Il s'était dit, en préparant sa sacoche, que cette fois ci serait la bonne. Après tout, cela faisait plusieurs jours qu'il tournait dans la forêt à la recherche de traces d'un groupe de centaures. Il n'est pas aisé de les approcher, même si cela fait sept ans qu'Oliver hante la forêt interdite et qu'il a déjà à plusieurs reprises pu converser avec différents centaures. C'était avec beaucoup de précautions qu'il commençait, puis quand la confiance semblait s'installer, il pouvait démarrer des échanges plus intéressants. Parfois c'était de l'astrologie, parce que dès que la nuit tomberait sur eux, certaines constellations apparaîtraient, des étoiles s'éteindraient et d'autres apparaîtraient. Un autre jour, on lui racontait des légendes, ou les conflits actuels, les positions du clan par rapport à d'autres, ou à la sorcellerie en général. Et puis d'autres fois, il se faisait chasser comme un mal propre, parce que ce n'était pas le moment. En général, il ne cherchait pas à répliquer. Il dégageait même sans mot dire, parce que c'est ce que sa mère lui avait appris.

Il avait hésité à glisser un paquet de cigarette dans son sac. Parce que s'il fumait avant de rencontrer un centaure, il aurait peu de chance de rester longtemps, ou de rester tout court. Mais en même temps, cela faisait deux jours qu'il n'avait pas touché une cigarette, ce qui le rendait particulièrement imbuvable en fin de journée. Au final, il avait cédé, et glissé la boîte en carton si précieuse dans son sac, ainsi que l'espèce de boîte en fer hermétique qui lui servait de cendrier. Impensable pour lui de jeter un mégot en forêt. De jeter un mégot tout court.
Dès que le dilemme eut trouvé une solution, il avait passé la bandoulière de sa sacoche sur son épaule, et avait quitté discrètement le dortoir de Pouffsoufle. Il avait appris, au cours de ses années scolaires à Poudlard, quels étaient les lieux à éviter pour se rendre en forêt, et quels étaient les points de passages les plus sûrs, c'est à dire ceux où le gardien viendrait en dernier pointer le bout de son nez. Il avait pris l'habitude de passer par les serres, enfin de les longer puis traverser les potagers pour finir tout près de son but : la forêt interdite. Il prenait des précautions puisqu'évidemment, il s'était déjà fait attraper (et avait reçu une ou deux beuglantes de sa mère, moment terribles à vivre). C'était aujourd'hui important ! Il était quasiment sûr de croiser un groupe, pour son plus grand bonheur.
S'enfonçant dans les bois, il prenait gare à se repérer, même si certains arbres vivaient assez pour lui jouer des tours. Il savait pertinemment que s'il avait le moindre problème, il n'aurait pas le droit d'appeler au secours. Il devrait s'en sortir seul, parce qu'il prenait des risques seul. Aussi n'avait il jamais emmené qui que ce soit avec lui dans la forêt. Les ''et si ?'' tapaient trop fort dans son crâne, c'était impossible.
Et il avançait tout seul dans les bois. La plupart des alpinistes moldus meurent en montagne parce qu'ils ont voulu rester seuls. La règle ne devait pas être la même en forêt.

Arrivé dans la clairière où il avait le plus de chance de rencontrer des centaures, Oliver s'allouait une petite pause. Il lâchait son sac et extirpait d'un coup de baguette sa bouteille d'eau, avant de ranger profondément dans une poche de son manteau sa baguette. C'était très mal vu par les centaures, ils se sentaient menacés. Donc il évitait. Jamais il n'avait vu sa mère sortir sa baguette face à des centaures. Donc il ne le ferait pas non plus. Passif, il attendait. Il pouvait attendre des heures d'ailleurs, c'était presque une habitude maintenant.
Mais aujourd'hui, la nature avait été clémente avec lui. Il distinguait à une dizaine de mètres de lui la croupe d'un centaure, et on entendait nettement le bruit des sabots qui retournaient la terre. Il devait attendre quelqu'un lui aussi, à moins qu'il n'ait repéré Oliver et attende de voir quelles sont ses intentions. Et dans ce cas là, le rouquin savait ce qu'il fallait faire. Rester parfaitement immobile en attendant qu'il fasse le premier pas, ou en respectant les ordres qu'il pourrait lui lancer.

C'est alors qu'une voix forte s'éleva dans le dos du Pouffsoufle. Quelqu'un l'apostrophait. Une voix d'enfant certes, mais assez surprenante pour qu'il sursaute, et que le centaure s'en aille dans un froissement de feuilles et un crissement de sabots. C'était mauvais signe. Oliver fit volte face très rapidement, dégainant sa baguette et ramassant son sac. Il fallait vider les lieux au plus vite avant que le centaure ait l'idée de repasser en étant plus agressif. Le roux était fou de rage, mais il ne pouvait pas exploser tout de suite, trop dangereux. Il préféra plaquer sa main contre la bouche de la gamine aux cheveux verts (petite créature qu'il n'avait jamais croisé) en murmurant tout aussi vite.

T'es complètement folle ou quoi ?

Sans rien ajouter de plus, il lui attrapa le poignet et l'entraînait à sa suite en s'éloignant au maximum de la clairière, pour s'arrêter près d'un amas de pierres, en suivant le chemin qu'il avait emprunté à l'aller. Là il abandonna le bras de la petite demoiselle et inspirait longuement pour ne pas s'énerver.

Tu te rends compte qu'il y avait un centaure à une dizaine de mètres de nous, et qu'il aurait pu venir nous piétiner ? Et d'abord, qu'est ce qu'une gamine comme toi fous dans la forêt ? C'est pas le jardin d'enfant ici, merde !''

En fait, il ne s'était pas vraiment retenu. Et maintenant que tout était foutu, pour les prochains jours au moins, Oliver extirpa une cigarette de son emballage, et l'alluma rageusement. Tant pis s'il montrait le mauvais exemple, encore une règle dont il se foutait bien !

Il est en colère, contre cette espèce de gnome à tête de méduse, contre lui même, qui a été peut être trop lent, ou qui n'a pas assez bien réagit. Qui n'a pas fait attention à la présence de cette demoiselle là, si tant est qu'elle en soit une. Peut être même que c'est un lutin, ou une créature de la forêt, capable de tout pour anéantir les projets du rouquin. S'il devient excessivement parano, ce n'est pas une hypothèse à exclure. Il avait d'ailleurs pris soin d'essuyer sa main contre son pantalon après l'avoir plaquée contre la bouche du gnome, de peur que sa salive soit corrosive ou quelque chose dans le genre. Parce que s'il est expert en centaure, il s'y connaît approximativement mal quand aux autres créatures. Mais en même temps, cette petite chose pouvait aussi être une élève de Poudlard. Une petite sorcière en d'autre terme. Ou pire encore, un professeur ayant subit un sortilège rajeunissant, ou bien une chose dans le genre. En plus, il cumulait ! Présence dans la forêt interdite, sur un lieu de passage de centaures, et cigarettes. Heureusement qu'il prenait des précautions en règle générale, Pouffsoufle perdrait beaucoup de point à cause de lui.
Mais qu'importe, il se débrouillerait d'une quelconque façon pour les rattraper. Et pendant qu'il avait allumé sa cigarette (ou comment mettre fin de façon définitive à une quelconque rencontre avec un centaure), la petite créature humanoïde s'était manifestée. Peut être pour le remercier, après tout, vu sa taille, elle n'aurait pas fait long feu face à un centaure. Mais le fils de harpie resta en travers de sa gorge. Ainsi que tout ce qu'elle déblatérait. Lui qui voulait se calmer et ne pas la réduire en poussière laissait doucement tomber ses beaux principes. Arguant qu'elle était l'égale d'Oliver, il manquait de lui rire au nez. Comment pouvait elle imaginer qu'avec une telle inconscience, elle mérite un traitement d'égalité ? Et quand elle s'en retournait, droit vers un arbre magique, Oliver ne put réprimer un ricanement. Il était en colère, et elle s'en allait sans se rendre compte du danger de cette forêt interdite. Qu'est ce qu'elle y foutait d'ailleurs ?

À ta place, je n'irais pas dans cette direction, et je ne poserais surtout pas mon pied sur les racines de cet arbre. Mais ce n'est que mon humble avis, j'espère pour toi que les habitants de cette forêt ne te rebutent pas trop.

Mais parce qu'il n'était pas une brute dépourvue de pitié quelconque, il ne s'en retourna pas, s'appuyant sur l'une des roches couvertes de mousse, en observant la progression de la jeune sorcière, puisqu'elle n'était pas gnome ; mais il continuerait de la surnommer ainsi, elle l'avait bien mérité - maturité 0 -.
En fait, il avait très envie de la voir se faire attraper par l'arbre, observer sa réaction. Par précaution tout de même, il avait extirpé sa baguette de sa poche, fumant de son autre main, sensation un brin désagréable, mais il s'y accommodait.  

Continuant à fumer le peu qu'il restait de sa cigarette, Oliver observait de toute sa hauteur la gamine. Les enfants en général l'ennuyait, mais celle ci était plutôt amusante, avec ses insultes à la minute. Il aurait pu répliquer, mais bizarrement, c'était beaucoup plus drôle que de l'écouter se vider de sa petite colère capricieuse. Il aurait pu lui frotter le sommet du crâne, mais s'était ravisé. Pas assez méprisant pour ça, et puis elle lui aurait bouffé la main et le bras avec. Non, à la place, il la regardait se tourner face à l'arbre ensorcelé, ses petits poings blancs sur les hanches. Presque automatiquement, il écrasa son mégot dans la petite boîte en fer abîmée. Peut être qu'il pourrait encore une fois lui sauver la mise et l'attirer en arrière avant que l'arbre ne l'assomme d'un coup de branche, ou la projette dans les airs. Il espérait aussi secrètement que la gnome ne provoque pas l'arbre, qu'elle aurait un minimum de cervelle ou de savoir. RIEN. nada.

Oliver avait plaqué ses mains sur sa bouche pour ne pas crier, et c'est tout ce qu'il avait été capable de faire. Sa baguette était dans sa poche et ses jambes comme paralysée, parce que c'est assez incroyable, de voir un arbre réagir comme ça. Et encore plus sidérant de constater qu'un gamine de cette taille là restait un gnome sans cervelle.
Heureusement (?) pour elle, l'arbre avait juste enroulé sa cheville pour la pendre. Un peu comme un Levicorpus. Mais avec des branches, et un brin moins agréable. Alors il se mis à rire. C'était difficile d'y résister en même temps, la gamine qui se débattait à moitié était tout simplement magique en spectacle.

Nom d'un troll, c'est ridicule !

Il continuait à rire, le crétin, en s'approchant d'un peu plus près quand même parce qu'il savait à peu près comment faire redescendre la gamine, il suffisait qu'elle se calme.

Oh ça va toi en rajoute pas! Vas-y rigole un bon coup. Ha. Ha. Ha. SUPER DRÔLE MERCI BIEN

Et c'est ce qu'il faisait, rigoler. Il n'allait quand même pas faire autre chose alors que la situation n'était qu'une vaste farce. Toute sa colère d'avoir raté un centaure était retombée. Parce que cette gnome là était vachement amusante. Et pendant qu'elle se débattait de son mieux, Oliver soufflait sans faire attention à ses pieds, préférant regarder les différentes expressions qui s'enchaînaient à une vitesse incroyable sur le visage de la gamine. Si le rouquin était généralement sympathique ou prévoyant, il était particulièrement insouciant dans ce genre de situation, et souvent distrait. Assez pour buter du pied sur une racine du même arbre. Végétal qui manifesta sa colère en le soulevant dans les airs à son tour, ne manquant pas de lui faire pousser un cri de surprise. Sa baguette glissa de sa poche et chuta lamentablement au sol, en compagnie de son sac, qui vidait tout son contenu dans la mousse, c'est à dire livres, parchemins, plume, cendrier, cigarettes, gazette du sorcier et deux ou trois babioles perdues dans les méandre du sac.

Merlin, j'ai vraiment une vie de troll !

C'était assez désagréable comme sensation, mais il ne se débattait pas, de peur que l'étreinte de la branche se ressert. Ils avaient eu de la chance, ils auraient pu tomber sur un arbre un peu plus violent. Ce qui le chagrinait surtout, c'était l'état de ses parchemins, et de ses bouquins, dont il venait de détruire quelques pages et d'abîmer la couverture. Se tournant vers sa compagne d'infortune, il soufflait.

Arrêtes de t'agiter comme ça, tu vas l'agacer, et il risque de te fouler la cheville pour de bon !

Relâchant tout son corps, il laissa ses bras pendre dans le vide, et abandonnait son corps à la gravité. Il fermait les yeux, tentant de se détendre complètement. Il sentait une fine brise lui effleurer le visage, et doucement, il fredonnait quelque chose d'assez doux pour ''apaiser'' l'arbre, du moins, c'était une technique qu'il avait développé après s'être fait attraper plusieurs fois de la sorte. Il sentait aussi l'étreinte se relâcher, puis assez pour qu'il puisse enfin glisser, attiré par la gravité. C'était toujours impressionnant, de tomber de cette hauteur, et tout ce qu'il put faire était de se tourner légèrement pour atterrir sur les jambes et les fesses ; la mousse amortirais le choc, à la guerre comme à la guerre.

Aïe Aïe Aïe !

La chute avait été douloureuse, comme il s'y attendait. Heureusement, il ne s'était à première vue rien foulé. Se redressant en se massant les fesses -et en ayant au passage attrapé sa baguette- il se tourna vers la gamine.

Bon, tu veux de mes conseils ou tu es assez grande pour t'en sortir ?

La gamine avait bien rit, et il y avait de quoi. Mais elle l'avait bizarrement rapidement fermée quand lui avait réussi à descendre en très peu de temps. Ce qui n'était pas vraiment difficile avec ce type d'arbre. Ç'aurait été plus compliqué s'ils avaient été secoué dans tout les sens jusqu'à vomir l'intégralité de leurs tripes, et l'appareil digestif avec. Mais là, ils avaient juste été suspendu dans les airs, comme deux crétins. Et à une hauteur respectable, sinon il se serait débrouillé autrement pour descendre. Par contre pour la gamine, ce serait déjà plus douloureux, étant donné qu'elle n'était pas bien grande. Si tant est qu'elle arrive à se défaire de l'emprise de l'arbre, ce qui était tâche laborieuse, étant donnée son état d'agitation. Elle allait finir par se faire briser la cheville ! Et c'était loin d'être agréable, Oliver avait déjà testé en étant plus jeune qu'elle, et en gardait d'ailleurs un très mauvais souvenir. Heureusement que sa mère maîtrisait les sortilèges pour reformer les os. N'empêche qu'il avait bien douillé, et ne souhaitait pas une chose pareille à qui que ce soit, même à la gnome braillarde et remuante suspendue au dessus de sa tête.
Lui se remettait doucement en se massant les fesses, et pensait qu'il aurait du mal à dormir ce soir là, vu les bleus qui allaient apparaître sur son corps. Il glissa sa baguette dans sa poche, il n'en aurait pas réellement besoin pour aider la gamine, mais la gardait tout de même à portée de main, au cas où il devrait user d'une manière plus brutale pour faire descendre le gnome.

Pff et pourquoi tu m'aiderais. T'as rien à y gagner. Je suis sûre que tu vas me mentir exprès pour te moquer.

Son petit sourire en coin se figea un instant. Qu'avait les gens à penser qu'un acte était toujours intéressé ? Et une gamine comme ça en plus ! Haussant les épaules, il fit volte face pour s'accroupir près de son sac et rassembler tout ce qui s'était étalé par terre.

Mais euh. Dis toujours, j'essayerai peut-être.

Ce à quoi elle murmura un minuscule s'il te plaît. Décidément, ça devait lui écorcher la gorge un peu de politesse ! Mais il n'ajouta rien, et se redressa dans sa direction.

Je veux bien t'aider, mais on va mettre les choses au clair d'accord ?Déjà, tu m'appelles Oliver, et pas face de pitiponk and co. Ensuite, tu ne dis rien sur ce que je faisais dans la forêt ! Et puis tant qu'on y est, un ''merci tu es un type génial'' quand je t'aurais fait redescendre n'est pas de refus, et surtout, à haute voix !

Gentil ? Oui, Oliver n'était pas vraiment du genre à profiter de gens en ''détresse'', encore moins d'une gamine. Bien trop agitée, qui plus est. Passant sa main dans son cou pour masser sa nuque, il s'approchait pour se placer à peu près juste en dessous de la gnome. Comme ça, il pourrait la rattraper quand l'arbre la lâcherait enfin. Si tant est qu'elle l'écoute dans ses consignes.

Bon, tu n'as pas trop le choix de toute façon, donc je vais t'aider. Tu as vu comment j'ai fait ? Et bien tu vas faire pareil. Ranges ta baguette, tu vas la casser en la martyrisant comme ça, et puis détends toi. Arrêtes de bouger dans tout les sens, ne remue surtout pas ton pied, fermes les yeux et laisses toi tomber dans le vide. Un peu comme si tu étais morte, c'est à dire le but de cet arbre.

Mais jeune comme elle semblait l'être, elle ne devait pas vraiment savoir tout ça, et encore moins vouloir lui faire confiance au point de se laisser tomber dans le vide. Quoique, il ne fallait pas se fier aux apparences, le professeur Emerald fait gamin aussi, mais son savoir est redoutable. Mais vu le ton et le vocabulaire de la gnome, elle ne devait pas être un Emerald bis. Ç'aurait été inquiétant pour Poudlard.

Tu... Tu peux me faire confiance ! Je te rattrape dès qu'il te relâche, c'est promis ! Et si tu n'y arrives pas, je ferais autrement, mais il vaut mieux pour toi que tu essayes ma technique, d'accord ?

Il attendait donc, bras tendu sous la gamine, qu'elle suive ses consignes et soit relâchée par le végétal.

Je...Je vais faire comme tu as dis mais ne me rattrapes pas d'accord? Je ne veux surtout pas que tu me rattrapes! C'est pas grave si je tombe j'irais très bien alors n'essaie même pas! C'est compris?

Oliver se demanda un instant si la gamine n'était pas complètement frapadingue. En même temps, vu le comportement qu'elle arborait depuis qu'ils s'étaient rencontrés, le rouquin penchait de plus en plus pour cette hypothèse. Et puis il se trouvait bien bonne poire de continuer à l'aider. Mais en même temps, vu comme elle se débrouillait, c'est privée d'un pied qu'elle serait redescendue. Ou morte aussi, puisqu'il ne lui avait pas menti, c'tait le but de l'arbre. Tuer ceux qui avaient osé buter dans ses racines. Mais il était plus sadique que d'autres qui préfèrent lancer leurs prises à travers la forêt. Une chance ou une plaie, selon les proies.

Sa nuque commençait à chauffer, et l'arbre relâchait doucement la gnome. Complètement inconsciente de demander à Oliver de ne pas le rattraper. Il n'allait pas l'écouter, bien évidemment, ce n'est pas à une enfant ingrate de lui donner des ordres. Surtout quand elle risque de se fouler la cheville en atterrissant, vu l'état dans lequel l'arbre avait du la mettre. Enfin, elle glissait hors de la prise du végétal, et tombait. C'était un moment crucial, parce que si elle poussait le moindre cri, l'arbre la rattraperais et la garderais un peu plus longtemps. Ce qui aurait été problématique, parce que contrairement à ce qu'il avait annoncé à la gamine un peu avant, il n'avait pas vraiment d'autres solutions. S'il allumait un feu, l'arbre se vengerait en brisant complètement la cheville du gnome, et s'il allait chercher quelqu'un pour les aider, ils perdraient tout les deux des points pour leurs maisons, recevraient quelques sanctions particulièrement désagréables, et ses sorties à lui seraient compromises. Sinon, il ne prendrait pas autant de soin à préparer ses balades.

Mais heureusement, elle n'avait rien fait d'alertant pour l'arbre. Elle s'était simplement laissée tomber dans le vide, comme un cadavre. Oliver avait les bras tendus, et il réceptionna l'enfant, avant de s'éloigner, dans son élan, du végétal dangereux. Là, il la relâchait un peu brusquement, et souffla.

Tu es bien lourde pour une gnome ! Enfin. Tu n'as pas trop mal à la cheville ?

Prévenant ? Oui, mais pas dans le sens que l'enfant aurait pu comprendre. Si elle se pointait à l'infirmerie blessée, les marques laissées par l'arbre la trahirait immédiatement. Et il suffisait qu'elle raconte que lui y était aussi, et qu'elle l'avait suivit en pensant qu'elle en avait le droit pour qu'il ait des soucis. Paranoïaque ? Complètement.
Sa question était purement décorative, puisqu'il s'était assis pour attraper la jambe de la gnome. Un peu brusquement là aussi, mais il n'avait pas le temps pour prendre des pincettes. Il y avait déjà des bleus à certains endroits, et histoire d'être sûr, il faisait tourner tout doucement le pied.

Dis moi ''Aïe'' quand ça fait mal.

Il ne savait pas vraiment ce qu'il faisait. Il recopiait juste les gestes de sa mère, quand quelqu'un se faisait mal à la cheville. Ce qui n'arrivait pas souvent, donc il avait certainement l'air particulièrement ridicule à triturer le pied de la naine.

Je me suis mise toute seule dans cette situation. Tu avais pas d'obligation de m'aider. Tu en as toujours pas.

Têtue cette gamine à la fin ! Oliver se demandait si un merci lui brûlerait les lèvres. Il devait y avoir un truc dans le genre. Ses yeux fixés sur la petite cheville qui ne semblait pas plus gonflée que ça - si ce n'est par un certain ego -, il s'arrêtait un instant de la triturer, en la relâchant doucement.

Mais si voyons, je n'aurais pas du m'emporter, tout ça tout ça...

Un peu ailleurs, comme à son habitude, Oliver marmonne quelque chose qu'il oubliera certainement plus tard. La gamine lui demandait de le lâcher, ce qu'il faisait. Elle ne semblait pas blessée, et c'était une bonne nouvelle; pas de passage à l'infirmerie, donc tranquillité. À moins qu'elle n'aille le dénoncer, mais là encore, il lui faisait confiance. Même si la gnome lui faisait la morale, debout, en époussetant ses vêtements. Haute comme trois pommes, Oliver agenouillait était à peu près à sa hauteur. Mais avec ses petits yeux perçants et son air de mademoiselle je sais tout, c'était vraiment trop marrant, et Oliver réprimait un fou rire. Qui l'eut cru, que cette gnome si prétentieuse était suspendue dans les airs cinq minutes plus tôt, et dans une position vraiment pas prestigieuse.

t'esuntypegénial

Même si c'était complètement marmonné et arraché, les derniers mots d'Alexus surprenaient Oliver, qui sursauta. Et puis sous une impulsion, la prenait dans ses bras, la petite Alexus, aussi haute que lui agenouillé. Elle semblait très frêle, la gamine dans ses bras. Puis il la relâchait.

Désolé, mais t'étais trop mignonne, je pouvais pas faire autrement.

À son tour, il se redressait, tapotant vaguement sur ses genoux pour enlever la terre qui s'était accrochée à son pantalon. Machinalement, il vérifiait que sa baguette soit toujours rangée précieusement dans la poche de son manteau, et il soulevait son sac. Passant la bandoulière sur son épaule, il soupirait, et jetait un coup d'oeil à sa montre.

Tu viens ? Il va falloir rentrer avant de se faire choper dans la forêt.

Oliver se marrait définitivement bien avec la gamine. Rien que son mouvement de repli dès qu'il l'avait lâchée, c'était drôle. Beaucoup trop drôle. Et du mieux qu'il pouvait, le rouquin s'empêchait de rire. Mordant l'intérieur de ses lèvres, il reprenait un peu son sérieux, même si les mimiques et mouvements de la gnome étaient tous plus comiques les un que les autres.

Hein? On part déjà?

Oliver haussait un sourcil, un peu surpris que la naine conteste ses directives après leurs retentissantes péripéties. En fait, elle n'aurait pas trop le choix, si elle refusait. Le rouquin était solitaire mais pas idiot, il ne l'abandonnerait pas dans la forêt. Donc il l'embarquerait de force, quitte à se faire massacrer l'intégralité du corps en la transportant.

Bah ouais, mieux vaut ne pas disparaître trop longtemps des couloirs de Poudlard, particulièrement quand on est une petite première année. Sinon on te cherche, et t'es souvent incapable de bien justifier tes absences.

Il était redevenu calme, et parlait avec nonchalance, tandis qu'il extirpait une cigarette de son sac et l'allumait rapidement. Aujourd'hui jour de fête, deux cigarettes. Là au moins, il était sûr qu'aucun centaure ne viendrait le voir. Il expirait, désespéré de ne pas avoir croisé un clan depuis quelques temps déjà. Il réfléchissait à présent, observant les volutes de fumée s'échappant d'entre ses lèvres et de son nez. Elles oscillaient dans l'air puis se dispersaient jusqu'à n'être plus visible. Lui n'y pensait pas, il essayait de se rappeler de la dernière fois qu'il avait eut une conversation avec un centaure. C'était de nuit, lorsque certaines constellations importantes étaient visibles depuis la Terre. C'est dans ces moments là que les centaures sont plus ouverts à une conversation avec un sorcier. À moins que ce ne soit de jour, quand assis sur une souche pour se reposer, plusieurs créatures l'avaient rejoint de leur gré. Non, c'était de nuit. Il ne savait plus. Oliver tête en l'air confondait les jours. Et les nuits.
La gamine l'extirpait de ses pensées un peu soudainement. D'ailleurs, quel était le nom de la gamine. Lui avait elle dit ? Il pouvait l'avoir oublié, assez probable en fait.

Hum, j'étais venu observer la forêt et ses habitants, mais tu as un peu tout gâché. Du coup j'en ai profité pour fumer, puisque de toute façon, c'est mort pour aujourd'hui. Il pausait, observait sa cigarette, puis la gamine et reprenait. D'ailleurs, c'est quoi ton nom ?

Il devait avoir l'air troll un peu. Boarf, il avait l'habitude. Et puis il sentait une goutte d'eau sur son nez. ses doigts, ses cheveux, sa nuque. Presqu'instinctivement, il protégeait sa cigarette et se dépêchait de l'achever, avant de l'écraser dans la petite boîte en fer blanc qui lui servait de cendrier.

En effet. Raison de plus pour se dépêcher de rentrer, on profitera du flot d'élèves qui viennent se mettre à l'abri et circulent dans les couloirs, ce sera plus simple pour ne pas se faire remarquer.

Sans qu'elle n'ait vraiment le choix, Oliver tournait sur lui même en observant un peu autour d'eux, et repartait sur ses chemins habituels.

Et marche bien derrière moi, histoire qu'un arbre ne t'attrapes pas encore.