Il était sortit de la sale de duel à moitié nu.
Il avait attrapé ses vêtements qui traînaient encore sur l'estrade, mit son boxer et... il avait couru dehors, bousculant tout le monde sur son passage. La défaite pulsait dans ses veines, l'humiliation d'avoir perdu, de sentir la déception dans chaque regard des gryffondors, tout cela vibrait au creux de sa cervelle. Lui. L'idiot. Il était allé aussi loin pour s'écraser lamentablement, perdre. Mais le pire dans tout ça, c'était que toutes ces sensations était moindre à côté de l'angoisse. Celle avec un petit a, qui ne causait pas de crise de panique, mais qui faisait peur. Et cette angoisse n'était pas causée par ce dernier duel, mais par les potentielles conséquences d'un certain sort d'une certaine poufsouffle qu'il tuerait dès qu'il pourrait. Enfin. Après. S'il survit à sa stupidité.

Pantalon, chemise et cravate en main, il regardait de tout côté à la recherche de son ami devenu un peu trop intime depuis quelques minutes. Timothy. Il s'avança un peu plus dans le couloir, ignorant les regard sur sa tenue plus que légère et même l'odeur de savon du couloir ! Sa tête résonnait de toutes ses réflexions pour... s'excus... Là ! Il était là !

-TIMOTHY !

Et sa tête devint aussi vide que le néant. Qu'est-ce qu'il voulait lui dire ? Pourquoi cherchait-il à lui parler ? pourquoi... Il s'arrêta, un rouge gryffondor sur les joues. C'était mal parti.

Il le fixa en silence, la bouche entre-ouverte, la tête en panique. Purée. Purée de... Il avait envie de fuir. Pourtant, rien ne bougeait, il suivait du regard cette main dans la nuque de Timothy, incapable de regarder en bas, en haut, ailleurs. Il l'avait vu se déshabiller, devant lui. Il ferma les yeux. Inspira un bon coup. Et s'avança un peu plus, sa main serrant ses vêtements. Il se stoppa à quelques pas, sans glissade malencontreuse, pas encore.

Il réinspira profondément, vraiment gêné. Ses mains tremblaient malgré le tissu qu'il tenait solidement. Qu'est-ce qu'il fallait dire maintenant ? Dans un geste tremblant il se frotta la nuque, imitant sans s'en rendre compte son vis-à-vis. Il ne s'était jamais senti aussi mal.

-Je... Je suis désolé. begaya-t-il les yeux plantés dans la poitrine de Timo, je... Je... vraiment... désolé.

Il déglutit.
Ferma les yeux fortement, les rouvrit.
Il n'avait jamais été aussi rouge.

Il s'attendait à tout sauf à ça. Techniquement, Edgar n'était pas pessimiste, il était juste un peu aveugle. Là, face à ce qui venait de se passer dans la salle de duel il ne voyait que la gêne, l'humiliation... et le sens que tout ça pouvait avoir. Il était incapable de voir ça du point de vue d'un mec normal, incapable d'en rire. c'était malheureusement trop sérieux pour lui... Il aurait pourtant dû. Là, il ne faisait qu'entretenir la gêne, pointer du doigt à quel point. A quel point ce sortilèg... Il secoua la tête et revint à Timothy. Allez, on se concentre sur sa respiration, pas de panique, et on se lance :

-Déso... Oui... C'est pas notre faute, il esquissa un sourire pitoyable en réponse au sien, mais c'est... idiot ce qui s'est passé.

Il le laissa venir sans oser bouger ses yeux vers ailleurs que sa gorge. Pourquoi ne pouvait-il pas enlever cette image de sa tête ? Malheureusement, le tissu qui entoura ses épaules le surpris et il releva les yeux. Oups. Il dévia son regard aussi vite et dans l'autre sens que Timothy. Cette situation était une catastrophe.

-Merci, murmura-t-il.

Vraiment une catastrophe.
Sans s'en rendre compte il lâcha ses affaires pour venir placer la robe, occupant ainsi ses mains bien trop tremblante. il n'avait aucun contrôle sur lui-même et, purée, ce qu'il haïssait ça à ce moment ! Il aurait tout donné pour avoir l'aisance de parole d'un vrai gryffondor à cet instant.


-Hm... Enfait, je... Je tiens pas à ce que ça devienne... un... un problème, tu vois ? Entre nous, je veux dire. Parce que... Parce que c'est quand même un peu gênant, non ? On...

On quoi ? On rien. Il avait dépensé tout son cota de caractère pour cette réplique et son visage était en surchauffe. Parce qu'on ne voit pas tous les jours un de ses amis nus. Parce qu'on n'arrive plus à se voiler la face tous les jours...

Il referma la bouche et fixa la silhouette des deux élèves qui discutaient au bout du couloir, ils ne pouvaient sûrement pas les entendre, mais ils n'étaient pas seuls. Voilà, pas de panique... pas trop. Si seulement il avait un peu mieux regardé Timothy, il aurait vu qu'ils étaient tous les deux tout aussi gênés, mais lamentable comme il l'était, c'était peine perdue.

Edgar laissa échapper un sourire de soulagement à la réponse de Timothy. Oui, ils allaient tout oublier. Attendez. "dans le meilleur des cas" ?... Et dans le pire ? Il avait du mal à imaginer qu'ils puissent oublier ça. Mince ! Dès qu'il posait ses yeux sur le corps de Timothy il avait l'impression de voir à travers ses vêtements ! Pourtant, ce n'était pas la première personne qu'il voyait nu - surtout qu'au cours d'un duel ce n'était pas rare de déshabiller son adversaire - mais là, là ça le gênait plus que d'habitude. Il n'arrivait pas à se reprendre, à laisser... tout ce fouillis dans sa tête de côté.

Sa respiration se bloqua quand il lui ébouriffa les cheveux, un geste tout ce qu'il y avait de plus sympathique, qui l'aurait fait rire normalement, mais là ça le crispait juste un peu plus. Il fallait qu'ils sortent de cette situation ! Maintenant ! Allez, sois un homme Edgar ! Cesse de faire ta vierge choquée et fais face. Inspire. Expire et.

Il lui prit la main.

Si les rougeurs s'étaient calmées, après ça elles étaient revenues avec vingt fois plus d'entrain.

Bordel ! S'il était capable de faire autre chose que regarder bêtement Timo, il se serait fichu une claque pour faire cesser cet amoncellement de pensées bizarres qui lui faisaient oublier qu'entre eux ce geste était parfaitement normal, c'était même lui qui avait commencé !... Et puis, c'était agréable, non ?

Il ne réalisa qu'au bout de quelques pas que Timothy les faisaient s'écarter des autres élèves. Ce fut comme une claque. Il se stoppa net. Ils s'étaient éloignés, mais les autres étaient encore visible si on regardait de là où était Edgar. Il ne dit rien, choqué par sa propre montée de panique, il écouta juste.

Il lui fit un petit sourire.

-Oui, tu as raison, ça aurait été différent si ça avait pas été toi. Tu imagines la cata ? tenta-t-il, bien au courant que c'était un mensonge pitoyable, il ne savait pas mentir.

Il pressa sa main.

-On va survivre à ça, après tout on s'entend bien, son sourire était presque naturel, mais bon, je t'en dois une pour ça ! il baissa d'un ton, et puis va falloir qu'on se venge, tu ne penses pas ?

Il. Oui. Il s'était repris, ça allait mieux, il se détendait.
Mais il ne pouvait toujours pas le regarder sans rougir.

Il l'écouta, sans rien dire, sans comprendre, sans vouloir comprendre. Tout arrivait lentement à son cerveau, jusqu'à :

-Tu veux y aller avec moi…?

Il recula instinctivement d'un pas.
Qu'est-ce qui se passait ? Que... Pourquoi ? Il. Il n'arrivait plus à réfléchir, sa question avait éteint son cerveau. Il. Il ne comprenait pas.
Il resta silencieux, la bouche ouverte, puis ça sortit sans demander la permission :

-T'es sérieux ?

Il avait regardé le dos de Timothy tout le long, maintenant il fixait le mur, ce mur si passionnant qui avait bien mérité de recevoir cette invitation. Il déglutit.

-Pourquoi tu m'invites ?

Il n'était pas sûr du sens qu'il devait mettre sur cette demande surtout... surtout après la scène dans la salle de duel. Devait-il fuir ? ou le frapper ? Non, il ne pouvait pas frapper Timothy. Il devait se faire des idées, oui, c'était sûrement ça ! Ses envies devaient influen... NON. Il recula de nouveau. Il commençait à paniquer. Il avait envie de dire oui et de passer une bonne soirée entre potes. Il avait envie de dire oui et de passer une bonne soirée avec son rendez-vous.
Il rougit violemment avant de pâlir quand il comprit ce que l'idée sous-entendait, ce qu'il se passait de nouveau dans sa tête.
Il y avait certaines choses qu'Edgar n'assumait pas et apprécier un peu trop Timothy en faisait parti.

Mais il s'imaginait des choses. Il imaginait toujours tout de toute manière ! Et ça ne lui ressemblait pas. Sa respiration s’accélérait depuis tout à l'heure, il sentait l'angoisse revenir. Il. Edgar ne réfléchissait pas autant d'habitude, c'était mauvais pour lui et il le savait. Il n'aurait pas dû demander pourquoi, il aurait dû faire comme si c'était évident que c'était... Normal. Pourquoi fallait-il qu'il pense aussi bizarrement ? Merde ! Il aurait dû juste dire oui. Là. Là... Edgar était bizarre et il le montrait.

-J’suis désolé, Edgar… J’aurais peut-être pas dû demander ça comme ça… Demander ça tout court, en fait… Hmn.

Non ! Bien sûr que non ce n'était pas ça le problème ! Edgar voulait dire oui ! Il était content qu'il lui ait demandé, sincèrement, mais il y avait tous ces problèmes autour, tous ces sens qu'il mettait sur cette invitation. Qu'il était stupide ! Il aurait dû dire oui, sans réfléchir. Il savait bien que c'était le seul moyen pour lui d'éviter les problèmes : ne pas penser, agir. Idiot. Et maintenant, il se retrouvait incapable de le couper dans son explication.

-Mais je t’ai invité parce que je t’apprécie beaucoup et que je pensais que ça pourrait être sympa… Non ?

-Si !

Edgar referma vite la bouche, déglutit ; c'était parti tout seul.

Timothy n'avait pas donné la réponse. C'était évident que rien n'était réglé, que... que son "pourquoi" n'avait pas suffi pour savoir si c'était juste amical ou... Mais ! Si Timothy n'avait pas pris la peine de nier un quelconque sous-entendu, c'était qu'il n'y en avait pas. Voilà. parfait. Tu peux dire oui sans t'effrayer Edgar, même si. Même s'il t'apprécie beaucoup et que ça te fait plaisir.

Le Gryffondor répondit à son sourire, prenant le temps de récupérer le contrôle sur sa tête, d'effacer, de remettre le voile, avant de tapoter l'épaule de Timo - c'était encore un peu forcé comme geste, mais ça lui ressemblait plus que de rester figé comme un stupide poisson rouge.

-J'ai... envie d'y aller avec toi, sa voix restait pourtant peu assurée, donc allons-y ensemble !

Et ses yeux étaient fixés sur le mur derrière Timothy, loin des pupilles du Poufsouffle.
Rien n'était réglé.

Du coin de l’œil, il vit le visage de Timothy s'éclairer à sa réponse et il ne pu s'empêcher d'y porter un regard. Le Poufsouffle souriait de ce sourire qui se partage, qui vibre, qui brille, qui fait que les lèvres d'Edgar s'étirent avec plus de franchise, même lorsqu'il le remercia et encore plus lorsqu'il lui assura que ça allait être sympa.

-Ça va être génial tu veux dire ! laissa-t-il échapper, emporté.

Évidemment que ça allait l'être ! Maintenant qu'il avait ce sourire sous les yeux, Edgar ne pouvait pas le nier. Et puis, ça le rassurait définitivement, toute cette sympathie, toute cette aura de bonheur libérait le sien. Il se détendit enfin totalement, laissant filer au loin ses questions stupides et surréalistes. Il avait tout imaginé, voilà sa réponse. Il fit ensuite cesser cette situation légèrement drôle où ils se tapotaient mutuellement l'épaule avec virilité : d'un geste, pourtant encore tremblant, il vint récupérer la main de Timothy, parce que c'était là qu'elle était habituellement - il fit comme si ce n'était pas bizarre, comme si ça ne l'avait jamais été. Il se voilait de nouveau solidement la face.

-A ton avis, ça va être vraiment juste un bal ? J'ai du mal à y croire... C'est pas dans les habitudes du directeur de faire un truc normal... surtout dans la chambre des secr.

Il s'arrêta, repensant à quelque chose - ça se voyait sur son visage - et, sans se laisser le temps d'y réfléchir, de trouver la logique, il souffla inaudiblement presque :

-Merci aussi, en fait.

Il avait entrelacé leurs doigts.
Edgar avait suffisamment de contrôle pour pouvoir observer son visage du coin de l’œil, sourire, lui tenir la main, mais les sensations dans son corps faisaient les montagnes russes et autant dire que ce dernier geste qu'il ne refusa pas, auquel il participa même en serrant la main de Timothy, lui fit faire une brusque chute libre. Il était bien trop sensible, il le savait. Il fixa le mur. Il l'écouta et puis il esquissa son murmure malheureux.

Timothy se pencha vers lui et Edgar se tourna un peu pour regarder pourquoi il venait vers lui, encore surpris de son propre murmure.

-J’ai pas entendu ?

Oh. Le Gryffondor fixa ses pieds - quels jolis pieds - il l'avait dit trop bas, soufflé hors de portée des oreilles du destinataire. Il releva les yeux vers le jaune. Il serait pas capable de le répéter. Il lui fit un petit sourire peu crédible.

-C'est rien.

Il se passa une main dans les cheveux, mal à l'aise. Il ne fallait pas qu'il laisse ça comme ça, surtout pas, Timo allait lui poser des questions, alors sans réfléchir il enchaîna :

-Tu as lu ça où, le truc sur la salle des secrets ? Ce serait intéressant de voir un peu en détail, non ? Parce que si ce que tu me dis est vrai ça va être une sacré fête ! C'est sympa de changer de lieu, fin, la salle des fêtes on la voit tous les jours quand même ! Il faudrait voir aussi pour les tenues, j'ai pas envie de mettre leurs robes bizarres. Et comment on y rentre dans cette salle ? Elle est pas... secrète justement ? Et y'avait pas une légende d'un "monstre" ? Et...

Respire Edgar.
Son regard retomba sur ses pieds, aussi bas que sa capacité à se contrôler. Il n'était vraiment pas fait pour cacher des choses et vraiment pas fait pour s'interdire quoi que ce soit. Il fallait croire qu'au moment où il avait envisagé l'idée potentielle que Timothy l'invite autrement que par amitié, il avait complètement perdu les pédales et à chaque fois qu'il reprenait le contrôle sur lui-même, il l’égarait une demi-minute après.

Ah, et puis il avait aussi son corps nu collé au sien... Ça, il ne s'en déferait sûrement pas avant une éternité...