kill it with fire •• sacha

Date d'inscription : 02/04/2014

Too bad you couldn't see it coming.

Il se tient en haut des marches. Le marais est vivant. Ce truc lui donne des frissons à tous les coups. Qui pourrait avoir envie de le traverser ? Il doit vraiment faire un effort monumental pour ne pas évoquer les dizaines de frasques qui lui reviennent en mémoire lorsqu'il repense à cela. Il y a des gens stupides partout. Pete tire l'écharpe verte qu'il avait nouée autour de son cou et descend quelques marches, jusqu'à se retrouver au bord du marais. Une marche de plus et c'est la vase. Dégoûtant, vraiment. Qui a eu l'idée de mettre cette chose ici ? Pete grimace. Très peu de gens traversent le couloir marécageux, c'est l'avantage. Il n'y a personne. À vrai dire, lui-même ne se trouverait pas ici s'il n'avait pas eu cette brillante idée en se rendant à la bibliothèque.

Il ne pouvait pas y aller avec ce truc. C'était encore plus laid que le marais. Moins bourbeux, certes, encore que la couleur le lui rappelait.

Un cadeau.

Elles avaient semblé très intimidées, tout d'un coup, quand il avait fallu l'aborder. Cela ne les empêchait pas de couiner sur son passage tous les jours de la semaine, mais aujourd'hui, soudain, elles s'étaient faites discrètes. Pete avait presque haussé un sourcil interrogateur en les voyant approcher. Elles l'avaient carrément pris au dépourvu, non que cela ne lui arrivait jamais (soyons réalistes) mais il les devinait toujours à la périphérie de sa vision, jamais en plein centre. Et c'était très bien comme cela, si vous voulez son avis, parce qu'il préférait éviter de recevoir des cadeaux aussi moches.

Pete •• Oh, merci ! C'est adorable.

Adorablement stupide.

Une écharpe de supporter. Est-ce qu'il avait l'air d'aimer le Quidditch ? Est-ce qu'il avait même l'air de supporter son équipe ? Pas après leurs performances pathétiques, en tout cas. Et elles venaient avec ça. Auraient-elles été d'une autre maison qu'il l'aurait pris comme une insulte personnelle et aurait enlevé cinquante points à chacune de ces bécasses. (Il était de si bonne humeur aujourd'hui.) Il avait souri, et remercié les filles. Il avait même mis ce truc en laine autour de son cou pour faire bonne figure. Merlin, il s'était promené avec ça toute la matinée, cherchant le moyen de s'en débarrasser. Il avait envie de le brûler.

Et il était passé devant ce couloir. Il allait la donner à bouffer au marais.

L'idée le fait sourire, bêtement, et il déplie l'écharpe au-dessus de cette chose brunâtre et frémissante. Il doit y avoir des grenouilles. Il est sûr qu'il y a des grenouilles. Ou alors, quelqu'un nage dans ses profondeurs. Il lâche l'écharpe au-dessus de l'eau et se penche, les bras croisés dans le dos, pour observer le glouglou immonde qui l'absorbe. Ca fait des bulles. Il a envie d'un bain, tiens. Il ira prendre un bain. Peut-être qu'il reviendra chercher l'écharpe sur le chemin du retour. Est-ce qu'elle flotte ? Si elle flotte, il la brûlera. Et le marais vivant.

Invité **Invité**

Sacha resta coi une petite minute.
Il se souvenait de Pete, quelques heures auparavant, alors que tous les préfets-en-chef – convoqués pour un motif dont il ne se souvenait même pas par le directeur adjoint – partaient chacun de leur côté. Pete se retrouva arrêté par deux jeunes adolescentes venues tout droit de sa maison qui lui donnèrent une écharpe verte et argentée, de toute évidence destinée à supporter son équipe de Quidditch. Sacha se réjouit, sur l’instant, de ne jamais atteindre la popularité de Pete – dont il ne savait d’ailleurs pas grand-chose -, puisque ça l’obligerait à devoir accepter de tels cadeaux, lui qui ne connaissait même pas les règles du Quidditch.
L’évènement n’occupa pas bien longtemps son esprit, pourtant il lui revint soudainement, marquant son front au fer rouge, alors qu’il le retrouvait dans un couloir. Il le vit prendre son écharpe, la déplier avec soin et la laisser tomber dans l’eau verdâtre – sans aucun doute une eau dans laquelle jamais rien ne pourrait survivre. Pete observait la scène avec un sourire que Sacha pouvait discerner, même positionné dans son dos. Il regarda à gauche et à droite ; Sacha, venu récupérer un livre oublié dans une salle de cours, se trouvait dans ce couloir vide, juste derrière un type dont il ne savait rien.
Il ne savait même pas à quel point son ignorance à son sujet ne cesserait d’augmenter.

Il tenait fermement son sac dans ses bras ainsi que sa cape pour ne pas la salir une deuxième fois dans la même journée. Quand Pete se retourna enfin, il ne put s’empêcher un mouvement de recul.
Merde, trop tard pour faire comme s’il n’assistait pas à la scène.

« Euh, je. »

Il se demanda finalement s’il devait réellement dire quelque chose, s’il fallait le prendre comme une obligation. Que pouvait-il lui dire ?
« Elle te plaisait pas ?
« Elle te grattait ?
« Tu acceptes ces cadeaux uniquement par politesse ?
« Tu détestes le Quidditch en vrai ? – ça je comprendrais.
« Tu pouvais pas leur expliquer ?
Sacha regarda derrière lui, cherchant une échappatoire, tiraillé entre l’envie de prétendre qu’il s’en fichait et surtout, la curiosité immense qui le poussait à lui demander ce qu’il foutait, exactement. Ses jambes, complètement embourbées dans le marais, lui rappelaient que s’en aller sans dire un mot lui sembla tout-à-fait improbable.
Finalement, il osa enfin le regarder de nouveau et utilisa sa bouche, restée entrouverte tout ce temps.

« Si tu n’en voulais pas, il fallait le dire. Enfin je suppose. »

Non, il ferait mieux de dire autre chose.

« Je croyais que tu aimais le Quidditch. »

Encore plus stupide, songea-t-il.

Date d'inscription : 02/04/2014

Il y avait de ces jours où vous auriez mieux fait de rester couchés. Les matchs de Quidditch des Serpentards en faisaient partie. Leur préfet-en-chef contemple les dernières bulles qui crèvent la surface du marais avec autant de satisfaction que sa colère, semble-t-il, toujours bouillonnante sous le faciès tranquille. Il se retourne et son sourire stupide s'efface comme s'il venait d'avaler quelque chose de très dégoûtant, épais et gluant. Un peu comme le marais. Oui, c'est cela. Il vient d'avaler un peu du marais. Il manque s'étouffer en lui-même.

Merde.

Dans un premier temps, il ne reconnaît pas Sacha. Ou plutôt, se fiche de le reconnaître. Il se demande simplement pourquoi quelqu'un est là, pourquoi quelqu'un l'a vu, et s'il est devenu stupide ou a reçu une malédiction soudaine, car ce genre de choses ne lui arrivent jamais. Pas à lui. Pas à Pete MacAllister. Il avait fait bien pire que se débarrasser d'une pauvre écharpe dans le couloir marécageux, mais jamais on ne l'y avais pris. Bien sûr. Pas le grand Pete MacAllister, soudain redescendu au niveau des simples mortels. Il lève les yeux pour dévisager son comparse qui se tient en haut des marches. Il semble aussi dérouté que lui.

Sacha •• Euh, je.

Le pauvre ne doit rien comprendre, et Pete le remercie intérieurement de ne pas être excessivement vif d'esprit. Ou, pas dans les secondes qui suivent leur ébahissement commun. Son collègue, le préfet-en-chef de Poufsouffle, qu'il a toujours jugé si inintéressant... son collègue vient de le surprendre en situation délicate.

C'est ce qu'on appelle le karma, Pete. Bien fait pour ta gueule.

Mais Pete MacAllister ne va pas se laisser faire, son charme et sa verve naturels parleront pour lui :

Pete •• Euh.

Son plus grand moment d'éloquence. Il se mord la lèvre, inquiet et agacé par sa propre attitude. Depuis quand ne s'est-il senti aussi stupide ? Il ne se souvient pas. C'est cela. C'est exactement cela. Pete MacAllister ne se sent pas stupide. Dérouté, dans le pire des cas. Mais pas stupide. C'est pour les blaireaux, ça.

Sacha •• Si tu n’en voulais pas, il fallait le dire. Enfin je suppose.

Mêles-toi de tes fesses, Strauss. Mais l'agacement n'a pas de nom, sauf le sien. Pete ferme les yeux, deux secondes. Il sait bien que Sacha n'est pas responsable, il ne faisait que passer par là, lui aussi. Il serait idiot de lui reprocher quoi que ce soit. Il serait idiot de perdre son sang-froid. Surtout pour... il jette un regard presque sans dégoût au marais. Surtout pour cette horrible pièce de tricot. Il revient sur le Poufsouffle et le fixe sans rien dire. Extérieurement, Pete semble guetter sa réaction d'un oeil curieux, tel le serpent qu'il aime être en vérité.

Intérieurement, c'est le bordel le plus total car il ne trouve rien, absolument rien à dire pour sa défense. Les seuls mots cohérents qui traversent son esprit perturbé sont des insultes à son égard. Dis quelque chose, merde.

Sacha •• Je croyais que tu aimais le Quidditch.

Le soulagement lui détend les entrailles aussi soudainement que l'apparition du Jaune les avait enserrées. Il vient, dans son ignorance la plus totale, de lui sauver la mise. Le Quidditch. Bien sûr. Il saisit la perche tendue, presque trop rapidement :

Pete •• Je déteste ça.

Il tique. La sincérité lui fait mal, il a si peu l'habitude... mais un petit aveu ne le coulera pas davantage, bien au contraire. Ce pourrait bien être sa bouée de sauvetage, et c'est Sacha qui vient de la lui lancer. Il prend un longue inspiration et reprend, sur le ton le plus neutre possible.

Pete •• Je n'ai pas... vraiment le choix. Tout le monde adore ça ici, alors si je ne montre pas l'exemple en soutenant notre équipe...

Les préfets-en-chef doivent montrer l'exemple, comme tu le sais, Sacha, et l'avis de mes compatriotes me tient tellement à coeur, si tu savais, je n'ai pas envie qu'ils me détestent. Son ton est calme mais son regard papillonne autour d'eux, presque aussi affolé que celui de son collègue. Personne ? Personne d'autre ? Il regarde sur la gauche, sur la droite, derrière Sacha, discrètement il l'espère. Laissez-le reprendre ses esprits avant de remettre le masque et de s'enfoncer à nouveau dans la foule.

Pete •• Je n'aurais peut-être pas dû la jeter, je le reconnais.

Mais si je ne le fais pas on me demandera pourquoi je ne la porte pas, et je n'aurais alors aucune excuse. Il sourit d'un air coupable.

Pete •• Ca t'arrive d'être de mauvaise humeur, des fois ?

Moi, je le suis presque tout le temps. Si tu savais comme ça me gonfle, Sacha. Qu'on l'aime pour ce qu'il ne montrait pas, pour ce qu'il n'était pas, lui arrachait des frissons de satisfaction et des fourmillements de colère. Contre son immense talent d'acteur, et contre leur stupidité, à tous. Il s’appesantissait rarement sur la question. Eternel insatisfait, Pete ne saurait probablement jamais s'il appréciait ou pas l'immense théâtre qu'il avait instauré autour de sa petite personne. Seul l'intéressait le but.
S'il devait supporter des cadeaux ringards sur la route, après tout...

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