Do you believe in magic ? - Louis - Terminé

Date d'inscription : 14/02/2014

Wendy pleurait silencieusement. Elle s'était réfugié dans un coin de la petite salle, là où personne n'allait la déranger, et s'était assise par terre, dos au mur, parce qu'elle avait besoin de pleurer.

Elle n'avait pas eu une très bonne journée - c'était à peine l'heure du déjeuner, mais plein de choses étaient déjà venu plomber sa matinée. Juliet n'était pas là. Les cours ne s'étaient pas très bien passés, et elle avait eu une mauvaise note. Et surtout, elle avait rencontré Nanette de nouveau, au début de la pause déjeuner, et elle avait fini la tête à l'envers (elle détestait ce sort, levicorpus, et elle maudissait son inventeur) avant de subir moqueries et humiliations de la part de la grande Serpentarde. D'une voix douce et gentille. Nanette l'appelait petite soeur.

Nanette était partie sans lui faire plus de mal cette fois-ci (Wendy était juste tombée par terre à la fin du sort, elle avait mal, mais ce n'était pas grave) laissant la petite sorcière seule avec ses pensées. D'habitude, ça allait. Elle vivait un peu dans l'appréhension, elle avait peur sur le moment, et elle était soulagée que ce soit fini après. Mais là, elle n'était pas très fière d'elle. Wendy s'était encore laissée faire. Elle n'avait pas pu réagir, elle n'avait pas fait de magie, et elle s'était encore fait malmener par les sorts de la blonde. Elle n'était toujours pas forte et courageuse comme elle aurait aimé l'être, et elle avait un peu honte.

Mais surtout, elle pensait aux paroles de Nanette. Et elle pensait à d'autres choses aussi, à sa mère, à sa famille, à Juliet. Wendy ne se trouvait pas formidable comme fille, ni comme amie, elle s'était disputée avec sa meilleure amie et elle ne savait pas comment faire pour que les choses soient comme avant, et elle avait peur qu'elle parte, Juliet, un peu comme sa mère était partie parce qu'elle était une sorcière. Elle se morfondait un peu dans ses pensées. Et ça plus le choc de la rencontre avec la grande fille qui l'avait prise comme souffre-douleur, ça faisait un peu beaucoup, et elle avait eu un peu besoin de pleurer dans un coin.

Elle irait mieux après. Elle ferait des efforts, elle écrirait à son papa, elle irait voir Juliet, elle travaillerait mieux en cours. Mais pas là maintenant. Là, elle voulait juste être seule, un peu, parce qu'elle essayait toujours de sourire même quand ça allait mal, et souvent ça allait bien, mais parfois, non, et parfois c'était difficile, mais elle continuait quand même. Mais là elle avait besoin d'une pause. Elle irait mieux après. De toutes façons, ça allait bientôt être l'heure du déjeuner, alors elle allait se ressaisir et elle allait manger, et revoir tout le monde et tout irait bien.

Et toute recroquevillée dans son coin, Wendy ne s'aperçut pas qu'elle n'était plus seule dans la petite salle. Il y avait un autre garçon qui était venu, sans faire beaucoup de bruit, et qui était là maintenant. C'était un peu difficile d'être seule dans un endroit peuplé de monde comme une école.

Date d'inscription : 03/05/2014

Il y avait un nombre assez conséquent de choses que Louis n'aimait pas, à Poudlard. Forcément, c'était une école de magie par définition, donc les complications naissaient de la racine même de la nature du lieu où le jeune Serpentard était contraint d'étudier. De cela découlaient quelques autres points plutôt désagréables : les cours au quotidien, la nourriture parfois un peu bizarre, et surtout ses relations avec les autres étudiants.
Parmi ses bêtes noires, il existait bien entendu Amethyste. Cette fille était sans doute née dans l'unique but dans le monde que de lui faire vivre l'enfer. Déjà que son horrible couleur de cheveux en disait long sur le personnage... mais elle n'était pas la seule. Une bonne partie de ses camarades de classe rêvait sans doute de le cogner, ce qui pouvait être compréhensible d'un certain point de vue, et ses querelles incessantes avec les autres poussaient souvent Louis à fuir la compagnie des autres adolescents.

En conséquence, les repas n'étaient pas un moment très joyeux pour Louis. Souvent, il devait jouer des pieds et des mains pour se trouver une place pas trop désagréable à la table de Serpentard, si possible en queue de banc, même si ça limitait l'accès à certains plats à l'allure pourtant bien appétissante. Il devait faire attention à ne pas s'asseoir trop près de personnes susceptibles de le taquiner méchamment, aussi. Et ne surtout pas piquer la dernière brochette de porc, le samedi soir : c'était risque de peine capitale, comme un furonculus dans la nuit.
Du coup, Louis avait pris l'habitude de venir manger en décalage avec les autres, quand il le pouvait : un peu avant, ou un peu après. Aujourd'hui, il devait avoué être venu un peu trop tôt, d'ailleurs. La Grande Salle était parfaitement vide et propre, son grand plafond bleu ciel tout serein, et Louis s'y sentait un peu seul. Son attention fut alors attirée par une petite porte dérobée, à laquelle il n'avait jamais trop fait gaffe. Mais eh, ce n'était pas de là qu'il était entré avec les autres de première année, le jour de sa répartition ? Un peu curieux et avec du temps à perdre, Louis pénétra la pièce.

Ce que le petit Serpentard percuta, c'est que c'était moins éclairé que dans ses souvenirs ; et moins bruyant, aussi. Il y avait bien quelques bougies sur les murs et cette fille, là, dans le coin, mais... oh, comment ça une fille dans le coin ?
Louis déglutit en s'approchant. Venir parler aux autres, ce n'était pas vraiment sa qualité première. Le problème, c'est que cette fille-là, elle sanglotait, et en plus, il l'avait déjà vu : ils avaient réalisé un duel avec des avions en papier de sa confection, la semaine passée.

Le rouge aux joues et la gorge nouée, l'enfant s'accroupit devant la petite Poufsouffle. De la poche de sa robe de sorcier, il extirpa l'avion qui avait permis à son adversaire de gagner : un des rares avantages de l'uniforme de Poudlard, c'était la profondeur incroyable de ses poches. Avec timidité, il frappa la pointe de l'avion sur le front de la fillette.

- T'as oublié ton avion l'autre jour. C'est bête, il est beau et il porte chance.

Louis ne savait pas vraiment pourquoi il avait dit ça, mais c'était sans doute une manière comme une autre d'essayer de se montrer gentil, non ?

Date d'inscription : 14/02/2014

Wendy sentit quelque chose lui piquer doucement le front ; elle releva la tête - elle l'avait enfouie dans ses mains pour pouvoir pleurer - et elle vit qu'elle n'était plus seule. Un garçon, celui avec lequel elle avait fait un duel d'avions en papier, était là devant elle, à s'inquiéter. Il était gentil. Ils avaient commencé une grande discussion sur la magie lors de leur duel, tout en se lançant leurs avions à tour de rôle, et ils avaient été interrompus par l'arbitre qui avait soudainement annoncé que Wendy avait gagné - et ils avaient du tout ranger et laisser leur place à d'autres élèves. La petite sorcière se souvenait bien de lui. Elle aurait préféré être seule, encore un peu, mais elle n'était pas mécontente que ce soit lui qui soit venu.

Il lui présentait un avion en papier, l'avion avec lequel elle avait gagné, un bel avion à carreaux rouges et jaunes, il disait qu'il était beau et qu'il portait chance. Wendy regarda le trésor offert devant ses yeux.

"Pour moi ?" dit-elle au milieu de ses larmes.

Elle sécha ses pleurs avec ses manches, se calmant peu à peu. Il était gentil de lui offrir cet avion. Ca allait déjà un peu mieux. Wendy prit l'avion entre ses mains, et, délicatement, parce qu'il lui avait bien dit qu'il fallait en prendre soin, elle le rangea dans une des innombrables poches de son uniforme, une où il ne serait pas froissé. Elle le garderait avec tous ses autres trésors.

"Merci" ajouta-t-elle, presque timidement.

Wendy regardait Louis sans pleurer. Elle avait envie de lui demander ce qu'il faisait ici, pourquoi il était venu la voir, mais elle se retint. Elle sentait que cette discussion-là allait l'amener à parler de pourquoi elle pleurait, et elle n'en avait pas envie, elle préférait que ses problèmes restent secrets - elle ne savait pas trop pourquoi, elle avait peut-être un peu peur qu'il en fasse une montagne alors que d'habitude ça allait, et puis elle avait toujours un peu honte et elle n'avait pas envie de parler de la grande et de ses levicorpus, beaucoup de raisons se bousculaient dans sa tête. Elle resta un instant sans rien dire. Et à la place de tout cela, elle décida de garder les avions en tête, elle lui parla de leur duel.

"Ils étaient chouettes tes avions. Tu fais souvent des duels comme ça ? Sans utiliser de baguette et lancer des sorts comme tout le monde."

Elle n'avait toujours pas compris pourquoi il refusait de faire de la magie. Il lui avait dit que ce n'était pas nécessaire, et elle avait répondu que c'était à ça que servait un duel, pourtant, mais ils avaient du s'interrompre là, parce que l'arbitre leur avait signalé que c'était la fin. Elle était contente de pouvoir lui en parler de nouveau.

Et puis ça lui changeait les idées. Si elle se mettait à parler duels et magie, elle ne penserait plus à Nanette, et à son papa, et à ce qu'elle n'était pas une bonne amie, et ça irait mieux après, et elle pourrait aller déjeuner tranquillement. Tout compte fait, c'était sûrement une bonne chose que le petit garçon soit venu l'interrompre dans ses pleurs.

Date d'inscription : 03/05/2014

Louis regarda la fille de Poufsouffle prendre l'avion dans ses mains, puis le ranger de sa poche. Oui, pour elle, bien sûr ! C'était évident, il n'y avait personne d'autre dans la petite salle. Juste eux deux. De plus, Louis doutait assez sérieusement du fait que d'autres élèves veuillent de ses constructions de papier. Sans doute pas assez magique pour eux. Un coup de baguette et n'importe quel carré de mouchoir devenait un bel oiseau ! A côté, ses origamis de maternel, ça n'impressionnait personne. Mais Louis était comme ça : il préférait faire les choses avec ses mains, de lui-même, que de devenir assisté par des pouvoirs qu'il n'avait jamais demandé.

- Tu avais l'air de le trouver joli alors tu peux le prendre. Un peu comme un trophée pour ta victoire. Quand j'étais plus petit, je collectionnais les pièces en chocolat quand je gagnais à un jeu contre ma famille.

Le petit Serpentard avait toujours connu beaucoup d'activités dans sa maison, que ce soit avec son frère avant sa mort, sa soeur ou ses parents. Il savait respecter des règles, les comprendre, les appliquer, et même si il était un peu mauvais perdant sur les bords, il avait appris à persévérer au moins un petit peu. Cela demandait beaucoup du jeu, du gain, de son humeur et de son adversaire. Il restait un sale gamin, Louis. Comme tous les gamins.
Comme elle avait l'air de vouloir parler un peu, le garçon s'installa plus ou moins confortablement par terre. Il s'assit en tailleur, dégagea sa robe de sorcier de sous ses fesses et fit face à la jeune fille. Puisqu'il était venu la voir sans trop de raisons, il ne pouvait pas rester muet ou partir après s'être délesté de son avion. Il allait faire de son mieux pour ne pas être désagréable, et ne pas s'énerver, comme l'autre fois avec cette fille plutôt gentille persuadée d'être devenue l'amie d'une créature extraordinaire.

- J'utilise jamais ma baguette en duel. C'est ma fierté. Je l'utilise jamais en cours non plus. Jamais du tout. Louis bomba un peu le torse. Quand on ne lui prenait pas trop la tête, il aimait bien mettre en évidence sa différence. Fierté de môme bien commune. Je veux montrer à tout le monde qu'on peut être très fort et faire de grandes choses sans magie, que c'est la solution facile et dangereuse alors qu'on peut faire des tonnes de choses très bien avec ses petites mains !

Cela, les autres élèves ne le comprenaient jamais. Beaucoup avaient des sorciers dans leur famille, c'était naturel pour eux d'y avoir recours, de connaître des trucs et astuces. Louis, lui, avait grandi comme un moldu : c'était avec énergie qu'il agitait ses bras sous les yeux de la fillette de Poufsouffle pour appuyer ses mots, le regard pétillant.

- T'es pas d'accord avec ça, toi ? Il ne faut pas utiliser la magie à tout va. Moldu ou sorcier, on est avant tout des humains. Faut pas se reposer sur... sur des pouvoirs bizarres. Faut savoir faire les choses par soi-même. C'est plus sûr et méritant.

Il le gagnerait, un jour, son combat contre tous ces sorciers butés et inconscients ! Foi de petit garçon bien têtu.

Date d'inscription : 14/02/2014

Wendy écoutait avec intérêt le petit garçon. Alors comme ça il n'utilisait jamais sa baguette ? Ca expliquait pourquoi il était si inventif avec ses duels. Sans baguette, il était forcé de trouver autre chose. La jeune sorcière comprenait mieux son ancien adversaire maintenant. Il voulait montrer qu'il pouvait gagner sans magie, et qu'il n'en avait pas besoin. Wendy trouvait ça admirable, quelque part. C'était ambitieux, comme objectif, et s'il ne l'utilisait vraiment jamais, sa baguette, il n'avait pas froid aux yeux. Il était courageux, pas comme elle.

"Si, moi je suis d'accord," commença-t-elle doucement, "la magie, c'est bien, mais il ne faut pas en abuser. Il faut faire attention. Tout a l'air plus facile avec, et on se dit qu'on peut tout faire, et que tout ira bien, et après il se passe quelque chose de pas chouette, et les gens sont tristes."

Comme sa maman, qui était partie à cause de la magie, et qui avait rendu tout le monde triste dans la maison. Comme la famille de Juliet, qui trouvait ça bizarre, et qui était triste de voir leur petite fille faire de la magie. Comme Nanette, qui ne faisait pas attention, et qui utilisait sa baguette pour faire du mal. La magie, c'était dangereux. Wendy ne pensait pas qu'il fallait s'en débarrasser totalement, comme semblait le penser Louis, mais elle pensait qu'il fallait faire attention, parce que c'était très facile de faire du mal à quelqu'un avec, et que personne ne s'en rendait compte. Tout le monde était très heureux d'être un sorcier, à Poudlard. Elle, parfois, elle aurait aimé être un peu plus normale.

Elle était quand même très heureuse d'être à Poudlard. C'était un joli château, rempli de surprises, grand, lumineux, avec un grand parc et un grand lac pour se baigner lorsque l'été s'approchait, et l'atmosphère joyeuse qui y régnait l'avait beaucoup détendue à son arrivée. C'était très différent de sa maison, où tout était poussiéreux et triste et où les rideaux tendus sur les fenêtres donnaient une lumière grise et faible dans les pièces où ni elle ni son papa ne vivaient plus. Et puis Juliet adorait Poudlard, et elle adorait être une sorcière, et elle adorait les créatures magiques qui vivaient dans la forêt et le château, et ça aussi c'était une bonne raison pour aimer l'endroit.

Non, Wendy n'était pas mécontente d'être ici, ni d'être ce qu'elle était. C'était juste que, parfois, elle restait éveillée dans son lit, à se demander comment les choses auraient été si elle n'avait pas été une sorcière. Sa maman serait sûrement restée. Son papa n'aurait pas perdu son sourire. La maison aurait été joyeuse et accueillante. Elle aurait quand même rencontré Juliet. Elle aurait vécu dans le monde des moldus, qui était fascinant, et elle serait allée à l'école de Liverpool avec sa meilleure amie. Ca lui aurait plu aussi, comme vie. Et tout le monde aurait été heureux.

"Merci encore pour l'avion." Tout compte fait, elle l'aimait vraiment beaucoup, cet avion en papier. "Je le trouve très joli. Je collectionne les trésors, tu sais, et ça me plaît beaucoup d'en avoir un de plus ! Tu as tout fait à la main ? Mais tu t'en sors comment en cours ? Il y a des cours où il faut utiliser la magie, et puis Poudlard c'est une école pour apprendre à être un sorcier, ça doit pas être simple de vivre comme tu fais. Et les professeurs, ils disent rien ?"

Elle devenait curieuse. Sa peine de tout à l'heure s'effaçait doucement, remplacée par le plaisir simple de pouvoir discuter avec quelqu'un avec qui elle était d'accord. Ca lui changeait effectivement les idées. C'était très agréable.

Date d'inscription : 03/05/2014

C'était quand même rudement génial, de trouver quelqu'un capable de le comprendre. C'était tellement inhabituel, tellement inattendu, inespéré, que Louis sentit son coeur battre un peu plus vite d'émotion. Il devait avoir les yeux étincelants de bonheur, à tous les coups. Finalement, il existait vraiment des gens biens, dans ce monde.

- Je t'aime bien, moi, tu sais. Au moins tu sais utiliser ta tête. C'est rare les gens comme ça.

Aussi rare que les compliments de Louis, finalement. Tout guilleret, il se balançait de droite à gauche, un sourire joyeux sur les lèvres. Un sourire de petit garçon auquel on vient de promettre un beau jouet à Noël. C'était presque ça. Ces derniers temps, il avait fait quelques bonnes rencontres, alors même si il y avait toujours une majorité d'idiots, de brutes et de grands élèves qu'il ne pouvait pas voir en peinture, il vivait un petit peu, tout petit peu mieux sa scolarité à Poudlard, en ce moment.
Louis écouta sagement la fille de Poufsouffle. C'était bien, qu'elle collectionne les trésors. Il faisait pareil, avant de devoir venir ici. Sa boîte à merveilles ne l'avait pas suivi, parce qu'il n'y avait rien de merveilleux à Poudlard, de son point de vue. Du coup, il n'y avait rien à mettre dedans : autant qu'elle reste sous son lit, dans sa maison.

- J'utilise pas ma baguette en cours même quand c'est demandé. La plupart des professeurs sont pas contents mais tant pis pour eux. Moi je voulais pas venir ici. Il hocha vigoureusement la tête pour appuyer ses propos. Je fais tous les devoirs théoriques mais pas la pratique. Du coup je fais perdre des points et je vais en retenu, mais c'est pas grave. C'est ma décision.

Sa décision, et sa fierté de s'y tenir. A sa façon, Louis avait des principes. Si pour ses camarades de maison, il n'était qu'un odieux cancre qui allait causer leur défaite dans la compétition pour la coupe des quatre maisons, le né-moldu considérait simplement qu'il suivait un choix de vie : il était moldu, point.

- De toute façon, ils peuvent pas me forcer à utiliser ma baguette alors je gagne toujours.

L'avantage d'être têtu : on ne se pliait pas facilement à l'autorité.

Date d'inscription : 14/02/2014

Louis semblait tout content, et ça faisait sourire Wendy. Elle comprenait un peu ses réactions : ça ne devait pas lui arriver souvent de rencontrer quelqu'un qui pensait comme lui, alors il devait souvent rester sur ses gardes, d'habitude, et là, il s'ouvrait un peu, il se montrait heureux, il se balançait de droite à gauche, toujours assis par terre devant elle. Wendy aussi, elle voyait rarement venir l'occasion d'en parler, et ça lui plaisait assez. Alors elle ne se gênait pas, elle en parlait. Elle parlait de tout ce qu'il pouvait faire pour éviter d'utiliser sa baguette, elle écoutait, admirative, ses exploits et ses prouesses, elle lui posait plein de questions. Louis l'impressionnait. Wendy n'oserait jamais refuser de travailler en cours, elle, même si parfois l'envie lui en prenait, quand elle ne réussissait rien, quand ses sorts ou ses potions ne produisaient que des explosions, quand la tristesse la gagnait, quand elle pensait à tout le mal que la magie lui apportait. En fait, Louis se battait, Louis travaillait vers un but, faisait des efforts, et elle, elle voulait surtout abandonner. Louis y mettait une énergie qu'elle ne possédait pas. Mais elle ne s'en rendait pas compte. Wendy pensait toujours qu'elle s'en sortait bien, qu'elle vivait sans problèmes, et que si elle se mettait à sourire, ses soucis disparaîtraient pour de bon. Elle ne voyait pas sa peine.

"Moi aussi je t'aime bien !" répondit-elle. "Tu m'impressionnes. Tu travailles beaucoup en fait, tu restes fixé sur ton objectif, tu te laisses pas faire. Moi je t'admire, je saurai pas faire pareil. Mais tu n'aimes vraiment pas la magie ? Toute la magie ? On peut pas tout rejeter en bloc quand même, non ? Les créatures magiques par exemple." Juliet aimait beaucoup les créatures magiques, elles ne pouvaient pas toutes se montrer mauvaises. Même si pour certaines, bon, Wendy admettait leur dangerosité : son amie aidait les acromantulas aussi, par exemple. Le jugement de Juliet laissait parfois un peu à désirer, même si elle gardait son coeur à la bonne place.

Wendy marqua une pause. "Je ne sais pas en fait ..." Il fallait qu'elle y réfléchisse sérieusement. Elle pouvait comprendre pourquoi Louis refusait la magie à ce point.

Elle changea de sujet. "Que ferais-tu si tu pouvais sortir de Poudlard ? Je veux dire, je ne connais que le monde des sorciers moi, je viens d'une famille de sorciers, avec une maison magique et des photos qui bougent et tout. Je connais pas le monde des moldus. Ils doivent aller à l'école eux aussi, et faire des métiers intéressants, ma meilleure amie vient d'une famille moldue, mais ses parents font un travail qui ne semble pas très intéressant, ils font de la comptabilité, ça leur plaît sûrement, mais je me demande s'il y a d'autres choses dans la vie. Je ne sais pas ce que je veux faire plus tard. Je devrais lui en parler en fait," ajouta-t-elle, plus à elle-même que pour Louis, "mais on parle surtout de magie, parce qu'elle adore le monde magique, elle veut une ferme avec des hippogriffes, on parle pas beaucoup du monde moldu, c'est dommage, on devrait."

Si ça se trouve, Louis connaissait sûrement beaucoup de choses sur le monde des gens sans magie. Wendy se félicitait de la rencontre. Une bonne nouvelle du début à la fin. Elle ne songeait même plus à sa tristesse passée. Elle souriait pour de vrai.

HRP:

Date d'inscription : 03/05/2014

Il l'impressionnait ? Louis s'en trouvait flatté et, sans qu'il n'y puisse quoi que ce soit, il sentit ses joues rosir sous le compliment. On ne lui disait pas souvent qu'il était impressionnant. Louis était encore jeune, donc plutôt chétif, et refusant d'utiliser la magie, pas moyen de savoir si il était brillant dans le domaine. Quant au reste, il n'était en possession d'aucun talent particulier, aussi, vraiment, c'était plutôt agréable de s'entendre dire que l'on était source d'une certaine admiration. Et pour un enfant, qui plus est, chaque compliment enorgueillit gentiment.

- Je sais pas si on peut vraiment dire que je travaille beaucoup... Moins que les autres quand même, je suppose, puisque moi, je fais pas la pratique. Mais j'essaye quand même d'étudier la théorie, parce que si je redouble, je dois rester plus longtemps ici, et moi, j'ai hâte de partir....

La logique même. C'était comme dans les écoles moldues, ça, finalement. Avoir des bonnes notes, c'était le moyen le plus efficace de vite finir ses études. Même si pour le coup, Louis n'avait strictement aucune idée de ce qu'il ferait, après Poudlard. Reprendre un cursus tout à fait moldu ? Très compliqué. Il n'aurait pas suivi les programmes, il aurait trop de retard à rattraper. Se trouver un métier de sorcier ? Inenvisageable pour le moment. Il refusait de mourir aussi lamentablement et injustement que son frère. Ce qu'il ne manqua pas de souligner, devant la question de la Poufsouffle.

- Non, j'aime pas la magie. Pas du tout. Elle fait trop de mal. Et je n'aime pas non plus les créatures. Elles sont néfastres. Les goules, les harpies, les loups-garous, les centaures... on le voit tout le temps dans les livres et la gazette du sorcier, ils agressent les gens et les blessent. J'aime pas ça. Je déteste ça.

Le problème de Louis, dans le fond, c'était put-être bien qu'il avait peur. Peur de la violence que pouvait engendrer la magie et les créatures magiques, peur des dérives, des conséquences, depuis le décès de son frère chéri. Dans le fond, Louis refusait d'utiliser la magie parce qu'il avait peur de blesser quelqu'un à son tour. Mais ça, il ne pouvait le dire à personne. C'était comme avouer une faiblesse. Comme avouer qu'il était trouillard, et que lui aussi, dans son fond intérieur, aurait voulu pouvoir utiliser sa baguette naïvement, sans appréhension. Et puis, il restait toujours ce besoin d'haïr quelque chose pour supporter sa peine.

- Si je sortais de Poudlard... répéta faiblement le garçon. En fait, je sais pas de trop. Quand j'étais petit, enfin, plus petit que ça, je voulais être un superhéros, comme dans les films. Et j'aimais bien le sport. Mais je pense que j'aurais aimé faire un métier qui aide les gens. Que les choses soient justes et équitables autour de moi. Mais j'y connais pas trop grand-chose. Ce sont des choses d'adultes. Et de toute façon maintenant c'est trop tard, parce qu'ici on travaille pas l'anglais, les mathématiques, les sciences... alors j'ai sûrement beaucoup de retard.

Finalement, n'était-il pas condamner à devenir un sorcier ? Cette pensée le rendit tout penaud. Un sorcier qui n'avait jamais utilisé sa baguette, ça n'avait pas plus d'avenir qu'un moldu qui n'avait pas appris à compter. Il n'avait d'avenir nul part, en fait ? Si il ne se décidait pas à choisir l'un des deux mondes, il ne pourrait plus rien faire, non ? Si il abandonnait Poudlard maintenant et qu'il travaillait dur, il pourrait retourner au collège, avec ses amis moldus, sans doute. Sinon, il pouvait se décider à pratiquer ses sortilèges et ses enchantements, et devenir un sorcier respectable qui pourrait choisir un beau métier... non, non. Non, on ne le laisserait jamais quitter Poudlard, et non, il ne voulait pas utiliser sa baguette. Il ne voulait pas. Il avait bien trop peur pour ça. Alors, embrouillé dans son fort intérieur, Louis se recroquevilla un peu, triste. Dire qu'il était venu consoler la gentille fille...

Date d'inscription : 14/02/2014

Non non non ! Wendy avait innocemment continué la discussion, et voila que Louis semblait tout peiné, après la réponse qu'il lui avait fait. Il s'était recroquevillé sur lui-même et il avait le regard triste, la petite poufsouffle le voyait bien. Wendy se mordit les lèvres, coupable. Elle ne savait pas ce qu'elle avait dit de mal. Mais encore une fois, elle avait blessé quelqu'un. Elle n'était pas très fière d'elle-même.

"Il y a des choses qu'on peut faire sans magie, je crois …" tenta-t-elle, comme pour se rattraper. "Tu pourrais travailler dans la justice ou être médecin, ça aiderait les gens, et ça peut se faire sans magie - Absynthe, il utilise surtout des potions." Est-ce que Louis faisait quand même des potions ? "Sinon, je ne sais pas, tu peux faire des objets, ou de la cuisine, ou être artisan, il n'y a pas besoin d'études pour ça, juste d'apprendre un métier …"

Elle abandonna là ses tentatives. Louis était triste, et Wendy n'arrangeait rien, d'ailleurs c'était sûrement de sa faute, elle n'allait pas améliorer les choses avec juste quelques mots. Mais elle ne savait pas quoi faire.

Elle qui était redevenue joyeuse il y a quelques minutes, parce qu'elle était en train de se faire un ami, retomba dans la tristesse à son tour. Ce n'était pas comme ça que les choses devaient se passer.

"Désolée …"

Elle ne souriait plus vraiment. Louis l'impressionnait, il disait des choses intéressantes, elle était d'accord avec lui, et elle pensait comme lui que la magie, c'était vraiment dangereux. Elle aurait aimé qu'il soit son ami. Mais elle ne semblait vraiment pas savoir s'y prendre, semblait-il.

"Tu aurais aimé être dans une école de moldus, en fait …"conclut-elle, plus pour chasser le silence que pour montrer qu'elle avait compris. Ce n'était pas une si mauvaise idée de refuser d'utiliser la magie ; mais le monde des sorciers en était tant imprégné qu'y vivre sans baguette était presque impossible. Etre cracmol, ça ne devait pas non plus être très drôle.

"On aurait du te laisser le choix. A tout le monde aussi, d'ailleurs." C'était vrai. C'était vraiment dommage que Louis soit forcé d'être ici alors qu'il préférait être ailleurs, qu'il aurait été plus heureux ailleurs, et que Poudlard n'allait pas l'aider à faire ce qu'il voulait et le rendait triste.

Wendy se tut. Elle n'avait plus vraiment rien à dire, en fait, et elle s'en voulait d'avoir assombri la conversation avec sa maladresse. Elle replia ses jambes et resta là sans rien dire, toute à ses pensées.

Date d'inscription : 03/05/2014

Des métiers de sorcier qui se pratiquaient sans magie ? Non, certainement pas, ça ne pouvait pas exister, c’était ridicule. Louis lisait la Gazette du Sorcier parfois, le matin, il comprenait un peu comment ça marchait, chez les adultes. La justice ? Ils utilisaient des patronus et des détraqueurs ! Hors de question de vivre comme ça. La médecine ? Même pas la peine de lui demander de lancer un sort de soin ou de préparer une potion. Il aurait bien trop peur de se tromper de mixture ou de rater son sort et de nuire à la personne à aider. Et puis, il ne voulait pas utiliser la magie, un point c’est tout !

- J’aime pas les potions. Je t’ai dis que j’ai jamais utilisé ma baguette, et bah j’ai jamais fais mes potions non plus. J’ai pas d’avenir comme sorcier. Je veux pas être un sorcier. Ni un artisan. Je voulais juste pas être sorcier et devenir quelqu’un de bien mais à cause de…. ça, la magie, c’est fichu.

Louis poussa un long soupir. La source du problème était vraiment là : il n’avait jamais voulu être quelqu’un d’extraordinaire, se découvrir des pouvoirs magiques. Il aurait voulu être comme Andrea : simple, normal, comme tous ses amis l’étaient avant qu’il n’arrive à Poudlard. Visiblement, la petite Poufsouffle l’avait compris.

- Oui. J’étais bien dans mon école moldue. J’avais pas énormément d’amis mais ils étaient biens. Et tout était normal.

Ses mots sonnaient un peu faux. C’était faux. Avant l’accident, avant le jour du drame, Louis avait hâte d’aller à Poudlard. Il se souvenait parfaitement de son excitation. Il n’aimait pas l’école moldue plus que l’école magique. Il se voyait déjà grand mage, quand son frère lui montrait un sort ou deux. Seulement, la peur et la haine étaient venues remplacer l’impatience, et Louis s’était convaincu tout seul de choses auxquelles il ne croyait pas. Pas vraiment.

- En fait…

Louis hésitait à dire la vérité. Il ne voulait pas avouer. Il n’arrivait déjà pas à se l’avouer à lui-même ! S’avouer qu’il rêvait de ne plus avoir peur, et de pouvoir savourer ses études de sorcellerie comme n’importe qui. Mais Louis était têtu, haineux et souffrant. Jeune. Et un peu perdu.

- Non, rien. De toute façon la magie m’a apporté que du mal, un point c’est tout.

Et Louis baissa les yeux, un peu plus conscient chaque jour que les mensonges qu’il se vendaient à lui-même, il y croyait de moins en moins. C’était ça, grandir ?

Date d'inscription : 14/02/2014

Wendy se recroquevilla un peu plus sur elle-même sous les réprimandes de Louis. Il avait raison d'être en colère. Elle n'avait dit que des bêtises. Elle était bête. Elle n'avait rien fait pour arranger les choses, au contraire, elle avait juste remué le couteau dans la plaie, elle avait voulu l'aider et n'avait fait que le contraire. Elle était désolée.

"Pardon…" murmura-t-elle.

Il n'y avait pas que la magie qui pouvait blesser les gens sans qu'on n'y prenne garde. Il y avait les paroles aussi. Wendy ne faisait pas attention. Elle ne faisait pas attention non plus à ce qu'elle disait à Juliet, et elles s'étaient disputées à cause de ça, juste parce qu'elle lui avait dit ce qu'elle avait sur le coeur, dans le feu de l'action, comme ça. Sans réfléchir.

Mais si elle passait tout son temps à faire attention, elle devenait distante et Juliet ne souriait plus. Wendy ne savait pas tellement quoi faire. Ce n'était pas facile, de grandir. Tout était plus simple quand elle était petite.

Alors Wendy se tut. Il n'y avait pas grand-chose à dire de plus de toutes façons, ils étaient d'accord, la magie ça ne faisait que du mal, et Louis était triste à cause de la magie, et Wendy aussi, et en parler ne faisait que raviver les souffrances. Mais en même temps, elle aimait bien en parler. La petite sorcière ne pouvait confier à personne d'autre ses sentiments sur la magie.

Wendy posa sa tête sur ses genoux. Son regard fuyait Louis, et contemplait soigneusement le mur.

"Elle t'a fait quoi la magie ?"

Elle était trop curieuse, Wendy. Elle voulait toujours savoir. Elle aurait du rester silencieuse et elle le savait.

Sa curiosité la perdra. Mais la question était posée, et la petite sorcière attendait anxieusement la réaction du jeune serpentard, en essayant de ne pas le montrer. Elle regrettait un peu ses paroles. Elle espérait qu'il ne se fâche pas trop. Mais s'il se fâchait … Wendy se mordit les lèvres. Merlin, faites qu'il ne se fâche pas trop. Elle s'en voudrait beaucoup.

Date d'inscription : 03/05/2014

... "pardon" ? Louis releva le nez, un peu perturbée. Pourquoi est-ce qu'elle s'excusait ? Elle n'avait rien fait de mal ! Louis la trouvait même plutôt gentille et très compréhensive, c'était assez rare pour être souligné. Le petit Serpentard compris alors qu'il avait sans doute dit quelque chose qu'il ne fallait pas. Il ne faisait pas assez attention aux autres, il le savait, mais s'en rendait souvent compte trop tard. Il agita frénétiquement les mains.

- Non ! Ne t'excuse pas ! Tu sais, je... souvent, je me pose des questions tout seul, et du coup je suis un peu sur les nerfs et je m'énerve après tout le monde... mais avec toi j'arrive à parler calmement donc, c'est bien, enfin, je suppose ? Je parle que à Andrea, c'est mon meilleur ami, et à Violet, d'habitude.

Louis tenta un bien maigre et piètre sourire ; il n'avait pas l'habitude de sourire, tout du moins avec d'autres personnes qu'Andrea et Violet. Néanmoins, c'était l'intention qui comptait. Il était venu lui parler parce qu'elle avait l'air triste, alors inutile d'enfoncer le couteau n'est-ce pas ?
Sauf que, voilà, la Poufsouffle finit par poser "la" question. Forcément, il aurait dû s'en douter qu'ils en viendraient là. Louis perdit son début de grimace souriante et donna une réponse un peu sèche.

- Elle a tué mon frère.

Bref, court, efficace. A ce train là, d'ici la fin de l'année, tout Poudlard serait au courant de son aversion pour la magie, si ce n'tait pas déjà le cas, mais surtout de la perte de son aîné.

Date d'inscription : 14/02/2014

Wendy grimaça un peu. La magie avait tué son frère. Elle ne savait pas trop si cette réponse était pire que celle qu'elle attendait - qu'il s'énerve - si elle devait être flattée qu'il lui confie des choses aussi tristes, et qu'est-ce qu'elle devait répondre, Merlin que fallait-il dire après une telle révélation.

Louis s'était refermé aussi. Le ton amical de sa voix qui était apparu quand il avait tenté de la rassurer s'était tout aussitôt éteint. Il ne souriait plus. Louis avait eu l'air de la trouver gentille en plus, ou tout du moins, il lui avait dit qu'il pouvait parler calmement avec elle, ce qui comptait un peu.

Et elle, elle était revenue avec sa question à deux mornilles. Wendy s'en voulait toujours. Elle était bête.

"Je suis désolée …" commença-t-elle faiblement.

Son frère était mort. Ca expliquait pourquoi le jeune sorcier détestait tant la magie et ne voulait plus en entendre parler - et cet endroit devait lui rappeler chaque jour tout ce qui s'était passé. Un peu comme Wendy qui avait toujours à l'esprit que, peut-être, au tournant du couloir, elle allait croiser Nanette, et sa journée tranquille allait se ponctuer de quinze minutes d'horreur.

"Il y a une fille qui s'amuse à me lancer des levicorpus et à me noyer dans le couloir marécageux."

Elle ne savait pas trop pourquoi elle lui avouait ça. Elle le cachait à tout le monde. Elle ne voulait pas avoir encore plus d'ennuis qu'avant. Elle ne voulait pas non plus en créer à d'autres. Mais il lui avait confié sa peine.

"Enfin la plupart du temps, elle me laisse juste retomber la tête la première par terre. J'aime pas les levicorpus."

C'était dit. La magie était une arme dangereuse, et Wendy se sentait faible, faible parce qu'elle n'arrivait jamais à tenir tête à la grande fille qui la martyrisait, faible aussi parce qu'elle n'avait pas pu garder tout ça pour elle, et maintenant elle avait peur que ça s'ébruite; Wendy avait peur que tout empire parce que Louis l'avait vu pleurer dans un coin et qu'elle n'avait pas pu s'empêcher d'en parler, alors que d'habitude, elle sanglotait un bon coup, ça passait, tout redevenait normal jusqu'à la prochaine fois. Wendy était faible.

"Tu le diras à personne, d'accord ?"

En plus, il était venu lui parler de la mort de son frère, et elle, a petite fille s'en rendait compte maintenant, elle avait honteusement dévié le sujet sur autre chose, parlant de ses problèmes à elle, ses soucis à elle, et ne s'occupant pas des siens. C'était vraiment égoïste ce qu'elle avait fait. La petite sorcière ne comprenait vraiment pas pourquoi elle lui avait parlé de tout ça.

Elle avait envie de pleurer de nouveau. Wendy se mordait un peu les lèvres, Wendy retenait ses larmes.

Date d'inscription : 03/05/2014

Louis se rendit compte à nouveau trop tard qu'il enchaînait les erreurs de comportement. Il devait être un garçon bien impoli pour que la Poufsouffle à côté de lui s'excuse autant. Le jeune Serpentard nota mentalement d'en parler avec Andrea. Son meilleur ami serait sans doute assez franc pour lui dire si il était trop méchant avec les gens qui ne le méritaient pas, au vue de leur houleuse première rencontre ; parce que si les trois quarts des sorciers de cette fichue école de magie ne méritaient pas un gramme de son respect, cette fille-là avait l'air assez gentille, vraiment, pour qu'il fasse des efforts. Et venant de Louis, c'était une grande preuve de gentillesse que de se remettre en question, rien qu'un petit peu.

- Arrête de t'excuser, lâcha-t-il un peu sèchement, joues gonflées pour camoufler sa maladresse. Tes excuses elles vont rien changer.

C'était mal dit, mais c'était sa façon à lui de lui dire que ce n'était pas grave, et qu'elle ne devait pas culpabiliser pour quelque chose dont elle n'était pas responsable. L'avantage, lorsqu'on était jeune comme Louis, c'est qu'il est plus facile de choisir qui haïr et qui aimer, sur un jugement totalement injuste et partial.

La Poufsouffle lui confia alors d'un seul coup ses petits problèmes. Le cadet en fut assez surpris ; il n'était pas vraiment le genre de personnes à qui on parlait comme ça, à coeur ouvert. Il était trop insupportable pour ça. Si il avait peu d'amis, ce n'était pas pour rien. Gêné, Louis ignorait si il devait se sentir flatté. Mais, du coup, il ne savait ni quoi faire, ni quoi répondre. Consoler les autres, ce n'était pas trop son truc.

- Tu... tu vois, la magie ça pue. Si elle existais pas, la fille dont tu parles aurait pas de baguette et te lancerait pas de levicorpus. Et y'aurais pas de couloir avec un marécage. En fait tu serais même dans cette école donc tu l'aurais jamais rencontrée et tu serais tranquille.

Louis fixa un point invisible sur le mur d'en face. C'était simple, finalement. C'était simple d'être de mauvaise foi, de refaire le monde avec des si, d'être catégorique sur des choses trop complexes pour un enfant de douze ans.

- Si elle continue de t'embêter, frappe-là, c'est de la légitime défense. Si je suis pas loin je peux la taper pour toi, j'ai pas peur. Je me suis déjà battu, plein de fois.

Parce que elle, c'était peut-être une fille, mais lui il était un garçon, il n'avait pas peur ! Oui, largement moins peur des poings que des sortilèges...

Date d'inscription : 14/02/2014

Louis lui ordonna sèchement d'arrêter de s'excuser, et Wendy se reprit, prenant la remarque comme un coup de fouet. Il avait l'air embêté. Elle devait l'embêter, en fait - il avait un peu l'air bougon, et même s'il faisait des efforts pour se montrer aimable, il y avait des moments où il laissait échapper son agacement, comme là maintenant. Louis ne devait pas beaucoup l'aimer, en fait.

Et il essayait quand même de la consoler … Mais qu'est-ce qui lui avait pris, à Wendy, de lui confier son secret comme ça ? Elle ne l'avait dit à personne, pas même à Juliet, elle avait bien trop peur des conséquences, elle avait bien trop honte aussi. Et là, la petite sorcière lui avait tout déballé, mue par un sentiment de sympathie, parce que Louis lui avait dit que son frère était mort, comme ça. Elle le regrettait maintenant. Elle s'en voulait un peu.

Wendy ne dit rien. Il avait raison de dire que s'il n'y avait pas la magie, elle ne l'aurait jamais rencontrée, mais ça lui semblait un peu simple comme réflexion - on pouvait trouver des gens comme ça partout, même dans le monde moldu. Et puis, si l'autre fille qui la martyrisait n'avait pas de magie, peut-être qu'elle aurait été dans son école de toutes façons. Mais Wendy ne dit rien.

Mais elle réagit lorsqu'il parla de se battre pour elle.

"Non !" s'exclama-t-elle. "Je ne veux pas, je, laisse-moi tranquille !" Wendy se reprit très vite. "Je veux dire, ne t'en fais pas, c'est mon problème, je ne veux pas que tu essayes de t'en occuper ! Et tu ne dois rien dire à personne. Tu dois promettre." répéta-t-elle. La petite fille avait peur que ça se sache. Elle ne savait pas pourquoi. Mais elle sentait que si quelqu'un l'apprenait, elle serait morte de honte et de gêne et elle ne voulait surtout pas que ça arrive.

Elle s'était levée. Wendy s'était un peu emportée. Elle se sentait bête maintenant, et, coupée dans son élan, elle se rassit, au lieu de faire toute une scène dans la salle déserte.

"Je peux pas me battre, de toutes façons, j'ai peur." conclut-elle pitoyablement. "Toi tu n'as jamais peur ? Tu n'as pas l'air d'avoir peur, tu as de la chance."

La jeune Poufsouffle leva les yeux vers la porte qui menait à la grande salle. Elle n'avait pas envie de parler de ça, en fait. Elle n'avait pas envie de parler de Nanette et de ses malheurs et de son impuissance et elle ne savait pas comment faire pour changer le sujet. Elle évitait de regarder Louis.

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