Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
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caesius ✖ how to save a life

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Absynthe Bridgestone
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Sam 7 Sep - 13:53
Where did I go wrong ? I lost a friend
Somewhere along in the bitterness


Il allait le détester.

Absynthe se réveilla en sursaut sur son bureau. Il n'avait pas idée de l'heure qu'il était, et pourtant il était persuadé de n'avoir fermé les yeux que dix minutes. Mais le jour éclairait déjà doucement la pièce. Il trouva enfin sa montre et jeta un coup d’œil avant de quitter prestement le bureau pour voir les patients. Il n'y en avait pas beaucoup ce jour-là. Une élève de première année qui avait attrapé la dragoncelle, et un autre plus âgé qui s'était pris un cognard perdu en assistant à un entraînement de Quidditch. Tous deux dormaient encore.
On avait placé le professeur plus loin, avec un paravent. Lorsqu'il l'avait amené, les deux élèves l'avaient fixé avec des yeux comme des ronds de bille, et Absynthe avait dû mentir pour ne pas les effrayer. Un exercice particulièrement difficile puisqu'il était, lui-même, effrayé. Heureusement, mademoiselle Euphrasie trouvait toujours les bons mots. Elle leur avait dit qu'il avait eu un petit accident avec une de ses plantes, mais que ce n'était rien de grave. Tu parles. Absynthe l'avait regardée en se rappelant d'un autre mensonge qu'on avait déblatéré devant tout le monde dans la Grande Salle. Certains avaient pleuré.
Heureusement, les élèves s'étaient calmés et ils avaient pu installer le professeur Cartaigh sans se faire harceler de questions. Absynthe avait réalisé à quel point ses élèves étaient inquiets pour lui. Il s'était rendu compte qu'il n'avait pas idée du genre de professeur qu'il était. Il avait entendu parler, bien sûr, de son manque d'autorité, mais il ne savait pas comment il donnait ses cours. Avait-il des élèves particulièrement turbulents ? Étaient-ils simplement ennuyés par sa matière ? Absynthe décida que non. Il se rappelait la façon dont Caesius lui parlait de ce qu'il lisait dans ses livres. Il avait presque toujours un livre sur lui quand il venait le déranger, à croire qu'il passait sa vie à réviser. Un jour, il lui avait demandé s'il pensait se faire greffer Histoire de la Magie moderne sur le dos. "Tu pourrais aussi te tatouer tout l'alphabet runique sur le bras, Cae. Comme ça tu n'aurais plus besoin de livre." Mais le professeur Bradbury ne l'aurait jamais accepté à l'examen.
Lorsqu'il passa derrière le paravent, Absynthe ne s'attendait qu'à moitié à le voir réveillé. Il soupira.

Il avait une tête horrible.

Moins horrible que la veille au soir, cela dit. N'importe qui aurait saisi la gravité de la situation en le voyant - même Absynthe. Il avait passé la moitié de la nuit à préparer l'antidote sous les directives d'Euphrasie, et l'autre moitié à veiller le professeur de Botanique. Il avait réussi à persuader sa collègue qu'il avait peur des milieux médicaux et que la voir à son réveil lui ferait un choc. Ce qui n'était qu'à moitié faux.
Absynthe s'approcha du lit en évitant de croiser son reflet dans la fenêtre. Il savait parfaitement qu'il avait une tête de déterré, lui aussi. Il posa la main sur le front de Caesius. Il était toujours extrêmement pâle - il l'avait toujours été, mais c'était pire. Absynthe ne savait pas si sa fièvre était censée disparaître en une nuit, mais Euphrasie lui avait dit qu'il y aurait une amélioration à son réveil. Il n'était pas aussi brûlant, c'était vrai. Mais il restait extrêmement pâle. Absynthe s'inquiétait. Il aurait dû poser la question à sa collègue, mais il avait peur qu'il se réveille entre-temps.

Il allait le détester.

Il avait été très difficile pour lui de la revoir, mais personne ne l’avait jamais traîné à l’infirmerie sans son accord. Caesius, si. Et au réveil, qui allait-il voir ?
Il ne serait peut-être pas enchanté de voir sa tronche à lui, mais s’il pouvait éviter de lui faire ouvrir les yeux sous le visage inquiet de l’infirmière, c’était mieux. Il allait bien falloir, un jour. Ce serait le couteau dans la plaie mal refermée de sa culpabilité. Mais si rester là à attendre son réveil était la seule chose à faire pour atténuer un peu le coup... Il tira une chaise et s'y assit. Il avait de quoi s'occuper, elle lui avait demandé de noter tous les changements qu'il remarquerait. Il fouilla dans les poches de sa blouse d'infirmier et prit un petit bloc-notes en se demandant s'il devait écrire exactement ce qu'il pensait. Il a une tête horrible. Il est blanc comme un linge. Mais sa fièvre a baissé. J'imagine que c'est un signe positif ? Merlin, faites que ce soit un signe positif.

Il allait le détester.
Mais c'était sûrement déjà le cas, alors ce n'était pas si grave.


And I would have stayed up with you all night
Had I known how to save a life
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Caesius Carthaigh
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Sam 7 Sep - 19:58
Un soudain soubresaut lui remplit ses poumons d'air.
Ce fut particulièrement désagréable, un peu brûlant, et il manqua de tousser et de cracher. Il avait cette impression dérangeante que l'air sifflait dans sa trachée, et qu'il se dirigeait dans son estomac plutôt que dans ses poumons. Il devait prendre de grandes bouffées d'air pour ne pas avoir la sensation d'en manquer. Ses lèvres étaient collées, scellées l'une à l'autre – il n'avait pas envie de les ouvrir.
Il n'en avait, de toute façon, pas la force ; seul sa respiration était pour l'instant perceptible.

Son cœur manqua un battement quand il se rendit compte qu'il n'avait aucune idée d'où il était.
Après tout, ses yeux étaient toujours clos, et son ouïe maladroite – elle n'avait jamais été très affûtée. Il lui semblait entendre un bruit régulier, comme la pluie battant les vitres, où des pages que l'on tourne. Mais c'était comme si d'un coup, tout se distordait pour grincer dans un vibrato amer. Ca lui tordit un moment la gorge, et il se rendit compte qu'elle était très aride, comme le reste de son corps.
Il se sentait épuisé en une seule et minuscule seconde d’introspection ; il ne savait pas pourquoi.

Quelque part, Caesius avait franchement peur et c'était ses veines qui le hurlaient.
Elle battaient, furieuses, dans sa tête qui sortait de son sommeil, lui arrachant de violent coups le long de ses tempes – s'il avait pu contrôler son visage, il en aurait grimacé.
Il sentait son sang glisser jusqu'au bout de ses phalanges ; c'était désagréable tout en étant rassurant. Il se rendit compte qu'un de ses bras était plus lourd que l'autre ; c'est alors qu'il se souvint.
Ah, la morsure de la tentacula vénéneuse.
Ah – si bête, si pitoyable. Son âme se rembrunit et, sans le savoir, il laissa s'échapper un soupir.

« Ah. »

Il y avait tellement de déception dans cette bouffée d'air – il avait été ridicule. La brume duveteuse de son endormissement disparaissait, petit à petit, pour dévoiler les contours d'une soirée emprunte de maladie et de distorsion.
Il avait voulu rejoindre sa chambre ; quel échec cuisant. Il se souvenait de son estomac se retournant, de la salive fuyant sa bouche, de la sueur coulant le long de sa nuque, et de ses doigts fébriles cherchant à tenir ceux de Moriarty.
C'était si bête ; si gênant. Il avait dû être tellement dérangeant pour le fantôme. Il n'avait pas voulu – il était désolé.

Il laissa s'échapper un grognement inaudible.
L'instant d'après, il toussait à s'en arracher la gorge – fichue quinte. Il tenta de se redresser pour tousser plus fort, et faire partir la gène qui lui avait saisit sa trachée – ce fut un peu maladroit, mais ça fonctionna. Dans la secousses, il finit par ouvrir les yeux ; des formes floues dansaient sur sa rétine.
Son bras n'arrivant plus à le retenir soulevé, il tomba dans l'épais coussin sans résistance. Son regard s'éclaircissait peu à peu – c'était une forme blanche. Pourquoi Moriarty était-il venu avec lui dans sa chambre ? Il avait réussit, alors – il était rentré. Il avait eut raison – ça aller passer tout seul.

« Moriarty. »

Sa voix était laidement cassée – elle n'avait ni de note, ni de tonalité. Il tenta de tousser encore un peu pour se la dégager.

« Moriarty – où est-ce que je suis ? »

Il se rendait compte, soudain, qu'il ne reconnaissait ni son coussin, ni ses draps – et qu'il y avait bien plus de fenêtres que dans sa triste chambre grise. Il voulut se dresser encore, mais ses muscles se refusèrent à lui. Il balança sa tête à droite, à gauche, à la recherche d'une réponse qui le rassurerait – elle était lourde, elle l'emportait d'Est en Ouest. Elle tournait alors qu'elle était fixée à l'épais coussin.

« Où est-ce que - »

C'était lui.

« Je - »

C'était lui – il l'avait vu, il le voyait maintenant, il voyait tout.
Le lit, le coussin, les draps, le paravent, la fenêtre haute, les couleurs crème et les cheveux noir, en bataille, toujours – c'était ;
L'infirmerie de Poudlard.

La panique lui saisit la gorge, et il ne lui fallut pas plus d'un soupir pour que sa fièvre se manifeste à nouveau – mais elle n'avait sûrement rien à voir avec la morsure.
Ses organes descendirent tout en bas de son corps – c'était impossible. Ses jambes ne répondaient plus, et son torse se soulevait trop vite.
Il n'avait rien à faire ici. Il ne voulait pas le voir – il ne voulait pas que sa vue se fasse plus claire. Il voulait partir ; il n'avait rien à faire ici.
Il avait toujours préféré mourir plutôt que de revenir ici – son œil tremblait d'effroi.

Soudain, sa vue est nette ; il distingue chacune de ses boucles noires.
Il croisa son regard.
Alors, son corps s'arqua violemment, et se projetant lui même sur le côté, il se retint de vomir, sa main alerte plaquée contre sa bouche.
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Dim 8 Sep - 15:35
Un soupir. Absynthe releva le nez. Il avait l'air endormi. L'assistant se surprit à jeter un coup d’œil derrière lui, et s’enfonça un peu sur sa chaise. Parfois, quand il voyait avec quelle facilité Euphrasie traversait les murs et le plancher, il avait envie de disparaître lui aussi.
Caesius continuait de respirer, lentement. Absynthe le fixa un moment sans bouger, comme s’il avait pu le déranger par sa seule présence. Un instant, il aurait voulu qu’il se réveille pour s’enquérir de son état, et le suivant il souhaitait qu’il reste endormi, jusqu’à ce que... quoi ? Ce n’était pas comme s’il pouvait fuir cette responsabilité-là. Il n’y avait personne d’autre pour s’en charger. C’était honteux de penser ainsi. Il se sentait lâche. Il aurait dû se rappeler pourquoi on l’avait envoyé à Gryffondor, un jour. Mais il avait déjà bien du mal à se souvenir pourquoi il était là. Il s’enfonça dans sa chaise, et reprit son bloc-notes. Il n’avait pas besoin d’écrire un roman, alors il s’était mis à griffonner dans les coins, à gribouiller des même-pas dessins, à passer et repasser sur les même lettres, comme quand il écoutait distraitement le murmure d’une conversation entre sa collègue et un patient.

Il avait peur. Peur qu’il se réveille et le voit - peur qu’il se réveille et ne voit personne. Il savait qu’Euphrasie ne viendrait pas à moins qu’il l’appelle, il lui faisait confiance. Oh, en vérité, c’était elle qui lui faisait confiance, sur un mensonge. Mais elle ne viendrait pas, et Absynthe pensait qu’ils éviteraient le pire comme ça. Elle ne le laisserait pas repartir avant de l’avoir vu, il en était sûr. Elle s’inquiétait trop. Mais pour le moment, ils évitaient le pire. Non ?
Il sursauta lorsque Caesius se mit à tousser, fort. Il aurait dû se lever mais il ne bougea pas. Il avait oublié, Absynthe. Il avait oublié ce qu’il devait faire. Il était souvent perdu, mais Euphrasie était là pour l’aider, il lui suffisait d’écouter, de se concentrer, et de faire. Ce n’était pas compliqué, au fond. Il faisait toujours ce qu’elle lui disait de faire. Mais aujourd’hui, comme il lui avait assuré que c’était mieux si elle n’était pas là, comme il lui avait promis, promis qu’il s’en occuperait, que tout irait bien, elle l’avait cru. Comment avait-il osé lui promettre que tout irait bien ? Il avait honte, il était lâche, et il se sentait complètement perdu sans elle.
Parce qu’au fond, si elle n’était pas là, il ne servait vraiment à rien.

Moriarty.

Absynthe ne bougea pas. Il fixait Caesius - il avait envie de regarder ailleurs, mais il ne pouvait pas s’en empêcher - et il se concentrait très fort pour se rappeler, pour ne pas oublier, pour ne pas tout lâcher et partir en courant. Il se rappelait mal ; il se souvenait de cette boule qui lui coinçait la gorge et l’empêchait de parler, presque de respirer. Elle était revenue.

Il fallait vraiment qu’il se calme.

Caesius continuait de parler, mais Absynthe n’écoutait pas. Parce qu’il le voyait, que plus ça allait, plus il se réveillait, et quand il aurait complètement repris ses esprits, alors... alors... Alors Absynthe Bridgestone serait toujours recroquevillé sur sa chaise avec son bloc-notes gribouillé de noir en main et son regard de gamin.

Il se leva.

Il n’arrivait toujours pas à détacher son regard, mais lorsqu’il rangea son petit bloc dans sa poche, sa main ne tremblait presque pas. Caesius l’avait vu aussi. Absynthe attendit. Il attendit comme on attend un souafle dans ses buts ou un crochet du gauche sur un ring de boxe - ce sport moldu. Il crispa la mâchoire, croisa son regard, et Caesius disparut. Absynthe s’étouffa avec un "merde" en attrapant la bassine posée près du lit. Il avait toujours été doué pour aborder les gens, Absynthe. La première fois, il avait poussé un de ses bouquins et éclaté de rire devant son air outré. Ce n’était pas plus malpoli qu’un "merde". De toute manière, il ne se rappelait jamais quoi dire en sa présence.

Et il se rendit compte, en voyant la bassine dans ses mains, qu’il s’était souvenu comment on faisait. C'était ça. Juste faire. Et arrêter de penser, bon sang.

Caesius.

Il déglutit pour tenir tranquille la boule qui lui coinçait la gorge. Il avait presque l’air désolé. Il n’était pas censé avoir l’air désolé. Il enterra la boule avec le reste et le prit par l’épaule en lui mettant la bassine sous le nez.

Calme-toi. Ça va aller.

Absynthe savait que c’était facile à dire. Ce n’étaient que des mots. Il posa une main sur son front, il était brûlant. Merde. Qu’est-ce qu’il devait faire ? Un instant, il considéra la fiole d’antidote posée sur la table de chevet. Mais il ne pouvait pas en administrer une nouvelle dose sans l’accord d’Euphrasie, et c'était impossible. Il savait combien ce serait horrible pour Caesius. Serait-ce pire de le laisser dans cet état ? Absynthe se rappela qu’il lui en voulait déjà.
Mais non.
Il ne pouvait vraiment pas appeler Euphrasie.
Ça lui ferait mal à lui aussi.

Assieds-toi, ça t’évitera de tousser.

On aurait dit que c’était de sa faute. Absynthe s’approcha pour l’aider, parce qu’il savait qu’il le détestait déjà.

Vraiment, Cae...

C’était sortit tout seul. D'habitude, il disait juste Caesius, ou le directeur de Serdaigle quand il était forcé de parler de lui. S’ils étaient restés amis, il l’aurait appelé "professeur" avec son demi-sourire, juste pour l’embêter. Il aurait aimé l’appeler professeur comme ça. Au lieu de ça, il ne savait pas ce qu’il allait dire. Vraiment, il faut t’asseoir, Cae. Vraiment, je sers à rien, Cae, vraiment, tu m’inquiètes, vraiment, qu’est-ce qui t’as pris ? Il avait envie de le secouer.
Il était un peu brusque, quand il l’aida à s’asseoir sans le regarder.

Vraiment, Cae, je suis désolé.
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Caesius Carthaigh
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Lun 9 Sep - 22:38
Il le touchait.
Il sentait sa paume et ses cinq doigts, là, posés sur son épaule. Il sentait la tiédeur de sa poigne réchauffer progressivement le muscle qu'elle enserrait ; le frottement irrégulier de la peau sur le tissus humide de sa chemise lui fit vriller le tympan.
Ses yeux s'ouvrirent grand, et sa pupille, malade, se contracta.
Ce n'était pas la tentacula qui le faisait vomir ; ni même le poison, où encore, les conséquences de sa fièvre trop haute.
Il y avait quelque chose de très triste à penser que c'était de sa faute à lui – à Absynthe.
Car il était une de ses peurs insurmontables qu'il s'était évertué à fuir durant ces longues années.

Caesius n'était qu'un Serdaigle ; il n'avait jamais eu le courage de son ancien ami.
Il l'avait toujours suivit dans ses aventures, tiré par la manche, agité dans son ventre par la curiosité. Où alors, était-ce de l'affection – car oui, les érudits aussi peuvent développer des sentiments.
En vérité, il avait beaucoup aimé Absynthe ; secrètement, il l'admirait, admirait son verbe et sa témérité.

Il n'avait pas hésité un seul instant à fuir.
Il n'avait pas songé à autre chose, il n'en avait pas eu l'intention, et il n'en aurait pas eut la force.
Caesius avait toujours été un lâche ; de ceux qui abandonnent ceux qu'ils aiment.

Croiser le regard aurait été une pointe insoutenable, lui crevant l'estomac. Il avait apprit, jour après jour, à courber l'échine et fixer son œil bleu sur le sol pour ne pas l’affronter.
Maintenant, il ne savait plus se redresser.
Caesius n'était qu'un lâche.

Sa gorge était serrée – étranglée.
Il avait toujours ces crachats furieux qui agitaient son thorax dans ses soubresauts incontrôlables. Il voulait lui dire de partir, et de ne plus le toucher, et de ne plus toucher son épaule ainsi – que c'était ça qui faisait gonfler la panique dans ses muscles et qui rendait son corps maladroit.
Entre deux soupirs forcés, il tenta de tordre sa bouche pour exprimer ses plaintes ; ses suppliques.
Il n'en sortit qu'un grognement déformé et inaudible ; et pourtant, ses yeux le brûlaient.

Il s'évertuait à rester là, près de lui – mais pars !
Et ça continuait, et c'étaient ses doigts mats sur son front, cette chair sèche contre la moiteur de son crâne qui s'effondrait sur sa nuque, et ça lui retournait le ventre si fort qu'il cru qu'il allait vomir encore.
Il pressa ses yeux, très fort.
Il n'aimait pas ça ; qu'il le touche. Ça lui rappelait quand il lui attrapait son avant bras et lui faisait dévaler les escaliers du château.
Il eut un hoquet, dans le ventre, arraché par ce souvenir ; il ne voulait pas qu'il soit si près de lui.

Il avait si peur ; si honte.
Ce mélange abject de culpabilité et de terreur qui agitait son âme de spasmes noirs.

« Assieds-toi, ça t’évitera de tousser. »

Il lui appuie dans le dos, juste là, près de ses omoplates. La crainte caresse son œil, mais son torse se dégage – il tousse juste à peine. Juste de quoi l'empêcher de parler.
Il n'avait pas fait attention que, à son tour, il avait posé sa main sur son bras.

« Vraiment, Cae...
Ne me - »

touche pas.
Il avait coupé sa phrase, comme ça – cette phrase défensive, qui ne se voulait pas cruelle, mais qui l'aurait forcément blessé. C'était son nom, dans sa bouche, comme ça, qui lui avait volé ses mots et coupé son air.
Il voyait encore mal ; il baissa la nuque.
Sa présence à ses côtés le rendait malade de peur ; son souffle était encore erratique, et sa poitrine se gonflait, bien trop bruyante.
Il haletait.

« Je – je m'en vais. »

Aussitôt, il s’agita sur le petit lit blanc. Il tenta de soulever ses jambes qui répondaient mal – elles s'emmêlaient avec les draps dans des mouvements confus. Il mettait tous les efforts du monde à garder son regard loin de celui de l'infirmier. Il sortit un pied, puis l'autre – s'appuya sur son bras valide pour se pousser hors du matelas.
Mais ses chevilles tremblaient trop d'effroi pour le supporter.

Il s'en aperçut vite quand, posant la plante de ses pieds nus au sol, il manqua de s'effondrer – c'était pathétique et ridicule. Ses mains fébriles le retinrent de justesse au matelas blanc et dans la détresse de l'homme qui panique, il s'accrocha à l'appui le plus proche – Absynthe.
Le contact l’électrifia – il releva vers lui un œil tremblant.

Il le lâcha immédiatement, comme si la brûlure était trop insupportable ; une nouvelle quinte de toux lui saisit les poumons violemment.
Il retomba assis sur son lit, crachotant, pathétique - raté. Il avait un râle qui sortait de ses lèvres blanches.
Alors il fit ce que tous les hommes font quand ils sont lâches ; il embrassa son visage dans ses grandes mains.



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Absynthe Bridgestone
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Jeu 12 Sep - 13:32
Il aurait dû s’en rendre compte. Absynthe n’était pas idiot, pourtant, mais il avait toujours réagi sur l’instant, sans se demander, ni comment, ni pourquoi. Avant, après, cela n’avait pas d’importance. C’était peut-être pour cela qu’il arrivait encore à se lever tous les matins. Il ne pensait pas à ce qui l’attendait derrière la porte de l’infirmerie ; il le faisait, voilà tout. Il faisait et il ne pensait pas. Voilà ce qu’il devait garder en tête. Caesius était son patient, c’était tout ce qu’il y avait à savoir.

Ne me –

Caesius était son patient, il ne l’écoutait pas. Pas dans son état, en tout cas, alors qu’il était encore dans les vapes, aveugle, inconscient ; il ne voyait pas qu’il était incapable de se lever. Ou peut-être le voyait-il, s’avoua Absynthe, mais cela lui était égal. Il voulait s’en aller. Absynthe le lâcha. Il savait qu’il n’aurait pas dû, Caesius était son patient, il était malade, et son rôle était de le garder ici, à l’infirmerie, le temps qu’il aille mieux. Il ne pouvait pas s’en aller alors que l’antidote n’avait pas fini d’éliminer le poison ; c’était ce qu’Euphrasie avait dit. Et sa bouche se serra alors qu’il se demandait, et s’il s’en va ? Il se serait senti encore plus inutile, incapable de retenir celui qui avait été son ami, pour son propre bien. Mais qu’aurait-il pu lui dire qui l’empêche de quitter cet endroit qu’il haïssait tant ?
Car c’était cela, Absynthe commençait à comprendre, c’était cela - c’était peut-être même l’unique chose. C’était l’infirmerie, c’était elle, et c’était lui.
Il aurait dû le retenir, mais il n’en avait pas envie. Il le fallait, pourtant. Et le pire, c’est qu’il avait bien une idée sur la façon de faire, mais c’était méchant. Méchant et inutile - Caesius était incapable de se lever ; il s’accrocha à lui.

Absynthe aurait dû l’aider, mais il ne bougea pas. Il ne veut pas de ton aide. On aurait dit la réaction d’un gamin blessé dans son amour-propre. Il croisa son regard effrayé et baissa les yeux, honteux. Il savait bien que ce n’était pas son ego, le problème ; il l’avait enterré depuis trop longtemps. Il avait juste de la peine à se rappeler que Caesius était son patient.
Il avait enterré son amour-propre, et pourtant quand Caesius le lâcha comme s’il l’avait brûlé, quelque chose au fond de lui remua et la boule dans sa gorge remonta. Absynthe recula. Il avait envie de crier. Mais il n’aurait jamais la force. C’était sa boule dans la gorge, et cette chose au fond, qui sapaient toute son énergie. Il s’assit au bord du lit - loin de lui. Il se sentait stupide, inutile. Il croisa les bras et les colla contre lui, pour s’empêcher d’agir et empirer la situation, encore. Pour se protéger. Il refusait de regarder Caesius.

Il refusait de le regarder, car il exprimait cette chose au fond de lui, qui s’était réveillée, et qui le détestait. Comme lui. Absynthe refusait de la voir. Ça lui faisait peur - et ça le mettait en colère. Ça le mettait très en colère de voir Caesius comme ça. Il aurait voulu le prendre par l’épaule et le secouer, pour l’empêcher de se cacher comme ça. Mais il savait que sa colère n’était pas dirigée contre lui ; ça aurait été injuste. Il ne voulait pas frapper Caesius. Au fond, il avait juste envie de poser une main sur son épaule, comme avec ces patients qui faisaient des cauchemars, ou les tout jeunes élèves qui lui disaient que la maison leur manquait beaucoup, beaucoup. Caesius avait quelque chose qui manquait. Absynthe aussi, et il ne pouvait pas le lui rendre. Il ne le regardait toujours pas quand il articula, très lentement, pour ne pas trembler autant que lui :

Je suis désolé. Je sais que tu ne voulais pas. Mais je ne peux pas te laisser t’en aller maintenant. Mais tu ne peux pas t’en aller maintenant, acheva-t-il posément, comme on parle à un patient lambda.

Caesius n’était pas un patient lambda. Hypocrite. Ce n’était pas son patient.

Je suis désolé, répéta-t-il maladroitement.

Absynthe avait l’impression de passer sa vie à s’excuser, et pour les mauvaises choses. Son regard se posa sur la fenêtre, et il avait commencé à pleuvoir. Ce n’était pas une bonne journée, de toute façon. Désespérément, Absynthe chercha quelque chose à dire sans le regarder. Quelque chose de mieux. Quelque chose...

Elle ne viendra pas, si ça peut te rassurer.

Il avait murmuré, doucement, ce n’était pas un reproche. C’était comme ça qu’il prononçait son nom, toujours - il s’en était rendu compte - comme un reproche qu’on ne dit pas. Mais ce n’était pas mieux. C’était méchant. Ça leur rappelait, à tous les deux, pourquoi ils étaient là. Et pourquoi Caesius ne devait pas bouger, songea Absynthe en retenant la menace. Parce que tout seul, il ne réussirait pas à le retenir. Oh, c’était horriblement méchant.
Absynthe avait toujours été quelqu’un qui réagissait au quart de tour. Là où Caesius pesait le pour et le contre, il partait vers l’inconnu en courant. Caesius réfléchissait, Absynthe fonçait. C’était pour cela qu’il avait toujours eu du mal à retenir ses émotions. Surtout quand il la regardait elle - ou lui.
Il avait envie de l’aider, vraiment. C’était son rôle. Personne ne le ferait à sa place. Et au-delà de cela, il s’inquiétait beaucoup trop pour le laisser seul. Mais il se rappelait que Caesius ne voulait pas de son aide, et cette chose au fond de lui se mettait en colère.

Ce n’était pas son amour-propre ; c’était ce gamin qui attrapait Caesius en lui promettant que cette fois, ce serait super, juré, c’était pas dangereux, et bien sûr qu’on se fera pas choper, j’te dis. Il savait pourtant qu’il l’avait perdu depuis longtemps. Il savait qu’il le haïssait.

Mais ça lui faisait trop mal.
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Jeu 3 Oct - 20:13
Il avait caché son visage dans ses grands mains.
Son souffles brûlant ricochait contre ses paumes moites et sèches à la fois ; ses doigts s'étalaient de l'arrête de son nez à la naissance de son cuir chevelu. Il aurait voulu passer ses phalanges dans ses cheveux pourpres pour respirer un peu – les empoigner, les tirer un peu, pour saisir ses idées et calmer ses nerfs.
Mais il ne pouvait rien faire ; il n'était pas seul.
Il se retrouvait face à un versant de son cauchemar, la poitrine enflée d'impuissance.

Il avait senti le matelas s'enfoncer lorsqu'il s'était assis dessus, là bas, si loin de lui – et pourtant si proche. Ça l'avait fait frissonné, et ses yeux clos, entre ses mains, s'étaient fermés plus forts. Son ventre lui hurlait de s'enfuir, mais il ne pouvait plus rien faire.
Il ne restait plus qu'une chose à faire, pour ce lâche immense, pour ce couard tremblants – se résigner.
Le souffle dans ses paumes, les épaules fébriles, attendre.
Ça passerait, ça passerait – ça avait passé, pendant ces douze années où il n'avait plus adressé la parole à son meilleur ami. Le silence s'installe si vite.
Pourtant, il le brisa.

« Je suis désolé. Je sais que tu ne voulais pas. »

A sa grande surprise, son corps ne s’arqua pas dans des spasmes terrifiés. Le sueur de son front et de sa nuque ne se dédoubla pas. Ses doigts de tremblèrent pas davantage.
Après tout, il était déjà au plus bas, et son échine ne pouvait se casser davantage. Mais il ne savait pas quoi répondre.
Il n'avait pas vraiment envie de dire quelque chose – les mots étaient noyés dans sa gorge.
Ce n'était pas comme s'il existait des mots qu'il pouvait dire, là, maintenant, alors qu'il retrouvait l'ami dont il avait broyé la vie.

« Je suis désolé »

Encore – il avait encore la tête confuse, et l'esprit laiteux, mais il ne comprenait pas pourquoi il étalait ses excuses.
Oui, il le détestait. Mais il se détestait plus fort encore – alors non, il était perdu, Caesius, trop immature dans son corps trop grand, enfant dans son crâne d'adulte. Il fallait attendre – juste attendre, et il pourrait partir.
Mais s'il restait longtemps ici, il n'avait aucune idée de ce qu'il allait se passer. Toutes – toutes ses années à éviter le contact de son œil brun, son sourire et sa blouse blanche, toutes ses années à avorter la rencontre qu'il aurait dû avoir à ses seize ans.
Et maintenant ? Maintenant – que devait, allait, pouvait faire Caesius face à son ancien ami ? Il fallait – ah, il ne pouvait que se dissimuler, le lâche. Toutes ses années l'avaient trop forgé.

Et pourtant, il s'était autorisé la curiosité du coupable, la curiosité malsaine, malade, qui fait tourner la tête et retourner l'estomac. De temps à autres, il avait cherché, l'oreille tendue, les mots obscurs, à obtenir des nouvelles de lui.
Il avait tellement changé.
Il ne se faisait pas la réflexion – trop terrifié – mais d'autres fois, il l'avait pensé. Toutes ses fois, à le croiser au détour d'un couloir de pierre – qu'était devenu Absynthe ? Il avait tellement changé, avec sa blouse blanche – il avait l'air de s'être calmé. Il y avait parfois quelques élèves qui racontaient qu'ils avaient eut peur de l'infirmier, mais que, au final, il se révelait quelqu'un de très bon, de patient, avec une énorme volonté.
Ca le faisait sourire, faiblement. Ca le rendait malade, fiévreux – mais quelque part, ça lui faisait si plaisir. Quelque chose qu'il ne s'avouerait pas – une curiosité coupable, pleine de regrets.
Ca lui faisait mal.
Il avait si peur, et il le détestait pour l'avoir accepté ici – c'était injuste, Caesius, si injuste que lui même s'en rendait compte.

Il lâcha soudain un profond soupir.

« Elle ne viendra pas, si ça peut te rassurer. »

Ca non – c'était de trop.
Ses épaules se raidirent à nouveau, et son ventre se serra. Sa gorge brûlait, gonflait, prête à cracher des larmes qu'il retenait trop forts. Ses yeux étaient rouges, et enflés – dessinés de veinules. Sa trachée se noua, son air passait difficilement.
Mais – mais, il lui avait dit qu'elle ne viendrait pas. Elle – ah non, il ne pouvait pas, ça le rendait mal, ça le faisait fuir, ça le faisait s'évanouir presque – il en était incapable !
Encore moins qu'avec Absynthe – Absynthe.
Il prit encore une grande respiration.
Il ne pouvait rien faire – ses jambes ne lui obéissaient plus, ses bras étaient sans force, sa nuque molle, son dos humide, son teint cireux, son œil vermeil.
Que pouvait-il faire, face à lui ?
Il avait cette impression d'être à sa merci – de dépendre de lui.
De compter sur lui, quelque part – c'était si désagréable et si nostalgique, à la fois. Il écarta ses mains de son visage puis les passa dessus.

« Quand pourrais-je partir ? »

Dit-il de sa voix éraillée. Mais c'était presque – presque un miracle, qu'il ose, le grand lâche, adresser la parole à ce destin qu'il avait cassé.
Même si ce n'était pas très doux, un peu pressé et grelottant - cruel, égoïste aussi. Mais il y avait, dans les trémulations de sa voix, une résignation qui disait à son ami qu'il était à sa merci, et que cette fois, il ne pourrait pas s'enfuir.
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Mer 30 Oct - 16:32
Absynthe ne regardait toujours pas Caesius, et un instant, il se rappela des deux autres patients qui occupaient l'infirmerie, et l'ironie le frappa. Il avait beau se sentir complètement démuni - pas autant que Cae, probablement - il avait beau faire des efforts monstres pour se rappeler que c'était lui l'infirmier, ce n'était pas la première fois qu'il se posait de sérieuses questions sur son rôle et sa place ici. Et même, ce n'était pas la première fois qu'il mettait un patient mal à l'aise. On lui avait même vomi sur les chaussures, une fois. Glorieux souvenir. À première vue, il n'aurait pas songé à faire le parallèle entre les deux événements, mais plus ça allait, plus il espérait que Caesius n'allait pas salir ses chaussures. Il baissa le nez sur sa paire miteuse qui en avait vu d'autres. Il avait envie de rire et de pleurer. Ça faisait longtemps.
Et en même temps, il songeait que Caesius n'était pas si différent de ces patients pressés qui ne voulaient qu'une chose : remonter sur leur balai, retourner faire des duels ou se gaver de patacitrouilles jusqu'à la prochaine indigestion. Les raisons de Caesius étaient différentes, mais pas la méthode. Absynthe se mordit la lèvre, embarrassé de devoir le traiter comme un de ces gamins à qui on promet un chocogrenouille ou une dragée surprise s'ils sont sages. Celle de Caesius aurait un goût dégueulasse.
Puisqu'il n'y avait pas de vraie récompense au bout du compte.

Quand pourrais-je partir ?

Quand Euphrasie t'aura examiné. Non. Il fallait trouver autre chose, bien sûr. Il devait répondre autre chose, trouver des arguments. Il ne savait pas à quel moment il avait ne serait-ce qu'effleuré de son esprit la possibilité infime d'une visite d'Euphrasie. Il ne pouvait pas la laisser voir Caesius. Ou le contraire. Peu importe. Ça n'allait pas être possible, et Absynthe se trouva stupide d'avoir un seul instant émis cette l'hypothèse.
Mais c'était la solution la plus sage.
Il faillit lâcher un rire nerveux. La solution la plus sage.
Merlin, depuis quand était-il devenu aussi lâche ?

Il allait trouver. Il fallait bien. Il avait tellement d'imagination, à l'époque, il allait bien trouver quelque chose. Même si les idées terribles avaient été avalées en même temps que l'adolescent sauvage qu'il était.
Il n'avait jamais été très sage.
La preuve, les élèves repartaient encore avec des chocogrenouilles et des dragées surprises. Absynthe fixa quelques secondes Caesius dans les yeux, juste pour s'assurer qu'il était capable de lui faire face et d'aligner plus de deux mots sans trembler. Bien sûr que si. Il avait toujours envie de rire, ou de pleurer, mais il fallait qu'il se retienne. Si quelqu'un devait perdre son sang-froid, ce n'était pas lui. Et si ses nerfs devaient le lâcher, ce n'était pas maintenant. Pas devant un patient. Pense aux chaussures. Rien ne pouvait être plus humiliant, et pourtant Absynthe avait géré la situation sans se départir de son sang-froid. Il était tout à fait capable de gérer Caesius. Même s'il salissait ses chaussures, ce n'étaient que des chaussures, elles étaient sales et usées, elles avaient l'habitude. Son ego aussi.
Il détourna le regard et se leva, sortit son carnet de sa poche et fit quelques pas en relisant les pages.
Avait-il écrit si peu ? Apparemment son talent à prendre des notes ne s'était pas amélioré depuis qu'il avait quitté les bancs de l'école. Il était certain d'avoir écrit des choses intéressantes, pourtant... Hier soir, quand Euphrasie lui avait fait administrer l'antidote, elle avait revu avec lui les points importants. Agacé, il releva brièvement les yeux et vit la bassine à côté du lit. Illumination.

Quand tu n'auras plus envie de vomir, déjà. Il faillit sourire. Plus ça allait, et plus il sentait que ça n'avait rien à voir avec la tentacula vénéneuse, ou très peu. Qu'est-ce qu'il pouvait être stupide, quand même. Il faudra aussi que tu avales quelque chose avant de partir. Sinon tu vas t'évanouir avant de passer la porte. Il baissa les yeux sur ses feuilles, comme si tout était là, noir sur blanc. Et eum... tu vas encore dormir comme une masse pendant un moment, c'est l'antidote, alors tu ne pourras pas donner cours tout de suite. Mais on a prévenu tes élèves.

Voilà, c'est ça, Absynthe. Rajoutes-en encore. Perds-toi dans des explications inutiles, donne-lui matière à réfléchir, empêche-le de penser à ce qui l'attend au bout. La dragée surprise imaginaire. Il se repassa mentalement toutes les recommandations d'Euphrasie. Il oubliait sûrement quelque chose. Il y avait bien un ou deux conseils supplémentaires à ajouter ? La vérité, c'est qu'il aurait dû la voir d'abord pour s'assurer de tout cela, mais il comptait lui faire un rapport détaillé... plus tard. Il repoussait l'échéance par acquis de conscience, se forçait à piétiner inutilement le sol et à s'occuper les mains, sans vraiment le regarder, pour empêcher ses pieds de partir en courant.
Sans compter qu'il ne savait pas vraiment comment il allait.

Ah et, Moriarty et quelques profs ont demandé de tes nouvelles aussi. Cette fois, il y eut un mince sourire. Mais je ne suis pas sûr de savoir quoi leur dire quand je les verrai.

Il voyait bien qu'il allait mal, mais comment savoir si tout était de sa faute à lui, ou si le poison de la tentacula faisait encore effet ? Il n'était pas possible de lui poser directement la question. Dis-moi, Caesius.
Sur ce coup-là, il avait besoin de son aide.

Il se rappelait comment c'était, de courir après Caesius pour lui poser des tas de questions, pour lui demander de lui expliquer quelque chose qu'il n'avait pas compris en cours, pour l'aider dans la rédaction de trois parchemins recto-verso sur l'éradication des limaces anthropophages ou pour corriger avec lui ce devoir où il avait eu un D. Demander de l'aide à Caesius avait été tellement simple, alors. Mais le nœud dans sa gorge se resserra, et il était inutile de se demander pourquoi il était incapable de le faire encore une fois.
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Ven 1 Nov - 16:19
Nous étions beaux, Absynthe.
Nous étions beaux et grands. Nous avions la jeunesse et le rire pour nous. Nous avions l'envie, la connaissance, la témérité, l'amitié – à nous deux, nous étions beaux et grands, Absynthe, intouchables.
Qu'est-ce qui a pu nous défigurer ainsi ? Qu'est-ce qui a laissé ses marques dures, ces cicatrices ratées, c'est plaies à peines cousues qui se déchirent sans cesse ? Qu'est-ce qui nous a volé notre joie et le haut front de notre fierté ?
Qu'est-ce qui a bien pu nous arriver, Absynthe, pour que nous ne puissions plus nous regarder.

Nous avons touché la mort.
Nous avons gonflé sous la pression de la culpabilité. Nous aurions pu faire comme les hommes, et nous rejeter la faute ; cracher l'un sur l'autre, attraper dans ses mains le cadavre de mademoiselle Euphrasie et se le jeter dessus.
Mais non, Absynthe. Nous étions bêtes, beaux et grands ; nous avons décidé de tout prendre sur nous, injustement. De ne rien partager de ce fardeau, de ne pas en parler avec l'autre, et de lui voler sa part de culpabilité en faisant grandir la sienne. L'un a voulu être la source, l'autre a voulu être la main ; nous étions incompatibles, nous ne pouvions plus nous entendre dans cette obsession de sauver l'autre.

Nous avons voulu nous protéger ; nous nous sommes cassés.

Nous étions si beaux, et nous nous sommes écorchés. Finalement, ce n'est pas la mort, cette destinée, qui nous a séparé, qui a fait que nos côtes se fêlent et nos cœurs s'étouffent. C'est nous même qui sommes responsables de notre fracture et peut-être, l'un de nous un peu plus que l'autre.
Mais nous refuserons toujours de reconnaître la responsabilité de l'autre, tu le sais.

Nous tenons à notre propre malheur, dans l'espoir maladroit de protéger les gens que nous aimons.

Mais, le dialogue s'emmêle entre nous, quand nous tentons, hasardeux, de dénouer. Nos mots tombent, mais ne se mélangent pas. Nos phrases se percutent, mais ne s'entendent pas. Nous prononçons des silences, dans lesquels nous voudrions glisser des excuses. Mais nos aveux ne franchissent pas nos lèvres, et l'un d'entre nous, qui est bien plus pâle, tremble à l'idée de souffler un simple mot.

Désolé.

Cette douleur qui écorche nos langues.
Et nous sommes là, Absynthe, depuis toutes ces années, un affreux concours de circonstances nous force à nous rencontrer, et nous empêche de nous enfuir – l'un un peu plus que l'autre. Le lit blanc de l'infirmerie accueille deux amphores de courage et de lâcheté.
Toi, Absynthe, tu es si courageux. Toi, Absynthe, tu gonfles tes poumons, et tu dis toutes ces choses que tu dirais pour rassurer les patients. Tu as de la contenance, tu ne baisses pas la tête, tu continues.

Nous croyions que nous nous étions arrêtés.
Nous croyions que notre vie s'était stoppée en même temps que notre amitié. Nous croyions que cette mort avait emporté un peu de nous, nous croyions qu'il y avait de l'ectoplasme dans nos cœurs.
Mais toi, Absynthe, tu es si fort.
Nous étions beaux et grands ; toi, tu l'es toujours.

« Ah et, Moriarty et quelques profs ont demandé de tes nouvelles aussi. Mais je ne suis pas sûr de savoir quoi leur dire quand je les verrai. »

Nous aimerions sourire, comme avant. Là, tout de suite, il y a un de ces minces sourires qui déchire ton visage, et qui se voit du coin de l’œil.
Sourire, toi, toi tu y arrives si bien – c'est chaleureux.

« Dis leur que je vais bien. »

Te rappelles-tu quand nos voix se sont brisés ? C'est toujours là, présent, latent, sûrement chez l'un de nous plus que l'autre.
Nous étions de si bons amis, Absynthe ; comment avons-nous pu nous laisser défigurer ainsi. Et surtout, comment avons nous laisser faire ça sans cri, dans le silence le plus absolu ? Nous aurions dû nous débattre, nous aurions dû faire appels aux puissants souvenirs, ceux qui torturent, ceux qui brûlent.
Non, nous avions laissé ça se dérouler, lentement, en silence ; creuser la crevasse entre nous.

Nous avons juste voulu nous protéger ; soi-même, ou l'un l'autre ?
Sûrement l'un l'autre – nous étions jeunes, beaux et bêtes.

Mais la fatalité nous rattrape toujours, Absynthe. Regarde, aujourd'hui – nous ne sommes plus capables de fuir. Peut-être que l'un de nous n'en avait jamais eu envie, mais nous avons créé tellement de distance. Cette proximité nous est douloureuse, nous nous brûlons, nous nous perdons.
Nous sommes pénibles l'un pour l'autre, parce qu'elle est là, la puissance des souvenirs.
Cette nostalgie nous bouffe autant que notre fardeau.
Mais là fatalité nous rattrape toujours, Absynthe. Nous ne pouvons plus nous terrer en silence.
Parfois, il n'y a pas d'autres alternatives.

« Si je me sens mieux. »

Et même dans la peur, parfois, nous sommes courageux.

« Je vais devoir la voir ? »

Voix qui chute, gorge qui se tord.
Mais la fatalité nous rattrape toujours, Absynthe. Il est peut-être temps que nous nous montrions courageux – et l'un peu plus plus que l'autre.

« Je me sens mieux. »

Nous étions beaux et grands ; il ne tient qu'à nous de le redevenir.
Peut-être sommes nous assez grands, maintenant, pour conclure quelque chose ; où creuser plus profond encore l'abîme de notre altérité.
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Sam 2 Nov - 22:31
Weep Little Lion Man
You're not as brave as you were at the start

Absynthe n’avait jamais su à quel moment il était devenu adulte. Les autres l’avaient regardé différemment après ce jour, et il avait commencé à se sentir mal à l’aise dans son corps d’adolescent, forcé de grandir trop vite.
Mais au fond, il n’avait pas vraiment changé. Les adultes étaient censés faire des choses sérieuses et responsables, deux mots qui avaient toujours eu du mal à s’imprimer dans son cerveau de Gryffondor avide de liberté, et il se disait parfois que son attitude actuelle ne reflétait toujours pas son âge. Il évitait les conflits autant que les grandes discussions sérieuses, et quand il faisait une bêtise, il avait toujours cet air un peu penaud qui ne changerait jamais. Celui qui disait qu’il était désolé, mais qu’il allait recommencer.
Ils pouvaient bien penser ce qu’ils voulaient, s’imaginer que ce jour-là, il avait pris dix ans dans la face, Absynthe songeait sérieusement qu’il n’avait grandi que dans les yeux des adultes qui l’entouraient. Ce n’était pas faute d’essayer de combler leurs attentes, pourtant.

Dis leur que je vais bien.

Il eut un soupir, imperceptible, il avait envie de dire merci. Mais il avait envie de dire tellement de choses qui n'auraient fait que compliquer la situation, en fait, qu'il était préférable qu'il se taise. Il hocha la tête, le nez toujours baissé sur son petit bloc-notes tout à fait inutile. Il ne savait plus quoi dire, tout d'un coup. Il avait accepté très facilement, trop facilement même, de vieillir dans le regard des autres. Il avait baissé les yeux, et il avait accepté que les choses ne seraient plus comme avant. Il avait accepté de grandir, au du moins de faire de son mieux pour, il avait accepté de s'éloigner de Caesius, et il avait accepté sa mort puisque c'était la cause de tout ce changement. C'était sa faute, il était normal qu'il l'accepte. C'était normal.
Ce qu’il n’avait pas prévu, en revanche, c’était de se prendre dix ans de Caesius dans la face. C’était assez étrange, mais l’entendre lui parler - aligner plus de deux mots - et le voir comme ça, ça lui faisait prendre conscience qu’il n’était pas le seul à avoir vieilli en une dizaine d’années, à avoir raté quelque chose, et à faire semblant d’être sérieux et responsable aussi, peut-être. Il avait l’impression de ne pas l’avoir vu depuis des années, et en un sens c’était vrai.

Je vais devoir la voir ?

Il avait encore un peu de mal, du reste, à le voir réellement. Ça faisait mal, de se prendre dix ans de Caesius dans la face. Ils se cachaient tous les deux, et pas très bien. Alors malgré tout, malgré son air horrible, il le reconnaissait toujours, et peut-être que lui aussi. Ça lui faisait plus mal que le reste. Je vais devoir la revoir ? Dans sa bouche, les mots sonnaient pire que le reste. Absynthe se racla la gorge pour chasser le malaise qui la serrait, à l’en étouffer. Je vais devoir la revoir ?
Il avait envie de revenir dix ans en arrière et de le tirer hors de l’infirmerie pendant que les adultes ne regarderaient pas.

Je me sens mieux.

Il hocha la tête en regardant son carnet vide, comme si l'adulte-assistant en lui prenait note, tandis que l'ado ne demandait qu'à y croire. Qu'il aille mieux. Qu'il puisse quitter l'infirmerie. Je vais devoir la revoir ? Il avait envie de le rassurer, de sourire même, de lui dire qu’il ne fallait pas s’inquiéter. Qu’il avait bien merdé la dernière fois, mais qu’aujourd’hui promis, il gérait, il s’occuperait de tout, il ferait en sorte que ça aille bien, et Euphrasie ne viendrait pas. Il regarda ses notes inutiles pour se chercher une excuse, se donner contenance. Jouer à l’adulte qu’il n’était pas vraiment. Il se rendit compte qu’il n’y arrivait pas, et qu’il n’avait plus d’excuse. Il avait franchement envie de pleurer, cette fois.

Je vais lui demander. Si tu te sens mieux...

... peut-être que tu pourras juste t'en aller, comme ça. Il avait franchement du mal, cette fois. Il aurait tout donné pour disparaître, deux minutes plus tôt. Et maintenant, il n’avait plus envie de le quitter. Il n’avait pas envie d’y aller.

Je lui - leur dirai que tu te sens mieux. Merci, ajouta-t-il en griffonnant sur son carnet.

Comme si l’écrire pouvait lui permettre d’y croire, d’y mettre de l’aplomb lorsqu’il lui dirait, lorsqu’il leur dirait à tous de ne pas s’inquiéter. Il ne savait pas pourquoi il le remerciait, cela dit. Merci pour ta coopération ? Un peu plus et il lui donnait un bonbon pour le récompenser d’avoir été un grand garçon sage et courageux.

Je reviens dans un moment. Repose-toi, et... euh... Enfin, reste tranquille.

Il ferma le paravent derrière lui, sans le regarder. Il avait un peu de mal à lui donner un ordre. Et puis, « reste tranquille », c’était quelque chose que Caesius disait à Absynthe, pas le contraire. Mais il s’en serait voulu qu’il essaye encore une fois de s’échapper de l’infirmerie. Qu’il s’étale dans les escaliers ou qu’il réussisse à atteindre son bureau, ce serait un échec pour lui. Il avait promis qu’il le surveillerait. Décidément, il faisait beaucoup de promesses qu’il savait difficiles à tenir. C’était peut-être ça, être adulte.
Pas étonnant qu'il déteste ça. C'était comme mentir : deux choses dont il allait devoir se servir pour jouer l'adulte sérieux et responsable devant l'infirmière, et pas le gamin turbulent qui essayait maladroitement de couvrir son meilleur copain.

*


Une petite heure s’était écoulée quand Absynthe réapparut dans l’infirmerie. Les pensionnaires qui occupaient les autres lits s’étaient réveillés, et c’est vers eux qu’il se dirigea en premier :

Vous avez meilleure mine, Miss O’Hara. J’ai parlé avec mademoiselle Euphrasie, vous n’êtes plus contagieuse. Vous pourrez quitter l’infirmerie dès que vous le souhaiterez, dit-il avec un sourire encourageant pour la première année atteinte de dragoncelle.
Et moi ? demanda celui qui s’était pris un cognard en pleine tête.

Absynthe se retint de grimacer devant son état. Sa mine à lui n’était pas aussi encourageante, et pourtant il n’avait pas le teint verdâtre et la peau grêlée.

Mademoiselle Euphrasie m’a conseillé de vous redonner une dose de potion. Ça résorbera les plaies et vous fera dormir en attendant, d’accord ?

Il accepta de mauvaise grâce. Absynthe comprenait qu’il ait envie de s’en aller maintenant. Il n’était pas le seul. La première année quitta les lieux et l’assistant prit son temps pour revenir auprès du dernier patient. Il était gêné d’avoir été forcé de mentir à sa collègue. Mais surtout, il était en colère. C’était de sa faute si les choses en étaient arrivées là. Il ne pouvait reprocher à personne d’autre ces mensonges qu’il avait été obligé de déblatérer devant Euphrasie. Elle s’inquiétait tellement pour Caesius ! Mais non, ne t’en fais pas. Il va bien. Je m’occupe de tout. Bien sûr.

On doit attendre vingt-quatre heures pour être sûrs que l’antidote fait correctement son effet. Impossible de te lâcher dans la nature entre-temps, tu pourrais faire une rechute, ou une réaction allergique, ou je ne sais quoi encore…

Il était en colère oui, contre lui-même. C’est contre lui-même qu’il aurait voulu hurler, mais c’était impossible. Caesius était là. Caesius était là, et c’est à lui qu’il répéta les mots d’Euphrasie, sans y mettre la gentillesse et la patience qu’elle leur avait données.

Désolé, coupa-t-il, conscient qu’il était un peu rude. Tu veux que je t’apporte de la lecture ou quelque chose comme ça ?

But it was not your fault but mine
I really fucked it up this time, didn't I my dear ?
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Caesius Carthaigh
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Mar 11 Mar - 23:27
Il avait fini par s'endormir.
Les mots de Absynthe s'étaient heurtés à l'étanchéité de sa résignation ; c'était un homme recroquevillé sur lui même, son visage enfoui dans ses mains qui attendaient son baiser du détraqueur. C'était peut-être le venin où le réveil brutal, coup de poing dans l'estomac qui le rendait aussi dramatique.
Caesius était fatigué.
Caesius avait toujours été trop fatigué – trop vite et trop fort. Trop éreinté pour un jeune homme de vingt-huit ans qui n'avait jamais réussi, depuis son adolescence, à embrasser la vie. Il était pataud, maladroit avec lui même ; un peu trop égoïste. Il en faisait trop.
Il en avait toujours fait trop ; tellement que ça l'avait séparé du monde. Et là, entre ses mains, enfoncés dans sa propre tête, Caesius était encore séparé du monde. Il n'avait jamais réussi à encaisser la réalité.
Caesius était un couard.

Et même là, maintenant, quand il faisait croire qu'il y avait encore un soubresaut de courage gisant entre ses côtes, c'était un mensonge.
C'est pour ça que Caesius finit par s'endormir ; parce qu'il n'était pas encore prêt à la rencontrer.

Les peurs sont vicieuses ; elles grandissent si vite lorsqu'on prend la peine de les fuir. Cette terreur minime s'était muée, au fil de toutes ces années, en insurmontable obstacle.
Parfois, il avait juste envie de disparaître. Il s'endormit.

Il était si paisible, lorsqu'il dormait.
Il avait le visage calme, et le souffle, une fois que la fièvre eut baissé, apaisé. Il avait attendu le retour de l'infirmier pendant de longues minutes qu'il ne comprenait pas. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il s'était endormi. Tout son corps, emporté par le poids de sa tête ensuquée, avait basculé sur le côté. La couverture gisait à moitié sur le sol.
Il avait l'air si paisible ; seules ses tâches de rousseur, presque agressives, creusaient son visage trop pâle. Il respirait doucement ; il ne pensait plus à rien. Le remède que lui avait administré Absynthe était assez puissant pour lui permettre un sommeil sans rêves – sans cauchemars.
Comme les cauchemars lui écrasaient la poitrine, quand ils le harcelaient.

Mais ça ne dura pas ; il se réveilla et le temps d'un soupir, l'inquiétude froissa ses traits à nouveau. Caesius n'était plus serein ; l'angoisse, puissante, rugissait dans son ventre. Il était de nouveau sous les draps, et il ne savait pas comment il s'était retrouvé la dessous. Il était confus.
Il aurait dû la rencontrer.
Il aurait dû la revoir – est-ce qu'il avait oublié ? Il avait l'amertume d'un mauvais rêve dans la bouche ; il était perdu.

Caesius était extrêmement puéril.
Tellement que lorsque Absynthe, son ancien ami, débarqua de nouveau auprès de lui alors que la panique, omniprésente, faisait tambouriner son cœur contre son sternum, et qu'il lui parla avec la facilité la plus déconcertante et que lui-même, pire encore, se sentait sur le point de lui répondre tout aussi naturellement, Caesius, pétrifié, se fracassa.

C'était si bête.

« Tu veux que je t’apporte de la lecture ou quelque chose comme ça ? »

La nostalgie l'avait frappé de plein fouet ; il en avait encore la tête brinquebalante.
C'était si facile – tellement, tellement facile. Là, encore ensommeillé, un drap blanc le couvrant jusqu'à la poitrine, il allait lui répondre avec un faible sourire.
Il allait lui sourire, lui dire que, non merci, ça allait, il allait continuer de se reposer jusqu'à ce qu'il puisse retourner dans ses quartiers. Il allait ensuite ouvrir une bouche amusée, lancer une plaisanterie orgueilleuse à laquelle Absynthe rirait peut-être, comme avant. Son cœur s'arracha.
Comme avant ; les yeux de Caesius étaient ouverts si grands qu'ils en devinrent secs. Ses doigts, posés sur ses cuisses, étranglèrent les draps.

Il était en colère.
Il était tellement en colère contre tout ça – contre lui même. Tellement qu'il se remplia instantanément sur lui même ; amer.
Il tourna brutalement le visage dans la direction opposée, refusant de croiser son regard, les joues brûlantes et l’œil dur.

« Je n'ai besoin de rien. »

C'était glacé ; c'était insolent.
C'était plus brutal qu'il ne l'aurait voulu. Il était si désagréable – pathétique – alors qu'en face, il le savait bien, quelque part, Absynthe faisait tout pour arranger les choses.
La peur le rendait tantôt amorphe, tantôt abrupt. Il était bancal, chancelant ; injuste.

En somme, Caesius était un incapable.
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Absynthe Bridgestone
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Jeu 13 Mar - 23:15
Absynthe se sentait minable. Mentir à mademoiselle Euphrasie avait été difficile, et pourtant il y avait comme un nœud familier au creux de son ventre - cette culpabilité, il la connaissait. Le mensonge par omission restait un mensonge. Le déni aussi. Un secret en entraînait d'autres, et les non-dits qui s'accumulaient chaque jour entre eux faisait se serrer davantage le nœud dans son estomac. Ça ne le dérangeait pas. Il vivait avec. Il ne faisait rien contre lui. Pire, il en rajoutait. Il préférait lui mentir tous les jours plutôt qu'affronter la terrible vérité.

Je n'ai besoin de rien.

La vérité, c'était ce regard dur et froid, cette distance entre eux, cette voix glacée, presque méchante. La vérité, il la connaissait bien pourtant, mais il refusait de la voir. À tel point qu'il l'évitait, tout le temps, pour ne pas croiser ce regard-là.
Absynthe se sentait minable. Il regrettait d'avoir menti à mademoiselle Euphrasie, ça devait lui faire de la peine de ne pas pouvoir aider un patient, même si elle n'y était pour rien car "le professeur de Botanique a peur des milieux médicaux". Elle devait se sentir inutile. Il se sentait vraiment minable. Et la colère de Caesius, là. Elle lui rappelait à quel point il avait foutu sa vie en l'air. C'était comme le prendre en face et lui balancer toutes les choses qui avaient foiré à cause de lui. Sa vie, celle d'Euphrasie. Il baissa les yeux.

Il fallait s'excuser. Excuse-toi. C'était le moment ou jamais. Maintenant. Il savait qu'un simple "désolé" n'arrangerait pas les choses. Qu'il ne rattraperait pas ces années fichues à cause de lui. Il avait joué cette scène plusieurs fois dans sa tête, différents scénarios, différentes façons de faire, et toujours il avait trouvé que des excuses étaient bien insuffisantes pour ce qu'il avait fait. Comment se rattraper ? Il ne savait pas. Il cherchait encore. Et en attendant, il restait muet.
Pendant tout ce temps, il était resté muet.
Il ne s'était jamais excusé.

Il ouvrit la bouche pour parler. Ses doigts se serrèrent sur un dossier qu'il avait en main. Excuse-toi. Maintenant. Il savait bien que ça ne serait pas suffisant. Que Caesius le détesterait toujours autant. Peut-être même le détesterait-il plus encore, parce qu'il avait le culot de lui présenter des mots pour rattraper l'énormité qu'il avait perpétrée. Comme si des mots allaient recoller les bouts de sa vie cassée. Absynthe serra tellement fort le dossier que ses jointures blêmirent. Il ne se rendit compte qu'il tremblait que lorsqu'il rouvrit les yeux et se retrouva face à Caesius, Caesius et sa colère. Quelque chose d'autre trembla, en lui. Il fit claquer le dossier sur la table de chevet.

C'est pas la peine de faire la gueule ! Si t'es pas content, t'avais qu'à te démerder tout seul ! Si tu t'étais pas empoisonné, déjà, tu serais pas ici. Faut vraiment le faire !

Il fit claquer le dossier une deuxième fois, comme si c'était de sa faute à lui, pauvre dossier qui n'avait rien demandé. Ouais ben. Absynthe non plus n'avait rien demandé. Il ne voulait pas mentir à Euphrasie pour le couvrir. Il ne voulait pas le soigner alors qu'il ne pouvait pas le voir en peinture. Sa voix monta dans les décibels, sans qu'il s'en rende compte. Il n'avait pas crié depuis longtemps.

Et même ! Si t'étais venu directement au lieu de faire le malin, monsieur je-sais-tout, tu serais déjà sorti maintenant. T'es pas content, professeur ? T'as qu'à te démerder tout seul !

Il voulut faire claquer le dossier une troisième fois, mais il rata la table de chevet et la chemise en carton explosa sur le sol avec son contenu. Absynthe la regarda un instant, hébété, les joues rouges de honte et de colère. Sa gorge se serra et il marmonna, de façon extrêmement puérile :

J'en ai rien à fiche que tu t’évanouisses dans les escaliers, toi non plus apparemment, alors fais ce que tu veux.

Absynthe était mort de trouille.
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Caesius Carthaigh
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Dim 16 Mar - 20:06
Ses yeux le brûlent.
Ses yeux le brûlent, là, tout le long de ses cils encore ensommeillés. Ses yeux le brûlent et il se sent obligé de les plisser, à peine, pour qu'ils soient moins pénibles. Il a l'impression que, s'il cille, ça va lui les lui crever, et s'il le regarde, ça va les lui arracher.
Ils brûlent – de honte ou de colère, il ne sait pas. Sa bouche n'est qu'un trait dur, ses sourcils sont bas et grave. Caesius est glacial, et pourtant la chaleur lui monte jusqu'aux tempes. Il est en colère – il a tellement, tellement de rage qui explose ses côtes quand il ne contrôle pas sa peur.

C'est qu'il s'en veut tellement – il n'aurait pas dû être aussi mauvais.
Il regrette déjà, mais ça n'empêche pas ses yeux de brûler.

Le pire, dans tout ça, c'était qu'il ne lui en avait jamais voulu – à lui, à Absynthe.
Cette bouffée de rancœur qui jaillit soudain dans sa tête, elle n'a rien à voir avec lui, elle n'a jamais eu à voir avec lui.
C'est que Absynthe avait toujours été quelqu'un de bien – jamais il n'aurait pu le voir comme un coupable. Le seul idiot, ici, c'était Caesius.
Il avait saboté sa propre existence. Il n'avait jamais pensé à lui lâcher des choses cruelles à la face – il n'avait même pas pu les ressentir. Dans les instants où ses soupirs colériques avaient emporté son esprit, il n'était pas arrivé à se dire que, si, finalement, c'était de sa faute à lui si sa vie venait de mourir.
C'était de la faute à Absynthe s'il en était arrivé là – ça n'aurait jamais pu être aussi faux.

Absynthe n'avait jamais été responsable de quoique ce soit.
Quand ils étaient encore adolescents, c'était lui le plus responsable des deux, c'était lui la sagesse, un peu, c'était lui la maturité, le plus souvent – Caesius. C'était lui qui devait veiller sur l'autre.
Cette fois aussi, il aurait du veiller sur lui.
Après, il aurait du veiller sur lui.
Il n'avait jamais réussi – et maintenant, il était en colère.

Caesius était en colère parce qu'il se prenait Absynthe en plein dans le ventre, avec son dossier entre les mains, ses mots pour le rassurer et sa blouse blanche.
Sa blouse blanche lui allait très bien.

Il devait s'excuser – c'était ça, il devait s'excuser. Il ne fallait que ça – ça lui arracherait la bouche tellement il était effrayé, mais il devait le faire.

« C'est pas la peine de faire la gueule ! »

Il sursauta d'un coup, l'arrière de son crâne tapant contre le mur – pardon ?

«  Si t'es pas content, t'avais qu'à te démerder tout seul ! Si tu t'étais pas empoisonné, déjà, tu serais pas ici. Faut vraiment le faire ! »

Caesius écarquilla les yeux de stupeur – pardon ?
Le dossier qu'il tenait fermement dans les mains claqua une nouvelle fois sous le regard consterné de Caesius.

« Et même ! Si t'étais venu directement au lieu de faire le malin, monsieur je-sais-tout, tu serais déjà sorti maintenant. »

Monsieur – quoi ?
Il avait osé.
Oh – Absynthe avait osé.

Ce n'étaient plus ses yeux, qui le brûlaient désormais – c'était son visage tout entier qui, d'un blanc cadavérique venait d'exploser de rouge.
Il n'eut pas le temps d'entendre la dernière vendetta de l'infirmier quand, Caesius, plus que jamais piqué au vif, se redressa et se penchant en avant, gronda d'une voix puissante.

« Comment oses-tu me parler ainsi ! »

Et il y avait tout le mépris possible dans cette phrase qui tonnait trop fort. Ses yeux le brûlaient – de rage. Il avait l’œil sombre, une grimace noire sur la bouche et un corps qui avait l'air soudain bien trop haut et bien trop grand. Son énorme main était posé à plat sur le lit et lui servait d’appui, comme s'il était sur le point de lui sauter dessus.

« Je ne te permet pas de me parler de cette façon. »

C'était l'orgueil d'un ancien adolescent qui se réveillait dans le tonnerre de Caesius. Ses doigts tremblaient et son sang battait trop fort dans sa tête – ça commençait à lui faire voir double.
Mais il s'en fichait – il s'en fichait, il était tellement en colère.

Il avait presque les lèvres dégoûtées.
C'était un trop plein – un trop plein d'émotions auxquelles il n'avait pas été préparé et qui l'avaient saisit à la gorge.
Il le regardait de si haut, par dessous ses sourcils froncés.

« Puisque c'est comme ça, je pars. »

Caesius avait les joues très rouges quand il était en colère.
Furieux, il souleva son drap d'un geste brusque et esquissa le mouvement pour descendre du lit. Une fois. Deux fois.
Il venait de se rappeler qu'il n'arrivait pas encore à tenir debout et que là, tout de suite, il n'avait pas la force de bouger.

Il se mordit la lèvre inférieure pour retenir sa furie et, agacé, ferma les yeux.
Il était tellement furieux envers lui même qu'il allait s'en couper la lèvre. Claquant sa langue sur son palais, il remit le drap par dessus ses jambes et, comme pour se rattraper, aboya à Absynthe avec un regard noir.

« Quand je pourrais marcher. »

Caesius avait les joues très rouges quand il était en colère – mais aussi quand il était embarrassé.
C'était la première fois qu'il s'emportait ainsi en onze ans de silence ; il aurait au moins pu faire l'effort d'être moins ridicule avec cet air d'enfant en faute collé sur les lèvres.
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Lun 17 Mar - 17:17
Absynthe avait tellement peur qu’il en oubliait contre qui il était en colère. Il n’avait jamais su, du reste, comment diriger sa colère. Certaines personnes, très en colère et très en détresse, préférait se faire du mal plutôt que de blesser les autres. Absynthe en était incapable. Tout ce qu’il avait toujours fait, c’était ravaler sa colère, sa détresse, sa culpabilité et sa tristesse, baisser les yeux de temps à autre pour la regarder lui manger les tripes, vérifier qu’elle était toujours là. Parce qu’au fond de lui elle ne faisait de mal à personne. Il ne fallait pas qu’elle sorte.

Comment oses-tu me parler ainsi !

C’était tellement courroucé, tellement révolté, que la colère d’Absynthe fit un petit bond en arrière, et lui aussi, devant Caesius. Il lui paraissait plus grand d’un coup, mais il devait se rappeler que Caesius avait toujours été plus grand que lui, et que ça l’avait toujours énervé. Il ne l’avait jamais vu en colère, cependant. Agacé, à la limite. Quand il l’embêtait un peu trop.

Je ne te permets pas de me parler de cette façon.

Il y avait tellement de colère dans sa voix, tellement qu’un instant, Absynthe se demanda pourquoi il avait l’air pire que lui. Il n’avait pas le droit. C’était égoïste, oui. Mais Absynthe avait toujours été terriblement égoïste avec ses sentiments. Personne n’avait le droit de lui voler ça.

Ah, tu ne me permets pas ? Le graaand professeur Cartaigh ne me permet pas ? Pardon professeur, comment dois-je vous parler ? grimaça-t-il.

C’était bien ça, le problème. La grande question. Comment lui parler. C’était toujours mieux de hurler, après dix ans de silence. Caesius fit de grands gestes pour se débarasser de ses couvertures et Absynthe recula, aberré :

Mais oui bien sûr, va-t’en ! Génial !

Il ne savait même pas pourquoi il l’encourageait dans son délire, d’ailleurs il ne l’écoutait même pas, tout à sa tentative de fuite, c’est ça, va-t’en espèce de lâche, c’est toujours plus facile que d’affronter la vérité en face. Il aurait dû lui dire tout ça, peut-être qu’il aurait compris, qu’il aurait réalisé que son attitude était bête et puérile, mais Absynthe était en cet instant aussi bête et puéril que lui, et très en colère... à sa manière. À tel point que lorsque Caesius vacilla sur ses jambes encore faibles - quel crétin, il avait déjà oublié ? – Absynthe eut le réflexe de se jeter sur lui pour le rattraper, en se retenant au dernier moment, et en étouffant un juron parce qu’il se détestait encore plus en cet instant. Il ne savait plus ce qu’il faisait. Caesius non plus, apparemment.

Quand je pourrais marcher.

Absynthe ne savait pas qui d’eux deux était le plus dépité, le plus en colère. Il lui semblait injuste que Caesius soit plus en colère que lui. Il marqua un temps d’arrêt, passa une main sur son front en regardant autour de lui. Qu’est-ce qu’il faisait, là ?

Et moi...

Il prit un oreiller sur le lit voisin et le balança sur le professeur de Botanique, heureusement qu’il visait mal, il atterrit sur son ventre et pas en plein dans sa tête. C’était tellement théâtral que c’en était ridicule, on aurait dit une dispute de vieux couple, sauf qu’Absynthe et Caesius n’avaient de vieux que leur amitié, tellement ancienne qu’elle s’était fânée.

Et moi, je ne te permets pas de te lever ! Tu sais très bien que tu n’as pas le droit, alors tu vas rester ici, que ça te plaise ou non, jusqu’à demain !

Et peut-être qu’il n’appellerait pas mademoiselle Euphrasie. La situation sous contrôle, tu parles ! C’était un miracle que leurs cris n’aient pas ameuté tout l’étage. Heureusement que le seul autre patient était sous somnifères. Tiens, bonne idée ça. Absynthe partit comme une furie en direction du bureau et revint aussi vite avec un cachet bleu ciel et un verre vide qu’il posa sur la table basse, aussi délicatement que le dossier de tout à l’heure - toujours éclaté sur le sol, mais qui s’en préoccupait, pas lui en tout cas :

Aguamenti. Bois ça et dors.

Il le planta là sans attendre sa réponse, tira le rideau d’un geste rageur et partit s’enfermer dans le bureau. Ne viens plus m’embêter après ça. Ne reviens plus jamais.
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Mar 25 Mar - 19:54
C'était terminé.
Tout ça, maintenant, en un claquement de colère, c'était terminé. Il n'y avait plus d'éclats de voix qui s'écrasaient contre les vitres trop hautes. Il n'y avait plus de sourcils froncés de rancœur, des bouches qui se tordaient dans la furie, les joues empourprées et chaudes, les tempes gonflées et les phalanges blanchies.
Il n'y avait plus rien que le silence lourd de l'infirmerie.

Caesius était seul.
Il ignorait s'il y avait d'autres patients à l'infirmerie. Il ignorait si les lits, autour de ses rideaux tirés, étaient occupés – s'ils avaient entendu cette dispute ridicule, mais brutale. S'ils avaient entendu sa voix monter, gronder, ses poumons tonner d'indignation. Il se sentait mal – il ne se sentait pas encore honteux, car l'orgueil siffler dans sa tête.
Sa colère retombait doucement ; bientôt, le chagrin viendrait s'insinuer dans les canaux qu'elle aurait griffé jusqu'à sa poitrine.

Il avait mis Absynthe hors de lui.
Il le savait, il l'avait vu – il l'avait vu perdre ses moyens comme il avait perdu son calme et sa lassitude. Sa voix était montée dans les aigus – tellement qu'il avait encore les tympans vrombissants. Il avait le ventre douloureux, le souffle court. Il avait mis Absynthe hors de lui – il lui avait jeté un coussin sur son corps.
Ça l'avait tellement surpris.
Ça avait chassé son ire, pâlit ses jours enorgueillies. Il avait levé ses mains pour le rattraper – trop lent, il avait atterri avec mollesse sur sa poitrine. Le geste était plein d'agacement.
Et lui, Caesius, qui lui avait si mal parlé – oh et puis.

Il l'avait mérité.
Il lui avait quand même parlé comme ça – ce n'était pas sa faute, il l'avait provoqué. Il n'en revenait pas – un goût acre lui remonta sur la langue quand il se rappela le quolibet qu'il lui avait jeté à la face.
Un violent cramoisi brûla son visage.

Mais tout ça, c'était terminé maintenant.
Dans une dernière remontrance, il lui avait donné un verre d'eau et un petit cachet bleu ciel. Il lui avait ordonné, avec une autorité qu'il ne lui connaissait pas, de l'avaler, de dormir, de partir demain. Vexé, boudeur, blessé, perdu, Caesius n'avait rien rétorqué. Sa bouche n'avait été qu'une grimace.
Il était resté silencieux.
Dès qu'il eut tourné les talons, il avait attendu plusieurs minutes, pour voir si il reviendrait. Il n'était pas revenu – il n'avait aucune raison qu'il revienne.
De toute façon, il ne voulait plus le revoir – il était trop chamboulé. Il ne voulait plus jamais le revoir – il ne voulait plus jamais crier, comme ça.
Faire sortir la véritable colère qu'il cachait derrière ses sourires affables. Caesius grogna – ses doigts rampèrent jusqu'à la table de chevet, se saisirent du cachet et il l'enfourna dans sa bouche.
Il voulait juste dormir.

Il ne s'endormit pas tout de suite ; avant, il eut le temps d'expérimenter toute l'angoisse agaçante du silence de l'infirmerie.
Il détestait ce lieu – il le haïssait, tellement il le hantait. Pourtant, il ne doutait pas qu'il fut chaleureux, avec les deux personnes à sa charge. Il n'aurait jamais pensé que le silence puisse être aussi bruyant.
Il sentait son propre sang glisser dans ses tympans.
C'était terminé – Absynthe ne reviendrait pas. Caesius allait s'endormir et sa colère avec ; probablement qu'elle resterait longtemps somnolente avant qu'elle ne sorte à nouveau.

Caesius s'endormit.
Ce serait un sommeil sans rêve. La nuit tomberait, couvrant de son voile opaque Poudlard, jusqu'au visage blanc de Caesius qui perdrait petit à petit de sa verdeur. Le lendemain, il se réveillerait, amer, la poitrine lourde, la gorge douloureuse – écho de ses premiers emportements depuis longtemps.
Absynthe serait là ; il ne verrait pas Euphrasie.
S'il avait été prêt à s'exprimer, il ne l'était pas pour voir le spectre de la mort.
Il échangerait très peu de mots avec Absynthe. Il n'y aurait plus de cris – juste quelques banalités, des regards qui s'évitent. Il n'oserait pas le regarder franchement – il détournerait le visage.
Il sortirait, alors – un peu chancelant, mais un peu guéri aussi. Il aurait mal à la gorge, et mal à la poitrine, surtout.

Il aurait encore un goût de l'orgueil dans la bouche.
Mais, plus fort encore, il sentirait l'amertume de leur propre silence. Il l'ignorait, sûrement, mais il en avait mille fois préféré les cris qui avaient attendu toutes ces années pour exister.
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