Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
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what do you want from me ? — Ann

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Serdaigle



Lazare E. Varrene
Lazare E. Varrene
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Sam 2 Aoû - 19:54

l'épidémie qui s'étend

BIM.:
Varrene t'es dans de sales draps.
L'expression moldue qu'il entendait sans cesse étant enfant peint sa situation avec une véracité étonnante. Le visage suant, criblé d'excroissances des plus disgracieuses - la chair verdâtre, tirant sur le brun souffreteux. L'air insane et souffrant - la mine qui en réjouirait plus d'un ; il y a les âmes scientifiques qui ne croient pas à son absence de sensibilité émotionnelle et il y a les sadiques qui jalousent cette fameuse neutralité.

▬ Putain ces draps sont vraiment sales en plus.
Geignard - et éhontément vulgaire. Pourquoi s'en priver lorsque de surcroît on ne sait pas même le mot de bienséance ? D'autre part, jurer semble une bonne catharsis pour le blond - quand on parle d'ennui, évidemment. Tout ici est insipide au regard  de Lazare, dont la maladie a affadi l'éclat - le bleu du regard maintenant est délavé et piqueté de nuances laiteuses, comme s'il perdait graduellement son acuité.
Et sa figure luisante a quelque chose de pictural - étendue terne et rebutante percée de cette clarté singulière et vitreuse que font les yeux. C'est que Lazare est d'autant plus sensible aux affections physiques que les plaies sentimentales n'ont nulle prise sur lui... L'infirmière même a été surprise de la fulgurance de l'infection lorsqu'il s'est résolu à aller la consulter.
Mais elle ne sait pas. Ils ne savent pas.

▬ ...
Toux qui semble celle des tuberculeux - Lazare si faible est pitoyable, et d'autant plus qu'il a toujours, à l'accoutumée, la face stable, stoïque.
Marmoréenne.
En es-tu bien sûr, dis ? Qu'ils ne savent pas ? Qu'ils ne voient pas ? Ainsi tu penses ta comédie parfaite ?
C'est un souffle taché d'ironie qui parcourt ses pensées - ce que les autres connaissent sous le nom de pressentiment. Mu par cette impulsion spirituelle, il élève la tête, pesamment - sa masse lui semble titanesque - et croise le regard d'une fillette. Trop jeune pour l'envisager autrement, heureusement pour elle... Trop jaune aussi.
En Serpentard zélé t'aurais été beau Varrene.
Poufsouffle - en troisième année peut-être. Probabilité élevée qu'il s'agisse d'une inconnue venue se gausser du grotesque spectacle... A moins que. Il  ne lui distingue pas de vacuité dans le regard - est-elle là pour quelqu'un d'autre ? C'est vers lui que son regard assuré tend, pourtant.

▬ Est-ce que l'on se connaît ?
Elle fait comme un vague ressouvenir dans son esprit mais son identité lui échappe complètement - il a dû faire face à ses yeux dans les couloirs quelques fois, rien de plus.
Mais le pressentiment continue d'agiter ses tempes, y mettant un commencement crispant de migraine qui menace d'abaisser ses dernières résistances faméliques.
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Poufsouffle
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Ann O'Neil
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Mer 6 Aoû - 16:50
Ann avait déboulé, essoufflée, échevelée et presque éplorée à la porte de l'infirmerie. Elle arrivait tout droit de la tour des Serdaigles et descendre les escaliers à toute allure l'avait mise dans un état que le commun des mortels qualifieraient d'épouvantable et que les pom-pom girls (soit les filles qui passer leur temps à se pomponner, selon Ann) de lamentable.
Malgré son sens plus qu'atrophié de l'apparence, elle avait décrété qu'elle devait être à peu près présentable pour rencontrer un septième année, de Serdaigle qui plus est.
En effet, le but de cette course à travers le château était de trouver le dénommé Lazare Varrene. Ann avait été le chercher dans sa salle commune, où l'on lui avait dit qu'il était à l'infirmerie parce qu'il avait été touché par la varicelle du dragon.
Ann entreprit de se recoiffer rapidement et respira un bon coup. Ses yeux étaient légèrement rouges mais ça ferait l'affaire. Après tout, Lazare ne devait pas être en meilleur état, selon les Serdaigles et ses propres connaissances de la maladie.
Elle entra dans l'infirmerie et se glissa silencieusement vers le seul lit occupé. Effectivement, le jeune homme n'avait pas bonne mine du tout. Il avait l'air maussade commun à tous les malades et son visage, d'ordinaire charmant, était couvert de putrides pustules.
Ann ne manifesta pas sa présence. Elle se contenta de le regarder. Au bout d'un petit moment, il dut sentir son regard posé sur lui, car il tourna la tête vers elle. Elle faillit se retourner et partir en courant. Ses yeux... Si vides... Vides d'âme, d'émotion... La seule étincelle qui brillait au fond d'eux était malsaine. Brûlante de luxure et de désintérêt profond face à la jeune fille qui se tenait devant lui. Malgré l'effroi qu'un tel regard lui procurait, elle resta impassible. Se contenta de répondre évasivement à sa question.

- Oui et non. Oui parce qu'on s'est déjà croisé et que tu m'as vue avec quelqu'un que tu connais. Non parce qu'on ne s'est pour ainsi dire jamais parlé.

Ann connaissait la réputation de Lazare. Physiquement parlant, elle ne faisait pas le poids. Mentalement non plus. Mais émotionnellement, c'était une autre histoire. De toute façon, elle avait promis qu'elle ferait tout ce qu'elle pourrait pour réveiller les sentiments du Serdaigle. Alors elle ferait. Point barre.
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Serdaigle



Lazare E. Varrene
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Ven 8 Aoû - 17:41
Lazare se refait une prestance, dresse ses vertèbres malmenées, les fixant contre le dos inconfortable du lit. Pas la moindre lueur dans ses pupilles céruléennes - lassitude déjà ; cette discussion s'étale en poisons insipides dans l'air maladif de ses respirations.
Dans ce cas traquons-le, cet ennui qui nous taraude.
Jouons à déchiffrer sa face plissée.

Qui a chiffonné ces traits juvéniles, mis cette brume noirâtre dans les pupilles écarquillées ? il s'agit sûrement là d'une...
▬ Émotion. Tu es prise d'une émotion. Qu'est-ce que c'est ?
La formulation est profondément déconcertante - maladresse de non-initié.
Il tend le bras par un instinct physique - l'on se relève en s'élevant évidemment - et voit par là-même un autre instinct murer la fillette... Ses yeux se voilent, se rétractent sur la pupille ténébreuse.
Affolement criant. Lazare comprend qu'il en est à l'origine...
Pourtant je ne t'ai pas fait mal.
Le blond ne sait qu'il est d'autres souffrances ! que le sang a parfois des invisibilités qui déchirent l'âme... Ses yeux se parent d'un halo croissant, pulsant et faisant battre ses cils - sa curiosité est sortie de sa langueur malsaine.
Le désir engendre la dilatation de la pupille, Lazare le sait plus que tout autre - le petit être toutefois est trop jeune pour y être sujet. Nul désir peccamineux dans le cœur virginal...
Alors, quoi.
▬ Tu as reculé. Pourquoi. On ne recule pas sans raison.
D'accoutumée il aurait méprisé ces manifestations du cœur despotique, mais son infection l'accable de monotonie - et l'on fait du moindre éclat coloré son amusement lorsque l'on a l'âme monochrome et souffreteuse de surcroît. Son front brûlant s'enlaidit encore considérablement d'une ride de concentration - il essaie de comprendre, n'ayant à faire rien d'aussi intéressant.
Et puis lui revient la réponse nébuleuse de la jeune fille.
Oui. Et. Non.
Mais c'est oui ou c'est non ?

Lazare n'a jamais trop conçu les nuances du langage il faut bien le dire.
▬ Très bien. Qui est cette personne ?
Il ne se souvient pas d'une connaissance si enfant - eh, où y trouverait-il son intérêt ?
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Poufsouffle
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Ann O'Neil
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Dim 10 Aoû - 19:15
Qu'est-ce qu'une émotion ?
C'était la question la plus étrange qu'on eût jamais posée à Ann. Sous le choc -qui pourrait poser une question pareille ?- elle n'avait pas répondu, se doutant qu'aucune réponse ne conviendrait.
Elle fixait toujours Lazare. Elle ressentit le doute qui s'insinuait dans son esprit, tandis qu'elle ne pouvait s'empêcher de reculer devant les yeux vides d'âme posés sur elle. Alors elle entrevit une réponse à la question si étrange de son interlocuteur. Cependant, celui-ci ne lui laissa pas le temps d'ouvrir la bouche, posant une autre question.
Décidément, ce jeune homme était très observateur. Détail qui revêtait toute son importance dans une situation comme celle-ci. Ann nota ce de détail et le garda précieusement dans un coin de sa tête. Elle avait conscience qu'il était dangereux, même malade et couché sur un lit d'infirmerie.
L'inspiration lui vint subitement, tel un souffle de printemps sur une prairie gelée.
Décidant de ne pas gâcher cette soudaine idée, la jeune Poufsouffle parla, d'une voix qui se voulait assurée et qui, par chance, ne tremblait pas.

- Et bien, j'ai reculé parce que... Parce que je n'avais jamais vu une personne semblable à toi. Plus précisément, je n'avais jamais bu des yeux comme les tiens. Cela m'a fait un peu peur, voilà tout.
Ce qui m'amène à ta première question. Tu dis ne pas savoir ce qu'est une émotion et je te crois. Une émotion c'est quelque chose que l'on ressent. C'est indéfinissable. Par exemple, la peur est une émotion. Forte de surcroît. La joie en est une autre, plus faible cependant. Tu n'as donc jamais eu peur ? Jamais ? De toute ta vie ?


Ann n'avait jamais lu, ou entendu dire, qu'une telle chose puisse se produire chez un être humain.
Lazare avait semblé comprendre sa première réponse, le fameux «oui et non».
Avait-elle le droit de prononcer le nom de Kitty ? Comment allait-il réagir ? Néanmoins, si elle voulait qu'il lui fasse confiance, elle ne pouvait lui mentir.

- Elle s'appelle Kitty. Kitty H. Churchill.
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Lazare E. Varrene
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Ven 22 Aoû - 15:32
La tête de Lazare a un branle très léger, vers la petite fille tremblante – il lui semble que même sa peau a des envolées terrifiées. Son regard étudie avec une inquiétante minutie les soubresauts du corps, frêle et honnête dans ses manifestations – et le discours timide pénètre ses oreilles, par un automatisme irrévocable. Toutefois le blond ne comprend pas les propos qui lui sont adressés – n'y conçoit aucune clarté, aucun soupçon de familiarité. Il voit les phrases s'agencer logiquement entre elles, les mots se combiner justement – les dires devraient pouvoir être compris de lui ! Pourtant c'est un galimatias crispant, des notions qui lui sont irrémédiablement étrangères.
Il se redresse soudainement, les yeux coléreux – pleins des courroux enfantins des intelligences qui se désolent de ne pas comprendre. Son visage, encore, a des aspects improbables, froissé de mille ridules mauvaises ; sa bouche a pris un pli dur, découvrant ses crocs inutiles.
▬ Je ne comprends pas ce que tu dis. Il y a trop d'inconnues dans cette équation ! Ressentir. Qu'est-ce que c'est ? C'est sentir de nouveau, c'est ça ? Je sens la douleur physique, ça voudrait dire que je vais la sentir encore ?
Sans la masculinité indéniable du corps et du timbre, on aurait pu le prendre pour un enfant, un nouveau-né débutant le grand périple initiatique qu'est la vie. Lazare comprend la froideur scientifique de l'équation et des inconnues – mais Lazare ne peut rien entendre au simple terme d'émotion.
▬ Joie. Peur. Je ne connais pas ces mots – je les ai déjà entendus mais ils ne signifient rien... Ils ne signifient rien pour moi, mais je vis tout de même – ils ne sont pas essentiels, donc. C'est logique.
Le blond polaire connaît aussi le syllogisme – et sincèrement il pense que celui qu'il vient de bâtir est cohérent.
Il faudra, mon cher, t'apprendre la nuance – syllogisme n'est pas sophisme.
Mais son intérêt est capté durablement lorsque la petite fait l'esquisse du nom séraphique – avortée, l'esquisse. Ah ! C'est affront de l'appeler Kitty, c'est la traîner dans la fange, c'est l'outrager ! Alors même que l'on peut l'orner de délicatesses infinies...
▬ Oh ! Lux. Lux oui. C'est un ange alors il ne faut pas l'appeler Kitty, d'accord ?
Là encore, des simplicités candides – ce garçon n'est que discordances, entre lubricités incessantes et innocence désarmante. C'est le petit être troublé par l'image harmonieuse qu'il s'est fabriquée – et qui ne veut voir qu'elle, par les autres même. C'est la tyrannie des sentiments captifs et que l'on ne sent pas encore en lui – et que lui, surtout ne sent pas.
Et puis, un instinct inconnu monte en ses veines, une autre colère. Ce sont des lianes incandescentes qui vient taillader ses chairs par l'intérieur, menotter son cœur, le comprimer en une étreinte perfide et nouvelle. Ses paupières font disparaître le bleu tourmenté de ses yeux, c'est un étrécissement terrifiant – c'est l'état de siège de cette peau opaline, c'est l'ennemi d'un autre univers, dont on ne connaît pas les armes. La petite fille à sa place aurait nommé jalousie – mais il n'est pas elle ; eh ! il ne sait pas même qui il est.
Alors Lazare se contente de serrer les poings, livides comme les draps – et le cœur poisseux de ce poison inédit qui le pénètre pernicieusement.
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Ann O'Neil
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Lun 25 Aoû - 17:58
Aucune sensation. De l'incompréhension. Voilà tout ce qu'Ann voyait dans les yeux de Lazare.
Equation. C'est donc tout ce que la vie représentait pour le grand Serdaigle. Ann ne comprenait que très peu de choses sur l'arithmancie. Depuis le temps, elle avait oublié ce que les termes équation et inconnues signifiaient. Au moins avait-il une sensibilité physique.

- Moi non plus je ne comprends pas ce que tu dis. Qu'est-ce qu'une équation ? Que sont des inconnues ? Ressentir, c'est éprouver une émotion. Mais ça n'a rien à voir avec les douleurs physiques.
Donc tu n'as jamais éprouvé d'émotions. Tu vis, certes. Mais ton âme est vide. Ta vie n'a pas de sens. Tu ne goûtes pas entièrement à la vie.


Ann se tut, laissant le temps à ses paroles de pénétrer le corps et la tête de Lazare. Plus ça allait et plus la peur la gagnait.
Soudain, il eût l'air en colère contre elle. Ne maîtrisant plus ses mouvements, ou très peu, elle s'effondra sur le lit voisin, terrorisée. La pointe de menace dans la voix de son interlocuteur la transperça comme une épée de glace qu'on lui aurait planté dans le ventre. Il se passa un bon moment avant qu'elle réussisse à balbutier.

- Oui d'accord... La... personne avec laquelle... tu m'as vue... c'est Lux.

Elle sentit le dilemme intérieur de Lazare. Comme si il ne savait plus bien où donner de la tête.
Les jointures de ses mains blanchirent alors qu'il garda les poings serrés et que son visage perdit toutes couleurs. Il avait l'air plus glacial que jamais. Plus malade que personne.
Ann baissa la tête et ferma les yeux. Elle voulut se faire oublier, un instant, craignant la fureur de Lazare.
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Serdaigle



Lazare E. Varrene
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Ven 26 Sep - 21:05
Spoiler:

La situation prend aux yeux du blond une tournure inattendue – cette fillette est amas terrible d'étrangetés émotionnelles, et rien de plus. Il y a la peur partout dans l'âme juvénile, les cheveux même semblent défaillir sous les soubresauts qui lui marquent la face et la blêmissent impitoyablement. C'est une saillie horrible, que le regard ne peut manquer – et c'est pour Lazare comme les exagérations didactiques d'un tuteur bienveillant, c'est le grotesque qui lui permet d'assimiler le concept nouveau, de le comprendre presque. Seule sa propension à rattacher toute sensation perceptible à la chair l'empêche, à vrai dire, de concevoir la pulsion profonde qui ronge l'amie de Lux.
L'amie de Lux.
L'amie de Lux car elle ne trouve son intérêt auprès de lui que par cette relation ; l'amie de Lux car elle ne peut être rien d'autre que ce que Lux lui apporte – rien que l'éclat que lui offre la déferlante lumière de ce cœur virginal.
Et elle recule toujours, l'amie, avec dans ses réponses, la confusion de tous ses membres frémissants, et l'incapacité à intégrer l'atrophie sentimentale et sociale de son vis-à-vis. Toujours elle lui parle de vérité, veut le confronter à ces concepts nébuleux d'émotions, de sentiments – les dissocier nettement de ses maux charnels ! Alors même que c'est là son seul acquis sur la nature humaine, elle veut l'en couper, gauche, inefficace et insupportable d'inexactitude !
Sa fureur s'en voit alimentée, grossie d'un flot nouveau – et d'origine connue. La petite met des élancements courroucés entre ses nerfs, entre les veines acheminant son sang excédé, elle fait bondir ses pupilles plus encore. Et, dans la découverte de cette colère nouvelle, pétulante alchimie de sa jalousie inconsciente et de l'agacement que la fillette fait naître en lui, Lazare se dresse, sifflant et maladif – physiquement inoffensif mais pourri d'intentions hideuses.
Je connais ces mots mais je ne les comprends pas ! Vas-tu enfin l'accepter et arrêter de me servir ce potage embrouillé de notions illusoires ? C'est frustrant. Et ça, c'est bel et bien physique, tu vois. Pour faire dramatique, imagine-toi que je jure d'une voix imposante, histoire de, comment dire... accentuer ta peur ?
C'est le gladiateur novice voulant décrire l'hydre qu'il n'a jamais affrontée, c'est le philosophe désirant expliciter une doctrine qu'il n'admet pas, c'est le buveur rétif qui s'essaie à la sobriété ! Lazare ignare se coule entre les hasards du cœur qu'il n'entend pas...
Soit. Maintenant, que viens-tu faire ici ? Me parler d'elle ? Je n'écouterai pas, j'aime mieux la connaître par mes yeux...
Il se renfonce contre la mollesse fade du matelas, les paupières clôturant fermement le flamboiement soudain de ses iris – à la vérité, le sujet de Lux est tout ce qui l'empêche de sommeiller véritablement. Ses sens le taquinent à cette pensée, l'enténébrant avec leurs signaux hurlants, le condamnant à écouter encore la naïve âme en édification.
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Poufsouffle
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Ann O'Neil
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Dim 5 Oct - 17:21
Ann ressentit la colère de Lazare mais n'essaya pas de se dresser contre. Oui, elle gisait, effondrée sur le lit voisin, la tête emplie d'images plus horrifiantes les unes que les autres.
Lorsqu'il s'éleva des draps putrides, elle le vit comme un serpent prêt à frapper sa proie inoffensive. La haine déferla sur la jeune fille, tel un raz-de-marée intensément puissant. Elle entendit les cris de Lazare, ils résonnèrent dans sa tête et dans son cœur comme autant de carillons des Enfers.
Il ne comprendras donc jamais ?
Enfin, il s'arrêta de hurler. Alors elle put répondre, les oreilles encore tintinnabulantes, les yeux mi-clos, respirant à peine.

- Je sais, Lazare, je sais. C'est pour ça qu'on ne se comprends pas. Mais j'arrête avec mes histoires. Ne te sens pas obligé de jurer, cela ne servirait à rien...

Sa voix était douce, comme un murmure, source d'apaisement pour l'être furieux face à elle. Elle se redressa, de façon à voir le visage du Serdaigle. Visiblement, il s'était calmé et sa mine affichait une expression boudeuse.

- Je ne te parlerais pas d'elle. Du moins pas maintenant. Je veux te parler de toi. Tu te sens incompris, n'est-ce pas ? Peut-être suis-je la seule à pouvoir t'aider en cette école...

C'était vrai. Ann avait ce don étrange de lire en les personnes comme dans des livres ouverts. Elle calma ses battements de cœur. Inspira profondément.
Il veut dormir. Tu n'en empêches. Tu sais qu'il sait et tu ne peux rien faire sans son accord.
Ses sens lui parlent comme à une enfant.
Il la veut. Il ne peut rien contre elle parce que, d'une certaine manière, il l'aime. Tu es la clef de ses sentiments, la clef de sa vie, la clef de son amour. Mais ça il ne le sait pas.
Quand donc ouvriras-tu les yeux, Lazare ?
Alors, souffle de printemps dans l'air automnal, surchauffé de l'infirmerie.

- Tu as besoin de moi, Lazare...
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Lazare E. Varrene
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Mer 18 Fév - 21:46
Voilà qu'elle prend de l'assurance, la fillette ! Voilà qu'elle croit pouvoir hausser sa triste taille d'enfant, prendre l'air défiant et déterminé comme on se vêt d'une écharpe quand l'air se fait inclément. Elle croit être à l'attaque, aiguiser ses mots pour qu'ils le percutent avec toute l'efficacité d'une éloquence maîtrisée ; elle croit dénuder ses crochets ! Pourtant toute cette confiance n'est guère que défense – cuirasse en édification, en somme. Il l'a vue reculer, l’œil hagard, coite comme le paralysé, le souffle perturbé – il l'a vue ! Elle a eu peur – peur de lui. Et elle se refuse à éprouver la terrible secousse de ce sentiment à nouveau. Lazare ne sait quel tsunami l'a remuée, quelle houle l'a secouée lorsque l'épouvante l'a saisie – mais il en a constaté les dommages.
▬ C'est vrai, tu as déjà bien assez peur. Et tu vois. Tu as été faible, je t'avais à ma merci – ton sentiment t'a rendue impuissante – j'aurais pu faire ce que je voulais de toi. Je n'ai aucun intérêt à te faire du mal, donc je me suis abstenu. Mais sache que tu es vulnérable, quand tu as peur. Quand tu éprouves ces sentiments dont vous faites tous l'éloge.
La morgue du regard de l'enfant s'émousse lorsqu'en lui il enfonce l'enclume ferrugineuse de ses certitudes – qu'il la marque au fer rouge de son insensibilité et de l'acrimonie qui en résulte. Elle est tout l'avachissement des apeurés qui s'abandonnent en eux-mêmes en attendant la fin de l'orage ; étalée sur le lit jouxtant le sien, immobile encore ! – et tremblante, toujours. Même le menton droit, même le dos rigide, elle exsude l'effroi.
Et pourtant ! Et pourtant elle a l'audace de se présenter devant lui, de prétendre qu'il a besoin d'elle, de sa ridicule insipidité gémissante – elle ose aborder avec lui le sujet brûlant de Lux et se poser en salvatrice, en messagère de l'espoir et de la rédemption. Elle ose s'offrir, se faire l'aide dont il aurait un prétendu besoin éperdu ? – Sait-elle donc qu'elle n'a rien à donner que la vacuité de ses intentions, bien trop pures pour s'inscrire dans une action autre que superficielle ? Sait-elle l'inutilité de sa venue, sait-elle au moins la profondeur des abîmes qui le constituent ? Elle ne sait même pas l'étendue de son ignorance…
▬ Je n'ai pas besoin d'être compris. Et sûrement pas par toi. Que connais-tu, toi, avec tes yeux larmoyants et tes supplications, que tu planques derrières tes affirmations tristement incorrectes ; que connais-tu, petite fille, de moi ? Des autres même ? Et de toi ? Tu sais, ton égarement crève les yeux – pour dire, même moi je le vois, alors que c'est la première fois que je pose le regard sur toi. C'est toi que tu dois réparer, pas moi. Je suppose que c'est plus facile de se pencher sur les autres et de tenter de voir des fissures, hm ? Alors qu'on porte en soi les pires des crevasses…
Cette tirade n'est nullement une colère – il n'en est pas capable, la fillette n'a pas su le pénétrer assez profondément pour lui en arracher une du fond des viscères ; c'est un mépris, dans toute sa hauteur, comme seul un atrophié sentimental à l'ego anesthésié peut en montrer. C'est le fuseau de son regard qui perce ses défenses vacillantes ; il sait, depuis le temps, que les hommes se plaisent à s'armer de mots, qu'ils sont des arsenaux les plus létaux. Il sait qu'on étripe avec eux, qu'on déchire les cœurs et assujettit les corps – il sait. Et il les lui a jetés à la face, à l'âme, ces mots, ces phrases tranchantes comme des glaives, ces traits sifflants comme des crotales, impitoyablement – difficile de manifester quelque pitié que ce soit quand la signification même de ce mot vous est inconnue.
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Poufsouffle
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Ann O'Neil
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Lun 23 Fév - 18:19
Elle avait tenté de l'apaiser, la petite fille. Mais elle ne comprit que trop tard l'étendue de son erreur. Comment pouvait-il être apaisé, le grand bleu ? Alors qu'il ne savait même pas ce que douceur voulait dire ?
Oui, elle avait peur. Peur de lui. Mais la peur, qui est le plus puissant des sentiments (hormis peut-être l'amour), la peur, ne peut-elle pas devenir une amie lorsque l'on a besoin d'elle.
Aide-toi. Maîtrise-toi. Si tu t'écoutes, tu parviendras à tout. La peur ne t'est pas étrangère. Tu sais comment la domestiquer, cet animal fougueux. Concentre-toi.
Ann se redresse sur le lit. Elle se force à se tenir droite et, avec un peu de self-control et une pensée pour Kitty...
Et Waël ?
Ce n'est pas le moment, tais-toi.

Elle plongea son regard vert aqueux dans celui de Lazare.

- Peur ? D'un malade atteint de varicelle du dragon ? Non, je ne crois pas.
N'invente rien, Lazare ! Tu ne m'avais pas à ta merci, tu es incapable de bouger de ton lit.


Elle se leva, et avec une souplesse presque féline, tel un rapace cherchant sa proie, elle commença à tourner autour du lit de celui dont elle savait que seuls les mouvements du corps lui étaient compréhensibles.

- L'impuissance due aux sentiments... Je connais cela. Pas toi. Sais-tu ce que cela permet, au moins, au lieu de critiquer ce dont tu ne comprends pas même l'essence ?

Elle se tut, ne sachant si elle risquait d'aller trop loin par les mots qui se pressaient contre ses lèvres. Mais, l'impatience de lui prouver qu'elle n'était pas qu'une fillette était plus forte. Que pouvait-il contre elle, dans cet étalage de faiblesse ? Ne venait-il pas de dire qu'il n'avait aucun intérêt à lui faire de mal ?

- Les sentiments, si encombrants soient-ils, permettent un équilibre entre le corps et eux-mêmes. Si j'ai été vulnérable à cause d'eux, ce n'est pas au point de m'effondrer sur un lit d'infirmerie.
Ne t'es-tu jamais demandé pourquoi ton corps était plus sensible que tous les corps de tous ceux que tu connais ?
Tu n'as pas d'équilibre, Lazare, parce que tu n'as rien de l'autre côté de la balance. Quand une chose t'atteint au corps, tu ne sais comment réagir, à cause de cette chose que tu n'as pas, et que tu ne comprends pas.


Elle se planta au pied du lit.
Elle sentit une sorte de colère qui n'en est pas vraiment une agiter son interlocuteur. Il la prend vraiment pour une fillette.
Faut-il que j'utilise maintenant mes pouvoirs ?
Oui...

Ann, pour la première fois depuis qu'elle s'était découvert ce don, utilisa sciemment et en parfaite connaissance de cause son pouvoir de legilimancie.
Je te prouverai ce que je suis, Lazare.

- Superficielle ? Parce que tu ne me laisses pas agir en profondeur.
Ma venue n'est pas si inutile que ça, puisque tu te poses des questions. Ce que j'ai dit a fait de l'effet, au moins sur une minuscule part de toi.
C'est vrai, je suis ignorante. Mais qui ne l'est pas ? J'essaie de remédier à cette ignorance mais tu m'en empêches sans cesse.


Répondre à haute voix aux interrogations mentales de Lazare lui avait redonné confiance en elle.
Elle le laissa parler, revenant dans sa propre tête. A l'écoute, car elle ne savait pas interrompre, elle attendit qu'il ait fini pour lui donner sa version de leur conversation.

- Ce n'est pas parce que tu ne l'éprouves pas que le besoin n'est pas là. Moi non plus je n'aurais jamais songé à faire ce que je fais mais il se trouve que notre amie commune a décidé de mettre sa confiance en moi et non en une autre personne. Je ne connais rien, ni de toi, ni des autres sauf de mes proches. En revanche, je pense en savoir plus sur moi que tu n'en sais sur toi, même s'il est toujours difficile d'être objectif avec soi-même. De plus, j'ai beau être égarée, je suis encore lucide. Et je sais que je serai plus efficace à te réparer toi que moi. Parce que je sais parfaitement ce qu'il faudrait pour m'apaiser, mais c'est impossible.
Toi, tu es dans le flou le plus total. Tu ne sais pas ce qu'il te faut, aussi sûrement que tu ne sais pas quand tu sortiras de ce lit. Tu as raison quand tu dis qu'il est plus facile de se pencher sur les fissures des autres, mais il faut avouer que chez toi les fissures ont plutôt la taille de gouffres....
Moi, oui, je porte les pires des crevasses. Mais tenter de me guérir serait signer mon arrêt de mort, car cela me porterait des coups plus forts que ceux que je porte déjà. Tu ne sais rien de mon histoire, Lazare, pas plus que je sais la tienne.
Cependant je veux t'aider. Je n'insisterai pas si tu refuses catégoriquement et de façon à ce qu'il me soit impossible de discuter. Je pense pourtant que tu finiras par comprendre que je suis ta seule porte de sortie. La seule qui, si il y en a d'autres, te conduira là où inconsciemment tu brûles d'aller. Vers la seule personne qui compte pour toi.

Cette fois, les mots de Lazare auraient pu la faire éclater en sanglots. Mais Ann a retrouvé la puissance de la haine. Elle a dompté sa peur, et cette fois, il ne pourra pas l'atteindre avec la seule méchanceté. Elle est vaccinée. Ce sera peut-être la seule fois où son passé pourra lui servir.
Malgré son aversion à se rappeler celui-ci, il semble que ce soit la meilleure solution pour faire face au grand bleu.
Tu me pousses loin, Lazare. Tu n'as même pas conscience que cette conversation me guérit autant que toi.
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Serdaigle



Lazare E. Varrene
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Jeu 27 Aoû - 3:09
C'est alors que surgit l'imprévu ; comme le nuage crachant férocement l'éclair, comme les crochets reptiliens  faisant jaillir le venin, il émerge en surface. L'imprévu, c'est la cassure dans la face de Lazare, la torsion de la physionomie ; c'est une ruine délabrée de rire qui s'évapore l'espace d'un terrible instant, fantôme ricanant. Et quelle hideur ! quelle hideur que ce cadavre d'humanité qui reparaît aléatoirement, tout loqueteux, mangé par la lèpre de l'insensibilité de Lazare, quel fléau ! Il n'est nullement l'oisillon pataud qui fait face à Lux dans sa sentimentale gaucherie et sa criante soif d'apprendre ; il est l'insanité même, la figure déjà malade et mangée par la fièvre, et il en a une conscience aiguë. Relevant la tête, l'oeil hagard, il la harangue :
▬ Tiens donc ! Je te pensais moins abêtie... cette lueur dans le regard m'aura dupé, ah ! tu pensais donc que j'envisageais de t'attaquer ? Sache que tu n'en vaux pas la peine, je me déshonorerais, agresser une enfant... C'est ton sentimentalisme de bas-étage qui te met à ma merci, petite idiote ; je ne suis pas comme toi, mais tu es si transparente ! Je sais la maladie qui te ronge...
A la vérité, une fois passé le relent de surprise qui a fendu sa chair de l'éclat de rire incongru, la lassitude a repris trône en son cœur et en son âme ; plus que jamais il désire le départ de la fillette au menton haut et aux mièvres idéaux. Que lui dire pour qu'elle s'en aille ? Lui faut-il se plaquer à la peau l'un de ces masques, celui de l'infini courroux peut-être ? de la ravageuse mélancolie ? Il ne le sait point ; un profond soupir couronne le lent cheminement de sa réflexion – son ignorance, il est vrai, finit toujours par le desservir.
▬ Le fait est que tu es trop engluée dans ce système de pensée. Je ne critique pas parce que je ne juge pas subjectivement ; je constate les dégâts de cette attitude, celle qui vous est inexorable, rien de plus. Pouvoir ressentir ne m'aiderait en rien et obscurcirait même mon jugement, j'en ai peur. Mais il est vrai qu'évoluer avec vous est difficile compte tenu de mon, hm... déficit particulier.
D'ailleurs, il ne comprend toujours pas ce qui motive son interlocutrice ; que ne part-elle, dans l'instant, occuper son temps libre avec ceux qui l'écoutent, qui du moins la comprennent et lui ressemblent, au lieu de rôder autour de lui, divergence rejetée, peut-être haïe ? Est-ce là quelque curiosité qualifiée par les autres de malsaine ? Quelque faveur qui lui a été gracieusement demandée, et dont elle vient se défaire en nouant avec lui ce dialogue orageux ?
Sa tête alors le rappelle à sa langueur ; le lance en des migraines acérées, qui soudain mugissent contre ses tempes ; il retombe mollement contre le matelas délavé.
▬ S'il te plaît, arrête ce stratagème de défense éculé qui consiste à te comparer à moi pour me prouver (et te prouver sans doute aussi) que tu as raison ; rien de plus impertinent ici puisque, comme tu l'auras sans doute remarqué, nous ne sommes pas exactement... similaires.
Le sarcasme vient pénétrer la lassitude; non seulement la conversation l'ennuie et le désoriente à mourir, mais il se trouve aussi qu'elle tourne en rond ; et ses journées, entre les tristes rondes de l'infirmière, les murs figés, et les sourires des autres pour les autres, sont déjà bien assez moroses. En finir, maintenant ; là est ce qui agite tout son corps. La fatigue alors s'ajoute aux manifestations de sa faiblesse physique ; c'est elle qui le terrasse et l'enjoint à faire quelques concessions, la voix pâteuse et rauque :
▬ Soit, je n'ai pas d 'équilibre parce que je n'ai pas de sentiments. Et ? Y peux-tu quelque chose ? Que comptes-tu faire à ce sujet ? Désolé, mais tu es loin d'être la première à t'y intéresser...
A de nombreuses reprises il a été l'étranger qui fascine puis repousse, entre troublant magnétisme et action répulsive ; toujours, les réactions des autres vis-à-vis de lui et de ses comportements lui ont été imprévisibles, quand bien même il étudie depuis des années objectivement et dans la plus totale des neutralités les modélisations du cœur et de l'âme humains. Tantôt ils sont les dupes de ses artifices grossiers, tantôt ils se pensent scientifiques ou détectives, à quêter en lui l'anomalie, l'origine et la raison de sa différence ; et tantôt, Lux apparaît – Lux, qui, pour lui, a été l'unique unique. Il ne supporte pas en entendre parler d'un ton si plat, si bas – déjà il songe à faire rejaillir sur elle toute la grande gloire qu'elle mérite...
▬ Et donc tu dis être l'amie de... de Lux... (dans la voix, toute la douceur dont il est capable – sa gorge est sèche mais l'inflexion est nettement perceptible) En quoi penses-tu m'aider ; qu'as-tu donc, gamine, de singulier ?
Son amitié pour l'ange solaire exceptée, elle se trouve être d'une affligeante banalité... Il n'a pas remarqué l'intrusion qu'elle a opérée en sa tête, qu'il aurait, autrement, vécue comme la pire des offenses – il est vrai qu'à ses yeux les souvenirs ne sont guère rien de plus qu'un utile registre, et ne sont, ni particulièrement par lui surveillés, ni protégés.
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Ann O'Neil
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Lun 29 Aoû - 19:08
Si les paroles d'Ann la soulagèrent au premier moment ; à l'heure où le visage de Lazare se change en celui du Diable même, elle se demande si elle n'a pas été trop loin en l'accusant de la sorte.
Pourtant, loin de la ruine physique qu'il offre à voir, ses paroles sont sensées et nullement provoquées par la fièvre ou quelque délire de la sorte.
Ann comprend qu'il ne lui sera pas facile de gagner cette manche. Mais elle ne renonce pas pour autant.

- Tu ne peux m'en vouloir d'avoir eu un instant peur. Car je le reconnais, à présent. Une attaque de ta part était une éventualité que je me suis empressée de parer. Je connais ta réputation et je t'avoue que je ne tiens pas à tomber aux mains d'un impudent libertin de ta sorte.

Cependant, l'idée que Lazare ne veuille pas s'en prendre à elle achève de la rassurer.

- Je préfère être sincère avec toi. Avec moi. Oui, je suis sentimentale. C'est une maladie si tu veux. Comme la faim. Comme TA faim. Ce que j'essaie de te faire comprendre, c'est que toi aussi, tu l'es. Mais tu te le caches à toi-même. Et je trouve cela bien dommage. En vérité, tu es plus transparent que tu ne le penses...

De nouveau, elle s'insinue dans les pensées du malade. Elle sent son vif désir... mais aussi cette ignorance cruciale qu'il ne pourra bientôt plus nier.
Au risque de le laisser entrevoir ce qu'elle est en train de faire, elle précise ses intentions.

- Pardon, Lazare. Mais je ne partirais pas. Pas sans un progès de ta part. Les masques sont inutiles avec moi.
Comment peux-tu juger sans ta subjectivité ? Comment peux-tu comprendre sans faire appel à ton propre vécu, à ta propre conscience ? Juger nécessite un point de vue, Lazare, une définition précise du Bien et du Mal. Or tu ne sais pas ce que c'est. Tu ne connais que le Plaisir et la Douleur.
Tu ne juges pas, en vérité. Tu admets toi-même que la cohabitation avec nous t'est de plus en plus difficile. Ne voudrais-tu pas lever ce voile d'ignorance qui t'empêche d'évoluer ?


Elle le laisse quelques secondes. Pour méditer ces paroles. Lazare est buté et elle n'aime pas se battre. Ann a un problème majeur, elle le sait : elle est incapable de faire la guerre et toujours, va chercher la paix. Même au prix de l'hypocrisie.
Or elle ne veut pas de cela avec Lazare. Elle veut l'aider, car à travers lui, elle voit Kitty... et on ne ment pas à une amie. Surtout pas à cette amie-là. Si sensible, si fragile.
Elle sait qu'il se demande pourquoi elle tourne en rond de la sorte, pourquoi elle reste prisonnière dans cette infirmerie que pourtant elle abhorre, pourquoi elle n'a pas la pitié de la laisser tranquille et convalescent !
Fatiguée elle aussi de lui résister sans cesse, elle ne répond pas à son insinuation. Elle se contente de hausser les épaules. Elle le laisse s'empêtrer dans sa faiblesse. Il s'affale sur le matelas. Avoue enfin.

- Là. Tu vois, ce n'était pas si difficile.
Tu as raison, je n'y peux rien. De la même manière que tu n'y peux rien non plus. Cependant je peux t'aider. Au moins essayer. Te montrer ce que c'est. T'apprendre à laisser parler ton cœur. Parce que, oui, Lazare, tu as un cœur. Ne t'en cache pas, sans lui tu ne l'aurais pas séduite, elle. Elle pour qui je suis là. Elle pour qui j'ai accepté de te parler, à toi qui me faisais si peur il y a une heure à peine. Elle, qui te tient lieu de faille dans ce bouclier que tu exposes aux autres sans relâche.
Je ne prétends pas te comprendre parfaitement. Et ce n'est pas pour mon orgueil personnel que je t'aiderais, mais pour le bonheur de Lux, comme tu l'appelles. Parce que c'est le rôle d'une amie. Et que je ne permettrais pas qu'elle souffre par ton ignorance.


Elle se tut. Le regard de Lazare avait changé. Pas sur elle. Il était simplement... absorbé dans un souvenir lointain.
Sa voix à elle n'est plus qu'un murmure.

- Je pourrais vous rapprocher. Vous aider à vous comprendre.
Comme toi, Lazare. Comme elle. Je suis différente.


S'il n'y avait pas eu Kitty, sans doute aurait-elle abandonné tout espoir depuis longtemps. Pas seulement à cause de l'obstination de son interlocuteur. Aussi parce qu'elle avait peur. Un sentiment étrange se formait en elle. Et, à ce moment, plus que la cruauté de l'aigle, elle redoutait ses propres larmes.
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