[chouquette] I will run away, run way - fini

Date d'inscription : 03/05/2014

Louis n'était jamais allé au théâtre. Jamais jamais, de toute sa courte vie. Il n'y avait pas de théâtre là où il vivait, et ses parents travaillaient trop pour conduire sur une longue distance et emmener leurs enfants voir une pièce. D'ailleurs, Louis n'en avait jamais vraiment fait la demande. Pour lui, les gens qui allaient au théâtre était nobles avec des queues-de-pie comme au siècle dernier. Ou avant-dernier. Il ne savait pas exactement, puisqu'on ne lui avait jamais laissé la possibilité de suivre des études normales, et que deux mois de vacances, ce n'était pas assez pour rattraper un an de programmes scolaires.
Mais, du coup, ouais, ça aurait été vachement mentir que de dire qu'il n'était pas un peu excité.

Assis dans un joli siège de spectacle qui ressemblait un peu à ceux des cinémas, à l'écart des autres élèves, il attendait impatiemment le début de la représentation. Bon, le titre ne l'inspirait pas des masses par contre. Sérieusement, il n'y avait que les sorciers et leur stupidité pour vouloir séduire une fichue vélane quand tu as tout plein de moldues carrément plus saines d'esprit de l'autre côté du Chaudron Baveur.
Et puis à tous les coups, ça allait avoir des goûts de Roméo et Juliette. Comme ses parents avaient le DVD, Louis avait eut l’occasion de voir la comédie musicale depuis son salon un après-midi de grand ennui, mais il avait trouvé ça assez chiant. Enfin ici c'était du théâtre, c'était pas censé chanter. Il espérait. Sinon l'autre attardé de sa maison allait commencer à faire des vocalise et sa copine la cracmol allait l'étouffer avec son écharpe, ou un délire du genre. Sérieusement, tout comme il n'avait pas compris Andy, il ne comprenait pas Chelsey. Ou quelque soit son nom. Quand tu as la chance de ne pas avoir un brin de magie dans les gènes, tu restes chez toi. C'était logique.

A attendre sans personne de décent pour lui tenir la conversation, Louis se renfrognait doucement, commençant à imaginer les mille et uns défauts qu'allaient avoir cette pièce, mais il tirait sans doute la tête davantage parce qu'il voulait cacher son impatience que parce qu'il craignait vraiment un échec artistique. De toute façon, il n'y connaissait rien en art. Mais du coup, il s'affala à moitié sur le fauteuil voisin, le bras accoudé, et dans le geste, cogna une tête.
Grognant pour retenir un petit "aïe" qui menaçait de s'échapper de sa gorge, il fronça les sourcils - davantage que d'habitude - et jeta un regard noir à la personne qui était venue l'enquiquiner.
Et forcément. Forcément.

- Mais tu me lâches jamais, c'est quoi ton problème bon sang ?

Son père était quelques rangées plus bas, juste devant la scène, il n'y avait pas moyen qu'elle descente le rejoindre et dorme sur ses genoux comme toutes les morveuses, sérieusement ? Pourquoi Galatea se donnait autant de mal à le coller quand il se donnait lui-même autant de mal à s'éloigner de tout cet insupportable beau monde ? On ne pouvait même pas lui reprocher de volontairement chercher les ennuis, c'étaient eux qui venaient le trouver.
Mais alors hors de question qu'elle lui gâche le spectacle. Pour une fois qu'il se passait un truc pas totalement à vomir dans cette école, il ne comptait pas voir tourner ça en énième cauchemar.

- Sois gentille et va t'asseoir sur les genoux de ton papa ok ?

Il agita ses mains de sorte à exprimer un clair "houste, du balais microbe", au cas où elle ne serait pas assez douée en anglais pour comprendre ce qu'il venait de lui dire.

Date d'inscription : 18/01/2016

Galatea était surexcitée à l'idée d'aller au théâtre, les sorties à Londres restaient quand même assez rares à Poudlard, d'autant plus qu'elle n'avait toujours pas l'autorisation de sortir au Pré-au-Lard, alors il fallait en profiter. D'autant plus que bon, elle faisait partie du club de théâtre, ça ne l'afficherait pas très bien si elle ne venait pas. Elle ne s'était pas inscrite dedans pour avoir l'air d'un guignol avec une perruque et parle comme une précieuse, mais parce que Viridus était le président du club, et parce qu'on ne sait jamais. Un bon jeu d'acteur peut mener à tout, que ça soit manipuler, mentir, séduire, corrompre et tout le tintouin.

Elle avait tout de même essayer de négocier avec son père pour ramener aussi Myrddin et Perceval, mais il avait refusé parce qu'ils avaient cours. La belle affaire ! Ils sont en primaires, les cours ne vont pas leur servir à grand chose avant Poudlard de toute manière ! Enfin, c'est ce qu'elle avait dit et bien sûr son père balaya son argument à coup de "tu ne voudrais pas que tes frères se fassent mal voir parce qu'ils sèchent les cours n'est-ce pas ?" ou quelque chose du genre.

La Serpentard n'avait jamais entendu parler de cette pièce, la Conquête d'une Vélane. Elle avait vaguement lu le résumé, ça parlait d'un péquenaud amoureux d'une vélane et qui fait tout pour la séduire. Pourquoi pas, après tout, peut-être que ses techniques d'approches peuvent l'inspirer ? Ou autre contraire, lui montrer ce qu'il ne fallait surtout pas faire ? Dans tous les cas, ce serait probablement éducatif. Enfin, il fallait l'espérer.

Galatea ne fit pas attention à côté de qui elle allait s'asseoir. Elle voulait juste être ni trop près, ni trop loin du premier rang, et elle fut distraite en voyant au loin la silhouette trèèès grande du seul, de l'unique Prince Solus. Elle ne s'attendait pas à le voir ici mais quelle chance ! Peut-être qu'elle pourrait aller lui parler un peu plus tard ? Elle s'assit là où elle pourrait l'observer discrètement de tout son saoul, savoir avec qui il était accompagné et ce qu'il penserait de la pièce, et tout ça sans- « Aïe ! »

La jeune fille se frotta à la tête et déchanta rapidement en reconnaissant Louis. Mais c'est pas vrai, pourquoi d'entre toutes les places de ce théâtre, il a fallut qu'il se mettre ici ?!

« Mon problème c'est que tu viens de me frapper ! Ça va pas ou quoi ?! »

Elle voulu se lever pour changer de place mais une grosse dame imposante dont les lèvres ressemblaient à de grosses limaces rose fushia s'assit à côté d'elle, et même assise elle lui bloquait le passage. Même sous trois tonne de fard à paupière bleu lavande et du contouring digne d'un clown, Galatea devina aisément qu'il ne fallait pas contrarier la dame, ou elle risquait de la manger toute crue. Qu'à cela ne tienne, si en plus Louis lui demandait de dégager, par pur esprit de contradiction, elle allait rester. Oui, juste ça, pas du tout à cause de la grosse dame.

« Pas avant que tu m'aies présenté des excuses. »

Une dame passait dans les rangs avec un chariot en distribuant des pâtisseries, elle arriverait bientôt à leur rang, et la seule chose à laquelle Galatea pensait, c'était que le chariot se ferait probablement avaler par sa voisine.

Date d'inscription : 03/05/2014

Louis leva des sourcils hauts comme le professeur de botanique : sérieusement, depuis quand les gens peints dans les tableaux pouvaient en sortir pour aller au théâtre ? Qu'est-ce que la femme de devant la salle commune de Gryffondor faisait ici au juste ? Galatea l'avait ensorcelé pour qu'elle l'accompagne et ne se sente pas seule ? Elle essayait de brancher son père avec ? Non mais vraiment, elle était obligée de bloquer le chemin comme ça et de condamner Galatea à l'enquiquiner toute la soirée ?
La surprise passée, Louis fronça les sourcils à nouveau. Inutile d'avoir l'air trop gentil parce qu'il n'était pas renfrogné, il n'était pas gentil. Pas avec elle en tous cas. Trop barbante.
Louis pointa la femme du regard, et grinça des dents plus qu'il ne parla, pour ne pas trop attirer l'attention de la dame en question.

- Je savais pas que ton père s'était remarié.

Maintenant, il espérait que Galatea ne serait pas assez civilisée pour se retenir de hurler quelque chose. Comme ça, avec de la chance, on allait la virer du théâtre, ou son père, après mille courbettes, jurerait de la tenir en laisse pour toute la durée du spectacle. A moins que la femme à côté d'elle ne lui écrase le nez contre le dossier du siège de devant. C'était pas mal non plus.

Enfin, en attendant, il n'avait pas du tout envie qu'on le désigne comme cause de la tempête qui allait se lever ; ce n'était pas une pièce de théâtre ça, d'ailleurs, la Tempête ? Du coup, voyant le chariot à pâtisserie s'approcher, Louis jugea merveilleuse l'occasion de s'éclipser et de laisser Galatea aux mains de sa geôlière.
Il remonta l'aller par l'autre extrémité, et apostropha la vendeuse. Avec de maigres mornilles, il acheta ce qui ressemblait le plus à un petit croissant aux amendes, et le mangea debout dans l'aller, rapidement, jetant des coups d'oeil à Galatea, histoire de voir si sa voisine l'avait aplatie comme une mouche ou pas. Ou pas.
.... d'ailleurs, d'où quelqu'un oserait applatir Galatea comme une mouche ? En fait, d'où quelqu'un osait réprimander Galatea de la sore ? Ni une ni deux, Louis finit d'avaler son croissant, se frotta les mains pour en décoller les dernières miettes, et fonça vers sa pauvre cadette. Enfin pas trop vite quand même, inutile de tomber et de dégringoler les étages. Arrivée à ses côtés, il lui saisit le poignet, et fronça les sourcils à l'adresse de l'impétueuse femme.

- C'est mon amie je m'en occupe, arrêtez de crier comme ça.

Et il traîna Galatea derrière lui. Il ne savait pas trop où mais il la traînait, les joues de plus en plus rouges ; du rouge des cheveux de sa cadette. Il aurait préféré lui tenir la main mais il ne savait pas, il n'osait pas, c'était si étrange ? La toucher était presque douloureux ; pas au sens où elle était porteuse d'une maladie contagieuse comme celle de la stupidité congénitale mais plutôt... plutôt parce que son coeur s'emballait ?

Arrivés dans un escalier désert, Louis relâcha enfin Galatea, mais lui tourna le dos un moment, le souffle court. Il ne trouvait pas les mots. Il essayait de formuler l'idée dans sa tête mais tout était flou et vague, et il s'insultait mentalement, et il insultait le monde entier, parce qu'il ne savait faire que ça Louis, insulter. Elle aussi il voulait l'insulter. Pourquoi t'existe, pourquoi tu me fais ça, qu'est-ce qui tourne pas rond avec toi pour que ça me mette autant hors de mes moyens ?

Parce qu'il n'avait aucun mot pour décrire tout ça, si ce n'était des mots méchants, Louis demeura silencieux, mais bouillonnant de l'intérieur. Et il se retourna, et embrassa Galatea.
Enfin, au coin de la bouche, parce qu'il n'avait jamais embrassé de fille et que c'était un peu trop spontané pour faire ça correctement.

Date d'inscription : 18/01/2016

Galatea essaya de voir le côté positif des choses. Par exemple, le Prince Solus n'était que quelques rangées plus loin. Et puis... Il y avait aussi Viridus et son père, encore un peu plus loin. Et... la pièce avait l'air intéressant ? Et c'est tout. Elle était juste très mal placée, entre le prépubère en train de muer et la jumelle de la grosse dame. C'est qu'elle allait se sentir à l'étroit parce que l'un empiétait sur son accoudoir, et l'autre débordait légèrement sur son siège. Si seulement elle pouvait changer de place...

Elle ne pu s'empêcher de hoqueter d'un air indigné quand il insinua que le Picasso à côté d'elle pouvait être la nouvelle femme de son père, et elle la pointa du doigt.

« Ce gros phoque ?! Ca va pas ou quoi ! Mon père a du goût et un minimum de self-estime ! En plus il a pas de raison de se remarier, il est très content en papa célibataire ! Le genre de bonheur que tu pourras jamais comprendre puisque toi ta famille fait EXPRÈS de t'envoyer à Poudlard parce qu'elle peut pas t'encadrer ! »

« NON MAIS DIS DONC MADEMOISELLE ! En voilà des manières et un bien vilain langage ! Vous n'avez pas honte de dire des choses pareil à votre petite camarade ?! Vous feriez bien de vous excuser ! Je n'ai jamais vu une enfant aussi malpolie ! Vos parents devraient avoir honte de vous plutôt ! »

Galatea tenta de parler mais la dame parlait si fort qu'elle attirait l'attention sur eux. Elle voulu fusiller Louis du regard, mais il était déjà parti. Tout ça c'était sa faute ! Et la vieille harpie obèse au dixième degrés qui continuait de la harponner...

« Les jeunes de nos jours ! Aucun respect ! Et puis qu'est-ce que c'est que cette horrible couleur de cheveux ?! On dirait du sang ! Ça vous plaît d'avoir des cheveux couleur sang, petite effrontée ? Quelle enfant glauque ! Où est ta mère, que je lui dise deux mots ! »

« Elle est morte. »

Bon, ce n'était pas vrai, mais au moins ça a eu le mérite de lui faire fermer les grosses limaces qui servaient de lèvres à cette enquiquineuse, et de manière plutôt efficace.
Et alors qu'elle comptait déballer son propre sac, Galatea se fit légèrement tirer en arrière par quelqu'un. Elle fronça des sourcils en reconnaissant Louis.

« De quoi ? Déjà d'où tu t'occupes de moi, je m'en sortais très bien toute seule et ensuite-HEY ! »

Qu'est-ce qui lui prenait là ? Pourquoi il l'entraînait ailleurs ? Bon d'un autre côté c'est pas plus mal, ça lui permettait de se déplacer et de peut-être pouvoir changer de siège. Ceci dit ça n'éclairait pas du tout sa lanterne.

« J'en étais où. Ah oui. D'où je suis ton amie maintenant ?! C'est pas censé être RÉCIPROQUE l'amitié ? Et où est-ce que tu m'emmènes comme ça ? »

Elle avait beau brailler, il s'entêtait à juste marcher et marcher sans même l'écouter. Elle fini par se taire et lorsqu'il s'arrêta enfin — au beau milieu d'un escalier désert, vraiment, on aurait dit qu'il voulait la tuer, mais qu'il essaye un peu — elle croisa les bras et tapota du pied d'un air bougon.

Alors qu'elle avait commencé à ouvrir la bouche pour parler, sa voix resta bloquée dans sa gorge quand il se pencha vers elle et-
Il y eut comme un vide total dans son esprit avant que son cerveau ne comprenne enfin ce qui se passe. Elle sentit littéralement tous les poils de son corps se hérisser et elle fit un bon en arrière — périlleux vu qu'ils étaient dans les escaliers, ce qui la fit d'ailleurs tomber par terre. De pas très haut, juste trois marches, et elle atterrit sur ses fesses sur le sol molletonné par un tapis rouge. Ça lui fit tout de même mal, mais il y avait plus urgent.

« Mais ça va pas ou quoi ?! Qu'est-ce qui te prends ?! C'est les hormones, t'es en train de devenir un vrai obsédé ?! »

Il ne l'avait pas vraiment embrassé, et heureusement d'ailleurs, mais presque ! Et elle tira sur sa manche pour s'essuyer la bouche rapidement comme si elle avait été en contact avec quelque chose pleins de microbes.

Date d'inscription : 03/05/2014

Il était vexé qu'elle s'essuie la bouche à s'en saigner les lèvres, vexé qu'elle ait reculé de la sorte, et un flot d'injure inondait ses pensées. Il n'était pas le garçon le plus aimable de Poudlard, c'est vrai, parce qu'il avait du mal avec tous ces gens, ces inconscients, mais le toucher était si terrible ? Que quelqu'un comme lui aime quelqu'un comme elle était si terrible ? Est-ce que c'était sa faute si elle était.... différente ? Si il appréciait qu'elle s'intéresse à lui, qu'elle brise sa solitude et le rende un peu plus vivant ? Il n'y pouvait rien. Il n'y pouvait rien si l'attention qu'elle lui portait avait ébréché sa carapace. Même si ce n'était que pour l'embêter, même si ce n'était que pour se divertir, le geste était là.

Rouge colère, rouge honte, et la cravate verte un peu trop serrée autour du cou, Louis s'assit dans les escaliers et apposa sa tête aux barreaux de la rambarde ouvragée. Il était en surchauffe. Les mots ne se mettaient toujours pas dans le bon ordre dans sa tête, et on ne construit pas de phrases sans structure ; mais la tâche était d'autant plus ardue qu'il fallait trier ces mots, et qu'il n'y arrivait pas, et qu'il frôlait l'overdose.
Qu'il était en overdose.

- Vas-y dis-le si je te dégoûte tant que ça, t'en fais pas moi aussi ça me retourne d'être am... am... amoureux, ouais, amoureux d'une peste comme toi.

L'ordre du jour, pourtant, c'était d'être gentil. Il avait essayé, vraiment, de contrôler tout ça et de lui dire simplement et en toute sincérité ce qu'il avait sur le coeur. Il aurait juste voulu la remercier d'être là, d'exister, de lui tenir compagnie. Il aurait aimé aussi s'excuser de ne pas toujours avoir été aimable avec elle mais voilà, c'est compliqué, les sentiments c'est toujours compliqué, et ça l'est d'autant plus quand on a quatorze ans, quand on se sent seul au monde et quand ce monde s'est effondré, et quand les nouvelles bases qu'on avait posé s'étaient retrouvées ensevelies et qu'il avait fallu tout recommencer à zéro.
Mais tout cela, Louis ne savait pas l'exprimer. Louis n'était qu'un mioche.

- Si t'étais pas toujours en train de traîner dans mes pattes ce serait jamais arrivé. Si tu t'étais pas intéressée à moi, si t'avais pas été aussi collante et chiante.

Pas moyen. Pas moyen ça ne voulait pas. La gentillesse ne voulait pas. Louis serra un barreau de rambarde entre ses doigts et fronça les sourcils, grognon, grognon comme jamais, et les lèvres un peu tremblantes, les oreilles un peu trop roses. Il était à fleur de peau, comme toujours, mais comme jamais, parce que c'était moins, cent fois moins de la colère envers le monde qui le mettait dans cet état, que l'appréhension d'un sentiment qui le dépassait complètement.

- .... mais quand je te disais l'autre jour qu'on allait finir par croire que toi, tu m'aimes, c'est parce que je voulais secrètement que ça arrive et ça me saoule. Autant que toi tu me saoules.

Est-ce que ça faisait ça à tout le monde ? Est-ce que tous les gens amoureux souffraient autant de ne pas connaître la réciprocité, de savoir qu'ils plantaient leur amour dans une terre stérile ?

Date d'inscription : 18/01/2016

Si Galatea n'avait pas de bonnes manières, elle cracherait pas terre juste au cas où il aurait réussie à lui refiler l'héptatite C ou autre maladie transmissible par la salive. Mais il lui arrivait quoi à la fin ?! D'accord elle était méchante avec lui mais franchement, il le cherchait, mais c'était pas une raison pour lui avoir presque volé son premier baiser ! Elle avait entendu des histoires bizarres à propos de la puberté, des hormones et comment le cerveau des garçons devenaient de plus en plus bizarres, mais pas à ce point !

« UN PEU QUE JE VAIS TE LE DIRE QUE ÇA ME- attend quoi ?»

C'est qu'elle avait tellement l'habitude de l'entendre sortir des méchancetés et des crasses qu'elle ne comprit pas tout de suite qu'il y avait quelque chose d'affectueux — enfin, à priori, ça faisait toujours bug son cerveau en réalité — qui s'était glissé entre deux insultes. Au moins, ça a eu le mérite de la laisser bouche bée.

Hein ????? fut la seule chose de cohérente dans son cerveau jusqu'à ce que Louis ait fini de terminer. Mais ça n'avait rien à voir ! Qui était assez tordu pour faire chier quelqu'un pour le faire tomber amoureux ? C'était nul comme technique ! Et puis comment, comment il a pu interpréter toutes ces fois où elle l'avait bousculé dans les escaliers, insultés, enquiquiner et tout le reste pour de... de l'attention ? Ça n'avait absolument aucun rapport ! C'était juste... juste... pour s'amuser ?

Elle leva la main comme pour lui dire d'arrêter de parler — c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase.

« Okay, pouce, temps mort. C'est pas possible, ça n'a aucun sens ! Tu peux pas m'aimer ! C'est comme... Je sais pas ! L'huile et l'eau ! Ça se mélange pas ! Tu peux pas me blairer, je peux pas te blairer, et c'est très bien comme ça ! Mais tu vas pas bien hein, faut te faire soigner, tu t'es cogné la tête en t'esquivant ou quoi ? »

Galatea se releva enfin en se frottant douloureusement le coccyx et en époussetant son uniforme, rougissant tout de même légèrement parce qu'il fallait le dire, c'était super gênant à entendre et elle n'osait même pas lever les yeux. S'il faisait un pas vers elle, elle allait commencer à se mettre à courir pour rejoindre son père, juste au cas où Louis deviendrait un peu trop collant.

Date d'inscription : 03/05/2014

Louis détourna les yeux et regarda entre les barreaux ce qu'il se passait entre contrebas. C'est bon, elle pouvait se taire, il le savait déjà que c'était sans espoir, elle pouvait la boucler. Pas la peine de remuer le couteau dans la plaie comme ça. Il savait bien que c'était lui qui interprétait tout ça dans un sens qui l'arrangeait, parce que c'était à peu près le seul moyen qu'il avait de s'illusionner un peu et de pas trop en souffrir.
Il savait que c'était voué à l'échec.
Il savait que Galatea ne lui tenait compagnie que par pur plaisir de l'embêter, mais, ses sentiments, il ne peut pas les contrôler, c'est comme ça. C'est comme ses joues rouges et chaudes, et c'est comme les légers tremblements dans ses jambes qui ne le portent plus. Rien de tout ça, vraiment rien de tout ça ne se contrôle. Et pas seulement parce qu'il avait quatorze ans. Simplement parce qu'à tout âge, l'amour, c'est incompréhensible.

- C'est bon la ferme, cingla Louis, le regard dur et braqué sur un mur. J'aurais dû la boucler, c'est bon j'ai compris.

Parce que Louis n'avait jamais su contenir ses émotions même en grandissant, il sentait les larmes lui monter aux yeux ; mais il ne pleurerait pas. Il pleurait déjà de colère chaque soir en s'endormant, il n'allait pas en plus pleurer par amour, non ? C'était ridicule. C'était les filles qui chouinaient à cause de leur coeur blessé. Et il n'était pas une fille. C'était Galatea la fille de l'affaire, et c'était elle qui piétinait ses sentiments. Alors ça faisait ça d'être rejeté, finalement ? D'avoir le corps scié en deux par la fatalité d'une réponse qu'on connaissait par avance ? Vraiment, oui vraiment, il aurait mieux fait de se taire.
Mais il n'y arrivait pas, bon sang, il n'y arrivait pas.

Louis leva un regard franc vers Galatea. Un regard sans doute un peu embué, mais détourner les yeux ne l'avançait à rien.

- Ce que je peux pas blairer en vrai c'est pas toi mais un peu mais... c'est pas toi le fait que tu viennes me casser les pieds ou m'insulter. C'est toi, le fait que t'existes et que tu me mettes hors de moi et que... et que bon sang je sais juste pas comment faire ou quoi dire et ça me gave, j'ai jamais été amoureux moi, et tu crois que c'est facile de faire avec du jour au lendemain ?

Louis siffla, se gifla mentalement. Il avait tenté pourtant d'être logique et cohérent, mais il n'y avait rien de logique et cohérent là-dedans. Rien. Puisqu'il avait autant conscience du fait que Galatea ne l'aimait pas, il aurait dû la boucler et continuer à faire semblant de la détester. Comme ça, elle aurait continué à venir l'embêter à chaque occasion et il aurait pu faire semblant de s'offusquer.
Mais maintenant, elle allait sans doute l'éviter et cracher sur son dos encore plus férocement.

- Vas-y fous-toi de moi, je sens que ça te titille. Je suis à un stade, je crois que j'en ai rien à cirer.

Et, bon sang, la dernière fois que son coeur avait été aussi lourd, il ne s'en souvenait même pas.

Date d'inscription : 18/01/2016

Galatea songeait que si Louis voulait qu'elle le prenne au sérieux, il faudrait peut-être qu'il arrête de lui dire de la fermer ou de la traiter de morveuse chiante. Peut-être que c'était pas vrai, en fait, ça ne pouvait être que ça, ce n'était pas vrai, il faisait que lui faire une blague de très très mauvais goût pour jouer avec son esprit et ses sentiments, mais elle le voyait venir !

Par contre, ce qu'elle n'avait pas vu venir, c'était qu'il se mette à pleurer. Genre, Louis O'Connor, pleurer, à cause d'elle. Dans d'autres circonstances, ça l'aurait probablement fait rire, mais là bizarrement... Non. Elle n'en tirerait aucune fierté. Parce que c'était pas des larmes d'embarras ou de colère, mais des vraies larmes de tristesse, et même si Galatea adorait embêter Louis, c'était à 100% pour l'énever, par pour le rendre triste, c'étaient deux choses très différentes et un horrible sentiment la prit au ventre.
La culpabilité.

« Bah j'en sais rien... Ça m'est pas arrivé non plus...», dit-elle d'un ton hésitant.

Non mais ça va pas, et puis quoi encore ?! Depuis quand on éprouvait de la culpabilité pour des victimes de choix, hein ?! Si elle commençait à se sentir coupable envers les gens qu'elle détestait, où allait le monde ? Elle secoua vivement la tête pour se ressaisir, ça n'allait pas du tout.

« Non mais euh... Arrête... Avoue que c'est super bizarre. J'peux pas non plus te croire du jour au lendemain, surtout que tu dis ça comme si t'étais en train de m'insulter ou je sais pas quoi, c'est pas très crédible. »

Louis ne pouvait pas le lui reprocher, et elle, elle n'avait vraiment pas à culpabiliser. Galatea soupira fortement.

« Bon écoute, que j'te croive ou pas y a toujours une pièce de théâtre aloooors tu fais ce que tu veux mais moi j'y vais. »

Mais pas à côté de la vieille aigrie, certainement pas. En fait peut-être qu'elle devrait juste rester avec son père, oui, c'était une bonne idée. Même si ça voulait dire s'asseoir par terre, parce que Louis la faisait carrément flipper dans cet état. Elle préférait quand il était en colère contre elle. Au moins ça, c'était drôle.
Mais le voir pleurer en marmonnant qu'il l'aimait, c'était bizarre, trop bizarre.

Date d'inscription : 03/05/2014

Pas très crédible. Forcément. Les garçons profondément amoureux, de base, c'était pas crédible ; à part dans les comédies romantiques. Les garçons, ça jouait avec le coeur des filles, ça se laissait entraîner par le mouvement, ça n'avait pas de sentiment. L'amour, l'amour sincère et vaillant, c'était réservé aux filles, à leur petit côté fleur bleue, à leur délicatesse. Mais alors un garçon, et un garçon aussi peu aimable, un garçon aussi peu amical, amoureux ? Le crédibilité il ne pouvait pas justifier ça du tout, la crédibilité elle riait dans un coin du monde et renvoyait le cas au ridicule. Le ridicule adorait ce genre de situations.

En même temps, elle pointait du doigt le bon problème. Il n'arrivait pas à avoir le comportement en adéquation avec ses sentiments. Forcément qu'elle ne pouvait pas le croire, il était incapable du moindre mot tendre. Même envers ses amis, il n'avait jamais réussi à se défaire totalement de sa mauvaise humeur, de sa mauvaise foi. On l'acceptait comme ça, ou on le laissait sur le banc des rejetés, mais on ne pouvait pas le forcer à arrêter de froncer les sourcils comme ça.

- Ouais... ouais mais le problème c'est que j'y arrive pas, voilà. J'arrive pas à être... gentil et calme comme tout le monde. Quand ça veut pas ça veut pas. Et ça veut d'autant moins que tout ça m'énerve parce que c'est ingérable.

Louis poussa un immense soupir comme pour expirer tous ses soucis hors de sa tête mais le geste n'y changeait rien. Il ne changeait rien du tout à ce raz-de-marée de sentiments près à submerger tant sa raison que sa dignité. On était tous aussi bêtes, lorsqu'on aimait ? On était tous aussi asservis et illogiques ? C'était quoi le problème avec ce coeur qui ne savait pas ce qu'il voulait ? Pourquoi c'était pas rationnel, l'amour ? Pourquoi à quatorze ans, alors qu'on est déjà si grand à quatorze ans, pourquoi on n'y comprend rien à l'amour ? Et pourquoi c'est plus facile de comprendre que quelqu'un est mort plutôt que d'admettre que l'on aime quelqu'un ? C'est quoi le problème avec ce monde qui tourne pas rond depuis le début ?

Louis essuya ses yeux avec sa manche. Il se l'était promis, il ne pleurerait pas. Il avait déjà pleuré pour bien d'autres choses. Il avait déjà beaucoup crié, aussi, mais ça il n'en était pas encore fatigué.
Avant que Galatea ne s'en aille, il se leva. Et debout sur les marches tapissées du rouge de tous les théâtres, il se tint aussi droit que possible.

- Tu sais c'est pas du tout que je veux t'insulter en vrai, c'est juste que je sais pas comment m'y prendre et que le plus simple quand on sait pas quoi faire c'est de fuir, alors ouais je suis vraiment pas doué, pas du tout même et je l'ai jamais été, parce que si je l'étais j'aurais des amis, j'enverrai pas bouler ma soeur et j'aurais encore un frère, mais...

Louis prit une grande inspiration, comme pour avaler tout le courage du monde et gonfler ses poumons avec l'humilité qu'il n'avait jamais vraiment pris le temps d'acquérir.

- ... mais peu importe comment je le dis et avec quels mots et sur quel ton ça change rien. Vraiment ça change rien au fait que je suis tombé amoureux de.... de toi.

Et la bravoure de quelques instants l'ayant quittée, Louis détourna à nouveau les yeux et tapota du pied sur le tapis comme pour se donner contenance ; mais, en vérité, la couleur de sa peau le camouflait avec le tapis.

Date d'inscription : 18/01/2016

Galatea essaya de réfléchir, savoir si effectivement Louis avait déjà été gentil ne serait-ce qu'avec une personne. Elle n'avait pas vraiment de souvenir du Cracmol au cheveux bleus, ni de la fille végétarienne aux cheveux longs, elle ne se souvenait même pas l'avoir vu sourire avec eux alors qu'ils étaient censés être amis. Enfin, du moins c'est ce qu'elle croyait. Ce n'était pas comme si elle avait constamment les yeux rivés sur lui non plus.

Est-ce que c'était seulement possible, d'être en colère pour tout et n'importe quoi juste parce que les autres sentiments étaient trop compliqués ? Ça paraissait tellement puéril comme réaction, comme un bébé capricieux qui pleure pour attirer l'attention sur lui quand les adultes sont occupés à faire autre chose que lui faire des câlins. En fait, c'était peut-être pour ça que Louis était comme ça ? Parce que sa petite soeur avait toute l'attention ? Et c'était sa manière de gérer avec tout ça ?

Oui enfin, même si c'était le cas, c'était pas une raison pour tomber amoureux d'elle. Elle n'avait que 12 ans et il en avait 14, c'était dégoûtant. Bon d'accord, elle voulait se marier avec quelqu'un qui avait 109 ans, mais ça n'était pas pareil, et ça ne serait pas pour tout de suite, et puis même, s'il était comme ça rien qu'en ayant des sentiments pas réciproques, ça donnerait quoi ensuite ? "Bah non j'allais pas t'offrir des chocolats, ça va partir dans les fesses et les cuises, faut pas que tu finisses obèses et pleines de caries." ou quelque chose du genre ? Non merci. C'est pour ça que personne ne pouvait imaginer Louis amoureux, c'est pour ça que personne n'était amoureux de Louis.
Louis n'était pas fait pour aimer, il était fait pour détester.

Galatea avait déjà commencer à tourner les talons, pensant que la question était réglé, quand Louis se remit à parler, et elle s'arrêta au bout de trois pas en fronçant les sourcils. Mais pourquoi est-ce qu'il lui disait tout ça tout à coup ?! Alors que quelques semaines auparavant il chipotait pour un vieux journal, tout à coup il lui déballait sa vie ! La jeune fille déglutit en se retournant lentement.

« Ton... Ton grand frère est mort ? »

C'est ce qu'il semblait vouloir dire, et elle ne pouvait décemment pas rester insensible devant ça. Si ne serait-ce qu'un seul de ses frères mourraient, elle aussi passerait probablement son temps à être en colère, à rejeter la faute sur tout le monde avec tous les prétextes possibles et inimaginables pour palier à la douleur, pour que toute cette rage qui n'en finira jamais sorte et pour que la tristesse arrête de la détruire à petit feu de l'intérieur, parce que ça restait toujours moins pathétique que de pleurer jour après jour.

Galatea se mordit la langue, ses yeux commençaient à lui picoter, mais c'était quoi son problème à la fin ?! Elle ne pouvait pas être gentille avec Louis, c'était contre nature, elle ne pouvait pas ressentir de la compassion pour lui, ils étaient totalement différentes. L'huile et l'eau, le vert et le jaune, tout ça tout ça. Elle s'essuya les yeux dans un geste rageur et, il faut le dire, assez honteux.

Date d'inscription : 03/05/2014

Louis fut un peu surpris de voir Galatea s'arrêter dans sa fuite. Il pensait que, de toute façon, se mettre à nu avait encore été inutile, qu'lle allait persister à croire que tout ça, ce n'était que du vent. Elle avait toutes les raisons pour. Il avait imaginé, oui, qu'elle allait juste rejoindre son père et rire de lui, ou aller baragouiner à Emerald qu'il avait fait un malaise dans les escaliers à cause de la vélane sur scène. La blague. La seule vélane qui l'avait un brin troublé dans sa vie, c'était Violet. Et il l'avait toujours manifesté en la critiquant bien fort.
Mais, non. Galatea s'était arrêtée. Et retournée. Louis avait un peu de mal à réaliser. En plus, elle avait ce regard, là, qu'il ne lui connaissait pas, et qui le mettait légèrement mal à l'aise. Il avait merdé hein Il avait dit un truc qui ne fallait pas ? Comme d'habitude, il avait envie de dire. Comme d'habitude. Mais d'habitude, Galatea ricanait, elle ne larmoyait pas. La plaie.

Et, en plus c'était vraiment de sa faute. Crotte. Il pensait qu'elle était déjà au courant et qu'il ne lui apprenait rien. Elle n'aurait été ni la première, ni la dernière à l'apprendre. Toute l'école n'était pas forcément au courant, mais la rumeur avait finie par se répandre en quatre ans.

- .... tu savais pas ? finit-il par réussir à articuler. Comme tu traînes parfois avec ma soeur je pensais qu'elle te l'avais dis.

En plus, elle avait lorgné sur le journal qu'il consultait l'autre jour, elle avait bien dû voir le nom de son frère parmi les décès. Mais de toute façon, en quoi ça pouvait bien la toucher ? Elle n'éprouvait rien pour lui, en quoi cette information lui faisait naître une soudaine sympathie ? Cette fille ne montrait d'émotion sincère que lorsqu'on s'attaquait à sa famille.
Et un ange passant, Louis fit le lien. Boulet.
Galatea avait deux frères. Stupide comme elle était, elle avait dû en trois secondes imaginer l'un des deux mourir et le second dans la foulée, avec son sentimental de père effondré dans un coin de la pièce. Elle se faisait toujours des films sur tout et sur rien dès que ça l'arrangeait, une imagination aussi fertile devait l'avoir trahie, là tout de suite maintenant.
Louis se flagella mentalement.

- C'est... c'est bon te force pas à avoir pitié de moi, je sais que tu penses juste à tes frangins. T'inquiète je me fais pas d'idées.

Pourtant, ça le désarçonnait, ces grands yeux surpris. Il avait espoir, au tout au fond de lui-même, que Galatea commence à le comprendre, lui, sa rage au ventre, sa méchanceté, sa difficulté à évoluer dans ce monde. Mais cet espoir était si maigre qu'il tentait de ne pas trop le nourrir.

Pourtant, poussé par il ne savait trop quelle force invisible, il descendit les quelques marches qui le séparaient de Galatea, puis prit sa main dans la sienne et la serra. Et il s'efforça de regarder un grand tableau au mur, l'air de rien.

Date d'inscription : 18/01/2016

Galatea voulu lui répondre en singeant que non, elle ne savait pas, sinon elle ne lui aurait pas demandé espèce de demeuré, mais il y avait comme une main invisible qui lui tordait les boyaux pour lui dire Non, c'est pas bien, t'es méchante, ait un peu pitié de lui, le pauvre, il a déjà pas grand chose pour lui alors si en plus on lui prend son grand frère.....

« J'traîne pas avec ta soeur. Pourquoi je le ferai, on n'est pas dans la même année ni dans la même maison. »

Bon d'accord, parfois elle allait la voir pour essayer d'avoir des informations compromettantes sur lui, mais c'était pas parce que lui déballait tous ses secrets qu'elle allait faire pareil. Surtout que vu le contexte mieux valait éviter de lui dire qu'elle ne faisait que se servir de sa soeur. En plus, si Ocean lui avait dit ça, elle se serait tout de suite sentie coupable et aurait arrêté parce que vraiment, être sournoise, c'était marrant parfois, être méchante gratuitement c'était autre chose. Elle renifla d'un faux air prétentieux.

« Non maiiiis j'ai pas pitié hein ! Et ça n'a rien à voir avec mes frères, d'abord. Y a juste de la poussière partout dans ce théâtre et puis j'ai mal à cause de la chute. Voilà tout. »

Galatea aurait sans doute eut l'air plus convaincante si repenser à ses frères ou à la crise qu'elle taperait s'il leur arrivait quelque chose ne lui redonnait pas les larmes aux yeux. Peut-être qu'ils étaient près des cuisines et qu'ils inventaient une nouvelle pâtisserie à base d'oignons et que le gaz se propageait jusqu'ici. Voilà, c'était sans doute pour ça.

Et voilà que cette sensation bizarre recommençait, celle de sentir tous ses poils se redresser sur chaque parcelle de peau à un simple petit contact. Pourquoi ça la faisait rougir comme ça aussi ?! Il avait l'air débile à regarder ailleurs, avec ses cheveux n'importe comment et sa voix qui mue ! Ça faisait comme des picotis dans sa main, devenue moite maintenant, elle ne savait pas trop quoi faire. Comment ça se gérait un garçon à repousser ?

« Euh. »

Bon, c'était un peu début.

« Euh je. »

Non mais déjà que tu sais pas écrire, si tu sais plus parler, dis adieu à la conquête du monde.

« On ferait mieux de retourner dans la. La salle. Quand même. Parce que je veux voir la pièce et ça devient un peu trop bizarre là. Et puis il faut que j'aille euh. Demander un truc à mon papa. Que j'avais oublié. Le truc à demander, pas mon papa, hein. »

Voilà qu'elle se mettait à parler comme un Poufsouffle vraiment, c'était grave. Enfin son papa serait fière mais son futur mari numéro 3, pas du tout.

Date d'inscription : 03/05/2014

Louis se renfrogna doucement. Elle était vraiment obligée de parler de son père à ce moment précis ? Il avait bien compris qu'elle l'adorait, son paternel, en même temps aussi mou qu'il soit le professeur Waltham n'était pas un mauvais bougre, mais si elle pouvait l'oubliait un peu, de temps en temps, justement, ce serait vachement cool. Un garçon lui tenait la main et lui déclarait ses sentiments, ce serait peut-être bien de décrocher. Même si ce garçon c'était juste lui, l'insupportable et hideux Louis qui n'avait rien pour lui à part son bagages d'insultes gros comme tout. Mais du coup, il n'avait absolument pas envie de lui lâcher la main et de la laisser se réfugier dans les bras de son père, parce q'à coup sûr elle allait dire du mal de lui. Ou juste se planquer. De toute façon c'était une stratégie de fuite, il le sentait bien. Un dragon aurait volé au dessus du théâtre, elle l'aurait pris comme excuse pour se carapater.

- Tu crois pas que tu devrais laisser un peu ton père tranquille ? Il a le droit de profiter de la pièce lui aussi. Pas qu'elle soit intéressante à mon avis hein mais bon j'imagine que ton père c'est le genre de type bon public qui aime un peu tout.

D'ailleurs avec tout ça, Louis n'avait plus du tout envie d'y assister à cette représentation. Toute son excitation s'était volatilisée, avait fondue comme neige au soleil. En même temps, à la base, il ne devait pas se déclarer à Galatea. S'il ne s'était pas laissé emporté par ses sentiments, potentiellement, il serait encore vissé sur sa chaise à découvrir le théâtre sorcier, énumérant les défauts par simple mauvaise foi pour noyer le fait qu'il s'amusait beaucoup.

- T'es sûre que tu veux aller voir ça ? C'est même pas une vraie vélane l'actrice, tu perds rien. Au pire ton père te racontera ce qui s'est passé.

Il ne lui lâchait toujours pas la main, mais il osait un peu plus la regarder. Il avait le pressentiment que, s'il avait le malheur de ne plus la lui tenir, elle allait en profiter au quart de tour pour prendre ses jambes à son cou et pleurnicher dans les jupes d'autrui. Si ce n'était pas le professeur Waltham, ce serait Emerald, sans doute.
Mais, bon sang, ce contact prolongé le mettait affreusement mal à l'aise et il commençait à mourir de chaud.

- .... je crois qu'il y a une espèce de petite cour là. Tu veux pas qu'on sorte un peu ? Je crois qu'il faut se refroidir la tête là.

Louis désigna du doigt une grande porte fenêtre qui semblait effectivement donner sur une petite cour verdoyante avec un ou deux bancs. Rien de très resplendissant, mais au moins ça avait l'air un minimum désert et bon sang, bon sang, il avait cruellement besoin d'air frais, et il avait cruellement besoin de trouver un moyen de garder Galatea avec lui.

Date d'inscription : 18/01/2016

Galatea fronça les sourcils, elle ne pensait pas qu'elle dérangerait son père si elle venait se réfugier dans ses bras parce que tout à coup la bête noire de Serpentard agissait bizarrement. Elle ne croyait toujours pas Louis, parce que c'était toujours moins perturbant de se dire qu'il faisait semblant plutôt que de reconnaître qu'il semblait sincère. Elle pouvait gérer un Louis qui n'a plus d'idées pour qu'elle arrête de l'embêter et en vient aux techniques désespérées, mais certainement pas un Louis amoureux. Louis amoureux, c'est une oxymore.

Et puis elle faisait ce qu'elle voulait à la fin, il était qui pour lui donner des ordres lui ?! Ça y est, il a grandi, il mue, il a trois poils imaginaires sur le menton et ça se prend pour un chef ? Et pourquoi il ne. Lui. LÂCHAIT. PAS. LA. MAIN ?! La petite prit une mine renfrognée, vexée à l'idée que quelqu'un puisse s'imaginer que son père préférait regarder une pièce de théâtre plutôt que de la vie amoureuse de sa fille chérie.

« Si tu te forçais un peu peut-être que t'aimerais. Qu'est-ce que t'aimes faire à part rester dans ton coin en maudissant tout le monde ? »

Même si Galatea aimait un peu trop montrer qui était le patron aux gens, au moins, elle avait quelques amis, et des hobbies, des trucs qu'elle aimait faire. Ce n'est pas parce que Louis la voyait toujours avec un air bougon qu'elle était comme ça avec tout le monde. Par contre jamais, jamais elle n'avait vu quelqu'un dire que Louis s'amusait. Elle était convaincue que c'était parce qu'il ne faisait même pas d'efforts pour.

Le problème c'est qu'avec ce qu'il venait de dire à propos de son frère... eh bien ça changeait un peu la donne. Beaucoup même. Qui voudrait aimer quelque chose ou rire aux éclats quand on a perdu un membre de sa famille prématurément ? Elle ne savait même pas comment c'était arrivé, maintenant qu'elle y pensait. Ceci dit, elle ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie, si ça se trouve, c'était même récent.

Elle jeta un coup d'oeil à la porte-fenêtre qu'il désignait, et en effet, ça avait l'air d'un coin plutôt tranquille. Peut-être qu'il avait raison, peut-être qu'un peu d'air frais remettrait de l'ordre dans leurs têtes à tout les deux. En tout cas, mieux valait qu'elle fasse autre chose que courir dans les gradins jusqu'à son père pour lui dire qu'elle avait faillit se faire embrasser sans son consentement par quelqu'un qui devenait de plus en plus effrayant à chaque seconde qui passait. Elle lâcha un long soupir.

« Okay mais juste cinq minutes... »

Galatea n'était pas vraiment rassurée par le fait que l'endroit était désert, ça voulait dire aucun témoin si jamais il tentait quoique ce soit, comme par exemple, l'assommer pour la ramener chez lui et la plonger dans la cire pour qu'elle reste avec lui contre son gré ? Rien que d'y penser lui flanqua des frissons dans le dos.

« Est-ce que tu pourrais me lâcher la main par contre ? J'ai l'impression de retourner en maternel, quand il faut se tenir la main deux par deux pour pas se perdre et bon... Je suis une grande fille. »

Et trop vieille pour être en maternelle. De toute manière elle retira enfin précipitamment sa main comme si elle était allergique à Louis — ce qui était vrai, dans un sens — pour aller s'asseoir sur un des bancs disponibles, bien à l'extrémité pour ne pas être trop près de lui, en espérant qu'il respecte son espace vital.

« Bon alors mais... C'est sérieux toute cette histoire ? T'es tombé amoureux ? Depuis combien de temps ? Et pour ton frère... C'est arrivé quand ? Tu as toujours été comme ça ou c'est depuis... Enfin tu sais... »

Galatea ne voulait pas vraiment l'entendre encore débiter qu'il était amoureux entre deux flots d'insultes, mais c'était difficile de rester insensible maintenant qu'elle savait pour le frère de Louis.

Date d'inscription : 03/05/2014

Prendre l'air lui fit le plus grand bien. Il prit plusieurs grandes inspirations, gonflant bien ses poumons de l'air frais de cette seconde moitié d'après-midi. Il sentait petit à petit ses joues et ses oreilles reprendre une couleur normale, et son rythme cardiaque ralentir ; et ce petit regain de calme lui donna assez confiance en la situation pour lâcher la main de Galatea. En l'état, il estimait qu'elle avait plus de chances de chercher à fuir s'il continuait de la coller, que s'il restait juste sagement sur son bout de banc à discuter avec elle. Un sourire un peu stupide orna ses lèvres lorsqu'elle tenta de faire la conversation ; et il tenta de le chasser aussitôt en fronçant les sourcils encore plus que d'habitude, donnant pour résultat une curieuse grimace.

- On vois que t'es jamais tombée amoureuse si tu demandes ça. C'est impossible de calculer quand t'es tombé amoureux exactement, c'est pas une science exacte. T'as jamais eu d'amoureux en maternelle ou quoi ?

Le ton était à moitié joyeux, à moitié sec, comme à chaque fois que Louis essayait avec plus ou moins de succès de se montrer aimable. C'était le ton qu'il employait la plupart du temps avec ses amis. Il n'était pas mécontent de réussir à l'utiliser dans une conversation avec Galatea. C'était peut-être le premier pas pour réussir à se rapprocher d'elle sans qu'elle ne pense qu'il se fiche de sa pomme ?

Louis voulut balancer ses jambes, mais le banc était trop près du sable. Pour résultat, il donnait l'impression de tomber du pied ; des pieds qu'il regardait, en jetant des petits coups d'oeil réguliers à Galatea.

- Mais sinon... mon frère est mort il y a euh. Sept ans je crois ? Il était auror. Je crois que c'est ça le bon nom, enfin c'est ce que m'a dis McField. Le joueur de Poufsouffle, précisa Louis, au cas où. En fait.... en fait c'était ça que je cherchais dans le journal à la bibliothèque l'autre jour. Des infos sur... sur la mort de Nicolas.

C'était la première fois que Louis réussissait à parler aussi sereinement de ce qui s'était produit, qu'il parvenait à exposer les faits simplement, sans hurler, sans pleurer. C'était la première fois sans doute, également, qu'il prononçait aussi aisément le prénom de son frère. Depuis le drame, il était pratiquement devenu tabou à la maison, et ici, à Poudlard, seul Garfield l'avait entendu. Même à Andrea et Violet, il n'avait pas le souvenir de l'avoir donné. C'était peut-être parce qu'il s'agissait de Galatea, qu'il s'en sortait aussi bien. Parce qu'il était amoureux.

- Tu sais, continua-t-il en regardant le ciel. Je crois que c'est la première fois qu'on discute comme ça mais j'aime bien. Contrairement à ce que tu crois je sais m'amuser et rigoler. Quand je suis avec mes amis à la maison je suis comme ça aussi. C'est juste... c'est juste le monde magique qui me rend comme ça. Mauvais.

Bon. Peu importe le milieu, li restait colérique, irritable, de mauvaise foi. Il n'avait pas un caractère facile, ne supportait pas la critique, refusait d'avoir tort et imposait son point de vue à tout le monde. Mais, oui, il riait, et plutôt fort, et il faisait des blagues et passait de bonnes journées, quand les conditions étaient favorables. Comme tout le monde.

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