Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
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Kalev ▬ modératrice
Sloan ▬ modératrice
Flavian ▬ modératrice



 
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Far away ∆ Erudit ♥

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Ludovic J. Dave
Ludovic J. Dave
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Ven 13 Juin - 1:18

quand les mots prennent le dessus

▽ ludovic j. dave & l'érudit

« Ludovic était chaud — Ludovic avait froid. Il se sentait poisseux. Déshérité du grand sommeil, ses yeux voguaient dans la pénombre ; cherchant le vide. Sous lui, les draps brûlaient — il se sentait mal à l’aise, emprisonné dans un corps voué à bouillons ardents. Tout allait et tout tombait — la nostalgie consumait sa gorge qui nouée, faisait dériver l’esprit.

Alors il vagabondait — lui préfet, garçon parmi tant d’autres.
Il ne s’était jamais différencié ; à ses yeux, il était comme ses camarades, incarnant un prénom et portant le fardeau du nom. Dave — il y en avait tant. Avant lui, après lui. Devant et derrière ; certains se situaient même sur les côtés — c’était angoissant et rassurant, empli d’images et dégoulinant de souvenirs.

L’on nommait ça la famille.
Il y avait Divus, l’aîné ; puis beaucoup d’autres — de toutes formes et tous gabarits. Des blonds clairs, des blonds foncés, des plus grands et mieux garnis. Ah, il s’y revoyait, à présent ; dans cette maison. La leur, la sienne ; celle de l’enfance et de l’adolescence — le foyer, la mère en pierre, celle fondation qui en son sein possédait plusieurs cœurs. Eux. Tous — du bambin aux jumeaux. Et lui. Qui trônait à cet instant sans doute, comme tous les autres et pour toujours ; dans le salon principal.

Jordan.
Le beau, le noble — l’élogieux et tragique perdu ; bien que retrouvé. Ce n’était plus pareil. Il fallait bien l’admettre — ne jamais le dire à haute voix. Quoique. C’était courant, non ? Les franchises amères, les duretés fissurées et les tendresses amochées. Quelques dires de travers seraient bien vus droits — ce ne serait jamais une première fois.

Que pouvait-il bien faire, dans son tableau ; le second ? Perché sur son balai, empoignant d’une main ferme le manche, de moitié concentré ; de moitié hilare — c’était, à vrai dire, bien plus qu’une passion. Jordan avait donné bien plus qu’un simple temps d’hobby au quidditch ; il ne s’était jamais gravement blessé, avait fini tué dans de simples et bêtes escaliers. Le ridicule ne tuait pas, disait-on ; mais chez les Dave, tout était si inversé et sans dessus dessous que la rigueur passait du vulgaire au naturel ; la tenue de l’improbable au fédéral — l’évènement risible s’était déroulé une seconde trop tôt ; ou peut-être une trop tard, en transition totale. Du moins était-ce qu’on palabrait, au tantôt ; lors d’un repas de fête.

Il ne fallait jamais pleurer — jamais trop.
La vie était si belle, disait-on ; clamait-on, affirmait-on.
Ludovic y croyait dur, Ludovic aimait fort — il n’y connaissait rien, après tout ; à l’amour. Sans doute était-ce suffisant, d’être ainsi constitué ; ainsi bâclé. Il ne s’était jamais vraiment préoccupé des pour, des contres. Quel était le mal à vivre ? Quel était le mal, oui ? Ludovic ne comprenait pas — il ne voulait pas. Ah Ludovic — toujours si bien dans son cocon de simplicité. Si terrifié d’autre chose — si accoutumé ; si acclimaté.

Ludovic James Dave était un brave garçon.
Serein et bousculé, il s’était redressé sur sa couche ; ne tardant pas à se lever complètement — quittant son lit, trainant dans sa main un oreiller de satin blanc.
Ou peut-être était-ce du lin ? Il préférait la soie.
Sous ses doigts le tissu était doux.

La salle commune était vide — il n’y avait personne ; l’heure était tardive. Sans doute était-ce minuit passé, peut-être même trois heure du matin ? Il ne s’en souciait véritablement.
Avançant un peu, dépassant les crépitements du feu ; il s’échoua sur un sofa. Le fauteuil était dense ; assez large pour lui permettre de s’installer entièrement ; suffisamment étroit pour le tenir serré — bien figé. Aussi, ainsi avachi ; les jambes repliées, le coussin posé et les mains desserrées, il se sentait presque bien — en aise.

« Monsieur Érudit ? »

Sa voix s’était élevée, tannant l’air abruptement — le tout avait pourtant été doux. Il n’y avait eu ni cri ni effusion grotesque.
Il ne savait même pas pourquoi il l’appelait — avait juste énoncé instinctivement une nécessité étouffée. Tout était si simple, dans le silence. Renier et occulter étaient des solutions si aisées — comment ne pas sombrer ? La peur de couler.
Ludovic ne voulait pas déborder — son vase devait rester léger.
Il voulait parler. Discuter — se montrer égoïste, aussi ; sans doute. Ce n’était jamais trop bon de tout vouloir.
Il se sentait pourtant si calme.

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L'Érudit
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Mar 17 Juin - 22:03
La nuit était sans doute le moment le plus difficile d'un cycle journalier. La nuit, pour l'Érudit, était au jour ce que les vacances étaient à l'année scolaire. C'était sans doute le cas de la plupart des créatures, dont certaines contribuaient parfois à rendre les longues heures moins solitaires ; néanmoins, ce soir-là, il n'y avait personne. Sans doute Moriarty était-il descendu voir ses Serpentards chéris. Peut-être Destiny avait-elle décidé de rester près du lac. Sans doute Wallace était-il quelque part également, mais il n'avait pas idée de l'endroit. Un peu comme Cornélia, dont il espérait qu'elle ne s'était pas encore perdue, mais qu'il valait mieux laisser explorer à son aise. Il aurait pu aller voir à la bibliothèque si Mr. de Basiliaque hantait la zone, mais il était déjà allé l'ennuyer la veille... Il se savait envahissant, alors il essayait de ne s'imposer à personne, mais c'était terriblement difficile.

L'Érudit soupira, assis dans le fauteuil depuis lequel il donnait habituellement cours, serrant ses jambes repliées contre lui, le menton sur les genoux. Il fixait l'horloge. C'était une très belle horloge qu'on avait installée dans sa classe, un petit bijou antique tout à fait particulier : une horloge à vingt-quatre heures. C'était sans aucun doute pour l'empêcher d'aller réveiller ses collègues au milieu de la nuit lorsqu'il la confondait avec l'après-midi dans son étourderie habituelle. Il ne pouvait plus avoir de doute, avec cet outil... Il était bien trop tôt.

Il devait probablement ressembler à un enfant qui attends que ses parents rentrent du travail, boudeur dans le siège de velours bordeaux, à regarder ailleurs en espérant que le temps passe plus vite, puis à se rendre compte qu'il n'avait réussi à détourner les yeux de l'horloge qu'à peine quelques secondes. Un enfant. Ou le chien fidèle qui attend désespérément le retour de son maître. D'un humain. Quel qu'il soit.

Ce n'était pas la noirceur qui le dérangeait, bien sûr. C'était l'absence de mouvement. Il avait toujours été hyperactif et si, de son vivant, des besoins naturels comme le sommeil l'avaient arrêté dans cette perpétuelle envie de mouvement, ce n'était plus le cas à présent. Dormir ne lui traversait d'ailleurs même pas l'esprit, jamais. Trop de pensées qui tournaient dés qu'il essayait de les arrêter. Néanmoins, cela ne le protégeait pas de l'ennui.

C'était une chose terrible pour un tableau, l'ennui. C'était un mal qui touchait ses semblables régulièrement, les réduisant à un sommeil quasi-perpétuel pour ne plus voir passer le temps, ou à la folie. L'obsession. Est-ce qu'il était touché ? Il n'en savait rien. Il n'était pas sûr de vouloir savoir, car une prise de conscience fendillerait sans aucun doute cette belle image qu'il avait de lui. Presque humain. C'était ce presque qui était gênant. Ce fut ce presque qui le décida à se déplier. Qu'est-ce qu'il faisait là, roulé en boule à se morfondre ? L'activité avait toujours été le meilleur moyen de ne pas savoir. Se concentrer sur autre chose, s'éparpiller dans une cascade de mots et de gestes flamboyants. Il suffisait de trouver une présence – ou même pas. De partir à l'aventure. Il se passait toujours quelque chose à Poudlard.

Instinctivement, il était parti vers les tours. Quoiqu'il y ait des gens intéressants dans toutes les maisons, et qu'il cherche du mouvement, quelque chose d'assez paradoxal lui donnait envie de se promener du côté de la tour de Gryffondor. Parce qu'il y ferait sans doute plus calme que d'habitude. Quand il y avait une foule d'élèves en train de discuter, le tableau passait inaperçu ; sa voix venant du mur était difficilement entendue, alors il n'essayait plus. Il n'avait pas assez d'autorité. Il était fait pour un auditoire obligé de l'écouter, ou une personne intéressée ; l'heure avancée lui faisait dire qu'il aurait peut-être, pour une fois, l'occasion de voir la salle commune rouge avec un intérêt renouvelé. Et son souhait fut exaucé, malgré qu'il manquât de passer outre.

« Monsieur Érudit ? »

Il allait repartir, voir ailleurs, puisque l'endroit était désert, mais il fut interpellé ; tant mieux. Il revint sur ses pas, dans la toile au dessus de la cheminée. Un paysage, et pas de ceux qu'il appréciait, une lande déserte... Mais cela ferait l'affaire.

« Monsieur Dave ! Vous ne dormez pas ? »

Visiblement pas, non, mais c'était politesse d'usage. Il sourit avec douceur, parlait avec calme, mais il ne pouvait pas cacher son bonheur. Trouver quelqu'un. C'était un feu follet, une braise dans la nuit. Un élan d'amour envers une présence humaine qui l'empêcherait peut-être de tourner en rond. Poudlard était un grand bocal, certes, mais cela n'enlevait pas l'impression de, parfois, lorsqu'il faisait calme, être un gros poisson qui nageait sans but. Il hésita une seconde.

« Souhaiteriez-vous un peu de compagnie ? »

C'était plus l'aveu de sa propre solitude qu'une vraie proposition, mais l'Érudit faisait des efforts. Il essayait vraiment fort de ne pas s'imposer, même s'il le faisait souvent sans s'en rendre compte. Ses yeux criaient d'ailleurs un 'Gardez-moi, parlez-moi, je serai sage' fort peu discret, l'expression de l'enfant déjà cité, de ce chien abandonné.
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Ludovic J. Dave
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Dim 22 Juin - 17:45

quand les mots prennent le dessus

▽ ludovic j. dave & l'érudit

« Qu’avait-il, après la fin ? Tétanisé ; quasi abasourdi, Ludovic avait entendu la voix de son enseignant retentir — quelques instants plus tard, il le dénichait en haut de la cheminée. Évident ; et malheureux, aussi, sans doute ; la toile n’était des plus confortables. Le blond préfet se demandait souvent au détour d’un couloir comment certains personnages pouvaient supporter leur propre tableau — c’était un mystère. Entier ; l’habitude, peut-être. Son frère avait eu de la chance — l’Erudit aussi, personne ne pouvait le nier. Il était enveloppé de savoir, dans son œuvre principale ; c’était comme si, même pour une éternité, il ne cesserait d’avoir la possibilité de s’enrichir. Une lutte perpétuelle contre l’ennui ; un cocon douillet et pavé, comblé. Et pourtant, n’était-il pas figé ?

Bloqué dans le temps ;
celui que l’on nommait infini.

Ses traits ne changeraient plus jamais — sa mémoire ne s’étiolerait plus qu’elle ne l’était déjà. Il le savait ; l’avait toujours su — connaissait ces processus de conservation. Le tableau de cours de l’Erudit était ensorcelé ; personne ne pouvait le nier. Aussi, pensif ; Ludovic écouta les interrogatives de son professeur, le dévisageant en silence — il était rare, qu’il tombe ainsi dans le spleen des réflexions ; celles que l’on disait compliquées. Inutiles.

Un gryffondor ne devrait se soucier de telles futilités —
pourquoi le faisait-il, alors ?

« Pensez-vous que — » Il s’était arrêté ; sa bouche restant ouverte, il n’était pas poli. Ce n’était pas normal — il ne fallait être comme ceci. Ravalant ses questions, il poussa le sourire à se dessiner sur ses lèvres ; doux. « J’ai du mal à dormir, ce soir ; même si c’est peu fréquent. » Énonça-t-il de manière distinctive, quoique impersonnelle ; Ludovic n’était pas très doué dans l’expression des sentiments. Il savait montrer son enthousiasme, savait esquisser des rires grotesques et francs ; oui. Il savait former des sourires coutumiers ; prononcer des vérités — il savait être heureux.

Ludovic savait profiter de la vie.
Ludovic aimait le sport —
il était donc bon vivant.

N’était-ce pas ainsi ? N’était-ce pas suffisant ? Rater des exercices ; réussir des examens, aimer son prochain ; être empli de sympathie. Il ne fallait jamais trop penser. Penser n’était pas bon — cela rendait l’esprit compliqué. Dévisageant l’être devenu à plein temps magique, le blond enfant reprit parole : « Vous pensez que vous voudrez mourir, un jour ? Une nouvelle fois — la dernière. » Arrêter d’exister, tout simplement. « Qu’a-t-il après le tableau ? Qu’a-t-il lorsque que l’on se détériore inexorablement ? » Vous pensez-vous entier ? Ne vous manque-t-il pas quelque chose ? Et c’était violent, de parler ainsi ; sans doute. Son ton aurait pu être criard, sa volonté aux tons des reproches — mais il n’en était rien. La rudesse des propos n’étaient existantes que par les doutes ; formés aux creux du cœur. Celui manquant tant. L’Erudit sentait-il son cœur battre, respirait-il encore ? Ou n’était-il plus — ? « Je me demande si l’on vous attend quelque part ; peut-être en haut — un autre vous, un vous à l’identique et pourtant si différent. Le plus connu des inconnus ; le plus véritable et le plus dérangeant. Ce quelque chose que vous n’avez plus ; je ne sais pas. Vous ne feriez plus qu’un ; vous vous complèteriez ? Je ne sais pas — je ne sais pas. » Il avait semblé que le garçon en septième année s’était consumé — enfant exilé.
Ludovic avait réalisé, sans doute trop tard ; l’ampleur de ses propos. « Je suis désolé. Je ne voulais — ou plutôt ne veux pas vous offenser ou vous mettre mal à l’aise. Ce n’est pas dans mon habitude d’agir ainsi. » Pardon, aurait voulu-t-il répéter.
Enchainer.

Poursuivre — au delà et par dessus l’infini. A jamais.
C’est à cause de mon frère ; aurait-il peut-être du ajouter.
Mais qui s’en souciait vraiment ? L’Erudit savait déjà, à ce propos ; n’était-ce pas évident ?

Ca ne l’était pas ; pourtant.
Pas pour lui.
Pas pour Ludovic, non.

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L'Érudit
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Lun 14 Juil - 19:11
L'entrée en matière était brutale ; à quoi s'attendre d'autre, dans tout ce rouge ? L'endroit avait des allures de coeur battant, les flammes de la cheminée créant des nuances sur les tentures de velours, une atmosphère presque étouffante de chaleur... Il n'aurait plus manqué qu'une pulsation sourde, et l'on se serait cru directement dans l'artère aorte. Néanmoins, il n'y avait que le calme des mots, pas même le battement de son propre coeur aux oreilles de l'Érudit ; il était arrêté depuis longtemps, une vieille mécanique qui ne se relancerait plus.

Lui, il était au seuil de cet enfer rougeoyant, dans sa toile terne, ce qui rendait le contraste encore plus fort. Quelques brins d'herbe triste, presque grise, le séparaient de toute cette chaleur, une fournaise qu'il n'avait jamais visitée autrement que dans cette exclusion. Le garçon avait, lui, l'air totalement à sa place, mais ses mots n'étaient pas sains. En terme de chaleur, ils étaient plutôt celle qui émane d'une blessure infectée, mal refermée, la brûlure lancinante qui donne envie de s'arracher la peau pour la faire cesser. L'Érudit sourit, avec toute la douceur qu'il puisse trouver, devant ce calme qui exprimait pourtant tellement de violence, tellement de rouge.

Il aurait pu s'offusquer, mais franchement, quand s'était-il vexé pour la dernière fois ? Il se contenta de considérer le flot de questions, pensif. Il était fort loin, à son goût ; il avait l'habitude d'une toile immense, pas d'être relégué au dessus de la cheminée. Il s'assit en tailleur au sol, les réponses risquaient d'être longues. Par où commencer ?

« Vos questions sont intéressantes, ne vous inquiétez pas de m'offenser, c'est plutôt difficile. Mais. Est-ce que vous me demandez mon avis, ou est-ce une question que vous n'osez pas poser à quelqu'un d'autre ? »

Il n'essayait pas de jouer au plus malin, c'était incompatible avec sa manière d'être, il essayait simplement de comprendre. Tant de fougue pour un professeur ? Il n'avait rien contre son étudiant, vraiment, mais il fallait avouer que c'était fort personnel. Quelque chose le tracassait. L'Érudit n'était pas connu pour sa grande sensibilité, mais il avait parfois un éclair de lucidité ; sans doute l'éclair de génie du moment était-il grandement aidé par la connaissance qu'il avait de la situation familiale de Ludovic.

« Pour vous répondre... Je crois que, quand on... Lorsqu'on arrête d'apprendre ou d'avancer, il est temps. » Il sourit, serein. « Je crois aussi que ce temps est loin d'être venu pour moi, et qu'il y a des gens qui se complaisent dans l'inertie. C'est plutôt personnel, comme perception, mais je pense que si je me rendais compte un jour que je ne suis plus que de la décoration, que je ne parle plus à personne, que je ne suis plus utile à rien, il y aurait deux options : réagir ou partir. C'est aussi simple que ça. »

Il retroussa les lèvres un instant, incertain de comment présenter son point de vue.

« Quant à ce qu'il y a après, je n'en sais rien. Tout se détériore, Mr. Dave. On pourrait croire que ce n'est pas le cas, mais essayez de comparer un fantôme de plusieurs centaines d'années avec ce qu'il était de son vivant. Ce n'est pas pareil, croyez-en mon expérience. Je ne suis pas ce que j'étais, même si je suis évidemment incapable de trouver les différences moi-même, ce serait trop facile. Tout se détériore, du moins ; je reprends votre mot, même s'il est péjoratif, car je crois que nous nous réduisons à l'expression principale de nous-mêmes en vieillissant lorsqu'un temps infini nous est donné, pour n'être plus que l'essence principale qui nous constitue.... Ce n'est peut-être pas correct, mais tout change, c'est une certitude. Et le changement est l'une des plus grandes peurs de la plupart des gens – sans compter tous ceux qui y sont drogués. »

Se poser la question de s'il avait quelque part un doppelgänger était encore plus étrange. Où est-ce que le gamin allait chercher des choses pareilles ? Néanmoins, comme à tout, il y donna une réflexion sérieuse.

« Je ne sais pas non plus, pour un double... Je n'ai, pour vous l'avouer, aucune idée de si je suis un morceau persistant d'un être ayant existé ou simplement son image. Votre question ne s'appliquerait que dans le premier cas, alors faisons comme si. Pour que je meure, il faudrait que l'on détruise complètement ma toile originelle. A ce moment-là, ce petit morceau ne partirait-il pas en fumée avec le matériau ? Serait-il plutôt libéré ? Je n'en ai aucune idée, ce ne sont que des hypothèses. Je ne suis pas un expert en âme, vous savez... Ce n'est pas mon domaine de prédilection. La forme de magie la plus proche que je connaisse doit être les horcrux, et c'est là un sujet fort sombre. »

Il s'égarait un peu, il oubliait qu'il parlait d'un sujet qui pouvait être sensible, qu'un être aimé était concerné. Dans toute sa douceur, il y avait presque autant de violence que dans les questions empreintes de doutes qu'on lui avait posées, et peu de prudence quant à l'évocation d'un nom que les oreilles d'un élève n'auraient jamais dû entendre.
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Ludovic J. Dave
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Dim 1 Fév - 13:22

« Ludovic avait envie de pleurer.
Et c’était rare, que de le voir ainsi — pensif, triste et esseulé. Moite et glacé à la fois, il écoutait son professeur comme certains gamins écoutent le soir un de leurs parents leur conter une histoire. Aussi ne se choquait-il pas des propos de son aîné — le blond préfet n’avait jamais été quelqu’un de trop sensible. Il avait toujours fui, à vrai dire, les questions existentielles et les tendresses internes. A trop songer, l’on finissait sans doute pas macérer — peut-être que quelques uns finissaient-ils par craquer, par s'élancer; par vivre dans le désir de cette dernière. Peut-être que d’autres espéraient pouvoir crier, haut et fort — sans rien prononcer, juste crier à en perdre haleine. Pour voir, expérimenter — pour se sentir, pour exister ; tout simplement.

Lui avait déjà hurlé — avait déjà couru, aussi ; à en perdre le souffle et à s’écraser au sol. Sauf qu’il n’avait pas pleuré. Il avait ri, et en riait encore. Il fallait comprendre Ludovic — le simple et concret. La profondeur n’était pas ce qui saillait le mieux au garçon, dès son plus jeune âge il avait décidé ; choisi sa voie — celle de la simplicité et du bon vivre. Ludovic aimait rire et donner des accolades. Il aimait donner et s’extasier, aimait oui ; le monde et la vie. La nature et ce qui l’entourait. Aussi avait-il du mal avec les autres, ne cherchant pas lui-même son intérieur et ses noirceurs, il n’aimait pas que les autres lui affichent la leur. C’était un expert, le jeune Dave — un expert des mots, un expert de la fuite orale ; celle discrète et maitrisée. Il se souvenait de Sloan se craquelant devant lui, cherchant à lui dévoiler quelque chose qu’il ne voulait pas voir — il avait été bon, ce jour-ci. A ne pas engager, à dévier alors que tout semblait perdu d’avance.

Il ne regrettait pas — Ludovic aimait ce qui l’entourait mais ne savait aimer de tout son cœur et ce avec toute la véracité possible quiconque autre que sa famille. C’était son choix, depuis bien longtemps ; d’ailleurs. Répétitions éternelles. Qu’il ait tout d’un génie ou non, il ne pouvait se résoudre à prendre la voie de l’intellectuel. La compréhension n’était pas son fort ; et par dessus tout le blond détestait parler de lui. De lui le lui. De lui Ludovic. Lui le Dave ne l’avait jamais dérangé, mais lui et son interne avait toujours été tabou. Alors il se montrait évasif, riait et détournait. Aussi savait-il, sans doute au fond ; qu’il ne pourrait aimer que la personne le comprenant sans qu’il ait à parler — de lui, de ses désirs ; du reste.

Ludovic avait peur. C’était un décisif. Un sélectif. Il avait choisi une vie concrète et ne voulait plus s’écarter de ce chemin. Il avait compris, dès petit ; de nombreuses choses. Le changement, les personnes, le cœur et les âmes. Le principe des connus inconnus ; des plus inconnus des connus. Il avait médité, en son fort intérieur — avait aimé puis détesté.

Haï — rejeté.
Car ça faisait mal. Car ce n’était pas une douleur physique, pas un truc que l’on pouvait guérir d’un bisou magique ou d’un coup de baguette — et encore moins par le biais d’une quelconque potion. Non, les vérités humaines et les mœurs des sociétés ne pouvaient pas changer. L’on ne pouvait pas changer le monde ; l’on pouvait le dévaster mais entrer dans l’esprit de chaque individu pour lui faire comprendre ceci et cela était corrosif ; impossible, inimaginable. Alors il avait laissé tomber, de ses quelques années minuscules, avait choisi son monde et son cercle. Qui avait-il de mieux qu’eux ? Les membres de sa famille, ses frères, sa mère et son père ? Lorsque tout disparaissait, lorsque la pire des bombabouses entrait dans votre vie ; ne restait-il pas qu’eux ? Les gens dévoués étaient une chose, les amis dévoués en étaient une autre.

Ludovic vivait de camaraderie. Ses sourires étaient toujours francs, ses rires spontanés et ses regards éternellement chaleureux — quand il le voulait, quand il le vivait. Il n’était pas méchant ; ou du moins pas souvent. Le sport avait figé son caractère et vidait continuellement ses vices et ses pensées, son surplus et tout risque de débordement. Ludovic vidait sa coupe et ce jusqu’à la moindre goute, aucun débordement ne serait jamais accepté — du moins se le disait-il ; indirectement, par un songe ou une action. Alors il courait, riait ; bondissait et se vautrait. Ludovic était la négligence incarnée, l’amicalité puis la courtoisie bourrue incarnée. Il tenait la porte, n’insultait ni ne critiquait ses professeurs — se trimbalait pourtant dans les couloirs de sa démarche particulière, trainant sa carcasse comme si rien au monde ne l’important ni ne l’ennuyait. Ludovic avait le regard blasé, Ludovic aimait les randonnées, le volley et le quidditch. Il aimait les couchés de soleil alors qu’en haut d’une montagne il dévisageait les plaines et des étendues par centaines d’hectares s’enflammer de jaune, de rose puis de rouge — et c’était un poétique, en un sens ; le Ludovic.

Il ne voulait juste pas s’attacher.
Bien sur il y avait Camille — et sa famille.
Mais tout de même, tout de même ; oui. Il verrait.

Alors pourquoi, se disait-il ; pourquoi avait-il si mal, en un sens ? Ce n’était pas directement les paroles de monsieur Erudit, ce n’était ni le ton ni la forme — ni même la mention des horcrux. C’était comme si dans un sens il débordait, débordait d’un truc enfoui qu’il n’avait pas voulu remuer et qui lui explosait au visage d’un coup d’un seul. Le principe du soir, le principe de la nuit — le principe du spleen des heures tardives ressortissant. Demain il irait mieux, demain il irait bien — si il allait dormir maintenant, tout s’arrêterait, tout irait. Si il allait courir aussi. Mais il ne pouvait pas, il ne savait pas — se retrouvait comme un enfant perdu lié à l’instant, enchainé et destiné à rester là, immobile ; sur place. Tout irait — dans quelques instants tout irait, Ludovic. Ludoudou. Loulou. Ou qu’importe. Au fond de lui il le savait — tout allait aller, alors il pouvait y aller. Autant — « J’aurais tant aimé vous voir, avant. Le vous enfant, le vous adolescent. Etiez vous à Poudlard ? Quelle maision étiez-vous ? Vous en souvenez-vous ? Quelle vie avez-vous mené ? Et comment aurais-je été, avec vous ; si vous aviez eu mon âge, aviez été dans ma maison. » Et il laissa s’échapper un rire — il ne savait pas trop pourquoi il balançait tout ça. Mais face à l’âge, face aux connaissances du tableau il ne savait trop ; ne savait rien. N’avait rien à cacher — se retrouvait comme face à un père ou grand père ; peut-être même frère. Alors il se laisser aller, à la douceur ; à la candeur. Aux rires et aux merveilles ; puis aux douleurs. « Ce n’est pas comme si je voulais en parler à Jordan. » Son regard s’était assombri d’un coup, fuyant toutes formes, s’égarant sur le côté ; dans quelques formes si floues qu’elles en devenaient indiscernables. « Quand j’y pense, vous aurez vu toute ma famille dans votre salle de classe. Mes parents mais surtout mes frères. Entre Divus, Jordan ; les jumeaux, James ; moi-même et n’oublions pas Cassandre. » Verrait-il aussi leurs enfants ? Sans doute. Et lui, en aurait-il ? Il ne s’imaginait pas par père du tout, ne se voyait même pas fonder une famille — tout lui semblait si lointain. Mais Divus, peut-être. Ou les jumeaux. A moins que James les devance tous. Sourire en biais, un de ces qui vous sont inconnus, propres aux émetteurs ; bien perdus, bien significatifs — presque trop intimes. « Je — » Il ne savait pas comment le dire — n’arrivait à exprimer ces choses qu’il avait trop longtemps cachées. Aux autres, à lui-même ; à toute personne possible de comprendre. « Vous êtes professeur — vous aurez en un sens toujours à apporter. Et puis, de votre place dans le château et. » Il respira faiblement, rabaissant les bras qu’il avait commencé à remuer, prouvant son anxiété. « Lui vous savez c’est qu’un gamin. Qu’un jeune, il vit avec nous rit avec nous ; nous voit grandir mais après y’aura quoi. Nos enfants ? Nos petits enfants ? Et lui il sera quoi. Réduit à l’immobilisme. » Plongeant sa tête dans l’oreiller qu’il serrait tout contre lui, les genoux relevés alors que les talons tachaient de ne pas glisser de l’étroit fauteuil ; Ludovic ne savait pas quoi faire. Gamin disait-il, qu’était-il ; lui, en comparaison ? Jordan avait continué de grandir et de vivre, le tout au travers de son tableau. Et même si son apparence ne l’affichait pas, il restait le second ainé de la famille. Le simple fait d’y penser le rendait tout à coup si triste. Aussi resta-t-il là, à penser de travers, à s’inquiéter comme il pouvait ; en simple cadet.

En frère — à qui manquait les chaleurs perpétuelles d’un être aimé.
Admiré ; comme l’on le fait tous pour chaque ainé.
« Après y’a toujours la potion de condition humaine mais — »
Il avait quelque peu envie de pleurer — parmi ces milliers d’interdits, de choses qui jamais plus ne pourraient changer.
Immobilisées, tétanisées — depuis fort longtemps enclenchées.
L'impuissance avait un goût amer.
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