Demoiselle Elise n’avait attendu qu’une chose toute la journée durant — l’heure du souper. Comprenez-vous, allait-y être annoncé la participante et les accompagnatrices du Tournoi des Trois Sorciers. Ils partaient pour Poudlard. A vrai dire, la noble blonde ne savait trop si elle devait se sentir enjouée, excitée ou effrayée. C’était une école avec bonne notation, de prodigieux sorciers en sortaient — mais tout de même. Ce n’était pas Beauxbâtons. Comment l’établissement étranger pouvait-il rivaliser avec ces années de tradition ? Avec ces excerices rudimentaires, ces cours exemplaires ? Rien n’était plus droit, plus doux, plus stric et plus sensuel que cette deumeure, n’est-ce pas ? N’en sortait que la crème de la société ; savant mélange unissant sport, combativité et raffiné.

Enfin, soit. Notre dernière année contemplait les couvers d’un œil distrait, écoutant désobligemement les piailleries d’à droite, puis d’à gauche. N’avaient-ils rien à dire de plus intéressant ? Non, evidemment — c’était bien trop demander. Un instant plus tôt, tous s’étaient assis et avaient souhaité le bon appétit coûtumier. L’attente que tissait avec ingénuosité  la directrice vis à vis des nominations était insupportable — et son amie Pimprenelle le soulignait avec splendeur.

Ah, d’ailleurs. Elle lui posait une question. S’essuyant le coin de bouche avec sa serviette en soie ; Elise finit par lui adresser un sourire distingué — quoique totalement amical. « Peu importe les moyens usés, rassurez-vous, nous y serons. » Non, ce n’était pas de la fierté, ou une vantardise mal placée. C’était une évidence. Les deux ladys étaient exemplaires, comment pouvait-on les négliger ? « Il me semble cependant que rien ne soit fait au hasard. » Comissures se redressant une nouvelle fois, tout en crème et en fraîcheur.

Il était clair que leur supérieure allait déclamer nom à la fin du repas. L’attente semblait interminable. « Il y a quelque chose d’angoissant quant à la découverte de cette nouvelle culture, bien que ce soit follement stimulant. Vous ne trouvez pas, Pimprennelle ? » Œillade discrète, parfaitement lisse.
Mais avouons-le-nous, Elise Bleuchon avait toujours eu ce penchant un peu déplacé envers de type d’aventure — c’était presque malsain.

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« Il y avait dans la tenue de Pimprennelle quelque chose de raffiné et d’élégant. Du moins, était-ce ce qu’Elise Bleuchon pensait à cet instant ; l’œil à la dérobée. Sa camarade avait toujours été, avec elle, une très bonne élève. Se démarquant, toutes deux n’avaient pas tardé à s’illustrer de par leur grâce et tenue aux yeux des autres enfants. Les professeurs étaient bien plus stricts avec elles ; ce qui témoignaient toute leur grandeur — on ne se souciait pas de la sorte des plus mauvais. Cependant, au dessus d’elles brillaient la lumineuse Catherine Blanche Delarose. C’était amer que de l’admettre, mais l’éducation des deux jeunes filles les poussaient au respect.

Enfin, passons. Demoiselle Bellerive lui adressait parole. Écoutant poliment, notre blonde lady ne tarda pas à répliquer : « Voilà une coutume bien peu ordinaire. J’ai ouïe dire que se trouvait la maisonnée des studieux, des fougueux, des ambitieux et puis… Et puis celle regroupant les autres, j’imagine. N’est-ce pas amusant ? Je me demande bien où nous serions allées, toutes deux, si nous avions été scolarité là-bas. » Chaque syllabe avait été détachée avec art et délicatesse ; c’était toute la maitrise du discours qui s’épanouissait au travers de ces mots quelques peu moqueurs. Un sourire diffus n’avait pas tardé à parcourir les lèvres rosées de la septième année ; alors qu’elle chantonnait d’autres paroles à son intime : « Il paraîtrait que les leçons de sortilèges soient inculquées par un enfant. » Arrêt distingué alors que d’une main de neige, l’étudiante venait planter dans son poisson ; l’amenant à sa bouche d’un geste gracile et simple — sans jamais trop d’ornements et d’inutilités. « Enfin, tout cela est très bon enfant. Sans oublier leur passion pour le Quidditch ; ne m’étonnerait guère de voir quelques femelles en jeu — ou capitaines. » Second silence ; Elise avait achevé son repas et patientait à présent pour le dessert et l’annonce des accompagnatrices. Il était clair que dans son profond dansaient quelques images rebelles ; inavouées et démuselées — pavées de fougue et d’audace. Mais le tout était enfouit avec grandeur, et ce fut d’un air coutumier qu’elle attendit quelconque réaction de sa partenaire tout aussi bien éduquée. Maintenant, rions.

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« Elise avait senti une chaleur des plus folles lui parcourir l’estomac à l’entente de son nom ; suivi directement par celui de sa camarade Primprennelle. Quel bonheur ! Une demoiselle s’écroula même à l’entente du sien ; pâlotte et émoustillée. Réprimant un sourire diffus, notre blonde demoiselle avait écouté toute en joie Bellerive et ses assurés propos ; acquiesçant à ses propositions affirmées. « Oui mon amie ; nos valises — de suite et sans plus tarder. » Avait-elle finalement ri ; très bas, n’étant ainsi entendue que par sa compagne de voyage.

« Nous n’allons plus tarder. » Clama la directrice de Beauxbâtons, alors que le corps des jeunes ladys, ainsi ballotés pendant des heures durant ; semblaient à leur limite. « Pimprenelle, l’heure de vérité est proche. N’êtes-vous pas un peu excitée à la nouvelle ? Je ne sais pas quoi éprouver. » Adressa la blonde à son amie, une esquisse brouillonne mais élégante au visage. « Vous souvenez-vous des pas et des formules imposées ? L’arrivée dans leur salle, la grâce ordonnée ? Il m’est brûlant d’y être, que nous soyons confrontés à barbares ou éduqués ; j’espère pouvoir admirer mille scintillements dans leur regard ; à notre égard. » N’était-ce pas le but, après tout ? Faire rêver. Illustrer par tous moyens le prestige de leur école et le niveau céleste de leurs élèves. Cela allait être beau.

Et ce fut ainsi que le carrosse atteignit Poudlard ; les féminines achevant préparatifs physiques et vestimentaires — allant jusqu’à passer dernier coup de cire magique et sort de nettoyage. Tout allait être parfait.

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« Le ciel était lourd de pluie, quand demoiselles et damoiseaux étaient sortis du carrosse — tous s’étaient hâtés vers l’enceinte de pierre vêtue. Et c’était étrange, sombre ; quasi froid — certaines jeunes filles avaient réprimé un petit cri, fébrile ; pourtant Elise, elle, s’y sentait presque bien. Souriant aux remarques de sa chère Pimprenelle, elle s’engouffra à ses côtés dans l’établissement.
Quelques minutes plus tard, elles étaient dans la salle principale ; les larges portes s’ouvrant à leur venue — tout avait alors commencé, la sortie des rubans, les pas de côté et les courbes éthérée. Il y avait eu des bonds, des paillettes et des oiseaux ; cela avait été doux et raffiné, tentant d’inculquer respect et émerveillement — une fois le tout fini, un homme avait pris la parole ; achevant les présentations. Sans plus de cérémonie, les élèves de Beauxbâtons s’étaient assis.
« Regardez, Pimprennelle ; un homme vous fixe. » Avait lâché dans un murmure la blonde Elise à sa partenaire — attablée, elles étaient dos au mur, pouvant ainsi critiquer admirer à volonté. « Enfin, ce serait plus un… Garçon. » Et il fallait le voir, avec sa tignasse colorée — mon dieu, quelle était cette couleur peu naturelle ; une coloration ? Elise avait eu vent de cette nouvelle mode ; mais dans leur école, tout devait être au poil ; les cheveux savamment tirés ou brossés. « Son uniforme est jaune. Il est donc dans la maison placée sous l’étoile du blaireau. Ma pauvre amie. Et regardez ces G… Griffons d’or (amen) qui s’émoustillent, au loin ! » Et ne tarda pas à arriver un avion en papier pauvrement plié ; ce dernier s’écrasant dans l’assiette de sa compagne — ciel.
Et encore, ce n’était rien face aux plats qui apparaissaient, tous en libre service, sans la moindre confiseries — à la bonne franquette comme clamait le peuple.

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«Ma chère, votre mère est des plus prévoyantes. » Commenta Elise, alors qu’elle dévisageait d’un sourire diffus son partenaire de table, tout droit venu de cette école plus ou moins réputée de Russie — barbare. Aussi garda-t-elle minois placide quand il sortit ses grosses mimines pour les enfoncer avec avidité dans les divers plats  proposés ; avant de ramener la nourriture en bouillie tout près de son œsophage. Seigneur. Tâchant de ne pas tourner de l’œil elle dégaina sa baguette, faisant venir quelques vivres à elle ; ceux épargnés, encore immaculés — elle empoigna la seule fourchette et se mit à manger, ou du moins ; grignoter.

Chose faite, elle invita son amie Primprenelle à sortir ; il était temps d’étudier plus profondément ce château — bien que la demoiselle se doutait bien que sa compagne rêvait à cet instant du carrosse et des toutes grandes familiarités françaises. Enfin bon. « Que de monde, que de désordre. » Murmura faiblement Bleuchon alors qu’une troupe de Gyrffondors les bousculaient pour sortir ; émettant des cris primitifs.

C’était bon, elles étaient perdues — emportée par la foule d’étudiants riant à l’entente de blagues improbables.

« Où avons-nous atter— aah ! » Un fantôme venait de sortir de sous sa jupe, et par les toutes grandes puissances, il s’agissait d’un mâle ! « Mais c’est obscène ! » Se répugna Elise, alors que le fameux plongeait au travers de la poitrine de sa chère Bellerive ; avant de s’esclaffer et partir au loin d’un clin d’œil tout aussi suggestif que vomitif. « C’est— » Le souffle lui manqua — et puis, de nouveaux adolescents venaient passer le couloir ; la coupant dans son élan.

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« Elise regarda Camille Chevalier percuter un autre blond, plus grand — il ne cilla pas, abordant un sourire aisé. Aussi la demoiselle les observa s’approcher, notant que l’esquisse s’accommodait à celle du Français. Se connaissaient-ils depuis longtemps ? Elle ne savait vraiment — n’en portait réelle cure ou tout grand intérêt. Mais voici, la vision l’intriguait ; aussi répondit-elle à Pimprenelle après une poignée de secondes : « Il semble heureux. »

Épanoui, même.

Mais elle s’arrêta sur ces vers ; ils les dépassèrent, se noyant dans la masse — débordant parmi tous ces autres gens. Un soupir tomba dans l’air ; perforant l’atmosphère — il venait tout droit des lèvres de la demoiselle : « Enfin, nous voilà perdues ; et Camille n’y changera jamais rien. » Ce garçon désordonné aux épis dorés, oui — damoiseau inapproprié à la maison de Beauxbâtons ; désordonné et de parole peu distinguée. Il semblait pourtant, à cette heure, comme un inconnu — comme tout autre, comme tout humain. Chevalier incarnait l’étudiant lambda de Poudlard, si à l’école des belles et nobles manières il se distinguait et se démarquait ; dans ce château de Grande-Bretagne il se fondait. « Qu’allons-nous faire, Pimprenelle ? »

Et tout cela sonnait comme la pire des lamentations.
— Un ange passa.

Brun, il dévisagea les deux jeunes femmes, hésita à s’approcher — se faisant finalement héler. Entre deux feux, le tout de rouge vêtu invoqua son patronus, marmonnant quelques mots intelligibles à ce dernier avant de l’envoyer. Durant toute la scène, Bleuchon garda les yeux grands ouverts ; elle finit par murmure à l’égard de son amie : « Quelle méthode étrange, ne trouvez-vous pas ? » Presque vulgaire. Manqua-t-elle de lâcher, se reprenant alors que les tons allaient jaillir hors de sa bouche.

« Besoin d’aide ? »

La phrase fit trembler la moue d’Elise — elle se redressa ; il s’agissait de français. Ses globes verts ne tardèrent pas à effleurer la masse vivante à l’origine de ces sons bateaux mais réels. Lui. Le mâle aux côtés de Chevalier, quelques temps auparavant — il n’attendit pas, dans tous les cas, une quelconque réponse ; enchainant négligemment : « Ludovic, préfet Gryffondor ; septième année — enchanté. Venez. » Et le prénom, énoncé à l’anglaise faillit arracher un sourire à la blonde — personne ne pourrait nier, l’origine même du mot se devait français. Tant bien même sonnait-il à présent de manière totalement anglophone.

Elle lança un regard à sa camarade — devaient-elles parler, le suivre ou rester là ; perdues et susceptibles de se faire de nouveau agresser par une quelconque horreur fantomatique ?

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« Elise avait suivi, comme l’avait conseillé sa chère amie Pimprenelle ; le blond préfet. Aussi, si aux prémices elle était restée sur ses gardes, le dos droit ; à tenter de mémoriser les couloirs défilant, elle ne tarda pas à lâcher prise. Perdue pour perdue, se disait-elle ; rien n’y changerait vraiment — l’humidité de l’établissement se contentant de la maintenir en éveil, lui procurant des bouffées de chaleur puis, au tantôt, des frissons dans le dos.

Elle accueillit la prise de parole de sa seconde avec un fin sourire, ravie de cette intervention — mais quand le garçon répliqua, ce fut d’un anglais marqué et rapide. Elle n’y comprit rien ; se contentant de s’accrocher désespérément au sourire serein quoique banal qu’il leur adressa — tant bien même ne prit-il pas la peine de s’arrêter, ou bien même de les regarder. « Vous avez compris ce qu’il disait ? » Marmonna la blonde demoiselle dans un français parfait, à l’encontre de sa comparse. Enfin, il fallait bien admettre que pour une étudiante de Beauxbâtons, énoncer à vive voix une tare n’était pas des plus glorifiant ; aussi Bleuchon se força-t-elle à se remémorer les dites pour mieux les traduire : « Enfin, il me semble qu’il ait parlé de hall — au rez-de-chaussée, alors, peut-être. » Admit-elle à contrecœur, la poitrine tout d’un coup faite de plomb. Toutes ces nouveautés qui lui paraissaient au tantôt exotiques et rafraichissantes lui donnaient à présent des maux de ventre et des tensions dorsales ; un sentiment de mal-être ne tarda pas à faire surface et c’est avec difficulté que la représentante continua à marcher, s’empêchant de défaillir pas après pas.

Puis, ce fut la grossièreté de trop.

Un garçon.
Avec.
Un. Autre. Garçon.
S’embrassant. Comme ça. Tous deux ; en public.

Virant au blanc, Elise s’écroula aux côtés de sa camarade. « Dans quel univers décalé, enseveli par la débauche et quelques autres monstruosités sommes nous tombées ? » S’entendit-elle glapir d’une voix aigue ; ses genoux ne la tenant plus.
Non, vraiment — il fallait que tout ça cesse, et vite.

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