pauvre était tellement maladroit ... - elle s'approcha des enfants et leur sourit, les rassura, de sa voix douce, avec quelques mots. Ils semblèrent sensible à ce qu'elle disait, à moins que ce ne fut à ses charmes. Rejoignant Absynthe, elle se posta derrière lui, à la façon d'un ange gardien. Elle aimait cette situation ; l'idée de faire le bien autour d'elle. Qu'existait-il de meilleur au monde que la pensée d'avoir bien fait ?

Revenir en haut Aller en bas

Unité
& empois...infirmier de Poudlard



Absynthe Bridgestone
Absynthe Bridgestone
Messages : 399
Age : 34
Localisation : L'infirmerie
Date d'inscription : 31/08/2013



Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Vide

MessageDis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Empty
Lun 2 Sep - 23:11

Que pouvait-il dire, Absynthe ? Que pouvait-il répondre alors qu’Euphrasie s’animait pour lui, l’encourageait par des mots qui auraient dû être une évidence, mais qui relevaient d’un véritable challenge quand on se jugeait indigne du bonheur ? Il n’était pas malheureux au point d’en crever, Absynthe. Il regrettait beaucoup le passé, et le présent lui faisait mal souvent, mais le reste du temps, on ne pouvait pas dire qu’il était torturé au point de s’en arracher les cheveux, honteux de son existence au point de vouloir s’enfermer dans un coin sombre et de ne plus jamais en sortir. Cela avait été le cas, au début, il aurait voulu disparaître pour ne pas affronter la réalité. Et il avait eu beaucoup de mal à ne pas fuir devant l’infirmerie, ce fameux jour où il était venu se proposer d’aider mademoiselle Euphrasie. Il avait été très difficile pour lui de la regarder en face, mais au fil du temps il avait appris à faire taire sa culpabilité, pour ne pas rendre sa présence désagréable. Et puis, il s’était surpris à sourire, et à rire aussi, quand ils plaisantaient bêtement sur des sujets de tous les jours, ou sur ses maladresses habituelles. Il s’était surpris à enterrer plus facilement la culpabilité dans ces moments-là, même si elle profitait qu’Euphrasie avait le dos tourné pour remonter sur ses lèvres serrées et au bord de ses yeux très vagues. Il fallait bien qu’elle se manifeste de temps à autre, et c’était plus facile quand il pensait que sa collègue ne le voyait pas.

Aujourd’hui, il avait fait une erreur, et il ne fallait plus que cela se reproduise. Il était prêt à accepter tout, Absynthe, tout ce qu’elle lui demanderait, pour ne pas qu’elle s’inquiète, pour qu’elle soit heureuse, avec ce sourire si contagieux aux lèvres. Il était prêt à lui acheter un lapin, à lui dire que tout irait bien. Il était prêt à faire tous les efforts du monde pour qu’elle ne croit pas qu’il gâchait sa vie ici, à ses côtés, même si cela impliquait faire des choses dont il n’avait pas forcément l’envie, au fond. Pourvu qu’Euphrasie se rassure, pour un temps du moins. Un jour, il faudrait bien qu’il lui dise. Un jour, elle allait se rendre compte qu’il avait passé toute sa vie ici, qu’il avait désobéi, qu’il ne s’était pas amusé comme elle le lui avait demandé.
Même si, au fond, il souriait plus qu’il ne l’aurait voulu lorsqu’il passait les portes de cette infirmerie, tous les matins, pour accomplir sa pénitence. C’était peut-être ça, sa plus grande honte.

Euphrasie lui rappelait à quel point elle était immortelle quand elle s’animait ainsi pour une de ses anciennes élèves, et parlait de l’avenir comme si c’était quelque chose de très proche, presque tangible déjà. Comment voyait-elle passer les jours ? Se rendait-elle compte depuis combien de temps elle était là, intouchable ? Avait-elle idée des années qui s’écoulaient ? Absynthe se demandait comment elle voyait ses précieux élèves, chaque jour. Les voyait-elle grandir trop vite ? Restaient-ils toujours des enfants à ses yeux, ses chers élèves dont elle s’occupait si bien ? Absynthe sourit à part lui en se disant qu’il n’était peut-être pas le seul à se voir encore comme un gamin de seize ans quand il était avec elle. Peut-être n’avait-il pas changé, dans le regard d'Euphrasie, malgré son calme et son sérieux trop prononcés.

Je suis tellement contente pour elle ! Peut-être auras-tu un neveu ou une nièce, bientôt ?

Il en avait déjà trois, mais il se rappela qu’Euphrasie ne le savait pas. C’était bête, depuis le temps qu’ils travaillaient ensemble, il aurait dû lui en parler. Ses grands-frères étaient plus âgés que lui, il les avait à peine croisés à Poudlard, mais peut-être qu’elle s’en souvenait, et qu’elle aurait plaisir à entendre de leurs nouvelles aussi.
Un jour, leurs enfants étudieraient à Poudlard. L’un d’eux, au moins, avait déjà démontré des capacités magiques. L’un d’eux au moins étudierait à Poudlard, il viendrait à l’infirmerie et, Absynthe pensa avec un petit pincement au cœur à son frère, et son frère ne cesserait de le harceler de hiboux pour savoir si son fils allait bien et s’il était sage.
Absynthe se rendit compte à quel point sa famille lui manquait. C’était étrange. Au début il n’envoyait pas beaucoup de nouvelles, il se disait qu’ils avaient honte de lui, qu’ils ne voudraient plus entendre parler de cette histoire, mais son père lui avait envoyé une Beuglante, comme ça. Heureusement qu’elle l’avait trouvé alors qu’il marchait dans un couloir vide, les échos des cris paternels avaient fait trembler tout l’étage, mais aucune porte ne s’était ouverte sur son passage pour demander ce qui n’allait pas, personne ne semblait avoir entendu - du moins Absynthe l’espérait-il. Il avait couru jusqu’à la Volière pour répondre, penaud, comme le gamin rabroué qu'il était. Depuis, il donnait régulièrement des nouvelles, et en recevait aussi. Il essayait de ne pas trop y penser, mais maintenant, il se demandait si sa famille ne s’attendait pas à une autre vie pour lui, s’il n’avait pas brisé les espoirs de ses parents. Il avait un peu gâché leurs vies à eux aussi. Pouvait-il leur manquer ?
Heureusement qu’il avait quatre frères et sœurs pour rattraper ses bêtises, comme toujours.

Mes deux grand-frères, oui, ils sont mariés depuis longtemps. L’aîné a un petit garçons et une petite fille, il travaille au Ministère, je ne me rappelle plus le nom exact de son poste. Contrôleur dans un bureau quelconque, quelque chose de très ennuyeux, il s’en plaignait souvent. Ils ont donné des noms de fruits à leurs enfants, tu sais. Ça me fait toujours rire, mais c’est très joli. Mon autre frère vient d’avoir un garçon, et tu sais, à la naissance, il avait les cheveux verts ! s’exclama Absynthe en se rappelant de ce détail. Il parlait comme un gamin, très vite, sans réfléchir, juste content de pouvoir partager des choses auxquelles il n’accordait que peu d’importance au fil du temps, mais qui feraient sourire Euphrasie, et qui lui rappelaient qu’il aimait sa famille. Les Médicomages disent que c’est peut-être un Métamorphomage, mais il n’a plus jamais changé de couleur depuis, alors ce n’était peut-être qu’un accident magique... qu'est-ce que tu en penses ? En tout cas, c’est un sorcier. Il s’appelle Arthur, tu le verras sûrement dans onze ans.

Lui-même espérait voir son jeune neveu avant, mais il ne doutait pas d’être toujours à son poste onze ans plus tard. Après tout, onze autres années étaient bien passées, depuis ce fameux jour... Absynthe sourit doucement. L’éclair illumina un peu trop fort la pièce, l’arrachant à ses pensées. Il jeta un coup d’œil dehors, dans l’attente du tonnerre qui gronderait. La porte de l’infirmerie s’ouvrit. Euphrasie l’entendit avant lui, il la vit traverser le mur et il sut pourquoi. Il s’attarda un instant alors que le grondement lointain de l’orage s’éloignait, enfila sa blouse en ouvrant la porte du bureau et suivit les flottements du fantôme de l’infirmière jusqu’aux deux patients.

C’était probablement moins grave qu’il n’y paraissait, mais Absynthe ne put s’empêcher d’afficher une moue inquiète devant l’élève amoché. Euphrasie, elle, souriait, bienveillante et rassurante. C’est sûr que vous ne veniez pas à l’infirmerie pour voir l’assistant et sa tête d’enterrement ! L’autre élève venait d’installer son camarade tout en donnant quelques explications à l’infirmière, et cette dernière devina instantanément la cause du problème. Absynthe ravala son admiration, soulagé comme toujours qu’elle soit là. Il n’aurait jamais su quoi faire, seul. Il se dirigeait déjà vers les étagères quand Euphrasie se retourna vers lui. Les deux Serdaigles la suivirent du regard, et Absynthe retint un sourire. Il se souvenait encore de sa réaction la première fois qu’il avait mis les pieds à l’infirmerie.
Ce n’était pas bien différent alors, mademoiselle Euphrasie était aussi jolie, aussi souriante et aussi gentille. On la voyait mieux, sans son enveloppe spectrale. Quand les rayons du soleil frappaient fort la fenêtre, comme c’était le cas ce jour-là, ses cheveux prenaient une teinte dorée, éclatante, elle était comme entourée d’un halo. Et elle sentait bon. C’était con, la première chose qu’il avait remarqué chez elle, c’était son parfum.

Et son camarade et lui, ils étaient resté bouche-bée, les yeux comme des ronds de flan, à la regarder évoluer gracieusement au milieu de son infirmerie alors pleine de vie. Ils s’échangeaient des coups de coude pour savoir qui allait la déranger, mais aucun d’eux n’avait envie de faire le premier pas.

Vas-y, dis-lui toi.
Non, toi !
Chut !

C’était Absynthe qui s’y était collé, parce qu’Absynthe était le Gryffonfor, des deux, il avait une réputation à tenir. Ses joues n’étaient pas moins rouges que son copain, mais il devait faire bonne figure.

Mam’zelle Euphrasie, il avait appelé, et elle s’était retournée en souriant.

C’est là que son cœur d'enfant avait fondu comme du chocolat devant mademoiselle Euphrasie. Celui de son copain aussi, d’ailleurs. Et de tous les autres de sa classe quand ils leur avaient dit que ouais, c’est vrai, l’infirmière est trop, trop belle en vrai, j’te jure ! C’était peut-être pour ça qu’il était devenu terrible, Absynthe, il ne regrettait jamais de finir à l’infirmerie. Qu’est-ce qu’il était bête.

Il va nous falloir du dictame, Absynthe, et aussi du sang de salamandre. Les épines de porc-épic devraient être suffisantes, lui dit l’infirmière, le tirant de ses souvenirs.

Il hocha la tête et se mit au travail. Il prenait les ingrédients qu’elle lui avait dit en lisant attentivement les étiquettes, pour ne pas se tromper, et il les déposait sur le plan de travail. Il suivait ses instructions à la lettre, avec des gestes un peu saccadés, comme toujours, il avait peur de se tromper. Mais mademoiselle Euphrasie flottait derrière son épaule, et il savait que tant qu’elle serait là, tout irait bien. Il écrasa les épines de porc-épic, prit le petit flacon de sang de salamandre, demanda combien il en fallait, s’exécuta, mélangeant jusqu’à ce que le tout ait une couleur acceptable, qu’il soumit à l’approbation d’Euphrasie avant d’aller chercher l’essence de dictame. Il aimait bien l’odeur du dictame, Absynthe. Ça lui rappelait toutes les fois où mademoiselle Euphrasie lui en avait donné pour faire disparaître ses égratignures et ses bleus. Parce qu’il était bête, Absynthe.

Il finit de mélanger la mixture et la montra à Euphrasie pour s’assurer qu’elle n’y voyait aucun inconvénient. Ensuite seulement, il la versa dans un gobelet plus petit, et retourna près des lits pour la donner au malade :

N’en laisse pas une goutte, précisa-t-il de son ton un peu brusque, un peu maladroit.

Il était content qu’ils soient arrivés maintenant, et pas au moment de la discussion gênante avec Euphrasie. Il avait eu le temps de reprendre ses esprits entre-temps, Merlin savait s’il avait en besoin pour ne pas être plus maladroit encore ! Il attendit que le garçon ait fini de boire, les bras croisés, comme si l’assistant et sa mine sombre à ses côtés allait l’encourager à aller plus vite. Ce n’est que lorsqu’il eut fini, qu’il le laissa avec l’infirmière, sachant qu’elle pouvait gérer la situation seule et procurer de meilleurs conseils que lui. Absynthe, lui, retourna nettoyer le plan de travail et les ustensiles, et ranger les ingrédients à leur place. C'était quelque chose qui lui demandait toujours beaucoup de concentration, s’il ne voulait pas confondre les étagères et mélanger l’ordre bien précis dans lequel Euphrasie lui demandait de tout poser. C’était pour son bien à lui, naturellement ; elle savait reconnaître tel ingrédient d’un autre, mais Absynthe était beaucoup trop tête-en-l’air.

Mmh, marmonna-t-il en sentant le rouge lui monter aux joues. Il aurait dû s’y attendre. Il coula un regard penaud à l’infirmière. Est-ce qu’on range l’essence de dictame près des potions, ou près du dictame en poudre ?

Sa façon de la regarder prouvait clairement que c'était à ce genre de choses dont il faisait allusion, lorsqu'il s'accusait d'être un piètre assistant. Des mots d'excuses lui brûlaient les lèvres, mais il se retint. Il y avait tant de choses qui lui brûlaient les lèvres, à Absynthe. Il avait l'impression de ne jamais dire ce qu'il fallait, de mentir même quand il disait la vérité. Parce que la vérité, la vraie, au fond, il l'enterrait avec le reste. Le sourire de mademoiselle Euphrasie la première fois, le parfum qui flottait alors dans l'infirmerie, et tous les remords. Il savait bien qu'y penser n'y changerait rien, que la seule chose qu'il pouvait faire était d'être là, et qu'elle lui en était infiniment reconnaissante.

Mais parfois, il pensait à lui dire la vérité, et ça lui faisait mal. Parce qu'il la savait patiente, mademoiselle Euphrasie, il la savait compréhensive, la preuve : elle défendait même cette petite peste de Meme. Il la savait gentille, et elle n'avait pas mérité cela. Il la savait gentille, mais pas idiote au point d'ignorer la gravité de son acte, au point d'ignorer son mensonge, ce qu'il lui cachait depuis toutes ces années. Il ne savait pas si elle lui en voudrait plus de son acte ou des paroles qu'il n'avait pas eues, mais il ne pouvait imaginer qu'elle lui pardonne tout, avec ce sourire.

Il ne s'était jamais imaginé ce qui arriverait si elle lui pardonnait, c'était impossible. Il imaginait plutôt ce qui arriverait si elle ne lui pardonnait pas, s'il perdait tout cela. C'était idiot. Mais il ne savait pas ce qu'il pourrait faire d'autre. Alors il se taisait, Absynthe, il restait silencieux le plus longtemps possible. Pour pouvoir rester, le plus longtemps possible.

Il posa le flacon d'essence de dictame en se sentant parfaitement stupide, tout à fait inutile et très, très jeune. Son regard voleta un peu partout dans la pièce, sauf sur elle. Et les mots d'excuses, maladroits, sortirent comme ça avant qu'il ne regagne le bureau :

Je suis vraiment désolé.
Revenir en haut Aller en bas

Invité



Anonymous
Invité


Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Vide

MessageDis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Empty
Lun 16 Sep - 11:35
Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ?
© FICHE CRÉÉE PAR REIRA DE LIBRE GRAPH'
Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Tumblr_msas7fKkkf1rj72p9o1_500
« Avec Absynthe ♥ »


Euphrasie, elle aimait quand Abynthe parlait de sa famille. Ca lui donnait l'impression qu'elle vivait un peu en dehors de Poudlard. Et puis, cela montrait aussi que Absynthe avait une vie, ailleurs, qui l'attendait. Il n'était pas seul au monde. Il avait une famille, au moins, si ce n'était des amis. Avait-il des amis ? Euphrasie ne savait pas ; elle doutait cependant que les gens ne puissent l'aimer. Absynthe, il est doux, il est gentil, comment ne pas l'apprécier ? Et puis, il lui demandait son avis. Il montrait de l'importance à ses conseils, et ça, l'infirmière lui en était reconnaissante. A Poudlard, ses conseils étaient toujours très importants. Elle continuait de vivre, et c'était une bonne chose. Elle leur était à tous si reconnaissants !

Peut-être est-il effectivement un métamorphomage, mais qu'il ne sait comment faire, n'en a pas eu l'occasion ? Le temps vous le dira. Ce serait une excellente nouvelle, un métamorphomage ! Il sera un puissant sorcier, qu'il en soit un ou non. Un très bon sorcier ... Comme tous les membres des Bridgestone.

Ils avaient tous été si bons ! Absynthe n'était pas parfait en tout, c'était vrai. Il était maladroit, il ne savait pas mélanger deux potions sans tout faire exploser, mais il était intelligent, il était obstiné, et il faisait des efforts. L'idée de voir le neveu d'Absynthe, que ce soit demain ou dans onze ans, la rendait heureuse. Un nouvel élève, un nouveau protégé. Ce ne serait pas n'importe qui, ce serait le neveu d'Absynthe ! Une pensée la traversa : son assistant serait-il toujours là, au moment où son neveu viendra étudier à Poudlard ? Elle le souhaitait, de tout son coeur fantomatique, et en même temps, elle aspirait à autre chose pour lui, quelque chose qui le rende foncièrement heureux. Quelque chose qui ferait qu'il était entouré d'amis, entouré de personnes qu'il aimait. Oh, bien sûr, il aimait les élèves, il l'aimait elle, mais il n'était plus le gryffondor espiègle. Elle ne savait pas pourquoi, mais Euphrasie devinait qu'il devait bien rester quelque part des restes de cet être drôle et bon enfant, quelque part, sous ces sourires et ces regards mélancoliques qu'il pouvait avoir parfois.

Euphrasie alla s'occuper rapidement des élèves, puis revint aider Absynthe. Il ne pouvait s'en sortir sans elle ; c'était agréable de se sentir indispensable. Et pourtant, elle rêvait du jour où il se rendrait compte qu'il pouvait parfaitement le faire seul. Qu'il en était capable. Un jour, peut-être. Euphrasie étudia la couleur, l'onctuosité ; un hochement de tête, et Absynthe alla faire avaler la mixture à l'élève. Absynthe s'éloigna quand il vit que l'élève avait tout bu, et Euphrasie prit le relai.

La potion ne va pas tarder à faire effet. Alors comme ça, vous regardiez un duel ? Vous en faites, vous-même ? Les élèves sont de plus en plus courageux. Enfin, l'âme des élèves ne change pas. Toujours aussi assoiffée de montrer de quoi ils sont capables ! Vous avez bien raison. Vous êtes jeunes. Profitez de cela. Ah, la potion fait effet !

L'élève blessé eut les oreilles qui virèrent au bleu, un instant, puis revinrent à la normal, preuve que cela avait fait effet. Son ami lui bourra un coup dans l'épaule, et ils éclatèrent de rire. Ils posèrent leur regard doux sur l'infirmière, puis s'en allèrent en se chamaillant de nouveau. Euphrasie les couva du regard, et même après leur départ, elle continua de regarder la porte d'un air heureux. Puis elle se tourna vers Absynthe et flotta vers lui. Elle pencha la tête, observa avec un plaisir coupable le rouge à ses joues, et lui indiqua où le ranger. A côté de l'essence de dictame. L'étiquette en disait assez long pour ranger les ingrédients d'une même plantes ensemble. Euphrasie faillit se détourner, et entendit les mots d'Absynthe.

Moment d'incompréhension.

Pourquoi s'excusait-il ? Elle haussa les sourcils, et eut un petit rire qui éclata comme un verre de cristal entre eux, comme un chant d'oiseaux. Elle pencha de nouveau la tête de côté, ses cheveux flottant autour d'elle comme animés d'une vie propre. Euphrasie et son corps, et son visage, et ses cheveux, tout cela, même fantomatique, restait aussi beau que lors de son vivant. Mais elle ne s'en rendait pas compte ; elle se fichait de son apparence. Elle voulait juste du bien pour Absynthe.

Ne t'excuse pas. C'était parfait. Tu n'as pas besoin de me demander pardon, tu sais. Tout ce que je t'ai dis tout à l'heure, je le pensais. Tu m'es indispensable, alors ne t'excuse pas, même en faisant des bêtises. Je t'aime, même quand tu te trompes ou que tu fais quelque chose de mal. Car je sais que ce n'était pas volontaire, que tu feras assez d'efforts pour être meilleur, une prochaine fois. C'est beaucoup plus beau que si tu étais déjà parfait à l'origine. Tu ne penses pas ?

Elle sourit, de manière désarmante, sans savoir ce que ses paroles pouvaient faire jaillir, et elle retourna près des fenêtres, transparente, les joues d'un léger gris foncé, comme si le rouge fantomatique lui ornait les joues. Elle regarda au-dehors, et se mit à flotter de nouveau, en chantonnant tout bas. Elle ne comprenait pas ce qu'avait Absynthe ; avait-elle réveillé quelque chose de triste, en lui, avec ses paroles, pour qu'il se montre aussi distant et mélancolique ? Par réflexe, son regard se tourna vers lui, accrocha ses yeux. Absynthe. Son Absynthe. Non, elle se trompait. Il n'appartenait à personne, Absynthe, même pas à elle. Il était libre. Elle lui sourit de nouveau, comment ne pas lui sourire, devant son visage aux traits altiers, ses boucles brunes, ses yeux sombres et brillants ?

Elle souriait tout le temps, Mademoiselle Euphrasie.

Sauf quand elle avait peur de le perdre.

Sauf quand elle avait peur qu'Absynthe ne l'aime plus.

Revenir en haut Aller en bas

Unité
& empois...infirmier de Poudlard



Absynthe Bridgestone
Absynthe Bridgestone
Messages : 399
Age : 34
Localisation : L'infirmerie
Date d'inscription : 31/08/2013



Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Vide

MessageDis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Empty
Dim 29 Sep - 19:56

Absynthe n'avait jamais vraiment su comment réagir aux compliments. Il était peut-être plus embarrassé aujourd'hui qu'il ne l'était avant l'accident, et pourtant il avait toujours réagi bêtement, bizarrement parfois, avec les gens qui le complimentaient. Il n'avait pas l'habitude, dans sa famille, d'être particulièrement remarqué - ou du moins, pas de façon positive. Il faisait des bêtises pour se démarquer mais résultat, ses parents avaient davantage tendance à l'ignorer. Les seuls qui le complimentaient pour ses bêtises, peut-être, étaient ses camarades de bêtises. Absynthe ne s'était jamais considéré comme particulièrement talentueux, il était juste doué pour se faire remarquer. Mais ce n'était pas un véritable talent. Il ne pouvait rien en faire de sa vie, pas vrai ? Ses parents ne cessaient de lui dire qu'il vaudrait mieux pour lui qu'il arrête ses idioties, puisque ses idioties ne lui feraient pas gagner des gallions quand il aurait fini ses études. Et puis Absynthe avait trouvé. Comment gagner sa vie en mettant sa terrible imagination à profit ? Il allait ouvrir un magasins de farces et attrapes.

Travailler chez Zonko n'était peut-être pas l'avenir dont monsieur et madame Bridgestone rêvaient pour leur fils, et c'est pourquoi il ne leur en avait pas vraiment parlé. Il ne voulait pas les décevoir, et il n'avait pas trouvé les mots. Et puis c'était arrivé. Alors il avait oublié. Il ne s'était pas rendu compte, au début, qu'il avait laissé tomber son rêve. Tout s'était écroulé en même temps, Absynthe avait tout oublié. Et un jour, quelques années plus tard, il s'était souvenu. Comme ça. Il aurait aimé le dire à Euphrasie. Elle aurait été contente de savoir qu'il y avait quelque chose qui le passionnait vraiment. Mais c'était trop tard. Et lui dire qu'il avait abandonné son rêve pour être à ses côtés n'était pas la meilleure chose à faire. L'ironie, c'était que dans d'autres circonstances, ses parents auraient été fiers qu'il travaille dans le milieu médical magique.

Alors, lorsqu'elle insinua qu'il y avait toujours eu de très bons sorciers chez les Bridgestone, Absynthe eut cette réaction un peu bizarre qui accompagnait les compliments : il détourna les yeux. Il aurait voulu dire, non mais, ne dis pas n'importe quoi, non mais, c'est pas vrai, non mais, mes frères sont plus intelligents que moi. Il l'aurait dit en rigolant, parce qu'il n'avait jamais vraiment su comment réagir aux compliments, avant. Maintenant, il trouvait juste qu'il ne les méritait pas. Alors il détourna les yeux, regarda par la fenêtre, et fit comme s'il acceptait en silence les paroles de l'infirmière.

Il y avait quelque chose de réconfortant, pourtant, à se dire qu'elle se rappelait de sa famille. Ses frères avaient été de bons élèves, oui, contrairement à Absynthe qui ne pensait qu'à faire les quatre-cent coups. À bien y réfléchir, il n'était pas étonnant que l'un de ses neveux développe une capacité aussi rare et puissante que celle-là. Euphrasie avait raison. Absynthe pouvait au moins accepter les compliments qui visaient ses frères. Il sourit un peu, parce que ces deux-là lui manquaient, même s'ils ne partageaient plus grand-chose à part ce lien familial qui perdurait toujours. Les Bridgestone étaient avares en compliments, c'était vrai, et peu démonstratifs en général. Absynthe réagissait aussi bien aux compliments qu'aux marques d'affection. Mais tous les membres de sa famille, qu'il s'agisse de ses parents, de ses frères, de ses sœurs ou de lui, tous ils avaient cette façon de dire les choses en silence. Absynthe savait presque toujours ce que ses proches ressentaient, ce qu'ils avaient ressenti pour lui, ce qu'ils ressentaient peut-être toujours, parfois. C'était leur façon de communiquer, et c'était peut-être pour cela qu'Absynthe n'était pas très doué avec les gens qui n'étaient pas sa famille.

Il y avait pourtant, songeait-il en voyant s'agiter les deux élèves qui lui rappelaient atrocement deux autres gamins qui finissaient toujours à l'infirmerie, l'un saignant du nez, l'autre intact expliquant ce qui avait mal tourné, il y avait pourtant des gens avec qui il était plus facile de communiquer sans parler. Caesius avait été de ceux-là, qui devinait instantanément quand il allait faire une bêtise rien qu'en le regardant. Il n'avait même pas besoin d'ouvrir la bouche pour se trahir, c'était frustrant. Euphrasie également. Absynthe avait été très silencieux au début, par honte, par gêne, par peur de déranger, mais il était difficile de ne pas parler avec Euphrasie. Elle s'intéressait à vous, vous posait des questions, ne vous grondait que gentiment, et vous encourageait beaucoup. Ce côté-là de sa personnalité n'avait pas changé avec la mort, et c'était diablement rassurant. Elle vous mettait en confiance d'un seul mot, d'une seule parole, et même sans cela, elle avait une attitude très douce, très maternelle, qui n'effrayait jamais. Quel autre fantôme pouvait se vanter de n'avoir jamais effrayé personne ? Euphrasie avait toujours été très gentille avec lui, et même s'il pensait qu'il le méritait autant que les compliments, il avait fini par s'y habituer. Ils discutaient, ils plaisantaient, ils riaient ensemble. Sans même qu'il s'en rende compte, Absynthe avait cessé d'être silencieux. Et quand il avait ces moments de flottement où il pensait à autre chose, elle comprenait.

Il ne s'en était pas rendu compte, mais elle était devenue comme sa famille.

Elle comprenait sans qu'il ait prononcé un mot - et elle l'aimait quoi qu'il arrive. Absynthe cligna des yeux. C'était encore un de ces moments de flottements. Pas désagréable, celui-là. Un peu gênant quand même. Et son cœur qui ne savait pas s'il devait s'arrêter ou s'affoler. Il cligna encore des yeux, pour être sûr. Je t'aime. Non, vraiment. Absynthe n'avait jamais vraiment su, au fond, comment réagir aux marques d'affections. Que pouvait-il répondre à cela ? Pas grand-chose, et tout à la fois. À mi-voix, il articula :

Merci.

En les voyant tous les deux, on aurait dit que c'était lui qui l'aidait, et elle qui se sentait redevable. Elle n'aurait jamais dû le remercier, pourtant. C'était à lui de le faire. C'était à lui de lui dire merci, pour tout, depuis le début, merci de ne l'avoir jamais jugé, merci de ne lui avoir jamais posé la question, merci de l'aimer encore. Il aurait voulu lui dire, aussi, qu'il l'aimait, pour qu'elle ne s'inquiète plus jamais à ce sujet, mais il n'avait pas le droit. Il baissa la tête, comme un enfant pris en flagrant délit de bêtise. Comme quand il venait le nez en sang s'excuser de lui donner encore un peu de travail.

C'est juste que... tu aurais pu avoir un assistant plus doué, mais c'est tombé sur moi.

La faute à qui ? Au professeur Bradbury, en fait. C'était lui qui lui avait donné cette idée, quand Absynthe était revenu à Poudlard au début de sa septième année. Et cela lui avait semblé tellement logique, ensuite, qu'il s'était reproché de ne pas y avoir pensé tout seul. Il avait demandé à voir le directeur, tout de suite. Mademoiselle Euphrasie aurait besoin d'un assistant, c'était évident. Ce devait être lui. C'était sa faute, à lui d'arranger un peu les choses. Personne d'autre ne pouvait le faire. Personne d'autre ne devait.
Il n'avait jamais voulu, au fond que ce soit quelqu'un d'autre que lui.

Alors comme tu es coincée avec moi, je m'en veux un peu de n'être pas toujours très concentré. Mais tu as raison, je ferai mieux la prochaine fois. Je ne peux pas être pire, pas vrai ?

Il avait fini par sourire, plaisanter, parce qu'au fond, c'était toujours de cette façon-là qu'il avait maladroitement accepté les compliments ou les marques d'affection. Non, vraiment. Ça ne pouvait pas être pire. C'était très agréable, et très douloureux à la fois. Il avait fini par aimer ça.
TOPIC CLOS
Revenir en haut Aller en bas




Contenu sponsorisé


Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Vide

MessageDis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥  Empty
Revenir en haut Aller en bas

Dis, pourquoi tu ne m'aimes pas ? ► Absynthe ♥

Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
WIGGENWELD ! :: 
 :: Premier étage :: Infirmerie
-
Vote pour WW parce que tu l'aimes ♥