L'innocence amère ∆ Sloan. ♥

Date d'inscription : 27/01/2014

Elle était égoïste. Elle était là sur son trône d’abandon, de lâcheté, de lassitude, de questionnement. Elle était faible, elle était faible qui jouait à la forte, qui s’enlaçait dans son costume si imposant, si grand pour son corps abject de gamine. Les épaules ramenées vers l’intérieur, comme si elle avait froid, il allait neiger; quoi d’autre. Sloan sourit. Car ça devait être encore le jeu de Vance, le jeu d’échecs. Les cases blanches et noires qui envahissent la pièce, l’air qui se réifie en un monstre imposteur. Le plateau qui se divise en deux, l’écart qui se creuse. La terreur d’être seule.

N’avaient-elles pas la même.
N’était-elle pas celle qui aimait le plus ? N’était pas celle qui, connaissant les valeurs de son meilleur ami se mettait à éprouver les mauvaises choses. N’était-elle pas la fille détestable, qui en dépit de ce qui avait pu être dit dans son dos s’acharnait à refaire les mêmes erreurs - s’acharnait à donner raison à celui qui la quittait pour ses sentiments inadaptés, pour son besoin constant de Sherlock et Watson, pour son désir primaire de le savoir près d’elle, de le soutenir lors d’un match, de le tenir par la main, d’être là. Simplement d’être là. -

Arrêter d’avoir peur, parce qu’il tombe dans un lac et qu’elle se casse, à deux pas de l’atteindre, que son si précieux Drew le réceptionne à la volée, qu’il plonge, avec lui, l’extirpe, le sort.
N’est-elle pas spectatrice, quand sa Capitaine s’approche d’elle et que ses cascades blondes frôlent sa vision. N’est-elle pas paralysée, par le retour dans sa tête de Benjamin Ronove remonté qui ne comprend pas ce que des gosses fabriquent près d’un lac à tester des sorts si pitoyables, si réconfortant, pour elle, cela dit. Toujours pour elle.

Elle. Tout se passe pour elle. Sloan n’en fait rien. Sloan ne fait que se retourner, que repousser les raisons derrière l’angoisse. Là à écouter Elise, continuer de palabrer tout ce qu’il y a de si bien à la distance. POURTANT ELLE A HORREUR DE CA.
Vous pouvez parfaitement rire, parce que ça n’a pas lieu d’être. Elle ne va pas lui demander de revenir, et elle ne va pas s’inquiéter de le voir revenir pour elle. Elle n’est pas la famille de Wesley. Wesley a une famille, et il va retourner auprès d’eux. Quand ce sera fini, qu’il aura enfin fini d’être cette personne pleine de gentillesse qui se presse pour tout le monde, qui s’incline pour tout le monde, qui s’arrête pour tout le monde.

« Je ne veux pas. »

Silence.

« Je ne l’aime pas. »

Elle l’aime.

Date d'inscription : 28/09/2013

« Elise n’avait rien dit — elle n’avait pas même ri. Ses yeux s’étaient laissés tomber du visage de sa cadette, s’échouant en diagonale vers quelques formes et horizons lointains. Elle ne prêtait attention à ce qui se trouvait sous sa ligne de mire ; trop perdue dans ses quelques pensées aux bordures amusées. « Je vois. » Avait-elle fini par répondre, sa voix glissant tout contre ses lèvres ; sortant d’une matière peu particulière. « Tu ne l’aimes pas. »

Et il était impossible de ne pas sourire.
C’était mince, car il ne fallait pas offenser, car ce n’était pas le but — mais avouez que c’était tout de même amusant. Attendrissant, aussi ; surtout. « Ca fait peur, hein. » Esquisse malicieuse, calme ; sincère. « D’essayer d’avoir confiance en soi. » Car au final tout n’était-il pas là ? Les je veux qu’on reste ami ou encore il ne m’appréciera jamais n’étaient-ils pas que des prétextes face au véritable problème ? Le manque de confidence en soi ; le manque de confiance, on nous traitait d’égoïste ou d’égocentrique, on nous illustrait de termes peu flatteurs ; nous disant centrés sur nous même ou plein de suffisance — assez pour jouer avec les autres.

Mais n’était-ce pas totalement faux ? Dans son cas — dans leur cas.
La jalousie et l’incompréhension, les préjugés et les sentences infondées faisaient mal ; bien profondément. Pas au cœur, non ; bien plus loin. Dans ce qui nous permettait de nous affirmer, sans doute. « Il faut essayer, pourtant. » La brunette n’était pas moins jolie ou intéressante qu’une autre ; pas plus forte et robuste qu’une autre non plus, après tout. « Sinon comment avancer, hein ? »

Sourire, doux.
Tu peux parler.

Date d'inscription : 27/01/2014

Où était passée sa contenance. Où était passée son imposture, sa carcasse de verre, son équilibre monumental, sa peur disparue, sa tenue extravagante, son buste droit, ses épaules hautes. Son faciès clair était devenu un espace de confusion - blême et rougi à la fois - tracé de marques, appuyé de sentiments, tous la tendant à remuer, du visage, incapable de capter quoi que ce soit d’autre, les mains portées aux deux côtés de son bassin. Elise discrète.
Le loup se dessine, glacial, sur la gauche, vers la table basse du coin, les formes fines se délimitent, lui offrent une image rapide disparaissant aussitôt. Sloan, s’enlaçant de plus en plus, voulait s’y cacher, s’y évaporer, ne pas revenir du manteau que lui donnerait l’animal.

Ce qu’il faut, pour revenir sur ses pensées, ce qu’il faut pour ne pas s’envahir. Parce qu’on a fait qu’essayer, toutes ces fois, avant. On se torturait, plus, pour trouver explication à telle interdiction s’autorisant dans nos poitrines. Sloan y voit tant, quand elle devrait faire l’impasse, se dissimuler sous les longs poils sombres de son compagnon de route de tous les jours.

Elle voudrait que ce soit simple. Elle voudrait lever la tête, se sentir bien, avoir froid à ses bras si peu habillés, avoir chaud en même temps, avoir de la fièvre, plutôt. Oui, pour ne pas se réveiller avant plusieurs heures, pour profiter de ce silence qui se propage dans ses rêves sans images, pour ne rien voir, sinon le vide reposant qui s’intéresse à être quelque chose.
Holmes aimerait ne pas voir Elise Blaze Dickney sourire à cet instant, mais un fauteuil libre, un calme long et doux, une brise qui passerait par la fenêtre ouverte. Voir le monde se volatiliser et lui donner plus du temps.
Parce qu’elle n’est pas prête et ne le sera sans doute jamais. Jamais prête à le regarder comme elle veut le regarder, jamais prête à sourire à Elise, de cette façon, si évidente. Jamais prête à lever les yeux sur Wesley et admettre, une seconde, qu’il a été question d'eux et pas de Sherlock et Watson. Et qu’on l’a voulu. Et qu’on se fichait d’être prête, ou pas.

Sloan remarque, aujourd’hui, ce que ça fait que de penser à Wesley, et de sentir les idées se mélanger, s’additionner, sans prévenir, sans détonateur, sans expliquer, pourquoi, comment ça risque d’exploser.

« Terrifiant. »

C’est de toi que j’ai peur. Pas pour toi. De toi.

Date d'inscription : 28/09/2013

« Elise était restée muette, se laissant absorber par le vide du moment ; choyer par les quelques rayons filtrants au travers des vitraux. Aussi, la mollesse venait brouiller ses moues ; la chaleur se rependant avec tendresse tout contre son derme. Seuls quelques relents de faim mêlés à la pensée de son visage n’en étant plus un la maintenaient en éveil, à l’écoute de sa cadette.

« Hm. » Finit-elle par laisser couler à la réponse de Sloan. Puis, se redressant, laissant ses jambes fondre du canapé et s’échouer au sol ; ses pieds frissonner tout contre le planché : « Qui vivra verra. » Et ses cheveux dissimulant de moitié son visage ; elle poursuivit : « Il faut que je m’habille et m’enfile une cape histoire de visiter l’infirmerie ; j’espère que Ms. Euphrasie sera là. Tu m’accompagnes ou heure de séparation ? » Petit rire, assez innocent ; presque gamin. Ses yeux brillent un peu alors qu’elle retrouve l’équilibre et se détache de son confort.

La transition lui semblait brutale — tant et si bien qu’elle en devenait naturelle.

Date d'inscription : 27/01/2014

Elise dérive et se décale. Ses cheveux emmêlés par endroits flottent au bord de ses épaules, comme l’écume qui se promène entre deux vagues. - et elle sait que la sienne est passée. - Elle le sait. Néanmoins où était la partie facile ? Où était la plus ardue ? Où était le reste. Le vide, elle l’avait fait tomber avec sa réplique, elle avait quitté le monde agité des songes au profit du salon de Serdaigle. Dehors, ça s’était couvert. Sloan sent ses paupières s’attarder au contact si apaisant du silence, elle voudrait ne jamais les avoir ouverts sur cette journée.

Il y avait cette part de bien, à demeurer aveugle et à apprécier la nonchalance du manque de réponses. Des échanges qui défilent dans un coin de sa tête, murmurés par un garçon dont elle tente de s’émanciper - se séparer ? se... - comme si le mal était fait en entier. C’est le cas pas vrai ? Ou presque. C’est une valse improvisée, entre deux corps, jusque là, immatériels, prêts à concevoir, bientôt de se heurter en plein mirage; si c’était un rêve, elle voudrait que ça ne se finisse pas, mais c’est c’est réel, oui si c’est là. - Il faut y mettre fin -
La brutalité, elle n’y trouve qu’une solution, elle se redresse et suit les mouvements volatiles de son aînée, toujours si fluide, et débitant avec facilité, pendant que Holmes cherche ses mots, toujours, chercher. Incapable.

Mais où est le sentiment de délivrance. Et où est la bonne facade, où est la normalité, l’ordinaire. Tout ce qu’elle demande, c’est être la Sloan d’avant. Rien qu’une minute, le grand voyou aux lèvres suaves, l’innocence embaumée et les blessures en papier mâché.

« On se verra aux éventuels entraînements, alors, Elise. »

Il y a quelque chose d’envolé, dans l’innocence.

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