Lâcher prise. Comme cette fiole qui venait de s’écraser au sol.

Pete n’a pas l’intention de se laisser avoir par la Saint Valentin. Se faire empoisonner à l’amortentia ? Mais. bien. sûr. « Ne rien contrôler » n'est pas une raison pour se laisser emporter par des sentiments qui ne lui appartiennent pas. Même s’il tombe sur une jolie fille. (Quoique, c’est négociable.) Pete ne veut pas se laisser avoir, mais Pete ne s'est pas assis à la table du petit déjeuner en tremblant, Pete n’a pas bu son café avec une extrême prudence et Pete n’a pas fait tester ses tartines par un première année naïf ou un elfe de maison. Non. Pete MacAllister est bien plus subtil que cela. Il y réfléchit depuis des semaines, la solution est à la fois simple et compliquée pour qui ne veut pas se donner cette peine : il va prendre un antidote à l’amortentia avant de manger quoi que ce soit. Ce n’est pas difficile pour lui, il est doué en potions bien sûr. Il s’est procuré les ingrédients de base à l’avance et a commencé la fabrication de l'antidote de son côté, dans son temps libre. Il ne lui manque qu’une seule chose, mais il ne peut s’en procurer en magasin. Alors, en ce jour fatidique, il s’est rendu à l’infirmerie.

Il pourrait demander à madame Mantis, mais elle aurait des soupçons, tandis que s’il prétexte un projet de septième année ou une bêtise du genre, il est persuadé que la naïve infirmière le croira sur parole. Quant à son benêt d’assistant, il ne doit même pas avoir ses A.S.P.I.C.S. celui-là, il n’y connait probablement rien en projets de septième année. Pete est donc entré à l’infirmerie. Mais il n’y a personne. Il pourrait attendre, bien sûr. Il fait mine de patienter, mais ses pas le conduisent, inexorablement, vers le bureau, et l’armoire à potions. Il patiente quelques minutes. Puis, n’y tenant plus, il jette un coup d’oeil. Il ne risque rien, dans le pire des cas il se trompe d’endroit et il devra patienter jusqu’au retour des propriétaires du lieu... Il attrape une petite fiole en verre très fin en se demandant si elle est ce qu’il cherche...

Elle s’écrase au sol. On vient de l’attaquer par derrière. Pete se retourne en dégainant sa baguette, mais elle lui échappe presque aussitôt, aussi vite que la fiole de potion ; en fait, il a trop mal au derrière. Il marche sur le verre cassé et jure des mots qui ne seraient jamais sortis de sa bouche en temps normal (quelque chose impliquant des mamans se promenant trop tard sur le trottoir). Il se penche pour ramasser sa baguette et se coupe au passage, c’est génial, il a vraiment de la chance aujourd’hui, mais qu’a-t-il fait au monde pour mériter ça ? Il se redresse en marmonnant des injures et se rend compte qu’il a les larmes aux yeux.

Pourquoi. La situation n’est pas si horrible, on vient juste de lui planter quelque chose dans le derrière même s’il n’en garde aucune trace, ça fait un mal de chien, sa baguette est encore au sol, il y a du verre brisé partout, si ça se trouve la potion était très chère et il l’a cassée, mais quel imbécile, il ne vaut rien, en plus il déteste la Saint Valentin, ET IL A ENVIE DE PLEURER. Un reniflement pathétique lui échappe. Quelqu'un vient d'entrer.

Pete •• Je me suis fait mal.

Pourvu que ce soit mademoiselle Euphrasie ou son assistant. Il s'est coupé le doigt, c'est sûrement grave, il saigne. Et il n'a aucune idée de l'endroit où ils mettent leurs pansements, et de comment se soigner. Que peut-il faire, tout seul ? Pete est seul. Pete est seul et ça lui fait peur.

Lâcher prise ? Et son coeur avec.