The animal within - Caesius

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Juliet n'avait jamais autant travaillé de toute sa vie. Oh, ce n'était pas pour les cours. Bien sûr, elle faisait tout son possible pour faire des efforts, et elle ne perdait pas espoir, mais ces derniers temps, il y avait autre chose, quelque chose de plus important. Depuis sa première année, dès qu'elle avait appris que c'était possible, elle travaillait dessus. Elle avait même demandé de l'aide au professeur Carthaigh, qui avait vraiment été très gentil de la soutenir. Mais ces derniers temps, elle sentait que c'était proche. Elle allait devenir animagus.

Ce n'était pas vraiment un secret, mais elle n'en parlait pas à tout le monde non plus. Wendy savait, Mr Carthaigh savait, et il l'avait peut-être dit à d'autres professeurs, mais c'était tout. Pourtant, c'était sans nul doute la chose la plus important et la plus excitante qu'elle ait jamais fait de toute sa vie. Mais bizarrement, c'était quelque chose qu'elle préférait garder pour elle, et pour Wendy aussi, comme un petit secret, quelque chose qu'elles gardaient ensemble depuis bien longtemps, même avant Hakuna. C'était leur secret à elles.

Et elle était ravie aussi de le partager avec Mr Cartaigh. C'était un de ses professeurs préférés. Il était tout gentil, il acceptait même les devoirs en retard, et, même si certains élèves se moquaient de lui, Juliet, elle, savait qu'il était très intelligent. On ne pouvait pas être aussi gentil sans être intelligent. Elle aurait bien aimé avoir un papa comme Mr Carthaigh, qui veille sur elle et qui ne la trouve pas idiote et trop bizarre. Son papa à elle, il était sérieux, il ne souriait pas beaucoup, et il avait toujours des tas de papiers devant lui ou dans une serviette, qui avaient plein de chiffres dessus et qu'il regardait en fronçant les sourcils. Parfois, il regardait aussi Juliet en fronçant les sourcils, comme si elle était un problème de mathématiques difficile à résoudre, et puis ensuite il l'envoyait faire ses devoirs dans sa chambre. Elle était sûre qu'il l'aimait bien son papa, parce que les parents aiment toujours leurs enfants, c'est obligé, mais elle aurait bien aimé qu'il le lui montre un peu plus. Rien qu'un sourire de temps en temps. Mr Carthaigh, lui, il lui souriait souvent. Il l'aimait bien, Mr Carthaigh, et ça n'arrivait pas souvent que les professeurs l'aiment bien : elle était trop tête en l'air et, avouons-le, un peu stupide.

Juliet arrivait justement au bureau du professeur. Elle avait l'habitude de venir travailler là avec Mr Carthaigh maintenant, mais elle était toujours impressionnée par la quantité de livre qu'il y avait accumulée. Vraiment. Est-ce que c'était humainement possible de lire autant ? Même Wendy avait moins de livres que ça ! D'ailleurs, Juliet empruntait souvent des livres au professeur Carthaigh quand elle venait, pour les prêter à Wendy, ça lui faisait plaisir à son amie. Elle avait dans son sac l'épais volume que le professeur lui avait prêté la dernière fois. Elle avança vers le bureau de Mr Carthaigh en évitant de faire tomber les livres qui l'entouraient, et, tout sourire, lui dit :

"Bonjour Professeur ! Vous allez bien ? Moi je crois que cette fois, c'est la bonne !"

Elle sorti de son sac le livre qu'elle avait emprunté et le posa, un peu en équilibre, sur une des piles qui environnaient le bureau.

"On commence par quoi aujourd'hui ?" Demanda-t-elle, toute contente.

HRP:

Date d'inscription : 03/04/2013

Caesius était un un homme un peu jeune et un peu peureux ; c'était, somme toute, un jeune homme peureux, un peu lâche et qui fuyait les responsabilités dès qu'elles venaient s'agiter sous ses yeux tremblants.

Il s'était souvent dit qu'il avait fait une bêtise en acceptant tout ça.
Il s'était souvent dit que ce n'était pas à lui de le faire – que le professeur de métamorphose, professeur Leone, était bien plus qualifié et que, si jamais il avait refusé, c'était qu'il y avait une bonne raison à tout ça. Il s'était souvent dit qu'encore une fois, il avait été irresponsable, de la même manière qu'il l'avait été avant et qu'il continuait de l'être.
Comme quand il s'était retrouvé à l'infirmerie.

Moriarty avait dit de lui qu'il le voyait comme un enfant ; Caesius était peut-être grand, avec ses immenses main et ses centimètres de trop, mais il n'était pas très adulte. Où alors, les adultes commettaient de nombreuses erreurs et n'arrivaient pas à porter dans leur poitrine le poids de leurs maladresses.
C'était peut-être ça, la solution ; sa bouche était pincée en une mince ligne pâle, et encore une fois, Caesius se dit qu'il n'aurait jamais dû accepter de l'aider, ce jour où elle était venue lui parler, à onze ans et avec l'enthousiasme des sourires des jeunes enfants, elle lui avait demandé de l'aider à devenir animagus.

Au début, il avait refusé – net. Bien sûr, il n'était ni professeur de métamorphose, ni son directeur de main. Il avait vingt-cinq quand, il était professeur de botanique, une matière qu'il avait apprit à affectionner, il ne pratiquait la métamorphose qu'à de diverses occasions et, de surcroît, il était Caesius.
Être Caesius était peut-être la plus profonde des tares ; mais ce n'était quelque chose que seul lui embrassait dans toute son entièreté.

Mais Juliet Windsor, le feu aux joues et aux cheveux, avait insisté, et Caesius s'il avait toujours été trouillard, avait toujours été obsédé par l'immense besoin d'aider les gens. Même les élèves de onze ans qui ne dépendent ni de sa matière, ni de sa maison – il avait bafouillé, confus, rougit, beaucoup, et puis, une main dans sa nuque, il avait accepté, en la prévenait bien les risques de cette entreprise et son manque de compétence.
Tout le monde savait qu'il était incompétent – tout le monde, sauf une fillette de onze ans.

Peu à peu, l'angoisse s'était détachée de son échine ; leurs cours réguliers, principalement dans son bureau, quelques fois dans le parc ou dans la serre, à l'abri des regards, étaient devenus très agréables. Caesius avait toujours ce besoin obsédant d'aider.
Après tout, il était bien devenu professeur.
Même s'il était un peu trop jeune, un peu trop immature et maladroit, il avait très vite été très protecteur avec ses élèves. Juliet lui arrachait facilement des sourires, des rougeurs parfois, avec sa spontanéité de très jeune fille.

Il avait toujours peur de faire une bêtise – on a toujours peu de mal conseiller les enfants – mais maintenant, elle approchait de son but. Ses métamorphoses partielles étaient très prometteuses. Quand elle débarqua dans son bureau, vent tiède, Caesius était en train de corriger quelques copies de botanique. Un rai de soleil tapait dans sa nuque ; il lui sourit.

« Bonjour Juliet. Je vais bien, et toi ? »

C'était une des rares élèves qu'il s'autorisait à tutoyer ; peut-être parce qu'elle était très jeune, assez familière, et que ça faisait longtemps. Son sourire s'écorcha davantage quand il la vit reposer le livre. Il posa sa plume et se leva.

« Ah, merci de me ramener le livre. Il t'a plu ? »

Il était pour lui évident que le plaisir soit lié à la lecture, car il aimait trop ça – même les livres de botanique. Pourtant, il savait très bien que ce n'était pas la plus acquise des conventions.
Puis, ajouta, le sourire accroché, un peu complice. Il avait remonté sa chemise jusqu'à ses coudes.

« Il me semble que tu n'es pas loin du but, Juliet. Mais d'abord, on va faire un peu de place, histoire qu'on ne renverse pas ces – monstrueuses piles. »

Il ne se rendait même plus compte de l'étouffement de son propre bureau. D'un geste bref, il sort sa baguette et fit se déplacer deux énormes piles. Deux trois livres tombèrent en chemin. Il le ramassa et les rajouta ailleurs – il faudrait un jour qu'il agence mieux tout ça. Une fois sa baguette rangée dans la poche, il laissa ses bras tomber autour de lui (il n'avait jamais su les ranger, eux non plus), et lança, le ton doux.

« Bien, pour aujourd'hui, voyons. Et si tu commençais par essayer de te transformer les bras, comme la dernière fois ? Les membres, c'est le plus facile, et la tête, c'est le plus dur, n'oublie pas. S'il y a un problème, j'annulerai le sortilège, ne t'en fais pas. »

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Juliet n'était pas une fillette très sérieuse. Elle avait de gros problèmes de concentration, et ça se voyait dans ses notes - elle allait rarement au-delà de l'acceptable, sauf en Soins aux Créatures Magiques, et ça, c'étaient ses meilleures notes. Elle collectionnait les Piètres et les Désolants, et avait même quelques Trolls. Surtout en Potion. Ce n'était pas faute d'essayer, vraiment, elle y mettait du sien - elle prenait des cours particuliers avec des élèves plus âgés, elle étudiait avec sa meilleure amie Wendy - mais rien n'y faisait. Elle savait qu'elle ne serait jamais une sorcière brillante, malgré ses efforts. Mais quand elle avait appris qu'on pouvait apprendre à se transformer en animal à volonté, elle n'avait pas hésité une seconde, et depuis, elle y passait presque tout son temps libre, quand elle n'était pas avec Wendy. C'était son rêve. Et maintenant, après trois ans de travail acharné, voilà que grâce au professeur Carthaigh, elle touchait au but.

Elle allait devenir animagus.

Elle fit un grand sourire au professeur.

"Je vais très bien moi ! Vous savez, j'ai eu un Effort Exceptionnel en Soins aux Créatures Magiques ! C'était un cours sur les Botrucs, c'est rigolo les Botrucs, et c'est très gentils parce que ça protège les arbres. Mais vous devez le savoir ça, vous connaissez bien les arbres. Vous rencontrez beaucoup de Botrucs dans les serres ? Vous avez des amis Botrucs ? Ils doivent bien vous aimer vu que vous soignez les plantes. Celui que j'avais en cours, il aimait bien quand je le chatouillait un peu sous le menton, vous devriez essayer si vous en croisez. Le mien, je l'ai appelé Boudbois, je crois que ça lui a plu. Il n'a même pas essayé de me blesser ! J'espère que je le reverrai, j'aimerais bien être son amie."

Juliet aimait beaucoup ses séances de travail avec Mr Carthaigh. Il la laissait parler, ne levait pas les yeux au ciel quand elle se laissait un peu emporter, elle pouvait lui raconter ce qu'elle voulait, même si ça n'avait pas de rapport direct avec les animagus. Il n'était pas comme les autres adultes, et elle lui racontait bien plus de choses que ce qu'elle écrivait dans ses lettres hebdomadaires à sa famille. C'était peut-être juste une impression, mais il n'avait pas l'air de s'ennuyer quand elle parlait. Ses parents, eux, avaient tendance à regarder leur montre, puis par la fenêtre, puis ils soupiraient et allaient se faire un café.

Mr Carthaigh lui demanda si le livre qu'elle lui avait emprunté lui avait plu, et Juliet rougit un peu. Elle ne l'avait pas lu, elle l'avait pris pour Wendy, en fait. Wendy adorait lire, sur à peu près tous les sujets, mais Juliet, elle, n'avait pas la concentration nécessaire pour se plonger dans un livre. Elle avait un peu peur de décevoir son professeur, mais elle ne voulait pas lui mentir non plus.

"Euh, hihi. Je ne l'ai pas lu, en fait, c'était pour ma meilleure amie, Wendy, elle lit beaucoup, et elle est très intelligente, mais vous le savez sûrement parce qu'elle a plein de bonnes notes, elle. Ca lui a beaucoup plu je crois. Elle m'a un peu raconté ce qu'il y avait dedans, mais je ne m'en souviens pas très bien. Mais je crois que c'était très intéressant."

Enfin. Elle était là pour devenir animagus, quand même. Elle eut un petit rire enjoué quand le professeur lui dit qu'il pensait comme elle, qu'elle touchait au but. C'était tellement excitant ! Elle qui aimait tant les animaux, elle allait pouvoir en devenir un à volonté ! Ca allait être super. Elle avait hâte. Elle ne savait pas trop pourquoi tous les sorciers ne décidaient pas de devenir animagus, en fait. Même si c'était quand même très compliqué.

Juliet regarda le professeur dégager de l'espace pour leur petite séance - c'était vraiment impressionnant, le nombre de livres qu'il avait. Il devait vraiment être très intelligent. Mais ça, elle n'en doutait pas : Mr Carthaigh, c'était le monsieur le plus intelligent du monde. Il dit à Juliet de commencer par se transformer les bras, et la fillette acquiesça avec le sourire. S'il pensait qu'elle en était capable, il avait sûrement raison.

Elle ferma les yeux et se concentra, essayant de sentir ses bras devenir des ailes, pensa à la sensation qu'elle avait ressentie la dernière fois, à la disparition de ses doigts et de ses articulations. Au début, rien ne se passa - ce n'était pas facile, surtout sans baguette, mais elle y était arrivée à la dernière séance, et le professeur croyait en elle : il n'y avait pas de raison qu'elle n'y arrive pas. Elle ferma les yeux plus fort, et commença à sentir ses bras s'aplatir et s'élargir, puis devenir rigides. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, Juliet avait deux ailes de pingouin. Elle les secoua un peu, toute contente. Elle avait découvert quelques séances auparavant que c'était en pingouin qu'elle allait pouvoir se transformer, et ça lui plaisait beaucoup. C'était mignon, un pingouin, et puis elle pourrait voler ! pas très haut bien sûr, mais c'était déjà super. En secouant ses ailes, elle fit tomber un livre d'une des piles.

"Oups !" Elle se pencha pour le ramasser, oubliant qu'elle avait des ailes à présent, puis eut un petit rire gêné. "Hihi. Désolée." Elle se redressa. "C'était bien ? Ca me prend toujours un peu de temps pour me transformer. C'est normal vous pensez ? Je peux faire comment pour aller plus vite ?"

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